à l`éperlan sur la « banquise » de miguasha

Transcription

à l`éperlan sur la « banquise » de miguasha
QU’EST-CE QUI CARACTÉRISE LA GASPÉSIE
BIOALIMENTAIRE ?
Dans le temps, on disait que, lorsqu’on allait en Gaspésie, on mangeait
de la morue. Maintenant, il y a une diversification des produits; les gens
les exploitent dans toutes les directions. Selon moi, il faut miser sur les
produits de la mer pour développer la région en présentant aux gens
des particularités locales. Je suis allé à Paspébiac et j’ai rencontré des
pêcheurs qui ont capturé des thons de 700 livres ! Pêcher l’éperlan l’hiver
en Gaspésie, c’est extraordinaire. L’ensemencement, la valorisation des
algues, la pêche aux oursins, la réintroduction du bar rayé, ce sont des
techniques et des ressources qui sont de plus en plus convoitées. L’avenir
est à la valorisation de la biomasse marine en général.
WHAT IS YOUR FAVOURITE GASPÉ
PENINSULA FOOD EXPERIENCE?
My kids and I really love smoked salmon. But
my favourite is seafood chowder. I’ve travelled all
around the Gaspé to compare chowders. One of the
best I’ve ever eaten – and I eat a lot of chowder – is
the one served at Jendi, a snack bar in Newport.
It’s a little fast food joint, but I highly recommend
it to foodies who aren’t particularly drawn by the
ultra-sophisticated. As for my kids, they prefer the
chowder their Matane grandma makes…
it’s hard to beat!
QUE SUGGÉREZ-VOUS POUR METTRE
EN VALEUR LES PRODUITS MARINS ?
On pourrait, par exemple, inviter les gens à aller taquiner
le bar rayé dans la baie des Chaleurs, [un poisson souvent
inconnu] pour le commun des mortels. J’aime beaucoup les
projets d’Exploramer, l’École des pêches et de l’aquaculture
du Québec et le Centre d’innovation de l’aquaculture et
des pêches [Merinov], qui valorisent les produits du fleuve
Saint-Laurent.
Si l’on veut se diversifier en Gaspésie, il faut offrir une
gourmandise pour les cinq sens. Il y a des endroits où tu
vas pour sentir les algues de bord de mer, des endroits où tu
vas pour écouter les vagues ou pour voir les fous de Bassan
plonger. Il y a des endroits où tu vas pour toucher l’eau et
goûter le fleuve. C’est tout aussi nourrissant que de manger
la chaudrée chez Jendi.
COMMENT POURRAIT-ON RENDRE
LA MER PLUS ACCESSIBLE ?
Après une maîtrise et une attestation d’études approfondies à la Faculté de sciences de l’Université
de Dakar, Boucar Diouf a entrepris une thèse sur les facteurs de résistance au froid de l’éperlan
arc-en-ciel à l’Université du Québec à Rimouski. Il a aussi voulu mesurer lui-même sa résistance au
froid sur la « banquise » de Miguasha.
« Mon lien avec la Gaspésie, c’est l’éperlan. C’était un choc la première fois qu’on m’a amené sur la
banquise; un choc thermique, mais aussi un choc de compréhension. Je me disais : “On va pêcher
quoi, des poissons surgelés ?” Je ne pouvais pas imaginer qu’on pouvait être sur la glace et que,
sous la glace, il y avait la mer. On est partis du musée [du parc national de Miguasha] pour soulever
les filets. Norm [Norman Parent], un pêcheur et joueur de blues de la place, m’a transporté avec
sa motoneige sur la banquise. À un moment donné, je suis tombé. Il s’est retourné plus loin et a
dit : “Coudonc, il est où, l’Africain ?” et, moi, j’ai découvert que je n’étais pas un éperlan. J’étais gelé…
sur la banquise. Norm, lui, mettait ses mains dans l’eau froide pour récupérer les poissons. Il était
coriace et avait une grande tolérance au froid. J’ai appris plus tard que les pêcheurs se mettaient
de la graisse de phoque sur les mains. Je ne sais pas si lui utilisait cette technique, mais il m’a
beaucoup impressionné. J’ai récolté mes premiers éperlans, qui n’étaient pas surgelés !
There was a time when people used to say that when you
went to the Gaspé, you’d be eating cod. Now, there are so many
different products, and people are doing all kinds of things with
them. I think we have to focus on seafood to develop the region,
and draw people’s attention to what’s special about the local
products. I went to Paspébiac and met fish harvesters who had
caught some 700-pound tuna! Smelt fishing in the winter in the
Gaspé is an extraordinary experience. Stocking and seeding,
the development of uses for seaweed, the sea urchin fishery,
reintroduction of the striped bass… these are all increasingly
prized techniques and resources. The future lies in making use
of the entire marine biomass.
HOW WOULD YOU PROMOTE
MARINE PRODUCTS?
We could, for instance, invite people to come and try their
luck fishing for striped bass in Chaleur Bay [the average
person is perhaps unfamiliar with this fish]. I really like the
projects introduced by Exploramer, the École des pêches et de
l’aquaculture du Québec and the Fisheries and Aquaculture
Innovation Centre [Merinov] that make use of St. Lawrence
River resources.
If we want to expand the diversity of what’s produced in the
Gaspé, we need to indulge all five senses. There are places you
go to if you want to smell the seaweed along the seashore, places
where you listen to the waves or watch northern gannets dive.
There are places where you touch the water or taste the river…
all just as nourishing as a bowl of Jendi’s chowder.
Boucar Diouf anime
Océania, un magazine
documentaire sur
les mers, fleuves et
littoraux de tous
les continents,
présenté sur la
chaîne ICI Explora.
© Groupe PVP
À L’ÉPERLAN SUR LA « BANQUISE » DE MIGUASHA
On devrait permettre aux Gaspésiens d’avoir des prises
locales et personnelles. Comme on a le droit de capturer
quelques maquereaux, chaque Gaspésien devrait avoir le
droit de « giguer » deux morues et de placer quatre casiers à
homard. On pourrait faire des accommodements maritimes
raisonnables aux Gaspésiens. Autrement dit, il faudrait que
ce soit les gens de la place qui aient accès à la ressource et
non seulement l’industrie.
HOW WOULD YOU DESCRIBE THE BIOFOOD
SCENE ON THE GASPÉ PENINSULA?
« Il faut faire la promotion de l’éperlan, c’est un délice. Mais il faut le manger tout frais pêché l’hiver,
parce que l’éperlan, pour se protéger du froid, produit du glycérol, un alcool de sucre qui rend
sa chair plus délicate avec un léger parfum de menthe un peu sucrée. Pour la cuisson, utilisez la
technique d’André Philippe : un petit corps gras, une panure et tu le tournes deux fois dans
la poêle : un vrai délice gaspésien ! » Boucar Diouf
78
79

Documents pareils