Le sport en Chine - French Chamber of Commerce and Industry in

Transcription

Le sport en Chine - French Chamber of Commerce and Industry in
Connexions联
www.ccifc.org
Le magazine de la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine
结
Numéro 38
中国的体育
Le sport en Chine
Plus
Réforme de l’impôt
sur les sociétés
La BD chinoise
Les atouts du Hubei
All members of the French Chamber of Commerce and Industry in China have 5% discount
Directrices de la publication
Florence Gomez - Juliette Yanitch
Responsable de la publication
Agathe Allain
Responsable du dossier
Anne Garrigue
Responsable de la traduction chinoise
Patricia Ruan
Graphiste maquettiste
Xie Bin
Ont collaboré à ce numéro
Marc Alloin, Nicolas Ajacques, Laurent Ballouhey, Olivier
Balma, Mathieu Baratier, Gilles de la Bourdonnaye, Antonia Cimini, Anne-Séverine Douard, Julie Desné, Sébastien
Fayet, Alexandra Felli, Fabienne Goyeneche, Frédéric Guiral, Loic Grasset, Yvonne Han, He Zhenliang, Mathias Herzog, Philippe Irlande, Guillaume Janet, Pierre Justo, Sophie
Lavergne, Liu Feng, Gaëtan Le Brigant, Ma Yun, la Mission
Economique près l’Ambassade de France en Chine, Stéphane Piskorz, Anne Valérie Ruinet, Shi Feng, Renaud de
Spens, Emilie Torgemen, Yu Lixian, Sandrine Zerbib, Joris
Zylberman
Photographie de couverture
Imagine China
Publicité
Pékin : Patricia Ruan Tél. : (010) 6512 1740 # 14
Shanghai : Moukda Phanthalangsy
Tél. : (021) 6132 7100 # 114
Guangzhou : Hervé Lambelin Tél. : (020) 8121 6818 # 801
CONNEXIONS est édité par la Chambre de Commerce et
d’Industrie Française en Chine
Pékin
Novotel Xinqiao Beijing, Area B, 6th Floor
2 Dongjiaominxiang, Dongcheng District
Beijing 100005, P.R.C.
E-mail : [email protected]
Tél : (010) 6512 1740
Fax : (010) 6512 1496
Shanghai
2/F, Mayfair Tower,
83 Fumin Road
Shanghai 200040, P.R.C.
E-mail : [email protected]
Tél : (021) 6132 7100
Fax : (021) 6132 7101
Guangzhou
2/F, 64 Shamian Road
Guangzhou 510130, P.R.C.
E-mail : [email protected]
Tél : (020) 8121 6818
Fax : (020) 8121 6228
Imprimé par
Versatra Graphics
Toute reproduction même partielle des textes et documents parus dans ce numéro est soumise à
l’autorisation préalable de la rédaction. La CCIFC décline toute responsabilité quant aux documents
qui lui auraient été fournis, ou aux erreurs qui auraient pu échapper à son attention. Les propos
tenus dans les articles n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs.
4
卷首语
Éditorial
Le sport en Chine, des ambitions en or
Chers membres, chers lecteurs,
Ce n’est pas un hasard si ce numéro de Connexions
est consacré au sport. A en juger par le nombre de
journaux et de magazines spécialisés en Chine -il en
existe pas moins de 12 353 - on comprendra que c’est
un sujet qui passionne les Chinois.
Au fil des pages vous découvrirez des articles, des
entretiens, ils traitent de l’histoire du sport, son
évolution, ses retombées économiques et dressent
un tableau de ses différents visages : Lacoste et
Aigle rêvent de conquérir le marché chinois. Yvonne
Han, ancienne championne de softball, raconte
sa sélection dés l’enfance et la rigueur des années
d’entraînements. Paradoxalement, cette rude école
de volonté lui a peut-être permis sa reconversion
exemplaire. Sandrine Zerbib, en Chine depuis 12 ans,
nous explique la stratégie d’Adidas qui mise sur les
étoiles montantes. Plusieurs portraits de ces athlètes
complètent le panorama, de Deng Yaping, légende
vivante du ping-pong, à Liu Xiang, recordman du 110
mètres haies, jusqu’à Yao Ming, superstar du basket...
Ce phénomène de société que représente le sport
n’est pas récent. Il n’a fait que s’accentuer ces dernières
années et accompagne l’élevation du niveau de vie
des Chinois. Rappelons qu’on trouve déjà des traces
d’activités sportives, dans des reliques anciennes, qui
remontent à 4000 ans. Dès le 10è siècle le golf et le
polo firent leur apparition ! Un conseil : voir le Musée
du Sport de Chine à Pékin. De nos jours, on note
un regain d’intérêt pour les sports traditionnels, tels
les arts martiaux. Par ailleurs, après le ping-pong , le
volley-ball, le badminton, ... les Chinois éprouvent un
engouement pour le tennis, le golf, la voile, les sports
d’hiver, le billard, l’équitation et surtout le football.
Plus de 100 millions de fans regardent les matchs à la
télévision et 300 millions pratiquent un sport !
En 1984, la Chine participa pour la première
fois aux Jeux Olympiques et remporta 15 médailles
d’or, 8 d’argent et 9 de bronze... En 1992 et en 1996,
elle se hissa au 4ème rang, elle gagna la 3ème place
en 2000 avec 28 médailles d’or et la 2ème en 2004,
avec 32 titres olympiques. Son ascension sur la
scène sportive mondiale est impressionnante. Dans
la perspective des J. O. de Pékin de 2008, la Chine
prépare ses athlètes dans toutes les disciplines. Elle
affiche clairement ses ambitions en or !
Annick de Bentzmann
Présidente de la Chambre de Commerce
et d’Industrie Française en Chine
中国的体育,夺取金牌的雄心
亲爱的会员和读者们,
我们选择“体育”作为这期杂志的主题不是偶然的。
前遗留的古迹中发现了古代体育运动的痕迹,从10世纪起
经过对报纸和专业杂志数量的分析,我们发现在中国至少
就有了高尔夫球和马球!建议大家去参观一下北京的中国
有12.353种体育类的报纸杂志,因此可以得知体育是中国
体育博物馆。
人很感兴趣的一个主题。
今天,我们发现人们对传统体育项目重拾兴趣,比如
本期杂志的文章和访谈解读了中国的体育史,它的
武术。此外,继乒乓球,排球,羽毛球之后,中国人对网
发展以及带来的经济影响,并构成了一个多层面的画面:
球,高尔夫,帆船,滑雪,台球,马术,尤其对足球表现出
LACOSTE鳄鱼和AIGLE艾高想赢得中国市场。韩素青,
极大的兴趣。中国有1亿多球迷观看电视比赛,3亿多人参
以前的垒球冠军讲述了她自幼年时的严格选拔和多年来的
加体育运动。
艰苦训练。然而,这种经历给了她顽强的意志力并使她成
1984年,中国首次参加奥运会,夺得15枚金牌,8枚银
为世界冠军。桑德里娜.泽比博(Sandrine Zerbib)在中国居
牌和9枚铜牌......1992年和1996年,中国金牌数跃居世界
住了12年,她讲述了阿迪达斯以年轻体育新星为品牌代言
第四,2000年居第三,共获得28枚金牌,2004年居第二,
人的企业战略。
共获得奥运会32个项目的冠军。中国在世界体育舞台上取
对运动员的介绍丰富了杂志的内容,比如乒坛常青树邓
亚萍,110米栏世界冠军刘翔,还有篮球巨星姚明......
得的辉煌成绩令人瞩目。展望2008年北京奥运会,中国正
在为各个项目备战,表明了夺取金牌的雄心!
体育所代表的社会现象并不是新鲜事物,只是随着近
甘安懿
些年人民生活水平的提高而突显。我们已经从中国4000年
中国法国工商会会长
5
Connexions
Sommaire
Numéro 38
Entretien avec He zhenliang
« Il faut comprendre le patriotisme sportif
des Chinois »
10
Actualité
8
11
Entretien avec He Zhenliang
何振梁专访
Echos de la presse chinoise
Sur le Net
Ecoles
Entreprises
16
20
21
22
Dossier Le sport en Chine :
Des ambitions en or
27
Le sport, la politique par d’autres moyens ?
28
Les deux visages du sport
33
La médiatisation du sport
36
Sponsoring sportif en Chine : Quelles retombées ? 37
Les sports préférés des Chinois urbains
38
Sport professionnel
« Les Chinois veulent devenir la première puissance
sportive mondiale »
Le parcours sans faute de Deng Yaping
42
Liu Xiang la fusée jaune
46
Yao Ming opération superstar
47
La deuxième vie d’Yvonne Han
« Aucun pays au monde ne s’entraîne autant que
la Chine »
L’organisation du sport en Chine
Shichahai, l’école des champions
48
50
25
© Imagine China
Pékin 2008 :
Les jeux paralympiques
Dossier
Le sport en Chine
中国的体育
61
Aigle, la tendance Sportswear
© Aigle
Dossier
44
52
53
55
Sport loisir et ses retombées commerciales
Adidas, au plus près des stars chinoises
58
Lacoste, du tennis au ‘casual chic’
60
Aigle, la tendance Sportswear
61
China Team, l’Histoire dans les voiles
64
Tout schuss sur les sports de montagne
66
Le billard, nouvelle passion chinoise
69
Golf, le sport «classe affaire»
70
Le galop d’essai de l’équitation chinoise
Le rallye s’invite sur les routes de Chine
71
72
Angle Droit
Cadre légal de l’Architecture et du Design
74
Réforme de l’impôt sur les sociétés
75
Sommaire
Numéro 38
La Chine à la loupe
Moteur du centre-Chine, la province du Hubei
76
Jardin de Monet, l’une des toutes premières PME
françaises à avoir choisi Wuhan
78
DPCA, dans le Hubei ... une longue histoire
79
La France à la loupe
80
L’Aquitaine
76
La Chine à la loupe
© Imagine China
Portrait d’entreprise
La
a province du Hubei :
moteur du centre-Chine
HAVAS Sports à l’assaut du sponsoring
sportif chinois
92
Culture
Les Gens
Liu Feng promet un bel avenir à la BD chinoise
Bande dessinée
La bande dessinée chinoise fait sa bulle
en France
Lire
La sélection de Laurent Ballouhey
94
96
98
中文目录
La France à la loupe
© MICHELIN
85
52
专访 何振梁先生
阿基坦大区 L’Aquitaine
Ñ“要理解中国人的体育爱国热情”
时讯
13
公司简讯
Ñ
法国RCP公司进军中国市场
Ñ
彼慕羽在中国起飞
Ñ
爱集斯国际运输服务(上海)有限公司在华南的中心广
东设立了新的办事处
Ñ
法国企业国际发展局向励展中国转让“艺术法国,家
中绽放”的展览概念
23
23
24
26
专栏:中国的体育
Ñ
体育:政治的手段?
Ñ
阿迪达斯,最贴近中国明星的品牌
Ñ
Lacoste, 从网球系列到休闲系列
31
63
63
Ñ
艾高品牌瞄准中国的中产阶级
63
聚焦法国
63
Lacoste, 从网球系列到休闲系列
Ñ
© LACOSTE
© Louis-François Durret
Connexions
阿基坦大区
85
公司特写
Ñ
汉威士体育文化传播公司:直面中国体育赞助
93
Entretien avec He Zhenliang
‘‘ Il faut comprendre
© A. S. Douard
le patriotisme sportif des Chinois’’
He Zhenliang.
Né en 1929,
ancien viceministre en
charge des
sports de 1985
à 1994, il a
été président
du Comité
Olympique
Chinois entre
1989 et 1994.
Membre de la
Commission
exécutive du
CIO depuis 1985,
il en a été le
vice-président
de 1989 à 1993
et préside
aujourd’hui la
Commission
Culture et
Education
Olympique.
He Zhenliang, président d’honneur du Comité Olympique Chinois, membre du
Comité International Olympique, conseiller et membre du Conseil exécutif du
BOCOG1, parfaitement francophone, est immergé depuis plus d’un demi-siècle
dans le monde du sport chinois au plus haut niveau. Il en incarne aujourd’hui la
mémoire.
Comment en êtes-vous arrivé à vous intéresser
au sport ?
He Zhenliang : Dans mon enfance, j’aimais jouer au
ballon dans les lilong (ruelles) de Shanghai. Deux sacs
au coin de la rue et je shootais. Je fréquentais une école
franco-chinoise où j’ai appris à jouer à la balle au mur.
Pourtant, lors des compétitions, j’étais plus du côté des
supporters que des champions. En 1949, j’ai commencé à
travailler pour la Ligue de la jeunesse démocratique - qui
est devenue ensuite la Ligue de la jeunesse communiste
- au département international, qui s’occupait de sport.
Quand la Chine a participé aux J.O d’Helsinki en 1952, j’ai
travaillé comme interprète pour la délégation chinoise.
Notre participation était plutôt symbolique puisque nous
avions reçu l’invitation le jour de l’ouverture et qu’il nous
10
a fallu 5 jours pour rejoindre Helsinki par avion avec un
jour de repos à Moscou. Seul un nageur, Wu Chuanyu,
a pu participer à la compétition. Puis en 1953, quand la
République Populaire de Chine s’est lancée dans le premier
plan quinquennal, les ingénieurs dont j’étais, ont tous été
réquisitionnés. J’ai été affecté au Ministère numéro 2, en
charge de l’industrie pour la défense nationale. J’y suis
resté deux ans, tout en étant interprète bénévole lors du
festival mondial de la jeunesse à Bucarest. C’est là que
j’ai assisté pour la première fois, très ému, à la victoire de
Wu Chuanyu. Je me souviens encore de la foule levée, de
l’hymne et du drapeau.
Lorsque le gouvernement chinois a créé une commission
d’Etat du sport et de la culture physique, il a mis à sa tête le
maréchal He Long, qui était en même temps vice Premier
Entretien avec He Zhenliang
Ministre. C’était un homme qui avait commencé sa vie révolutionnaire en se lançant à l’assaut d’une petite station
de police avec deux couteaux de cuisine et quelques amis.
Seigneur de la guerre avant la révolution, il avait abandonné un train de vie confortable pour rejoindre les rangs
de l’armée rouge. Il aimait le sport et partout où il allait,
il créait un terrain de foot. Le maréchal He Long m’a demandé de le rejoindre, et, je n’ai pu qu’obéir, même si, à
l’époque, j’aurais préféré servir à l’édification industrielle du
pays plutôt que de m’occuper d’une activité récréative. Depuis ce jour, en 1955, je n’ai plus quitté le domaine du sport,
tout en servant, à de nombreuses reprises, d’interprète au
président Mao et au premier ministre Zhou Enlai.
En 1955, quels étaient les objectifs de la
Commission d’Etat du sport et de la culture
physique ?
He Zhenliang : Populariser la pratique du sport. Dans les
années 20, les sportifs se recrutaient exclusivement dans
les milieux universitaires ou dans l’armée. Le mot d’ordre du
président Mao était : « Développer le sport et l’éducation
physique pour fortifier le physique du peuple » 2 . Nous avions
fort à faire. Nous avons cherché, avec succès, à développer
le sport dans les villages, dans les usines et les bureaux.
Toutes les délégations étrangères en visite en Chine dans
les années 50 pouvaient observer comment, deux fois par
jour, le travail s’interrompait dans les bureaux et entreprises
pour un quart d’heure d’exercices physiques. Dans les
écoles, l’heure de sport quotidienne était obligatoire.
Dans les villages, nous avions transformé les champs en
terrains de basket, dont les poteaux rythmaient le paysage.
Avant cela, la Chine avait connu un développement
parallèle des activités physiques traditionnelles et des
sports modernes venus d’Europe et des Etats-Unis. Ces
sports avaient été introduits en Chine à la fin du 19ème
siècle. Une organisation nationale des sports englobant
tous les sports avait été créée au début du 20ème siècle.
La Fédération nationale du sport amateur de Chine était
née en 1910, d’abord administrée par des missionnaires
anglo-saxons, puis par des Chinois. C’est dans les années
20 que la Fédération nationale du sport amateur de
Chine est entrée en relation avec le Comité International
Olympique, puis en est devenue membre. A cette époque,
la Chine participait aux Jeux d’Extrême-Orient aux côtés
du Japon et des Philippines. Elle a cessé au début üüü
1
2
Comité d’Organisation des Jeux des XXIXe Olympiades de Pékin (BOCOG)
Déclaration de Mao Zedong en 1952,
11
Entretien avec He Zhenliang
Comment expliquer l’absence prolongée de la
Chine sur la scène olympique, puis son retour?
He Zhenliang : La question de la participation de la Chine
au mouvement olympique aurait du être réglée en 1952 lors
des JO d’Helsinki, auxquels nous avions participé, puisque le
CIO, à 23 voix contre 21, avait reconnu la Fédération nationale
de sport chinoise comme étant le Comité Olympique Chinois.
La Charte olympique du
CIO ne permet qu’une
représentation par pays
et, le président du CIO,
qui était alors Américain,
a volontairement gardé
Taiw an. En guis e de
protestation, nous avons
du nous retirer des Jeux
de Melbourne en 1956,
a u xq u e ls p a r t i c i p a i t
Taiwan. En 1958, toute
relation entre notre pays,
le CIO et les fédérations
sportives internationales
entretenant des relations avec Taiwan, ont été rompues.
Cette situation n’a pu être réglée avant 1979, malgré les
tentatives de négociation. Il faut comprendre le sentiment
patriotique des Chinois. Il m’a été proposé personnellement
que Taiwan et nous participions ensemble aux Jeux
Olympiques, ralliés derrière le drapeau aux anneaux et au
son de l’hymne olympique. Je me souviens avoir répondu
immédiatement qu’il n’en était pas question. Nous ne
pouvions pas abandonner notre drapeau rouge, symbole
du sang des martyrs tombés pour l’indépendance du pays
et la dignité nationale, et ses étoiles symboles de l’unité du
Peuple. Ce patriotisme était important après les humiliations
et les agressions que nous avions vécues. Une fois debout,
nous ne pouvions plus accepter de nouvelles humiliations.
En 1979, deux évolutions majeures expliquent le retour de la
Chine sur la scène olympique. D’abord, la Chine et les EtatsUnis ont repris officiellement des relations diplomatiques.
D’autre part, le maréchal Ye Jianying, qui assumait la fonction
de président de la Commission permanente du Congrès
National du Peuple a publié un « Message aux compatriotes
de Taiwan » dans lequel il déclarait opter pour une politique
de réunification pacifique plutôt que pour une « libération ».
C’est dans ce nouvel environnement diplomatique que la
Chine a pu réintégrer le mouvement olympique. En octobre
1979, le Comité International Olympique a pris la décision
de reconnaître le Comité Olympique Chinois, ce dernier
utilisant l’hymne et le drapeau de la République Populaire
de Chine, tout en acceptant qu’un Comité Olympique basé à
Taipei soit reconnu sous le nom de « Chinese Taipei Olympic
Committee » avec un drapeau et un hymne différents de
ceux utilisés précédemment. Cela étant, nous aurions pu
participer aux Jeux Olympiques de 1980. Malheureusement
entre-temps, l’URSS avait envahi l’Afghanistan. Beaucoup
de nations dont les Etats-Unis, se sont retirées des Jeux de
Moscou (1980) en signe de protestation. La Chine a fait de
même. Ce n’est donc qu’aux Jeux de Los Angeles, en 1984,
qu’elle est entrée à nouveau dans la compétition
olympique.
« Nous ne pouvions
pas abandonner
notre drapeau rouge,
symbole du sang
des martyrs tombés
pour l’indépendance
du pays et la dignité
nationale »
12
© A. S. Douard
üüüdes années 30 pour protester contre la volonté des
Japonais de considérer l’Etat fantoche du Mandchoukouo
comme un pays à part entière et les jeux d’Extrême-Orient
cessèrent d’exister. La Chine a participé pour la première
fois aux Jeux Olympiques à Los Angeles en 1932 avec
un seul athlète, un coureur de fond venu de Dalian, Liu
Changchun.
HE Zhenliang, Président d’honneur du
Comité Olympique Chinois
30 ans après ce retour, la Chine pourrait devenir
numéro 1 mondial lors des JO de 2008. Y croyezvous ?
He Zhenliang : Je ne crois pas que nous puissions rattraper
aussi vite notre retard. A Athènes, nous avons déjà réussi à
vaincre la Russie (au classement des médailles, la Russie
arrive 3ème et la Chine en deuxième position derrière les
Etats-Unis). Le facteur « chance » a joué et cette chance
peut tourner. Je suis lucide. Parmi les 300 médailles d’or, 119
concernent l’athlétisme, la natation ou les sports nautiques.
Nous avons pris des mesures pour combler nos lacunes,
mais cela demande du temps et, si nous ne manquons pas
de jeunes talents, nous manquons de bons entraîneurs.
Comme nous sommes plus ouverts aujourd’hui, nous
allons les chercher à l’étranger, en France notamment. Alors,
bien sûr, il se peut que nous gagnions. C’est la loi du sport :
autrefois, nous aussi nous avons aidé des athlètes d’autres
pays, comme les volleyeurs japonais par exemple, et ils sont
devenus plus forts que nous. Aujourd’hui c’est le contraire,
le charme du sport c’est précisément cette émulation
amicale.
专访 何振梁先生
Ces dernières années, la Chine n’a-t-elle pas
privilégié le sport d’élite au détriment du sport
populaire ?
He Zhenliang : Notre orientation actuelle est de faire
avancer ensemble le sport pour tous et la préparation
olympique. En 2006, l’administration des sports en Chine et
le ministère de l’Education ont décidé que dans les écoles
primaires et secondaires, il y aurait une heure d’activité
physique obligatoire par jour, en plus des deux ou trois
cours d’éducation physique par semaine. D’autre part,
nous voulons faire en sorte que chaque village soit doté
d’au moins un terrain de sport (basket et tennis de table)
pour encourager les plus démunis à pratiquer un sport.
Ce qui manque au dispositif, c’est le sport dans les usines
et les entreprises mais aujourd’hui les autorités centrales
n’ont plus d’autorité directe sur les sociétés privées. Aussi
nous encourageons plutôt la pratique du sport dans les
communautés de quartiers. Pour l’instant, le système des
clubs de sportifs amateurs n’est pas encore très développé
en Chine. Quant aux sports traditionnels chinois, pratiqués
en majorité par les personnes âgées, nous ne devons pas
les négliger puisque, pour nous, le but final reste la bonne
santé physique. n
Propos recueillis
par Anne Garrigue
何振梁访谈
(何振梁,生于1929年,1985年至1994年任副部长,负责体育工作,1989年至1994年担任中国奥委会主
席。从1985年开始作为国际奥委会执行委员会成员,1989年到1993年任副主席。现为国际奥委会文化及奥林匹克教育委员
会主席)。
“要理解中国人的体育爱国热情”
何振梁先生身兼中国奥委会名誉主席,国际奥委会成员以及北京第29届奥
运会组委会执行委员会顾问之职,说着一口流利的法语,已经在中国体育
界最高层奋斗了半个多世纪。今天我们来听听他的故事。
您在2002年取得了中国体育最高奖项,CCTV奖。您是如
何对体育开始感兴趣的?
何振梁:小时候我喜欢在上海的弄堂里玩球。把两只书包
在地上一放,就开始射门。我上的学校叫中法学堂,在那
里我学会了打墙球。那时候在比赛中,我更多的是充当啦
啦队而非优胜者。我从1949年开始在新民主主义青年团国
际体育部工作,也就是后来的共青团。1952年中国参加赫
尔辛基奥林匹克运动会,我担任中国代表团的翻译。那次
“当中国政府成立
国家体育运动委员
会的时候,由国家
副总理贺龙元帅
(1896-1969) 担任主
任”
© DR
我们国家参加奥运会是象征性的,我们在开幕式那天才收
到邀请,然后花了五天的时间才到达赫尔辛基, 只有一名
游泳运动员吴传玉参加了那次奥运会的比赛。1953年,中
后,他放弃了优越舒适的生活,参加了红军。他爱好体育
华人民共和国开始实施第一个五年计划,工程技术人员被
运动,走到哪里都能开辟出一块运动场。贺龙将军把我召
召回参加工业建设。我被派到了负责国防工业的第二机械
来,作为一名党员,我只能服从命令,其实那时我更想为国
工业部工作了两年,还在布加勒斯特举行的世界青年节期
家的工业建设出力,而不是从事休闲体育工作。从1955年
间做志愿者翻译。也就是在那儿,我第一次非常激动地目
的那天开始,我就再也没有离开过体育领域,中间多次担
睹了吴传玉的胜利,我还记得那时候欢腾的人群,飘扬的
任毛主席和周总理的翻译。
国旗和嘹亮的国歌声。
当中国政府成立国家体育运动委员会的时候,由国家
1955年国家体育委员会的目标是什么?
副总理贺龙元帅担任主任。贺元帅从带领几个农民手持菜
何振梁:发展体育运动。30年代从事体育的人无一例外来
刀夺占盐局开始了他的革命生涯。成为国民党高级将领
自大学和军队。50年代毛主席号召“发展体育运动,增强人
13
专访 何振梁先生
民体质”,我们需要开拓这片新领域。我们在农村,在工
会。在这期间,俄国侵占了阿富汗,不少国家包括美国为
厂,还有办公室成功推广了体育活动。50年代的外国代表
了抗议这次侵略行为,退出了1980年莫斯科奥运会,直到
团都可以看到我们当时是如何发展体育的,在机关、工矿
1984年洛杉矶奥运会,中国才参加了奥运会的比赛。。
企业,每天有两次体育活动,每次十五分钟,学校中每天
一个小时的体育活动,还要加上体育课。在农村,我们把
在重返奥运舞台30年后,中国在即将到来的2008奥运会上
打谷场改成篮球场,在那儿竖立起篮球架,它成为农村风
应该会成为世界第一。您相信吗?
景不可缺少的一部分。那时候的生活虽然简朴,人们的精
何振梁:我不认为我们这么快就能赶上差距。在雅典奥
神却十分高昂。
运会上,有6场决赛是在中国与俄国之间进行,我们都胜
那时候中国传统体育和来自欧美的现代体育同时发
了(以奖牌排名的话,俄国第三,中国第二,位于美国之
展。这些现代体育活动在19世纪末已经传到中国。全国性
后),这里有运气在起作用,但是运气会转向,我很清楚
体育组织在20世纪初成立。1910年,中国全国体育促进会
这一点。在300枚金牌中,119枚属于田径、游泳和水上运
成立,最初由英美的传教士管理,后来管理权交到中国人
动,在这方面我们的奖牌很少。我们采取了一些措施来弥
手里。20年代,该协会开始与国际奥委会建立联系并得到
补这一缺陷,但这需要时间。我们不缺有运动禀赋的年青
其承认。那时候中国与日本和菲律宾一起举行远东运动
人,缺的是优秀的教练。今天中国更加开放,我们可以到
会。30年代初为了反抗日本扶持满州傀儡政权而抵制参
国外尤其是法国去寻找教练。当然,我们可能会因而赢得
加远东运动会。远东运动就此不再存在。中国第一次参加
比赛,但这也没什么可指责的。我们也曾帮助过外国的运
奥运会是1932年的洛杉矶奥运会,当时只有一名田径运动
动员,像日本的排球运动员,他们如今已经超过了我们。
员,来自大连的刘常春参加了那次奥运会的比赛。
体育的魅力还在于友好的竞赛。
您如何解释中国三十年缺席奥运会,后来又重返奥运舞台
呢?
何振梁:中国参加奥运会这一问题早在1952年的赫尔辛基
“ 体 育 运
动 最 终 目
标是为了身
体 健 康 ”
奥运会上就应该得到解决,我们参加了那次奥运会,国际
奥委会在它的第50次全会上以23比21票承认了中国奥委
会。奥林匹克宪章规定在一个国家只承认一个奥委会。但
不幸的是,那时的美国人擅自保留了台湾。为了抗议台湾
派代表团参加1956年墨尔本奥运会,我们退出了那次奥运
© A. S. Douard
会。1958年我国与国际奥委会以及一些与台湾保持关系的
国际体育联合会断绝关系。这个问题一直持续到1979年,
虽然在此期间也曾试图谈判。必须了解中国人的爱国感
情。当时曾经有人向我建议让台湾与中国在同一个旗帜下
参加奥运会,我当时立即回答“不可能”。我们不能不打
最近几年,中国有没有过于重视选拔性体育而忽视了大众
我们的红旗,那是为了我们国家独立和尊严而牺牲的烈士
体育运动?
们的鲜血的象征,五颗星代表人民的团结。这种爱国精神
何振梁:我们的方针是发展全民体育,积极准备奥运。
之所以强烈,是因为我们遭受过很多的屈辱和入侵。现在
2006年国家体育总局和教育部要求小学和中学安排每天一
我们站起来了,再也不能忍受新的屈辱。
小时体育活动以及每周二至三节体育课。我们计划在农村
1979年,中国重返奥运舞台,之前发生了两大事件。
的每个村子至少开辟出一块运动场地,鼓励广大群众参加
第一件是中美两国重新建立正式的外交关系,另一件是全
体育活动。现在我们还没有落实的是在工厂企业中的体育
国人大常委会主席叶剑英元帅发表了告台湾同胞书,信中
活动问题,因为中央对私营企业不进行直接管理。所以我
宣布了和平统一政策。在这种新的外交环境下中国重返了
们鼓励社区积极开展体育。就目前而言,中国的业余体育
奥运。1979年10月,国际奥委会承认会址在北京的中国奥
俱乐部系统还不发达。
委会,使用了中华人民共和国的国旗和国歌。据此,我们
说到传统体育运动项目,它涉及的人群多为上年纪的
本应可以参加1980年莫斯科奥运会,不幸的是,“中国台
人,我们也不能忽视这部分人,因为体育运动最终目标是
北”在台北的奥委会使用不同于他们以前的旗帜参加奥运
为了身体健康。n
14
© M. Baratier
Actualité échos de la presse chinoise
L’Assemblée Nationale Populaire
Transparence, contestations et télescopages politico-culturels ...
Lors de la 5e session du 10e congrès qui a marqué le mois de mars 2007, les débats
des deux assemblées, Assemblée Nationale Populaire et Conférence Consultative
Politique (CPPCC) ont été largement retranscrites dans la presse chinoise. Cette
transparence accrue semble refléter quelques changements culturels et structurels
du pouvoir.
