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FRE – Fédération romande
pour l’énergie
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Numéro spécial • 4 avril 2013
Résumé de la position de la FRE sur
la Stratégie énergétique 2050
Stratégie énergétique 2050 :
fausse bonne idée ?
Le 25 mai 2011, le Conseil fédéral décidait la sortie progressive
du nucléaire, confirmée par le Parlement. L’avenir énergétique de
la Suisse doit être redessiné. Quels en sont les contours,
mais aussi les risques ?
L’essentiel2
Un projet ambitieux,
à remanier en profondeur
3
Baisse de la consommation
d’énergie et d’électricité 4
Mix énergétique ou
la nécessité de recourir à
toutes les formes d’énergie 8
Paramètres économiques
14
Conclusion16
L‘essentiel
Le projet Energie 2050 prévoit un changement de cap fondamental de l’approvisionnement énergétique suisse, qui aura des répercussions importantes sur
nos comportements en matière d’énergie et notre mode de vie. En résumé,
le Conseil fédéral propose :
> D’abaisser la consommation globale d’énergie d’un tiers d’ici 2030 et de près
de moitié d’ici 2050. La consommation d’électricité devrait se stabiliser grossomodo au niveau actuel, et ce d’ici 2020.
>D’augmenter fortement l’efficacité énergétique et la production d’énergie
renouvelable. Il s’agirait par exemple de pratiquement tripler la production
d’électricité renouvelable d’ici 2020 et de la multiplier par presque 9 d’ici 2035.
> De fixer d’emblée les objectifs 2050 dans la loi et de les atteindre au moyen
de deux paquets de mesures :
•
Dès 2015, renforcement des mesures d’efficacité énergétique existantes
et développement des subventions, notamment pour les énergies renouvelables et l’assainissement des bâtiments. Ce premier train de mesures permettrait de réaliser environ la moitié des buts visés.
•
A partir de 2020, une forte taxation de l’énergie serait mise en place (taxe
et/ou réforme fiscale écologique), pour inciter les consommateurs à économiser l’énergie. Cela nécessiterait une harmonisation internationale des
politiques de réduction des émissions de CO2 et d’efficacité énergétique.
FRE – Fédération romande pour l’énergie
2
Un projet ambitieux, à remanier en profondeur
La catastrophe nucléaire de Fukushima a provoqué une
année après, l’opinion est revenue au niveau antérieur à
vague d’émotion dans la population, traduite dans les ac-
la catastrophe. Quant à la procédure de consultation sur
tions politiques par la décision d’abandonner progressive-
la Stratégie énergétique 2050, elle a soulevé plus de 300
ment l’énergie nucléaire. Ainsi, « (l)es cinq centrales nu-
prises de position qui ont été envoyées à l’Office fédéral de
cléaires actuelles doivent être mises hors service au terme de
l’énergie1. Si la plupart estiment que cette stratégie est une
leur durée d’exploitation conforme aux critères techniques
bonne base de discussion et qu’elle comporte un certain
de sécurité et ne pas être remplacées par de nouvelles cen-
nombre d’opportunités de développement en la matière,
trales nucléaires. » (OFEN, 2012, p. 4)
un grand nombre souligne qu’elle recèle encore quelques
points faibles importants.
Cette décision du Conseil fédéral implique de transformer
par étape l’ensemble du système énergétique de la Suisse.
Dans ce document exclusivement consacré à la Stratégie
Dans sa Stratégie énergétique 2050, il présente un pre-
énergétique 2050 et aux réflexions qu’elle nous inspire,
mier paquet de mesures, avec quatre objectifs : réduire la
nous allons voir tour à tour comment la Confédération a
consommation finale d’énergie et d’électricité, promouvoir
prévu d’arriver à une baisse de la consommation d’énergie
les énergies renouvelables, diminuer les émissions de CO2
et d’électricité, quelles sont les technologies productrices
et conserver le niveau élevé d’approvisionnement énergé-
prévues pour satisfaire la demande et à combien s’élèveront
tique fiable.
les coûts économiques et financiers. De manière générale,
nous émettons à chaque fois un certain nombre de réserves,
Sur le moment, beaucoup ont applaudi et ont souligné le
voire d’oppositions. S’il est évident que la question énergé-
courage politique de Mme Leuthard. En quelques mois,
tique en général, et l’approvisionnement en électricité en
l’ensemble du projet a été ficelé et soumis à consultation
particulier, doivent être mis sur le métier aujourd’hui déjà,
aux diverses parties prenantes alors qu’en temps normal, il
les solutions proposées à l’heure actuelle sont selon nous
aurait fallu plusieurs années. Toutefois, l’eau a coulé sous
peu réalistes, voire dangereuses. A trop vouloir se précipi-
les ponts. D’après un sondage UNIVOX 2012 sur l’environ-
ter, la Suisse risque de faire les mauvais choix.
nement, l’effet Fukushima sur les Suisses n’a pas duré. Une
1
Disponibles à l’adresse www.bfe.admin.ch/themen/00526/00527/index.html?lang=fr&dossier_id=05767
FRE – Fédération romande pour l’énergie
3
Baisse de la consommation d’énergie et d’électricité
La Stratégie énergétique 2050 prévoit une baisse drastique
avec la France qui arriveront à leur terme et du fait que les
de la consommation d’énergie d’ici 2050. « Le Conseil
centrales devront être remplacées.
