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Le CYCLOP Milly la Forêt
Artistes principaux :
Jean TINGUELY, Nikki de SAINT PHALLE
Bernhard Luginbühl, Seppi Imhof, Rico Weber
Dates de création :
1967-68 : Premiers dessins de la Tête.
1969 : achat d’un terrain à Milly la Forêt.
1970 : 1ere maquette. Réalisation des fondations.
1971 : réalisation du 1er étage.
1972 : réalisation du 2e étage.
1973 : 2eme maquette. Evolution de la structure de la
Tête, réalisations diverses : Meta-maxi, Oreille,
circuit des boules, Chambre.
1974-75 : Installation du rail et du wagon.
1976 à 1980 : la face est bétonnée, création de Métaharmonie au 2e palier.
1980-87 : arrêt du chantier pour cause de
vandalisme.
1987 : couverture de la face au moyen de fragments
de miroirs.
1991-93 : sculpture Tête de mort, carrelage en
damier noir et blanc, sculpture Colonne, passerelles
au sommet.
Don à l'état : 1987
Inauguration : 1994
Artistes participants :
Arman, Spoerri, César, Soto, Raynaud, ...
Présentation
Le CYCLOP est une architecture-sculpture appelée aussi « Tête » ou « le Monstre dans la forêt ». Elle a été
conçue par le couple d'artistes Jean Tinguely et Nikki de Saint Phalle, et a été érigée secrètement dans une
clairière de Milly la Forêt grâce à l'action d'une équipe d’artistes organisée autour de figures principales :
les artistes Bernhard Luginbühl, Rico Weber, et un professionnel de la soudure : Seppi Imhof. Le chantier
s’est déroulé de 1969 à 1994, la construction pèse 350 tonnes de béton et de ferraille, elle mesure 22m50.
Tout au long de la réalisation, des artistes ont créé ou donné des œuvres qui sont installées tant à l'extérieur
qu'à l'intérieur du Cyclop'.
Proposition de description
En approchant cette sculpture on découvre d’abord sa face : un visage recouvert de fragments de miroirs qui
lui fait comme une peau de serpent, dotée d’un œil unique et d’une bouche de laquelle sort une langue en
forme de toboggan. En tournant autour du Cyclop’, on découvre que la sculpture intègre un bouquet
d’arbres vivants, et qu’elle est constituée de nombreuses parties : une oreille mobile en ferraille, un wagon
en porte à faux et à l’état statique au sommet de la tête, une machinerie gigantesque de ferraille rouillée,
permettant de faire circuler des boules d’acier, de l’intérieur vers l’extérieur de la tête de la sculpture, et
bien d’autres éléments encore : personnages en plâtre et en décomposition, échelle indiquant la hauteur de
la sculpture, bloc de ferraille compactée, porte monumentale… Il faut entrer à l’intérieur de la construction
et monter au sommet de cette tour pour découvrir les différentes œuvres des amis artistes de Jean Tinguely
et Nikki de Saint Phalle.
Un couple d’artistes : à chacun son style
Jean Tinguely et Nikki de Saint Phalle se rencontrent à Paris en 1955 et se marient en 1971. Ils travaillent
ensemble sur de nombreux projets.
Jean Tinguely se souvient qu’il confectionne dès l’âge de 13ans des
mécanismes à base de roues en bois et divers objets qu’il installe sur les
ruisseaux et qui produisent des sonorités. Sa démarche artistique consiste en
la réalisation de sculptures-machines réalisées à partir de matériaux de
récupération, principalement des roues et des mécanismes.. Elles sont parfois
recouvertes d’une couche de peinture noire, pour camoufler la nature des
objets trouvés. Ses machines sont toujours ludiques, non fonctionnelles,
bruyantes, extravagantes, grinçantes, aux mouvements chaotiques et
absurdes.
Nikki de Saint Phalle crée des figures féminines (et aussi des animaux réels
ou imaginaires) tout en rondeurs, faites de grillage, papier mâché ou
polyesters, qu’elle appelle « Nanas » et auxquelles elle insuffle une vie
joyeuse, peintes de couleurs vives, animées de motifs, les Nanas expriment
un sentiment de fantaisie et de liberté et portent la vision féministe de
l’artiste.
