Pendant longtemps, l`étude des jeux n`a guère été que l`histoire des
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Pendant longtemps, l`étude des jeux n`a guère été que l`histoire des
Banque « Agro – Véto » AT – 0212 FRANÇAIS Durée : 3 heures ______ L’usage d’une calculatrice est interdit pour cette épreuve. ______ Cette épreuve a pour objectif d’évaluer la capacité du candidat à comprendre puis à produire une argumentation, sa connaissance du programme, la qualité de la formulation écrite et la correction de la langue (orthographe et grammaire). Elle comporte trois parties : 1) Analyse en 150 mots (marge de 10 % en plus ou en moins tolérée) d’un texte de 750 mots environ, en lien avec le programme des œuvres étudiées. (notée sur 8 points) voir pages 2 et 3. 2) Une question de vocabulaire portant sur deux mots ou expressions du texte, à définir dans leur contexte. (notée sur 2 points) voir page 3. 3) Un développement d’une page et demi environ, à partir d’une citation extraite du texte ; ce développement devra s’appuyer sur les trois œuvres du programme de l’année. (noté sur 10 points) voir page 3. 1/3 T.S.V.P. 1) (notée sur 8 points).Analysez le texte suivant en 150 mots (avec une marge de plus ou moins 10%). Indiquez le nombre de mots en fin d’analyse, en respectant un décompte conforme à celui des typographes : « il n’est pas », « c’est-à-dire », « le plus grand », comptent respectivement pour 4, 4 et 3 mots. ___________________________ Il faut donc de la force, le glaive. Même si ce n’est pas sympathique, c’est nécessaire. Nous l’avons redit plusieurs fois après Max Weber, la justice des hommes c’est le monopole de la violence légitime. Il faut qu’il y ait une autorité, police, justice, qui mobilise ce que les juristes appellent la « contrainte publique », et que ses décisions fassent autorité pour s’imposer. Ensuite, il faut essayer de toujours faire un usage civilisé de ce glaive. C’est là qu’on trouve l’idée de la balance pour peser le pour et le contre. Elle peut être une balance de pharmacien, d’orfèvre, pour peser les arguments. Finalement l’essentiel, c’est le troisième attribut : le bandeau. On a pu le caricaturer en disant que c’était une justice aveugle, qui maniait son glaive à l’aveuglette. Mais le bandeau, c’est plutôt la capacité du tiers à être impartial, au-dessus de la mêlée. C’est cette espèce de regard intérieur qui fait que le juge est en quelque sorte indexé, polarisé par la loi dont il n’est que la bouche. Qu’attendre de cette justice, de ce tiers, de ce juge impartial avec son bandeau, son glaive et sa balance ? La réponse est double. Il y a une finalité courte et une finalité longue. J’emprunte cette réponse à Paul Ricœur. La finalité courte est le but évident du juge qui veut départager les plaideurs, attribuer à chacun ce qui lui revient, ou restituer à la victime la part qu’on lui a prise indûment. « Attribuer à chacun ce qui lui revient » : telle est la fonction la plus ancienne du droit. Cela renvoie à une conception de la société comme société de répartition, d’attribution et à une conception de la justice comme justice de distribution. C’est une conception très estimable de la société, mais qui n’est encore qu’une finalité insuffisante. La finalité longue, selon Paul Ricœur, est la plus profonde. C’est elle qui fait vraiment la valeur de l’institution de la justice, elle dépasse la répartition des parts et cherche à « faire prendre ou reprendre part au jeu social à tous ses protagonistes », à faire en sorte que personne ne perde la face, ne soit complètement exclu du jeu. Cela veut dire que, même dans un procès pénal, il faut d’une part accorder la reconnaissance à la victime. La victime demande à être reconnue dans son état de victime. Mais il faut aussi accorder cette reconnaissance au coupable afin qu’il paie sa dette et que lui soit laissée la possibilité de s’amender, une fois cette dette payée, pour être réintégré dans la société. C’est Hegel, repris par Alain, qui a dit que la sanction « honorait le coupable » : « La sanction est donc ce qu’on doit au coupable… ». Cette formule, sous la plume de Hegel, concernait la peine de mort. Il voyait, même dans la peine de mort, le moyen pour un être humain de s’offrir l’occasion de risquer sa vie et, ce faisant, se donner son honneur d’homme. C’est une mesure de réhabilitation de l’homme en son humanité puisque par définition l’être moral est un homme libre. Qui dit liberté dit acceptation du risque de transgression ; mais il faut reconnaître que cela n’a rien d’évident ; l’inverse de cette position, c’est l’idéologie sécuritaire : on ne considère pas les hommes comme libres, on considère qu’il faut les « programmer » pour qu’ils ne versent pas dans la délinquance. On a là deux modèles très différents de conduite humaine : ou bien on considère les hommes comme libres et on s’adresse à eux par des interdits religieux, moraux, juridiques : « tu ne feras pas… » mais on sait bien qu’il est possible qu’ils le fassent quand même, auquel cas ils seront punis ; 2/3 ou bien on ne fait pas confiance, et on s’arrange pour que le délit ne se produise pas, comme on le fait avec des petits enfants ; c’est une question d’actualité. Bien des gens voudraient remplacer les règles juridiques par des règles disciplinaires dans le cadre d’une idéologie sécuritaire. Plutôt qu’une élimination physique du coupable, on peut tout faire pour le réintégrer en son humanité. On considère que c’est un homme libre qui a fauté, et on considère qu’il est capable de payer sa dette et, lorsqu’il aura payé sa dette, de réintégrer la société. Une bonne justice sera donc une justice qui s’explique et convainc, qui s’adresse à chacun de façon à renouer le lien social au-delà du différend (1). François Ost, « L’invention du tiers : Eschyle et Kafka », Esprit, août-septembre 2007, n°337, p.164-165. (1) Différend : désaccord, querelle. 2) Questions de vocabulaire (notées sur 2 points). Expliquez, en vous appuyant sur le contexte, le sens des expressions suivantes : - « monopole de la violence légitime », §1 - « l’idéologie sécuritaire », §8 3) Développement (noté sur 10 points) : Le juriste François Ost écrit : « Une bonne justice sera donc une justice qui s’explique et convainc, qui s’adresse à chacun de façon à renouer le lien social au-delà du différend. » Cette affirmation vous semble-t-elle convenir à votre lecture des Choéphores et des Euménides d’Eschyle, des Pensées et des Trois discours sur la condition des Grands de Blaise Pascal, et des Raisins de la colère de John Steinbeck ? _________ 3/3