fédéral veut encourager la gestion économe de l’énergie
en général et de l’électricité en particulier en renforçant
L’électricité a couvert en 2011 59 TWh des besoins en éner-
les mesures d’efficacité. » (OFEN, 2012, p. 4) Cette réduc-
gie, dont 54% ont déjà été fournis par les énergies renou-
tion de la consommation énergétique préconisée passe
velables, pour la majeure partie grâce à l’exploitation de la
par le renforcement de l’efficacité dans quatre domaines :
force hydraulique. En poursuivant la politique énergétique
le bâtiment, l’industrie et les services, la mobilité et les
actuelle, la consommation d’électricité devrait passer à
appareils électriques.
64 TWh d’ici 2035 et à 69 TWh d’ici 2050 (et même à 75
TWh si on prend en compte l’énergie pour les centrales à
Cette politique d’encouragement à une gestion économe
pompage-turbinage).
de l’énergie doit être soutenue. Toutefois, à notre connaissance, la Stratégie 2050 ne présente pas un programme
Par sa volonté de sortir du nucléaire, le Conseil fédéral pré-
chiffré sur la façon de stabiliser la consommation d’énergie
voit d’élargir le parc des centrales électriques pour com-
ces prochaines années. Elle se contente de donner des lignes
bler les futurs déficits de l’offre. Selon les prévisions éta-
directrices dans les quatre domaines mentionnés ci-dessus.
blies, avec les mesures de la Stratégie énergétique 2050,
la consommation d’électricité s’élèvera à 55 TWh en 2035
Avec la Stratégie 2050, la consommation finale d’énergie
et à 53 TWh en 2050, soit des baisses de respectivement
devrait s’élever à 152 milliards de kilowattheures
6,8% et 10,2% par rapport à 2011.
(152 TWh) en 2035 et à 125 TWh en 2050, soit respectivement des baisses de 35,6% et 47% par rapport à 2011.
Une telle baisse de la consommation, aussi bien en ce qui
A cette date, la consommation finale d’énergie en Suisse
concerne l’énergie en général que l’électricité en parti-
s’est élevée à 236 TWh (elle était de 222 TWh en 1990).
culier, n’est-elle pas trop ambitieuse ? L’idée est en soi
En poursuivant la politique énergétique actuelle, elle de-
séduisante et nous sommes tentés de dire que si tout
vrait s’élever à 196 TWh en 2035 et à 183 TWh en 2050.
le monde y met de la bonne volonté, ces objectifs sont
Entre 2020 et 2050, le besoin de couverture croîtra de 41
tout à fait réalistes. Par exemple, la Société suisse des in-
TWh à cause des contrats d’achat d’électricité à long terme
génieurs et des architectes estime que la stratégie globale
Scénarios
Poursuite de la politique énergétique actuelle
Consommation énergétique en TWh
Energie
Electricité
201120352050201120352050
236
Nouvelle politique énergétique
196
183
59
152
125
64
69
55
53
Source : OFEN, 2012, pp. 71 et 77
FRE – Fédération romande pour l’énergie
4
est intéressante et qu’elle est même réalisable au niveau
entreprises et qu’il est extrêmement difficile de prévoir pour
de l’énergie. En revanche, selon eux, la question de l’élec-
un horizon aussi lointain des mesures contraignantes qui
tricité suscite sérieusement le débat.
ne tiendraient pas compte des évolutions dans le domaine
de l’efficacité énergétique. Plutôt que de leur imposer des
Un certain nombre de paramètres doivent être impérati-
coûts supplémentaires démesurés, il convient de préserver
vement pris en considération. Au-delà de la question des
la compétitivité des entreprises suisses tout en les incitant
possibilités techniques et technologiques, la consomma-
à mettre en œuvre des mesures rentables.
tion d’énergie est influencée essentiellement par le PIB,
et l’effectif des logements et des véhicules à moteur. Ces
Forte baisse souhaitée de
la consommation des bâtiments
facteurs n’ayant cessé de croître, à quelques petites excep-
Nous reconnaissons que dans le domaine des bâtiments
tions près certaines années (voir OFEN, 8 août 2012, p.51),
de gros efforts peuvent encore être fournis. Il est louable
il est difficile de penser qu’ils vont brusquement diminuer,
de vouloir accroître l’assainissement du parc immobilier et
même se stabiliser. Et serait-ce bon signe ?
remplacer l’électricité ou l’énergie fossile des chauffages et
la croissance démographique, la production industrielle
des chauffe-eau par des énergies renouvelables, mais c’est
Diminution des besoins en électricité
sans compter les capacités financières des propriétaires. Les
De nos jours, le recours à l’électricité est si automatique
citoyens fribourgeois ont rejeté en votation populaire pas
que la plupart d’entre nous ne se rend même plus compte
plus tard qu’en novembre dernier une nouvelle loi canto-
de l’ensemble de ses usages. Bien que les progrès techno-
nale sur l’énergie qui voulait rendre obligatoire le rempla-
logiques permettent de diminuer la consommation d’élec-
cement des chauffages électriques existants d’ici 2025.
