vents au pays du Mézenc

Transcription

vents au pays du Mézenc
Aurélie Leruth
Aout 2009
LE VENT en PAYS DU MEZENC
COLLECTE ORALE
mai à août 2009 DOCUMENT DE RESTITUTION
source image: calendrier de 2008, annoté du temps et du vent de chaque jour, par M. Reynaud­ Saint Clément
L'ECOLE DU VENT, 07310, Saint Clément
Pour les habitants rencontrés,
Merci de votre accueil, de vos rires et sourires,
et de vos confidences sur le vent...
Pour l'Ecole du Vent, et la commune de St Clément,
Qui m'ont permis de réaliser un très beau stage.
Pour le groupe de travail du projet « Virée au Pays du Peuple du vent »,
Que cette lecture les inspirent du mieux possible.
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SOMMAIRE
Introduction........................................................................................................p. 4
Méthodologie.....................................................................................................p. 5
I. Les vents au pays du Mézenc. .................................................................p. 7
a. Particularités........................................................................................p. 7
b. Toponymie...........................................................................................p. 10
II. Y'en a marre du vent ! ............................................................................p. 11
a. Fay in auro dou diablé: l'hiver et la burle............................................p. 11
b. Des souvenirs dont on se passerait bien :
petites et grandes catastrophes...............................................................p. 13
c. Dans les champs..................................................................................p. 15
d. Fabrications et productions.................................................................p. 17
d. Les vents, le corps et l'âme.................................................................p. 18
III. « J'ai tant entendu le vent, mais je n'ai rien à dire contre lui! 1 » .............p. 20
a. Y'a le bon air du pays!........................................................................p. 20
b. La vie quotidienne..............................................................................p. 21
c. L'observation du vent..........................................................................p. 24
d. Se protéger du vent.............................................................................p. 25
IV. Grandes pensées et Petites histoires
......................................................p. 28
b. Notre vent, on y tiendrait pas un peu tout de même ?........................p. 28
c. Anecdotes singulières.........................................................................p. 29
V. Expressions et dictons ............................................................................p. 31
VI. En chansons
...........................................................................................p. 33
Conclusion........................................................................................................p. 36
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1 Veillée de La Rochette, le 12 juin 2009.
Introduction
Poussée par les sept vents du Mézenc, l'Ecole du Vent de Saint Clément, s'est depuis quelques mois envolée à la découverte du plateau et de ses habitants, en accueillant Aurélie Leruth2. Partis à la recherche du vent, et de ce que l'on en dit, nous avons rencontré, à travers cette collecte d'informations orale, de nombreuses personnes nous livrant anecdotes et chaleur humaine. Traversant tour à tour : Saint Clément, Fay sur Lignon, Chaudeyrolles, Borée, La Rochette et leurs alentours, nous avons eu la chance de récolter de multiples informations concernant le vent. Ce travail nous a aussi permis d'échanger de beaux moments de discussions avec les habitants du massif que nous remercions.
« Le vent...?! Je n'ai rien à vous dire sur le vent...! »
En quelques mois, nous vous avons entendu si souvent prononcer ces mots lors de nos premiers échanges... Vous aviez pourtant bien des choses à nous dire! Vous le connaissez bien ce vent qui balaye quotidiennement votre massif. La bise et ses courants d'airs glacials, le vent du midi, qui nous a t­on dit rend fou, mais qui devient si précieux pour sécher les foins...La burle si dangereuse et inquiétante...Et tous ces autres autres vents arpentant la vallée de la Saliouse ... Parler du vent ne paraissait pas si simple, mais de fil en aiguille, et de questions en réponses, vous avez su chacun à votre manière nous livrer les petits secrets des vents d'ici. Toutes ces histoires et ces savoirs, récoltés grâce à vos témoignages, seront mis à disposition du public sur le site internet de l'Ecole du Vent. L'Ecole du Vent envisage également de créer une exposition itinérante au cœur des villages concernés, ainsi qu'un circuit audio­guidé conté parcourant le « Pays du Peuple du Vent ». Ce circuit permettra de découvrir, ou de redécouvrir, d'une manière originale votre territoire et votre patrimoine. Une histoire légendaire et poétique sera contée, une histoire imprégnée de vos témoignages, pour que ce projet soit doté d'un sens véritable. Nous vous invitons à parcourir les quelques pages de ce dossier de restitution, compte rendu de notre collecte orale, pour apprécier les paroles des habitants des villages ventés du plateau du Mézenc.
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2 Etudiante à l'université de La Rochelle en Master Professionnel Developpement Culturel de la Ville, en stage a l'Ecole du Vent de Saint Clément d'avril à aout 2009. Méthodologie
Pour réaliser cette collecte d'informations orale auprès des habitants, nous avons été guidé par les membres du groupe de travail constitué autour du projet de « Virée au Pays du Peuple du Vent». Un certains nombre de personnes à rencontrer ont été envisagées. La liste s'allongeant rapidement, suite aux nombreuses recommandations, nous n'avons pu, faute de temps rencontrer toutes les personnes qu'il nous avait été conseillée, et nous nous en excusons ici. Depuis la fin du mois de mai, nous avons donc organisé des rencontres collectives et des rencontres individuelles.
LA RENCONTRE DES ANCIENS
Les premières rencontres furent celle des anciens des villages (ouvertes à tous). L'idée était d'aller, à la rencontre de ces habitants, pour récolter leurs savoirs. Nous avons donc mis en place une réunion, au minimum, dans chacun des villages, de deux heures en moyenne, regroupant généralement entre cinq et dix personnes
LES VEILLEES
Ensuite, nous avons organisé deux « Veillées », où nous avons projeté des films3 en lien avec le vent avant d'échanger ensemble histoires et connaissances. Vous avez été nombreux à nous rejoindre lors de ces deux soirées. Quarante personnes se sont en effet déplacées pour se rendre à La Rochette et vingt­cinq étaient au rendez­vous à Fay sur Lignon. Les personnes présentes, de sept à plus de soixante dix sept ans, nous ont fait partager leurs souvenirs et leurs impressions.
LES TEMOIGNAGES INDIVIDUELS
Suite à ces deux temps de rencontres collectives, nous avons été à la recherche de témoignages individuels. Arpentant les recoins du massif, nous avons été rencontrer, à leur domicile, ceux qui avaient cordialement accepté d'être pour un moment questionné sur le vent. Huit entretiens individuels4, allant d'une demi­heure à plus de deux heures, furent ainsi effectués de mai à aout. 5
3 Le Mistral de Joris Ivens (12/06/09). Montage de 2 extraits: Alertes Météo (documentaire) et Une Histoire de Vent de Joris Ivens (26/06/09). 4 C.F: annexe, tableau des personnes rencontrées. Cette collecte orale nous a permis de découvrir les liens proches et lointains qu'entretiennent les habitants avec ces vents qui rythment leurs journées. La majorité de ces entretiens, collectifs et individuels ont été enregistré. Ces enregistrements nous permettent, en plus de pouvoir effectuer des retranscriptions fidèles des entretiens, d'avoir des archives sonores des voix des habitants. Le travail de retranscription consiste à réécrire la totalité des échanges sous forme de questions­réponses. Ce travail permettra de conserver sous une forme écrite tous les témoignages. Ce dossier de restitution, est un résumé de tous ces témoignages. Nous vous proposons de découvrir les grand thèmes qui se sont dégagés de ces rencontres. Nous avons sélectionné pour chaque grand thème plusieurs extraits de paroles d'habitants. Les extraits choisis se veulent représentatifs des commentaires des habitants rencontrés. 6
I. Les vents au pays du Mézenc
« C'est sûr que sur notre plateau tous les vent passent!5 »
a. Particularités:
Selon des recherche antérieures6, il avait été identifié sept vents soufflant sur le plateau du Mézenc: l'ourisse, le soulèdre, le matinau, la traverse, l'auvernhasse, la bise et l'aura. Le vent dominant étant celui de secteur nord. Grâce à nos rencontres, nous avons pu vérifier ces informations, en réajuster certaines et découvrir de nouveaux noms de vent.