C
ette année constitue un tournant pour la transparence du système parlementaire chinois, affirme un
article du Quotidien du Droit (Fazhi Ribao). Au delà
des améliorations quantitatives, comme l’augmentation
du nombre des réunions parlementaires ouvertes à la
presse, plusieurs innovations structurelles et surtout culturelles ont été mises en oeuvre. Ainsi, l’article explique que
des sites internet très riches ont été mis en place et que les
attachés de presse, plus nombreux, doivent laisser ouvert
leur téléphone portable 24h sur 24 pour répondre aux
questions des journalistes. Autre nouveauté, les journalistes étrangers voulant obtenir un entretien avec un député
peuvent maintenant contacter directement celui-ci, alors
qu’ils devaient passer par un attaché de presse encore l’année dernière.
Démocratie participative sur Internet
Le quotidien libéral de Canton (Nanfang Dushibao) revient
quant à lui sur les récentes initiatives du gouvernement en
matière de démocratie participative sur internet. En moins
16
d’une semaine, plus de 120 000 internautes auraient déjà
participé à la campagne électronique “J’ai une question
à poser au Premier Ministre”, proposée sur la plupart des
grands portails chinois. L’article affirme que la mise en
oeuvre d’un gouvernement participatif en Chine a réellement pris son essor lors de la session parlementaire de
2006, lorsqu’un député a proposé au Premier Ministre
l’idée d’ouvrir un blog. Certains commentateurs ont même
pu prétendre que le régime chinois se transformait en
démocratie électronique, explique l’hebdomadaire sans
souscrire totalement à cette analyse. Le Nanfang Dushibao
affirme cependant qu’il ne suffit pas que les citoyens puissent s’exprimer sur internet pour que l’on puisse parler de
démocratie, le pouvoir n’étant pas tenu de le prendre en
compte. Il fait également remarquer qu’il s’agit plus de pratiques que d’un système inscrit dans la loi.
L’hebdomadaire ne peut toutefois pas s’empêcher d’afficher son admiration pour la vitalité et le sens politique des
internautes chinois qui témoignent du renforcement de
l’intérêt de l’opinion pour la chose publique.
ANP : les temps forts
L’Assemblée Nationale Populaire s’est tenue du 5 au 16 mars au Grand Palais
du Peuple de Pékin. Elle a été saisie, au cours de ses 11 jours de sessions, de
presque 800 motions.
Ce qu’il faut en retenir :
ü Le rapport de politique générale, présenté par le Premier Ministre Wen Jiabao, a mis l’accent sur le « bien-être
du peuple » et a fixé un taux de croissance de 8 % pour l’année 2007. Ce rapport a été approuvé à 2 862 voix
sur les 2 889 exprimées.
ü La loi sur la propriété : “la propriété de l’Etat, de la collectivité, de l’individu ou autres organismes est protégée
par la loi et aucune unité ou individu ne peut y porter atteinte.” La loi a été adoptée par 2 799 voix pour, 52 voix
contre et 38 absentions. 13 ans de préparation et 7 lectures auront précédé le vote de cette loi historique.
ü La loi sur l’impôt sur les sociétés (voir rubrique Angle droit, page 72). Adoptée par 2826 voix pour, 37 contre et
22 abstention, elle constitue une étape importante dans l’unification du droit régissant les sociétés à capitaux
chinois et à capitaux étrangers. Elle entrera en vigueur le 1er janvier 2008.
Juliette Yanitch
© M. Baratier
© M. Baratier
Le quotidien anglophone China Daily titre “C’est le moment pour les députés de poser des questions difficiles
aux officiels”, dans un article du sociologue Sun Lipin, de
l’université Qinghua, plaidant pour un mécanisme institutionnel renforçant le rôle inquisitoire des assemblées.
Il apparaît significatif que les députés les plus remuants
interpellent le gouvernement et l’administration surtout
dans le domaine des finances publiques. Ainsi, le 6 mars,
Feng Pei’en, membre de la Conférence Consultative, a dénoncé l’inflation des dépenses de l’Etat, multipliées par 23
depuis 1986, alors que le PNB n’était multiplié que par 14,6
dans la même période. Il s’insurge contre l’abus des voitures de fonctions, des banquets, du “tourisme administratif”
à l’étranger et autres dépenses de prestige personnel, et
demande au gouvernement de montrer l’exemple.
Le 7 mars, deux jours après l’ouverture de la session parlementaire, Sina, le portail le plus visité de Chine, avait choisi
de mettre l’opinion contestaire de la députée Chen Shu
en troisième position de ses actualités. Celle-ci s’est plainte
publiquement du manque de transparence du budget de
l’Etat et des collectivités locales, qui ne fournit que quelques grands chiffres, et empêche donc les représentants
de faire leur travail d’évaluation et de contrôle des politiques et des équilibres financiers. Cet article a suscité à
ce jour près de mille commentaires d’internautes, la quasi
totalité enthousiastes et élogieux. Seule une minorité reste
sceptique alors que de nombreux autres députés et articles ont abondé dans son sens. Cai Dingjian, professeur à
l’université de Sciences Politiques de Chine, affirme ainsi
dans les colonnes du Xinjing Bao l’impérieuse nécessité de
la transparence du budget, car c’est “la première condition
de la démocratie”, une “nécessité de l’Etat de droit”, une
“façon de lutter contre la corruption”, et un moyen pour
l’Etat d’être plus efficace.
Renaud de Spens
Attaché de presse de l’Ambassade de France en Chine
© M. Baratier
Le domaine des finances publiques
17
Actualité échos de la presse chinoise
La venue de Michèle Alliot-Marie a suscité un certain intérêt de la
part de la presse chinoise, qui suit de manière attentive la question
de l’embargo sur les ventes d’armes à la Chine.
Les medias ont retenu la double problématique de la visite du
ministre des Affaires étrangères français Philippe Douste-Blazy en
Chine : le renforcement de la coopération bilatérale et la promotion
du projet UNITAID.
BILATÉRAL
“Lever l’embargo sur les ventes d’armes vers la Chine”
M
© DR
ichèle Alliot-Marie a eu l’honneur de la “Une” du Quotidien du Peuple, avec une
photo la représentant s’entretenant souriante avec le président Hu Jintao. Cet
article, pratiquement identique à la dépêche de l’agence Chine Nouvelle a été
repris sur tous les journaux officiels et les grands portails internet comme Sina.com
Il souligne que la visite s’inscrit dans le développement du partenariat stratégique entre la
Chine et la France, et entre la Chine et l’Europe. L’article cite les déclarations du président
Hu selon lesquelles la Chine et la France portaient toutes deux une responsabilité
importante dans la garantie de la paix et du développement dans le monde.
Le journal de Shanghai Wenhui Bao a en outre fait paraître le 19 mars un entretien que lui
avait accordé le ministre de la défense avant son départ en Chine. La mise en page met
l’accent sur plusieurs positions politiques :
- l’opposition à l’embargo sur les armes en direction de la Chine
- la crise atomique iranienne doit être réglée par le dialogue
- les Etats-Unis doivent être encouragés à suivre la voie du multilatéralisme
- l’OTAN n’a pas vocation à entrer en concurrence avec les opérations de maintien de la
paix des Nations Unies
- il faut s’efforcer de régler le problème de la production de drogue en Afghanistan.
“L’Europe doit lever l’embargo sur les ventes d’armes vers la Chine” titre le Xinjing Bao
(Beijing News), dans son édition du 20 mars. Le ministre a mis en parallèle les conditions
d’attribution des jeux olympiques et les exigences internationales en matière de ventes
d’armement, pour affirmer que l’embargo sur les armes était illogique. Elle a en outre
souligné que cette position était ferme et ne variait pas, et qu’elle venait de l’exprimer
dans les mêmes termes à Tokyo, et quelques mois plus tôt devant le Congrès américain.
Romantisme français et diplomatie
© DR
L
18
a visite du ministre des Affaires étrangères français a été largement relayée. Les sujets à l’honneur sont le renforcement de la coopération bilatérale et la promotion du
projet UNITAID. La presse porte aussi un regard intéressé sur les efforts du ministre
en faveur du rayonnement de la médecine traditionnelle chinoise. CCTV et Phoenix TV ont
couvert la visite dans leurs journaux télévisés. Affirmant que le “romantisme français” savait
aussi s’exprimer dans la diplomatie, CCTV a mis l’accent sur la coopération des deux pays
concernant la crise iranienne, et sur leur identité de vue concernant le développement de
l’Afrique.
© R. de Spens
Le 2 mars, le Xinjing Bao (Beijing News) publiait un article du journaliste Gong Junling, qui
avait posé au ministre français une question sur les probabilités de changement de la politique française à l’égard de la Chine après les élections présidentielles de mai 2007. Il retranscrit la réponse du ministre, affirmant que Nicolas Sarkozy, s’il était élu, continuerait dans la
voie déjà engagée aujourd’hui, en raison notamment de son attachement à un monde
multipolaire.
Un certain nombre d’autres titres ont rendu compte de la visite ministèrielle, en choisissant
de mettre l’accent sur le soutien actif du ministre français pour l’homologation et l’exportation des médicaments chinois, soutien qui suscite naturellement un fort intérêt de l’opinion
publique chinoise. Le contenu de ces articles reprend souvent presque exactement le communiqué de presse en chinois fournit par le service de presse de l’ambassade de France.
Le projet UNITAID a fait l’objet des titres de deux journaux. Le quotidien anglophone
China Daily a présenté le projet, mais c ‘est le Quotidien de la Jeunesse de Pékin qui est le
plus complet sur le sujet, avec en titre choc “Le ministre français des Affaires étrangères
fait une ordonnance pour faire face au terrorisme global. Taxer les riches pour donner des
médicaments aux pauvres”. Il explique que le ministre français propose pour les problèmes
du monde une forme de médecine : les pays développés doivent se réunir pour aider les
populations des pays pauvres à accéder aux médicaments. Il cite les propos du ministre,
selon lesquels les écarts de richesse ne cessent de s’agrandir sous l’effet de la globalisation.
Un adolescent africain qui ne peut sauver ses parents malades parce que les médicaments
sont trop chers aura toutes les chances de développer une haine, qui pourra se tourner vers
les pays développés dont il voit les gaspillages à la télévision, et il sera ainsi facilement manipulable par les mouvances terroristes. C’est pour cela qu’UNITAID a été créé, proposant le
financement de livraisons de médicaments vers les pays du Sud par une taxe modeste sur
les billets d’avion.
Renaud de Spens
19
Actualité sur le Net
Sur Internet, la parodie est devenue une véritable culture. Les bloggeurs
sont passés maîtres dans l’art de manier le sarcasme et l’ironie. Aucun sujet
n’échappe à la critique, pas même la politique. Et dans ce climat d’impertinence
débridée, le monde virtuel est soudain plus vrai que nature.
20
salaire annuel de deux paysans ». Solution aussitôt avancée
par un surfeur de passage sur son site : « il faut organiser
cette réunion sur internet, c’est moins cher
et plus efficace que de faire venir tout le
monde à Pékin».
Avec la cession du Parlement, la culture
de la « parodie » a conquis de nouvelles
lettres de noblesse. Et si les surfeurs
chinois ont le goût de l’ironie, celle-ci ne
connaît pas de frontière. Plusieurs blogs
se passionnent ainsi pour un film français,
« les Chinois à Paris», sorti en 1974. Sur le net
chinois, cette comédie de Jean Yanne est élevée au rang
de chef-d’œuvre parodique. L’histoire raconte l’invasion
et l’occupation de la France par l’Armée Populaire de
Libération. Le président de la république se réfugie aux
Etats-Unis et les Chinois installent un régime fantoche qui
interdit les voitures, l’alcool et la prostitution. Les murs de
la capitale française sont tapissés de slogans marxistes, sur
le modèle des Dazibao de l’époque. Mais quelque temps
plus tard, les austères militaires chinois succombent aux
charmes de Paris, basculent dans la débauche, et finissent
par se retirer d’eux-mêmes. Pour les internautes, cette
farce montre toutes
les idées fausses
sur la Révolution
Culturelle,
a ssimilée,
d ans l’esprit
des Français,
à leur « mai 68. »
Pour sa part, l’infatigable bloggeur Wang Xiaofeng trouve que ce film est
tout simplement visionnaire sur
l’évolution du socialisme en Chine. Il décrit, avec 30 ans d’avance,
comment les artisans de la révolution prolétarienne vont se laisser corrompre par les plaisirs
de la vie capitaliste...
Mathieu Baratier
La culture de la
« parodie » a
conquis de
nouvelles lettres
de noblesse
© DR
L
es photos ont fait le tour des blogs chinois. On y voit
les députés pendant le discours du Premier Ministre,
tous ont la tête inclinée et les yeux
fermés. Ils dorment profondément. Cette
série de clichés irrévérencieux a déchaîné
les commentaires des internautes qui oscillent entre sarcasme et indignation. Sur la
page de Wang Xiaofeng, un des blogs les
plus en vue du net chinois, un farceur propose de rebaptiser la cession parlementaire « les deux siestes » en détournant le nom
officiel des « deux réunions ». Plus cynique,
un autre aimerait que ces cadres provinciaux dorment plus
souvent : « s’ils étaient toujours comme ça, la société serait
plus harmonieuse », lâche-t-il, en allusion au slogan officiel
des dirigeants chinois. Le constat s’impose : sur le net, personne ne croit à l’utilité de cette grand messe du pouvoir.
« Même s’ils se réveillent, ils ne peuvent rien faire », explique un surfeur sans illusion sur le rôle des représentants du
peuple. Le gouvernement a bien essayé, en vain, de rallier
le monde virtuel à sa cause. Quelques députés ont même
ouvert leur propre blog, à leurs risques et périls. Une représentante du Hubei se
fait ainsi vertement
interpeller sur
sa page personnelle par
un internaute
qui lui lance :
« Mais qui est-ce que
tu représentes? » Finalement, c’est surtout le
prix payé pour cet événement qui
provoque les attaques les plus nombreuses. Le site personnel d’un journaliste de Shenzhen en donne un aperçu.
Déplacements, hôtels, repas, c’est 5 milliards de RMB qui sont engloutis pas les
« deux réunions ». Le reporteur, un habitué de cette cession, fait le compte :
« pour quinze jours de sieste, chaque
député coûte à l’Etat l’équivalent du
Actualité écoles
© Sciences Po
Les étudiants chinois
Sciences Po
emmène des
jeunes des banlieues en Chine
E
mmener en Chine quatre classes de seconde
issues de lycées classés en Zone d’Education
Prioritaire, tel est le pari réussi par Sciences
Po. Grâce au concours de plusieurs sociétés présentes en Chine, Veolia propreté, SEB, Danone, Carrefour, Total, L’Oréal, Gide et EDF, ce voyage a permis à ces jeunes de Seine-Saint-Denis de voyager
au cœur de la mondialisation. « A l’étranger, ils se
sont sentis fiers d’être Français et ont pu découvrir
les métiers de la mondialisation grâce aux témoignages d’hommes de terrain», explique Alessia
Lefébure, directrice du centre Asie de Sciences Po
et cheville ouvrière de la présence de l’institution
en Chine depuis 2002. « Nous avons aujourd’hui
trois de nos professeurs qui enseignent à Qinghua
et Beida. Des étudiants chinois viennent à Paris
suivre des MPA (master of public administration),
grâce au concours financier de la Société générale,
Axa et Airbus. Plusieurs programmes de recherche
sont lancés (énergie, sociologie de la consommation, développement des ONG, transformations du
système légal) et nous sommes partenaires d’une
chaire commune à Beida, portant sur le thème gouvernance et globalisation ».
De passage à Pékin, Richard Descoings, qui, à la tête
de Sciences Po depuis 1996, a fait de l’intégration
internationale et de la diversification sociale les
thèmes clés de ses mandats successifs, souligne qu’il
faut aujourd’hui « penser ensemble démocratisation
sociale et mondialisation ». L’auteur de Sciences Po :
de la Courneuve à Shanghai1 a fait de ce voyage de
lycéens un symbole de sa politique. « Notre objectif
n’est pas quantitatif mais qualitatif. Nous voulons,
dans un monde globalisé et compétitif, attirer
les meilleurs étudiants de la planète, devenir une
référence en Europe ». Le récent classement de
Times Higher Education Supplement, qui place
Sciences Po à la 52e place, troisième Français, des
200 meilleures universités mondiales confirme que
l’objectif est en voie d’être atteint.
1
Presses de Sciences Po, 2007
face à la hausse des frais de scolarité
en France.
L
a récente hausse des frais de scolarité
universitaire en France fait l’objet d’un
article de Liu Kunzhe du Quotidien de la
Jeunesse Chinoise. Elle est allée interviewer à ce
sujet Dominique Dubois, attaché de coopération
universitaire de l’ambassade de France. Le
postulat rhétorique de l’article est de s’inquiéter
du sort économique des quelques 16 000
étudiants chinois en France, et de tous leurs
futurs camarades encore en Chine. Toutefois,
son objet réel est de montrer les avantages
d’aller étudier en France, et de détailler toutes
les dispositions légales et sociales en faveur des
étudiants, de l’aide au logement à la construction
de nouveaux campus universitaires. La conclusion
est très positive : les frais universitaires français
restent moins chers qu’en Chine. Et même si le
coût de la vie est beaucoup plus élevé en France,
il y aurait aujourd’hui de plus en plus d’étudiants
chinois qui rêvent de la France, parfois sans
connaître un seul mot de français.
Renaud de Spens
Une université de droit
sino-européenne à Shanghai
D
’un commun accord, l’Union européenne
et la Chine ont approuvé la création
d’une université de droit commune
destinée à approfondir la compréhension de leurs
systèmes judiciaires respectifs. L’accord a été signé
par la commissaire européenne aux Relations
extérieures, Benita Ferrero-Waldner. La structure
sera co-présidée par des universités européennes
et au moins un partenaire chinois. L’UE a indiqué
qu’elle contribuerait à hauteur de 18,2 millions
d’euros au projet. La date d’ouverture de cette
université n’a toutefois pas été précisée.
21
Actualité entreprises
L’agence RCP design transport s’installe en Chine
法国RCP公司进军中国市场
L’
“...mettre l’ensemble de notre savoir-faire au service
de la nouvelle culture du déplacement public en Chine”
Régine Charvet-Pello
“Aujourd’hui en toute simplicité et en toute modestie,
nous voulons mettre l’ensemble de notre savoir-faire au
service de la nouvelle culture du déplacement public
en Chine” a expliqué Régine Charvet-Pello, qui vient
d’installer un bureau de représentation à Pékin.
Son agence, basée à Tours (centre-ouest de la France)
et qui collabore avec des géants du secteur comme
Alstom, a conçu le design intérieur et extérieur des rames
du tramway de Paris et rénové les nouvelles rames de la
ligne du RER D de la capitale. Elle est également présente
au Maghreb, travaillant sur le tramway d’Alger et le réseau
inter-cités du Maroc.
L’autre axe de développement en Chine sera le
patrimoine, a précisé Mme Charvet-Pello, dont l’agence
assure la communication pour deux châteaux français de
la vallée de la Loire, Chenonceau et Amboise.
En collaboration avec une agence de voyage chinoise,
RCP prépare des produits “lunes de miel” pour accueillir
des touristes chinois dans ces châteaux. “Les châteaux sont
considérés en Chine comme des endroits romantiques et
luxueux”, remarque-t-elle.
Une convention culturelle a également été signée entre
le musée national de Pékin et le château de Chenonceau
grâce à RCP qui se présente en Chine comme “l’agence
des arts de la France”. RCP emploie 15 personnes en
France et deux en Chine.
巴
© RCP
agence de design RCP, qui a notamment travaillé
sur le tramway de Paris, s’installe en Chine pour
tenter de profiter du développement du secteur
des transports dans le géant asiatique.
“Nous savons que le XIe plan quinquennal (2006-2011)
affiche des projets très ambitieux en matière de transport
public”, a déclaré la directrice fondatrice de l’agence RCP,
soulignant que le gouvernement souhaitait se doter de
28.000 km supplémentaires de voies ferrées d’ici 2020 et
avait approuvé les projets de métro pour une vingtaine
de villes.
黎轻轨电车的设计者―法国RCP公司,利用
着良好的合作关系,如阿尔斯通公司。公司的设计部门完
中国公共交通领域飞速发展的大好时机,
成了不少法国国内和国际上的机车以及线路的设计和改造
于2006年11月1日在北京建立了他们的代表
工程。
处。
公司还把企划传媒部门对法国文物古迹的海外市场推广的
公司的总经理也是创始人对记者说,“我们得知中国关于
业务开展到了中国。卢瓦尔河地区的昂布瓦兹皇家城堡和
2006到2011的规划蓝图中有很大一部分的计划都和公共交
舍农索城堡都是他们的客户。
通有关。”黑金娜・夏荷微・贝罗特别强调其中,中央政
与中国媒体,旅行社以及文物机构的合作是城堡在华推广
府决定建设28万公里长的铁路线和若干条城市轨道交通线
的重点。他们还特别为中国游客量身定做了“古堡蜜月
路。“在这样一个乐观的背景下,我们希望将我们在公共
游”这样的新型旅游产品。“法国的城堡在中国人的心目
交通设计领域的优势和经验,用于中国这个领域的建设和
中代表了浪漫和奢华。”黑金娜・夏荷微・贝罗说明道。
发展中。”
在2005年,两座城堡应邀来华参加法国文化年在中国的闭
RCP公司的总部在位于法国中西部都兰地区的首府―图
幕活动,其间他们与中国国家博物馆签署了交流与合作意
尔。公司长期以来与世界公共交通建设领域的一些巨头有
向书。
22
时讯 公司
BMU Consulting ouvre des bureaux en Chine...
彼慕羽在中国起飞
上
© BMU
A
vec une main d’oeuvre abondante, de plus en
plus qualifiée, et l’arrivée massive d’entreprises
étrangères de tous secteurs, de plus en plus de
cabinets de conseil en recrutement s’installent dans les
grands pôles économiques chinois.
BMU Consulting Co., Ltd, cabinet français de conseil
déjà implanté en France et en Russie, a décidé lui aussi
de tenter l’aventure, avec une approche qui se veut
spécifique au marché chinois.
D’après le rapport de McKinsey, dans dix ou quinze ans le
besoin de talents en management en Chine sera d’une
capacité globale de 75 000 personnes. Dans le secteur
des hautes technologies, par exemple, selon le President
Hu Jintao, il faudra établir un système d’innovations
orientées:c’est-à-dire créer et soutenir de nombreuses
entreprises dans ce domaine. Ce qui va provoquer
une demande importante en ressources humaines,
notamment de personnel qualifié. Un autre exemple : le
secteur des finances. Selon un rapport d’analyse sur les
besoins humains dans cette filière du Wall Street Journal,
grâce à l’entrée de la Chine à l’OMC, les investissements
étrangers réclament un fort support, passant par de
BMU aide à trouver les talents de demain
nombreux emplois qualifiés locaux : comptables,
auditeurs, managers....
Dans cette perspective, BMU aide à trouver les talents de
demain qui permettront aux entreprises de se développer
et d’améliorer leur productivité.
Pour ce cabinet de conseil francais, l’avenir parait radieux
grâce à la stabilité du développement de l’économie
chinoise qui entraine toujours plus de demandes.
海始终是个梦想家的城市,随着劳动力素质
近日提供的一份中国金融行业人才需求状况报告中提出,
进一步提高以及各领域企业的大规模增长,
跟随入世契机进入中国的外资资本需要强大的本土化金融
这个中国最吸引人的城市招来了越来越多的
人才的支持,资深会计师、审计师、财务经理等等,成为
外国企业家。
市场索求的主要对象。
BMU咨询有限公司是一家已经落户法国与俄罗斯的专业人
彼慕羽伴随各种性质的企业一路走来,跨国集团、中小企
力资源咨询公司,他们带着特点鲜明的优质服务来到中国
业,法国、欧洲、美国、中国等等,涉及领域多样化,唯
一展身手。以下是已在BMU工作一年的Sabrina Chen 女士
一的目标在于帮助企业的人力资源部门,收获最理想的未
对市场及企业本身的一些看法。
来员工,来实现企业的锐意进取和可持续发展。 目前的我
根据麦肯锡的调查报告,在未来的十到十五年中,中国
们尽管还年轻,但是企业的机能运作出色,团队协作力强
具有宏观性领导才能的人才需求将达到75,000人,而截
将会帮助BMU迅速成长为服务上海、北京乃至全国的领军
止2005年,可供给的人才量只有3000~5000人左右。就高
角色企业,因此,我们感谢中国稳定发展宏观经济为人才
科技行业为例,依照中国国家主席胡锦涛的“创新导向
市场造就的旺盛态势,并将借助这种契机,让BMU的客户
型”社会构建的目标,以及基于中国制造业支撑型经济的
公司与我们本身共同发展壮大。
现状,中国高精尖行业的发展将为整个市场人才需求提供
更多信息,请访问www.bmuconsulting.com
一个较深且快的切入点;以金融行业为例,《华尔街日报》
23
Actualité entreprises
Le groupe AGS Four Winds, déménagements
Internationaux, ouvre en plein coeur de Canton son
nouveau bureau de liaison pour la Chine du Sud.
C
e choix stratégique répond à une demande
croissante des clients. En l’espace de
30 ans, le Groupe AGS a construit
un réseau de plus de 100 filiales réparties
sur 65 pays, offrant des solutions de
déménagements internationaux
“por te à por te”. AGS est le
g ro u p e d e d é m é n a g e m e nt
international le plus important en
France, et un des principaux
leaders en Europe. Présent
sur l’ensemble des pays
d’Afrique, le Groupe AGS est
aussi le premier prestataire
de déménagements sur le
continent Africain.En 2005, il a
investi massivement en Asie par
le rachat de 4 filiales de l’ancien
groupe “Four Winds International”
à Singapore, Taiwan, en Thaïlande et
à Hong Kong.
“ En 2006 nous nous sommes développés
sur les marchés de Chine (Pékin, Shanghai) et d’Inde
(Mumbay, Dehli, Bangalore). Notre bureau de Canton
vient étoffer notre présence en Chine du Sud sur un
marché Asiatique dynamique et en pleine croissance
où nous comptons désormais 10 filiales dans 6 pays.
L’équipe de Canton est « managée » par Ludovic Valls
qui a une longue expérience dans les déménagements
internationaux en Europe de l’Est, en Afrique et aux EtatsUnis....”
爱集斯国际运输服务(上海)有限公司在华南的中心广东设立
了新的办事处
A
GS集团再次自豪地宣布爱集斯国际运输服务
陆最顶级的服务机构. AGS在亚洲广泛投资并在新加坡、
(上海)有限公司在华南的中心广东设立了新的办
台湾、泰国和香港分别收购了4个Four Winds的办事处. 到
事处; 这一战略选择是为了满足日益顾客的需
了2006年AGS已经扩展到中国的(北京、上海)和印度的(孟
求. 在过去的33年中, AGS集团已建立了一个庞大的运输
买、新德里、班加罗尔)等. 到2007年在动态的不断强大的
网络,在65个国家拥有107个分支机构,专注于门到门搬迁方
亚洲市场的催化下, 我们现在已经有一个了10个子公司分
案. AGS集团是法国最大的国际运输公司, 是欧洲的运输领
别在6个亚洲国家. 接下来广东办事处将在有多年欧洲、非
导. 2005年在整个非洲的运输企业中, AGS集团成为非洲大
洲和美国等地运输行业经验的罗德维克先生开展业务.
24
Actualité entreprises
UBIFRANCE vend son concept d’exposition
« France, des maisons à vivre » à Reed Exhibitions China
Après sa première édition de Pékin en 2005, inaugurée par
Christine Lagarde, Ministre déléguée au commerce extérieur, la deuxième édition de l’exposition « France, des
maisons à vivre » s’est tenue, en 2006, à Shanghai du 27
© UBIFRANCE
U
BIFRANCE, l’Agence française pour le développement international des entreprises, vient de signer
un accord de cession du concept et de la marque
de l’Exposition « France, des maisons à vivre » avec le groupe Reed Exhibitions China. « France, des maisons à vivre »,
l’exposition consacrée à l’habitat et la décoration intérieure
était organisée depuis deux ans en Chine. Cet accord permet de pérenniser cet événement annuel qui a rencontré
un vif succès dès sa création en 2005.
C’est la première fois qu’un événement conçu, créé et
organisé par un organisme du dispositif public d’aide au
commerce extérieur français est racheté par un opérateur
privé de premier rang. Reed Exhibitions China est en effet
le premier opérateur de salons professionnels en Chine.
Cet accord prévoit la création d’un nouveau salon, « International Home Decor and Design 2007 » qui se tiendra
à Shanghai du 14 au 16 Juin 2007. Il permet ainsi d’internationaliser le concept de mise en valeur des produits de
l’habitat « haut de gamme » occidentaux, très appréciés
actuellement en Chine.
UBIFRANCE organisera donc l’espace « France, des maisons à vivre » sur ce nouveau salon, afin de capitaliser et de
développer, en étroite coopération avec l’opérateur Reed
Exhibitions China, les contacts initiés depuis le lancement
de cette exposition.
L’Exposition « France, des maisons à vivre » en 2006
juin au 1er juillet. Elle a rassemblé 70 exposants qui ont
présenté un panorama des savoir-faire français en matière
d’habitat et de décoration intérieure. 4370 visiteurs au total sont venus découvrir ce condensé de l’art de vivre à la
française. Les exposants français, parmi lesquels figurent
des artisans et des Très Petites Entreprises, ont pu identifier
de nouveaux interlocuteurs ou consolider leurs acquis en
Chine. UBIFRANCE et Reed Exhibitions China offrent ainsi
aux entreprises françaises l’assurance de pouvoir présenter
tous les ans en Chine leurs savoir-faire... une initiative intéressante pour rester dans la course sur ce marché en plein
développement.