Une aventure humaine
Jean Tinguely et Nikki de Saint Phalle ont élaboré cette œuvre ensemble et réuni une quinzaine d’artistes
autour de ce projet qui a duré plus de 20 ans. Certains artistes ont participé au chantier de la construction de
la Tête, alors que d’autres ont créé des œuvres en lien avec cette sculpture monumentale. Nikki de Saint
Phalle dira : « Jean aime le travail des autres, et donc ce fut un geste tout à fait naturel que d’accueillir leurs
œuvres dans son rêve ». Elle s’occupera de finir le Cyclop avec ses amis artistes après la disparition de son
mari en 1991. Malgré les difficultés techniques, les actes de vandalisme, le coût et la durée du chantier, le
Cyclop aura pu être achevé grâce à la détermination et au soutien des amis artistes de Jean Tinguely.
Une prouesse technique
Dès le début du chantier Tinguely doit trouver une solution adaptée pour créer les fondations de sa
sculpture monumentale sur un sol sablonneux. Il conçoit une plate-forme flottante en béton coulé,
transpercée de traverses d’acier enfoncées dans le sol. La structure (le squelette) est construite étage par
étage. Les maquettes élaborées au préalable ne suffisent pas : la construction est inventée au fur et à mesure,
Jean Tinguely et Seppi Imfof (soudeur) en sont les ingénieurs. L’équipe principale est limitée à 5personnes,
ils travaillent tous les jours, par tous les temps, portant les poutrelles à la seule force de leur bras et de
poulies (grue à main) même jusqu’à 22 mètres du sol. Les ferrailleurs autour de Milly apportent des tonnes
de matériaux qu’il faut trier ensuite : moteurs, restes métalliques d’usine désaffectée, tôle, roues,
engrenages, rouage, bielles, morceaux de machines agricoles, poutrelles…
Relève de la prouesse technique : L’utilisation de ferraille rouillée car elle est difficile à souder (procédé
thermique qui consiste à faire tenir les éléments ensemble). L’utilisation de moteurs usagés pour créer le
mouvement des sculptures-machines est un exploit technologique. Enfin les dimensions de l’ensemble.
Une sculpture monumentale
Le Cyclop, nommé initialement Monstre dans la Forêt est une sculpture dans laquelle on pénètre et on
circule : elle tend vers l’architecture.
En tant que tête, elle semble démesurée si on la compare à l’échelle humaine. En tant que monstre ou
cyclope, elle est haute de 22,50 mètres et arrive à la cîme des arbres, ce qui peut correspondre à la taille
gigantesque de cet être imaginaire ou mythologique. En tant qu’architecture construite au milieu d’une
clairière, c’est une tour constituée de trois étages et d’une terrasse en son sommet, qui se détache nettement
de son environnement par ses dimensions, son style et sa forme. C’est un édifice remarquable, mais ce
n’est pas un monument (édifice qui entretient la mémoire ou glorifie un personnage).
Par contre cette sculpture occupe l’espace de la clairière et s’y impose. Elle contient une dimension
monumentale sur le plan physique : le spectateur peut se sentir dominé (à l’extérieur, au pied du Cyclop),
englouti (à l’intérieur), porté à une hauteur vertigineuse (au niveau de la cime des arbres). Sur le plan
symbolique : un hommage monumental au mouvement, à la métamorphose poétique du réel, au
détournement du monde des machines, ….
Traits de l’enfance
Nikki de Saint Phalle évoque ses amis « Ils se sentent comme des enfants qui construisent une cabane dans
les bois ». Chacun travaille à sa manière sur ce projet commun, avec beaucoup de liberté.
Le premier palier était initialement dédié aux enfants, avec la présence de la langue toboggan.
Dès les premières marches de l’escalier dont les marches sont trop hautes, le spectateur adulte fait une
expérience qui évoque l’enfance. Tout au long de la visite le spectateur marche, grimpe, se baisse, touche,
participe, découvre le lieu et les œuvres comme s’il parcourait un jeu de piste. L’art et la vie ne sont pas
séparés, comme le jeu fait partie de la vie de l’enfant.
SOTO - Pénétrable. 220x325x360cm. Plaques d’inox, 800 tiges d’aluminium creuses à section carrée,
diamètre de 2 à 5 cm. Crée en 1960, installé au Cyclop en 1994. Il faut traverser en se frayant un chemin à
travers les tiges, créant des sonorités variées.
Philippe BOUVERET- Le Théâtre. 3e palier. 156x156cm. Marteau, dame-Jeanne en verre, balancier en
aluminium, contre-poids . 1994. 8 sièges de récupération reliés à Méta-Harmonie. Le spectacle est dans la
salle : la position inconfortable, le déséquilibre du spectateur sur le siège dans une position ridicule.
