la vraie religion
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LA VRAIE RELIGION Religion & Révélation Jésus-Christ, l’envoyé de Dieu par AUGUSTE-ALEXIS GOUPIL, S. J. Nouvelle édition à partir de la deuxième édition revue et corrigée de 1936 Éditions Saint-Remi – 2016 – Nihil obstat : G. COURTADE, S. J. Lector theologiæ. Lutetiæ Parisiorum, die 8a septembris, in festo Nativitatis B. V. M. Imprimatur : L. BOSSUET, Can., Cens. libr. Valle Guidonis, die 10a septembris 1936. Éditions Saint-Remi BP 80 – 33410 Cadillac www.saint-remi.fr PRÉFACE Le Traité de La vraie Religion est dans l’ordre logique le premier de toute la Théologie. Il ouvre la série des études qu’on réunit sous le nom de Théologie fondamentale parce qu’elle sert de fondement à la science sacrée, ou encore de Théologie préliminaire parce qu’elle mène au seuil de la Théologie dogmatique. Les sous-titres du Traité : Religion et Révélation ; Jésus-Christ l’envoyé de Dieu, en indiquent assez le contenu. On retrouvera donc ici la matière et aussi l’ordre habituels de cet enseignement : d’abord les questions générales sur la religion et la révélation : ensuite l’étude particulière et positive du fait historique de la révélation chrétienne par Jésus, Messie et Fils de Dieu. Ni dans les matières étudiées, ni dans la méthode suivie, l’auteur n’a cherché à innover. Il s’est efforcé à exposer clairement et solidement la doctrine classique. Toutefois le lecteur remarquera aisément la place importante qui a été faite à plusieurs questions. On a insisté par exemple sur le grave problème de la possibilité de la révélation surnaturelle. Contre les négations péremptoires du rationalisme qui ferment à l’homme toute ouverture du côté du ciel, il a fallu montrer la capacité de la nature humaine à recevoir sans en être écrasée, ni surtout « diminuée », ce bienfait divin. Mais il a fallu montrer aussi, à l’opposé des prétentions « immanentistes », que si l’élévation de la nature humaine au surnaturel est possible, convenable, souverainement désirable, elle ne saurait être exigée par cette nature. Les controverses, les erreurs des années récentes rendaient nécessaire l’insistance sur cette importante question. Deux autres questions encore ont été étudiées avec un soin particulier et ont reçu un long développement : le miracle et la prophétie : On sait avec quel acharnement l’incroyance s’attaque à ce signe éminent de l’intervention divine qu’est le miracle, et quels 4 PRÉFACE sophismes subtils elle emploie pour l’écarter. Il convenait donc de faire sur ce point toute la lumière possible. Quant à l’argument des prophéties, il a été présenté, selon la méthode actuelle, d’ensemble et dans son ampleur historique et doctrinale. Il prend ainsi une force saisissante qui convainc. Ce m’est un devoir très agréable d’exprimer ici ma reconnaissance au R. P. Georges Courtade, professeur à l’Institut catholique de Paris, qui a mis si obligeamment ses notes à ma disposition pour la rédaction de ce Traité et m’a autorisé à y puiser largement. À sa science, et encore aux conseils qu’il a bien voulu me donner dans l’exécution de mon travail, je suis vraiment redevable de tout ce qu’il y a de bon en ce livre. En la fête de saint Ignace de Loyola. Paris, le 31 juillet 1930. AUGUSTE-ALEXIS GOUPIL, S. J. Note pour la seconde édition. Cette seconde édition n’est pas une simple réimpression de la première. En maints endroits, j’ai fait des corrections de style. Quelques passages, qui n’étaient pas assez clairs, ont été repris et proposés de façon nouvelle. Mais surtout, j’ai ajouté tout un article, p. 26, sur « l’obligation de s’enquérir s’il existe une révélation ». Puissent ces améliorations faciliter l’usage du Traité ! En la fête de la Nativité de la B. V. M. Paris, le 8 septembre 1936. A. G. Cours supérieur de Religion. __________________ LA VRAIE RELIGION __________________ PRÉLIMINAIRES Le mot « religion ». — Voyons-en l’étymologie et le sens. 1° L’étymologie. Elle est incertaine. Les écrivains latins ont donné au mot religio trois origines différentes. Cicéron, dans le De Natura deorum, 2, 72, le fait venir du verbe relegere, et appelle religieux ceux qui revenaient avec soin, en pensée, sur tout ce qui concerne le culte des dieux, qui examinaient et repassaient attentivement dans leur esprit la façon de les honorer. Le commentateur Servius, Lactance, saint Augustin dérivent religion du verbe religare, relier, rattacher, la religion étant le lien, l’obligation qui relie l’homme à Dieu. Enfin saint Augustin a encore proposé (De Civ. Dei, X, 3) une autre explication : religion viendrait de re-eligere, choisir de nouveau. L’homme, par le péché, a perdu Dieu ; par une vraie religion, il le retrouve, il le choisit de nouveau pour l’objet de sa béatitude et sa fin dernière. Sans doute cette idée est fort belle, mais l’étymologie sur laquelle elle s’appuie n’a aucune probabilité, et saint Augustin luimême l’a écartée dans ses Rétractations, I, 13. Il semble bien que l’étymologie donnée par Cicéron et qui dérive religion de relegere est la meilleure1. 