法国企业国际发展局向励展中国转让“艺术法国,家中绽放”的展览概念
法
国企业国际发展局(UBIFRANCE)刚刚与励展中
司,也是为世界专业会展业所公认的“励展博览”集团的
国(Reed Exhibitions China)集团签署了一份协
子公司。
议,以转让“艺术法国,家中绽放”(France,
根据双方签署的协议,今年将创立一个新的“2007年
des maisons à vivre)的展览商标概念。“艺术法国,家中绽
国际家居装饰艺术展”(International Home Decor and Design
放”是家居和室内装饰的主题展览,在中国连续举办了两
2007),展览将于6月14日至16日在上海举办。通过这一展
届,自从2005年首次举办以来,每次都受到热烈欢迎。与
览,将引进世界一流的家居设计、高雅精品和餐桌艺术。
励展中国签署的协议将可以使这一年一度的展览延续下
去。
这也是第一次一个由法国政府机构设计、创立并组织
的展览活动,被一家一流的私营机构所收购,从而成为一
个展览品牌。励展中国是中国专业会展方面的第一大公
26
协议规定,法国企业国际发展局将在2007年和2008年
的“国际家居装饰艺术展”上组织“法国家居”展区,
与励展中国密切合作,积累并发展这一展事的各种联系资
源,满足中国专业观众的需要。
© Imagine China
Dossier
Le SPORT en Chine : des ambitions en or
中国的体育:金色的梦想
Elévation du niveau de vie et consommation de masse,
généralisation des loisirs, affirmation de puissance d’un payscontinent qui émerge sur la scène géopolitique mondiale : le sport
est au croisement de tendances de fond de la société chinoise.
Dans la perspective des JO de Pékin en 2008, Connexions fait le
point sur l’évolution des pratiques sportives en Chine, sur leurs
retombées économiques, et dresse un panorama des différentes
dimensions de ce nouveau phénomène de société.
© A. S. Douard
Le sport en Chine
Murs peints dans une rue de Pékin
Le sport,
la politique par d’autres moyens ?
L’histoire du sport en Chine épouse les péripéties de la Nation et si la culture
physique connaît un regain d’intérêt depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale,
ce n’est pas sans arrière-pensée politique. Depuis son avènement récent dans les
compétitions internationales, la Chine cherche à se doter d’une véritable culture
sportive populaire, qui fait encore défaut.
«S
i les règles n’avaient pas
été changées, la Chine
serait championne du
monde ». Ce cri du cœur, c’est celui du
responsable du football de Zibo, une
grosse bourgade perdue au milieu de
la province du Shandong. Cette ville
est sortie de l’ombre en 2004 quand
la FIFA l’a très officiellement désignée
comme étant le berceau du football.
À grand renfort d’archéologues et
d’historiens, il a été démontré que les
autochtones frappaient dans une balle
de cuir remplie de plumes et de cheveux il y a 2300 ans, soit plus de deux
millénaires avant que les Britanniques
n’entrent en scène et, donc, changent
les règles du jeu.
Cet épisode montre que la Chine est
bien décidée à inscrire son nom dans
les annales du sport même si pour cela
il faut revisiter l’histoire. Non contents
d’avoir récupéré la paternité du ballon
28
rond, les experts aimeraient bien mettre la main sur d’autres disciplines. Un
professeur de l’Université de Lanzhou
affirme ainsi que le golf se pratiquait
en Chine dès l’an 945 avec des clubs en
jade. Même chose pour le ski, dernière
lubie des classes moyennes, qui serait
apparu il y a trois siècles sur les pentes
enneigées de l’Altaï, dans la province
du Xinjiang. Ces opérations généalogiques sont aussi un moyen de siniser
des sports qui passent encore pour
des produits d’importations.
Anciens et modernes
Pourtant, la Chine ne manque pas
d’histoires. Les plus anciennes traces de pratiques sportives sont des
peintures rupestres du Yunnan. Ces
fresques représentent un groupe de
soldats pratiquant des exercices avec
un ballon, 2000 ans avant notre ère.
Plus tard, sous la dynastie Han (-206
+220), on s’exerçait aux arts martiaux,
les Tang (618-907) montaient à cheval
et connaissaient même le polo, les
Le golf se pratiquait
en Chine dès l’an 945
avec des clubs en
jade.
Ming (1368-1644) auraient inventé le
patin à glace sur les lacs gelés et leurs
successeurs, les Qing, s’adonnaient au
tir à l’arc. Ces dernières années, les spécialistes ont exhumé poteries et basreliefs pour recoller les morceaux de
5000 ans d’histoire du sport. Le récit
épouse les péripéties de la nation chinoise. Ainsi, la fin du XIXe commence
à souffler l’influence occidentale syno-
Le sport en Chine
Très vite, le tennis de
table est devenu un
instrument au service
du prestige national
tre d’athlétisme a ainsi été organisée
dans une école de missionnaires de
la ville en 1890 et la première équipe
de football formée en 1901. Toujours
à Shanghai, un magasin propose des
tables de ping-pong à partir de 1904.
Le matériel est importé du Japon et les
employés disputent des matchs dans
la vitrine pour attirer les badauds. Cette époque est aussi celle des premières structurations : une commission du
sport est formée au sein du ministère
de l’éducation et la première association chinoise d’athlétisme est créée en
1924. La Chine commence à participer
aux compétitions internationales, notamment les Jeux d’Extrême-Orient,
qu’elle remporte 9 fois entre 1913 et
1934. Sur la scène sportive mondiale,
le pays participe à ses premiers Jeux
Olympiques, à Los Angeles, en 1932.
Une présence symbolique puisque la
délégation ne compte que cinq personnes dont un seul sportif. Quatre
ans plus tard, la participation chinoise
aux Jeux de Berlin est nettement plus
sérieuse avec 69 athlètes. Mais toujours pas une seule médaille.
Sport et politique
Avec la révolution de 1949 et l’arrivée
des communistes au pouvoir, le sport
devient une affaire d’Etat. Très vite, le
nouveau régime a épousé la cause du
sport et les clichés ne manquent pas
pour attester de cette affinité précoce:
en 1940, une photo montre le maré-
chal Zhu De abandonnant la lutte
anti-japonaise le temps d’une partie
de volley-ball. Encore plus mythique,
Mao Zedong est immortalisé en 1946
dans la base rouge de Yan’an disputant
une partie de ping-pong. Le décor est
sobre, l’équipement rudimentaire :
deux tables accolées et une raquette
découpée dans une planche de bois.
Ce cliché scelle l’alliance du régime
avec la culture physique dans sa version populaire et rigoriste. Dès 1952, le
pouvoir politique investit le sport avec
la création d’une Commission spécialisée au sein du PCC. Une année plus
tôt, le gouvernement avait institué les
exercices de gymnastique obligatoires
pour les collégiens et les lycéens. Un
demi-siècle plus tard, la formule est
toujours en vigueur dans les écoles.
Elle connaîtra même un renouveau
dans les années 90, associée aux exercices paramilitaires du « Programme
d’éducation patriotique ». Revenons
aux débuts de la Nouvelle Chine. À peine fondé, le régime assigne au sport
une triple mission: renforcer la santé,
éduquer la jeunesse, servir la Nation.
Le troisième objectif sera, de loin, le
plus important. Dès les Jeux Olym-
© DR
nyme de déclin national. À cette époque, les sports « modernes », marqués
du sceau de l’étranger, font leur apparition à Shanghai. La première rencon-
La fameuse photo de Mao Zedong
jouant au ping pong en 1946
piques de 1956, le sport est au cœur
du bras de fer entre Pékin et Taipei.
Cette année-là, la Chine boycotte les
J.O. pour protester contre la présence
d’athlètes de l’île nationaliste. Deux
ans après, elle claque la porte du Comité International Olympique pour la
même raison. Il faudra attendre 1984
et les Jeux de Los Angeles pour revoir
une délégation chinoise sous les anneaux (1980 pour les J.O. d’hiver). Un
retour marqué, d’ailleurs, par la première médaille d’or chinoise. Fâché
avec le CIO, Pékin organise ses propres olympiades, les Jeux Nationaux,
inaugurés en 1959 sous les auspices
de Mao Zedong. La formule perdure
encore de nos jours. L’autre épisode
célèbre de ce mariage entre sport et
politique, c’est bien sûr le ping-pong.
Très vite, le tennis de table est devenu
un instrument au service du prestige
national. Cette discipline a offert à la
Chine son premier « numéro un mondial », Rong Guotuan en 1959, et sa
première manifestation internationale
deux ans plus tard avec l’organisation
des championnats du monde à Pékin.
Ce n’est pas négligeable pour un pays
non représenté à l’ONU et qui vient de
perdre son plus fidèle allié, l’URSS. Dès
lors, la petite balle ronde ne quittera
plus l’orbite de la politique. Le pingpong sera aussi l’instrument du rapprochement avec les Etats-Unis, avec
la visite de l’équipe nationale américaine en Chine en 1971, prélude au
rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays. üüü
29 Le sport en Chine
Une Nation de
sport sans sportifs
SPORT
SANTÉ versus SPORT PLAISIR
üüü
A côté du volet politique, la diffusion
Il s’agit moins d’apprendre un sport que d’apprendre par le sport
du sport dans la société a longtemps
été négligée. Seuls les sports « traditionnels » (arts martiaux et exercices
physiques) et le ping-pong sont largement pratiqués. Il faut attendre
1995 pour que le gouvernement se
fixe l’objectif de développer le sport
amateur. Mais la « loi sur le sport »
adoptée cette année-là reste marquée par l’intérêt du régime chinois
pour le sport professionnel qui rapporte des médailles. Le texte rappelle
encore que l’activité physique doit
concourir à « assurer la gloire de la
nation » et même « la défense (militaire) de la patrie ». Mises à part ces
reliques, le gouvernement chinois
évoque enfin le sport comme loisir.
Le problème c’est que les structures
pour accueillir les amateurs sont encore inexistantes et les financements
publics sont maigres. Officiellement,
les antiques comités de quartier sont
chargés d’organiser les activités sportives de proximité. En réalité, les sportifs dilettantes doivent se contenter
des quelques Centres Culturels de
quartier. Les ruraux n’ont même pas
cette chance. C’est là le paradoxe chinois. À force de volonté, la Chine s’est
hissée au second rang des nations
olympiques et ses athlètes s’illustrent
désormais dans toutes les disciplines.
Elle a même inventé le football. Mais
il lui reste encore à relever un dernier
défi: développer une pratique populaire du sport. n
Mathieu Baratier
30 © A. S. Douard
L’activité physique
doit concourir à
« assurer la gloire
de la Nation »
Séances d’exercices dans le parc Ritan à Pékin
L
es expressions pour désigner les
activités sportives ne manquent
pas en chinois, mais celle qui serait
la plus proche du mot sport, «运动»
(yundong, mouvements physiques),
est rarement employée, sauf pour
parler des professionnels. Le terme
utilisé dans les textes officiels est «体
育»(tiyu), l’équivalent d’éducation
physique, car le rôle éducatif des
activités sportives est depuis toujours
au cœur de l’approche chinoise. Il
s’agit moins d’apprendre un sport
que d’apprendre par le sport (la
morale, la discipline, la vie en société,
etc...). Pour parler du sport amateur,
en dehors du cadre scolaire, on
utilise beaucoup les termes «健
身» (jianshen, fortifier la santé) ou
«健体» (jianti, fortifier le corps) qui
renferment une connotation médicale
évidente. Ils soulignent la conception
traditionnelle selon laquelle le sport
a d’abord pour fonction de renforcer
le corps et l’esprit. D’ailleurs, les arts
martiaux “武术” (wushu) sont avant
tout un ensemble de méthodes
pour se maintenir en bonne santé
(notamment le taijiquan). La distance
qui sépare le sport chinois « traditionnel » du sport occidental « moderne »
est donc moins une différence de
nature que d’objectif. Mais c’est un
décalage culturel fondamental et
toute l’organisation du sport s’en
trouve influencée. En occident, le
sport moderne s’est développé
après la Révolution Industrielle, sous
l’impulsion de riches européens
désoeuvrés ou idéalistes. Il est
synonyme de loisir et de jeu pour les
occidentaux. Cette notion pourrait finir
par rejoindre la conception médicale
chinoise. Car se faire plaisir, c’est aussi
se faire du bien.
Mathieu Baratier
Le sport en Chine
体育: 政治的手段?
中国体育的历史与中华民族历史的变迁息息相关。就如二战后体育的复苏并非
没有隐藏的政治想法。如今,中国在国际体育界的亮相越来越频繁,并努力使
自己具备一种目前尚缺的真正的全民体育修养。
《如
果规则没有改变,
热衷于拔河运动。近几年,专家们通
中国会是世界的冠
过陶瓷及雕刻收集着华夏民族5000年
军》。这是山东省淄
的体育历史。其中的过程就是中华民
博足球队负责人内心发出的呐喊。
族历史的演变过程。
2004年当国际足协正式宣布淄博为足
十九世纪末的时候,西方影响开
球的诞生地时,这个城市从阴影中
始进入中国,中华民族开始衰落。这
走出。这是一个历史性的时刻,当
段时期,源于国外的‘现代’体育开
2300年前中国的古人踢着用羽毛及马
始进入中国上海。上海于1890年组织
鬃填充的皮球的时候,距英国人发明
了第一次田径运动会,1901年组建了
足球早了整整2000多年!
第一支足球队。还是在上海,1904年
这表明,中国早已被载入体育
出现了第一家乒乓球桌商店。材料是
史册。不仅仅满足于重获‘足球之
从日本进口的,店员们在橱窗内进行
父’的头衔,中国的专家们对其他体
比赛以吸引行人的眼光。这一时期也
育项目的发祥地有着同样的兴趣。
是中国体育组织结构的形成时期:教育
兰州大学的一位教授宣布高尔
部组建了体育委员会,第一个
夫球运动于公元945年就已在
运动员协会也于1924年成立。
中国诞生。即使类似于滑雪
中国开始参加国际性运动会,
之类的中产阶级的偏爱,也
尤其是远东运动会,1913年到
于3个世纪前就已在新疆省阿
朱德元帅正在参加一场排球赛而暂时
把对日本人的战斗放在一边。更为
传奇的一张照片记下了毛泽东主席
1946年在红色根据地延安打乒乓球的
场面。场地很狭小,设备也很简陋:
两张拼凑在一起的桌子,一副由一块
木板加工成的球拍。这张照片使政治
与体育的结合大众化且有严肃性。
1952年,共产党成立了专门委员会来
主管体育事业。在前一年,政府还颁
布了中小学生必修课间操条例。半个
世纪后,这项规定仍然在所有的学校
里执行。甚至在90年代伴随着《爱国
主义教育运动》,还掀起了一轮新的
浪潮。
还是让我们回到新中国建立初
期。当时,体育被赋予了3项使命:
1932年期间中国共9次夺冠。在
尔泰被大雪覆盖的斜坡上出现。这
国际体育舞台上,中国于1932年第一
种追根朔元也是传播中国体育文化的
次参加了在洛杉矶举行的奥运会。当
一种途径。
时,中国代表团仅由5人组成,其中只
有一名运动员。4年后,中国参加的柏
古代体育与现代体育
中国是最不缺少历史的国家。最
林运动会则显得更为正式,共派出了
69名运动员,但没有获得奖牌。
早的体育运动的古迹出现在云南石窟
体育与政治的庄严结合
士兵玩球的场面。之后的汉朝(公元前
1949年新中国成立,共产党开始
206至公元220年),人们练习武术,唐
执政,体育也成为一项国事。很快,
朝人(公元618至907年)骑马并发明了马
新的政权参与到体育事业的发展中,
球运动,明朝人(公元1368至1644年)创
而一些照片也表明了新政府对体育事
造了冰球运动,明朝之后的清朝人则
业的重视:1940年,一张照片拍下了
© DR
的壁画中。这些壁画展现了2000年前
31
Le sport en Chine
1971年美国乒乓球代表队访问中国是
中美外交关系恢复的前奏。
非运动的体育国家
如果不考虑政治因素,体育运动
在中国的推广是非常有限的。只有一
些传统项目(武术,体操)以及乒乓球
被广泛练习。直到1995年,政府才致
力于发展业余体育运动。但是,今年
通过的‘体育法’还是表明了中国政
府对能获得金牌的职业运动的重视。
体育运动的主旨仍然是‘维护国家荣
誉’和‘保护国家安全’。但除了这
© DR
些过去的提法,中国政府最终还是将
体育以休闲的概念提出。问题在于,
增强体质,教育青年,报效祖国。其
1959年创办了自己的奥运会:全国运
目前还没有体育爱好者的组织结构,
中第三项使命最为远大,也最为重
动会。这一运动会一直延续到今天。
国家在这方面的财政投入也很有限。
要。1956年的奥运会是中国和台湾
另一个政治与体育结合的篇章自然是
事实上,还是那些居委会在组织各项
较量的开始。那一年,中国拒绝参
乒乓球了。乒乓球迅速地成为为国家
体育活动。也许,城里的体育爱好者
加奥运会以反对台湾以国家的形式派
荣誉服务的工具。这个项目让中国产
们应该满足于已有的体育运动场所,
出运动员参加该届奥运会。两年后,
生了第一位世界冠军荣国团,两年后
因为在农村,人们连这样的条件都没
中国与国际奥委会断绝了关系。一直
中国又第一次亮相北京的世乒赛。这
有。这正是中国体育的矛盾之处。
等到1984年洛杉矶奥运会才看到中国
对一个既不是联合国成员国又刚刚失
怀着强烈的决心,中国已经跃居二级
代表团的参加(1980年冬奥会)。这一
去最有力的同盟――前苏联的国家来
奥林匹克国家的行列,并且培养出各
次,中国以获得一枚金牌的成绩展示
说是不可忽视的。从此,小小的乒乓
个项目的优秀运动员。她甚至是足球
了一个引人注目的回归。与奥委会决
球就再也没有离开过政治的轨道。乒
的发明国。对中国来说,最后的挑战
裂期间,在毛主席的支持下,中国于
乓球也成为中美两国接近的工具,
是:发展全民体育运动。n
© A. S. Douard
医学运动与
娱乐运动
在中国用来表达体育运动的词汇数不胜数,其中最接近体育的词便是‘运动’,然而,这个词语却很少被应
用,除非在谈到职业运动员时。正式文件中大多使用‘体育’,即体能教育的意思,因为体育运动的教育意义一直
是中国人关注的核心。从体育中学习的意义比学习体育更为重要。对于体育爱好者而言,除去在学校,一般人都使
用‘健身’或者‘健体’,这样的说法带有明显的医学涵义。它反映了中国人的传统思想:运动可以增强人的体质
与精神。此外,武术更是一种强身健体的绝佳途径(尤其是太极拳)。区分中国传统体育与西方现代体育的关键不是
运动的性质,而是目的。但是,这是一种本质的文化区别,所有的运动组织都受此影响。在西方,现代体育是在
工业革命后兴起的,受到当时欧洲富裕阶层理想主义者的推动。在西方,体育就是娱乐,游戏的同义词。这种观念
最终与中国医学的观念契合,即让自己高兴就是对自己好。
32
© Imagine China
Le sport en Chine
Un entretien avec Pierre Justo, Directeur Général de TNS Sport
Les deux visages du sport
TNS (Taylor-Nelson-Sofres) est le deuxième groupe mondial d’études marketing et
media. Sa filiale spécialisée sur le sport, TNS Sport se développe vite en Asie et plus
particulièrement en Chine. Pierre Justo, son Directeur Général, fait le point sur le
goût des Chinois en matière de sport.
Le Chinois moyen s’intéresse-t-il vraiment au sport?
Pierre Justo : Quand nous avons
mis en place TNS Sport Asie, en 2002,
nous ne pensions pas du tout que le
sport se développerait aussi vite en
Chine. A l’époque il y avait encore très
peu de grands évènements sportifs.
Aujourd’hui, bien que le marché chinois
ne représente encore que 6% de notre
chiffre d’affaires mondial, la Chine fait
déjà partie des pays où l’intérêt pour le
sport est le plus répandu. Le Baromètre
TNS Sport China Sports & Sponsorship
que nous avons mis en place, il y a 5
ans auprès des Chinois vivant dans les
grands centres urbains montre que fin
2006, seuls 9% d’entre eux affirmaient
n’éprouver aucun intérêt pour le sport
(14 à 15% fin 2003). Un chiffre qui place
la Chine au même rang que les EtatsUnis et l’Australie, loin devant les pays
européens. Ceux qui aiment le sport se
divisent ainsi : 20 à 25% sont des fans
‘’très intéressés par le sport’’ (10% en
Europe) et 40 à 45% se déclarent assez
intéressés. Le reste des Chinois qui ne
sont pas hostiles au sport ont un intérêt
qui varie en fonction des grands événements sportifs, qui sont de plus en plus
fréquemment organisés en Chine.
La Chine est-t-elle en train de
devenir une grande nation
sportive ?
P.J. : Il faut faire une distinction entre
l’attitude du Chinois urbain moyen et
la volonté de l’Etat. Le gouvernement
chinois a un objectif : faire de la Chine
la première nation sportive de la planète afin de montrer qu’elle est une
grande puissance...pacifique. Reste
que l’effort sportif de la Chine est encore confiné à une élite professionnelle et a peu de répercussion sur le
consommateur pour qui le choix d’un
sport est avant tout une affaireüüü
33
© Imagine China
Le sport en Chine
Suporters chinois lors d’un match de football à Shanghai.
Pratiques et Intérêts sportifs chinois
Qui fait quoi ? Qui aime quoi ?
Le sexe et l’âge sont des facteurs très discriminants
tant en pratique qu’en intérêt pour les sports. En ce
qui concerne l’intérêt général pour un sport, c’est-àdire le nombre de fans, les Chinoises se passionnent
plus que les hommes pour le volley, le plongeon, la
gymnastique, le ski ou le patinage, alors que les
Chinois s’enflamment pour le foot, le basket, le
tennis de table, les arts martiaux, la boxe, les sports
��
extrêmes ou le billard. Quant à la natation, au
tennis, au marathon, au vélo et au badminton,
ils sont plébiscités à égalité par les hommes
et les femmes. Concernant l’âge, les jeunes
s’enflamment surtout pour le basket, la formule
1, le plongeon, le badminton, le cyclisme, les
sports extrêmes et le billard. Par contre, les moins
jeunes sont majoritaires à s’intéresser au foot,
au ping-pong, au volley, à la gymnastique, à la
natation et à la boxe.
��
��
��
����
����
����
���
ll
tba
Fo
o
ss
Fitn
e
tag
ne
on
et
em
Ba
sk
sd
Sp
ort
Na
tat
ion
nis
de
Tab
le
Ten
Cy
clis
me
rse
Co
u
n
mi
nto
e
rch
Ba
d
Ma
���
���
nse
���
�
Femmes
Hommes
Pratiques sportives en Chine : femmes VS hommes
Source : TNS Sport Chine / CSM Media Research (P. Justo)
34
���
���
���
���
���
��� ���
un
��� ���
���
�
ng
���
����
Bo
wli
����
���
��
���� ����
����
����
����
rd
����
��
Au
c
����
Bill
a
���� ����
��
e
����
��
Pê
ch
��
/W
ush
u
��
Tai
ji
��
Da
��
üüüde standing social, de projection
d’image, plus que de goût personnel. S’il y a maintenant beaucoup de
sport à la télévision, la pratique sportive amateur n’est pas enracinée dans
le tissu social scolaire ou associatif. De
plus, il convient de faire la différence
entre entraînement sportif et activité physique. Tout ce qui touche à
la forme physique se développe mais
n’a rien à voir avec un souci de compétition amateur. Prenons l’exemple
du tennis de table, un des sports les
plus répandus de Chine. Les urbains
s’y exercent individuellement dans
les parcs mais ils ne font pas, comme
en France, partie d’un club avec classement et compétition. Le gouvernement chinois commence à vouloir
combler son retard en matière de pratique sportive amateur mais les équipements restent rares alors que les
efforts pour le sport professionnel de
très haut niveau sont impressionnants.
Quels sont les sports favoris
des Chinois urbains?
P.J. : Les trois sports majeurs sont
aujourd’hui le football, le basketball
et le tennis de table. A noter la courbe
très ascendante du basket. Même s’il
est apparemment derrière le foot en
terme d’intérêt global, il est le sport
numéro 1 pour les 15-24 ans (28,3%
des jeunes de 15-24 ans se déclarent très intéressés par le basketball
contre 23,5% pour le football). C’est, à
mon avis, le sport numéro 1 en Chine.
Ce sport bénéficie fortement de l’effet
NBA où joue la grande star sportive
chinoise Yao Ming (voir page 45 ), qui
promeut son produit tout en développant la CBA, la ligue professionnelle
chinoise de basket. Le football chinois,
quant à lui, est très mal organisé mais
reste un sport populaire, surtout parce
qu’il est le sport numéro 1 de la planète. Le tennis de table est toujours très
pratiqué par l’ensemble de Chinois,
jeunes ou vieux, riches ou modestes.
C’est le type même du sport populaire, mais un peu en perte de vitesse. Le
© P. Justo
Le sport en Chine
Pierre Justo, Directeur Général TNS Sport
badminton, de même, reste très prisé.
Pour les autres sports, la Formule 1
suscite un intérêt naissant, mais reste
un sport plutôt masculin. Le football
américain et le rugby sont totalement
méconnus et auront du mal à se faire
une place au soleil du sport chinois. Le
ski commence à sortir de l’ombre. Le
«
Fin 2006, seuls
9% des Chinois
affirmaient
n’éprouver aucun
intérêt pour le
sport
»
plongeon, la natation, et la gymnastique plaisent à tous et transcendent les
catégories. Le tennis a un fort potentiel surtout auprès de jeunes. La boxe
attire les hommes d’âge mur.
Mais si l’on ne devait retenir qu’un
sport, ce serait le billard en forte croissance et qui attire un public de 15-34
ans, aisé, bien éduqué, la cible parfaite
des annonceurs en quelque sorte. En
outre, l’avènement de Ding Junhui,
nouvelle star mondiale de ce sport, ne
peut que soutenir cette tendance.
Par tranches d’âge, ce sont les 15-34 ans
qui font les modes sportives en Chine.
S’intéresser à leurs préférences sportives aujourd’hui permet de mieux prévoir quels seront les sports de demain
en Chine. Au-delà, si les 35-44 ans intéressent encore un peu les marques
qui investissent dans le sport, on ne
peut pas en dire autant des 45 ans et
plus qui sont les laissés-pour-compte
du développement du sport en Chine.
De façon générale, les consommateurs
qui s’intéressent au sport sont jeunes,
aisés et bien éduqués. Les sports qui
drainent les classes moyennes supérieures sont le tennis (à la mode),
le golf (encore élitiste), le basket, le
billard, ou des évènements comme le
patinage artistique, les championnats
du monde de plongeon, la natation.
Les sports extrêmes attirent une clientèle beaucoup plus jeune, les 12-18
ans : skating, escalade, surf. Par ailleurs,
s’il existe bien une spécificité chinoise
intéressante dans le domaine du sport,
c’est celle qui porte sur les préférences
de sportifs. Alors que les hommes
optent pour les stars internationales :
Beckham, Jordan, Zidane... les femmes
choisissent plutôt les stars chinoises
Yao Ming, Liu Xiang, Deng Yaping ou
autres Kong Linghui...
Quelles sont les retombées
de l’image du sport en matière de sponsoring?
P.J. : Elles sont très positives, et de loin
largement supérieures à ce que l’on
peut observer dans d’autres pays. En
effet, 70% des Chinois déclarent juger
« positivement » le rôle du sponsoring
sportif et se disent tout a fait conscients que, sans l’argent des sponsors,
le sport en Chine ne pourrait se développer comme il le fait et leur proposer
les spectacles qu’ils attendent. Cette
attitude positive vis-à-vis du sponsoring a des répercussions sur les décisions d’achat des Chinois, qui sont plus
sensibles aux marques qui investissent
dans le sport. En effet, et contrairement aux Européens, plus un Chinois
est aisé et intéressé par le sport, plus
il est sensible au sponsoring. Aux yeux
d’un sponsor, le sport en Chine présente un double atout, qui peut paraître quelque peu paradoxal : être à
la fois populaire – touchant les masses
- et élitiste – synonyme de standing et
de bonne image de marque. n
Propos recueillis par Anne Garrigue
35
Le sport en Chine
Stars préférées
© Imagine China
des Chinois
© DR
1. Yao Ming, Chine,
basket : 46,7%1
© DR
2. Liu Xiang, Chine,
athlétisme : 44, 6%
3. Beckham, Grande
Bretagne, foot : 33,5%
La médiatisation du sport
Grâce aux technologies de l’internet ou du téléphone
portable, de nouveaux acteurs, comme les opérateurs de
téléphonie mobile, ont fait irruption sur le marché de la
diffusion d’événements sportifs.
Cependant, le média numéro 1 du sport en Chine reste sans
conteste la télévision. Avec 109 chaînes spécialisées, le sport
est omniprésent à la télévision.
62 271
4 277
3
29 777
C’est le nombre d’heures de sport
diffusées à la télévision en Chine
en 2006 contre 1 741 heures en
France.
« grands sports » méconnus
en Chine : le rugby (34 heures
de diffusion en une année), le
handball (17 heures) et le cyclisme
(119 heures).
C’est le nombre d’heures de foot
qui ont été retransmises lors de la
Coupe du Monde de 2006.
heures de foot télédiffusées
en Chine, soit 47,8% du sport
retransmis. Le foot arrive largement
en tête, devant le basket (14.6%), le
tennis (4.4%), le billard (4.3%) et les
sports mécaniques (3.6%).
© DR
Hit parade
© DR
4. Ronaldo, Brésil,
foot :18,3%
5. Jordan, Etats-Unis,
basket : 16,9%
1 Pourcentage des chinois urbains qui connaissent ce
sportif. Source : TNS Sport Chine / CSM Media Research
(P.Justo)
36
Les 9 évènements ci-après
représentent à eux seuls la
moitié de tout le sport diffusé à
la Télévision chinoise en 2006.
- Premier League (foot anglais)
- FIFA Coupe du Monde 2006
- NBA (basket américain)
- UEFA Champions League
- CBA (basket chinois)
- CSL (football chinois)
- Liga (foot espagnol)
- Serie A (foot italien)
- Open d’Australie (tennis)
La France
à la TV chinoise
Les 5 évènements les
plus diffusés ont une
audience encore très
restreinte.
• Ligue 1 (foot) : 155h
• Roland Garros : 153h
• Le Tournoi de football
Junior de Toulon : 75h
• Les 24h du Mans : 40h
• Paris Dakar: 326h
Source : TNS Sport Chine / CSM Media Research (P.Justo)
Le sport en Chine
Nathalie Bastianelli, CEO du groupe Havas Sports Chine
explique pourquoi et comment le sponsoring sportif permet
d’accroître la notoriété d’une marque à un niveau local ou
international.
© DR
Sponsoring sportif en Chine :
Quelles retombées ?
6. Guo Jingjing, Chine,
natation : 13,8%
+ de 30% des chinois urbains
avoue que leur décision d’achats
est influencée si une marque
-de boisson ou vêtements- est
sponsor officiel des J.O 2008.
