Le concile Vatican II Quelques conséquences visibles du

Transcription

Le concile Vatican II Quelques conséquences visibles du
« Le pape Jean n’avait pas prévu cela, il s’attendait à un
vote rapide et sans difficulté sur ces projets qu’il avait tous lus
en y acquiesçant », dit le cardinal Ratzinger4.
Les fidèles, eux, n’ont guère compris ce qui se passait,
c’est-à-dire que l’autodestruction était en marche et l’ont
oubliée s’ils l’ont vue. Mais comme tout dans l’Eglise depuis,
s’est fait au nom du concile, ils peuvent se poser des questions, compte tenu des fruits obtenus !
Quelques conséquences visibles du concile
« Aussi vrai que Dieu est fidèle, quand je parle avec vous,
ce n’est pas oui puis non » (II Cor. 1, 18)
Le concile Vatican II
Le cardinal Ratzinger a constaté que Jean XXIII et
Paul VI se sont lourdement trompés en ce qui concerne les
fruits du concile, « cruellement opposés » à leur attente1.
En ouvrant le concile, le 11 octobre 1962, le premier avait
en effet déclaré : « Notre Sainte Mère l’Eglise est dans la
joie » et à la fin de son discours : « Le Concile qui vient de
s’ouvrir est comme une aurore resplendissante qui se lève sur
l’Eglise et déjà les premiers rayons du soleil levant emplissent
nos cœurs de douceur… »
En fait d’aurore, celle du concile a surpris le pape : dès
l’ouverture (13 octobre 1962), sur intervention révolutionnaire du cardinal Liénart qui prit la parole de force, l’élection
des membres des commissions fut remise en question : l’autodestruction s’annonçait. Les schémas à discuter, préparés de
longue date, sous l’autorité de Jean XXIII, avec de multiples
consultations, furent ensuite écartés en quasi-totalité : l’autodestruction se précisait. Puis l’IDOC, institut de documentation disposant de moyens matériels très importants, se mit à
inonder les Pères conciliaires de nombreux textes (plusieurs
millions de pages furent diffusées), préparées par des experts, des « cardinaux du bord du Rhin » 2, textes dont beaucoup procédaient de l’esprit libéral3 condamné par tous les
Papes précédents : la fumée de Satan se répandait, et dix ans
après, Paul VI la découvrira.
Les fidèles n’ont guère lu les textes, mais ont forcément
constaté les effets les plus apparents des réformes d’importances variées issues du concile… On ne sait que choisir ;
par exemple, l’abandon de la soutane puis de tout habit ecclésiastique5, l’abandon du latin, le retournement des autels
face au peuple, la mise à l’écart du tabernacle6, le tutoiement
de Dieu, la communion debout et dans la main7, les absolutions collectives, les concélébrations, le jeûne très réduit, les
catéchismes sélectifs8, sans parler des baptêmes et des mariages par étapes ! etc., etc. Par ailleurs, ils apprenaient que des
milliers de prêtres abandonnaient, souvent pour se marier9,
et constataient de multiples irrégularités et abus pratiques, y
compris des prières universelles politisées, voyaient certains
évêques devenir compagnons de route des communistes, et
des œuvres d’Eglise financer la révolution marxiste dans le
monde10.
Tout cela s’est produit avec une précipitation jamais vue
dans l’Eglise, et une volonté de rupture qui montraient bien
qu’il s’agissait d’une révolution.
L’Eglise, comme le Concile, ne désigne plus jamais nommément le plus grand danger actuel, le Communisme11. Un
nouvel œcuménisme est à la mode où toutes les religions, même non chrétiennes, sont admises, la seule persécutée étant
la religion catholique traditionnelle. Les Grands Maîtres de
la Franc-Maçonnerie, eux, ont maintenant droit aux obsèques
religieuses catholiques. Il faudrait des pages pour examiner la
floraison d’autodestruction survenue en un temps record.
Les contradictions doctrinales
Mais si l’écume était bien visible, la vague de fond, obscurcie par la fumée de Satan, était moins facile à déceler.