L'ourisse, le vent tourbillonnant avant l'orage a été décrit comme étant le vent de l'orage, celui qui annonce le mauvais temps. Le soulèdre, le vent du soleil levant de secteur est, a été défini comme le vent du soleil, car il se lève à l'est. Il apporterait la neige.
Certaines personnes nous on défini le soulèdre comme étant de secteur sud. Ce serait alors un vent qui tourne, qui fait des tourbillons et qui ne se lève que l'été. Le matinau ou matinal, le vent du matin, a été défini comme étant de secteur est. A Fay sur Lignon, on nous a dit qu'il se lèverait du coté de St Front et se coucherai à St Clément le soir. On nous a signalé que cela faisait longtemps qu'il n'avait pas soufflé.
La traversat ou traverse, le vent du nord­ouest, a été défini de secteur ouest. Il serait le vent qui amène la pluie. L'auvernhasse ou vent d'Auvergne, le vent d'ouest nous a été confirmé. Il a été signalé qu'il serait un vent froid. La bise, le vent local froid de secteur nord est, a été décrit comme le vent du nord, un vent froid et sain. 7
5 Veillée de Fay sur Lignon, le 26 juin 2009.
6 Effectuées pas Jean­Claude Mermet, président des « Amis du Mézenc ».
L'aura, a été donné pour le vent du midi par Jean Claude Mermet, concernant le coté Ardèche. Selon les habitants rencontrés, il ne serait pas le nom d'un vent. Le mot « aura » signifierait le vent en patois, dans le sens général du terme. Les sept vents que nous venons de décrire seraient les sept vents soufflant sur le massif du Mézenc. Nous avons apporté aux définitions que nous possédions, les compléments d'informations que nous avions récoltés. A présent, nous vous invitons a regarder ce qui suit: les noms et particularités de vents que vous nous avez fait découvrir. Le vent du midi, est le vent du sud. C'est un vent malsain, tumultueux, qui dit on rend fou, et qui lorsqu'il souffle fort provoque de nombreux dégâts. Il est généralement appelé simplement: le vent. Le vent blanc, est un vent de secteur sud qui n'amène pas la pluie. C'est un vent sec qui dure plusieurs jours. On lui donne ce nom car il apporterai des nuages blancs. Le vent noir. Peu d'indications on été récolté à son sujet. La bise noire, est un vent de secteur nord. Ce nom lui a été donné car il amènerai des nuages très noirs. Le halle, est le vent qui noircit, c'est à dire qui fait bronzer. Lo chijompe ou la sisampe, est le vent qui ferait fumer les cheminées. Quoi tchoa ou le queue de chèvre, est un vent de secteur nord­ouest.
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En récoltant différents témoignages des résidents des communes ancrées autour du Mont Mézenc, nous avons pu distinguer certaines particularités concernant l'exposition au vent des lieux parcourus ou évoqués:
COMMUNES
LIEUX DITS
PARTICULARITES
Village
En plein vent
L'Herm
Protégé
Bousquenoux
La Bise est coupé par le Signon.
Village
Protégé, microclimat
Antraygues
Protégé,climat plutôt méditerranéen. Exposé aux vent du sud et à la traverse. Protégé de la bise. Le Bois
Protégé du vent du sud. Tempoyrac
A l'abri du vent du sud.
Le Viallar
Beaucoup de vent
Village
En plein vent
Les Bornes
Protégé
Les Ribes
Beaucoup de vent
Les Bois
Protégé
Village
Protégé du vent du nord. Chanteloube
Beaucoup de vent
Fay sur Lignon
Village
Beaucoup de vent
Saint Martin de Valamas
Village
Très abrité. Entouré de montagnes.
Saint Clément
La Rochette
Borée
Chaudeyrolles
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b. Toponymie / inventaire:
Sur le territoire, nous retrouvons également certains signes ou indices nous rappelant que le vent est omniprésent. Cette partie nous renseigne sur l'existence de lieux, de bâtisses ou d'objets qui auraient un lien direct ou non avec les vents de part leurs noms, leurs fonctions, ou leurs aménagements.
­ Les lieux et bâtisses:
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La ferme de Ventebrun, commune des Estables.
–
Lieu dit de La Traverse, commune de Saint­Clément.
–
Maison dite de La Traverse, commune de Fay­sur­Lignon. –
Tempoyrac, commune de La Rochette: nom qui vient de tempour.
–
Tempour: mot en patois qui défini un temps de l'année. Les six derniers jours de l'année donnent le temps pour les six mois à venir. Le tempour a aussi été défini comme étant les 4 temps. Cette période arrive tous les trois mois et défini certains jours où on ne mangeait pas de viande. Originaire du calendrier chrétien, ce temps était aussi utilisés par les agriculteurs pour définir les jours de semences et de récoltes. –
Borée: le nom d'un dieu du vent en Grèce antique. (vent du nord)
–
L'Eglise de Borée: sifflement du clocher par vent du sud. –
La maison cantonnière sur la route de Saint Front: on y sonnait les cloches pour prévenir de la burle. –
A Corne Vent: nom du quartier du cimetière, St Martin de Valamas. C'est peut être le lieu le plus venté du village. ­ Les objets:
–
Le ventor (ou tarare, ou vanoir): instrument servant à nettoyer le grain.
–
Le van: outil pour tamiser le grain.
–
La croix sur la place de Fay­sur­Lignon: pour qu'elle ne soit pas emportée par le vent, elle a été aubanée.
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II. « Y'en a marre du vent ! » Le vent est principalement perçu comme un inconvénient sur le plateau du Mézenc. Sa fougue, son caractère imprévisible et indomptable font de lui un obstacle constant. Le vent souffle bien trop fort, il nous apporte froid, pluie et neige. Il déclenche tempêtes et rafales, pouvant transformer d'un coup d'un seul, le calme des hauteurs en une furie d'éléments. Synonyme de danger, aussi bien craint que respecté, il impose ici aux Hommes une certaine rigueur de vie. Vivre avec le vent, c'est vivre avec et dans un temps particulier. Si vous leurs posez la question, beaucoup vous diront qu'ils en ont marre du vent. Que le vent n'apporte que des problèmes. Écoutons leurs dire, puis nous comprendrons sans doute un peu mieux ces rapports, entretenus entre les hommes, les femmes du massif et les vents. a. Fay in auro dou diable
7 ! : l 'hiver et la burle:
« Les hivers sont difficiles, il faut y être né pour y vivre!8 »
« je me souviens un hiver, il y avait de la neige, et un vent! Un vent!...On aurait dit un train qui rentrait en gare!... C'était la burle! Je suis rentré chez moi, je pleurais!9 »
« Cela étonne toujours les gens, mais quand il burle ici, la neige ne tombe pas verticalement mais horizontalement! 10»
« Il y a des gens qui sont restés dehors, qui ne retrouvaient pas leurs maisons, ils se retrouvaient pris dans un tourbillon. Et il y en a qui sont morts comme ça! Combien y'en a qui sont mort dans la burle? Et prés de chez eux! 2 ou 3 prés d'ici. Il y aurait eu des éoliennes ou des affaires comme ça, ils auraient pu se repérer. 11»
« Le plus terrible en hiver n'est pas la neige mais le vent, c'est pour cela que les hivers sont terribles.12 »
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Il fait un vent du diable!
Rencontre collective au club de retraité de Fay sur Lignon, le 28 mai 2009.
Rencontre collective à Borée, le 15 juillet 2009. Discution chez Martine, bar à Fay sur Lignon, le 4 juin 2009. Rencontre collective à La Rochette, le 8 juin 2009.