Source : TNS Sport Chine / CSM Media Research (P.Justo)
© DR
7. Tian Liang, Chine,
plongeon : 12,9%
© DR
8. Zidane, France,
foot : 12,7%
9. Maradona,
Argentine, foot : 12,6%
© DR
70% des Chinois
perçoivent le
sponsoring sportif
comme positif.
© DR
S
ponsoriser des événements chinois permet à une marque d’être en
contact direct avec l’administration chinoise et d’utiliser son partenariat
sportif comme outil de lobbying. Le cas du constructeur sud-coréen
Hyundai illustre assez bien ce genre d’opportunité. Afin de s’attirer les faveurs
de la municipalité de Pékin, Hyundai a ainsi signé en 2003 un partenariat
avec le club de foot de la capitale pour 5 ans. L’équipe n’a jamais remporté le
championnat chinois mais Hyundai a pu gagner un gros marché : remplacer
la flotte des 67 000 taxis de la ville de Pékin. Les Chinois considèrent que les
partenariats sportifs sont un moyen de « favoriser le développement du sport,
d’apporter des solutions financières aux clubs et de permettre à plus de gens
de voir ou de faire du sport. Ils perçoivent les sponsors comme des marques
énergiques, puissantes, fabriquant des produits de qualité. » (Baromètre Sport
et sponsoring en Chine, TNS Sofres, 2006)
Le sponsoring sportif est relativement récent en Chine mais il est devenu
un outil de marketing puissant, pris au sérieux aussi bien par les marques
internationales que locales. C’est un moyen accessible et très efficace pour
toucher les consommateurs chinois alors que la grande segmentation du
marché chinois le rend difficile d’accès pour les marques étrangères et
que de gros budgets publicitaires sont nécessaires pour espérer un début
de notoriété.
Nathalie Bastianelli
10. Deng Yaping, Chine,
ping-pong : 10,7%
Source : TNS Sport Chine / CSM Media Research (P.Justo)
37
Le sport en Chine
Les sports préférés
Foot
Le favori du petit écran
C’est le sport le plus populaire mais il
est relativement peu pratiqué. Sport
le plus médiatisé de Chine, il plait à
toutes les classes d’âge ou de revenu.
Paradoxalement, ce sont plutôt les
championnats étrangers qui passionnent les supporters chinois qui suivent
de plus près les matchs de ligues anglaise ou espagnole que ceux de leur
propre championnat. Cette désaffection est due probablement à la série
de scandales qui a entaché la réputation de la CFA, Chinese Football Association. En outre, si quelques grands
footballeurs chinois jouent dans des
clubs étrangers, par exemple, Dong
Fangzhuo au Manchester United, le
foot chinois est victime d’un manque
de formation chez les jeunes. Son développement lent jusqu’en 1994 s’est
accéléré à partir de la création du premier championnat professionnel.
Basket
Sport - tendance de la nouvelle génération
Domination absolue en
perte de vitesse
Ce sport, qui a su trouver un second Après 1949, le ping pong est devenu
élan, attire les jeunes. Deuxième sport le sport quasi-officiel du Parti, jouant
le plus populaire de Chine derrière le même un rôle diplomatique. Dans les
foot, il draine aujourd’hui plus de prati- années 60, près de 100 millions de Chiquants que le ballon rond, grâce à des nois le pratiquaient et son image se
équipement plus nombreux et à une confondait avec celle de la Chine, qui a
politique dynamique. Arrivé au 19ème dominé depuis les années 70 la scène
siècle dans les malles des missionnaires internationale. Aujourd’hui pourtant,
malgré les 10 millions de pratiquants
- il venait d’être inventé aux
réguliers, ce sport connaît une lente
Etats-Unis - il a garérosion. Peu télégénique, il ne
dé une coloraremporte pas de grands succès
tion amérid’audience malgré la création
canophile.
de la Super ligue en 2000.
Disparu
p e n d a nt
la révo lution
culturelle,
le basket a
redémarré à
Le volley chinois a connu son
d
partir de 1995
uar
Do
heure
de gloire dans les années
. S.
A
©
sous la houlette de
80, quand l’équipe nationale féminine
la CBA, Chinese Basket Associavolait de succès en succès, avant de
tion, qui contrôle les droits
péricliter dans les années 90. En 2004,
commerciaux d’un sport
la médaille d’or des volleyeuses aux
de plus en plus lucratif.
Jeux d’Athènes a relancé dans le pays
Aujourd’hui, les basl’engouement pour un sport considéré
ketteurs profescomme l’un des « trois grands ballons»
sionnels jouent
avec le foot et le basket. Le pays ne
au sein de clubs
compte pourtant que 3500 joueurs réprivés et sont
guliers, pratiquant sur des terrains offisoutenus par
ciels et suivant des entraînements. Et ce
des supporters
sport qui passionne surtout les femmes
et des revues
et les personnes plus âgées a du mal à
sp é cialis é es
trouver un second souffle.
de plus en plus
nombreux.
Volley
Le retour des femmes?
rd
ua
38
Ping-pong
©
A
.
.S
Do
Le sport en Chine
des Chinois urbains
Badminton
Mon volant adoré
Le badminton probablement né en
Chine il y a environ 2000 ans, compte
aujourd’hui environ 40 Millions de licenciés ou simples amateurs confondus. Aux derniers Jeux Asiatiques, le
champion du monde, Lin Dan et
l’équipe masculine de badminton ont
remporté l’or. Les Chinoises Zhang
Ning, Yang Wei et Zhang Jiewen toutes 3 médaillées d’or à Athènes ont
conservé leur titre grâce à leur victoire
3-0 contre les Japonaises.
Zi, Li Ting et Sun Tiantian médaille
d’or à d’Athènes ) le tennis
national chinois est passé
d’un modèle centralisé
à une organisation
plus souple et plus
internationalisée.
Les grandes capitales chinoises
rivalisent pour
accueillir les tournois mondiaux:
Open de Chine
à Pékin, Coupe
Masters à Shanghai
et l’on parle déjà d’un
million de pratiquants
amateurs.
a
alm
©
B
O.
La montagne gagne les Chinois !
La mode est au grand air : les sports d’hiver, le trekking, la marche et la randonnée sont devenus des sports loisirs très appréciés en Chine. Chaque année ils
sont plus nombreux à succomber aux charmes de l’altitude et les pistes - souvent enneigées artificiellement - ne désemplissent plus !
Tennis
©
.
A. S
d
uar
Do
Un sport qui démarre en
trombe
Le tennis, qui a vraiment décollé en
Chine en 2002, est un sport jeune,
prestigieux, pratiqué et apprécié aussi
bien par les hommes que par les femmes des nouvelles classes moyennes
urbaines. En pleine mutation après
les éclatants succès des 6 joueuses de
l’équipe nationale du premier groupe
( Li Na 17ème joueuse mondiale, Peng
Shuai , 42ème mondiale, Zheng Jie, Yan
Danse
Sur un air de Rock
De plus en plus populaire en Chine la
danse sportive est une discipline
qui se pratique souvent en plein
air. Les aficionados se retrouvent
autour d’une sono et d’un animateur qui donne le pas. Introduite dans les années 90, la
danse sportive fait partie des
65 grandes activités nationales du programme « Remettre
en forme la population » annoncé par le département du
sport pour tous du Bureau central du sport de Chine.
rd
ua
©
A.
S.
Do
39
Le sport en Chine
Gymnastique
Les Chinois dominent
©
La Chine est l’abonnée des podiums
internationaux en plongeon : à Athènes, elle a décroché 6 médailles sur
les 12 en jeu... Guo Jingjing, 25 ans,
championne olympique en titre des
épreuves de plongeon au
tremplin à 3 m et, 3 m
synchronisé a annoncé qu’elle mettrait
un terme à sa carrière après les JO
de 2008... une
réelle déception
pour les 21% de
Chinois qui
éprouvent un
intérêt profond
pour cette discipline.
hi
na
Sur le
haut du plongeoir
Im
ag
in
eC
R
©D
Au Danemark, la Chine
remporte
les
derniers
championnats du monde
par équipes chez les femmes
comme chez les hommes.
C’est la première fois depuis
1991 qu’une nation réalise
le doublé. A cette occasion,
la jeune Chinoise, Cheng Fei -3
médailles d’or- marque l’histoire
de la gymnastique en donnant son
nom à une figure : le Saut de Cheng
Fei. Le monde de la gymnastique la
considère comme la favorite pour les
Jeux Olympiques de 2008. Souple et
ultra-technique à la fois, il ne fait aucun
doute que la chinoise nous réserve de
belles surprises.
Le pays du
« Zixing che »
21% des Chinois pédalent au
quotidien. Si l’Asie abrite actuellement
80 % de la production mondiale de
cycles, la Chine a décidé d’équiper ses
athlètes sur piste avec les fameux vélos
carbone conçus par les entreprises
françaises Look et Mavic en vue
des prochains Jeux Olympiques de
Pékin. Ce partenariat a déjà porté ses
fruits lors des derniers JO. À Athènes,
l’athlète Jiang Yonghua avait remporté
une médaille d’argent lors du 500
mètres féminin !
40
Billard
Ding Junhui fait perdre la
boule au monde entier
Ding Junhui, le jeune prodige chinois,
remporte successivement l’Open de
snooker de Chine et le Championnat
du Royaume-Uni en battant des gros
calibres tels que Jimmy White ou Paul
Hunter. A à peine 20 ans, devant quelque 100 millions de téléspectateurs,
Ding Junhui devient une légende vi-
vante. Étant donné qu’une partie de
billard ne coûte que quelques RMB la
partie, ce jeu est l’un des passe-temps
les plus populaires à la ville comme à la
campagne : ses fans représentent près
de 10% de la population nationale.
©
DR
Rester « Fit » en toutes
circonstances
Au fur et à mesure que s’élève le niveau
de vie, on attache de l’importance à la
condition physique. Différents clubs
de fitness se sont ouverts en Chine et
tous attirent une nombreuse clientèle.
De plus en plus d’investisseurs gardent l’œil sur le marché : Musculation,
step, aérobics sur fond de musiques
électroniques :les activités de remise
en forme en salle ont de beaux jours
devant elles dans les grandes agglomérations !
Boxe avec l’ombre
Le taiji quan est le sport-santé par excellence. Souvent traduit par « boxe du
faîte suprême » ou « boxe avec l’ombre
» sa pratique consiste en une gymnastique énergétique globale. Pratiqué
régulièrement par près de 4% de la
population chinoise, cet art martial
aux multiples bienfaits fait partie des
Arts martiaux internes, en opposition
aux Arts martiaux externes à l’instar du
Kung Fu. Multi millénaire, il séduit particulièrement le 3ème âge. n
Agathe Allain,
Anne Garrigue
© Imagine China
Sport
professionnel
La Chine se prépare systématiquement à devenir
aux yeux du monde l’une des plus grandes
nations sportives, voire la meilleure. Dans tous les
sports, elle sélectionne et entraîne avec soin ses
futurs champions. Experts, entraîneurs et athlètes
s’emploient à décrire, à travers leurs expériences,
le vrai visage du sport professionnel en Chine.
Le sport en Chine
© Grasset
« Les Chinois veulent devenir
la première puissance
sportive mondiale »
La Chine a-t-elle des chances
de devenir le pays le plus médaillé de la planète?
Loic Grasset : Oui. Mais ce ne sera pas
flamboyant. Les Chinois feront une
razzia de médailles dans les disciplines
olympiques les moins médiatisées en
Occident comme le tir, le plongeon ou
l’haltérophilie. Mais, hormis la gymnastique ou le 110 m haies, les médailles
les plus prestigieuses, celles qui font
la légende des Jeux, reviendront aux
nations traditionnelles comme les
Etats-Unis ou la Russie. L’objectif de la
Chine à Pékin est double : obtenir plus
de 33 médailles d’or, sa performance
à Athènes, mais surtout devancer les
Etats-Unis en termes de médailles
Loïc Grasset, ancien rédacteur en chef de l’Equipe
Magazine, est aujourd’hui directeur général de BASC,
filiale du groupe Amaury (Equipe, Le Parisien, Tour
de France..). Basé à Pékin pour développer le groupe
l’Equipe en Asie, il a déjà lancé des magazines de sport
et de mode avec des partenaires chinois. Il nous fait part
de son regard sur le sport de très haut niveau en Chine.
d’or et devenir, pour la première fois,
le numéro un mondial du sport. Plus
des deux tiers des titres devraient
être remportés chez les femmes où la
compétition est moins rude. Tout est
programmé, organisé quasi - scientifiquement.
Pourquoi utilisez vous le mot
« scientifiquement » ?
Loic Grasset : Parce que les Chinois se
préparent avec beaucoup de méthode. Pour recruter les futurs champions,
les entraîneurs des différentes fédérations sillonnent systématiquement la
Chine à la recherche de morphotypes
idéaux et n’hésitent pas à sélectionner
de futurs champions qui n’ont jamais
pratiqué le sport pour lequel ils sont
repérés, s’ils ont les qualités morphologiques souhaitées. Ainsi, Yi Jian, la
véliplanchiste chinoise médaillée d’argent à Athènes a été recrutée en Mongolie extérieure, une zone sans façade
maritime, et n’avait jamais vu la mer
avant d’être choisie. L’exemple le plus
célèbre de cette organisation « scientifique » est la star chinoise du basket
Yao Ming. Enfant d’un couple de basketteurs, tous deux très grands, dès sa
naissance il fut décidé qu’il deviendrait
un grand champion de basket.
Cette approche est doublée d’une
organisation et d’une discipline de
fer qui ne laissent guère de place aux
contacts directs entre sportifs et üüü
© DR
Etats-Unis, Chine, Russie :
la bataille pour la première place
A Athènes, la Chine avait été deuxième avec 63 médailles dont 33 d’or. A
Sidney , elle avait été troisième avec 59 médailles dont 28 d’or. A Athènes, les
États-Unis avait conservé la première place avec 103 médailles dont 35 en or.
Ils étaient déjà premiers en 2000 avec 97 médailles dont 40 en or. La Russie
avait, à Athènes, la troisième place avec 92 médailles dont 27 en or. Elle était
seconde en 2000 avec 88 médailles dont 32 en or.
42
Liu Xiang, champion olympique du 110m haies, est le premier chinois médaillé d’or en
athlétisme. Sa performance à
Athènes lui a valu le statut de
« super-héros » national.
Le sport en Chine
Gardez l’œil sur eux...
Qi Hui, est la numéro deux
mondiale sur 200m brasse.
Cette nageuse pourrait
briguer des médailles.
© Imagina China
© Imagina China
© DR
Zou Kai, le gymnaste
médaillé d’or aux jeux
asiatiques 2006, est
particulièrement
redoutable au sol.
Xie Xingfang et Lin Dan
forme le couple glamour
du badminton chinois. Elle
est double championne
mondiale ; il est numéro 1
depuis 2006. Ils dominent
tous deux le circuit mondial.
Pang Panpan, la jeune
gymnaste médaillée,
reconnue pour son élégance,
a gagné le surnom
de « beauté orientale ».
© Imagina China
Au 800m nage libre masculin,
Yang Jieqiao pourrait lui
aussi créer la surprise.
© Imagina China
Cheng Fei, double
championne du monde
en gymnastique, confirme
sa suprématie à chaque
compétition.
© DR
© DR
© Imagina China
Les Jeux Olympiques vont être l’occasion de voir émerger de nouveaux talents chinois
dans tous les sports. Une première sélection de Loïc Grasset.
Li Ting, spécialiste du
plongeon, championne
olympique à Athènes,
survole les compétitions
internationales.
Cheval d’arçons, exercices
au sol, anneaux, ou barres
asymétriques... Yang Wei le
gymnaste au palmarès en
or fait la fierté de la Nation
chinoise.
J.O 2008, les pronostics de Loïc Grasset
« Dans les sports d’excellence traditionnels, signalons
d’abord en plongeon, le niveau exceptionnel de l’équipe
chinoise qui a remporté l’intégralité des 13 médailles aux
derniers Jeux asiatiques avec notamment Lin Yue. En
gymnastique chez les garçons, Yang Wei (trois médailles
d’or aux Jeux asiatiques de Doha en 2006) et Cheng Yibin (anneaux), Zou Kai (brillant jeune espoir) sont excellents. Chez les filles, Cheng Fei (3 titres au championnat
du monde en 2006, principal espoir féminin chinois en
gymnastique) et Pang Panpan sont au top niveau mondial. En tennis de table, où les Chinois dominent la planète, beaucoup de médailles en perspectives. A retenir
particulièrement chez les hommes, le vétéran Ma Ling,
Wang Liqin et un jeune et brillant espoir, Ma Long. En
volley, les Chinoises ont été championnes olympiques
à Athènes. En badminton, la Chine profite d’un couple
très glamour Lin Dan et Xie Xingfeng. En athlétisme,
en dehors de Liu Xiang (champion olympique du 110 m
haies, première star sportive en Chine aujourd’hui), il n’y
a pas de réel « médaillable » chez les garçons. Chez les
filles, on peut citer Zhang Wenxiu (lancer du marteau),
Xue Fei (course de fond), Huang Xiaoxiao au 400m
haies. En haltérophilie, les championnes féminines petit
gabarit sont redoutables (5 médailles d’or à Athènes).
En aviron et canoë kayak, les Chinois ont été en 2006
champions du monde en Grande Bretagne. En natation,
chez les hommes, le spécialiste du papillon, Wu Peng,
est une des rares chances de médailles masculines. Par
contre, une brassée de talents chez les filles : Wang Qun
(espoir en brasse), Qi Hui, Xu Yanwei (sprinteuse confirmée) Yang Jieqiao (rivale de Laure Manaudou), Ji Liping (brasse). Enfin en tennis, trois filles Li Na (dans les
20 premières mondiales), Sun Tiantian et Peng Shuai
sont à suivre. »
43
Le sport en Chine
Que va-t-il se passer après les
Jeux ?
Loic Grasset : Il y aura un effet d’entraînement. Je pense que les athlètes
chinois seront encore meilleurs après
les Jeux de 2008. On ne peut pas préparer une génération d’athlètes en
sept ans. Les Chinois ont commencé à
former des jeunes récemment et cette
élite n’est pas encore complètement
mûre. Je suis persuadé que leur leadership va perdurer. Toute la question
est de savoir s’il y aura toujours autant
d’argent. Dans la perspective des JO,
ils ont offert aux athlètes les meilleures
conditions d’entraînement possibles et
les équipements les plus sophistiqués.
En revanche, je ne crois pas que la
Chine devienne à court terme une
grande nation sportive. Le public chinois s’intéresse encore peu au sport
« live ». Pour fréquenter beaucoup les
stades, j’observe que le grand public
n’y est guère présent et qu’il regarde
les compétitions de façon passive,
sans vraie culture sportive. Ce qui l’intéresse, c’est de voir des noms chinois
en haut de l’affiche. Pratiquer un sport
est à la mode mais s’agit-il de passion? Le sport reste encore plutôt un
signe extérieur d’ascension sociale. Il y
a aussi le problème du traitement de
l’information sportive. Les autorités
n’autorisent pas les athlètes à parler
librement aux journalistes. Pour obtenir une interview, il faut déposer
une demande aux autorités plusieurs
semaines à l’avance. Ces règles s’expliquent par la peur des autorités de
se laisser déborder mais elles nuisent à la popularisation du sport. n
Anne Garrigue
44
Le parcours sans faute
de Deng Yaping
Deng Yaping est une légende vivante. La joueuse de
ping-pong a tout réussi, une carrière sportive sans
précédent et une brillante reconversion. La jeune femme
est aujourd’hui un modèle pour les sportifs de son pays
et une personnalité incontournable du mouvement
sportif chinois.
L
es superlatifs ne manquent pas
pour parler de Deng Yaping. Elle
a marqué de son empreinte l’histoire du ping-pong chinois et, même,
du sport chinois. Au moment où elle
quitte l’équipe nationale en 1997,
Deng Yaping a 24 ans et affiche un bilan inégalé : elle est restée numéro un
mondial pendant huit ans, a remporté
quatre médailles d’or aux Jeux Olympiques et 18 titres de championne du
monde. Pourtant, rien ne prédestinait
cette Henanaise, née dans une famille
ouvrière modeste de la ville de Zhengzhou, à un tel palmarès. Surtout pas sa
condition physique qui la dote d’une
petite taille, juste en dessous du mètre
cinquante. Mais ses parents sont des
amateurs de ping-pong et ils la mettent devant une table dès l’âge de 5
ans. A 10 ans, elle décroche la médaille
d’or du championnat de Chine junior
Deng Yaping, numéro un mondial pendant huit
ans, quatre médailles d’or aux Jeux Olympiques
et 18 titres de championne
du monde.
© Imagine China
üüügrand public. La promotion du
sport en Chine n’est pas liée au développement d’une culture du sport,
encore très faible mais à une volonté
politique alimentée par des subsides
d’Etat et régionaux. Les athlètes sont
recrutés, formés puis payés par la région ou l’Etat. Ils doivent d’ailleurs
reverser tout - ou partie - de l’argent
qu’ils gagnent à la fédération qui les
a formés.
Le sport en Chine
Rien ne prédestinait
cette Henanaise à un
tel palmarès, surtout
pas sa condition
physique qui la dote
d’une petite taille,
juste en dessous du
mètre cinquante...
et rejoint l’équipe de sa province natale, le Henan. Un an plus tôt son intégration avait été refusée en raison
de sa petite taille. En 1988, elle accède
à l’équipe nationale et commence sa
moisson de médailles. A l’age de 16
ans, elle décroche son premier titre de
championne du monde en double à
Dortmund. Tout de suite, sa carrière se
déroule aux sommets de sa discipline.
Au début des années 90, elle est championne du monde et double médaillée
d’or aux Jeux Olympiques (simple et
double). Deng Yaping a du caractère,
elle mène sa carrière tambour battant.
Quand elle prend sa retraite sportive
en 1997, elle crée sa propre marque de
vêtement, de chaussures et de matériel de sport. La même année, elle est
élue à la Commission des athlètes du
Comité International Olympique.
Un modèle de reconversion
Sa retraite précoce et sa reconversion
réussie en font un modèle pour les
sportifs chinois. Deng Yaping profite
de sa nouvelle liberté pour reprendre
les études, d’abord à l’université de
Qinghua puis en Angleterre où elle
fait un doctorat sur le thème “de l’influence des Jeux Olympiques et du
sport sur la société chinoise”. La petite
Henanaise a fait du chemin. Et ce n’est
pas fini. Elle publie un livre sur son parcours personnel “D’une fille aux petits
pieds à la championne des Jeux Olympiques” et cultive une amitié personnelle avec celui qui a été le patron du
CIO dans les années 90, Juan Antonio
Samaranch. D’ailleurs, elle représente
le CIO dans son pays. En Chine, elle cumule les postes : assistante du directeur du centre des équipements du
Bureau National des Sports, membre
du département marketing du Comité
d’organisation de Pékin 2008, membre
de la Conférence Politique Consultative du Peuple Chinois (deuxième
chambre du Parlement chinois)...
Deng Yaping trouve encore le temps
de devenir maman, le 6 mars 2006. Elle
accouche à Paris car son mari, Lin Zhigang, lui aussi pongiste chinois, joue
actuellement dans le club de SaintDenis, en banlieue parisienne. En plus
du reste, la championne prépare un
deuxième livre, un recueil de conseils
pour aider les joueurs de ping-pong
à se reconvertir après leur retraite. En
Chine, Deng Yaping est une légende.
En 2003, elle a été désignée sportive
du siècle par ses compatriotes. Et son
histoire n’est pas terminée, elle n’a encore que 34 ans ! n
Mathieu Baratier
45
Le sport en Chine
Liu Xiang la fusée jaune
Champion olympique et recordman du monde du 110 m haies, l’athlète shanghaien
porte les espoirs de Pékin pour les JO de 2008. Parcours de l’homme le plus rapide
de Chine.
46
© DR
«T
rop petit » Voilà ce que les
professeurs de Liu Xiang lui
ont dit à l’Ecole de Sport
n°2 de Shanghai. L’adolescent de 15
ans rêve alors de devenir champion
de saut en hauteur. Mais les analyses
de son squelette sont formelles : il ne
sera jamais assez grand pour devenir
un sauteur de haut niveau. Une nouvelle discipline l’attend : le 110 m haies,
dix obstacles d’un peu plus d’un mètre à franchir en ligne droite et le plus
vite possible. Nous sommes en 1998.
Quatre ans plus tard, il bat le record
mondial des juniors détenu depuis un
quart de siècle par l’Américain Renaldo Nehemiah. Plutôt réussie comme
reconversion. Mais ce n’est qu’un prélude. A Paris en 2003, Liu décroche la
médaille de bronze aux championnats
du monde d’athlétisme. Et voilà qu’il
crée l’événement à Athènes en 2004
en devenant le premier champion
olympique de l’athlétisme chinois.
Vainqueur avec trois mètres d’avance
sur ses adversaires, il égale au passage les 12 secondes 91 du Britannique Colin Jackson, record du monde
intouchable depuis 1993. Le monde
est bluffé par ce long jeune homme
d’à peine 21 ans. Lui aussi, qui déclare
après sa course : « Incroyable ! Un Chinois qui remporte cette épreuve, c’est
une sorte de miracle ! » Depuis, Liu se
plaît à rappeler que ses performances
parlent contre le stéréotype vivace en
Chine, selon lequel les Asiatiques n’ont
pas le physique requis pour le sprint.
La démonstration se confirme le 11
juillet 2006 au meeting de Lausanne :
la « fusée » de Shanghai pulvérise le
record de Jackson en 12’’88.
A Pékin, les dirigeants boivent du petit
Agé de 23 ans, né à Shanghai, Liu Xiang mesure 1m88 et pèse 83 kg. Sa spécialité : le 110 m haies.
lait : les JO de 2008 ont trouvé leur visage. D’autant que Liu affiche partout
sa frimousse innocente. Des bouteilles
de soda aux vêtements, jusqu’aux paquets de cigarettes, le Shanghaien ne
refuse rien. A cette accumulation de
contrats à un million d’euros par an
s’ajoutent des cachets d’athlète superstar : jusqu’à 30 000 € la course. Début mars, le magazine américain Forbes le classait au deuxième rang des
célébrités chinoises les mieux payées,
avec un revenu de 5,7 millions d’euros
avant impôt. Selon Mark Wetmore,
son agent, « Liu reverse 30 % de ses
émoluments aux autorités sportives
chinoises ». Il reste le pur produit du
système qui l’a recruté et nourri depuis ses 12 ans : un sportif au service
du pays. Liu Xiang continue d’ailleurs
de partager un appartement avec son
coach au centre d’entraînement de
Shenzhuang à Shanghai.
Mini-émeutes et images volées
Le rôle de son entraîneur participe
aussi de la légende chinoise de Liu
Xiang. Sans l’obstination de Sun Haiping, le jeune homme n’aurait jamais
connu la gloire. Réorienté sur le 110 m
haies, il avait alors traversé un moment
de déprime. Ses parents, sceptiques,
l’avaient retiré un temps de son école
de sport pour le placer dans le cursus
général. C’est en allant persuader tous
les membres de la famille que Sun
avait remis Liu sur les starting blocks.
Garçon modeste et réservé avant son
exploit de 2004, Liu a connu du jour
au lendemain les affres de la célébrité. Propriétaire d’une belle voiture
– qu’il ne conduit pas –, il déclenche
des mini-émeutes à chaque apparition publique. Dernièrement, il a dû
porter plainte contre un journal de
Pékin pour avoir utilisé son image
sans autorisation. Autant de tracas
qui n’ont pas déconcentré le jeune
Shanghaien. Au contraire, Liu se montre confiant et déclare à la presse
chinoise : « Je vous promets de nouveaux miracles à Pékin en 2008.» n
Joris Zylberman
Le sport en Chine
Yao Ming opération superstar
Créature du système sportif de Shanghai, Yao Ming est le premier basketteur
chinois à avoir réussi en NBA, aux Etats-Unis. Récupéré, en partie, par le big business
américain, il est devenu le premier athlète chinois à pouvoir entretenir une ambition
personnelle.
Un destin pré-programmé
Personne ne lui demande son avis.
L’immense garçon se retrouve dès
l’âge de neuf ans avec un gros ballon
orange entre les mains à l’école de
sports du district de Xuhui. « Je rêvais
d’être archéologue, explorateur de
contrées éloignées du vieux monde
de mes parents, révèlera-t-il bien
après. Je n’aimais pas le basket, mais
je me suis résigné par respect pour
eux. » A 17 ans, Yao Ming, 2m18,
débute sa carrière chez les Shanghai
Sharks. Il est immédiatement repéré
par Nike qui vient de signer un
contrat avec le club et la fédération
chinoise de basket-ball. La marque
américaine a trouvé son « produit »
pour conquérir le marché chinois.
En 2002, le Shanghaïen domine le
championnat national. Il offre aux
Sharks leur premier titre depuis un
demi-siècle. Son heure est venue : il
devient le troisième Chinois recruté en
NBA. En échange, Pékin exige 50 % du
contrat de 18 millions de dollars signé
pour quatre ans avec les Houston
Rockets, ainsi que l’obligation de jouer
avec la sélection nationale.
« Le Bono oriental »
La saison commence mal. Souvent
remplaçant, Yao peine à suivre le
rythme. Le vent tourne en novembre
lorsqu’il marque 20 points contre
les Los Angeles Lakers. Il devient
rapidement titulaire. Début 2003, sa
réputation grandit tellement qu’il est
comparé à Shaquille O’Neal, le pivot
superstar des Lakers. En 2004, il atteint
le nirvana : la titularisation dans le
prestigieux All-Star Game. Deux ans
plus tard, il emmène l’équipe de
Chine pour la première fois jusqu’aux
huitièmes de finale des championnats
du monde au Japon. Grâce à lui, le
basket chinois se rapproche de la cour
des grands.
