POISSON CHIRURGIEN – Picot kanak
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POISSON CHIRURGIEN – Picot kanak
POISSON CHIRURGIEN – Picot kanak Acanthurus dussumieri (Valenciennes, 1825) Source : Kochzius Famille : Acanthuridés ELÉMENTS-CLÉS DE DISTINCTION Corps élevé et aplati de couleur brun-olive. Un scalpel blanc dans un « fourreau » noir près de la queue. Queue bleutée avec une zone jaune en haut et en bas. ESPECES PROCHES Il existe 20 espèces de chirurgiens en Nouvelle-Calédonie dont trois autres espèces de picots kanak. Elles possèdent un scalpel noir, ce qui les différencie d’ A. dussumieri. Le Picot kanak à nageoires jaunes (Acanthurus xanthopterus) se distingue par des pectorales intégralement jaunes ; le Picot kanak à queue rayée (Acanthurus blochii) est de couleur sombre et présente généralement une bande blanchâtre à la base de la queue; le Picot kanak à virgule noire (Acanthurus nigricauda) ressemble au Picot kanak à queue rayée mais s’en distingue par une tache noire allongée derrière l’œil et une caudale en “queue d’hirondelle”. MENSURATIONS Moyennes : 20 à 50 cm. Maximales : 51 cm pour 3,2 kg. Tout poisson de plus de 47 cm est exceptionnel. Le Picot kanak à nageoires jaunes atteint des tailles plus importantes (58 cm pour un poids de 5.1 kg). ALIMENTATION Herbivore et détritivore, il se nourrit du film algal présent à la surface des algues filamenteuses et des sédiments, de diatomées, et occasionnellement de cyanophycées (algues bleues formant des tapis bruns à gris sur le sable). Ces algues sont broyées par du sable dans une poche oesophagienne s’apparentant à un gésier. CROISSANCE ET MORTALITÉ Le Picot kanak a une croissance relativement rapide jusqu’à sa maturité sexuelle qui est atteinte à l’âge de 3 ou 4 ans. Par la suite la croissance se ralentit. Les plus gros individus ont probablement plus de 20 ans. Ce mode de croissance (rapide avant la maturité sexuelle et lente par la suite) est général pour la plupart des chirurgiens (genres Acanthurus et Ctenochaetus). REPRODUCTION Sexualité : les Picots kanak ne changent apparemment pas de sexe avec la taille, l’âge ou l’organisation sociale. On estime qu’il y a approximativement autant de mâles que de femelles. Taille à maturité : probablement 25-30 cm. Comportement de ponte : de grands rassemblements ont été observés lors de la saison du frai. Durant ces rassemblements, le Picot kanak se reproduit en couple. En Nouvelle-Calédonie, la période de ponte aurait lieu durant la saison chaude, entre novembre et mars. COMPORTEMENT Comme tous les chirurgiens, le Picot kanak n’est actif que durant la journée. La nuit, il trouve refuge dans les grandes anfractuosités du récif où il se repose immobile et en général seul. Vie sociale : le Picot kanak se déplace par petits groupes ne comportant guère plus de 5 à 8 individus, ce qui le distingue du Picot kanak à nageoires jaunes qui peut former des bancs de plusieurs dizaines d’individus. Les plus gros spécimens sont solitaires. Migration : en général, le Picot kanak reste attaché à une certaine partie du récif et n’en migre que pour la reproduction ou au cours de sa croissance. Les gros individus peuvent rester plusieurs années dans le voisinage d’un même pâté corallien. Au contraire, le Picot kanak à nageoires jaunes circule sur des distances plus importantes. Caractères distinctifs complémentaires : D XI, 25-27, A III 24-26, P16-17 Profil de la tête plutôt convexe, fortement marqué chez les adultes. Corps fortement compressé, écailles minuscules, peau comme du cuir. Nageoire dorsale continue. Nageoire caudale en forme de croissant, avec des extrémités particulièrement longues chez les adultes. Nageoire dorsale avec une partie molle à la base plus longue que la partie épineuse. Juvéniles noirs avec une bande