Rencontre collective au club de retraité de Fay sur Lignon, le 28 mai 2009.
« C'est sur que le vent le plus embêtant c'est l'hiver, pour former les congères.13 »
« Quand l'hiver, mes fenêtres étaient bouchées...De la fenêtre de l'écurie, je ne voyais pas venir le jour avec la tourmente et les congères! Je buvais mon café le matin, et puis je prenais la pelle et j'allais dégager un peu.14 »
« Bon aujourd'hui, il y a des repères, mais à l'époque, il n'y en avait pas des repères. Ils plantaient des grosses pierres le long des chemins, alors pour se repérer, pour allez plus loin, vous savez les anciens, parce que ils en avaient dans le crâne, (il y a des gens qui en avaient dans le carburateur!)..., alors pour se repérer, en caressant la pierre ils savaient où ils étaient. Parce qu'elles étaient de différentes formes.15 »
L'hiver est la saison de l'année la plus rude. Le vent plus qu'un obstacle est un danger, un ennemi. Tout le monde a ici une anecdote sur la burle: lorsque le vent se lève et transporte la neige, formant des congères, véritables pièges pour marcheurs et conducteurs. Combien de croix 16 sur le massif signalant le lieu où se sont écroulés de fatigue et de froid des paysans pris dans la burle? Encerclés dans ces bras.
L'hiver, est un passage. C' est le temps du repli et de l'attente. Chaque hiver est épreuve. Il laissera à chacun son lot de souvenirs. Au milieu de souvenirs angoissés et parfois funestes revient en mémoire des instants heureux. L'époque des veillées nous a été conté. Nous nous sommes alors aperçu que l'hiver était aussi le temps des retrouvailles et du lien social. Rien, pas même le vent n'empêcherai familles et amis de se réunir. Ils avaient tous cette même envie de se réchauffer par grand froid, à un peu de chaleur humaine. Le vent donnait aussi une autre saveur à ces soirées.
Aujourd'hui le chasse­neige a apporté à ceux vivant dans les bourgs, une plus grande mobilité. Mobilité toute relative car beaucoup de routes, sans parler des chemins, restent encore condamnés, et quand certaines on la chance d'être régulièrement déblayées, tout l'enjeu est alors de ne pas rater le passage du véhicule. Entre souvenirs des saisons précédentes et inquiétude des hivers suivant, la morte saison fait parler d'elle toute l'année.
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Rencontre avec M. Joseph Dugua, à La Chara, le 17 juillet 2009. Rencontre avec M. Pierre Pizot, à Borée, le 17 juillet 2009. Veillée à La Rochette, le 12 juin 2009.
Comme la croix de la Plonge sur la draille de Soutron en Alambre.
b. Des souvenirs dont on se passerait bien: petites et grandes catastrophes:
D'autres souvenirs, très anciens ou récents vont sans doutes réveiller chez certains d'entre vous quelques images... Les habitants du plateau ont ceci de commun: des souvenirs, qui de part des conditions climatiques singulières, renvoient aux hommes et aux femmes qui vivent ici un sentiment d'appartenance à la même Histoire et donc au même territoire. Les même événements marquants, allant de la grande tempête de 1982, aux habitations détériorées, en passant par la catastrophe de Tchernobyl, nous ont étés racontés. Décris par des personnes différentes, ces évènements résonnent comme faisant partie de la mémoire collective des habitants du massif. Quand ça à tant soufflé...!:
« Le vent nous réserve beaucoup de surprises ! Quand on voit des arbres déracinés, abattus, on se demande comment la force du vent peut en arriver là!17 »
« Il y a eu une inondation en 1982. La rivière c'est même changé de place à certains endroits. Et ça entrainait les vaches. C'était les bourrasques de vent et de pluie, de grêle, de tout...ça avait grossit la rivière. Le cimetière a bien été inondé.18 »
« Une tempête. On s'est levé le matin et la cheminée était par terre, les lauzes avaient voltigé. On avait comme l'impression d'un bombardement. J'étais gamine, je ne sait plus quel vent avait provoqué ça. Je ne sais plus quelle année c'était.... 19»
« Une fois Marguerite, qui habitait aussi à Chanteloube, elle m'a dit, une fois le vent à emporter mes fenêtres de la grange, je n'ai jamais su où elles ont atterri! 20»
« Puis une année aussi, c'est du coté de St Clément, il y a tant eu de toitures qui ont été emportées aussi!21 »
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Rencontre avec M. Aimé Laffont, à Antraygues, le 15 juillet 2009.
Rencontre collective à La Rochette, le 8 juin 2009.
Rencontre collective à Borée, le 16 juillet 2009. Rencontre collective à Chaudeyrolles, le 10 juin 2009.
Rencontre collective à Chaudeyrolles, le 10 juin 2009.
« C'est quand même ici le vent du midi qui fait le plus de dégât! 22»
« Je suis originaire de St Clément, mes parents on été enterré à St Clément et ça doit dater de 30 ans à peu prés. Un jour de la Toussaint, on est allé au cimetière, comme beaucoup de monde, et puis on s'en allait, on descendait sur la route de St Martin. Il est venu un coup de vent, de vent du sud, ça a emporté une roue de secours d'une 4L, et puis moi j'avais une deux chevaux, et bien il fallait s'y mettre à deux pour la tenir ! Les gravillons passaient comme de la neige. Je vous assure que ça souffle !23 »
« Mon pépé il m'a raconté une histoire. Il m'a dit qu'il avait une cabane qui s'est décrochée par ce qu'il y avait beaucoup de vent et que ça l'avait emmener dans le montagne, et après ils l'ont retrouvé 24»
Quand le vent se mêle aux flammes...:
« Le village de Bournac en 1932: il y avait un vent du sud très fort le jour du jubilé de la vierge du Puy. Une étincelle est partie d'une cheminée et en 1h00, 13 chaumières ont brulé! Une dame avait oublié ses sous dans les carreaux de denteliers. Elle est retournée a sa chaumière, mais quand elle voulu repassé par l'étable, la paille lui est tombée dessus... 25»
« Comment est provoqué un feu de cheminée? Avec un appel d'air, et ça provoque des escarbilles (étincelles) qui se mettent sous les toits ou sous les lauzes. Comme avant les charpentes étaient toutes en bois, ça prenait. Souvent , en plus, il n'y avait pas de mur entre l'étable et les habitations, alors tout brulait.26 »
« L'été quand il fait bien sec, les champs peuvent prendre feu.27 »
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Veillée de Fay sur Lignon, le 26 juin 2009.
Veillée de La Rochette, 12 juin 2009. Rencontre collective avec les enfant de l'école de Fay sur Lignon, le 29 juin 2009. Rencontre avec M. Cortial aux Chaumières de Bigorre, le 6 juillet 2009.
Rencontre collective, club des retraités à Fay sur Lignon, le 4 juin 2009. Rencontre collective, club des retraités à Fay sur Lignon, le 4 juin 2009. Quand le vent n'apporte pas que des bonnes nouvelles...:
« Les allergies sont entrainées par le vent. 28»
« A une certaine époque, il nous a apporté des vitamines avec Tchernobyl! Il y a une plante qui a permis de déterminer le taux de pollution qu'il y a eu ici dans la région, c'est le champignon. Puisque le champignon c'est la poubelle de la Terre. Il ramasse tout.29 » « Quand Tchernobyl à explosé,ça s'est posé au dessus du Mézenc ! Il y avait un pic de radioactivité (plus élevée que dans la vallée). Il ne fallait pas manger les champignons.30 »
Quand la nature se déchaîne... Et que le vent se mêle à la neige, à la pluie ou au feu...