Icône sur les deux continents,
Yao Ming est devenu une star à
l’américaine. Depuis quatre ans, le
magazine Forbes le classe de loin
en tête des célébrités chinoises les
mieux payées avec un revenu de 32,5
millions de dollars avant impôt. Non
content de promouvoir les cartes
de crédit, les boissons énergétiques
ou les ordinateurs, Yao participe à
© Adidas
G
éant dès le début. Cinq kilos
à la naissance, plus d’un
mètre à quatre ans et plus
de deux à treize ans. Un physique de
basketteur sans aucun doute. Mais le
hasard et Mère Nature n’y sont pour
rien. Yao Ming est né à Shanghai le
12 septembre 1980 d’une décision
politique. Lorsque sa mère, Fang
Fengdi, 1m88 et capitaine de l’équipe
nationale féminine, prend sa retraite,
les autorités sportives lui « suggèrent »,
comme c’est l’usage depuis Mao, de
« produire un champion ». Elles lui
trouvent rapidement un père, Yao
Zhiyuan, 2 mètres et joueur d’un des
clubs pro de Shanghai. L’ « opération
Yao Ming » peut commencer. « Cela
faisait trois générations que nous
attendions son arrivée », confie,
messianique, Wang Chongguang, excoéquipier de Yao père et coach de
Yao fils dans les années 1990.
Yao Ming, né le 12 septembre 1980
à Shanghai, cet athlète de 2m26, qui
pèse 140 kg a été champion de Chine
avec les Shanghai Sharks en 2002,
premier choix des Houston Rockets
en 2002 et titulaire des All-Star Game
de la Conférence Ouest en 2004 et
2005.
Pékin en 2003 à un “Téléthon” pour
les victimes du SRAS. L’ancien joueur
des Shanghai Sharks appelle même
à arrêter la consommation du plat
incontournable des dîners d’affaires
en Chine : la soupe aux ailerons de
requin, espèce en voie de disparition.
Les médias américains le surnomment
« le Bono oriental », en référence au
chanteur engagé du groupe U2. A
l’évidence, Yao Ming ne veut plus être
le Frankenstein du sport chinois. n
Joris Zylberman
47
Le sport en Chine
Récit d’une reconversion
La deuxième vie d’Yvonne Han
L’ancienne championne de softball, le baseball féminin, dirige aujourd’hui Xinjishi,
une chaîne de restaurants chics de gastronomie shanghaïenne. La jeune sportive
intégrée dans le système a changé de peau pour devenir une femme d’affaires.
«R
48
«
Faire du business
avec le sport est très
difficile car tout est
contrôlé par l’Etat.
© Y. Han
ester dans le sport en
Chine, c’est vivre comme
un oiseau en cage... C’est
l’armée. Je voulais une vie libre. » Les
idées claires sur l’avenir qu’elle refuse,
Yvonne Han a 21 ans lorsque sa
carrière sportive s’arrête. La capitaine
de l’équipe nationale de softball a des
problèmes de dos. Elle ne peut plus
se tenir debout pendant les matchs.
Après deux ans de soins, les autorités
chinoises lui propose un « bon poste »
dans les bureaux de la Shanghai Sport
Association. Elle dit non. Elle a une
envie confuse de s’évader. Justement,
la firme japonaise Sony la contacte
pour faire partie de son équipe
promotionnelle. « Ils m’offraient un bon
salaire, cent fois que ce que je gagnais
à l’époque. J’ai dit au gouvernement
que j’allais étudier au Japon. »
Cette expérience de sport-marketing
dure sept ans. Elle en dit long sur
les envies d’Yvonne qui préfère
l’exil temporaire à une reconversion
médiocre dans l’administration sportive
chinoise. « Certains de mes amis ont
accepté d’être entraîneur. Ils gagnent
1 000 à 2 000 RMB (100 à 200 € ) par
mois. Si on veut faire du business avec
le sport, c’est très difficile car tout est
contrôlé par l’Etat. » Alors elle mènera
ses affaires de son côté. Ca tombe
bien, un ami l’appelle au Japon pour
lui proposer d’ouvrir un restaurant à
Shanghai. Ce qu’elle fait en septembre
2000. Et pas n’importe où : à Xintiandi,
le nouveau quartier chic et cher de
la ville, mélange de gastronomie
occidentale et d’architecture locale.
« Mon partenaire a mis l’argent et
j’ai pris en charge la gestion. C’était
comme une nouvelle compétition, une
nouvelle équipe à mener. » Aujourd’hui,
Yvonne Han est à la tête de Xinjishi, le
nom d’une chaîne de onze restaurants
de gastronomie shanghaïenne, dont
un à Pékin, Hongkong et Osaka.
« Si c’était à refaire,
je ne le referais pas. »
Le reste appartient au passé. Presque
oubliée la vie de sportive de haut
niveau durant les années 1980.
Yvonne, Han Suqing en chinois, née
à Shanghai en 1970, avait suivi le
parcours classique. « Choisie dès le plus
jeune âge pour être un champion »,
comme elle dit. Sélectionnée à dix ans
par l’Ecole professionnelle des Sports
de Shanghai, elle est logée, nourrie
et habillée. « J’étais intelligente mais
chétive. On m’a orientée sur un sport
que je ne connaissais pas : la version
féminine du baseball. Les mêmes
règles avec une balle plus grosse et
»
plus molle. » Surdouée, Yvonne intègre
à 15 ans, l’équipe senior de Shanghai
avec laquelle elle deviendra deux fois
championne de Chine. Brillante dans
les compétitions internationales, elle
atteint la finale de la Coupe du monde
junior en 1989 puis obtient la médaille
d’or aux Jeux asiatiques l’année
suivante.
« Si c’était à refaire, je ne le referais
pas, jure-t-elle catégorique. Ce fut
une enfance trop dure, avec huit
heures d’entraînement par jour. Je
déconseillerai à mon fils ou ma fille
le sport comme métier. » Yvonne n’a
pas encore d’enfants. Elle est mariée
à Jean-Pierre Dosse, ancien directeur
général de l’Hôtel Four Seasons de
Shanghai. Ses projets ? S’installer
à Pékin pour ouvrir un deuxième
restaurant à Sanlitun, la « rue des bars »
la plus animée et la plus occidentalisée
de la capitale. Devinez pourquoi : « Je
veux être du business pour les Jeux
Olympiques ! » n
Joris Zylberman
35 des 100
grandes marques
en Asie partagent
un certain
“savoir-faire”
Elles ont toutes
choisi l’Agence
Desgrippes Gobé
pour leur besoin
en Design et
Stratégie de
Marque
Stratégie de marques
Création de nom
Identité visuelle
Design d’environnement
Packaging volume et graphisme
unit 4003, 40/F, one grand gateway, 1 hong qiao road . shanghai 200030
tel: 8621 6448 5995
www.dga.com
Source: Enquête Synovate réalisée en 2006 auprès des 1000 grandes marques sur 9 différents marchés asiatiques,
en association avec Hong Kong Media Magazine. Si vous souhaitez un exemplaire du rapport d’enquête,
veuillez contacter l’Agence Desgrippes Gobé Shanghai
Le sport en Chine
« Aucun pays
au monde
ne s’entraîne
autant que
© A.S DOUARD
la Chine »
Gaëtan Le Brigant, conseiller de l’équipe de basket
féminine olympique.
Rencontre avec Gaëtan Le Brigant, entraîneur-adjoint de l’équipe féminine de
basket chinoise. Le plus ancien entraîneur étranger présent en Chine, décode pour
Connexions « l’usine à champion chinoise ».
Comment êtes-vous arrivé
en Chine ?
Je travaillais avec la fédération
française de basket depuis plus de 25
ans, quand Wang Du, vice-président
de la fédération chinoise de basket,
en visite technique en 2002, a fait
appel à candidatures. J’ai pris la balle
au bond : c’était un beau challenge. Je
suis d’abord venu quelques semaines
entraîner des jeunes recrues de 13 ans
près de Chengdu, puis leur équipe
Espoir masculine en stage à Hainan.
En 2004, je suis revenu six mois former
les entraîneurs professionnels, et j’ai
participé à la préparation de l’équipe
féminine nationale pour Athènes
où elle s’est classée 9ème. Un mois
après les J.O, j’ai signé un contrat de
quatre ans. Les Chinois font appel à
de nombreux entraîneurs étrangers (à
Doha pour les jeux d’Asie nous étions
une quarantaine environ) mais ils
tiennent à garder les rênes. En 2005,
les Chinois m’ont demandé de diriger
leur équipe de réserve masculine,
puis leur équipe féminine de moins
50
de 21 ans. Nous avons terminé 3ème
au championnat du monde 2006.
Depuis, je suis conseiller de l’équipe
féminine olympique. Nous visons la
quatrième place.
Comment caractériser
l’entraînement à la
chinoise ?
Aucun pays au monde ne s’entraîne
autant que la Chine. Un coach
chinois mise avant tout sur la
quantité de travail et ne se soucie
pas d’aménager des plages de
repos. Cela tient au système. Les
clubs privés de basket fonctionnent
comme une unité de travail (danwei).
Les jeunes sont repérés dès 14 ans.
Venus systématiquement des villes,
entraînés dès leur plus jeune âge
dans des écoles primaires spécialisées
où ils font 4 à 6 heures de basket
par semaine, ils sont le plus souvent
poussés par leurs parents parce
qu’ils ont les qualités physiques
nécessaires. Ils n’ont pas forcément
choisi le basket. Une fois recrutés,
ils deviennent des professionnels,
dépendant étroitement du club
qui les a engagés. Leur scolarité est
totalement sacrifiée. Ils font 6 à 7
heures de basket quotidiennes, six
jours par semaine, soit un volume
énorme qui conduit certains athlètes,
même en équipe nationale, à jouer
sans éprouver de plaisir. Ces jeunes
athlètes n’ont plus de vie privée. Dans
les équipes nationales américaines
ou australiennes, il y a toujours des
joueuses, mariées, voire même mères
de famille. Pas en Chine.
Quelles différences
entre les entraînements
français et chinois ?
En France, les entraîneurs ne sont
pas nécessairement les meilleurs
joueurs. Nous privilégions les
facultés d’analyse et de transmission,
pas la valeur d’exemple. En Chine,
les entraîneurs sont tous d’anciens
grands champions mais n’ont pas
reçu de formation spécifique. Ils
entraînent comme nous le faisions il
Le sport en Chine
y a trente ans. Aujourd’hui, la Chine
résoud son retard en envoyant les
garçons s’entraîner aux Etats-Unis
où ils sont pris en charge par l’USBA
(United States Basket Academy). Avec
les filles, j’essaie de promouvoir un
entraînement plus qualitatif. Avant
mon arrivée, les joueuses couraient
10 kilomètres chaque semaine, ce
qui est inutile dans un sport où les
variations de rythme sont essentielles.
Par contre, je les entraîne à la lutte,
une formation indispensable car, en
basket, le corps à corps est important.
La Chine est-elle en train
de devenir une grande
nation du basket ?
© DR
Le basket est de plus en plus populaire.
Il a même une image branchée.
Tous les matchs du championnat
chinois (CBA) sont diffusés en direct.
Il y aussi beaucoup de revues de
basket, avec des articles « people »
sur des champions américains. Le
fabricant Lining, une marque créée
par un gymnaste chinois, est devenu
l’équipementier de l’équipe espagnole
de basket, championne du monde,
et vient de signer avec la fédération
argentine, détrônant Nike et Adidas.
Par ailleurs, on assiste à un véritable
matraquage de la NBA américaine,
qui a longtemps fait cadeau des droits
de retransmission de ses matchs
à la Chine, pour promouvoir ses
champions et ses produits dérivés, en
alimentant au passage les rêves de
richesse des jeunes basketteurs chinois.
Aujourd’hui, les Chinois ont de très
bons résultats car ils ont un réservoir
de sportifs d’élite très important. On
parle de 200 millions de Chinois qui
jouent au basket. Mais il ne faut pas
confondre « masse de pratiquants » et
« pratique de masse ». Il y a un énorme
décalage entre l’équipe nationale très
bien équipée et les petites équipes
de jeunes souvent mal dotées. Ce
décalage entre sport national et sport
de masse est regrettable. n
Anne Garrigue
Sui Feifei, joueuse de l’équipe nationale féminine de basket chinoise.
51
Le sport en Chine
L’organisation du sport en Chine
La Chine a mis en place une organisation pyramidale pour controler d’une main de fer les
sportifs chinois et les mener vers la victoire. 3 questions à Alexandra Felli, chargée de
mission Pékin 2008 auprès du Comité National Olympique et Sportif Français.
Comment s’organise le monde
du sport en Chine ?
Il existe des fédérations nationales
pour chaque sport qui dépendent
directement du ministère des sports
chinois (Administration Générale des
Sports de Chine). Elles sont plus ou
moins bien structurées au niveau
des villes, des régions et du pays. Les
futurs champions fréquentent d’abord
des écoles sportives qui relèvent
des villes. S’ils ont le niveau ils sont
intégrés aux équipes provinciales, puis
se font repérer lors de compétitions et
peuvent finalement rejoindre l’équipe
nationale. Les athlètes professionnels
sont rémunérés par la province. Les
Fédérations ponctionnent une grande
partie des revenus commerciaux des
athlètes et les contrôlent étroitement.
Ceux qui ne respectent pas le jeu
sont exclus quel que soit leur niveau1.
Cette rémunération par la province
explique que les jeunes athlètes se
préparent en priorité pour les Jeux
nationaux qui leur permettent, en cas
de victoire, de gagner, par exemple,
un bel appartement. Cependant
aujourd’hui avec les retransmissions
télévisées, les choses commencent à
changer. Certains sportifs deviennent
des stars. Quand Liu Xiang a gagné sa
médaille d’or du 110m haies à Athènes
en 2004, il a reçu dans les mois qui ont
suivi 50 000 demandes en mariage.
Quel rapport existe entre
diplomatie et sport en Chine ?
La Chine considère aussi le sport
comme un outil diplomatique,
voire politique. Pour encourager le
premier champion du monde de
tennis de table, Rong Guotuan (1959),
le président Mao n’hésitait pas à lui
52
dire : « Considérez la balle comme
la tête de votre ennemi capitaliste,
tapez dedans avec votre raquette
socialiste et vous aurez gagné un
point pour la mère patrie.» D’ailleurs,
les retrouvailles en 1971 entre les
Etats-Unis et la Chine se sont faites
autour d’un match de ping-pong. La
Chine a aussi utilisé sa réintégration
dans le mouvement olympique (Los
Angeles en 1984) comme un moyen
de se positionner comme une grande
nation. Aujourd’hui les échanges entre
sportifs de haut niveau contribuent
à mieux faire connaître la Chine à
l’étranger : comme c’est le cas avec le
basketteur Yao Ming. Et par exemple,
en Afrique, la Chine construit
de nombreuses infrastruc tures
sportives...
Comment se passe la
coopération sportive avec la
France ?
Elle est active, notamment grâce à
l’accord de coopération signé tous
les ans par les ministres français et
chinois du sport. Cet accord met
en place de nombreux échanges.
Les Chinois n’ont pour l’instant pas
vraiment de formations diplômantes
d’entraîneurs. Dans certains sports,
nous les aidons à mettre en place
des systèmes de formations et il y
a deux ans, la langue officielle de la
fédération internationale d’escrime
étant le français, nous avons formé
une vingtaine d’arbitres d’escrime
chinois au français et aux techniques
d’arbitrages internationales. n
recueillis par Anne Garrigue
Le plongeur chinois, champion olympique, Tian Liang, a été exclu de sa
fédération pour avoir touché de l’argent sans l’accord de sa fédération
et avoir manqué des séances d’entraînement.
1
Le dopage
un enjeu majeur
P
rob lème d ’éthique et
de santé publique, le
dop age met en p éril
le sport moderne. Le Comité
International Olympique (CIO) a
fait de la lutte contre le dopage
l’un de ses objectifs prioritaires et
son Président, Jacques Rogge, a
rappelé sa volonté d’imposer un
principe de “tolérance zéro” lors
des J.O.
Suspectée de passivité dans la
lutte contre le dopage, et alors
que Pékin s’apprête à accueillir les
JO 2008, la Chine fait l’objet de
pressions importantes de la part
du C.I.O. en vue d’inciter le pays
à mettre en place un système
de contrôle et de sanc tion
effectif et conforme aux normes
internationales. Un Règlement
Anti-Dopage a ainsi été adopté
en 2004, mais surtout, le Comité
National Olympique Chinois
a ratifié le Code Mondial AntiDopage, qui impose la mise en
place de procédures de contrôle
et de sanctions harmonisées.
Le dopage sera bien l’un des
enjeux majeurs des J.O. 2008,
qui constitueront pour la Chine
une opportunité de démontrer
au monde sa volonté de lutter
réellement contre ce phénomène.
Guillaume Jeannet
Avocat – Gide Loyrette Nouel
Sélectionné Olympique Sydney 2000
Le sport en Chine
Shichahai, l’école des champions
Avec plus de 30 champions mondiaux et 6 champions olympiques à son actif,
l’école Shichahai de Pékin représente aujourd’hui la fine fleur du système chinois de
formation sportive.
© A. S. Douard
© A. S. Douard
L
e sport n’est pas toujours un
loisir. Cette évidence frappe
dès l’entrée de Shichahai, l’une
des premières écoles sportives de
Chine. Devant une mosaïque d’écrans
de contrôle, la directrice adjointe,
Shi Fenghua, surveille discrètement
tout ce qui se passe dans son école
et nous accueille en nous expliquant
que le but de l’école est de former
les champions de demain. Une
affirmation que confirme amplement
le livre des records officiels de l’école
qui af fiche cinq médailles d’or
aux derniers jeux d’Athènes et le
parcours remarquable de ses équipes
professionnelles. De Shichahai sont
en effet sortis Zhang Yining, double
médaillé d’or en tennis de table en
Grèce, Feng Kun qui s’est distinguée
en volley féminin, Teng Haibin en
gymnastique et Luo Wei à la lutte
coréenne. Avant eux, la pionnière
de tous les champions olympiques
chinois, Ma Yanhong, première
médaillée d’or de l’histoire aux J.O.
de Los Angeles en 1984, y avait
fait ses premiers pas de gymnaste.
Aujourd’hui, son nom est gravé sur
une stèle de marbre dans le jardin
de l’école pour mieux rappeler aux
nouveaux élèves les défis qui les
attendent.
L’école sportive de Shichahai à Pékin a été créée en 1986. Aujourd’hui 700
pensionnaires y sont entrainés de façon rigoureuse.
© A. S. Douard
« L’objectif de notre école, qui est aussi
celui des jeunes qui y sont admis, est
de fournir le maximum d’athlètes aux
équipes nationales » explique Mme
Shi. Shichahai est, en effet, une école
très réputée, qui se situe tout en haut
de la pyramide des quelque 4 000
écoles de spor t que compte le
pays, dont les principalesü ü ü
© A. S. Douard
Un réservoir de champions
53
ü ü ü se trouvent dans la capitale.
F i n a n cé e d i re c te m e nt p a r l a
municipalité de Pékin et son Bureau
Sportif, cette école a été créée
en 1958, mais elle n’était au début
qu’une annexe. Les élèves venaient
y pratiquer leur discipline après
avoir suivi le programme normal
d’enseignement général. Ce n’est
qu’en 1986 qu’elle s’est transformée
en véritable école sportive, en prenant
le nom d’Ecole de Sport Shichahai de
la Municipalité de Pékin. Aujourd’hui y
sont inscrits plus de 700 élèves dont
la plupart viennent de la capitale et
s’inscrivent pour tenter de se hisser
au sommet. Leur objectif est de
remporter les compétitions d’abord
locales, puis provinciales et nationales
dans un système où rien n’est laissé
au hasard.
«Grâce au développement de
l’école et aux exigences sportives
de la municipalité de Pékin, nous
sommes depuis quelques années
chargés de former cinq équipes
professionnelles : à la lutte coréenne
(Taekwondo), au wushu, à la boxe, au
sanda et au badminton. Nos équipes
regroupent les meilleurs athlètes
de la capitale, qui vont représenter
Pékin aux compétitions nationales.
Elle contribuent ainsi à composer les
équipes nationales qui participent aux
championnats mondiaux et aux Jeux
Olympiques ».
Pour les autres disciplines, comme
le vo lley, le ping - p ong et la
gymnastique, Shichahai forme des
équipes de deuxième division. Les
meilleurs éléments partiront pour
intégrer des équipes professionnelles
dans d’autres écoles.
Une sélection exigeante
Il n’es t pas f acile de devenir
pensionnaire à Shichahai. Pour y
parvenir il faut s’imposer à chaque
étape d’une sélection impitoyable.
Tous les ans, en avril, les sportifs des
équipes de deuxième division, âgés
de 6 à 16 ans, viennent se présenter
dans l’espoir de démarrer ainsi une
54
© A.S Douard
Le sport en Chine
Emploi du temps strict à Shichahai : mathématiques et littérature le matin,
entrainement intensif l’après midi.
carrière couronnée de succès.
« Parfois nous acceptons des jeunes
d’autres provinces, quand il n’y a pas
à Pékin assez de champions dans
une discipline » explique la directrice
adjointe. Grâce a sa renommée,
l’école a aussi lancé un programme
de formation privée, destiné à des
familles prêtes à payer 30 000 RMB
par an pour offrir une formation
d’excellence à leurs enfants.
Une fois sélectionnés, les élèves
sont entraînés de façon rigoureuse,
selon un emploi du temps
strictement réglé. « Ils n’ont pas
beaucoup de temps libre, explique
la direc trice adjointe. Tous les
jours, ils se réveillent à 7 heures du
matin et la journée commence par
les cours de mathématiques et de
littérature. L’après-midi est consacrée
à l’entraînement. Seuls les athlètes
des équipes professionnelles n’ont
pas d’obligations d’étude et peuvent
dédier toute leur journée à l’exercice
physique. »
Dans d’immenses salles surpeuplées,
les jeunes semblent tous très
concentrés. En tenue de sport ou
en simple caleçon, ils répètent
inlassablement leurs exercices sous
l’œil vigilant des entraîneurs. Certains
d’entre eux sont d’anciennes stars,
comme l’entraîneur de wushu Liu
Qinghua, ancien champion du monde
et Liu Huashen, ancien champion de
lutte coréenne, qui a remporté deux
fois le titre national. Tous affirment
qu’il n’est pas facile de reconnaître un
champion au premier regard. « Zhang
Yining, championne olympique de
ping-pong, arrivée dans notre école
en 1992, a mis dix ans pour remporter
ses deux médailles d’or » remarque
Mme Shi.
Pour encourager les athlètes, les salles
d’entraînement sont décorées de
drapeaux et de slogans qui les invitent
à « travailler durement pour devenir
champions » ou claironnant que c’est
« d’ici que partent les champions de
demain à la conquête du monde ».
Rendez-vous donc en 2008 pour
observer les prodiges de cette usine à
vainqueurs. n
Antonia Cimini
Le sport en Chine
Pékin 2008 :
Les jeux paralympiques
© DR Gilles de La Bourdonnaye
E
n 20 08, deux semaines
après les Jeux Olympiques,
commenceront les épreuves
d es J eu x Par al y mpiqu es . Un e
vingtaine de sports pratiqués par des
personnes handicapées physiques
s’enchaîneront sur les mêmes sites
que les JO. La « Fédération Chinoise
des Sports pour Handicapés » affiche
de grandes ambitions, partagées par
sa tutelle, l’équivalent du Ministère des
personnes handicapées, dirigée par
Deng Pufang, fils de Deng Xiaoping.
Les sports les plus pratiqués par les
handicapés chinois sont l’athlétisme,
la natation et le Tennis de Table, et
l’athlète Li Duan ou le nageur He
Junquan seront attendus comme
de sérieux prétendants, attention
également à l’haltérophile Bian
Jianxin.
Ce qui est certain, c’est que depuis
la première apparition des athlètes
chinois aux J.P, l’évolution vers le Haut
Niveau a été incroyablement rapide
et ne devrait pas s’arrêter, la Chine
regroupant autour de 70 Millions de
personnes handicapées!
Au- delà du spor t, les Jeux
L’athlète Li Duan lors de la remise de médailles au Jeux
Paralympiques d’Athènes.
Paralympiques (2ème événement
sportif mondial) devraient permettre
à la société chinoise de faire un bond
en avant pour tout ce qui concerne
l’accessibilité et la reconnaissance
des personnes handicapées
– Ne devrions-nous pas nous en
inspirer ? n
Gilles de La Bourdonnaye
55
© Imagine China
Sport
loisir et ses retombées
commerciales
Avec l’augmentation du niveau de vie et l’éclosion des
classes moyennes, de nouvelles pratiques sportives
apparaissent. Relayées par les média, elles attirent
sponsors et entreprises qui ‘’surfent’’ sur la vague
sportive. Connexions a mené l’enquête.
Le sport en Chine
Adidas, au plus près des stars chinoises
© ADIDAS
Avec pour objectif de
faire de la Chine son
premier marché à moyen
terme, Adidas mise sur
les étoiles montantes du
sport chinois pour son
image. Sandrine Zerbib,
directrice commerciale
d’Adidas en Chine, nous
explique sa stratégie.
© ADIDAS
58
Depuis combien de temps Adidas
est-il présent en Chine?
La présence commerciale organisée
du groupe remonte à 1995, lorsque
nous avons ouvert nos deux premiers
magasins. La marque n’était cependant pas inconnue à l’époque : nous
étions bien visible sur la scène sportive internationale, déjà très suivie par
les Chinois via la Télévision. De plus,
Adidas a commencé à sponsoriser les
fédérations sportives chinoises très
tôt, dès la fin des années 70, notamment celle de football. Enfin, nos
produits arrivaient en Chine par des
marchés parallèles, pas forcément de
la contrefaçon mais de l’importation
non contrôlée, en dehors de nos
réseaux.
Quelle est votre stratégie marketing pour approcher le marché
chinois?
En 2007, la Chine sera notre 3e
marché derrière les USA et le Japon et
passera en pôle position assez rapidement. Avec un goût des Chinois pour
le sport sublimé par l’approche des
J.O. nous avons élaboré une stratégie
marketing basée sur le sponsoring et
le soutien aux activités sportives pour
les jeunes. Il s’agit de l’organisation
de championnats, de training, de
coopérations systématiques avec des
écoles et des fédérations. Aujourd’hui
nous nous concentrons sur le football et le basket-ball qui sont les
principaux sports au niveau commercial même si le ping-pong ou le
badminton sont plus pratiqués. üüü
© ADIDAS
© ADIDAS
© ADIDAS
Ma Xiaoxu, joueuse de football sponsorisée par Adidas
Sandrine Zerbib, directrice
commerciale d’Adidas en Chine
Le sport en Chine
üüüNos campagnes publicitaires sont
construites de manière transversale : la
communication se fait autour d’une
discipline sportive et d’un slogan
associé plutôt que de privilégier un
produit ou un athlète spécifique. Il
serait par exemple difficile pour nos
clients de s’identifier à Yao Ming...
Nous travaillons sur les produits de
la gamme internationale tout en
développant des segments plus
particuliers. Difficile de définir en deux
mots la spécificité du marché chinois
mais on peut noter un goût prononcé
pour les couleurs vives, une tendance
plus “casual”, chez les femmes un
intérêt pour le design plus que pour
le confort ...
Quelles sont les caractéristiques
du sponsoring sportif en Chine ?
Les célébrités ont un facteur d’image
très important mais, en Chine, il n’y
a pas encore beaucoup de grandes
stars établies. Le pays compte une
quantité d’athlètes mais encore peu
d’entre eux ont obtenu une vraie
reconnaissance internationale. Et
puisque ces stars sont peu nombreuses, elles sont sur-utilisées, le sponsoring étant l’objectif de nombreuses
entreprises. C’est quelque chose que
l’on peut constater dans la rue, par
exemple avec le basketteur Yao Ming,
aujourd’hui associé à toutes sortes de
marques. Dans le même temps, pour
le sponsor, être visible représente une
nécessité et un véritable challenge.
Comment les stars du sport peuvent-elles influencer les choix des
jeunes chinois ?
Les jeunes connaissent très bien la
scène internationale. Mais ce sont les
stars locales ayant acquis une dimension internationale qui influencent le
plus les consommateurs. Les raisons
sont multiples : la fierté nationale, le
sentiment de réussite, la suprématie
sur les sportifs du monde entier. Les
athlètes, de leur côté, ont conscience
de représenter leur pays et ils soignent leur image.
Comment a évolué le sponsoring
depuis votre implantation ?
Je me souviens très bien du premier
athlète sponsorisé en Chine, le
footballeur Fan Zhiyi, un des rares à
avoir un statut de star à l’époque. Il
a fait notre campagne publicitaire
en 1997 avec un budget très limité,
dont une partie était reversée à la
fédération.
Aujourd’hui, les sportifs sont plus
autonomes et le sponsoring plus
professionel, on se rapproche d’un
marché à l’occidentale. Je pense ainsi
à Ma Xiaoshu, footballeuse de l’année
et égérie de l’une de nos dernières
campagnes. C’est un bon exemple
d’une nouvelle génération d’athlètes
chinois qui correspond à l’identité de
notre marque. n
Antonia Cimini
59
Le sport en Chine
Lacoste, du tennis au ‘casual chic’
La marque au crocodile cherche à garder ses affinités sportives, tout en
flirtant avec l’habillement haut-de-gamme.
A
Une image sportive et des
matières haut de gamme
XIXe siècle en Chine, avec le développement des liens commerciaux
entre l’Empire du Milieu et l’Occident,
le tennis se range aujourd’hui, un peu
comme le golf, au rang des sports
prisés par les classes moyennes et
aisées. Rien de surprenant dès lors
que la marque au crocodile cherche
à garder ses affinités sportives, tout
en flirtant avec l’habillement hautde-gamme. «La gamme sportive ne
60
« La gamme
sportive ne
représente
© LACOSTE
u royaume du ping-pong, le
tennis se fait lentement une
petite place de choix. Des
événements d’envergure mondiale
l’ont intronisé sport vedette dans la
Chine moderne, le Tennis Master Cup
de Shanghai en tête. Il est désormais
possible de croiser Roger Federer ou
Rafael Nadal dans la rue de Nankin,
en centre ville. Une occasion pour le
tricolore Lacoste d’asseoir sa notoriété
en Chine. “Nous ne pouvions pas ne
pas y être“, résume Sébastien Fayet,
responsable du contrôle de gestion
pour l’Asie chez Lacoste. “C’est le
territoire de la marque et cela lui
donne une légitimité“, renchérit-il. Il
est vrai que “les Chinois aiment les
histoires et le Master est l’occasion
de raconter notre histoire et de faire
connaître la marque“, explique M.
Fayet. Chaque mois de novembre, le
centre du business chinois s’habille de
vert pour promouvoir l’événement.