Cependant, bien des fidèles constatant qu’on leur changeait
la religion, commençaient à se demander à quoi le clergé, en
particulier le jeune clergé, souvent politiquement marqué,
Les textes du Thomatique
croyait encore. Peu de gens se rendaient compte que le changement allait jusqu’à des contradictions complètes avec la
doctrine antérieure de l’Eglise, souvent mal connue.
De telles contradictions ne peuvent laisser indifférent,
mais ne sont pas impossibles. Elles ne remettent pas en cause
la foi, pour autant que les textes de Vatican II n’ont pas le caractère de l’infaillibilité. Le pape Paul VI qui les a promulgués, a pris soin de préciser le contraire : « Etant donné le caractère pastoral du concile, celui-ci a évité de proclamer de
manière extraordinaire des dogmes affectés de la note d’infaillibilité » 12.
Aucune des nouveautés de Vatican II n’a donc cette note
et, si l’on constate des contradictions entre ses textes et des
textes antérieurs, il est permis très légitimement de s’interroger et d’en discuter. Il est cependant évident que les autorités
romaines, gênées, ont une tendance naturelle à ne pas reconnaître les contradictions.
D’ailleurs, plusieurs textes du Concile sont ambigus et
ont besoin d’interprétations. Jean-Paul II, lorsqu’il a parlé au
début de son pontificat13 de l’enseignement intégral du concile, avait précisé : « Entendu à la lumière de toute la Sainte
Tradition et sur la base du magistère constant de l’Eglise ».
Mais, bien entendu, il n’y a pas que des contradictions dans
les textes de Vatican II, qui ont proclamé des vérités constantes, par exemple, que l’avortement est « un crime abominable » 14 et qu’il faut « conserver et favoriser de toutes manières tous les rites légitimement reconnus » (à l’époque) 15, etc.
Une contradiction incontestable
sur la liberté religieuse
Il existe un cas particulièrement indiscutable de contradiction entre un texte de Vatican II et la doctrine traditionnelle de l’Eglise16, celui de la liberté religieuse au for externe.
Il est d’autant plus frappant que la doctrine constante est
précisée en particulier dans un document qui a les caractères de l’infaillibilité : l’encyclique Quanta Cura17 du pape
Pie IX.
L’Eglise a enseigné pendant quinze siècles une doctrine
sur le rôle des autorités civiles en matière religieuse : l’Etat
doit reconnaître la royauté de Notre-Seigneur Jésus-Christ
qui est Roi de l’Univers. Il a aussi le devoir d’assurer le bien
commun et de protéger les citoyens (par exemple, contre les
épidémies, contre la drogue, contre les perversions, contre
les fausses nouvelles, mais également en matière religieuse).
L’Eglise a toujours enseigné cette doctrine qui découlait du
simple fait que la vérité et l’erreur n’ont pas les mêmes droits
vis-à-vis de cet Etat, et donc que la vraie religion et les autres
Consultables par arborescence ou moteur de recherche sur www.dici.org
2
ne peuvent être mises sur le même pied. L’erreur, dans certains cas, peut être tolérée, mais seule la vérité a des droits.
Cela ne paraît plus évident de nos jours, compte tenu des
idées libérales largement répandues depuis deux siècles, parce que la foi a beaucoup diminué et que si l’on ne croit pas
vraiment, on peut être libéral18. Mais personne ne contestera que l’élève qui fait une erreur dans son problème n’a pas
les mêmes droits que celui qui trouve la bonne solution ; ou
que le médecin qui fait une erreur grave peut être condamné. Il en est de même en matière religieuse : la vraie religion
a des droits que n’ont pas les religions fausses. Qui n’admet
d’ailleurs que l’Etat doit empêcher de nuire certaines sectes ?
En ce qui concerne la liberté religieuse au for interne, il
n’y a pas de problème : tout homme est tenu de chercher la
vérité et d’y adhérer ; et s’il se trompe de religion, c’est un
problème, grave d’ailleurs, entre Dieu et lui. Les pouvoirs publics n’ont pas à s’en mêler et l’on ne peut chercher à forcer
quelqu’un à croire. L’Eglise a toujours condamné les abus qui
se sont produits dans ce sens dans le passé.
Mais l’exercice public du culte concerne l’Etat, et pendant
des siècles, dans de nombreux pays, la religion catholique a
été protégée par l’Etat avec des droits exclusifs concernant
l’exercice public du culte. Cela n’empêchait pas de tolérer
l’existence d’autres cultes.