1 Voir sur cette question dans les Recherches de science religieuse, 1936, une note intéressante du Père P. Joüon. De l’idée de religion donnée par Cicéron, il rapproche heureusement celle que suggère l’Écriture Sainte : « Le juste trouve 6 LA VRAIE RELIGION Saint Thomas d’Aquin, qui connaît ce petit problème linguistique, ne se juge pas compétent pour le résoudre ; il se contente d’emprunter une belle pensée à chacune des explications proposées : « Soit, dit-il, que le mot religion signifie une attentive considération, soit qu’il indique un choix nouveau de ce qui avait été perdu par négligence, soit enfin qu’il marque un lien, la religion comporte proprement une relation à Dieu. C’est à lui en effet que nous devons être principalement attachés comme à notre principe indéfectible ; c’est aussi vers lui que notre choix doit se porter assidûment, puisqu’il est notre fin dernière ; c’est lui enfin que nous avions négligé et perdu par le péché, et que nous devons retrouver par la profession de notre foi » (2a 2æ, q. 81, a. 1). 2° Le sens. La religion est donc une relation de l’homme à Dieu. Quelle relation ? Tout être créé, qu’il soit matière, plante, animal, homme ou ange, tient de Dieu tout son être, et par ce fait est établi dans une relation de dépendance essentielle, nécessaire envers Dieu ; on l’appelle relation ontologique, c’est-à-dire qui repose sur l’être. Mais il appartient à l’homme, intelligent et libre, de connaître cette dépendance essentielle et de l’accepter librement avec tous les devoirs qui en découlent, de savoir qu’il a été créé pour louer, servir, honorer Dieu, et de vouloir reconnaître cet ordre par ses actes. C’est là une relation humaine, morale et qui est proprement la religion. On définirait donc bien la religion : l’honneur rendu volontairement par l’homme et Dieu son créateur. Or, rendre honneur à quelqu’un c’est proclamer son excellence. Par les paroles, les gestes, toute l’attitude, l’homme rend témoignage à la dignité de celui qu’il honore. Que l’honneur rendu s’accompagne de soumission et surtout s’adresse à une personne sacrée, c’est l’honneur religieux, c’est-à-dire le culte. La relison plaisir dans la Loi de Iahvé ; il la médite jour et nuit » (Ps. 12). Méditer, en hébreu hagah, ayant le sens de revoir, repasser avec réflexion. PRÉLIMINAIRES 7 gion se définira donc plus précisément : le culte rendu à Dieu à cause de sa souveraine excellence. La religion considérée subjectivement et objectivement. — La religion peut être considérée sous deux aspects : subjectivement, c’est-à-dire en nous, et objectivement, c’est-à-dire hors de nous ; en nous comme vertu, hors de nous comme objet. La religion comme vertu. La vertu en général est une habitude, une inclination bonne de l’âme ; la religion ainsi considérée sera la vertu par laquelle nous rendons à Dieu le culte qui lui est dû à cause de sa souveraine grandeur. Elle comporte tous les actes d’intelligence, de volonté, d’affection spirituelle et sensible, les actes mêmes de notre corps par lesquels nous témoignons notre dépendance de Dieu. Les principaux de ces actes sont évidemment les actes de l’intelligence et de la volonté. Faire consister la vertu de religion dans un sentiment et surtout un sentiment quasi instinctif et aveugle, est donc une grave erreur qui pervertit l’idée même de religion. Actes propres de la vertu de religion et actes commandés par elle. Comme toute vertu, la religion a ses actes propres, c’est-à-dire ceux qu’elle produit de son fonds (atus eliciti, c’est-à-dire émanants) ; ce sont ceux qui se rapportent directement au culte de Dieu : l’adoration, l’action de grâces, la prière. Comme toute vertu aussi, elle commande les actes d’autres vertus (actus imperati, c’est à dire commandés), qu’elle dirige à sa propre fin qui est d’honorer Dieu. Ainsi saint Jacques écrit : « La religion pure et sans tache devant notre Dieu et Père n’est pas autre qu’avoir soin des orphelins et des veuves dans leur détresse, et se préserver pur des souillures de ce monde » (127) ; ce que saint Thomas d’Aquin explique ainsi : « Visiter les orphelins et les veuves dans leur détresse est un acte de religion par mode de commandement ; mais c’est en soi un acte produit par la miséricorde. De même se garder pur des souillures du monde est un acte commandé de la vertu de religion, 8 LA VRAIE RELIGION mais un acte propre de la vertu de tempérance » (2a 2æ ; q. 81, ad 1um). 