Homélie – Carême 4ème dimanche – Laetare

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Homélie – Carême 4ème dimanche – Laetare
Homélie – Carême 4ème dimanche – Laetare - Année C
Wavre, paroisse Saint-Jean-Baptiste
09-10 mars 2013
« un monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né »
Sur notre chemin de Pâques, Paul nous rappelle que si nous sommes en JésusChrist, nous sommes déjà des créatures nouvelles !
En ce dimanche de joie à la mi-carême, la liturgie de la Parole de ce jour nous invite à
rentrer dans cette nouvelle ère qui a déjà commencé. Vivre toujours avec davantage de
force et de conviction profonde notre vie nouvelle de baptisé… même si pour certains
cela remonte loin…
Josué, dans la première lecture, nous parle de la nouveauté qui commence à
partir du jour où les fils d’Israël ont passé le Jourdain vers la Terre promise… rappel
de la Pâque, du passage de la Mer Rouge et de la libération de l’esclavage par le
Seigneur Dieu.
« un monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né »
Chemin identique de conversion pour le fils de l’évangile, qui a tout dépensé : il
lui faut apprendre (tout comme nous aussi en ce temps béni du carême !) à connaître ce
père qui l’accueille, icône de Dieu. Pour lui aussi, un nouveau monde est en train de
naître.
Oui, frères et sœurs, en Jésus Christ s’ouvre le passage, la Pâque, entre le
monde ancien, celui de l’esclavage, des idoles, du péché… et le monde nouveau, celui
de la liberté, de la vérité et de la réconciliation.
Chaque année, l’Eglise nous invite à vivre cette Pâques du Christ, ce passage pour
nous, avec le Christ !
C’est pour cela que nous donnons au Christ Jésus le titre de SAUVEUR ! Celui qui
nous sauve en ouvrant et inaugurant ce passage de la mort à la vie, de toutes nos
petites morts aussi à plus de vie dans notre vie…
« un monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né »
Chaque dimanche, nous proclamons notre foi en Dieu Père, Fils et Esprit-Saint,
en récitant le Credo. Dimanche dernier, notre doyen nous a permis d’approfondir notre
connaissance de celui que l’on appelle « Père ». En cette « Année de la Foi », nous
souhaitons en effet, à l’invitation de notre archevêque, approfondir ce trésor commun à
tous les chrétiens qu’est notre « symbole » de foi, c-à-d notre signe d’unité.
Aujourd’hui poursuivons ensemble avec la personne du « Fils ».
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Le symbole de foi de Nicée-Constantinople (nom donné à ce credo en référence
à deux villes où se sont tenus les conciles qui ont amené à ce texte) nous dit :
« je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ, (…) pour nous les hommes et pour notre
salut, il descendit du ciel. »
Voilà pourquoi Dieu s’est incarné en Jésus. En Jésus-Christ, Dieu nous apporte le
salut. Le salut, c-à-d le fait d’être sauvé. Jésus est le « salvateur », celui qui nous
sauve.
Comme le disait saint Paul dans la 2ème lecture :
« Dieu nous a réconciliés avec lui par le Christ ».
Par le Christ le salut de Dieu est venu dans le monde, un monde nouveau est déjà né.
Et Jésus est sauveur parce qu’il n’est pas simplement homme, mais parce qu’il
est Dieu aussi ! S’il était simplement homme, Jésus n’aurait pas pu nous sauver…
Mais s’il n’avait pas été homme il n’aurait pu assumer pleinement notre condition
d’homme !
Jésus est « vrai homme » et « vrai Dieu ». Pas 50/50… Mais 100% homme et 100%
Dieu ! Sans division et sans confusion !
Cela dépasse l’entendement humain me direz-vous… j’ai peut-être déjà largué certains
qui n’arrivent plus à suivre…
Il s’agit là de 2 points clé de notre foi, qui nous donnent la direction dans laquelle il
faut chercher le mystère de la personne de Jésus.
Jésus est donc vrai homme :
L’enjeu du Concile de Nicée était essentiellement la pleine reconnaissance de
la divinité de Jésus autant que de sa véritable humanité. Les premières attaques que
dut subir la foi de l’Église vinrent du côté de ceux qui niaient que Jésus soit vraiment
un homme comme nous. Partant de considérations philosophiques, ils jugeaient
indigne d’une personne divine qu’elle devienne vraiment homme. « Dieu est Dieu »,
pensaient-ils. Il est éternel. Comment entrerait-il dans le temps ? Il est tout-puissant.
Comment épouserait-il la fragilité de la condition humaine ? Il est immortel. Comment
serait-il exposé à la mort. Ils jugeaient donc que l’humanité de Jésus n’était qu’un
vêtement superficiel, une apparence extérieure, non la réalité.
C’est contre eux, et par fidélité au Nouveau Testament, que le Symbole de Nicée
insiste sur la vraie humanité de Jésus. Il est vraiment « descendu du ciel, a pris chair
de la Vierge Marie et s’est fait homme, fut crucifié, souffrit sa passion et fut mis au
tombeau ». Oui ! Dieu est si grand, mais si libre aussi dans son amour, que le Fils de
Dieu, sans rien perdre de sa divinité, assume véritablement notre nature humaine en
sa fragilité.
Bref, pour que l’homme puisse devenir Dieu, Dieu est réellement devenu
homme parmi les hommes. Et il ne s’agit pas d’un mythe intemporel, comme ceux de
la mythologie grecque ou latine. Il s’agit d’un événement historique qui s’est déroulé
sous Ponce Pilate, gouverneur romain de la Judée.
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Jésus est vrai Dieu :
Les autres attaques vinrent du camp opposé, à savoir de ceux qui jugeaient que
Jésus n’était pas véritablement Dieu. Il était une créature, semblable aux autres
créatures. Une créature d’une particulière noblesse, « adoptée » par Dieu comme son
porte-parole et même comme sa parole retentissant dans un être humain. Mais pas
vraiment le Fils de Dieu fait homme, pas vraiment la Parole éternelle de Dieu devenue
chair.
C’est pour cela que le symbole de Nicée-Constantinople proclame avec insistance la
vraie divinité de Jésus.
Pour être encore plus clair, le Symbole de Nicée précise encore la radicale
différence entre le Fils de Dieu et toute créature. Le Fils est, avant tous les siècles, «
engendré et non pas créé », c’est-à-dire engendré de toute éternité de Dieu et en Dieu,
et non pas créé par Dieu, dans le temps, à partir de rien, hors du néant. Les créatures
reçoivent, certes, leur être de Dieu, mais elles ne sont pas de même nature que Dieu.
Le Fils, lui, est de même substance ou essence ou nature que le Père, même s’il est une
autre personne que le Père, mais tout aussi divine que le Père.
Conclusions :
Avec Jésus-Christ, notre Sauveur, vrai Dieu et vrai homme, continuons notre
route de carême avec confiance et assurance.
C’est un peu comme dans un match de foot… nous sommes à la mi-temps de notre
route vers Pâques…
L’occasion de faire le point, de reprendre courage et force, comme le font les joueurs
de foot dans les vestiaires…
Aujourd’hui cet appel retenti :
« ne soyons pas tétanisés par nos peurs, mais laissons la foi l’emporter dans nos vies »
Et comme nous le rappelait l’évangile : TOUS, nous sommes les bénéficiaires du
Seigneur et SAUVEUR Jésus qui, par sa vie, sa mort et sa résurrection, nous réconcilie
avec le Père.
« un monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né »
Abbé Emmanuel de Ruyver+
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