tricité des produits que nous utilisons, comme les appareils
Quant aux Bernois, ils ont refusé à 65,3% des votants le
électroniques, ils ne pourront pas à eux seuls compenser
3 mars 2013 « que les besoins en électricité et en énergie
le fait que nous avons de plus en plus recours à l’électrici-
pour le chauffage et l’eau chaude soient couverts par des
té. Il est également très fréquent que l’électricité remplace
énergies renouvelables à moyen terme » (ATS, 4 mars 2013,
d’autres formes d’énergie car « [e]n Suisse, la production
p. 5). Ces refus risquent de n’être qu’un petit répit, mais
d’électricité ne génère pratiquement aucune émission de
ils montrent que même avec une conscience écologique,
CO2 » et permet donc de jouer « un rôle-clé dans la lutte
la population n’est pas prête à renoncer à son confort ni à
contre le réchauffement climatique. » (AES, 2012, p. 4)
consentir des moyens financiers importants.
Industrie et services :
équilibre nécessaire entre mesures
inévitables et compétitivité
La mobilité : un parent pauvre
Les domaines de l’industrie et des services sont de
prochains paquets de mesures. Mais que penser d’une telle
gros consommateurs d’énergie électrique. La Stratégie
prise de position alors que cette question préoccupe déjà,
2050 table sur une diminution de 18,5 TWh alors que
aussi bien les politiciens que les usagers ? La population
l’Agence de l’énergie pour l’économie (AEnEC) indique
citadine qui a accès facilement aux transports publics est
dans son communiqué de presse du 18 avril 2012 que
de plus en plus prête à abandonner des moyens de trans-
« le potentiel d’économie d’électricité est estimé à
port individuels, pour autant que les transports en com-
7 TWh ». Et de souligner qu’il est impératif que les mesures
mun puissent répondre à ses besoins sans altérer ses faci-
mises en place restent économiquement rentables pour les
lités de transport. Quant aux personnes vivant à l’extérieur
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Selon la Stratégie énergétique 2050, la mobilité n’est pas
une priorité et sera prise en compte certainement dans les
5
option. Du côté de l’économie, la mobilité représente une
Des normes de plus en plus sévères
pour les appareils
question centrale pour son développement, notamment du
Pour leur part, les appareils électroménagers engendrent
fait que les entreprises doivent souvent s’implanter à l’ex-
une consommation énergétique importante (30% de la
térieur des centres urbains, là où des terrains sont encore
consommation nationale d’électricité est imputable aux
disponibles et à des prix abordables.
ménages) et représente même 50% de la consommation
des centres urbains, la voiture est encore souvent la seule
des ménages (tiré de Eric Bush, 2003, p. 5). Les plus perAu-delà du besoin des usagers et des entreprises d’être
formants – les plus économes en énergie – sont plus chers
mobiles, se pose la question de l’énergie utilisée. Les en-
à l’achat, même s’ils permettent des économies à long
treprises de transport en commun reviennent à l’énergie
terme. Plus ils sont performants, plus leur prix est élevé,
électrique, comme par exemple les TPG qui recréent un
les rendant difficilement accessibles aux ménages. Tant
réseau de trams alors qu’il avait totalement disparu du
que les exigences restent axées sur celles de l’UE, nous
paysage. Les conducteurs choisissent également volontiers
ne pouvons que soutenir la volonté du Conseil fédéral de
des véhicules électriques ou hybrides, bien que leur prix en
privilégier les appareils électriques de nouvelle génération.
retienne encore plus d’un. Quant au réseau CFF, il est au
Des efforts pour une meilleure information de la population
bord de ses capacités dans certaines régions et de par la
sont également nécessaires. Bien que le recours à de tels
topographie des lieux, il est difficile de trouver des solu-
appareils n’aille certainement pas vers une diminution, leur
tions et, s’il y en a, elles sont extrêmement coûteuses. En
efficacité peut empêcher une augmentation de consom-
résumé, cette problématique ne peut selon nous pas être
mation exponentielle de l’électricité dans ce domaine. Mais
simplement renvoyée aux calendes grecques alors qu’elle
prendre des mesures contraignantes, qui vont au-delà de
pose de gros défis aujourd’hui déjà. Cette question est
celles des pays qui nous entourent, créerait des barrières
certes complexe, mais la repousser à plus tard ne présente
supplémentaires à la compétitivité des entreprises.
aucun avantage.
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Réduction de la part des énergies fossiles
vis-à-vis des importations. Mais la Confédération admet
La Stratégie 2050 traite principalement de la réduction de
que pour éviter toute pénurie énergétique et électrique,
la consommation d’électricité et ne fait qu’effleurer la ques-
il sera obligatoire d’augmenter la production d’électricité
tion de celle des énergies fossiles alors que cette dernière
fossile thermique (centrales à gaz et à cycle combiné (CCC)
représente tout de même, en 2011, près de 70% de la
et installations de couplage chaleur-force (CCF)) et même
consommation finale en Suisse (OFEN, 28 juin 2012, p. 2).
d’y avoir recours au-delà de 2050.