Si le stade ne fait pas toujours salle
comble, les espaces publicitaires
se déclinent pour faire honneur au
court de Qi Zhong. ( ndlr : Le stade
Qi Zhong est une enceinte de
30 000 m2 au design futuriste avec
un toit ouvrant composé de huit
pétales géants de verre et d’acier, qui
représentent un magnolia, la fleur
emblème de Shanghai )
représente que 10 % de nos collections en magasin en Chine », explique
Sébastien Fayet, « nous cherchons
plutôt à vendre des vêtements ‘casual’
en utilisant parfois des matières spécifiques au marché chinois pour leur
donner une touche haut-de-gamme».
Pulls en cachemire ou cols en fourrure
agrémentent ainsi les produits des
lignes Lacoste dans les magasins chinois. A Shanghai et à Pékin, les concurrents s’appellent Calvin Klein ou
Diesel plutôt que Nike ou Adidas. En
revanche, « dans le reste du pays, ce
sont surtout des magasins franchisés
qui ont une clientèle plus âgée, aux
attentes plus classiques. Leurs commandes se concentrent essentiellement sur le polo Lacoste », constate le
responsable.
Le crocodile
accroît sa notoriété
L’activité de sponsoring s’inscrit dans
une volonté plus large de la marque
de communiquer le plus possible
dans les deux grandes villes chinoises.
Le reste des villes suivra la tendance,
selon le responsable de la marque.
que 10%
de nos
collections en
magasin »
Evénements, relations publiques, tout
est bon pour accroître sa notoriété.
« Chaque année, nous organisons un
événement lié à la mode », souligne
M. Fayet. Il y a quelques années, la
marque avait ainsi lancé l’événement
12/12 – du nom du célèbre polo
Lacoste1 – à l’occasion duquel des
personnalités triées sur le volet
devaient revisiter le produit phare de
la marque. Des déclinaisons ensuite
revendues lors d’une vente de charité.
Il y a deux ans, la marque au crocodile
s’était associée au Comité Colbert
– regroupement de marques de luxe
françaises – pour un événement
au Plaza 66, centre commercial
du centre de Shanghai dédié au
luxe. Néanmoins avec le Master de
Shanghai mais aussi l’Open de Pékin,
le Français reste fidèle à ses premières
amours. Il faut dire qu’en Chine, tout
reste à conquérir pour Lacoste. La
Corée du Sud représente à elle seule
deux fois et demi le chiffre d’affaires
du marché chinois. n
Julie Desné
Le célèbre tennisman René Lacoste, surnommé « Crocodile » par un
journaliste américain, eut l’idée de se faire fabriquer une chemise, avec
laquelle il serait à son aise, fermée par 3 petits boutons. Un de ses amis
eut l’idée d’apposer sur le modèle “le crocodile”, premier “logo” sur un
vêtement de tous les temps, ce modèle s’appelle “modèle 12/12”.
1
Le sport en Chine
Aigle, la tendance Sportswear
Les citadins chinois aiment les vêtements sportifs techniques, faciles à porter
mais qui restent élégants... une situation favorable pour la griffe française.
© AIGLE
« Les Chinois du Nord
privilégient un usage
fonctionnel tandis
qu’au Sud, le paraître
l’emporte »
P
olaires, Gore-tex, coupe-vent...
les Chinois goûtent de plus
en plus les vêtements sportifs
sophistiqués pour parader, même
en ville. Implantée depuis dix ans
en Chine, la marque Aigle profite
de cette nouvelle mode mais aussi
du développement des pratiques
sportives en extérieur. « Il y a une
mode dans les grandes villes chinoises
qui nous est favorable. Les citadins
font de nos vêtements techniques un
usage avant tout urbain. Des produits
comme la parka 3-en-1 ont beaucoup
de succès », explique Frédéric Guiral,
Directeur Asie de Aigle.
Entre la tendance « sportswear » et la
mode casual, la griffe française doit
pourtant trouver sa place dans un
marché récent, largement dominé
par le « streetwear ». « Nous sommes souvent relégués à l’étage des
marques de sport dans les centres
commerciaux, alors que nous défendons avant tout un créneau qui relève
davantage du style de vie », précise le
responsable basé à Hong Kong, « une
spécificité difficile à expliquer aux distributeurs... et aux consommateurs ».
Si les vêtements Aigle se portent bien
dans les rues de Shanghai ou Pékin,
le développement des pratiques
sportives profite aussi au développement de la marque. Frédéric Guiral
reconnaît ainsi que les loisirs de plein
air et l’éco-tourisme sont en plein
essor notamment dans les provinces
du Yunnan ou du Tibet. « Pour les
Pékinois c’est plus facile, ils peuvent
prendre la voiture le week-end pour
aller se balader aux alentours de la
ville, à Shanghai c’est plus difficile »,
précise-t-il.
Satisfaire les différentes
attentes ...
Le responsable de la marque souligne
une vraie différence entre le Nord et
le Sud. Au nord, c’est un usage fonctionnel, avec des attentes techniques
des produits, tandis qu’au sud le
paraître l’emporte avec un marché
tourné avant tout vers la mode.
« Cela s’explique en raison de particularités climatiques évidentes », estime
Frédéric Guiral, « mais les mentalités
aussi sont différentes, ainsi que les
marchés textile ».
Toutefois qu’il vende à Hohhot, en
Mongolie intérieure, ou à Shenzhen,
Aigle s’adresse surtout aux classes
moyennes supérieures chinoises,
avec des prix nettement au-dessus
des marques locales. « Nous sommes
cependant sur un marché très large,
au milieu entre le ‘mass market’ et le
très sélectif », détaille M. Guiral.
L’assortiment reste, quant à lui, plutôt
général. Les gammes très spécifiques
de Aigle concernant l’équitation ou
la chasse sont peu représentées dans
les rayons chinois où la part belle est
faite au trekking et au vêtements de
voyage. Exception faite de certains
points de vente comme ceux de la
ville balnéaire de Qingdao, où Aigle a
ressorti sa panoplie nautique.
... en développant la distribution
Implantée en Chine depuis dix ans,
la marque française s’est surtout renforcée sur le marché chinois grâce
à son partenariat avec Lining, n°1
chinois du sportswear. « L’entreprise
est très forte en ce qui concerne le
développement des réseaux de distribution. Ils connaissent les magasins,
ont de très bonnes relations avec les
propriétaires des centres commerciaux... Ils sont aussi très bons sur tout
ce qui est suivi de la production et
logistique », résume le responsable.
Une chance pour Aigle de faire peu à
peu son nid. n
Julie Desné
61
Le sport en Chine
阿迪达斯,最贴近中国明星的品牌
阿迪达斯的中期目标在于把中国变成其最大的市场,并通过
中国体育运动进一步提升其形象。阿迪达斯中国商务经理
桑德里娜.泽比博(Sandrine Zerbib)向我们阐述了企业的发展
战略。
阿迪达斯进入中国有多少年
了?
大市场,紧跟美国和日本之后。日益
寥寥无几。因为体育明星的数量少,
临近的奥运会更是进一步激发了中国
自然成为众多企业的抢夺对象。就像
阿迪达斯在中国最初的商业形式要追
人的体育热情。我们的营销战略主要
在大街上,我们可以看到篮球运动员
溯到1955年,那时我们开了两家商
着眼于赞助及支持年轻人的体育运
姚明为各种品牌的代言广告。与此同
店。当时,阿迪达斯在中国并非为人
动。我们组织冠军杯,运动训练,并
时,对于赞助商来说,品牌能见度是
不知,因为我们的产品已通过其他途
与学校及联合会进行系统的合作。现
一种必需和一个真正的挑战。
径进入中国市场。而且,我们在国际
在,我们把精力主要放在足球和篮球
市场上有了一定的知名度,而中国人
这两项商业价值比较高的运动,即使
也紧随着国际潮流。另外,阿迪达斯
乒乓球和羽毛球更普及。
早在70年代末时就开始赞助中国的体
育,尤其是足球。
体育明星如何影响中国年轻
人的选择?
年轻人对自己喜爱的体育运动了解甚
在中国进行体育赞助有什么
特点?
多。他们非常了解国际舞台。然而获
得国际声誉的本土明星最能影响消费
阿迪达斯进军中国市场的营
销战略是什么?
名人效应是非常重要的,但在中国,
者的选择。原因有很多:民族自豪
这一方面的明星还不多。中国有无数
感,成就感,优越感。对于运动员来
2007年,中国将成为阿迪达斯的第三
的运动员,但是具有国际知名度的却
说,他们代表的是整个国家,因而更
重视自己的形象。
自阿迪达斯进入中国市场,
中国的体育赞助发生了哪些
变化?
我对我们第一个赞助的中国运动员仍
然记忆犹新,他就是足球运动员范志
毅,是那个年代很少具备明星素质的
运动员之一。1997年,他代言了我们
的广告宣传活动,当时的经费是非常
有限的,其中的一部分上缴足协。如
今,运动员有了更大的自主性,赞助
活动也更加职业化了。赞助活动在向
西方市场靠拢。比如马晓旭,年度女
足运动员,我们最近一次广告宣传活
© ADIDAS
动的代言人。这是中国新一代运动员
中国女足运动员: 马小旭
62
的很好代表,非常符合我们的品牌形
象。n
Le sport en Chine
Lacoste,
从网球系列到休闲系列
在
中国这个乒乓球的王
人的运动。Lacoste鳄鱼生产高档运动
国,网球慢慢地有了一
系列并不让人感到意外。“运动系列
席之地。一些世界规模
在我们商店的商品里只占10%”,塞
的体育赛事如上海网球大师杯赛让网
巴斯蒂安.法耶特(Sébastien Fayet)解释
球明星走进了现代中国社会。从此,
道,“我们倾向于在中国市场上销售用
我们可能会在市中心的南京路上与费
特殊材质制成的高档休闲服”。羊绒
德勒(Roger Federer)或者纳达尔(Rafael
衫,毛皮领子能够装饰Lacoste中国店
Nadal)相遇。这对法国Lacoste鳄鱼在中
里的系列产品。在北京,上海,我们
国树立知名度是个很好的机会。
的竞争者是卡尔文.克莱或迪塞而不是
© LACOSTE
鳄鱼品牌一直力图保持品牌的体育元素,并定位于高档材质。
“运动系列在我们商店
的商品里只占10%”
“我们无法不参加到这一活动中
耐克或阿迪达斯。“而在其他城市,
来”,Lacoste亚洲财务总监塞巴斯蒂
连锁店的客户群年龄偏大,对传统系
安.法耶特(Sébastien Fayet)说道“这是
列的需求量较大,他们主要订购的是
被精心邀请的名人重新参观了该品牌
一块追求品牌的热土,品牌在这里获
鳄 鱼 Polo衫 ” , 塞 巴 斯 蒂 安 . 法 耶 特
中的标志产品。一些以他们名字命名
得了合法性”。的确,“中国人喜欢听
(Sébastien Fayet)证实道。
的商品在慈善销售会上被重新出售。
故事,网球大师杯赛给了我们讲述自
己故事的机会,并让人们了解我们的
两年前,鳄鱼品牌与法国科尔贝委员
一年举行一次活动
会(Le Comité Colbert)即法国奢侈品行业
品牌”,法耶特解释道。如果体育场
法国Lacoste鳄鱼品牌经理认为,
无法坐到爆满,那么广告牌会为上海
赞助活动的宗旨是在中国两大城市最
旗中网球场增色不少。
大程度的宣传品牌,其他城市跟随潮
然而,无论在上海的网球大师杯
流。各种活动,公关都有利于提高品
赛,还是在北京的网球公开赛,法国
牌的知名度。“每年我们都会组织一
Lacoste还是忠实于最初开创的产品系
在19世纪的中国,随着中国与西
次与时尚相关的活动”,法耶特说
列。在韩国鳄鱼产品的销售量是中国
方国家贸易往来的发展,网球就像今
道。几年前,Lacoste用鳄鱼Polo衫的名
市场的2.5倍。在中国,Lacoste还有很
天的高尔夫球一样,是中产阶级和富
字12/12组织了一次活动,活动中一些
多事情要做。n
运动形象,加上高档材质
协会参加了一次在上海奢侈品牌商业
中心恒隆广场的活动。
艾高品牌瞄准中国的中产阶级
中
国人为了炫耀,越来越
穿的服装。像三合一的高档耐磨牛津
喜欢高级的运动品牌像
布面料大衣就取得了很大的成功”。
Polaire,戈尔等。艾高
在运动服装与休闲时尚的潮流
进入中国市场十年,它的发展得益于
中,该法国品牌需要在被街头装大量
这种新的流行趋式,以及户外运动的
充斥的市场中找到自己的位置。“我
发展。艾高亚洲区总裁弗雷德里克.吉
们的商店通常位于商业中心的运动
拉尔(Frederic GUIRAL)说:“大城市里的
品牌专卖区,我们主要销售的是在
新时尚对我们很有利。城市居民将我
日常生活中能穿的运动装”,这位
们的技术性服装变成了在城市里日常
常驻香港的负责人强调道,ü ü ü
© DR
中国市民喜欢在城市里穿技术性的运动装。
“中国北方人注重实
用性,南方人看重外
观。”
63
Le sport en Chine
üüü “这一点很难向经销商和消费者解
释”。
如果在上海或北京的大街上看到
很多人穿艾高的服装,这说明体育运
动的发展有利于品牌的发展。弗雷德
里克.吉拉尔(Frederic GUIRAL)认为,人
China Team,
l’Histoire dans les voiles
们确实有旅游的愿望。像云南,西藏
等省就得益于中国旅游经济的发展。
吉拉尔继续道:“在北京,人们周末驾
车到城市周边游玩很方便,在上海就
比较困难”。
地区差异
地区差异不是将两个城市区别的
唯一特性。品牌负责人强调说中国南
北方的真正不同之处在于,北方人注
重产品实用性,看重商品的技术含
量,而南方人注重外观,以时尚为
导向。“这可以用南北方明显的气候
差异来解释”,弗雷德里克.吉拉尔
(Frederic GUIRAL)说,“当然人们的观念
也不同,纺织品市场也有差别。”
不管是销售到内蒙古呼和浩特还
是到深圳,艾高一直针对中国的高级
中产阶级消费者,价格也比本地品牌
高。“我们身处于一个很大的市场,
介于大众市场与高档市场之中”。吉
拉尔具体解释道。
艾高的服饰比较大众化。一些特
殊产品如马术或狩猎系列在中国市场
的柜台中很少见,销售的多是徒步和
旅行系列。在海滨城市青岛等特殊场
所,艾高会销售它的水上运动产品。
与李宁的合作
进入中国市场十年,艾高品牌日
益强大,这要归功于与中国第一大运
动服装品牌李宁的合作。“该企业的
销售网络很强大,他们了解商场,与
商业中心业主关系很好,他们还在生
产与物流方面有很强的优势”,吉拉
尔总结道。这对艾高在中国逐步站稳
脚跟是个很好的机会。n
64
A la barre du premier bateau « Class America » construit
en Chine, les anciens navigateurs du Défi français
introduisent l’Empire du Milieu dans la Coupe de
l’America. Histoire d’un pari franco-chinois historique
pour le monde de la voile.
L’
occasion est trop belle pour
Nicolas Ajacques. Le directeur
Chine de NewBridge Partners,
une société de management exécutif, est un ami de Xavier de Lesquen,
l’ex-patron du « Défi Areva ». En
2003, le bateau hexagonal qui s’est
déjà présenté deux fois au départ de
la Coupe de l’America cherche une
structure et des sponsors pour participer à sa 32e édition. Nicolas Ajacques
pense aux Chinois. « Il s’agissait de
profiter de l’intérêt des entreprises
européennes pour l’Empire du
Milieu et de la volonté de la Chine
de s’internationaliser.» Le bateau sera
construit en Chine sous pavillon chinois grâce au lobbying que mène
auprès du Ministère de la Jeunesse et
des Sports à Pékin, celui qui fut président de la Chambre de Commerce
et d’industrie française en Chine en
2003.
Il manque un bailleur de fonds.
Nicolas Ajacques propose Wang
Chaoyong, un investisseur privé passionné de voile. L’homme d’affaire
rêve d’organiser à Qingdao l’une des
douze régates de la Coupe Louis
Vuitton, la compétition prélude à la
Coupe de l’America. « Les organisateurs n’ont pu la programmer cette
année, mais le principe est acquis
pour les prochaines éditions », précise, enthousiaste, Nicolas Ajacques.
Le manager présente Wang aux skippers français puis les aide à monter
une joint-venture en accord avec le
Yacht Club de Qingdao, futur hôte
des épreuves olympiques de 2008. Le
contrat est signé en avril 2005.
« Fils du dragon »
Il faut maintenant construire le bateau.
Ce qui ne va pas de soi puisqu’
il convient d’importer un matériau
encore inconnu des douanes chinoises : le carbone pré-imprégné avec
de la résine, utilisé pour les fusées.
Les chantiers navals de Dongguan
près de Shenzhen terminent le travail en novembre 2006. Transporté en
décembre à Valence – la base espagnole de China Team – pour la finition, le Class America CHN 95 est baptisé le 6 mars dernier sous le nom de
Longzi ou « fils du dragon ».
Entre temps, le « Syndicat » de China
Team – son bureau exécutif – s’est
constitué avec Wang comme président et Ajacques comme vice-président chargé du développement et
des relations avec les autorités. A la
barre, le navigateur Pierre Mas organise trois sailing camps à Qingdao,
Xiamen et Hong Kong pour recruter
la partie chinoise de l’équipage.
« Clairement les plus petits »
Côté sponsors, Tag Heuer, le fabricant
suisse de montres, et Lladro, le spécialiste espagnol des céramiques haut
de gamme, sont rejoints par Chivas,
marque de whisky appartenant à
© Imagine China
Le sport en Chine
Å Lors de la Qingdao International Regatta
dans la province du Shandong,
28 Août 2006
Pernod Ricard. Pour communiquer,
China Team utilise les réseaux de
Wang Chaoyong dont la femme, Li
Yifei, dirige MTV China. Les portes
s’ouvrent : la chaîne sportive CCTV 5
accepte de diffuser au début 2006 un
concert organisé avec Louis Vuitton
et la Coupe de l’America autour du
bateau chinois.
Pour China Team, les choses sérieuses
commencent le 16 avril, première
épreuve de la Coupe Louis Vuitton.
« En terme de puissance financière
et de technique, on est clairement
les plus petits et de loin », déclarait
récemment Pierre Mas. Mais les
gens en Chine ont compris que
la Coupe est une compétition
de haut niveau technologique
et qu’il faut un investissement à
long terme. Ils sont très motivés
pour poursuivre l’aventure. » n
Joris Zylberman
La voile
encore peu pratiquée en Chine
Voile et loisir, deux mots dont l’association n’est pas encore évidente
en Chine. Certes, le nautisme est sorti de la confidentialité. Depuis
2004, les bateaux de plaisance apparaissent massivement au salon
nautique de Shanghai. En quelques années, plus d’une quinzaine
de marinas ont vu le jour, de Suzhou à Shenzhen. Des lieux pourtant
réservés à l’élite : comptez 10 000 RMB (1000 € ) par mois pour y
garer votre bateau. Le marin du dimanche reste donc invisible.
Question d’éducation aussi : l’école en Chine n’apprend pas à nager
et la côte demeure un endroit dangereux, réservé à la pêche ou aux
installations militaires. Résultat : la fédération chinoise de voile ne
compte que 800 licenciés. La situation n’est pas figée. A Qingdao
notamment, où le Canadien Brian Todd a monté une école de voile
proposant des leçons d’optimiste. De son côté, le gouvernement de la
ville hôte des épreuves olympiques marines, a lancé une campagne «
2006-2010 : la voile entre à l’école » auprès de 16 établissements.
Loin d’ignorer la voile sportive, la Chine continue de former des
sportifs de haut niveau. A l’image de Yin Jian, médaillée d’argent
en planche à voile aux JO d’Athènes en 2004.
J. Z.
65
© Imagine China
Le sport en Chine
La Station de Jiulong dans la province du Shanxi
Tout schuss
sur les sports de montagne
Randonnée, escalade et sports d’hiver... les Chinois découvrent, en néophytes, les
plaisirs de l’altitude. Un élan encouragé par le gouvernement.
D
epuis 1996, les Chinois se
sont lancés à l’assaut des
sports de montagnes. Profil
type du nouvel amateur : le jeune
urbain aisé, à la technique alpine
hasardeuse et aux connaissances
en matière de sécurité inexistantes
mais à l’enthousiasme débordant. Cet
élan vers les cimes a été suivi de près
dès 1998 par le gouvernement, qui,
suite à deux accidents marquants,
le premier en mai 2000 dans le
Qinghai lors de l’ascension de Yuzhu
Peak, le second en 2002 lors d’une
avalanche meurtrière au Xixiapangma
qui a emporté 6 jeunes grimpeurs
de l’université de Pékin , a cherché
à sensibiliser la population. Création
du premier festival national de la
montagne, mise à l’honneur en 2003
du mont Everest, le gouvernement a
66
encouragé les initiatives et plusieurs
grimpeurs ont ainsi escaladé le plus
haut sommet du monde à l’occasion
du cinquantième anniversaire de
l’ascension de l’Everest, une opération
commerciale organisée par la CMA
(Chinese Mountaineering Association)
avec la chaîne de télévision CCTV.
murs artificiels en ville. Alors qu’il n’y
avait que quelques grimpeurs il y a
10 ans, ils sont, aujourd’hui, plusieurs
centaines, même si leur niveau
reste encore bien inférieur à celui
des meilleurs grimpeurs mondiaux.
Coup de cœur pour la randonnée
Il n’existe pas encore de culture du
ski en Chine. Si les premières stations sont apparues dans les années
1980, le ski ne s’est véritablement développé qu’à partir de l’hiver 2000.
Aujourd’hui près de 200 centres de
ski ont vu le jour en Chine, mais une
vingtaine seulement s’approchent
des standards occidentaux dont trois
véritables stations (Yabuli, Beidahu et
Changbaishan), et deux ski-dômes
(à Pékin et Shanghai). Ces stades de
Aujourd’hui 10% de la population
urbaine chinoise déclare faire de la
randonnée de manière régulière.
Cela crée un véritable marché dans
le secteur des loisirs et sports de
montagne qui se développe à toute
vitesse, comme en témoigne le succès
des marques qui se positionnent sur
ce créneau. En escalade, le niveau
s’améliore grâce à la pratique sur des
Défi numéro 1 : développer
les sites
neige représentent 80 % du business
« neige » de la Chine. Actuellement le
secteur connaît un véritable engouement, même si la majorité des stations
de ski fonctionne uniquement avec
de la neige artificielle et si le niveau
n’est pas encore au rendez-vous ...
Pour l’escalade, l’exemple est frappant « 3000 voies d’escalade sont
aménagées rien que dans le massif des calanques de Marseille, alors
que toute la Chine héberge à peine
1000 voies d’escalade spor tives
équipées ... »
Cependant, le vrai souci repose sur
le manque d’infrastructures et de
personnels qualifiés. L’accès et le
développement des sites prennent
du temps et restent entièrement
régis par l’Etat, alors qu’en France au
contraire la montagne est en libre
accès. « En Chine, quelles que soient
les activités que l’on souhaite mettre
en place, il faut des autorisations... Les
permis sont parfois difficiles à obtenir
et les sources de conflits avec les
populations et les gouvernements
locaux ne manquent pas » souligne
Olivier Balma, professeur à la China
Mountain Development Institute.
Cette école récemment créée forme
des guides professionnels de haute
montagne. « La recherche du profit
immédiat est trop souvent au cœur
des préoccupations et les projets
de développement durable sont
rarement soutenus » explique le
professionnel averti. Il y a pourtant
un vrai potentiel puisque les régions
montagneuses constituent 69 % du
territoire chinois... n
Agathe Allain
Voici quelques sites recommandés par les spécialistes
Le China Moutain Development Institute
P
des sociétés privées et
répond au manque de
Olivier Balma et ses élèves à Yangshuo : cours
pratiques sur la montagne de la lune.
professionnels chinois
formés sur les questions techniques et de sécurité. Les deux ans
de formation intensive -pratique et théorique- se soldent par
la délivrance d’un diplôme d’état. En 2009, les futurs guides, de
retour dans leurs provinces respectives, devront être capables
de développer, de structurer et d’encadrer les activités sportives
de haute montagne : un joli challenge !
© O. Balma
L’école des guides de haute montagne
Olivier Balma est le
direc teur technique
de la première école
qui offre une véritable
formation de guides
de haute montagne en
Chine. Cette initiative
gouvernementale est
largement soutenue par
Vous rêvez de
montagne en Chine ?
our faire de la randonnée ou de l ’escalade
vous avez le choix entre
cinq régions : le mont Taishan
(province du Shandong) ;
Huangshan (Anhui) ; Emeishan
(Sichuan); Lushan (Jiangxi); le
Mont Qomolangma (Tibet), plus
connu sous le nom d’Everest.
Parmi les meilleurs sites, on
recommande pour l’escalade,
Yangshuo (Guangxi) et Kunming
(Yunnan) dans le sud de la Chine.
Pour la montagne technique
et l’assaut de cascade de glace,
les montagnes de Siguniang
dans le Sichuan et le massif de
Bogeda dans le Xinjiang; pour
la haute altitude, le Tibet avec
Cho oyu, Xixiapangma, et bien
sûr l’Everest ; pour le trekking,
les provinces du Yunnan et du
Qinghai et enfin pour le ski,
Beidahu (Jilin) au Nord-Est de
la Chine.
67
© O. Balma
Le sport en Chine
Le sport en Chine
Sports et tourisme de montagne :
les Alpes et la Province du Sichuan collaborent
La région des Alpes et la Province du Sichuan ont décidé de travailler ensemble pour la promotion et
le développement des activités en montagne, notamment en matière de sport et de tourisme. Un
mémorandum a été signé récemment. Il prévoit la création d’un centre franco-chinois du développement
de la montagne dont les finalités sont à la fois économiques, environnementales, touristiques et sportives.
Le projet prévoit la création, dans un proche avenir, d’un site pilote, vitrine de la coopération entre les deux
régions. Selon Jacques Dumasy, consul général de France à Chengdu, ce site, à court terme, devrait pouvoir
accueillir les citadins à la recherche de loisirs variés. A plus long terme, il pourra accompagner l’éclosion des
sports d’hiver en Chine et, pourquoi pas, dans dix ou quinze ans, contribuer à l’organisation, au Sichuan, de
Jeux Olympiques d’hiver.
Extrait de l’ Edito de la lettre Pionnier n0 2 par Jacques Dumasy, Consulat Général de France à Chengdu
68
Le sport en Chine
Le billard,
nouvelle passion chinoise
Ultra populaire et récent à la fois, la passion du billard enflamme la chine ... Ding
Junhui le jeune prodige chinois qui fait frémir le milieu international serait-il à
l’origine de l’engouement général autour de ce sport ?
Ding Junhui
à la conquête du monde
Interdit pendant la Révolution
culturelle, le billard a fait un retour
fulgurant avec la Kent Cup de 1988,
première compétition de niveau
international sur le sol chinois. Mais
son succès actuel est surtout porté
par un champion exceptionnel,
enfant prodige sur le plan sportif et
figure emblématique d’une réussite
conquise à la seule force du poignet.
Originaire d’une petite ville de la
province du Jiangsu, Ding Junhui a
commencé par jouer dans la rue, à
l’âge de huit ans. Soutenu par ses
parents, il n’a que 15 ans quand
il remporte les championnats du
monde des jeunes à Riga, en 2002,
© Imagine China
À
la campagne comme en ville,
dans des salles bien équipées,
des bars à l’ambiance feutrée
ou simplement dans la rue sur des
tables usées avec du matériel de
fortune, jeunes et moins jeunes
jouent au billard. Difficile, dans ces
conditions, de recenser le nombre
de joueurs. Selon le China Daily, ils
seraient au moins 50 millions à jouer
une fois par semaine et 1,5 million à
pratiquer quotidiennement. La vague
semble toucher toutes les couches de
la population. Cols blancs, ouvriers,
paysans et étudiants, le jeu est
accessible à tous. Gratuit en plein air,
il faut compter en moyenne 20 RMB
( 2 € ) de l’heure en salle à Pékin
qui en compte au moins 700, dont
certaines ouvertes 24h/24.
Ding Junhui a donné au billard un élan comparable à celui que Yao Ming a
impulsé au basket
une première victoire qui le propulse
sur la scène internationale. Parti
s’entraîner en Grande-Bretagne, il
renforce sa technique, acquiert un
sang-froid hors du commun. Ses
victoires à l’Open de Chine et au
championnat de Grande-Bretagne en
2005 le font entrer dans la légende.
Héros national, Ding Junhui a donné
au billard un élan assez comparable
à celui que Yao Ming a impulsé
au basket chinois. Le manque de
programme d’entraînement, de
tournois et les dotations dérisoires
qui étaient le lot des professionnels
de billard il y a 15 ans à peine ont
fait place à des compétitions de
haut niveau dont l’Open de Chine
à Pékin, épreuve internationale, et
un critérium national dont la prime
s’élève à 400 000 RMB ( 40 000 € ). La
retransmission de l’Open de Chine
a rassemblé l’an dernier plus de
cent millions de téléspectateurs. Le
billard arrive en quatrième position
des programmes diffusés pas les
chaînes sportives chinoises en 2006,
juste après le tennis, mais encore loin
derrière le football et le basket. Dans
l’ombre de la star, Tian Pengfei et Jin
Long chez les hommes, Pan Xiaoting
chez les femmes sont déjà inscrits au
classement mondial. Certaines écoles
ont mis le billard au programme
d’éducation physique. La relève se
prépare et le billard chinois a de
beaux jours devant lui. n
Sophie Lavergne
69
Le sport en Chine
Golf,
le sport « classe affaire »
© Imagine China
Après vingt années d’un
développement débridé,
le golf chinois semble
entrer dans l’âge de raison.
Professionnalisation et
gain de popularité sont
s es d e u x p r in cip au x
enjeux.
En Chine, le golf rassemble 1 million de pratiquants
D
epuis 1984, date de la création
du premier parcours en Chine
continentale, plus de 300 terrains de golf ont vu le jour. Le nombre
de pratiquants est, lui, passé de 1000
à 1 000 000. A titre de comparaison, la
France compte plus de 500 terrains et
environ 600 000 joueurs. Plusieurs parcours - à Pékin, Hainan, Shanghai ou
Macao - sont inscrits aux calendriers
des circuits professionnels asiatique,
européen et américain. Parallèlement,
la première génération de golfeurs
chinois de niveau international, dont
Zhang Lianwei est le représentant le
plus connu, commence à rivaliser sur
les greens avec les meilleurs joueurs
mondiaux. Enfin, une des quatre
épreuves comptant pour les championnats du monde de golf (WGC)
aura lieu au Missions Hills Golf Club, à
Shenzhen, en 2007 et 2008.