2° La religion comme objet. Elle consiste dans l’ensemble des vérités qui expriment notre relation morale à Dieu, des devoirs qui se fondent sur ces vérités, des rites par lesquels nous célébrons le culte dû à Dieu. Une religion ne peut donc être vraie que si elle procède d’une conception morale vraie et juste de Dieu et l’honore conformément à cette conception ; elle est fausse si elle s’appuie sur une idée de Dieu moralement indigne de lui et lui rend des devoirs et un culte viciés par cette notion erronée. Religion naturelle et surnaturelle . — Bien que dans l’ordre présent historique la seule religion vraie soit la religion surnaturelle, comme nous le verrons plus loin, on peut cependant concevoir ce qu’est la religion naturelle, c’est-à-dire celle qui se déduit de la nature de Dieu et de la nature de l’homme, connues par les seules lumières de la raison. La religion surnaturelle s’appuie sur la révélation divine manifestant à l’homme des vérités et lui imposant des préceptes expressément fondés sur la parole de Dieu. Évidemment la religion surnaturelle ne s’oppose pas à la religion naturelle, ni ne la détruit, mais elle la complète et la couronne. Division du Traité. — Il comprendra deux parties. La première partie étudiera les questions générales de la religion et de la révélation. La seconde partie sera consacrée à prouver la vérité de la religion chrétienne apportée au monde par Jésus-Christ, l’envoyé de Dieu. PREMIÈRE PARTIE GÉNÉRALITÉS SUR LA RELIGION ET LA RÉVÉLATION. CHAPITRE PREMIER De la Religion en général. Fondement rationnel de la religion. — La première question qui se pose est de savoir si la religion telle que nous l’avons définie : le culte rendu à Dieu à cause de sa souveraine excellence, repose sur un fondement rationnel et non sur un sentiment aveugle, un instinct irréfléchi. Adversaires. En effet, athées, monistes, positivistes déclarent que Dieu n’existe pas, ou du moins, s’il existe, qu’il n’est pas connaissable par l’intelligence humaine. Nous ne savons rien et ne pouvons rien savoir de ce qui dépasse l’expérience. La substance, l’âme, Dieu nous sont inaccessibles ; ce sont là fantômes métaphysiques qui n’intéressent pas le savant. Donc la religion qui prétend rendre un culte à un Dieu inexistant ou insaisissable par la raison, ne repose pas sur un fondement rationnel. Cependant la religion existe ; c’est un fait, et même c’est un fait universel et constant. D’où vient-elle donc, et comment s’explique-t-elle ? Nos adversaires répondent : l’homme, en présence des forces grandioses de la nature, est saisi par le sentiment accablant de sa petitesse et de sa faiblesse. Craintif, indigent, avide instinctivement de bonheur, il imagine derrière ces forces naturelles un Être qui les dirige, les déchaîne ou les retient, et qu’il faut se rendre propice. C’est la faiblesse et la peur qui créent les dieux : « Primus in orbe deos fecit timor » (Stace, Thébaïde, III, 661). La religion naît de cet instinct, de ces sentiments. Puis, selon les diverses circonstances et les diverses passions, les religions se 10 LA VRAIE RELIGION – PREMIÈRE PARTIE diversifient et se multiplient. Mais l’ignorance et les terreurs de ces vieux âges sont passées ; la science remplace la religion, et le culte de l’Humanité toujours en progrès se substitue au culte des dieux évanouis. Réfutation. Ces théories scientistes, un peu démodées, s’attaquent directement, on le voit, à la doctrine de l’existence de Dieu et à la valeur objective de nos connaissances métaphysiques. Toute l’argumentation de nos adversaires se ramène en effet à ceci : Pas de religion rationnelle parce que pas de Dieu rationnellement démontré ni démontrable. Or, disons-nous au contraire, la saine Philosophie dont nous avons le droit d’emprunter les conclusions, établit avec certitude la vérité de l’existence de Dieu. Soit en effet que l’on interroge : a) la raison individuelle de l’homme, elle peut prouver de multiples façons l’existence d’un Être supérieur au monde ; Être nécessaire, seule raison dernière des êtres contingents et mobiles d’ici-bas ; Intelligence créatrice de l’ordre qui règne dans le monde ; Bien parfait, seule fin dernière exigée par la nature raisonnable de l’homme ; Volonté souveraine seule capable d’obliger invinciblement la conscience humaine. — Donc, puisque la raison établit ainsi avec certitude l’existence de Dieu, elle donne par là un fondement solide, rationnel à la religion, qui est l’ensemble de nos devoirs envers ce Dieu. b) soit que l’on écoute la voix du genre humain, la même conclusion rationnelle s’impose. C’est, en effet, un fait historique indiscutable1 que partout et toujours l’homme se montre un être religieux. 