petites entreprises, territoires et ressources humaines
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petites entreprises, territoires et ressources humaines
Opération pilote ″petites entreprises, territoires et ressources humaines″ Intervention de Christine MERCIER, Conseil Régional de Bretagne 4èmes Rencontres emploi formation du 15/01/2004 Coordonnées : 02 99 27 12 63 – [email protected] - http: //www.region-bretagne.fr ONTEXTE Les entreprises expriment des difficultés à recruter, à fidéliser, à motiver les salariés…. Elles ont régulièrement besoin de faire évoluer leur organisation et les compétences pour réaliser leur projet, assurer leur avenir et celui de leurs salariés. Elles ont à relever le défi du vieillissement de leur effectif et de l’adaptation des conditions de travail, de l’attractivité de l’entreprise voire du territoire pour renouveler les compétences. Les petites entreprises bretonnes de moins de 30 salariés, qui constituent plus de 90 % du tissu économique breton, ne mesurent pas toujours l’importance de développer une véritable démarche de gestion des ressources humaines. Le dirigeant de petite entreprise, assume souvent seul les responsabilités, financières, juridiques, techniques, sociales et morales de son entreprise. Or il ne peut être expert dans tous les domaines et a souvent du mal à se poser, prendre du recul et à discerner les problèmes et les priorités. Dans ce contexte, la gestion des ressources humaines se réduit souvent à la seule gestion administrative du personnel qui est parfois externalisée. Les petites entreprises peuvent bénéficier des soutiens financiers et des appuis techniques mis en place par les pouvoirs publics. Toutefois, dans les faits, elles les sollicitent peu. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette situation : le manque de disponibilité du chef d’entreprise, le faible recours à des expertises externes et l’inadaptation des accompagnements proposés aux spécificités de ces entreprises. Pour mémoire, le besoin de sensibilisation et d’accompagnement des petites entreprises sur la gestion des ressources humaines avait été fortement relayé par les acteurs emploi-formation lors des consultations Ariane 2 menées dans chaque Pays fin 2001. LA RÉPONSE PROPOSÉE PAR LE CONSEIL RÉGIONAL DE BRETAGNE Le Conseil régional a donc décidé de mettre en œuvre une action expérimentale pour identifier la formule d’accompagnement et la méthodologie de mise en œuvre la plus adaptée aux spécificités des petites entreprises et aux besoins particuliers de leurs dirigeants. Votée par le Conseil régional en 2001, l’opération pilote « petites entreprises, territoires et ressources humaines » a pour objectif de créer une dynamique coopérative, s’appuyant sur des porteurs de projets locaux pour mobiliser les entreprises et les acteurs des territoires. Cette démarche vise à rassembler des chefs d’entreprises, au sein de groupes de travail, pour leurs permettre d’exprimer leurs problèmes, de partager leurs expériences et de rechercher ensemble des solutions autour de la thématique des ressources humaines. La démarche s’adresse aux petites entreprises, de moins de 30 salariés, des secteurs de l’industrie et des services aux entreprises. La Région s’est donc assurée le concours de 4 acteurs du développement local en charge d’encadrer une action collective sur leur territoire respectif : le CBE de Redon et de Vilaine (Comité de bassin d’emploi), l’ADE du pays des Abers (Agence de développement), la CODI (Communauté de communes du pays de Dinan) et l’ALEF Cornouaille (observatoire chargé d’animer la relation emploi formation sur le territoire). Chaque porteur de projet a mis en place une démarche singulière tenant compte des spécificités du territoire, des entreprises participantes et de la structure. LE DÉROULEMENT DES PROJETS Les porteurs de projets se sont chargés de mobiliser les entreprises et les partenaires locaux. Ils ont été garant de la cohérence de la démarche, de la méthode de travail et de l’organisation partagée par tous les participants. Des consultants experts assurent l’animation des groupes de travail sous la responsabilité des porteurs de projet pour faciliter l’expression, donner des clés de lecture et de compréhension et transmettre des valeurs humaines. Identification et mobilisation Mobilisation des partenaires La mise en œuvre de l’opération pilote suppose de mobiliser et d’associer toutes les compétences locales utiles permettant de recueillir de l’information qualitative sur les entreprises et de disposer de données sur les caractéristiques emploi-formation des territoires (observatoires locaux). Constitution d’un comité de pilotage La mise en place d’un comité de pilotage, associant toutes les compétences locales identifiées, doit permettre de construire avec l’ensemble des partenaires, de mettre en cohérence avec les autres actions, de rendre compte, de réguler si nécessaire et d’assurer le portage politique. Identification et mobilisation des entreprises Après identification d’un panel d’entreprises représentatif du territoire, les porteurs de projets ou, pour certains projets les consultants chargés de l’animation des futurs groupes de travail, ont