Vers l’âge de raison
Les signes de bonne santé ne manquent donc pas, même si, en Chine
«Le golf n’est pas pas encore à
maturité» Mathias Herzog, golfeur amateur de haut niveau instal70
lé à Pékin, constate en effet, qu’en
dehors des quelques sites haut de
gamme, la qualité des parcours reste
assez médiocre. Le niveau global des
joueurs reste assez faible, les règles et
l’étiquette ne sont pas toujours bien
connues ni respectées. L’Association
Chinoise de Golf (CGA) vient tout
juste de signer un protocole pour se
conformer aux normes et règles de
jeu internationales. Mais, pour Mathias
Herzog c’est surtout l’absence d’un
circuit « amateur » officiel en Chine qui
nuit le plus à la qualité de l’ensemble.
En 2005, la CGA a lancé un ambitieux China Tour, circuit professionnel
national, qui devrait faire progresser le
niveau, favoriser l’émergence de nouveaux talents et accroître la popularité
du jeu.
Golf et “guanxi”
Populariser le golf est un sacré
défi quand une journée de golf en
semaine aux environs de Pékin coûte
en moyenne 1 000 RMB ( 100 € ), ce
qui réserve la pratique à la classe très
aisée de la population. En Chine plus
qu’ailleurs, golf rime avec réseaux
d’influence : les « guanxi ». Certaines
entreprises obligent leurs cadres à se
mettre au golf pour accroître leurs
relations, autrement dit, leur pouvoir.
D’autres, dans l’espoir de remporter
un marché, organisent des challenges,
mettant face à face de grands joueurs
venus pour l’occasion et des industriels,
trop heureux de taper des balles avec
un champion. L’université de Xiamen
vient, elle, d’inscrire au cursus des filières commerce et informatique, les
cours de golf, « nécessaires pour réussir sa carrière » selon le recteur.
Des voix s’élèvent contre la pratique d’un sport jugé trop élitiste,
qui représente de surcroît un gaspillage de la terre et de l’eau. Le
Premier Ministre Wen Jiabao a réaffirmé, devant l’Assemblée nationale
populaire, le gel des autorisations de
construire de nouveaux parcours qui
empiètent sur les terres arables. Les
enjeux économiques , environnementaux et sociaux -les paysans étant
les laissés-pour-compte des projetspèsent lourd sur la balance... mais le
golf a déjà bel et bien fait son trou sur
le continent. n
Sophie Lavergne
Le sport en Chine
Le galop d’essai
de l’équitation chinoise
Complètement inconnue il y a encore quelques
années, l’équitation sportive fait désormais partie du
paysage sportif chinois et fait les beaux jours d’une
clientèle très aisée.
70 centres autour de Pékin
Dans la mouvance du golf, du tennis et de la voile, l’équitation semble
effectivement séduire les nouveaux
Chinois aisés. Un nombre significatif de centres équestres ouvrent.
Fréquentés aujourd’hui autant par
les Chinois que les expatriés, ils
témoignent d’une tendance qui va
s’affirmant : ils seraient près de 70 près
de Pékin et 20 autour de Shanghai.
Parmi eux, Sherwood, à trois quart
d’heure de la capitale, est un des plus
professionnels.
Agréé par le Har tpur y College,
célèbre centre de formation anglais,
Sherwood est un des plus anciens
centres équestres de Chine. A sa tête
depuis sa fondation, une lignée de
cavaliers confirmés perpétuent une
tradition hippique de bon niveau
dans le respect des animaux. Il y a
une quinzaine d’année, le Cadre noir
de Saumur, corps de dresseurs et de
formateurs d’excellence s’il en est, a
dispensé son savoir-faire à Sherwood.
Le club, qui l’année dernière, a
accueilli l’épreuve finale de sélection
des championnats nationaux, compte
aujourd’hui 55 chevaux pour la
plupart venus d’Europe. Les chevaux
chinois, de caractère doux et calme,
sont réser vés aux leçons. 60%
appartiennent à des propriétaires
privés. Lee Bing, l’un d’eux, réalisateur
de spots publicitaires, ne quitte pas
© A.S Douard
E
n dépit d’une culture équestre
ancienne, la Chine ne s’est que
récemment mise à l’équitation
comme pratique spor tive. Les
épreuves équestres ont fait leur
entrée aux jeux nationaux en 1987
et la jeune Fédération d’équitation
fondée en 1983 a participé pour la
première fois à une compétition de
niveau international lors des 13e
jeux d’Asie, à Bangkok, en 1998. La
perspective des olympiades de 2008
a stimulé ses efforts pour atteindre
un niveau international. Selon Yu
Lixian, membre de la fédération, une
vingtaine de compétitions nationales
(toutes disciplines confondues) sont
organisées annuellement. Par un
système de points, elles servent à
sélectionner les cavaliers qui peuvent
concourir au niveau international.
Le programme d’entraînement des
cavaliers professionnels (200 sur
toute la Chine) se fait à l’étranger,
principalement en Europe, auprès
des plus grands experts comme
l’ancien champion Lugder Beerbaum
en Allemagne. Les chevaux, quant
à eux, sont achetés et importés
quand le couple cavalier/cheval
fonctionne bien. Même si les résultats
des cavaliers chinois aux derniers
jeux asiatiques de Doha ne sont pas
bien glorieux, Yu Lixian prédit « un
développement très rapide » de
l’équitation en Chine.
Yu Lixian, membre de la fédération
d’équitation chinoise créée en 1983
son portable en selle. Propriétaire
de deux magnifiques sang-chaud
danois, il monte « dès qu’il le peut »,
au minimum trois fois par semaine.
Bien sûr, la grande majorité des
Chinois n’a ni le pouvoir d’achat, ni le
temps de s’intéresser à l’équitation - la
location d’un box coûte environ 2000
RMB par mois (200 euros), un cours
individuel d’une heure 300 RMB (30
euros) en moyenne - . Néanmoins, la
filière équine a un important potentiel
de développement. Une des clés
de son essor passera sûrement par
un important programme d’élevage
de chevaux de race, et donc une
nécessaire mise aux normes sanitaires
et vétérinaires internationales. n
Sophie Lavergne
71
Le sport en Chine
© PSA
Le rallye s’invite sur les routes de Chine
P
etite veste rouge et noire aux
couleurs de l’écurie, Wang
Shaofeng prend une pose
sereine à une heure de la cérémonie
d’ouverture du 2ème rallye de Jinshan,
à 70 km du centre de Shanghai. Elu
meilleur pilote de l’année en Chine
en 2005, il faudrait plus que ce trajet
rectiligne de la banlieue de Shanghai
pour éprouver l’aplomb d’une des
figures de l’équipe de course de rallye
Citroën-Tianxin. « C’est la première fois
que je pilote la C2 en rallye, mais les
essais ont été probants », explique-t-il.
« Le parcours est simple, tout droit, on
peut quasiment prendre des photos
pendant que l’on conduit », nargue
Qin Fawei, un autre des pilotes de
l’équipe. Agés entre 28 et 35 ans, ces
pilotes prennent un plaisir visible à
découvrir les joies du rallye, arrivé en
Chine depuis à peine une décennie.
« Il y avait des courses dès les années
1980 mais c’est surtout depuis 1997
que cela s’est développé », assure Qin.
Les pilotes, eux, n’ont pas de parcours
tracé, chacun a son histoire... souvent
atypique. Wang par exemple a huit
ans quand il conduit son premier
véhicule : un tracteur. « Je suis
72
originaire du Henan (province du
centre de la Chine), je conduisais
le tracteur dans les champs » se
souvient-il amusé. Il at tend 17
ans pour se mettre vraiment à la
conduite au volant d’une Beijing
Jeep. Conducteur de camion pendant
plusieurs années, il se fait remarquer
par sa rapidité « sans avoir jamais
d’accident ». En lisant le journal, il
tombe sur une annonce pour des
essais de pilote... démarre alors une
carrière aujourd’hui au beau fixe.
« J’espère faire ça encore... 30 ans »,
s’amuse Wang. Quant à Qin Fawei,
Pékinois de souche, il a été fasciné
par le ballet des voitures de rallye
aperçu un jour sur Tian’Anmen, lors de
l’arrivée de la course Hong Kong-Pékin
en 1997. Et comme « je conduisais déjà
très vite et ne supportais pas d’avoir
des voitures devant moi », il se laisse
vite tenter par la course automobile.
Aujourd’hui ils parcourent la Chine
avec le reste de l’équipe. Shanghai,
Pékin, provinces du Guizhou et du
Sichuan... au total six grands rallyes
ponctuent la saison. Et si les rues de
Jinshan ne sont pas encore envahies
par la foule, le défilé pétaradant des
© PSA
Première année d’essai pour les nouvelles C2 lors du 2ème rallye de Jinshan, à
70 km du centre de Shanghai en mars 2007.
voitures de rallye crée tout de même
l’attroupement. Le Club TianxinCitroën a bien compris que deux
facteurs allaient porter la course de
rallye vers le succès : la technologie
et la publicité. « Il manque deux
choses à ce sport en Chine : l’intérêt
des médias et les sponsors, qui n’ont
pas encore intégré que ce sport
peut servir de plate-forme pour
promouvoir une marque », résume
Chen Hu, directeur du Club TianxinCitroën. Le dirigeant a cherché à
moderniser peu à peu l’image du
club, avec un investissement croissant
du constructeur français. « L’équipe
est allée en France pour échanger
avec les techniciens, dont certains
sont venus en Chine », précise M.
Chen. « Au début, on ne savait pas
transformer les voitures», estime Qin
Fawei. Aujourd’hui, les deux C2 et la
Fukang – version chinoise de la ZX
française – ont été préparées par les
techniciens du Club Tianxin-Citroën.
Une première année d’essai pour
les nouvelles C2, habillées de rouge
et blanc, qui devraient cons-tituer
ensuite la totalité de l’écurie. n
Julie Desné
Angle Droit
Cadre légal de l’Architecture et du Design
Par Andrew McGinty, Associé et Ma Yun, Avocat à la Cour, cabinet LOVELLS
1
Le règles d’application du décret 114, promulguées par le M.O.C , sont entrées en vigueur en
mars 2007. Elles facilitent l’établissement d’E.I.E dans le secteur Construction-EngineeringDesign et précisent les conditions de qualification permettant d’entreprendre des travaux
« réglementés » par la loi.
2
Examen des demandes de qualification
Les individus étrangers doivent démontrer aux autorités qu’ils
sont architectes ou ingénieurs dans leur pays d’origine. Les
sociétés étrangères devront fournir une liste comportant
au moins deux projets accomplis hors de Chine, dont l’un
nécessairement dans leur pays d’origine.
Les architectes et ingénieurs étrangers employés par
des “Entreprises du Décret 114”3 ne sont comptés parmi les
professionnels techniques qu’après examen et certification par
le MOC de leurs diplômes, expériences, projets accomplis et
réputations professionnelles.
Critères d’évaluation
Chaque individu souhaitant faire partie du “quota” devra être
titulaire d’une Licence ou diplôme équivalent, ayant couvert les
sujets visés par les Standards de la Qualification Construction
4
Engineering . Cette condition a pour effet d’empêcher la
comptabilisation des anciens praticiens sans diplôme alors que
leur connaissance de l’industrie au niveau international pourrait
être bien plus précieuse à la Chine que n’importe quel diplôme.
L’architecte ou ingénieur étranger devra encore justifier d’au
moins 10 années d’expérience. En outre, il ne pourra être
employé que par une seule entité. Il n’est pas clairement précisé
si cette disposition ne vise que les entités chinoises. Ceci
pourrait se révéler impraticable pour les créateurs d’entreprises
ou encore ceux qui souhaitent rester employés à l’étranger tout
en travaillant pour une “Entreprise du Décret 114”.
Mesures Transitoires
Des mesures transitoires permettent aux “Entreprises du Décret
114” de déroger à l’obligation d’employer un quota d’individus
étrangers ayant une double qualification d’architecte ou
d’ingénieur et d’employer des architectes ou ingénieurs chinois
à la place. Cependant, l’expression employée (“可以不予考核”)
est ambigüe, introduisant un élément discrétionnaire dans la
décision de faire bénéficier ou non de ces concessions.
74
Bon nombre des conditions
posées par les Décrets 113 et 114
demeurent incompatibles avec
les engagements de la Chine à
l’OMC
Acquisition d’une société chinoise de construction,
Engineering et Design par des investisseurs étrangers
qualifiés.
Les autorités chinoises auraient pu saisir cette opportunité pour
confirmer qu’une telle acquisition déclencherait éventuellement
un ré-examen de la qualification de la société existante, afin de
déterminer si la nouvelle structure reste en conformité avec
celle-ci. En théorie, sauf à ce qu’un grand nombre d’employés
quitte la société, il est assez difficile d’imaginer qu’elle devienne
“moins qualifiée” après l’opération d’acquisition.
En conclusion, ces Règles d’Application montrent la volonté du
MOC et du Ministère du Commerce (“MOFCOM”) de libéraliser
davantage le marché de la construction et de prendre en
compte les difficultés exprimées par les investisseurs étrangers.
Cependant, bon nombre des conditions posées par les Décrets
113 et 114 demeurent incompatibles avec les engagements de
la Chine à l’OMC. Ces exigences quant aux conditions d’accès
au marché chinois entraînent un inévitable surcoût pour les
investisseurs étrangers, favorisant ainsi les entreprises nationales,
et en particulier les entreprises d’Etat capables d’assumer de
lourdes pertes afin de conquérir des parts de marché. n
Le Ministère de la Construction chinois
Entreprises à Investissement Etranger
Les Entreprises du Décret 114 sont des entreprises à capitaux étrangers (co-entreprises et WFOE) intervenant
dans le secteur de la construction, engineering et design.
4
Les Standards pour obtenir la qualification d’entreprise de Construction Engineering Design recouvrent
4 standards distincts : des standards généraux couvrant 21 secteurs industriels, les standards industriels
de qualification engineering design, les standards professionnels de qualification design et le standard
spécial de qualification engineering design. Chaque standard, réparti en classe A ou B impose des exigences
différentes en terme de capital social, savoir-faire technique et objet social.
1
2
3
Réforme de l’impôt sur les sociétés
Par Olivia Luzi, Avocat à la Cour, cabinet SALANS,
Le projet de loi portant sur la réforme de l’impôt sur les sociétés (IS) en Chine a été adopté
le 16 mars 2007 et entrera en vigueur le 1er janvier 2008. Ce projet vise à uniformiser la
réglementation applicable en matière d’IS tant à l’égard des entreprises à participation
locale chinoise (EPC) que des entreprises à participation étrangère (EPE).
1. Taux d’imposition – Retenue à la source
Le taux d’IS est désormais de 25% à l’égard de toutes les
sociétés chinoises (i.e EPC ou EPE), à l’exception de petites
entreprises ou d’entreprises à petit profit (taux IS de 20%)
ou encore d’entreprises qualifiées « de haute et nouvelle
technologie » et encouragées par l’Etat (taux d’IS de 15%).
Un taux de 20% de retenue à la source sur les revenus passifs
(intérêts, royalties, etc.) sera également applicable. Il reste à
voir si le taux provisoire de retenue à la source de 10% sur ces
revenus et l’exemption d’imposition des dividendes versés par
l’EPE à l’investisseur étranger seront maintenus.
2. Traitements fiscaux de faveur – déductibilité de
certaines dépenses
Jusqu’à présent, les régimes de faveur étaient accordés en
fonction de l’objet social d’une entreprise (ex. les usines qui
bénéficiaient de deux ans d’exemption d’impôt suivant le
premier exercice bénéficiaire, puis d’une réduction d’impôt
durant les trois années suivantes), son secteur d’activité (ex.
secteur High-Tech) et de la localisation de celle-ci (ex. la zone
« Pudong new area » et son taux d’imposition de 15%). Le
projet de réforme conserve le principe de traitements fiscaux
de faveur (exemption d’impôt, taux réduit, crédit d’impôt,
etc.), mais ces derniers sont cette fois-ci octroyés selon des
critères liés essentiellement au secteur d’industrie ou d’activité
de l’entreprise concernée, lequel devra être « encouragé »
(ex. secteur High-Tech, infrastructures, protection de
l’environnement etc.). Restent à préciser en détail la nature
des traitements de faveur et leurs critères d’application. Par
ailleurs, certaines dépenses liées notamment à la Recherche
et au Développement ainsi qu’à l’acquisition de nouvelles
technologies pourraient venir en déduction du bénéfice
imposable de la société.
3. Résidence fiscale
Le projet introduit un nouveau concept de « résidence fiscale
des entreprises » en vue de soumettre à l’IS chinois l’ensemble
des revenus mondiaux des entreprises qui disposent d’un
établissement ou centre d’activité en Chine (EPC ou EPE) si
ces revenus sont rattachés aux activités de cet établissement
ou centre d’activité. De plus, les entreprises étrangères dont
le « centre de management effectif » est situé en Chine
pourraient voir leurs revenus taxés en Chine, mais cette notion
n’est pas définie dans la nouvelle loi.
4. Sort réservé aux EPE existantes ayant bénéficié
jusqu’à présent d’un régime fiscal de faveur
Ces EPE bénéficieront d’une période de transition de cinq
ans pendant laquelle leur taux d’imposition, s’il est inférieur à
celui fixé par la réforme, augmentera graduellement en vue
d’atteindre finalement 25%. Par ailleurs, s’agissant des EPE qui
ont pu commencer à bénéficier des deux ans d’exemption
d’impôt suivant leur premier exercice bénéficiaire puis
d’une réduction d’impôt durant les trois années suivantes,
celles-ci pourraient continuer à profiter de cette mesure
postérieurement à l’entrée en vigueur de la loi. Pour celles qui
n’auraient pas encore connu un exercice bénéficiaire tout en
ayant obtenu ce régime de faveur, le point de départ de celuici sera réputé commencer au jour de l’entrée en vigueur de la
loi (que l’exercice soit bénéficiaire ou non). Enfin, les mesures
destinées à favoriser les investissements à l’Ouest de la Chine
seront également maintenues.
Il faudra cependant attendre les règlements d’application pour
connaître en détail les modalités de la période de transition
et préciser certaines notions qui ne sont pas définies dans
cette loi. Le Ministère des finances et l’Administration fiscale
devront également procéder à un travail d’harmonisation d’une
multitude de règlements et circulaires au cours des prochains
mois. n
75
La Chine à la loupe : Le Hubei
Shenyang
Pékin
Shanghai
Hubei
Moteur du centre-Chine,
la province du Hubei
La vallée de la rivière Qingjiang dans la province du Hubei
Encore peu connue jusqu’à la visite présidentielle en octobre dernier, la province du Hubei
se développe depuis trois ans à un rythme supérieur à la moyenne nationale. Dotée d’un
fort potentiel industriel et agricole (21,77 millions de tonnes de céréales produites en 2005),
la province constitue un important nœud de communications entre le Nord et le Sud
(Pékin-Canton) et l’Est et l’Ouest (Shanghai-Chongqing). Très ouverte aux investissements
étrangers, elle concentre désormais près du quart des investissements français en Chine.
S
ituée sur le cours moyen du Yangtsé, la province
doit son nom à sa position géographique, « Hubei »
signifiant « au nord du lac », ie. du lac Dongting, le
plus grand du centre de la Chine. D’une superficie de 185
900 km2, elle abrite une population de 60,5 M/hab.
Connue en Chine comme le « carrefour des neuf provinces »
ou la « province aux mille lacs », elle est entourée par
l’Anhui, le Henan, le Hunan, le Jiangxi et le Shanxi et par
la municipalité autonome de Chongqing, et elle dispose
d’importantes ressources hydrauliques. C’est à Yichang, au
Sud-Ouest, qu’est situé le plus grand barrrage du monde,
celui des Trois-Gorges dont la dernière pierre a été posée
en 2006 (avec plusieurs turbines fournies par Alstom).
Un passé industriel...
La province s’est appuyée sur ses mines de fer pour mettre
sur pied son industrie sidérurgique. Le complexe Wuhan
Steel est aujourd’hui le 3ème du pays avec une production
76
annuelle de 10 M/t. d’acier.
Le développement industriel du Hubei connut un tournant particulier lorsque Mao Zedong décida de mettre
à l’abri des attaques étrangères les industries à caractère
militaire ou stratégique. La province a accueilli à l’époque nombre d’industries lourdes dont DongFeng Motors
(DFM), deuxième producteur national de véhicules utilitaires, devenu plus tard partenaire du groupe PSA.
...rattrapé par les technologies de pointe.
Fidèle aux objectifs du 11ème Plan quinquennal qui met
l’accent sur le développement du centre Chine, le Hubei
est une des provinces les plus dynamiques du pays. Son
taux de croissance est en moyenne de 12 % depuis trois
ans et son PIB, qui avoisine les 63 milliards EUR, la situe à
la 12ème place sur l’échelle nationale. La province a pour
ambition de compléter et valoriser ses atouts industriel
et agricole par un volet « hautes technologies » : Wuhan
© Imagine China
Canton
Le Hubei, carrefour de communications
Les autorités locales ont décidé de tirer parti au maximum
de la situation géographique de la province et d’asseoir
son développement sur un noeud de communications
diversifiées. Wuhan, capitale du Hubei, située « au centre
du Centre » et à équidistance de Pékin, Canton, Shanghai
et Chengdu (environ 1.000 kilomètres), bénéficie à ce titre
d’avantages logistiques évidents.
Carrefour ferroviaire et routier, avec de nombreux projets
en cours, la province a lancé un ambitieux programme de
développement de ses infrastructures aériennes et fluviales. Elle compte 7 aéroports avec plus de 150 liaisons
nationales et internationales, dont le plus important à Wuhan est en voie d’agrandissement, et possède aussi plus de
7 000 kilomètres de voies navigables, tandis que le port
fluvial de Wuhan se classe au 2ème rang en Chine.
Une coopération avec la France en plein essor et en
voie de diversification
La province attire de nombreux investisseurs, principalement en provenance de Hongkong, Taiwan et Singapour,
mais aussi du Japon, d’Allemagne ou des Etats-Unis. Les
autorités font état de 8 000 entreprises étrangères, avec
de grandes marques telles que Mitsubishi, Siemens, Metro,
Philips, Daewoo, Coca-Cola, Budweiser et bientôt peutêtre IBM.
Du côté français, la coopération remonte à l’arrivée de Citroën en 1992, qui a marqué le début de la présence économique française dans la province, entraînant dans son
sillage les premiers équipementiers du secteur (Sacred,
Acome). Elle s’est depuis largement diversifiée : 55 sociétés
françaises y sont aujourd’hui implantées, avec un pôle fort
autour de l’automobile (PSA et 13 équipementiers), mais
aussi quelques sociétés très en vue à Wuhan dans des secteurs prioritaires (le groupe Delachaux pour le ferroviaire),
ou de pointe (Alcatel pour les fibres optiques). D’autres
projets d’importance sont en cours de finalisation ou discussion dans le secteur de l’énergie (Alstom, Areva), tandis
que 2006 voyait deux implantations significatives avec AFE
technologie et Inergy. Nos sociétés investissent progressivement tous les secteurs, les télécommunications (Safran),
la logistique (Gefco, SDV), la grande distribution (Carrefour), l’hôtellerie (Accor), ou plus récemment la protection
de bâtiments (Guard Industrie).
La coopération française au Hubei ne se limite pas au niveau économique. Les échanges dans les domaines culturel et universitaire sont mêmes antérieurs aux premiers
investissements français. Ils ont débuté il y a 30 ans avec
l’université de Wuhan qui a passé près d’une cinquantaine
d’accords avec les plus grandes universités françaises, et
ont essaimé depuis dans les autres grands établissements
de la ville devenue aujourd’hui l’une des plus francophones de Chine.
La province entretient une relation privilégiée avec la
France, seul pays à avoir ouvert un Consulat général à Wuhan (dont le ressort s’étend sur le Hubei, le Hunan et le
Jiangxi). Cette relation, qui est fondée sur une coopération
économique en plein essor et se nourrit d’une multitude
d’échanges dans les domaines culturel et universitaire, a
été mise en lumière lors de la visite d‘Etat du président de la
République, qui a effectué à Wuhan son seul déplacement
en province le 27 octobre dernier. Le président Chirac a
inauguré à cette occasion la 2ème usine du groupe PSA et
le service d’urgence bilingue de l’Hôpital Zhongnan, deux
pôles emblématiques d’une coopération ancienne et en
devenir qui illustrent le renforcement et la diversification
de nos relations. n
Stéphane PISKORZ
Consulat général de France à Wuhan
© Imagine China
abrite deux zones de développement technologique de
niveau national, à Zhuankou, où est situé le pôle automobile à dominante française, et au lac de l’Est qui accueille la
« Vallée Optique » de Chine avec plusieurs centaines d’entreprises et de laboratoires de recherche spécialisés sur les
fibres optiques et lasers.
Wuhan
Sites Internet utiles :
Gouvernement provincial du Hubei
http://www.hubei.gov.cn
Gouvernement municipal de Wuhan
(version anglaise)
http://english.wh.gov.cn
Consulat général de France à Wuhan
http://www.consulfrance-wuhan.org
Hubei news (version anglaise)
http://english.cnhubei.com
Invest in Hubei
http://www.hubeiinvest.cn
Wuhan Time
(informations diverses pour visiteurs, en anglais)
http://www.wuhantime.com
77
La Chine à la loupe : Le Hubei
Jardin De Monet,
l’une des toutes premières PME françaises à avoir
choisi Wuhan.
A
lors que la plup ar t des p ays agis tes et
environnementaux français en Chine sont
implantés dans les grosses villes côtières, là où
le niveau de développement est très avancé, Jardin
de Monet (JDM) a fait un choix différent, celui de se
développer en Centre Chine, dans la province du Hubei.
La PME vient de fêter son premier anniversaire tandis que
ses fondateurs sont présents dans la région depuis plus
de 5 ans.
Wuhan est une ville industrielle qui entame son
développement et qui accorde, comme la plupart des
grandes villes chinoises, une attention de plus en plus
importante à l’environnement et au paysage. Entre lacs
et montagnes, Wuhan bénéficie d’une situation idéale.
La proximité de grands parcs de loisirs, du barrage des 3
gorges, de sites touristiques en font une ville attractive en
pleine évolution ...
En tant qu’entreprise pionnière dans le Hubei, JDM a
su développer son cœur d’activité en s’appuyant sur
les synergies locales existantes. Forte d’une équipe de
professionnels chinois avertis et d’experts français, la PME
a réussi à se faire reconnaître comme “Leader du paysage
en Centre Chine”. Les gouvernants chinois locaux lui ont
même attribué les titres de “Conseiller en Environnement
pour le Maire” et de “Concepteur paysagiste exclusif de la
Zone de Développement de la vallée optique de Wuhan”.
De belles perspectives à venir, mais Jardin de Monet a de
nouvelles ambitions pour l’environnement : aujourd’hui
la société étudie un projet de recyclage des déchets
organiques issus d’activités industrielles afin de produire
des sources d’énergie renouvelable : du biogaz méthane
et du composte directement réutilisable au sein de son
activité horticole.
La région jouit d’un dynamisme économique certain,
néanmoins, recréer un environnement culturel favorable à
l’adaptation du personnel étranger reste un enjeu majeur
de la société. « Les expatriés français qui travaillent à
Wuhan dans les PME ne restent guère plus d’un an en
place, tandis que ceux de Shanghai travaillent plusieurs
années au même endroit ! » souligne Marc Alloin,
président de JDM. n
© JDM
Marc Alloin, président de JMD
78
DPCA
© DPCA
dans le Hubei ... une longue histoire
Les Bureaux de DPCA à Wuhan. La société se place parmi les 10 premiers constructeurs automobile chinois.
L
a société Dongfeng Peugeot Citroën Automobiles
Company (DPCA) a été créée le 18 mai 1992, sur les
rives du Fleuve Yangtsé, dans la ville de Wuhan, ville
principale de la Chine du centre.
Il s’agit d’une joint-venture détenue depuis 2003 à 50%
par Dongfeng Motors et à 50% par PSA Peugeot Citroën .
Ce partenariat traduit la volonté de s’inscrire durablement
dans les priorités d’aménagement du territoire de la
Chine tout en tirant parti du dynamisme exceptionnel du
marché automobile chinois. Il démontre enfin la confiance
qui s’est instaurée depuis 15 ans entre DFM, PSA et les
pouvoirs publics en Chine.
En 2006, ce sont plus de 200 000 véhicules qui sont sortis
des lignes de production de DPCA, multipliant par 4 les
ventes réalisées depuis 2001. Pour 2007, la croissance
des ventes devrait se poursuivre à un rythme soutenu,
ce qui continuera de placer DPCA parmi les 10 premiers
constructeurs chinois.
D’ici 2009, pour répondre à la demande du marché, les
capacités de production devront être triplées, grâce à
l’extension de l’usine actuelle et grâce à la construction
d’une nouvelle usine dont la pose de la première pierre a
été inaugurée le 27 octobre 2006 par M. et Mme Jacques
Chirac. Au cours de cette cérémonie, le Président de la
république française a incité les entreprises françaises à
privilégier le Hubei et la ville de Wuhan dans le cadre de
futurs investissements.
Le Hubei et la ville de Wuhan, situés au centre de la
Chine, sur les rives du Yangtsé, représentent un noeud
stratégique de communication maritime, aérien,
ferroviaire et routier. Les temps de vol entre Wuhan et
Pékin, Shanghai et Canton sont ainsi similaires, environ
1h30 de voyage. Le Hubei, et notamment Wuhan, dispose
en outre d’un pôle d’enseignement supérieur de tout
premier ordre, se classant deuxième derrière Beijing. Enfin,
dans une volonté permanente de développer un bon
environnement propice aux investissements, les autorités
locales fournissent aux investisseurs de meilleures gestions
et services satisfaisants. Jusqu’à présent la plupart des 500
grandes entreprises mondiales s’y sont installées.