1 Et, l’on peut dire aussi maintenant, indiscuté. S. Reinach, dont on ne suspectera pas le témoignage, écrit en effet : « L’homme partout et à quelque époque qu’on l’observe, est un animal religieux ; la religiosité, comme disent les positivistes, est le plus essentiel de ses attributs, et personne ne croit plus, avec Gabriel de Mortillet et Hovelacque, que l’homme quaternaire ait ignoré la religion » (Cultes. Mythes et Religions, Introduction).M. Guyau, dans son livre, L’Irréligion de l’Avenir, fait le même aveu : « La religiosité humaine remonte à l’âge de la pierre polie » (p. 2). CH. I : DE LA RELIGION EN GÉNÉRAL 11 Malgré la diversité des religions, malgré les erreurs grossières qu’elles professèrent souvent sur la nature de Dieu et les façons de l’honorer, toujours et chez tous les peuples s’est affirmé le fait religieux substantiel, à savoir la persuasion de l’obligation où est l’homme d’honorer une Divinité. Et cette persuasion constante et universelle du devoir religieux s’appuie immédiatement sur l’universelle et constante certitude de l’existence réelle de cette Divinité. Or, c’est encore une vérité philosophique certaine qu’une telle persuasion constante et universelle dans le genre humain de l’existence de Dieu ne peut venir que de la droite raison. En effet, ni l’ignorance, ni les préjugés, ni la fraude, ni les passions ne sauraient expliquer cette universelle conviction. Les fraudes finissent par se découvrir ; les préjugés, on les dissipe ; les passions, loin de favoriser la religion, lui sont par nature hostiles ; l’ignorance n’est pas universelle, et la généralité des grands esprits sont aussi très religieux. Toutes ces prétendues explications sont donc vaines et la seule raison de l’universelle croyance en Dieu est la vérité objective de son existence reconnue par la saine intelligence de l’homme. Donc aussi, s’appuie sur la droite raison la religion qui est le juste culte dû à Dieu. Obligation de la religion. — Nous établirons successivement que l’homme est obligé naturellement de professer la religion et de rendre à Dieu un culte ; que ce culte doit être non seulement intérieur mais encore extérieur ; enfin que le culte doit être public, social. 1° L’homme est naturellement obligé de professer la religion. Adversaires : ceux qui déclarent se tenir en matière de religion à un indifférentisme absolu. Dieu, disent-ils, ne se soucie en rien de nos hommages ; toute religion est donc vaine et inutile. « Je pose en principe, écrit Kant, et cette affirmation n’a besoin d’aucune preuve, que, hormis une bonne conduite, tout ce que 12 LA VRAIE RELIGION – PREMIÈRE PARTIE l’homme pense faire pour plaire à Dieu est pure démence religieuse et superstition » (Œuvres, tome VI, p. 353. Édition Hartenstein). Nous disons au contraire que la droite nature oblige l’homme à rendre un culte à Dieu. Preuve. Les êtres dépourvus de raison observent sans les connaître et nécessairement les lois que Dieu leur a données. Mais l’homme, doué d’intelligence et de volonté, est capable de connaître sa propre loi et de vouloir s’y conformer. Et quelle est cette loi ? C’est l’ordre essentiel qu’il doit suivre pour atteindre sa fin. Or, cet ordre essentiel exige qu’à Dieu, souverain Maître de toutes choses, à Dieu, notre premier principe et notre fin dernière, à Dieu, Providence bienfaisante en toutes nos nécessités, soit rendu un souverain honneur, une pleine soumission et un amour parfait ; c’est-à-dire équivalemment que l’ordre essentiel exige de l’homme un culte envers Dieu, et c’est la religion. Par conséquent, nous devons conclure que l’homme, tenu par la loi naturelle à observer l’ordre essentiel, est tenu naturellement aussi à professer la religion. Reprenons les titres de Dieu à notre culte : a) Il est le souverain Maître de toutes choses. Son excellence est infinie : c’est lui qui nous donne l’être ; c’est lui qui nous le conserve ; c’est lui qui par son nécessaire concours nous donne l’action ; c’est lui qui est notre fin dernière et qui seul peut nous rendre heureux. Notre dépendance de lui est bien totale : il est le souverain Seigneur. La justice exige donc que nous reconnaissions par nos actes cette dépendance essentielle, et c’est l’adoration, acte propre et premier de la vertu de religion. b) Il est notre universel Bienfaiteur. En effet, la création et tous les autres biens qui la suivent, procèdent non pas de la nécessité, Dieu n’a aucun besoin de nous, mais d’un pur amour de bienveillance de sa part : il ne nous a créés que pour nous rendre heureux. Sans doute aussi, il nous a créés pour sa gloire ; mais cette gloire, qui est que Dieu soit connu et aimé de ses créatures raisonnables, CH. I : DE LA RELIGION EN GÉNÉRAL 13 est identiquement notre propre bonheur. La justice exige donc que nous rendions grâces à Dieu, notre suprême