La peur est associé au vent et la prudence devient le maître mot des habitants. De Saint Clément à La Rochette en passant par d'autres contrées, tous redoutent le mélange redoutable des éléments. Mais le vent ne se mélange pas seulement aux autres éléments naturels...Il devient parfois le moyen de locomotion privilégié des produits les plus toxiques.
La catastrophe de Tchernobyl, qui a eu lieu suite à l'explosion d'une centrale nucléaire en Ukraine, en 1986, à provoqué la formation d'un gigantesque nuage de pollution. Le vent ne connaissant pas les frontières, le nuage à parcouru le massif pour venir se poser, nous a t' on dit au sommet du Mézenc. Le vent qui sert si souvent à dépolluer, peut aussi parfois jouer le rôle inverse...Suivant les courants directeurs, il emporte avec lui tout ce qui se trouve sur son passage. b. Dans les champs :
Après un rude hiver, le printemps arrive. Pour beaucoup le travail aux champs débute. Le vent devient alors un soucis supplémentaire aux tracas quotidiens. L'été, la saison des foins commence; on guette une fois de plus le sens du vent. Si par malheur il venait à tout emporter...?!
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28 Rencontre collective à La Rochette, le 8 juin 2009.
29 Rencontre collective à La Rochette, le 8 juin 2009.
30 Rencontre collective à Saint Clément, le 9 juin 2009.
« Le vent nous as toujours embêté ! L'hiver c'est les congères, l'été c'est les problèmes pour faner. Si l'orage arrive, on doit se lever à 4h00 du matin avant l'orage. C'est une lutte contre le vent ! Le printemps et l'automne le problème est de garder les bêtes en se mettant à l'abri du vent. »
« C'est fatiguant quant on est dehors de travailler avec le vent ! 31»
« Les paysans quand ils sortent les vaches, il ne faut pas que ce soit le vent du sud. Sinon elles courent comme des folles. 32»
« Il y a 25 ans a peu prés, c'était au mois de juillet, on fanait la haut à Chanal, et on a commencé à fauché la haut, on avait fauché a peu prés un hectare et demi et puis le lendemain on fanait à Tempoyrac. A Tempoyrac, c'est à l'abri du vent du sud, on a rien vu venir. Le lendemain mon fils qui avait 17 ans, il est monté la haut à Chanal pour tourner les foins...et bien il n'y en avait plus! Il m'a dit, j'ai pleuré ! Il était monté dans la forêt du Mézenc ! 33»
« Mais c'est sur que si c'est le vent du sud, le foin sèche bien mieux ! 34»
« Les coiffeurs du Mézenc étaient ceux que l'on appelait les faucheurs. Ils fauchaient à la faux les terres, les prés.35 »
Travailler aux champs, par temps de vent, n'est d'ordinaire pas agréable. Mais lorsque le vent vient voler les futures réserves d'une année en foin, le paysan à bien raison de le maudire! Cependant, le paysan a parfois besoin du vent. Il permet de bien sécher les foins pour une meilleur conservation. La viande du Fin Gras peut alors être nourrit avec les meilleurs de ces foins, récolté à plus de 1100 mètres d'altitude et conservant toutes les vertus des plantes locales, comme la plus savoureuse d'entre elle: la cistre. 16
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Rencontre collective à Chaudeyrolles, le 10 juin 2009.
Discution chez Martine, bar à Fay sur Lignon, le 4 juin 2009. Veillée de La Rochette, le 6 juin 2009.
Rencontre collective à Chaudeyrolles, le 10 juin 2009.
Rencontre avec M. Aimé Laffont, à Antraygues, le 15 juillet 2009.
c. Fabrications et productions :
Nous n'y pensons pas toujours, mais il est vrai que le vent à une influence sur la fabrication de certains produits. Regarder le temps, en connaître ses effets et attendre le bon moment pour se lancer dans les préparations...: voilà aussi une partie du quotidien de certains producteurs!
Le lait:
« Si je trais les chèvres et que c'est le vent du sud y chalaille ! Il n'est plus bon alors je le donne au chat.. Il caille et puis il surnage et je n'arrive pas à le faire sécher. 36»
Le fromage:
« Quand on faisait le fromage, quand c'était le vent du midi on ne pouvaient pas, il était immangeable,il gonflait. Le vent du nord est plus sain (pour la santé, les jardins...). Le lait avec un vent du midi tournait. Aujourd'hui je plain celle qui prépare le fromage quand c'est le vent du midi.
« Y soléga ! Quand il fait des petits trous, eh bien on dit: Y soléga ! Ils sont moins bons!37 »
« Quand le fromage tourne, en patois on dit: y chiroure ! ». Cela veut dire qu'il prend les trous a cause du vent (des trous comme les chenilles) 38»
Le miel:
« Les abeilles travaillent bien par vent du midi. Par vent du nord les fleurs ne donnent pas leurs nectars.39 [...] On dirait qu'elles connaissent...! »
La viande:
Quand on tuait le cochon aussi, on surveillait le vent tant qu'on pouvait. Avec un vent du sud, il ne se conservait pas (le jour de le tuer).40 »
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Discution chez Martine, bar à Fay sur Lignon, le 4 juin 2009.
Veillée de La Rochette, le 12 juin 2009.
Discution chez Martine, bar à Fay sur Lignon, le 5 juin 2009. Veillée de Fay sur Lignon, le 26 juin 2009. Rencontre collective, club des retraités à Fay sur Lignon, le 4 juin 2009. Le bois:
« Sur la coupe du bois. Il fallait le couper par un certain vent pour que le bois se conserve. Au temps de l'avent, il ne faut pas le couper. Avec certains vents, le bois sèche plus vite. C'est utile pour les grosses charpentes.41 »
d. Les vents, le corps et l'âme :
Ressentir le vent ne s'arrête pas aux simples frissons qui peuvent nous traverser en franchissant notre porte, ou à ce sentiment de bien être procuré par une brise fraiche en plein été. Ressentir le vent c'est aussi ressentir son corps. Et lorsque le corps parle, il nous renseigne parfois sur le vent qu'il fait...Mais le corps ne se trouve pas être le seul baromètre des hommes: l'âme ou l'intellect peut s'en trouver lui aussi perturbé. C'est comme cela que le vent du sud peut nous faire perdre le nord!
« Aujourd'hui c'est la bise ! Moi je le sens à mon bras !42 »
« Le vent du midi, c'est les rhumatismes ! 43»
« Quand le temps va changer, on a bien mieux des douleurs ! 44»
« Pour nous, quand c'est le vent du midi faut raser les murs quand on est pas trop solide45. »
« Moi, maintenant que je marche plus difficilement, et que je suis moins solide sur mes jambes.. dés que j'en vois une rafale, je me tiens bien sur mes cannes et j'écarte les bras...mais je dis, je ne continue pas...je retourne...je cherche quand même un endroit où il ne m'emportera pas! Parce qu'il aurait vite fait de nous emporter !46 »
« Le vent a une influence aussi sur les comportements. Il peut rendre dingo pour les stressés 47».
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41 Rencontre collective à Borée, le 16 juillet 2009.
42 Rencontre collective, club des retraités à Fay sur Lignon, le 4 juin 2009. 43 Veillée à La Rochette, le 12 juin 2009.
44 Veillée à Fay sur Lignon, le 26 juin 2009. 45 Rencontre collective, club des retraités à Fay sur Lignon, le 4 juin 2009. 46 Rencontre collective à Chaudeyrolles, le 10 juin 2009.