C’est en 1830 que l’abbé de Lamennais a soutenu que
l’Etat devait admettre publiquement la liberté de tous les cultes. Il fut suivi par Montalembert et bien d’autres.
C’est alors qu’à la suite de Grégoire XVI, le pape Pie IX
condamna de façon extrêmement ferme ces théories dans
l’encyclique Quanta Cura qui a les caractères de l’infaillibilité en ce qui concerne les opinions condamnées, et dans son
annexe, le Syllabus19.
Les conditions de l’infaillibilité de cette encyclique sont
explicitées au § 14 : « Nous avons jugé bon d’élever à nouveau Notre Voix Apostolique. En conséquence, toutes et chacune des opinions déréglées et des doctrines rappelées en
détail dans ces lettres, Nous les réprouvons, proscrivons et
condamnons au nom de Notre Autorité Apostolique ; et Nous
voulons et ordonnons que tous les fils de l’Eglise catholique
les tiennent absolument pour réprouvées, proscrites et condamnées. »
Sont condamnés dans cette encyclique ceux qui osent enseigner que : « Le meilleur régime politique et le progrès de
la société civile exigent absolument que la société humaine
soit constituée et gouvernée sans plus tenir compte de la religion que si elle n’existait pas, ou du moins sans faire aucune différence entre la vraie et les fausses religions. » Cette
3
proposition est condamnée de manière infaillible ; c’est donc
que « les gouvernements doivent faire une différence entre
la vraie et les fausses religions ». Et est également condamné que « la meilleure condition de la société est celle où on
ne reconnaît pas au pouvoir le devoir de réprimer, par des
peines légales, les violations de la loi catholique, si ce n’est
dans la mesure où la tranquillité publique le demande ».
Cette proposition est condamnée de manière infaillible,
c’est donc que le pouvoir a le devoir de réprimer par des peines légales les violations de la loi catholique, par exemple
l’avortement, la profanation d’une église ou la production de
films blasphématoires etc.
Est condamné également dans Quanta Cura, de façon infaillible, le fait de dire que : « La liberté de conscience et des
cultes est un droit propre à chaque homme. Ce droit doit être
proclamé et garanti par la loi dans toute société bien organisée. » (Opinion que Grégoire XVI qualifiait déjà de délire
dans Mirari Vos – 1832).
C’est donc que la loi ne doit pas garantir indistinctement
la liberté de tous les cultes, y compris les faux cultes.
Or Vatican II proclame dans Dignitatis Humanæ ce qui
est condamné ainsi de façon infaillible.
§ 2 : «Le Concile du Vatican déclare que la personne humaine a droit à la liberté religieuse… de telle sorte qu’en matière religieuse nul ne soit forcé d’agir contre sa conscience
ni empêché d’agir, dans de justes limites selon sa conscience en privé comme en public20 seul ou associé à d’autres. Le
droit… doit être reconnu de telle manière qu’il constitue un
droit civil. »
§ 3 : «Le pouvoir civil… dépasse ses limites s’il s’arroge
le droit de diriger ou d’empêcher les actes religieux. »
Comme il s’agit de toutes les religions, on voit que, pour
Vatican II, l’exercice public des faux cultes est devenu un
droit au regard des autorités civiles. Il y a bien contradiction entre Dignitatis Humanæ qui proclame la « liberté religieuse » au for externe et Quanta Cura qui a condamné « La
liberté de conscience et des cultes », même si les deux expressions ne sont pas identiques. En effet, l’expression « liberté religieuse » englobe bien « la liberté de conscience et
des cultes » même si elle comprend également d’autres aspects (liberté de propagande, etc.). Les applications faites de
Dignitatis Humanæ le confirment.
Résumé des deux thèses contradictoires
La doctrine traditionnelle dit que l’exercice public des
faux cultes n’est un droit à aucun titre, ce qui est la conséquence du fait, reconnu heureusement par Vatican II, qu’il y a
une seule et unique vraie religion, la religion catholique, fondée par Dieu lui-même, Notre-Seigneur qui a dit à ses apô-
Vatican II et la liberté religieuse
tres : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples »,
ce qui montre bien sa royauté sur les nations21.