Bienfaiteur : l’action de grâces est un acte propre de la vertu de religion. Il est vrai que l’action de grâces est aussi un acte propre de la vertu de reconnaissance. Mais Dieu n’est pas un bienfaiteur partiel ; sa bienfaisance est infinie et universelle et n’est qu’un aspect de son excellence singulière « qui dépasse tout infiniment, et d’une manière qui ne connaît pas de limites (2a 2æ, q. 81, a. 4). C’est pourquoi saint Thomas met l’action de grâces rendue à Dieu parmi les actes propres de la religion : « De même, dit-il, que la piété suréminente est le propre de l’homme religieux, ainsi également la gratitude suréminente ; et c’est pourquoi nous avons rangé l’action de grâces parmi les actes qui appartiennent à la religion » (2a 2æ, q. 106, a. 1. ad 1um ). c) Il est notre Providence dans toutes nos nécessités. L’homme est en ce monde sujet à beaucoup de misères et d’épreuves de tous genres, dont souvent il ne peut sortir par soi-même ni par le secours d’autrui. Sans parler de ce qui peut accabler son corps, il court encore moralement de plus graves dangers qui proviennent de sa grande faiblesse à observer la loi naturelle et à vivre selon l’honnêteté. Or, il est pourtant certain que Dieu sage et bon veut le salut de l’homme et peut lui en donner les moyens. S’il ne les lui a pas donnés une fois pour toutes, c’est donc qu’il veut que l’homme ait recours à lui par la prière et ainsi reconnaisse et honore la Providence. La prière est un acte propre de la vertu de religion. Il est remarquable que la prière pour obtenir le secours divin est un l’ait universel et constant. Une telle inclination universelle de la nature raisonnable ne peut venir que de l’Auteur de cette nature et de sa volonté d’exaucer les prières. Objection. Mais, dira-t-on, cette misère de l’homme et la nécessité de la prière qui en est la suite, ne contredit-elle pas ce qui a été dit plus haut, que Dieu est notre universel bienfaiteur et qu’il 14 LA VRAIE RELIGION – PREMIÈRE PARTIE nous a comblés de biens ? — Réponse : L’homme tient de la bonté prévenante de Dieu tout ce qu’il est et tout ce qu’il a. Sans attendre que nous le priions, Dieu nous donne tout ce qu’exige la créature raisonnable pour atteindre sa fin dernière : conservation, concours. Donc, tout ce qui constitue l’ordre général de la nature humaine selon ses lois constantes et universelles n’est pas normalement objet de prière. Ainsi nous ne demandons pas à Dieu l’air pour respirer, ni qu’il donne à nos mouvements le concours nécessaire, ni qu’il nous conserve dans l’être. La sagesse et la bonté de Dieu nous assurent ces bienfaits généraux. Mais, dans l’amplitude de cet ordre général, quelle place immense pour la multitude des dons gratuits, pour les bienfaits particuliers, qui ne sont pas naturellement exigés et restent indéterminés ! Tels seront par exemple une abondance plus ou moins grande des biens du corps et de l’âme, la santé, la vertu, la préservation plus ou moins complète des dangers physiques et moraux. Tels encore les moyens, même moralement nécessaires à notre salut, que Dieu veut nous donner mais dépendamment de notre prière. Objection. Mais puisque Dieu sait tous nos besoins, pourquoi veut-il que nous l’implorions ? — Réponse. Dieu n’a certes pas à apprendre nos nécessités. S’il exige notre prière, c’est que la prière elle-même nous est souverainement utile. En effet, elle nous rappelle notre essentielle dépendance de Dieu et ainsi nous préserve de l’orgueil ; surtout, elle élève notre esprit à Dieu, et par ce commerce fréquent avec la Majesté infinie, elle grandit et ennoblit notre âme. La prière, qui est un devoir, est davantage encore un bienfait. Conclusion. La nature même de l’homme et de Dieu, les relations essentielles qui les unissent, font donc à l’homme une naturelle obligation de la religion : « De tous les devoirs humains, écrit Léon XIII, celui-là sans hésitation est le plus grand et le plus saint qui nous ordonne d’honorer pieusement et religieusement la Divinité. Ce devoir sort nécessairement du fait que nous sommes CH. I : DE LA RELIGION EN GÉNÉRAL 15 toujours sous la puissance de Dieu, que nous sommes conduits par sa Providence souveraine, et que sortis de ses mains nous devons retourner à lui » (Encyc. Libertas). Objections. 1. Dieu n’a nul besoin de nos hommages qui ne lui apportent aucun profit ; il ne peut donc vouloir les exiger, et ainsi toute religion est vaine et inutile. —Réponse. L’objection suppose bien à tort que la religion a pour but de procurer à Dieu quelque profit et qu’il en doit tirer avantage. C’est confondre l’intérêt et l’honneur. La religion a pour but d’honorer Dieu, et non pas parce qu’il a besoin de nos hommages, mais parce que la justice et l’ordre exigent essentiellement que nous lui rendions honneur. « Nous ne servons pas Dieu pour son profit, mais pour sa gloire et notre utilité à nous» (2a 2æ, q. 81, a. 6, ad 2um). Et quand bien même nos hommages seraient inutiles à Dieu, s’ensuivrait-il que nous fussions libérés de notre devoir ? L’indigent est-il dispensé de gratitude parce que le bienfaiteur n’a pas besoin de sa reconnaissance ? Il y a d’autres dettes que d’intérêt. 