47 Rencontre collective à Borée, le 16 juillet 2009.
« J'avais une voisine un peu dérangée. Quand c'était le vent du nord, elle ne disait rien, quand c'était le vent du sud elle hurlait! Elle allait passer deux ou trois jours dans les bois...et au vent du nord elle était comme tout le monde.48 »
« [le vent du midi] Tu rêves et tu dors moins bien, c'est pas un sommeil qui repose.49 »
Il faut être bien accroché au sol, quand le vent se met ici à souffler! Petits ou grands, il est pour tous conseillé de regarder par la fenêtre avant de se lancer à travers rues et chemins. Pour certains, pas besoin de regarder dehors. Il suffit d'écouter son corps. Le corps est sensible aux changement de temps et quand le vent tourne il nous le fait sentir. Le vent du sud est celui qui provoque chez nous le plus de réactions. Le psychique parfois s'emballe, et les sautes d'humeurs trouvent alors leurs explications dans la science météorologique ! 19
48 Rencontre collective, club des retraités à Fay sur Lignon, le 4 juin 2009. 49 Rencontre collective à Chaudeyrolles, le 10 juin 2009. III. «
J'ai tant entendu le vent, 50
mais je n'ai rien à dire contre lui! »
Le vent n'aurait­il que des inconvénients? Convenons­en, il en a certes de nombreux, mais n'oublions nous pas trop souvent que le vent a aussi des avantages et qu'il est un élément essentiel à la vie sur terre. Les Hommes ont su s'y adapter, l'observer pour mieux le comprendre et s'en protéger. Nous nous sommes rendu compte que le vent nous était aussi utile, qu'il permettait de changer d'air, de lutter contre l'humidité, et de produire de l'énergie. Le vent est présent dans notre vie de tous les jours, et par maintes manières il influence notre quotidien. a. Y'a le bon air du pays! :
Le bon air du pays! Ce doux parfum de fleurs flottant dans les airs au début du printemps. Il est tellement sain de vivre ici à l'heure des alertes aux pics de pollution dans les grandes villes! Le vent, en dehors de jouer un rôle essentiel dans les processus de pollinisation, transporte avec lui toutes les vertus des fleurs champêtres et plantes médicinales. Il se fait alors médecin de tous, et l'air que l'on respire est source de nombreux bienfaits. « Et moi quand je redescendait à Marseille, je me rappelle, on avait toujours dit, eh bien on voit quelle vient de la montagne ! Et voyez maintenant même je fais cette réflexion, je trouve que les enfants aujourd'hui n'ont plus cette physionomie d'enfants qui ont des joues rouges, qui sont en bonne santé comme l'était les enfants d'autrefois.51 »
« Le créateur a bien fait de le mettre le vent...
Sinon on ne pourrait pas respirer, il n'y aurait pas de vie. Il sert tous les jours. Il a beaucoup d'avantages.52 »
« Ça sèche l'air. Ça enlève l'humidité de l'air. Le vent assainit.
Quand il n'y a pas de vent l'été, on respire mal, on se sent mal a l'aise.53 »
« Quand il n'y a pas de vent, on ne voit pas les Alpes. Le vent amène le mauvais temps, mais il nettoie (aussi) le ciel.54 » 20
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Veillée de La Rochette, le 12 juin 2009.
Rencontre collective à Chaudeyrolles, le 10 juin 2009. Rencontre collective à La Rochette, le 8 juin 2009.
Rencontre collective à La Rochette, le 8 juin 2009.$
Rencontre collective à Borée, le 16 juillet 20
« On dit (en ville) que venir en juin ici ( à Fay sur Lignon), ça vaut tous les médicaments. Grâce à l'odeur des champs, des fleurs médicinales, du foin... 55»
« Le bois en face a poussé tout seul. C'est le vent qui a apporté les graines.56 »
b. La vie quotidienne:
Les anecdotes concernant le vent et sa présence dans la vie quotidienne des habitants du plateau de manquent pas. Le vent rythme le quotidien, et parfois, le vent, on ne l'évite pas mais on l'attend ! Détailler toutes ses utilités ou tous ses rôles serait bien long...Mais voici ici un résumé de vos commentaires. Nous en apprenons encore beaucoup. Toujours est­il que le vent est souvent subit...mais parfois aimé !
« Le vent sèche tout, le linge, les fleurs...Une fois, j'avais mis mes draps a sécher dehors alors que tous le mode avait mis son fumier a sécher! L'odeur! Mais en général les draps qui sèche au vent sente bon! 57»
« Il nous pousse!
il nous fait monter les côtes!58 »
« Et quand vous faites du vélo vous le sentez ! 59»
« [Les hommes] Ils peuvent dire que ça soulève les jupes, comme ça si vous êtes derrière, vous pouvez bien admirer les fesses !60 »
« En fin de compte, quelque part quand on est en retraite, on organise sa journée en fonction du vent. Parce que si c'est pour aller te geler dans le vent...61 »
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Rencontre colelctive, club des retraités, Fay sur Lignon, le 28 mai 2009.
Rencontre avec M. Aimé Laffont, à Antraygues, le 15 juillet 2009.
Rencontre collective à Borée, le 16 juillet 2009.
Rencontre collective à Borée, le 16 juillet 2009.
Veillée à Fay sur Lignon, le 26 juin 2009. Rencontre avec Mme. Simone Chanut, à Reynaud, le 30 juin 2009. Rencontre collective à Chaudeyrolles, le 10 juin 2009. « [...], les gens en ce temps là...tout le monde ramassait les feuilles pour faire des paillasses et les bébés étaient tous couchés dans des berceaux avec des paillasses. Comme ça, on attendait qu'il fasse un peu de vent, un vent sec évidemment pour que...au lieu de faire des congères de neige, ça faisait des congères de feuilles ! Et ce n'était pas toutes les feuilles, c'était les feuilles surtout de hêtre qu'on ramassait. 62»
« Tu vois ici, il faut les cheveux courts, ou les cheveux longs alors avec un chignon, pour ne pas les avoir dans les yeux !63 »
Jouer avec le vent :
Au fil de nos entretiens, les souvenirs de chacun refirent surface et l'enfance y trouva une place particulière. Nous nous sommes alors intéressés au jeux d'enfants qui pouvaient avoir un lien avec le vent. –
Souffler sur les fleurs de pissenlit.
–
Trainer le parapluie comme un cerf volant.
–
Tenir un ruban fait avec des morceaux de tissus en courant.
–
Faire des sifflets avec du sureau, et avec les herbes entre les mains.
Le vent, quelle énergie!:
L'énergie éolienne est une énergie qui à le vent en poupe. Mais cela n'en a pas toujours été ainsi. La force du vent, dont les premiers utilisateurs furent les végétaux puis les oiseaux, a rapidement intéressé les Hommes. Aujourd'hui, le vent fait le bonheur de certains. Les parapentistes l'attendent pour s'envoler, et les éoliennes de St Clément, tournent ou dansent pratiquement tous les jours de l'année. « Jusqu'au éoliennes, le vent ne nous as pas servit à grand chose dans le pays. Avant c'était un inconvénient.64 »
« Maintenant il n'y a que les éoliennes et les parapentes qui utilisent le vent. C'est vrai que l'été comme l'hiver il y a du vent mais on en a pas l'utilité.65 »
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Rencontre avec Mme. Simone Chanut, à Reynaud, le 30 juin 2009. Rencontre collective à Chaudeyrolles, le 10 juin 2009. Veillée de Fay sur Lignon, le 26 juin 2009.
Rencontre collective à La Rochette, le 8 juin 2009.
« Il y a deux manières de faire du parapente:
–
Soit voler en local.
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Soit prendre un maximum d'altitude après le décollage, puis se mettre dans le sens du vent pour faire le plus de distance possible. Le record local est un vol de 60 km de distance au départ de Chaudeyrolles. L'atterrissage à eu lieu après Aubenas.66 »
Quelles sont les bonnes conditions climatiques pour décoller?
Tout dépend des sites...Mais nous avons besoin d'un vent de face.
A Chaudeyrolles, il faut une orientation du vent Nord­Nord/Est.
Aux Estables: Sud.
A la croix de Boutière: Sud­Sud/Est.