jaune pâle sur la nageoire caudale et une marge bleue sur la nageoire anale. Adultes avec des lignes irrégulières sur la tête. Une bande jaune aussi large que la pupille s’étend entre les yeux et est moins distincte sur la partie postérieure de l’œil. Corps marron pâle avec des lignes longitudinales finement ondulées mauves à gris-bleu. Le manchon du scalpel est crème pâle à blanc, et entouré d’une zone noire. Nageoires dorsale et anale jaunes, quelquefois avec des traces longitudinales de bleu. Une bande bleuâtre à la base de la dorsale et de l’anale. Nageoire caudale bleu profond avec de nombreux petits points noirs. Nageoires pectorales brun jaune. ECOLOGIE Distribution Indo-Pacifique : de l’Afrique de l’est aux îles Hawaii, du sud du Japon à Lord Howe. Absent de la plupart des zones du Pacifique central. Nouvelle-Calédonie : cette espèce est fréquente sur la plupart des récifs. Biotopes Juvéniles : habituellement sur les zones rocheuses à l’entrée des estuaires ou sur des récifs coralliens protégés. Adultes : présents sur tous les types de récifs. Ils préfèrent cependant les récifs à plus de 5 m de profondeur ou les pâtés coralliens isolés à l’arrière du récif barrière. Ils fréquentent également les passes et la pente externe. Les plus gros spécimens se trouvent en général dans des profondeurs de 10 à 18 m. Domaine de profondeur Cette espèce est courante jusqu’à 30 m et a été observée jusqu’à 130 m. USAGES ET RISQUES Intérêts Pêche commerciale : le Picot Kanak n’est en général pas une cible spécifique de la pêche commerciale, mais est cependant capturé accessoirement. Malgré sa fréquence sur les récifs australiens, cette espèce est très peu pêchée car elle ne fait pas partie des habitudes alimentaires. Pêche plaisancière et vivrière : cette espèce est très recherchée dans l’ensemble du Pacifique insulaire où elle fait partie d’un ensemble d’espèces à haute valeur culturelle (avec le napoléon, le dawa, la mère loche et certains requins). En Nouvelle-Calédonie, il a une valeur symbolique forte dans de nombreuses zones du Territoire et est très recherché par les pêcheurs vivriers. Aquaculture : aucun essai connu. Aquariophilie : non pratiquée. Captures Engins : fusil sous-marin et filet. Méthodes : le Picot kanak a tendance à se réfugier dans les grandes anfractuosités quand il est poursuivi en chasse sous-marine. Il faut alors un fusil court pour l’atteindre. Il vient cependant assez bien à l’agachon. Au filet, il se capture sur le tombant des récifs. Attention ! Ce poisson, comme la plupart des chirurgiens et dawas peut causer de sérieuses blessures avec son scalpel. Les accidents arrivent surtout quand on décroche le poisson de la flèche ou quand on le sort du filet. Les plaies sont douloureuses et longues à guérir. Il est probable que le scalpel soit enduit d’un mucus aux propriétés protéolytiques (capable de détruire les protéines) contenant de nombreuses bactéries susceptibles de causer des infections. Contrairement aux piqûres de rascasses et de poissons chats, la douleur ne se dissipe pas quand la plaie est mise dans de l’eau très chaude (non-thermolabile). Source : Cook Etat de la ressource Monde : espèce non menacée sur l’ensemble de son aire de répartition, même si son abondance a fortement diminué dans certaines îles du Pacifique et dans le Sud-Est asiatique. Nouvelle-Calédonie : le Picot kanak n’est pas menacé mais on assiste à une raréfaction nette des grands individus (plus de 43 cm) qui s’explique par la lenteur de la croissance de ce poisson une fois sa taille de maturité sexuelle atteinte. Ce poisson est également moins abondant qu’autrefois, quand il constituait une des principales prises de la chasse sous-marine (surtout dans le lagon sud-ouest et le long de la côte ouest près des zones habitées).