Meta-Hamonie, Dégringolade Jean Tinguely.
Jean Tinguely a dit : « le jeu est art - C’est pourquoi je joue. Je joue avec rage ».
Critique de la société industrielle et de consommation
La société de consommation : Les consommateurs découvrent à partir des années 50 des produits
nouveaux de fabrication industrielle : réfrigérateur, automobile, lave-linge et téléviseur. Alors que les
revenus des familles augmentent, les prix des produits, standardisés et fabriqués en masse baissent : ils
deviennent relativement bon marché et ne sont plus réservés à une élite. Dans les années 60 les produits
inutiles se multiplient, ainsi que le gaspillage, la prolifération des déchets, le stress lié à un nouveau
mode de vie inspirée de la culture américaine. Dès 1968, en Europe et surtout en France, des jeunes, des
étudiants se révoltent contre cette culture et veulent défendre un autre mode de société.
Le Nouveau-Réalisme (1960-1970) : est un mouvement artistique français qui rassemble des artistes
(Tinguely, Arman, César, Spoerri, Klein, Villeglé, Hains…) autour du geste d’appropriation des objets,
des déchets de la société de consommation. L’assemblage et l’accumulation comme pratiques
artistiques afin de créer des œuvres ancrées dans la réalité quotidienne soulignent la critique et la
révolte contre cette société.
Thème des machines : « La machine est un monstre … la machine doit devenir une œuvre d’art »
proclame Jean Tinguely qui crée des sculptures cinétiques (en mouvement) sous la forme de machines
totalement inutiles.
Méta-Harmonie - Jean Tinguely, se situe dans la Tête au niveau du cerveau du Cyclop, est constituée de
deux grosses machines, animées par de puissants moteurs relayés par des courroies qui font tourner des
rouages et circuler des boules métalliques à travers le Cyclop de l’intérieur à l’extérieur. Jean Tinguely
exploite les possibilités d’expression de la roue d’engrenage : c’est un symbole des débuts de
l’industrie, avant l’ère de l’électronique. Il crée des mécaniques imprécises (elles se bloquent, dérapent,
s’arrêtent). Il joue sur la démultiplication du mouvement, qui ne produit rien sauf du mouvement gratuit
et des sons, du bruit. L’art de Tinguely est un détournement de la machine industrielle précise, utile,
efficace, qui contraint l’homme à un travail répétitif, cadencé, parcellaire. Mais en même temps
Tinguely est passionné de technologie, notamment de voiture de formule 1. Ses machines sont le
résultat d’un jeu complexe de formes, de couleurs, de lignes, de relation avec l’espace, de sens,
d’humour…. « Méta, ça veut dire ailleurs, ça veut dire à coté, au-dessus, c’est pas ça, c’est pas là… »
nous dit Jean Tinguely.
Thème de l’accumulation : le Cyclop est une construction à base de ferraille : barres, poutrelles, tiges,
plaques, roues, grilles qui sont à la fois des objets, et un matériau de construction. La quantité
d’éléments en ferraille accumulée donne une impression de profusion, et renforce les idées de
consommation, de prolifération des rebuts.
L’accumulation en art, est un procédé artistique du XXe siècle, qui consiste à collectionner, regrouper,
entasser des objets de même ou de différentes natures dans des œuvres en 3D.
Accumulation de gants - ARMAN . 150x200cm. Composition : gants usagés, coffrage en plexiglas.
Date de création : 1994. Arman a récupéré auprès de Tinguely deux caisses (environ 200) de gants de
travail maculés de graisse ayant servi lors de la construction du Cyclop. Il les a empilés et bloqués entre
deux plaques de plexiglas, sans chercher à les organiser. Cette quantité de gants crée un effet de matière
et une couleur qui est aussi important que l’identification de l’objet « gant », symbole du travail
collectif accompli. On peut parler de recyclage poétique de l’objet usagé en œuvre d’art.
Compression – CESAR. 150x60x60cm. 1 tonne. Composition : ferraille restant du chantier de
construction. Date de création : 1994. César a utilisé une presse hydraulique dans une casse de
voitures, pour compacter la ferraille récupérée sur le terrain. La sculpture est un bloc en 3D, de cette
matière de couleur rouille qui était éparpillée au pied du Cyclop. On peut identifier quelques objets :
morceaux de passerelle, poste à soudure, plaques… mais l’ensemble reste informe, la sculpture est
comme le symbole de destruction de la matière, et de la fin d’un cycle : le déchet qui restera dans cet
état.

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