Au Mézenc: Sud/Est. Il ne faut pas qu'il y est un vent de plus de 25 km/h à la cime. Pour avoir les meilleurs condition il faut décoller entre 12h00 et 13h00. 67»
Des oiseaux aux avions: comment voler?
Depuis très longtemps, l'Homme observe les oiseaux et le vent pour toucher de prés ce vieux rêve cher à Léonard de Vinci: s'envoler. La persévérance et l'apparition des nouveaux procédés technologiques aux XIX ème siècle et tout au long du XX ème, nous permettent, aujourd'hui, de décoller nous aussi.
« C'est drôle qu'ils décollent face au vent ! Si c'était derrière ça les pousseraient ?!
Ça parait logique mais non car par derrière il n'a pas de force portante. C'est a dire qu'ils se servent du vent qui passent sous les ailes pour pouvoir décoller. 68» « Alors, il faut de l'élan pour lancer des avions...!
Mais il y a des oiseaux aussi qui le font ! Par exemple la perdrix, ils courent avant de décoller! Moi j'ai voulu essayer une fois! J'ai bien étendu mes bras, mais j'ai pas décollé d'un centimètre !69 »
« Quand je rêve, je vole ! Et je suis bien ! Et je suis bien !
Je suis comme un oiseau ! Ça m'arrive souvent de voler !70 »
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Entretien avec M. Philippe Chambon, le 19 aout 2009.
Entretien avec M. Philippe Chambon, le 19 aout 2009.
Rencontre collective à La Rochette, le 8 juin 2009.
Rencontre collective à La Rochette, le 8 juin 2009.
Rencontre collective à La Rochette, le 8 juin 2009.
c. L'observation du vent: Observer le vent. Pas si évident, me direz vous... Le vent est un élément invisible et impalpable. Le vent peut s'écouter, mais par quelques astuces, par l'intermédiaire d'autres éléments, le vent peut être visible. Nous pouvons alors découvrir sa position, sa direction, son intensité, et parfois même ses futures évolutions. « C'est bien rare, même un jour sans vent!71 »
« Le vent tourne. En une journée on peut voir passer tous les vents.72 » « Quand même, quand il fait un grand vent fort, il le fait un jour, une nuit, puis après ça se calme quand même.73 » « On regarde les nuages, les nuages indiquent bien le vent. Si les nuages viennent du nord, c'est le vent du nord!74 »
« Moi, j'ai pas besoin de sortir dehors. Il souffle derrière ma chambre. Je l'entend dans ma maison. Je sais même sans sortir si c'est du nord ou du sud! Au bruit! Il ne souffle pas au même endroit.75 »
« Moi, on m'avait dit, que les parapentistes ou les aviateurs, pour pouvoir atterrir, ils ont une astuce, je ne sais pas si vous la connaissez, pour savoir dans quels sens vient le vent. Eux ils sont dans leurs avions ou dans leurs planeurs, et ils atterrissent face au vent. C'est un peu l'inverse de ce qu'on a vu dans le film. En fait, les vaches dans les prés se mettent toujours le cul au vent. Du coup c'est un signe pour savoir d'où vient le vent, et les aviateurs l'utilisent, et les planeurs pareils.76 »
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Rencontre collective à Chaudeyrolles, le 10 juin 2009. Rencontre collective à Saint Clément, le 9 juin 2009.
Rencontre avec Mme. Simone Chanut, à Reynaud, le 30 juin 2009. Veillée de La Rochette, le 12 juin 2009.
Rencontre collective à Saint Clément, le 9 juin 2009.
Veillée de La Rochette, le 12 juin 2009.
« Le parapente est un aéronef, il se déplace comme un avion. Il ne faut pas avoir une vitesse par vent de face de plus de 35 km/h. En parapente, nous nous servons des ascendances (collones d'air chaud) pour prendre de l'altitude. En dessous il y a des descendances, que nous appelons les « dégueulantes ». [...] Comment repérez vous ces ascendances en plein vol? Il y a des signes. Lorsque nous ne sommes pas très haut, nous pouvons observer les feuilles des arbres qui bougent. Sinon, nous utilisons un vario. C'est un appareil qui réagit sous la pression de l'air.77 »
« Pour détecter les courants d'airs chaud, on peu observer la couleur des champs du à la luminosité. Par exemple si le champ est blanc, cela signifie qu'il y a un courant d'air chaud à prendre.78 »
« Ça provient d'une dépression ! Le vent découle d'une haute pression vers une basse pression comme l'eau coule du haut vers le bas !79 »
« La vitesse maximum du vent sur le Mézenc, tout ce que j'ai entendu, c'est 142km/h. D'ailleurs, j'étais monté voir.80 »
c. Se protéger du vent: S'y connaitre en matière de vent... Observer ses orientations et ses effets.... Repérer ses humeurs et tirer enseignement du savoir des anciens... A force de le côtoyer, les habitants du massif en savent beaucoup sur le vent. Et une fois ces connaissances acquises, on essaye ensuite de vivre mieux avec, en s'en protégeant. Construire une maison, un village, l'aménager et le solidifier, pour résister le plus longtemps aux caprices du temps...La protection face au vent est une nécessité locale. Le Mézenc et son massif: « Ici (à La Rochette), c'est rare qu'on ait des orages de grêle, on est protégé par les montagnes et par le Mézenc. Et l'air est plus pur car il y a beaucoup de forêts.81 » 25
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Entretien avec M. Philippe Chambon, le 19 aout 2009.
Discution avec un parapentiste pris en stop, le vendredi 5 juin 2009. Veillée de La Rochette, le 12 juin 2009.
Veillée de La Rochette, le 12 juin 2009.
Rencontre collective à La Rochette, le 8 juin 2009.
Les arbres:
« Autour des maisons oui, ça protège, ça abrite. Mais il ne faut pas les mettre trop prés des routes sinon ça forme les congères. Les congères se forment toujours au même endroit. Et toujours par la traverse. Pour arrêter la neige il faut les planter à 40 mètres de la route. 82» L'architecture locale:
« La chaume: pour le froid, est un bon isolant (meilleur que la lauze). Mais on observe le principe du pull en laine: si il y a du vent, l'air passe à travers83 »
« Les toits en lauze ne sont pas plus solides mais plus lourds (donc ils ne s'envolent pas). C'est pour cela qu'on laisse la lauze. Avant les toits étaient plus ressassé (angle aigu), maintenant ils sont plus larges. Les anciens ont fait des murs épais car ils savaient qu'il fallait un toit lourd et des grosses charpentes.84 »
« Et le vent rentrait à plein tube par la cheminée. Elle était ouverte à tous les vents ! C'était pas fermé. Elle était énorme la cheminée. Va voir celle de Marie­
Louise qui fait trois mètres de large ! Et nous, on chauffait devant et on gelait derrière ! Le vent rentrait par la cheminée et du coup la chaleur s'en allait. Les murs épais gardent quand même un peu la chaleur. Mais on y caillait, ça faisait courant d'air et les portes fermaient mal. 85»
« Oui, oui, les anciens ne se sont jamais trompés ! Toutes leurs maisons quelles qu' elles soient, même si elles sont perchées, c'est toujours dans un bon coin !86 » « On ne peut pas faire barrage au vent. Et les maisons, quand on regarde comment elles sont orientées ici, elles sont orientées vers le sud. Les gens y pensaient. Ils disaient, on ne va pas installer notre entrée avec nos bêtes en plein nord ! 87»
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Rencontre collective à Saint Clément, le 9 juin 2009.
Rencontre avec M. Cortial aux Chaumières de Bigorre, le 6 juillet 2009.
Rencontre avec m. Aimé Lafont, a Antraygues, le 15 juillet 2009. Rencontre collective à La Rochette, le 8 juin 2009.
Rencontre collective à Chaudeyrolles, le 10 juin 2009. Rencontre collective à La Rochette, le 8 juin 2009.