Les combustibles pétroliers et les carburants (mazout,
D’un côté, le Conseil fédéral estime que les énergies fos-
essence, diesel, kérosène) représentent 81% des éner-
siles utilisées pour le chauffage ou les chauffe-eau, ainsi
gies fossiles utilisées. En effet, depuis les années 50,
que pour les transports, doivent être remplacées par des
le charbon a été remplacé par les produits pétroliers. Le
énergies renouvelables. De l’autre, il admet que la cou-
pétrole est même le combustible principal consommé à
verture des besoins en énergie ne pourra que passer par
l’heure actuelle. Par ailleurs, « si les combustibles représen-
le développement de la production électrique fossile, sur-
taient les deux tiers de la consommation du pétrole dans
tout au gaz naturel, responsable de moins d’émissions de
les années 1970, les carburants en constituent de nos jours
CO2. Les mesures qu’il préconise restent plutôt vagues et
plus de la moitié en raison notamment de l’augmentation
ne prévoient aucune amélioration des conditions d’ex-
des transports. » Quant à la consommation de gaz, elle
ploitation de telles centrales. L’abandon des combustibles
« s’est régulièrement accru[e] depuis le raccordement de la
non renouvelables à long terme n’est pas vraiment réglé,
Suisse au réseau de gaz international au début des années
car après être passé du charbon aux produits pétroliers, la
1970. » (OFS, 2013)
Suisse va glisser du pétrole au gaz, certes avec des conséquences moins graves pour l’environnement, mais cela ne
La réduction de la consommation des combustibles fossiles
règle pas notre problème de dépendance.
est liée aux questions de politique climatique. Responsable
en grande partie des émissions de CO2, le recours aux énergies fossiles doit être réduit si l’on veut atteindre l’objectif
de 1 à 1,5 tonne d’émission par habitant d’ici 2050. Cette
Gaz
diminution permettra en outre de réduire notre dépendance
12%
Reste
9%
Combustibles
pétroliers
19%
Electricité
25%
Carburants
pétroliers
35%
Source : OFEN, Aperçu de la consommation d’énergie en
suisse au cours de l’année 2011, 2012, p.3
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Mix énergétique ou la nécessité de recourir
à toutes les formes d’énergie
Pour compenser la sortie progressive du nucléaire, le Conseil
avantages d’un autre, et surtout de pouvoir continuer à
fédéral compte sur la force hydraulique et les nouvelles
répondre à la demande et garantir un approvisionnement
énergies renouvelables. De plus, « la couverture de la fu-
fiable. Arrêtons-nous sur la question de la production
ture demande énergétique requiert aussi de développer la
d’électricité.
production électrique fossile par le couplage chaleur-force
et probablement de mettre en service des centrales à gaz
D’ici 2050, les centrales nucléaires seront hors service et les
à cycle combiné. [Et d’ajouter que] les importations d’élec-
droits de prélèvement privilégiés auprès de centrales nu-
tricité resteront nécessaires à la sécurité d’approvisionne-
cléaires françaises ne pourront plus être exercés. Il sera ainsi
ment. » (OFEN, 2012, pp 4-5)
nécessaire de remplacer environ 40% d’électricité produite
avec la technologie nucléaire, soit environ 28 TWh. Com-
La Stratégie énergétique 2050 privilégie ainsi certaines tech-
ment le Conseil fédéral compte-t-il combler ce manque ?
nologies au détriment d’autres. Or, selon nous, il s’agit au
Essentiellement grâce aux nouvelles énergies renouvelables,
contraire de laisser l’éventail technologique le plus ouvert
mais également grâce à l’énergie hydraulique, les centrales
possible, afin de diversifier l’approvisionnement, de com-
fossiles et l’importation devant servir de béquille de secours
penser les inconvénients d’un mode de production par les
pour garantir un approvisionnement sûr.
En 2010, la production d’électricité selon les moyens utilisés s’est répartie comme suit :
Hydraulique au fil de lʼeau
Hydraulique à accumulation
Nucléaire
Conventionnelle
et autre
Déchets et biomasse
Biogaz en provenance
dʼeaux usées
Solaire
Eolien
Fossile thermique
38.1%
1.81%
5.4%
32.3%
24.2%
3.20%
0.19%
0.13%
0.06%
Source : Académies suisses des sciences, 2012, p.13 (basé sur OFEN, Statistique suisse de l’électricité 2010, 2011, p. 3)
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8
Nouvelles énergies renouvelables
Selon le Rapport explicatif concernant la Stratégie énergé-
la production électrique suisse. » (OFEN, 2012, p. 49) Mais
tique 2050, « [l]a part des énergies renouvelables dans la
en 2050, la production d’électricité à partir des nouvelles
production électrique est aujourd’hui d’environ 56%, dont
énergies renouvelables (sans l’énergie hydraulique) s’élè-
54% proviennent de la force hydraulique et environ 2%
vera à 24,2 TWh (soit 45,7% de la consommation totale
des nouvelles énergies renouvelables. Le vent, la biomasse
d’électricité selon la nouvelle politique énergétique).