réalisé des entretiens individuels avec les chefs d’entreprise. Ces entretiens sont indispensables pour plusieurs raisons. En premier lieu, ils permettent de vérifier l’adhésion réelle du dirigeant, notamment en examinant à quels besoins, attentes, le chef d’entreprise raccordait son intégration au groupe de travail. Au-delà du climat de confiance ainsi créé, ces contacts préalables ont d’évidence permis d’asseoir la démarche collective sur une appropriation individuelle des chefs d’entreprises. Mise en œuvre et déroulement des projets Organisation des séances Les porteurs de projets ont constitué des groupes multi-sectoriels de 6 à 10 entreprises, soit 56 entreprises au total, regroupant des activités industrielles, de service aux entreprises mais également de services aux particuliers et du commerce et de l’artisanat. Les rencontres mensuelles se sont déroulées sur une période de 6 à 12 mois. Les durées de rencontres ont varié de 2 heures à 1 journée, la demi-journée étant plébiscitée par les chefs d’entreprises Approche des thématiques Les groupes de travail ont abordé les problèmes de gestion des ressources humaines sur deux niveaux : § Les difficultés internes et spécifiques à l’entreprise : technique de recrutement, motivation des salariés, évaluation des salariés... ont été traitées dans le cadre d’échanges d’expérience entre les chefs d’entreprises, avec l’apport d’expertises des consultants ; § Les difficultés liées aux spécificités socioéconomiques des territoires et de certains secteurs d’activité : attractivité, vieillissement de la population,… nécessitent un travail élargi avec les acteurs emploiformation des territoires : ANPE, OPCA, Missions locales,... QUELLES RETOMBÉES POUR LES ENTREPRISES…ET POUR LES TERRITOIRES ? Développement des réseaux relationnels Les chefs d’entreprise ont mesuré l’intérêt du travail coopératif et des échanges entre pairs. Nombre d’entres eux ont d’ailleurs exprimé le désir de poursuivre les rencontres et de renforcer le relationnel initié dans les groupes de travail. Pour répondre à ce besoin, accompagnés par les porteurs de projets, ils construisent ensemble des réponses : - Mise en place d’une formation collective de l’encadrement intermédiaire en vu de développer une fonction ressources humaines partagée. - Regroupement de plusieurs entreprises pour faire appel ensemble à un consultant et inversement association de consultants pour proposer une prestation complète aux entreprises. - Maillage d’entreprises qui ont des besoins en compétences proches, pour développer le travail à temps partagé. - Regroupement d’entreprises au sein d’une association pour poursuivre un projet export. La constitution de groupes multi-sectoriels a non seulement permis d’assurer une dynamique collective, grâce à une hétérogénéité des profils, des fonctionnements et des cultures, mais a surtout offert l’opportunité aux petites entreprises d’élargir leurs réseaux d’acteurs habituels, locaux et professionnels. Les entreprises ont découvert de nouveaux secteurs aux préoccupations similaires, ont développé leur activité en identifiant de nouveaux clients, fournisseurs, prestataires et partenaires (identification de savoir-faire complémentaires) parmi les membres du groupe. Les porteurs de projet sont également bénéficiaires de cette dynamique puisque leur rôle est désormais mieux intégré par les chefs d’entreprise qui les ont côtoyés. Parallèlement, les porteurs de projet, en participant au groupe de travail, ont pu avoir une approche pragmatique des difficultés des entreprises. Les consultants ont, quant à eux, développé leur capacité d’écoute et ont renforcé leur savoir-faire dans l’accompagnement des petites entreprises. ________________________________________ Développement d’une culture ressource humaine Les chefs d’entreprise souhaitent avant tout trouver des solutions aux préoccupations qui ont été à l’origine de leur participation à l’opération. Ces préoccupations ne sont pas d’emblée reliées à la nécessité de renforcer leurs compétences en management et gestion des ressources humaines. Tout l’enjeu de la démarche est donc, en partant des difficultés concrètes des chefs d’entreprises, de développer une culture ressources humaines chez les dirigeants et de favoriser sa diffusion au sein des entreprises. Les actions ont permis une prise de conscience des enjeux liés aux ressources humaines faisant naître du même coup un besoin d’accompagnement régulier de chaque chef d’entreprise sur ces questions. En effet, cette fonction clé de l’entreprise nécessite une prise en compte permanente. L’objectif du Conseil régional n’est pas de proposer un accompagnement permanent, mais bien d’initier une dynamique afin de favoriser l’implication des chefs d’entreprise en matière de GRH de façon durable. S’ils souhaitent poursuivre la démarche, les chefs d’entreprises doivent s’organiser et rechercher des solutions qui leurs conviennent. Les premiers éléments d’évaluation de l’opération pilote démontrent que les projets basés sur des dynamiques collectives, associant des acteurs d’un même territoire, répondent aux attentes des petites entreprises et encouragent le développement de ces formes d’accompagnement.