2. Mais, reprend-on, si Dieu lui-même abandonne son droit à des hommages si peu dignes de lui ? — Réponse. Dieu infiniment sage ne peut se désintéresser du culte que nous lui rendons, car il ne peut pas ne pas vouloir que l’homme agisse selon la justice et l’ordre essentiels. Sans doute nos hommages ne peuvent égaler sa dignité, Dieu seul se peut louer dignement ; cependant nos actes religieux gardent quelque proportion avec la Majesté infinie : nous l’honorons comme supérieure à toute créature, nous proclamons sa souveraine excellence, nos hommages ont pour terme le Dieu infini et ainsi ne sont pas indignes de lui. 2° L’homme est naturellement obligé de professer un culte extérieur. Il est bien clair que la religion consiste principalement dans les actes intérieurs de l’intelligence et de la volonté, c’est-à-dire dans la connaissance et l’amour de l’excellence divine. C’est là le culte intérieur qui est vraiment l’âme de la religion et dont Notre-Seigneur disait à la Samaritaine : « Les vrais adora- 16 LA VRAIE RELIGION – PREMIÈRE PARTIE teurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; ce sont de tels adorateurs que le Père demande » (Jo. 423). Sans lui, le culte extérieur par les paroles, les gestes, les rites n’est plus qu’hypocrisie. C’est le reproche adressé par Notre-Seigneur aux pharisiens : « Hypocrites, Isaïe a bien prophétisé de vous quand il a dit : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi » (Mt. 16 7-8). Mais cette subordination nécessaire reconnue, nous disons que l’homme est naturellement obligé de rendre à Dieu avec le culte intérieur un culte extérieur qui en est la manifestation. Adversaires. Certains déistes, qui admettent volontiers l’obligation d’un hommage de notre âme à Dieu, mais rejettent comme inutiles et puériles les manifestations extérieures. On sait aussi que, par horreur des cérémonies catholiques, les Protestants en étaient venus à proscrire presque entièrement toute manifestation cultuelle. Ils sont devenus bien moins intransigeants. Preuves. 1. Le culte extérieur est dû pour lui-même. L’homme dépend de Dieu tout entier et totalement, corps et âme ; il doit donc reconnaître cette dépendance par tout son être, par son corps aussi bien que par son âme. « Il y a, dit saint Thomas, un double culte de Dieu, l’un intérieur, l’autre extérieur. Puisqu’en effet, l’homme est composé d’âme et de corps, il doit appliquer l’un et l’autre à honorer Dieu : à savoir, l’âme au culte intérieur et le corps au culte extérieur ; selon ce qui est dit dans le psaume 84 3 : Mon cœur et ma chair tressaillent vers le Dieu vivant. Et comme le corps est ordonné à Dieu par l’âme, ainsi le culte extérieur est dirigé par le culte intérieur » (1a 2æ, q. 101, a. 2). 2. Le culte extérieur est dû en raison même du culte intérieur. C’est une loi de notre nature mixte, spirituelle et corporelle, que les actes intérieurs eux-mêmes sont profondément influencés par les actes extérieurs. « L’esprit de l’homme, dit encore saint Thomas, a besoin pour s’unir à Dieu d’y être conduit par les choses sensibles. C’est pourquoi il est nécessaire dans le culte divin de se servir d’éléments corporels, afin que par eux, comme par des signes, l’esprit CH. I : DE LA RELIGION EN GÉNÉRAL 17 de l’homme soit excité aux actes spirituels qui l’unissent à Dieu. La religion comporte donc des actes extérieures qui sont secondaires et subordonnés aux actes intérieurs » (2a 2æ, q. 81 a. 7). Et encore : « Il ne faut pas s’étonner si les hérétiques, qui nient que Dieu soit l’auteur de notre corps ; blâment ces hommages extérieurs, rendus à Dieu. Ils oublient évidemment qu’ils sont hommes, s’ils ne voient pas que la représentation des choses sensibles est requise pour la connaissance et l’amour intérieurs. L’expérience montre en effet que par les actes du corps l’âme est provoquée à quelque connaissance ou affection. Il est donc clair qu’il convient d’employer les moyens sensibles pour élever notre âme à Dieu » (Cont. Gent. 3, ch. 119). Ainsi le culte extérieur excite, soutient, renforce le culte intérieur. Au contraire un culte intérieur qui ne se traduit jamais à l’extérieur ne tarde pas à languir et finit par mourir. Il est vrai aussi qu’une religion intérieure très vive tendra spontanément à s’épancher au dehors et à se manifester sensiblement. L’influence est réciproque du corps sur l’âme et de l’âme sur le corps. La parole du Christ : « Les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité », ne condamne donc pas tout culte extérieur, mais seulement celui qui serait purement extérieur et par suite une hypocrisie, ou même principalement extérieur, ce qui serait contraire à l’ordre. Mais selon la remarque de saint Thomas : « L’adoration extérieure elle-même se fait en esprit, si elle procède de la dévotion spirituelle et y est ordonnée » (2a 2æ, q. 84, a. 2, ad lum). 