et le soleil ne contribuent actuellement que pour 0,26% à
De nombreux chiffres circulent sur le développement possible des nouvelles énergies renouvelables. Selon la Stratégie
énergétique 2050, il devrait connaître l’évolution suivante (en TWh) :
2000201020202030203520402050
Total des énergies renouvelables
0.81
non couplées
0.010.121.374.157.6311.74
19.77
Photovoltaïque
0.010.080.521.914.446.7411.12
Energie éolienne
0.000.040.661.461.762.594.26
1.38
3.68
-
8.24
-
11.94
-
16.15
-
24.22
Biomasse (gaz de bois)
-
-
-
Géothermie
-
- 0.200.78 1.432.414.39
couplées
0.801.262.314.094.314.414.46
Biomasse (bois)
0.010.140.601.211.211.231.24
Biogaz
0.010.080.461.291.481.551.58
STEP
0.090.120.160.270.290.290.30
UIOM (50% ER)
0.630.921.101.321.321.331.33
Gaz de décharge
0.040.000.000.000.000.000.00
Source : OFEN 2012, p. 81
Les développements prévus impliquent le déploiement de moyens de production dont l’ampleur est parfois colossale.
Pour donner des ordres de grandeur, on peut chiffrer l’effort à accomplir de la manière suivante :
10 TWh de photovoltaïque
10 mios de panneaux de 10 m2 (14›000 terrains de football ou
80% des toits bien exposés)
4 TWh d’éolien
1’000 mats
4 TWh de géothermie
175 forages
1 TWh de biomasse
1 mio de tonnes de bois par an
3 TWh d’hydraulique
20 centrales au fil de l’eau et 2-3 centrales à accumulation
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9
Comme toutes les sources d’énergie, les renouvelables pré-
Couvrir les besoins en électricité par des sources renouve-
sentent des avantages et des inconvénients, qu’il s’avère
lables est louable et à favoriser autant que possible. D’un
indispensable de prendre en compte.
point de vue technologique, et en partant du principe
Photovoltaïque
A l’heure actuelle, le photovoltaïque est encore peu exploité en Suisse car cette technologie reste chère, malgré
la baisse constante des coûts d’installation. Le potentiel de développement est important puisqu’il est estimé
que les surfaces de bâtiments utilisables sont de 100
à 150 Km2. Pour atteindre les chiffres mentionnés par
la Stratégie énergétique 2050, il faudrait augmenter la
surface recouverte de panneaux d’environ 80 à 100 Km2.
Le photovoltaïque fournit cependant environ deux tiers
de sa production durant les mois d’été et seulement un
tiers pendant l’hiver, lorsque les besoins sont les plus
importants. La production fluctue en fonction de l’ensoleillement et nécessite d’importantes capacités de réserve
et de stockage pour maîtriser ces variations.
Energie éolienne
Le développement de l’énergie éolienne en Suisse est estimé
à 4 TWh. Son apport à la production d’électricité peut être
important. Toutefois, sa production est fluctuante, forçant
par là les autres à être plus flexibles. Et nous ne parlons pas
du stockage, du transport et des réglages nécessaires, autres
inconvénients de cette énergie.
Géothermie
Bien qu’ayant un fort potentiel de développement, la géothermie en Suisse n’existe pas encore. Le premier projet à
Bâle a dû être interrompu à cause de tremblements de terre.
que les baisses de consommation d’électricité seront
atteintes en 2050 telles que prévues par le Conseil fédéral
dans sa version la plus optimiste, les nouvelles énergies
renouvelables à elles seules sembleraient être en mesure
de remplacer en grande partie le déficit du nucléaire (24,22
TWh contre 28 TWh).
Mais comment croire qu’en moins de 40 ans la Suisse
aura réussi à poser 10 millions de panneaux solaires,
1’000 éoliennes, construit 175 forages, 20 centrales au
fil de l’eau et 2-3 centrales à accumulation et brûlé des
millions de tonnes de bois ? Nos doutes ne portent pas uniquement sur le volume des coûts engendrés mais aussi sur
les aspects écologiques et de protection du paysage. D’autant plus qu’au-delà de la production se pose la question
de l’intégration de l’électricité fluctuante dans le réseau.
Cela dit, le Conseil fédéral admet qu’il sera nécessaire de
recourir aux énergies fossiles et aux importations.
Energie hydraulique
L’énergie hydraulique produit annuellement 36 TWh. A
l’avenir, elle pourrait permettre d’équilibrer la production fluctuante des énergies éolienne et solaire. Son potentiel techniquement exploitable est estimé à 42 TWh,
dont 85% sont déjà utilisés. Son développement est de
2 TWh. Or le Conseil fédéral vise une augmentation
de 3,2 TWh. Pour les atteindre, il serait nécessaire de
développer la petite hydraulique.
Biomasse
La biomasse, avec une production d’électricité d’environ
2%, dont la moitié provient des usines d’incinération, est
la principale source de nouvelle électricité renouvelable.
Mais elle peut également produire de la chaleur et du biocarburant. Sa contribution à la production d’électricité est
estimée par l’OFEN à 3,8 TWh.