Cette doctrine admet que, pour éviter un plus grand
mal, dans certaines circonstances, l’exercice des faux cultes
soit toléré par les pouvoirs publics, ce qui est très différent
d’avoir un droit.
Vatican II dit le contraire : le droit à la liberté religieuse (y
compris les faux cultes) est un droit civil.
Des experts irrécusables
confirment les contradictions
Le R.P. Congar22, l’un des principaux inspirateurs du
concile, a écrit, en effet : « On ne peut nier qu’un tel texte
(Dignitatis Humanæ) ne dise matériellement autre chose que
le Syllabus de 1864, et même à peu près le contraire des propositions 15, 77 et 79 » 23 ;
Le P. John Courtney Murray24, parlant des deux « positions », celle de la doctrine traditionnelle et celle de
Vatican II, a écrit : « Leurs divergences sont à un niveau plus
profond, si profond de fait qu’il serait difficile d’aller plus
loin. » Il y a également écrit qu’en ce qui concerne le rôle
des pouvoirs publics dans les affaires religieuses (la cura religiosis), les deux positions sont soit contradictoires, soit contraires.
Le cardinal Ratzinger admet qu’il s’agit d’une « nouveauté », mais dans la « continuité », comme si « oui » pouvait
être dans la continuité de « non ». Il a d’ailleurs employé une
expression très forte à propos de la Constitution Gaudium et
Spes de Vatican II, quand il écrit : « Si l’on cherche un diagnostic global du texte, on pourrait dire qu’il est (en liaison
avec les textes sur la liberté religieuse et sur les religions
du monde) une révision du Syllabus de Pie IX, une sorte de
Contre-Syllabus » 25. Comment mieux montrer qu’il y a des
contradictions entre Vatican II et le pape Pie IX ?
Dans le Syllabus, annexe de l’encyclique Quanta Cura, on
peut relever en effet les propositions suivantes, condamnées
en tant qu’« erreurs de notre temps » :
N° 15 : « Il est libre à chaque homme… d’embrasser et de
professer la religion qu’à la lumière de la raison, il aura regardée comme vraie. »
N° 55 : « L’Eglise doit être séparée de l’Etat et l’Etat de
l’Eglise. »
N° 77 : « A notre époque, il n’y a plus intérêt à ce que la
religion catholique soit considérée comme la seule religion de
l’Etat, à l’exclusion de tous les autres cultes. »
N° 79 : « En effet, il est faux que la liberté civile de tous
les cultes, et que le plein pouvoir attribué à tous de manifes-
le Thomatique ? Une base de données d’articles de fond touchant à la foi catholique.
Les textes du Thomatique
ter ouvertement et publiquement n’importe quelles opinions
et n’importe quelles pensées, conduisent plus facilement les
peuples à la corruption des mœurs et des esprits, et propagent
l’indifférentisme. »
Les conséquences sont graves
Cette question concerne d’abord les autorités publiques,
mais les fidèles ne peuvent s’en désintéresser car il ne s’agit
pas d’une querelle de mots, mais d’un problème de fond, révélateur d’un état d’esprit.
• D’abord parce qu’il y a contradiction entre la doctrine
traditionnelle de l’Eglise précisée d’une façon infaillible, et
un texte de Vatican II, et que la hiérarchie, plus de vingt ans
après, n’a pas encore eu le courage de l’admettre et de rectifier26. Il faudra bien que cela se fasse même s’il est gênant
de reconnaître que Vatican II s’est trompé, et s’il est impossible de dire que Pie IX, utilisant son infaillibilité, ait pu se
tromper. Mais l’histoire montre que cela peut être long. On ne
pourra pas cependant se contenter des arguties et des subtilités qui fleurissent à ce sujet.
• Ensuite parce que certaines constitutions ou concordats
d’états catholiques ont été modifiés dans un sens défavorable à l’Eglise catholique, à la suite de cette déclaration de
Vatican II : Espagne en 1967 ; Italie en 1984 ; Colombie en
1973 ; cantons suisses, etc.