3° L’homme est naturellement obligé à un culte public, social. Ce culte est évidemment extérieur. Adversaires. Les tenants du libéralisme doctrinal, les socialistes veulent tenir la religion pour une affaire qui regarde uniquement la vie privée, mais doit être totalement exclue de la vie sociale. Nous disons au contraire que le culte doit être public et social, c’est-àdire que la société, comme telle, doit à Dieu un culte. 18 LA VRAIE RELIGION – PREMIÈRE PARTIE Preuve. L’homme est naturellement un être social ; c’est Dieu qui l’a fait tel, et qui veut que l’homme vive en société. C’est Dieu encore qui seul peut communiquer aux chefs désignés par la société l’autorité nécessaire à son existence. Si bien que la société, comme l’individu, dépend totalement de Dieu ; par conséquent la société, comme l’individu, doit à Dieu un culte ; et ce culte social est évidemment public. « La nature et la raison, dit Léon XIII, qui ordonne aux individus d’honorer Dieu saintement et religieusement, parce qu’ils sont sous sa puissance et que sortis de ses mains ils doivent retourner à lui, impose la même loi à la société civile. En effet, les hommes réunis en société ne sont pas moins au pouvoir de Dieu que les individus ; la société ne doit pas moins que l’individu la reconnaissance à Dieu dont l’autorité l’a formée, dont la volonté la conserve, dont la bonté la comble d’innombrables bienfaits » (Encyc. Immortale Dei). Confirmation. Nous pouvons ajouter que la société est d’autant plus obligée par nature à remplir cette obligation que le bonheur social dépend en grande partie de la religion. C’est elle qui assure le plus efficacement les deux grands moyens de la paix publique l’obéissance aux lois et l’honnêteté des mœurs. « Une fois ôtée, dit Léon XIII, la crainte de Dieu et le respect des lois divines, méprisée l’autorité des chefs, tolérée et même approuvée la passion des bouleversements, toute licence lâchée aux cupidités de la foule, nul frein n’existant plus sinon celui des châtiments, il est inévitable que se produisent l’ébranlement et le renversement de toutes choses » (Encyc. Humanum genus). On connaît le mot célèbre de Taine sur les conséquences de l’abaissement de la religion à certaines époques : « Du même coup la société devenait un coupe-gorge et un mauvais lieu » (Les Origines, tome II, p. 118). Note : le caractère social de la religion. Constatons enfin que ce caractère social semble essentiel à la religion, au moins à son développement normal. Historiquement et en fait, la religion apparaît toujours liée à la vie sociale, soit de la famille, soit plus encore de CH. I : DE LA RELIGION EN GÉNÉRAL 19 la tribu ou de la nation1. Mais encore en droit, elle ne peut s’épanouir parfaitement que dans la société. Pour se déployer telle qu’elle doit être, elle appelle le milieu social. Et de même qu’on ne conçoit pas bien des arts, un langage, une littérature qui ne seraient qu’individuels, mais qu’il leur faut la vie sociale pour prendre toute leur expansion, ainsi en est-il de la religion. C’est un fait que l’individualisme religieux est un germe destructeur de la religion même. De telle sorte que la société, qui naturellement est obligée à professer la religion, est aussi, pour ainsi parler, le sol naturel où elle peut déployer toute sa vertu native. Quel doit être le culte extérieur, le culte social ? — La nature même, nous l’avons montré, oblige l’homme à rendre à Dieu un culte extérieur et social. Mais quel doit être précisément ce culte ; par quels actes, quels rites doit-il se traduire, elle ne le détermine pas. Qui le fera ? la volonté humaine, ou, si Dieu veut intervenir, la volonté divine. « La raison naturelle, dit saint Thomas, prescrit à l’homme de révérer la majesté divine ; mais qu’il le fasse de telle ou telle façon déterminée, cela n’est pas prescrit par la raison naturelle, et vient d’une institution de droit divin ou humain » (2a 2æ, q. 81, a. 2, ad 3um). Le sacrifice. On peut se demander en particulier si l’offrande du sacrifice à Dieu doit naturellement faire partie du culte ? Voici comment saint Thomas répond. Il rappelle que le sacrifice est un signe par où l’homme exprime sa soumission envers Dieu et qu’à l’imitation du geste naturel du serviteur offrant quelque don pour reconnaître le droit de son maître, l’homme aussi offre des sacrifices à Dieu pour reconnaître son domaine suprême. Il conclut : « C’est pourquoi l’offrande du sacrifice est de droit naturel » (Ib. 1 Sans partager ni approuver les idées excessives de l’école sociologique française, on peut du moins constater d’accord avec elle que la religion est un fait social. 