FRE – Fédération romande pour l’énergie
10
Centrales fossiles
L’exploitation de centrales fossiles, avec l’inconvénient
Installations de couplage chaleur-force (CCF)
d’émettre du CO2, est actuellement la seule alternative
Ces centrales, qui fonctionnent généralement au gaz na-
crédible en attendant que les énergies renouvelables ou
turel mais qui peuvent le faire par toute énergie fossile,
d’autres puissent prendre le relais des sources d’énergies
produisent aussi bien de la chaleur que de l’électricité.
conventionnelles. Ces centrales permettront de garantir
Actuellement, les CCF ne produisent qu’environ 2,5%
l’approvisionnement du pays en électricité toute l’année.
d’électricité. La stratégie 2050 prévoit un potentiel de dé-
Mais elles vont nous rendre dépendants des importations
veloppement de 5 à 7 TWh d’énergie électrique. Le rôle
de gaz et nous soumettre aux fluctuations des prix. Et si
des installations CCF décentralisées est de palier le manque
la demande augmente, ce qui est fortement probable, les
de production électrique solaire et hydraulique en hiver et
prix prendront l’ascenseur. Sans oublier les risques géo-
de produire selon les besoins afin de stabiliser le réseau et
politiques. Le pouvoir d’un Etat comme la Russie qui peut
sécuriser l’approvisionnement.
subitement, comme en 2006 avec l’Ukraine, interrompre
la fourniture de gaz pendant trois jours et mettre tout un
Centrales à gaz à cycle combiné (CCC)
pays aux abois, est à garder présent à l’esprit.
La production d’électricité au moyen de centrales à gaz à
cycle combiné améliore grandement l’efficience énergé-
Importations
tique par rapport aux centrales à gaz classiques. Selon la
La question de l’avenir de l’approvisionnement en élec-
Stratégie énergétique 2050, les CCC doivent permettre
tricité est primordiale. La Suisse qui ne pourra pas se
de garantir la stabilité du réseau et un degré élevé auto-
passer des importations, entrera en concurrence di-
approvisionnement (you can cut after auto-) de la Suisse.
recte avec les besoins des autres pays qui prévoient
« Un nombre limité de CCC doit fournir du courant toute
également de compenser leur propre production de
l’année, en particulier de l’énergie de réglage et de l’éner-
cette manière.
gie de compensation, tout en contribuant à la stabilité du
réseau. » (OFEN, 2012, p. 57) Pour l’instant, la Stratégie
Pour les entreprises électriques suisses, investir dans des
énergétique 2050 prévoit l’exploitation d’une seule de ces
exploitations en Europe est une option qui mérite réflexion.
centrales jusqu’en 2020. Après cette date, elle dépendra de
Mais plusieurs conditions doivent être remplies : « il faut des
la situation, c’est-à-dire de la consommation et de la pro-
capacités d’acheminement de l’électricité vers la Suisse, le
duction par les autres moyens. Mais le potentiel technique
marché européen de l’électricité doit être intégré, et l’accès
est, selon les Académies suisses des sciences, limité par la
aux installations de production en question doit être assuré
capacité des conduites d’alimentation en gaz. Il manque de
par un accord bilatéral sur l’électricité. » (Académie suisse
réservoirs à gaz pour compenser plus que quelques heures
des sciences, juillet 2012, p. 31)
l’alimentation en provenance de l’étranger.
En outre, pour maintenir une certaine cohérence, l’électricité importée devra provenir de sources renouvelables. Mais y
en aura-t-il en suffisance ? Et cela ne veut-il pas dire que le
pays exportateur comblera ses propres besoins par l’énergie nucléaire ? Vouloir être le « premier de classe » en se
voilant la face ne va pas faire avancer l’écologie mondiale.
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Recours à la technologie nucléaire
La Stratégie énergétique 2050 sonne le glas des centrales
Renouvellement et développement
du réseau électrique
nucléaires qui devront être mises hors service. Nous
La production d’électricité décentralisée et les échanges
émettons un sérieux doute sur la pertinence de la
internationaux d’électricité en constante progression né-
décision politique d’interdire cette technologie. Il est non
cessitent un développement important du réseau électrique
seulement important d’exploiter les centrales existantes
suisse, aussi bien pour le transport que pour la distribu-
jusqu’au terme de leur durée de vie, mais également de
tion. Actuellement, sa réalisation est extrêmement lente
maintenir la porte ouverte à l’éclosion de nouvelles tech-
pour cause de manque d’acceptation des infrastructures,
nologies. Si le problème des risques d’accidents et du re-
des longues procédures d’autorisation et des recours. Le
cyclage des déchets peut être résolu à l’avenir, le Conseil
Conseil fédéral veut agir en accélérant les procédures et en
fédéral devrait pouvoir envisager la construction de nou-
accroissant la transparence de la planification des réseaux
velles centrales.
et de la sécurité des investissements.