Le cas de l’Espagne est révélateur : dans le Concordat de
1953, il était dit : « La religion catholique, apostolique et romaine continue d’être la seule de l’Etat espagnol ». Il était
précisé que personne ne serait inquiété pour l’exercice privé
de son culte, mais que seules seraient autorisées les manifestations extérieures de la religion catholique.
Sur pression du Saint-Siège (!), en 1967, le gouvernement
espagnol accorda l’entière liberté à tous les cultes en s’appuyant sur Dignitatis Humanæ : la loi du 28 juin 1967 déclare maintenant : « La profession et la pratique, tant publique que privée, de toute religion, seront garanties par l’Etat,
sans autres limitations que celles établies par l’article 2 de
cette loi. »
C’est donc la hiérarchie catholique elle-même qui a poussé à la disparition des états confessionnels qui protégeaient
partiellement l’Eglise catholique. Devant un tel exemple
d’autodestruction, comment ne pas appliquer l’Evangile
pour juger « les faux prophètes à leurs fruits » ?
Le règne social de Notre-Seigneur Jésus-Christ
Les principes mêmes de Dignitatis Humanæ sont une
négation pratique de la royauté sociale de Notre-Seigneur
Jésus-Christ, Lequel est Roi, non seulement de chaque homme pris individuellement, mais aussi de chaque Nation.
Consultables par arborescence ou moteur de recherche sur www.dici.org
4
C’est ce que Pie XI avait développé dans l’encyclique Quas
Primas qui instituait, en 1925, la fête du Christ-Roi et dans
laquelle il disait : « Aux Etats, la célébration annuelle de cette fête rappellera que les magistrats et les gouvernants sont
tenus, comme les citoyens, de rendre au Christ un culte public et de lui obéir. »
Il avait ajouté : « On commença par nier le pouvoir du
Christ sur toutes les nations, on dénia à l’Eglise un droit dérivé du droit du Christ Lui-même, celui d’enseigner le genre humain, de porter des lois, de diriger des peuples, de les
conduire à la béatitude éternelle. Alors la religion du Christ
fut peu à peu traitée d’égale à égale avec les faux cultes, et
placée avec une choquante inconvenance sur le même niveau » 27.
Naturellement, « l’esprit du monde » a tellement pénétré un grand nombre de catholiques, que la notion même
de « Règne social de Jésus-Christ » ne leur dit plus rien ; ils
n’en ont jamais entendu parler et ne la comprennent plus. Il
s’agit pourtant d’un dogme de foi catholique, rappelé dans
Quas Primas : « Car sa dignité royale (du Christ) exige que
l’Etat tout entier se règle sur les commandements de Dieu et
les principes chrétiens dans l’établissement des lois, etc. » Et
plus loin : « La plupart des hommes ont banni Jésus-Christ et
sa foi très sainte de leur coutumes et de leur vie particulière,
comme de la société familiale et de l’Etat. » Que dirait le pape Pie IX de nos jours !
Pourquoi chacun de nous, constatant qu’avec la fumée de
Satan (le Prince de ce monde !), l’esprit du monde a pénétré
« dans le temple de Dieu », ne méditerait-il pas, à partir de ce
que dit le cardinal Ratzinger : « Il est temps que le chrétien
retrouve la conscience d’appartenir à une minorité et d’être
souvent en opposition avec ce qui est évident, logique, naturel pour ce que le Nouveau Testament appelle – et certes pas
dans un sens positif – « l’esprit du monde ». Il est temps de retrouver le courage de l’anticonformisme, la capacité de s’opposer, de dénoncer bien des tendances de la culture ambiante,
en renonçant à une certaine solidarité euphorique post-conciliaire » 28. Il suffit d’appliquer ces paroles à la culture conciliaire ambiante, ce que nous nous efforçons de faire ici.
La théologie de la girouette
On dira volontiers qu’actuellement, il n’est plus possible
de parler de Règne social de Jésus-Christ ou d’Etat confessionnel, car ce n’est plus du tout dans l’esprit de notre époque29.