« Certaines parcelles sont plus protégées. Tout dépend du vent. Des lieux tout le temps protégés, y' en a pas bien. Il y a des maisons qui sont bien abritées du Nord.88 »
« Vers le Mézenc, les maison n'avaient presque pas de murs. Le toit touchait par terre, les maisons été enterrées (on creusait la terre), pour se protéger. Et puis on met des petites ouvertures, petites fenêtres. Comme ça il ne faisait pas froid. On utilisait le bois aussi pour les cloisons, ça tenait chaud. 89» Les jardins:
« Pour les jardins, il faudrait mettre des battons de façon à ce que ça les protègent. Il y en a qui mettent des jeunets, qui coupent des branches de jeunets pour mettre sur les courgettes.90 »
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88 Rencontre avec M. Joseph Dugua, à La Chara, le 17 juillet 2009.
89 Rencontre collective à Saint Clément, le 9 juin 2009.
90 Veillée à Fay sur Lignon, le 26 juin 2009.
IV. Grandes pensées et Petites histoires
Le vent fait parler, le vent fait réfléchir.
A la croisée d'un voisin, dans son village, comme le temps, le vent est utilisé comme une première accroche à la discussion. « Ah, il y en a du vent ce matin! », et la conversation est lancée ! Parler du vent n'est pas seulement un prétexte pour converser. Chacun porte à cet élément un véritable intérêt, parce que le vent est important. Le vent partage la vie des Hommes, il l'accompagne. Il fait parti de leur patrimoine commun, et c'est en ce sens que tout le monde peut en parler, s'exprimer à son sujet. Les vents d'ici, bien spécifiques, appartiennent aux Hommes d'ici. Leurs noms, leurs particularités locales leur ont été attribué ici, et nul ne croisera ailleurs le même vent blanc ou le même ourisse...
b. Notre vent, on y tiendrait pas un peu tout de même ?:
« Il n'y a rien pour dépolluer le vent ? Si le vent ! Le vent se dépollue tout seul. 91»
« Mais moi je pense aussi que l'Homme ne doit pas détruire le vent ! On enlève le naturel ! Parce que avec les avions et les fusées, vous tirer sur les nuages et l'envoyez chez le voisin. C'est détourner un nuage alors qu'il est fait pour tomber la et pas ailleurs. On dérègle. Et toutes ces fusées, ces avions polluent l'air. Il est beaucoup pollué le vent. Il y a trop de choses qui volent dans le ciel.92 » « Lorsqu'il y a 15 jours sans vent ici, on se demande où il est partit !93 »
« Le vent à emporter tous les souvenirs 94»
« Si il n'y avait pas de vent, je crois qu'il n'y aurait pas de vie !95 »
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Rencontre collective à La Rochette, le 8 juin 2009.
Rencontre collective à La Rochette, le 8 juin 2009.
Rencontre collective, club des retraités à Fay sur Lignon, le 4 juin 2009. Veillée à Fay sur Lignon, le 26 juin 2009.
Rencontre collective à La Rochette, le 8 juin 2009.
c. Anecdotes singulières:
« Quand on travaillait à la construction d'une maison, si le propriétaire ne payait pas à boire, cela énervait un peu! Cela c'est produit pour cette maison, et les maçons ont dit: « bah! On l'aura bien! ». Quand la maison fut terminé d'être construite, il y faisait un bruit étrange. On croyait que c'était le diable!, mais tout fut vérifié et il n'y avait rien! La maison fut vendue, et les nouveaux propriétaires avaient le même problème. Ils démontèrent la maison et découvrirent que les maçons avaient mis dans les faitages des bouteilles percées! Ce qui faisaient le bruit étrange avec le vent! 96»
« A l'époque, il y avait un terrain de foot à Fay, situé en direction de Sénicroze, et on disputait un match un dimanche après midi, je me rappelle que c'était contre Saint Front, et il y avait tellement de vent du midi que quand on était obligé de dégager le ballon, c'est a dire coté Fay en direction de Sénicroze, on tapait la balle...la balle partait...et retombait derrière nous! Et c'est véridique! Alors il y avait un gros dilemme qui se posait à l'arbitre, parce que normalement quand un joueur met la balle derrière la ligne, il y a un corner. Mais la c'était un dégagement de six mètre et ce n'était pas un corner...Donc on recommençait l'opération! 97»
« Une année, il y avait eu beaucoup de neige dans le sud [...]. La vallée du Rhône était bloquée. J'étais venu pendant les vacances, et on a été bloqué (à cause de la burle) ! Le médecin venait alors à ski. Cette année, des hélicoptères sont venus pour balancer des ravitaillements, et essentiellement du lait ! Alors qu'on avait nos vaches ! 98»
« Parce que un jour on a fait un sketch, c'était nous qui l'avions composé...
J'étais une femme et c'était mon voisin qui était malade et je lui demandai ce qu'il avait attrapé et il disait oh je sais pas, j'avais gros ventre...Et je lui disait: –
peut être que tu ne pouvais pas pisser? Les hommes ça s'appelle la prostate il paraît que...
–
Mais non c'était pas ça du tout ! Enfin je vais te le dire: je ne pouvait pas faire les vents ! (Ça veut dire qu'il ne pouvait pas péter !)
29
96 Rencontre avec M. Cortial aux Chaumières de Bigorre, le 6 juillet 2009.
97 Veillée à Fay sur Lignon, le 26 juin 2009.
98 Rencontre collective à Borée, le 16 juillet 2009. Et je lui réponds (sans comprendre) : Mais que diable voulait tu faire des vent ?! Il y a bien assez de vent ici!99 »
« Histoire de l'ogre aux quatre vents.
En fait l'ogre il mange trop et après il pète et ça sent ce qui mange.
Ah oui, c'est un ogre qui pète et ça sent par exemple le caramel, et après ça attire les enfants et il mange les enfants !100 »
« Il y aussi l'histoire du gars en deltaplane qui après 80 km dans les airs à atterri vers ici. Il avait alors ouvert une voie d'air (route) ! 101»
« Moi je vais vous dire je le sens venir le vent, quand je vois ma femme, je sais qu'il va y avoir de l'orage!102 »
Ces anecdotes, regroupées pour leurs singularités, dotées souvent d'une pointe d'humour, nous révèlent, avant de conclure, un nouveau visage du vent. Le vent est joueur, et certaines personnes l'on bien noté. Cela peut aussi nous arriver de jouer de lui, et avec lui, peut être pour dédramatiser, pour oublier le temps d'un instant, d'une histoire ou d'un sketch, nos mésaventures. Malgré tout ce que l'on en a pu dire, le vent est sujet à plaisanter. Toutes nos rencontres avec chacun des habitants fut teinté de bonne humeur, d'auto dérision et parfois d'éclats de rire. En dehors du vent, les habitants du massif ont ceci de commun: un sens de l'humanité merveilleux. 30
99 Rencontre avec Mme. Odette Clos, St Martin de Valamas, le 19 juillet 2009. 100Rencontre collective avec les enfant de l'école de Fay sur Lignon, le 29 juin 2009. 101Discution chez Martine, bar à Fay sur Lignon, le 4 juin 2009.
102Veillée de La Rochette, le 12 juin 2009.
V. Expressions et dictons
« Avant il n'y avait pas la météo alors on se servait des dictons.103 »
Faisant partie du domaine de la météorologie populaire, les dictons et expressions sur le vent sont nombreuses. Moyens mémotechniques ancestraux permettant de se souvenir et de transmettre aux générations futures des enseignements divers, les dictons et expressions sont encore utilisés. Ceux qui en conserve le meilleur usage sont les anciens des villages accompagnés de quelques amoureux des mots et traditions. Les plus vieux dictons d'ici sont en patois local. Nous pourrions même ajouter extra­local, car chaque village à ici sa propre prononciation. Leurs retranscriptions est phonétique, et je m'excuse par avance pour toute faute d'écriture. –
Quand le vent du midi souffle 3 jours, il amène la pluie.