Les besoins urgents suivants pour le renouvellement et le développement
du réseau électrique ont déjà été identifiés :
DE
Lignes indispensables pour la
sécurité de l‘approvisionnement
Autres projets de développement
5
1
Gemmi+
2
Transformation Bickigen / Bassecourt
3
Goms+
4
Bassecourt–Mühleberg–Romanel
5
Beznau–Mettlen
6
Transport du Bas-Valais
7
Mettlen–Ulrichen
8
Pradella–La Punt
9
Mettlen–Rüthi /
Rüthi–Bonaduz /
Meiningen–Rüthi
2
FR
9
4
AT
7
8
6
1
CH
3
IT
Source : Académies suisses des sciences, 2012, p. 19
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La modernisation et l’extension des réseaux électriques
L’intégration de la Suisse au marché européen de l’élec-
sont indispensables et urgentes. Aussi, la simplification et
tricité est également un enjeu majeur. Nos centrales
le raccourcissement prévus des procédures d’autorisation,
hydroélectriques produisent de grandes quantités en été,
ainsi que la limitation des recours, sont nécessaires. Un ré-
qu’il faut exporter. Et en hiver, le pays a un déficit qui
seau performant est tout aussi important que la production
doit être comblé. Les lignes électriques transfrontalières
d’électricité elle-même. Les flux d’électricité et la mise à
permettent ces échanges avec les pays environnants et
disposition des consommateurs de l’électricité en quantité
assurent la sécurité d’approvisionnement. Pour continuer
suffisante et avec la tension et la fréquence requises sont
à jouer un rôle au sein du commerce européen de l’élec-
des impératifs.
tricité, nous devons rester intégrés au réseau européen
et donc à son processus de planification. Le problème est
Le réseau n’est toutefois pas tout. Il faut également amé-
que la Suisse n’a pas encore conclu d’accord bilatéral sur
liorer le stockage. Le développement des nouvelles énergies
l’électricité avec l’UE, ce qui l’exclut de certains comités
renouvelables nécessite de disposer de moyens de stockage
importants qui prennent d’ores et déjà des décisions en la
centralisés et décentralisés. Leur production d’électricité ne
matière, sans nous.
répond pas à un besoin immédiat. L’excédent passager, essentiellement de l’énergie éolienne et du photovoltaïque,
La production d’électricité va connaître de très fortes mu-
dot être stocké. Sans oublier qu’il sera à l’avenir important
tations ces prochaines années. Il est de notre responsabilité
de pouvoir transposer l’énergie produite en été vers l’hiver.
d’assurer l’approvisionnement du pays en tout temps afin
que nous n’ayons pas à connaître des blackouts comme aux
Etats-Unis en 2003 ou en Inde en 2012. Un grand nombre
de paramètres sont à considérer et il nous incombe de ne
pas prendre des décisions hâtives dictées par nos sentiments
ou une peur irrationnelle. Les aspects financiers et leur impact sur notre économie ne doivent pas être pris à la légère.
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Paramètres économiques
La première phase de la stratégie énergétique 2050
elle cherche à remplacer le système d’encouragement par
insiste sur les mesures d’encouragement et les prescriptions
un système d’incitation.
en matière de réglementation. Quant à la seconde phase,
Première phase
D’après la Stratégie énergétique 2050, les prix de l’énergie devraient augmenter en raison de l’importante demande.
Mais selon les analyses de la Confédération, les conséquences économiques à long terme, basées sur le premier paquet
de mesures, seraient modérées et se répartiraient comme suit :
Transformation et développement
du parc de centrales
191 milliards de francs
(125 pour le parc actuel et 66 pour le développement)
Coûts de la promotion des
énergies renouvelables
1,1 milliard de franc ou 1,89 ct/KWh par an
Coûts de réseau
2,3 à 2,7 milliards de francs pour le développement, 4 milliards pour la
rénovation du réseau de transport, 3,9 à 12,6 milliards pour les réseaux de
distribution, soit 6,2 à 15,3 milliards de francs d’ici à 2050 sans les mesures
de rénovation
Coûts économiques directs
les investissements totaux annuels escomptés augmentent jusqu’à 3,1
milliards de francs, soit un montant cumulé non escompté de 84,7 milliards.
En contrepartie, les économies sur les importations d’énergie croissent pour
atteindre 1,9 milliard, soit un total cumulé non escompté de 46 milliards
PIB
1% avec la politique actuelle et 0,98% avec le premier paquet de mesures
Bien-être
gain de bien-être de près de 0,1%
Source : OFEN 2012, p. 9
En plus de ces coûts, « [i]l faut prévoir une évolution légè-
également aux installations pilotes et de démonstration, et
rement négative des chiffres de l’emploi. Ces effets éco-
au programme SuisseEnergie.
nomiques doivent être appréciés en regard des effets positifs non monétarisés du tournant énergétique. » (OFEN,
Ces chiffres avancés par l’OFEN dans le cadre du premier
2012, p.138)
paquet de mesures sont très vagues. Et s’entendre dire
qu’il est difficile de pouvoir prévoir les retombées écono-
Le premier paquet de mesures compte financer ces coûts en
miques à si long terme n’est ni rassurant ni acceptable.
renforçant la taxe CO2 et la rétribution à prix coûtant du cou-
Toutes les mesures garanties comme étant rentables sont
rant injecté (RPC), qui vont passer respectivement de 36 CHF/
bien évidemment souhaitables et doivent être soutenues.
tonne de CO2 à 60 CHF/tonne et 0,45 ct./kWh à 1,9 ct./kWh.
