Caïn et Abdel
Transcription
Caïn et Abdel
Caïn et Abdel L’ange narrateur La tolérance, starlette très médiatique La Lien du Sang Abdel, guitare en bandoulière, se plait à interpréter Le Métèque Caïn, son frère, jaloux, qui ronge son frein, assassin très ordinaire (personne n’aurait pu se douter) ANGE : Bien que frères, Caïn et Abdel étaient deux individus très différents. Caïn était plutôt légumes… haricots blancs… secs CAÏN : C’est bien mieux d’être blanc ! ANGE : Abdel, lui était plutôt… CAÏN : Gueule de métèque ! Juif errant ! Pâtre grec ! ABDEL (chantant) : … et mes cheveux aux quatre vents… CAÏN : Stop ! Il commence déjà à me courir sur le haricot… ANGE : Donc entre Caïn et Abdel, le fossé se creusait grave ! Seul le Lien du sang les unissait encore… Le Lien du Sang s’avance, prend les mains des 2 frères et tente de les réunir. LIEN DU SANG : Je suis le Lien du Sang… Depuis que l’Homme se dégomme, je crie dans le silence et l’indifférence de vos cœurs : « Quoi que vous pensiez, quoi que vous fassiez, vous êtes tous frères » D’un geste furieux, Caïn fait fuir le Lien du Sang CAÏN : Moi, le Lien du Sang, je fais sans… ANGE : Donc entre ces 2 êtres si différents, seule la Tolérance persistait encore. La Tolérance s’avance en faisant quelques pas de danse. A son tour, Caïn la menace sauvagement et la fait fuir. CAÏN : Ouais… Ouais… La Tolérance elle fait bien de se tirer, non mais ! On ne peut pas tolérer l’intolérable ! Parce que ça … (d’un doigt accusateur il montre Abdel) ANGE : C’est-à-dire ? CAÏN : Il me gonfle en permanence ! Il a du fric, on se demande d’où… et moi, il sait que je suis juste… même plus un rond pour finir ma piscine… C’est tolérable ça ? Il m’énerve… J’ai envie de le tuer ! ANGE : Calmez-vous Caïn ! Les mots dépassent votre pensée, vous vous faites du mal… Remettezvous en à Dieu. CAÏN : Ah parlons-en de Dieu ! Abdel c’est son chouchou, alors ! Il sort une arme et la charge ANGE : Que faites-vous ? CAÏN : Je vais mettre fin à ma souffrance. ANGE : Le gros pitbull de la jalousie est tapi devant ta porte… Tu le laisse entrer et il te dévore ou tu sors et lui mets une grosse tête ? Réfléchis bien Caïn. CAÏN : C’est vrai, il faut que je réfléchisse Court silence méditatif ANGE : Alors ? CAÏN : J’ai réfléchi. Il se tourne vers Abdel et vide son chargeur. Abdel, touché en plein cœur tombe. CAÏN : Voilà ! ANGE : Bien qu’ils soient frères, Caïn tua Abdel et le crime fut. Pour avoir ouvert au pitbull de la jalousie, Caïn fut condamné à l’errance et dut porter toute sa vie le poids de sa conscience. Caïn marche de long en large, Abdel sur son dos, le Lien du Sang et la Tolérance ne cessant de se rappeler à son souvenir ABDEL : Tu m’as tué ! LA TOLERANCE : qu’as-tu fait à ton frère Caïn ? LIEN DU SANG : Je suis le Lien… ABDEL (chante) : Avec ma gueule de métèque… LA TOLERANCE : Qu’as-tu fait à ton frère, hein ? LIEN DU SANG : Le Lien du Sang…