On aboutit alors à la théologie de la girouette, condamnée par Pie XII dans Humani Generis30 : « Dieu, Souveraine
Vérité, a créé l’intelligence humaine et la dirige, il faut le dire, non point pour qu’elle puisse poser chaque jour des nouveautés à ce qui est solidement acquis, mais pour que… elle
5
élève progressivement le vrai sur le vrai »… « C’est pourquoi un chrétien, qu’il soit philosophe ou théologien, ne peut
se jeter à la légère, pour les adopter, sur toutes les nouveautés qui s’inventent chaque jour »… Et à plus forte raison s’il
s’agit des multiples contradictions avec la doctrine constante
de l’Eglise.
Saint Paul nous avait pourtant prévenus : « Car un temps
viendra où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine du salut, ayant aux oreilles la démangeaison d’entendre
du neuf, il se choisiront au gré de leurs passions une foule de
maîtres. Ils détourneront l’oreille de la vérité et se jetteront
sur les fables » 31. Mais si la vérité d’hier est devenue erreur,
pourquoi la nouvelle vérité ne serait-elle par l’erreur de demain ?
1
Entretien sur la foi, p. 30 .
2
Le Rhin se jette dans le Tibre, par R.M. Wiltgen – Editions du Cèdre,
p. 17 – livre fondamental pour l’histoire de Vatican II.
3
Le libéral est un partisan d’indépendance en tout domaine. Il refuse d’accepter une vérité ou une loi qui serait imposée à l’homme du
dehors. Le sens politique du mot est très varié selon les pays et les
époques. Il n’est ici question que du sens religieux. Il ne sera jamais
question du libéralisme économique en particulier. La liberté morale est : « la faculté de se mouvoir dans le bien et non dans le mal »
(Léon XIII), alors que le libéral veut que la conscience, même erronée,
et la liberté ne soient soumises à aucune contrainte, sans relation à la
Vérité d’une part et à l’autorité d’autre part.
4
et à Lyon la condamnation implicite du catéchisme français. Il a obtenu quelques rectifications insignifiantes pour une deuxième édition.
Le catéchisme hollandais avait été fortement condamné par Rome et
n’a pas été rectifié.
9
70 000 prêtres se sont mariés depuis le Concile (Réunion de
Castelgandolfo, septembre-octobre 1985).
10
Le CCFD, en particulier, approuvé par les évêques français, bénéficie des fonds récoltés lors des quêtes de Carême et finance, par exemple, le FLNKS et la révolution marxiste dans le monde.
11
Sur ordre de Jean XXIII, en août 1962, à Metz, un accord a été passé
entre le cardinal Tisserant et le patriarche Nicodème de Moscou, comme quoi « il n’y aurait pas dans le Concile d’attaque directe contre le
régime communiste », en échange de quoi le Patriarcat accepta d’envoyer des observateurs au Concile – Iota Unum, p ; 70 (NEL). Ceci explique sans doute que la pétition écrite, signée de quatre cent cinquante
pères conciliaires demandant que la question du Communisme marxiste soit traitée par le Concile, remise le 9 octobre 1965, ne fut même pas
examinée. Quant au nouveau missel français des dimanches, il célébra l’anniversaire de la mort de Lénine (édition de 1974, p. 64) : « Il y
a cinquante ans, le 22 janvier 1924, mort de Lénine. Tout chrétien est
aujourd’hui interrogé par les énormes problèmes sociaux et humains
auxquels il s’est attaqué » ! Et dans la version de 1983, p. 139, celui de
Marx : « Il y a cent ans, le 14 mars 1883, à Londres, mort de Karl Marx,
économiste et philosophe allemand… le représentant le plus connu de
l’athéisme moderne. »
12
12 janvier 1966 – Plusieurs autres déclarations confirment ce point.
13
5 novembre 1979 – Documentation catholique n° 1775, p. 1003.
Malheureusement, de nombreux textes ambigus de Vatican II n’ont pas
bénéficié, comme Lumen Gentium, d’une note explicative du Pape.
14
Vatican II, Gaudium et Spes – 51,3.
15
Vatican II, De Sacra Liturgia – 4.
16
Parmi d’autres concernant principalement l’œcuménisme et les religions non chrétiennes.
Entretien sur la foi, p. 44.
5
Jean-Paul II a rappelé dix fois en 1979 l’obligation pour les prêtres de
porter la soutane ou au moins le clergyman. Les évêques de la région
parisienne précisaient : « Le costume civil est absolument interdit aux
clercs… (le port de la cravate est notamment interdit à ce titre) ». Ces
directives restent en vigueur, mais ce sont les prêtres en soutane qui
sont considérés comme suspects.