Mais que faire des mesures non rentables ? L’exemption
La somme récoltée, soit 1,2 milliard de CHF, sera allouée aux
de taxes pour les grands consommateurs s’ils s’engagent
instruments d’encouragement. Le budget ordinaire servira
à économiser est positive, mais pas suffisante.
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Les coûts et les conséquences financières n’ont pas été sé-
Deuxième phase
rieusement évalués. Se baser sur un projet extrêmement
Le deuxième paquet de mesures, qui devrait voir le jour
optimiste, aussi bien en ce qui concerne l’efficacité éner-
à partir de 2020, est encore très flou. Le Conseil fédéral
gétique que la concrétisation de la production énergétique
parle de réforme fiscale écologique. Il s’agirait d’une taxe
et en particulier électrique par d’autres technologies que
énergétique prélevée sur le mazout, l’essence et l’électrici-
le nucléaire, laisse craindre que la facture finale soit nette-
té, qui serait redistribuée à la population et aux entreprises
ment plus douloureuse. Les répercussions d’une augmen-
via la diminution d’autres charges. Le but recherché est de
tation des prix de l’énergie et des taxes pourraient avoir
passer du mécanisme d’encouragement préconisé dans la
des conséquences désastreuses sur les entreprises.
première phase à l’instauration d’un système incitatif. La
taxe sur le CO2 et la RPC seraient réunies pour ne former
Par ailleurs, il est déjà prévu que l’emploi sera « légère-
plus qu’une unique redevance sur l’énergie.
ment » touché ; selon l’évolution réelle de ces mesures,
il pourrait l’être encore bien plus. Ce facteur est à mettre
Les mesures qui semblent être prévues lors de cette phase
en balance avec les retombées positives des changements
sont très imprécises, ce qui inquiète les entreprises. Aug-
proposés, mais ce qui est certain, c’est que cette question
menter le prix de l’énergie tout en la rationnant ne peut
doit être traitée de manière plus approfondie. Une phrase
que nuire gravement à la compétitivité des entreprises et
dans un rapport explicatif ne suffit pas. Cette légèreté est
par voie de conséquence menacer les emplois.
surprenante, pour ne pas dire sidérante.
Pourquoi le Conseil fédéral scinde-t-il les mesures en deux
Le Conseil fédéral reconnaît que ces mesures ne permet-
? Comme la réforme fiscale écologique sera obligatoire-
tront d’atteindre que près de la moitié des objectifs fixés
ment soumise au peuple, nous demandons que les deux
pour cette première phase. A partir de 2020, il semblerait
paquets soient regroupés et fassent l’objet d’une votation.
que les mesures d’encouragement laisseront place à un
Toutes les mesures, coûts et financement doivent être sim-
système d’incitation.
plifiés afin qu’ils puissent être compréhensibles par tous.
Tout en prenant en compte l’ensemble des enjeux, afin
que chacun puisse se prononcer en connaissance de cause.
L’environnement économique, politique et international
dans lequel la Suisse est intégrée doit être pris en considération. La question du futur énergétique ne peut pas être
uniquement soulevée à une échelle nationale et de plus
sur une partie seulement des points soulevés. Vouloir être
les « premiers de classe » aurait de graves répercussions
sur notre santé économique, sans que cela n’ait de réelles
conséquences sur notre environnement et encore moins
sur celui de la planète.
FRE – Fédération romande pour l’énergie
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Conclusion
La démarche de la Confédération, qui tend à définir une
Si cette stratégie devait être acceptée en l’état, elle ris-
politique énergétique, est fort louable. Sur un sujet ayant
querait fort d’entraîner non seulement un rationnement
donné lieu à des controverses depuis des décennies, elle
en énergie, mais aurait aussi un impact non négligeable
a le mérite d’ouvrir le débat. Mais sur plusieurs plans, la
sur le coût de l’énergie. Sans compter les coûts addition-
solution proposée n’est pas appropriée.
nels d’une bureaucratie forcément plus lourde à mettre
en place. A combien s’élèvera la facture ? Comment la
Si la faisabilité de la diminution de la consommation d’éner-
payerons-nous ? Autant de questions ouvertes auxquelles
gie en général peut éventuellement être discutable, il semble
il est indispensable de réfléchir et de répondre avant de
en revanche fort peu probable que les besoins en électricité
prendre d’autres décisions. Il s’agit d’un ensemble qui ne
connaissent une quelconque baisse.
peut être « saucissonné ».
En effet, nous ne voyons pas comment une diminution des
La sécurité de la population doit être mise en balance avec la
besoins en électricité pourrait intervenir. Même si tous les
sécurité de l’approvisionnement, les risques nucléaires avec
appareils ancienne génération étaient troqués contre des
les risques pour le climat et les coûts et le financement avec
plus récents et que les utilisateurs mettaient rigoureuse-
les perspectives pour l’emploi et la prospérité. La Suisse ne
ment en pratique tous les conseils donnés pour économi-
peut se lancer en solitaire dans une aventure énergétique.
ser l’électricité, il n’en resterait pas moins une tendance à
l’augmentation. Pour parvenir à un revirement tel qu’attendu, il faudrait revoir la totalité de notre mode de vie et
pas uniquement nos habitudes d’utilisateurs.
FRE – Fédération romande pour l’énergie
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