–
Le vent du jour des rameaux, fait le vent dominant de l'année.
–
Pour qu'il ait un bon hiver, il faut , avant la St Luc, qu'il blanchisse 3 fois le Mézenc.
–
Qui sème le vent, récolte la tempête!
–
Quand le Mézenc a son chapeau, bergère met ton manteau
–
le vent du sud fait la neuvaine (fait 9 jours).
–
Le vent d'auvergne...Il vient ni bon vent, ni bonne gens!
–
Le jours des rameaux, le curé béni le vent.
–
–
Rouge le couchant, pluie ou vent!
Bon vent!
–
Ne pas manquer d'air!
–
Du vent dans les voiles!
–
Faire les vents.
En patois ! :
–
Lo biso nous aviso, l'auvernhasse nous jaccasse, lo traverse nous iverse, l' aura nous esterne. (La bise nous avise parce qu'elle est froide, l'auvernhasse nous recouvre parce qu'il tombe de la neige, la Traverse nous iverse parce qu'il fait un vent terrible, et le vent du midi nous esterne, nous fait tomber par terre ). 31
103Rencontre collective à Saint Clément, le 9 juin 2009.
–
Fay aoure! (il fait du vent !)
–
Il s'en faye ouriche! ( il fait mauvais temps!)
–
Fay in aouro dou diable!( il fait un vent du diable! )
–
Fay aoure chiffre bise! (maintenant la bise souffle!)
–
vent de la plaiyo ( vent du midi, vent de la pluie)
–
L'aoura de lo chimplota! (vent de folie!)
–
Sarre lo fenestrou que la sisampe bouffe! ( ferme la fenêtre que la sisampe entre pas) (en occitan)
32
VI. En chanson
Ecoute dans le vent
Combien de route un garçon peut il faire
Avant qu'un homme il ne soit ?
Combien l'oiseau doit il franchir de mers
Avant de s'éloigner du froid ?
Combien de morts un canon peut il faire
Avant que l'on oublie sa voie ?
Ecoute mon ami
Ecoute dans le vent
Ecoute la réponse dans le vent
Combien de fois doit on lever les yeux
Avant que de voir le soleil ?
Combien d'oreilles faut il au malheureux
Avant d'écouter leurs pareils ?
Combien de pleurs faut il à l'homme heureux
Avant que son cœur ne s'éveille ?
Ecoute mon ami
Ecoute dans le vent
Ecoute la réponse dans le vent
Combien d'années faudra t­il à l'esclave
Avant d'avoir sa liberté ?
Combien de temps un soldat est il brave
Avant de mourir oublié ?
Combien de mers franchira la colombe
Avant que nous vivions en paix ? Eh bien mon ami
Ecoute dans le vent
Ecoute la réponse est dans le vent
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Les Culs Terreux
J'ai visité bien des grands villes
j'ai vu Paris et sa banlieue
Oh, villageois vivez tranquille
Oh, ardéchois dormez heureux
En sillonnant ces grandes artères
Si les yeux m'ont piqué un peu
c'est le relent pétrolifère
Et qui m'ont fait couler les yeux
Si la montagne est mon décors
Au soleil levant
Quelle est jolie quand je m'endors
La chanson du vent
Le soleil brille sur le pavé parisien
Ici quand il brille T'auras du bon vin
Les ardéchois, les 07
Il parait qu'on retarde un peu
On a un air un peu bébête
Parait qu'on est des culs terreux
Alors, pourquoi dans cette Ardèche
Sur ces cailloux et sur ces fleurs
Vous venez y poser vos fesses
C'est vrai, ça leurs donne des couleurs
Si la montagne est mon décors
Au soleil levant
Quelle est jolie quand je m'endors La chanson du vent
La pluie mouille aussi le pavé parisien
Ici quand il pleut
Beau est mon jardin
Chez nous quand on boit un verre
Mais c'est toujours entre copains
C'est pas dans un salon d'affaire
On connait encore ses voisins
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Le dimanche, chez vous ça bouchonne
Nous, on fait sauter les bouchons
loin de vos terres qui en ?
Ici, l'air et le vin sont bons
Si la montagne est mon décors
Au soleil levant
Quelle est jolie quand je m'endors
La chanson du vent
L'automne tombe sur Paris
et la vilaine saison
Ici quand arrive la pluie
Pousse les champignons
Les paysans ont leurs chaumières
Les grands ensembles aux citadins
Les truites sont dans nos rivières
La Tour Eiffel, aux parisiens
Paris, Paris, chante la Seine
Marseille chante son vieux port
Laissez moi vous chanter l'Ardèche
Et laissez moi vous dire encore
Si la montagne est mon décors
Au soleil levant
Quelle est jolie quand je m'endors
La chanson du vent
Parisiens, aimez les de loin,vous en aurez besoin
Des culs terreux qui valent bien
Les culs­culs parisiens
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Conclusion
« On sait pas bien de choses sur le vent! On sait que le vent quand il souffle, il embête! Quand il fait beaucoup de vent, on dit: bon dieu! Si le vent pouvait se calmer! 104»
Partis à la recherche du vent, et de ce que l'on en dit, nous avons trouvé auprès des habitants du massif bien des choses: histoires, connaissances, anecdotes, dictons et chansons.
Pour conclure sur cette étude, et sur ce voyage rempli de rencontres, j'aimerai simplement commenter la citation ci­dessus. « On ne sait pas bien de choses sur le vent! ». Et cependant vous nous en avez apprises de nombreuses. Du queue de chèvre, au vent noir, en passant par la chijompe, les vents sont plus nombreux que ce que nous pensions. Vous nous avez décris vos souvenirs et votre quotidien avec précisions, et nous avons ici tenté de réaliser une compilation des thèmes importants qui s'étaient dégagés de nos rencontres. En effet, nous avons rapidement réalisé qu'à nos questions résonnaient pour vous les mêmes réponses. Combien de fois avons nous entendu dire que le vent n'avait que des inconvénients, que la burle était terrifiante ou que les foins se perdaient, par un coup de souffle, dans la montagne? Ces mots, que chacun à eu à la bouche, nous ont permis de comprendre que le vent évoquait pour vous les mêmes appréhensions et les mêmes émotions. Et c'est aussi cela, d'avoir pour un ensemble de personnes les mêmes références, qui font de cet ensemble une communauté. Le vent, peut alors être perçu, comme l'un des éléments qui caractérise le territoire du plateau du Mézenc. Il peut caractériser son paysage, si l'on étudie la position des villages et bâtisses face au relief, mais aussi caractériser certains traits de sa population, de sa sociabilité. « On ne sait pas grand chose sur le vent! ». Mais le savoir n'est pas unique, et le savoir peut être propre a chacun. Nous espérons qu'à la lecture de ce rapport, vous avez découvert combien vos connaissances peuvent être multiples et combien elles nous ont été précieuses. 36
104Rencontre avec Mme. Simone Chanut, à Reynaud, le 30 juin 2009. LES ENTRETIENS INDIVIDUELS
TABLEAU DES PERSONNES RENCONTREES NOM
LIEU
DATE
CHANUT Simone Reynaud, La Rochette
30/ 06/ 2009
Fay sur Lignon
30/06/2009
Bigorre,
St Front
06/07/2009
Entraygues,
La Rochette
15/07/2009
PIZOT Pierre
le Patural,
Borée
17/06/2009
DUGUA Joseph
La Rochette
17/06/2009
CLOS Odette
Saint Martin de Valamas
20/06/2009
CHAMBON Philippe Chaudeyrolles
(entretien téléphonique)
19/06/09
CHABAL Henry
CORTIAL Robert
LAFFONT
Aimé

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