6
L’ancienne unité de direction : prêtre, autel, tabernacle, crucifix est
maintenant dissociée. Il y a bien une révolution, et tous ne se tournent
plus vers cette même direction, ainsi que la cordée avec le premier de
cordée vers le sommet pour la « montée des âmes ».
7
Contre le désir explicite de Paul VI et de Jean-Paul II. Dans l’Instruction de la Sacrée Congrégation pour le Culte divin, du 29 mai
1969 (Documentation catholique du 20 juillet 1969), il est expliqué
qu’un petit nombre d’évêques ayant exprimé le désir que soit admise la
communion dans la main, Paul VI interrogea tous les évêques dont le
quart seulement approuva ce projet. A la suite de quoi, « Le Souverain
Pontife n’a pas pensé devoir changer la façon traditionnelle de distribuer la Sainte Communion… Aussi, le Saint-Siège exhorte-t-il vivement à respecter la loi toujours en vigueur et qui se trouve confirmée
à nouveau ». « Cependant (!) là où s’est introduit un usage nouveau
(par une désobéissance sacrilège, remarquons-le), le Saint-Siège autorise… que la communion soit distribuée dans la main dans certains
pays, etc. », exemple type de l’attitude de Paul VI cédant aux pressions
(d’inspiration hélas diabolique). Jean-Paul II, lors de son premier voyage en France, a refusé la communion dans la main, y compris à l’épouse du chef de l’Etat. Cette pratique est interdite à Rome. Mais JeanPaul II a, depuis, cédé aux pressions dans certaines occasions.
8
Vatican II et la liberté religieuse
Les 15 et 16 janvier 1983, le cardinal Ratzinger a prononcé à Paris
17
8 décembre 1864.
18
Voir la note 1. Il s’agit toujours du libéralisme religieux et non du libéralisme politique ou économique qui ne sont pas concernés ici.
19
Le Syllabus est un recueil en quatre-vingt points des « principales
erreurs de notre temps » qui figuraient dans les allocutions consistoriales, les encycliques et autres lettres apostoliques du pape Pie IX.
Chaque point a l’autorité que lui confère le document d’origine.
20
A la limite, l’Etat du Vatican ne devrait donc pas, par exemple, s’opposer à la construction d’un temple bouddhiste ou d’une mosquée sur
son territoire.
21
Matthieu XXVIII, 19.
22
Expert du concile, « illustre théologien français », dit R. M. Wiltgen,
cité par R. Martin « De Rome et d’ailleurs », janvier 1985.
23
Cité dans La Pensée catholique n° 169. Voir textes de ces 3 propos
ci-après.
24
Qui appartenait à « l’élite intellectuelle », d’après le R.P. Congar et
aurait été le principal rédacteur de Dignitatis Humanæ.
25
Principes de la Théologie catholique – Téqui – 1985, p. 426.
26
Il ne semble pas que cela puisse se produire dans le proche avenir. Le
cardinal Ratzinger écrit que « les Concordats espagnol et italien cherchaient à conserver beaucoup trop de choses d’une conception du monde qui depuis longtemps ne correspondait plus aux données réelles ».
Principes de Théologie catholique, p. 427. On pourrait en dire autant
de l’interdiction par l’Eglise, de l’avortement, de la contraception artificielle ou de l’adultère !
le Thomatique ? Une base de données d’articles de fond touchant à la foi catholique.
Les textes du Thomatique
27
On croirait lire la condamnation de la réunion des religions à
Assise !
28
Entretien sur la foi, p. 39.
29
Avec ce genre de raisonnement, toute la morale disparaît… Le divorce, l’avortement (crime abominable) et la contraception artificielle étant légalisés dans presque toutes les démocraties, il faudrait que
l’Eglise les autorise… et pourquoi pas le mensonge, le vol, l’adultère,
etc., dont l’interdiction n’est plus du tout dans l’esprit (et dans la pratique) de notre époque.
30
12 août 1950.
31
II Tim. IV, 3-4.
Consultables par arborescence ou moteur de recherche sur www.dici.org
6