20 LA VRAIE RELIGION – PREMIÈRE PARTIE q. 85, a. 1). Puis, à cette objection que ce qui est de droit naturel se retrouve semblable chez tous les hommes, et que les sacrifices sont au contraire très divers : tantôt sacrifice du pain et du vin (Melchisédech), tantôt sacrifice des animaux (loi mosaïque), il répond : « De même que punir les malfaiteurs est de droit naturel, mais que la détermination de telle ou telle peine est d’institution divine ou humaine ; de même l’offrande du sacrifice est prescrite en général par la loi naturelle, et sur le point de l’offrande tous les hommes sont d’accord, mais la détermination des sacrifices est d’institution divine ou humaine, et c’est ce qui explique la diversité des sacrifices » (Ib. ad 1um). Quant au culte public et social nous en avons établi le principe, mais comment ce culte doit-il se pratiquer, en particulier dans les pays où règne la diversité des religions, c’est une détermination pratique que nous n’avons pas à régler. Importance du devoir religieux. — Il est le premier de tous et passe avant les devoirs de l’homme envers soi-même et envers le prochain, d’autant que Dieu l’emporte en excellence sur l’homme, dont il est le premier principe et la fin dernière. « Quel est cet aveuglement d’ans une âme chrétienne, dit justement Bossuet, et qui le pourrait comprendre, d’être incapable de manquer aux hommes et de ne craindre pas de manquer à Dieu ? comme si le culte de Dieu ne tenait aucun rang parmi les devoirs ! » (Oraison funèbre d’Anne de Gonzague, éd. Lebarq, tome VI, p. 266). Il est aussi le plus solide appui de la moralité. L’homme qui admet l’obligation d’honorer Dieu et de le servir, admet conséquemment l’obligation de remplir tous les autres devoirs envers soi-même et le prochain, que seule la volonté de Dieu législateur souverain peut efficacement imposer à tous. Au contraire, si ce fondement est renversé, nul autre valable ne peut le remplacer. Nul, en effet, ne peut être obligé, c’est-à-dire lié, que par une volonté supérieure. Si la conscience n’est pas en nous l’écho de la loi divine, TABLE DES MATIÈRES PRÉFACE...........................................................................................................3 PRÉLIMINAIRES .............................................................................................5 PREMIÈRE PARTIE GÉNÉRALITÉS SUR LA RELIGION ET LA RÉVÉLATION. ...........9 CHAPITRE PREMIER De la Religion en général...................................... 9 CHAPITRE II De la Révélation en général. .............................................. 24 ARTICLE I. - OBLIGATION DE S’ENQUÉRIR S’IL EXISTE UNE RÉVÉLATION................................................................................................................26 ARTICLE II. - LA RÉVÉLATION EST POSSIBLE.............................................29 ARTICLE III. — LA RÉVÉLATION EST DISCERNABLE.............................44 SECONDE PARTIE EXISTENCE DE LA RÉVÉLATION.......................................................92 PRÉAMBULE ............................................................................................. 92 CHAPITRE PREMIER Le témoignage de Jésus sur lui-même. ............... 94 Ière Section. — Les évangiles synoptiques............................................. 98 IIème Section. — La foi de l’Église primitive....................................... 103 IIIème section. — Le quatrième évangile. .............................................. 107 CHAPITRE II Preuves du témoignage de Jésus...................................... 109 ART. I. — LES PROPHÉTIES ANTIQUES ACCOMPLIES EN JÉSUS............................................................................................................................... 110 ARTICLE II. - LES MIRACLES OPÉRÉS PAR JÉSUS. ................................... 121 ARTICLE III. — LA RÉSURRECTION DE JÉSUS.......................................... 130 ARTICLE IV. — LES PROPHÉTIES DE JÉSUS............................................... 151 CHAPITRE III Les débuts de l’œuvre de Jésus....................................... 157 ARTICLE I. — LA RAPIDE DIFFUSION DU CHRISTIANISME. .............................................................................. 157 ARTICLE II. - LA CONSTANCE HÉROÏQUE DES MARTYRS. ........................................................................................... 169