Le développement spectaculaire de DPCA depuis les 5
dernières années en a fait l’un des plus gros employeurs
de Wuhan et a permis à la ville de devenir un des
pôles majeurs de l’industrie automobile chinoise. Avec
sa croissance à deux chiffres, la Chine représente un
formidable moteur de croissance pour DPCA. Grâce à la
force de coopération entre PSA et DFM, DPCA a posé à
Wuhan les très solides bases de son développement en
Chine. Ensemble, Chinois et Français, allons continuer à
construire l’avenir. n
Philippe Irlande
DRH de Dongfeng Citroën Automobiles Ltd.
79
© MICHELIN
La France à la loupe
Vignobles et village médiéval de St-Émilion
L’Aquitaine
L’Aquitaine, c’est « le pays des eaux ». Bordé à l’Ouest par l’Océan Atlantique, il est
irrigué, à l’Est, par la Dordogne. Délimitée au Sud par les Pyrénées, l’Aquitaine marque
la jonction de la péninsule Ibérique et de l’Europe continentale : c’est là que se
situe le Pays basque, haut en couleurs. Si l’Aquitaine ravit les yeux, elle ravit aussi les
papilles et chaque fête ne se conçoit pas sans que Bacchus soit mis à contribution.
« Cette haleine de menthe, d’herbes trempées d’eau, s’unissait à tout ce que la lande, délivrée
du soleil, fournaise soudain refroidie, abandonne d’elle-même à la nuit :
parfum de bruyère brûlée, de sable tiède et de résine –
odeur délicieuse de ce pays couvert de cendres, peuplé d’arbres aux flancs ouverts. »
François Mauriac, Commencements d’une vie
Tous droits réservés. Toute reproduction de cet article, même partielle et quel qu’en soit le support, est interdite sans autorisation de MICHELIN
cartes & guides. Si vous souhaitez obtenir la permission d’utiliser ce contenu ou bien nous faire part de vos commentaires, veuillez nous contacter :
[email protected]
80
La France à la loupe
La Dordogne
La Dordogne est une rivière qui passe pour être la plus
belle de France. Elle arrose généreusement la région verdoyante du Périgord.
Périgueux est la capitale du Périgord blanc, ici l’histoire
se lit comme à livre ouvert : ses rues regorgent de façades Renaissance, de maisons médiévales, de belles cours
et beaux escaliers qui font de la promenade un enchantement. Haut lieu de la gastronomie, Périgueux accueille
les fins palais sur sa place St-Louis, lors des prestigieuses
ventes de truffes et de foie gras. Arènes, temple... des fascinants vestiges témoignent de l’importance de Périgueux
à l’époque gallo-romaine, quand la ville s’appelait Vésone.
Un musée, Vesunna, conserve les vestiges d’une maison
gallo-romaine et renseigne sur le passé de cette ville antique. St-Etienne-de-la-Cité offre un exemple très pur du
style roman périgourdin ; on reconnaît cette église à sa
voûte, disposée en coupole.
Vallée de la Dordogne
Gracieuse et élégante, la Dordogne déroule ses méandres, filant sous les châteaux hiératiques. Par endroits, son
cours sinueux et tranquille se fait majestueux. C’est le cas
au cingle de Trémolat : au pied d’un hémicycle de falaises
blanches, la Dordogne décrit une vaste courbe au cœur de
laquelle se love une mosaïque de prés et de champs. Non
loin de là, le gouffre de Proumeyssac offre un spectacle
fabuleux, auquel on accède en descendant à bord d’une
petite nacelle. Cette « cathédrale de cristal » révèle aux visiteurs d’étonnantes concrétions évoquant méduse, sirène
et pieuvre, mises en valeur par un son et lumière.
Le Périgord noir
Délimité par les vallées de la Vézère et la Dordogne, le Périgord noir est le royaume des chênes verts. A leurs pieds se
cachent parfois un vrai trésor : la truffe !
La grotte de Lascaux conserve sur ses précieux murs l’une
des premières expressions d’art. Et pour cause : elle remonte à 17 000 ans av. J.-C. ! Les émouvants témoignages que
nous ont laissés les hommes préhistoriques représentent
des animaux ou le tracé de mains. Mais l’affluence de visiteurs a eu des conséquences néfastes sur ces trésors de
l’art paléolithique et la véritable grotte a dû fermer. A 200
m, Lascaux II donne à voir les répliques de ces peintures
de manière très fidèle, si bien que l’on retrouve l’atmosphère unique de la cavité originale. On peut notamment
observer l’une des rares représentations de l’homme, sur le
thème du chasseur mis en difficulté par un bison.
La « capitale de la préhistoire »
Le village perché des Eyzies-de-Tayac est une véritable
mine, pour celui qui s’intéresse à nos ancêtres préhisto-
riques. Encastré dans la falaise, le musée
national de la Préhistoire présente une remarquable collection des premières œuvres
d’art de l’homme moderne.
La Roque-Gageac
Blotti au pied de la falaise, le pittoresque
village de La Roque-Gageac se fait discret.
Il mérite pourtant qu’on s’attarde dans ses
ruelles fleuries, bordées de maisons aux toits de lauzes,
dont certaines se mirent dans la Dordogne.
Marqueyssac
Quelles que soient l’heure, l’exposition ou la saison, les jardins de Marqueyssac ensorcellent celui qui s’y promène,
immanquablement. Taillés avec un brin de fantaisie, les
buis prennent les formes les plus inattendues. Du belvédère, on peut voir le château de Castelnaud et ces lieux
environnants qui marquèrent la limite des influences anglaises et françaises, durant la guerre de Cent Ans.
Beynac-et-Cazenac
La situation géographique de Beynac est superbe : sous la
protection de son château massif, ce village est accroché
à l’une des plus belles falaises de la vallée de la Dordogne.
Au pied de cette muraille rocheuse s’est tapi le bas du village, bercé par les eaux tranquilles de la rivière.
Le Bassin Aquitain
Des coteaux bordelais aux vertes vallées et sommets béarnais en passant par la forêt landaise, les paysages du bassin
Aquitain sont riches et divers. Sans oublier cette langue de
sable et de dunes qui s’étend sur plus de deux cents kilomètres pour caresser l’immensité océanique...
Arcachon
Eric Tabarly, Florence Arthaud et Yves Parlier ont un point
commun : ces loups de mer ont tous imprimé leur pied
dans le bronze, sur la chaussée des Pieds marins d’Arcachon.
Face à la mer, les pieds dans le sable, une épuisette à la
main, il n’en faut pas plus pour se sentir en vacances. Le
soir, les promeneurs baguenaudent sur la jetée Thiers
pour profiter de la vue sur le bassin d’Arcachon. Echancrure dans la Côte d’Argent, celui-ci semble hésiter : mer
ou étang ? Lac ou océan ? Eau douce ou eau salée ? De
la Dune du Pilat, la plus haute dune d’Europe (107 m), on
contemple à la fois la lagune d’Arcachon, la forêt landaise,
et l’Océan.
Châteaux médiévaux
Le château de Roquetaillade inspire rigueur et austérité pourtant, à l’intérieur, c’est une autre ambiance ! Les décorations
sont particulièrement inattendues et avant-gardistes.üüü
81
La France à la loupe
üüüJouxtant le parc des Landes de Gascogne, le château
de Cazeneuve garde le souvenir de la Reine Margot qui recevait là ses galants. La visite de cette charmante demeure
conduit à la chambre du roi Henri IV et son cabinet de travail.
Les Landes de Gascogne
Le parc naturel régional des Landes de Gascogne promet
une immersion dans la nature, bien appréciable. La première impression est olfactive : c’est l’odeur des grands
pins qui chatouillent les narines.
Vallée d’Ossau
Difficile de ne pas succomber au charme authentique de
la vallée d’Ossau. Les marmottes ne s’y sont d’ailleurs pas
trompé : plus de 200 colonies y ont installé leurs quartiers
généraux. Rêvez de la pureté et la fraîcheur de paysages
tels que les lacs d’Ayous, dans lesquels se reflète le pic du
Midi.
Le Pays Basque
Cette région aux forts particularismes mérite d’être découverte depuis les hauteurs de la montagne emblématique
du Pays basque français : la Rhune. Du sommet, où l’on
marche sur la frontière franco-espagnole, on jouit d’un panorama plongeant jusqu’à l’Océan, la forêt des Landes et
les Pyrénées basques.
Bayonne
Au début du mois d’août, ceux qui recherchent le calme
et la tranquillité feraient mieux de rebrousser chemin...
Bayonne s’enflamme pendant 5 jours lors des férias : corridas et courses de vaches landaises s’enchaînent au rythme
des musiques traditionnelles dans une ambiance des plus
festives ! Au milieu d’un lacis de jolies rues anciennes se
trouve le musée basque et de l’Histoire de Bayonne. Il
donne un aperçu très détaillé des spécificités de la culture
basque dans le but de faire comprendre la société basque
d’aujourd’hui avec les objets et les rites d’hier.
Biarritz
En moins d’un demi-siècle, Biarritz est passé de l’état de
petit port baleinier sans prétention à celui de station
balnéaire mondaine et débridée. Jet-set et artistes
82
© MICHELIN
Pau
Celle qui fut la ville natale d’Henri IV garde de son passé
royal un château dominant le torrent de Gave. En arpentant le boulevard des Pyrénées, le long d’espaces verts, on
profite d’un magnifique panorama : il s’étend du pic du
Midi de Bigorre jusqu’au pic d’Anie. Le pic du Midi d’Ossau est facilement reconnaissable par sa cime en forme de
croc.
Pêche au lancer sur la plage du Cap-Ferret
s’y côtoient : Ravel, Stravinsky, Cocteau, Hemingway...
Désormais, ils sont rejoints par les amateurs de glisse
venant en nombre défier les rouleaux sur la plage de la
Côte-des-Basques. D’ailleurs, ne surnomme-t-on pas
Biarritz : « capitale européenne du surf » ?
St-Jean-de-Luz
A la fin du 19ème siècle, des villas balnéaires sont venues
se faire une place dans ce mignon petit port de pêcheurs,
à côté des maisons basques aux bois peints et des palais
du 17e s. Si d’extérieur, elle semble sobre, presque austère,
l’église St-Jean-Baptiste cache en réalité un somptueux décor intérieur. Son chœur compte notamment un retable
resplendissant d’or. En quittant St-Jean-de-Luz vers l’Ouest,
la corniche basque réserve de jolies vues sur l’Océan.
BORDEAUX
Traversée par la Garonne, la grande ville de Bordeaux est
sans cesse en ébullition. À l’arrivée du tramway s’ajoute
l’aménagement des quais sur la rive gauche et le dévelopLe saviez-vous ?
C’est à St-Jean-de-Luz que Louis XIV, le Roi Soleil, a
épousé l’infante d’Espagne Marie-Thérèse. Les jeunes
époux ont alors logé dans la maison Lohobiague,
aujourd’hui rebaptisée maison Louis XIV.
© MICHELIN
Château fort de Bonaguil perché sur son rocher
pement d’un nouveau quartier, rive droite, laissant la part
belle aux espaces verts.
Le Vieux Bordeaux
Caractérisé par une architecture du 18e s., il abrite le Grand
Théâtre, à quelques rues de l’immense Esplanade des Quinconques (126 000 m2). Situé sur la Place de la Comédie, ce
théâtre est notamment remarquable pour sa fastueuse décoration intérieure, et son plafond peint serti d’or fin. Les
façades bourgeoises sont souvent ornées de mascarons,
ces têtes souvent grotesques sculptées dans la pierre ocre,
s’accompagnant d’éléments évoquant le vin.
« Grosse Cloche »
Les Bordelais ont toujours été très attachés à la Grosse Cloche sous laquelle ils passent pour se rendre dans la très
commerçante rue Sainte-Catherine. Aussi le roi savait-il
très bien comment punir Bordeaux : il privait la Porte de
sa cloche et de ses horloges, pour le plus grand désarroi
des Bordelais.
Quartier Pey-Berland
Au cœur du quartier Pey-Berland, la cathédrale St-André
constitue le plus majestueux des édifices religieux de Bordeaux. A deux pas de là s’élève la tour Pey-Berland ; 229
marches plus haut, on profite d’une vue panoramique sur
la ville et ses clochers.
Vignoble bordelais
Aux portes de Bordeaux s’épanouit le vignoble. En automne, la fièvre gagne St-Emilion : cette ravissante cité viticole
a une réputation d’excellence à tenir ! Au soleil couchant,
les pierres dorées s’illuminent et les maisons blondes aux
toits de tuiles luisent comme des bijoux dans un écrin de
vignes. Au cœur du village se dresse une étonnante église
monolithe, la plus vaste d’Europe. De son clocher, la vue
sur la bourgade et son vignoble est admirable. n
Informations Pratiques
Office de tourisme :
www.bordeaux-tourisme.com
Restauration
- La Table du Pain – 6 pl. du Parlement –
Tel : 00 33 5 56 81 01.
La carte propose une belle sélection de tartines et salades.
- Chez Brunet – 9r. de Condé
Tel: 00 33 5 56 51 35 50.
Vous découvrirez ici l’une des spécialités de la région : des
huîtres accompagnées de saucisses grillées.
- Bar Cave de la Monnaie – 34 r. Porte-de-la-Monnaie
Tel : 00 33 5 56 31 12 33. [email protected]
Omelettes, salades, petits plats traditionnels à toute heure,
des vins du Sud-Ouest
Hébergement
- Hôtel Clemenceau – 4 cours Georges-Clemenceau
Tel : 00 33 5 56 52 98 98. [email protected]
- Hôtel de la Presse – 6 r. de la Porte-Dijeaux –
Tel : 00 33 5 56 48 53 88 [email protected]
Achats
- Baillardran Canelés – Galerie des Grands-Hommes
Tel : 00 33 5 56 79 05 89
Cette boutique confectionne de délicieux canelés.
- Darricau – 7 pl. Gambetta
www.darricau.com.
Le chocolatier qui tient les rênes de l’établissement ne travaille qu’avec de grands crus de cacao, qu’il associe ensuite
aux épices et herbes aromatiques rapportées de ses nombreux et lointains voyages.
83
DEMANDE D’EXEMPLAIRE DÉCOUVERTE
Pour recevoir un exemplaire découverte, merci de nous retourner ce bulletin rempli par fax au (00 33) 4 78 74 40 74. Vous pouvez
aussi envoyer vos coordonnées à [email protected] en indiquant le code : AC01.
Monsieur
Prénom :
Madame
Mademoiselle
_______________________
Nom :
_________________________________
Fonction : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Nom de la société : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Adresse de la société :
________________
Téléphone : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
____________________________
E-mail* : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
____________________________
* L’e-mail est utilisé uniquement pour l’envoi de l’exemplaire découverte
Arcanes de Chine O/B Azincourt Consulting Ltd
Siège : Room 1206-7, 12/F New Victory House, 93-103 Wing Lok Street, Central - HONG KONG
Bureau de liaison : 320, avenue Berthelot, 69 371 Lyon Cedex 08 – FRANCE
Tél : (0033) 6 66 97 86 45 Fax : (0033) 4 78 74 40 74 E-mail : [email protected]
聚焦法国
© MICHELIN
阿基坦大区
L’Aquitaine
米其林旅游出版公司:
1900年成立,最初为驾驶者提供行驶中的实用资讯,如今已成为旅游资讯领域的欧洲第一大出版商。米其林旅游图书《绿色指南》系列已提供权威欧洲旅游
信息逾80年。
阿基坦大区是“水之乡”。它西临大西洋,东有多尔多涅河流经,宽阔的多尔多涅河蜿
蜒曲折,流向雄踞高处的由金黄色石块构筑的城堡。大区南面的比利牛斯山脉是伊比
利亚半岛和欧洲大陆的交界处,有多姿多彩的巴斯克地区。如果说阿基坦大区的风景
赏心悦目的话,那么它的美食则让你的味蕾兴奋不已,每逢佳节,家家户户更是无酒不
欢。
“夜色中,荆棘丛生的荒原摆脱了日间的酷热,薄荷的清香与浸着露珠的草香混合着
炙热的欧石南、温润的沙子和树脂的味道——这种怡人的气味为这片覆盖灰烬、山
坡上树木林立的地区所特有。”
弗朗索瓦・莫里亚克(François Mauriac)《一生伊始》
本版文章版权专有。未经米其林事先书面许可,任何个人或企业不得以复制、转载(包括网上转载)或其他任何方式使用其中的任何内容(包括文
字和 图 片 ) 。 米 其 林 保 留对任何未经授权的使用追究法律责任的权利。如需转载或发现文章中有不妥之处或有任何意见和建议,请发电子 邮 件 至 :
[email protected]
85
聚焦法国
多尔多涅省
(La Dordogne)
游客提供相关信息以了解这座古代城
而下到达。这座“水晶大教堂”展示
市的历史。与博物馆相隔几条街道的
给游客的是让人惊叹不已的地质凝固
多尔多涅河是法国最美丽的河流,它
圣艾蒂安-德拉西岱(St-Etienne-de-la-
物,形状令人联想到水母、美人鱼和
慷慨地灌溉着蓊郁的佩里戈尔地区,
Cité)教堂则是佩里格城中典型的罗曼
章鱼,在水声与阳光的衬托下显得更
这片富饶之地从史前就开始有人类居
风格的建筑,从它的穹顶可以分辨出
加逼真。
住了。
来。
黑佩里戈尔地区(Périgord noir)
佩里格(Périgueux)
多尔多涅河谷
黑佩里戈尔地区位于韦泽尔(Vézère)河
在佩里格――白佩里戈尔地区(Périgord
优美的多尔多涅河匍匐流经庄严雄伟
谷与多尔多涅河谷之间,是枝繁叶茂
blanc)的首府,历史仿佛一本展开的典
的城堡脚下。在有些地方,蜿蜒平静
的绿色橡树王国。橡树脚下有时会隐
籍,随处可以阅读。街道上到处都可
的河流忽然变得波澜壮阔。例如在特
藏着真正的宝贝――松露!
以看到文艺复兴风格的建筑物正面,
雷莫拉(cingle de Trémolat ),在一座白色
中世纪的房屋,美丽的庭院和漂亮的
悬崖脚下呈半圆形的地方,多尔多涅
拉斯科(Lascaux)洞穴
阶梯,在其间散散步真是美妙之极。
河划出一道宽广的弧线,弧线中央是
拉斯科洞穴的岩壁上保留着人类最早
牧场和农田混合之地。不远处的普鲁
期的艺术作品――年代可追溯到公元
圣弗龙区(Saint-Front)
梅萨克深渊(gouffre de Proumeyssac)景
前17 000年的岩洞壁画!岩画上的动
圣弗龙区坐落在蜿蜒曲折的伊勒河畔
致令人叹为观止,可以乘坐小舟顺流
物和手印是史前人类活动的珍贵证
(Isle),昔日是商人和手艺人聚集的街
区。从那以后,这一街区一直活力四
射,步行街两旁的店铺鳞次栉比。摆
满新鲜水果蔬菜的早市令高德克广场
(place du Coderc)和市政厅广场(place
de l’Hôtel-de-Ville)充满生机。佩里格是
美食名城,在享誉盛名的松露(块菰)和
鹅肝交易会之际,圣路易广场(place
St-Louis)都会迎来最挑剔的美食家。高
卢罗马时代的佩里格曾经名为维苏纳
( Vésone),地理地位非常重要,圆形竞
© MICHELIN
技场、神庙等令人心醉神迷的遗迹即
是见证。维苏纳(Vesunna)博物馆保存
了高卢罗马时代一座房屋的遗迹,为
阳光下的露天咖啡馆
大区简介
阿基坦大区包括5个省:吉伦特省(la Gironde),朗德省(les Landes),多尔多涅省(la Dordogne),大西洋岸
比利牛斯省(les Pyrénées-Atlantiques)和洛特-加龙省(le Lot-et-Garonne)。
人口:2 908 000
面积: 41 308平方公里,与比利时、荷兰或者瑞士面积一样大!
大城市:波尔多(大区首府)
边界:阿基坦大区南面与西班牙交界。从文化角度看,巴斯克地区兼具法国和西班牙两个国家的特点。
旅游局网址:www.tourisme-aquitaine.info
气候: 阿基坦濒临大西洋,气候四季温和,严寒的时间很少。由于地处法国南部,阳光非常充足。全年湿
润的天气使得这一地区拥有种类繁多的植被,特别吸引游人。
86
明。然而,蜂拥而至的参观者给这些
安静......电影拍摄中!
周围景观,这一带是百年战争期间英
旧石器时代的艺术瑰宝造成不小的负
贝特朗.塔韦尼埃(Bertrand Tavernier)曾
法两国的势力范围的分界。
面影响,因此洞穴的原址不得不关
经 在 萨 拉 (Sarlat)拍 摄 《 达 尔 塔 尼 央
闭。200米远处的拉斯科II展厅展示壁
之女》。让-玛丽.普瓦雷(Jean-Marie
画的复制品,极其逼真,令人能真切
Poiré)则选择贝纳克城堡(château de
贝纳克-卡兹纳克
(Beynac-et-Cazenac)
感受到洞穴的独特环境。请特别注意
Beynac)作为《来访者II》的外景地。
贝纳克的地理位置绝佳:小村庄有村
欣赏一幅珍贵的壁画,上面描绘了一
这些足以证明美丽的佩里戈尔地区在
里坚固城堡的保护,依多尔多涅河谷
位猎人被野牛逼入困境的场景。
电影人眼中的魅力!
一处最漂亮的悬崖而建。小村隐蔽在
这座岩石长城的脚下,被缓缓流淌的
“史前之都”
拉罗克-加亚克(La Roque-Gageac)
河流所滋养。
对于那些对人类的史前祖先感兴趣的
美丽的小村拉罗克-加亚克躲在一个悬
人而言,建在高处的艾齐-德塔亚克
崖脚下,不显山不露水,然而它却值
(Eyzies-de-Tayac)小村是一座真正的宝
得你停下脚步,特别是欣赏它那鲜花
阿基坦盆地
(Le Bassin Aquitain)
库。镶嵌于悬崖之间的国立史前博物
盛开的小巷,以及小巷两旁倒映在多
从波尔多遍植葡萄的山坡到贝亚恩的
馆展出极其丰富的展品――人类的最
尔多涅河中的石头平顶房屋。
青山翠谷和朗德省的森林,阿基坦盆
地的景致是如此丰富多彩。此外不要
早期艺术品。
马基萨克(Marqueyssac)
忘记,这条舌状地带还拥有绵延两百
多姆(Domme)
无论在任何时间、任何展览期间、任
余公里、轻抚着无垠的海洋的沙滩和
被称作“佩里戈尔卫城”的多姆位于
何季节,马基萨克花园无疑都会令漫
沙丘......
一座岩洞悬崖边上,俯瞰多尔多涅河
步其间的游客心醉神迷。花园中的黄
及其绿树成荫的河谷。春天,多姆城
杨树经过别出心裁的修剪呈现令人意
阿卡雄(Arcachon)
堡的小巷开满玫瑰和天竺葵。
想不到的形状。从观景台可以看到卡
经验丰富的航海家埃里克・塔巴利(Eric
斯泰尔诺城堡(château de Castelnaud)及
Tabarly)、弗洛伦斯・阿尔多(Florence
Arthaud)和伊夫・帕里耶(Yves Parlier)有
一个共同点:他们都在曾阿卡雄的水
手之脚堤岸留下了他们的青铜脚印。
面向大海,脚踩沙滩,手持海斗,还
有什么比这种方式更能体会度假的惬
意呢?这座夏季度假小城环海而建,
冬季相对宁静;优雅的别墅风格各
异,掩映在松林中。晚上,人们漫步
在梯也尔防波堤(jetée Thiers)上,感受
海滨林荫道的气息,饱览阿卡雄港湾
(bassin
d’Arcachon)的美景。港湾在银
色海岸(Côte
d’Argent)处凹入,容易让
人产生困惑:这里到底是大海还是池
塘?是湖泊还是海洋?是淡水还是海
水?从欧洲最高的沙丘――皮拉沙丘
上(Dune du Pilat, 107米)可以眺望朗德森
林环绕中的阿卡雄泻湖及波光粼粼的
海洋。üüü
中世纪城堡
罗 克 塔 亚 德 城 堡 (château de
87
聚焦法国
Roquetaillade)结构严密,墙体厚重,
波城(Pau)
巴斯克地区
六根巨型圆塔环绕中间粗大的方形主
在濒临大西洋的比利牛斯山脉沿线
进入正题之前,最好还是站在一个高一
塔,整体风格庄严朴素。然而城堡的
上,波城是旧省贝亚恩境内最优雅的
点的地方对这个特殊的地区有个大概了
内部装饰却与外部风格截然不同!尤
城市。这座城市曾是亨利四世的出生
解。胆小的人可以乘坐小火车登上法国
其餐厅和玫瑰色的卧室更是出人意
地,保留着一座俯瞰加沃河(Gave)湍
巴斯克地区的标志性山脉――鲁纳山
料的前卫新潮。临近加斯科涅荒原
流的王室城堡。如果想更多的了解
(la Rhune)。走在山顶的法国和西班牙
自然公园的卡兹诺芙城堡(château
de
这座城市,不妨在环绕城堡而建的
边界上,大片美景一直延伸到海洋、
Cazeneuve)保留着马尔戈王后(Reine
热闹繁荣的大街小巷之中散散步。
朗德省森林及巴斯克地区的比利牛斯
Margot)的记忆,她曾经在这里约会她
许多英国人选择在波城的特雷斯泼
山脉。
的多位情郎。参观这座迷人城堡的同
埃( Trespoey)街区修建折中主义风格
时还可以参观亨利四世的卧房和工作
的豪华别墅。踏上高处的比利牛斯大
梅森克山(Massif du Mézenc)
室。
道,沿着绿树成荫的街道,可以欣
巴约讷(Bayonne)
赏到绝妙风景:从中央高原的彼高
这是一个有生活乐趣的城市!每年8月
加斯科涅地区(Gascogne)的荒原
尔(Bigorre)山巅一直到阿尼峰(Anie)的
初,希望清静的人最好原路折回,因为
加斯科涅荒原的地区自然公园完全浸
美景尽收眼底。中央高原的奥索峰
巴约讷会有为期5天的盛大节日:连续
没在大自然当中,尤其当人们从波尔
(Ossau)的钩状山峰最容易被认出来。
的斗牛比赛和朗德牛赛跑活动让整个城
多等大城市前来参观时感觉更加强
市为之沸腾,传统音乐的音符在空气中
烈。首先是嗅觉上的震撼:参天巨松
奥索山谷(Vallée d’Ossau)
的气味刺激着你的鼻孔。在马尔凯兹
很难不被奥索山谷独一无二的魅力所
区(Marquèze)的松林间,大朗德生态博
折服。精明的旱獭在这里建立了200余
巴斯克博物馆
物馆(l’écomusée de la Grande Lande)为
片领地。这里纯美清新的景致实在让
巴 约 讷 历 史 及 巴 斯 克 博 物 馆 (musée
你展示18和19世纪朗德村民的日常生
人向往,如倒映着中央高原山峰的艾
basque et de l’Histoire de Bayonne)坐落在
活场景。
约湖区(lacs d’Ayous)。
古老的网状街道中心,详尽展现了巴斯
流散着,欢乐的云朵到处漂浮!
克的文化特性,旨在通过展示昔日的
物品及仪式让人门更深入地了解今天的
巴斯克社会。
回力球运动
继承老式网球打法的回力球是巴斯克当
地的传统游戏。要想玩好这项运动,需
要有犀利的眼光,这样在将球掷向墙壁
时才能紧紧盯住这种坚硬又有弹性的球
的轨迹。
比亚里茨(Biarritz)
不到半个世纪的时间,比亚里茨就从一
个默默无闻的捕鲸小海港一跃而成为热
闹非凡的上流人士云集的海滨浴场。演
艺界名流和艺术家纷至沓来:拉威尔
(Ravel)、斯特拉文斯基(Stravinsky)、科
克托(Cocteau)、海明威(Hemingway)......
之后,更有成群的冲浪爱好者前来挑
战巴斯克海滨沙滩(plage de la Côte-desBasques)的波浪。比亚里茨不正是被
88
称为“欧洲冲浪之都”吗?这座城市
的象征就是面向海洋博物馆的圣母岩
(Rocher de la Vierge)。岩石上有一座圣
母雕像,岩石通过一座金属天桥与海
岸相连。每当暴风雨来临之际,滚滚
海浪拍打着天桥,令人印象深刻。
圣让-德吕兹(St-Jean-de-Luz)
得益于比亚里茨的光芒,圣让-德吕兹
也是上流社会人们趋之若骛的地方。
19世纪末,海滨别墅开始出现在这座
迷人的小渔港,与传统的巴斯克彩绘
木房和17世纪的宫殿毗邻而居。圣让© DR
巴蒂斯特(St-Jean-Baptiste)教堂外表看
起来简洁朴素,但内饰却相当华美。
安托尼・阿巴蒂城堡
祭坛的背壁装饰屏金光闪闪。离开圣
饰,这是一种雕刻在赭石色石头上的
米利翁(St-Emilion)就热闹起来,这座
让-德吕兹西行,从巴斯克峭壁道路上
通常比较怪诞的头像,与它们搭配的
迷人的葡萄园小镇实至名归!夕阳时
可以看到岩石林立的海洋美景。
是能够令人联想到葡萄酒的装饰物。
分,镀上落日余晖的石头闪闪发亮,
瓦片屋顶的金色房屋金光熠熠,仿佛
阿巴蒂(Abbadie)城堡
大钟楼(Grosse Cloche)
葡萄饰盒中的珠宝。小镇的中心屹立
起伏的巴斯克峭壁道路通往令人称奇
一直以来,波尔多人都对大钟楼钟爱
着一座欧洲最大的用整块石头建成的
的安托尼・阿巴蒂(Antoine Abbadie)城
有加,从钟楼下面可以穿行到商业气
教堂,令人惊异。从教堂钟楼远眺,
堡。城堡在一位天文学家兼探险家的
氛浓厚的圣卡特琳娜大街(rue Sainte-
小镇及其葡萄园的景致美不胜收。
资助下建成,是巧妙融合了中世纪和
Catherine)。过去国王正是利用波尔多
非洲风格的新哥特式建筑。
人对钟楼的情结来惩罚波尔多人:只
阿基坦地区美食
要下令将大钟及其钟表的大门去掉就
阿基坦大区的烹饪艺术举世无双,你
能令波尔多人惶恐不安。
只需尽情享用美食即可......
城市建设已经相当完善,但是仍然不
佩贝尔兰街区(Pey-Berland)
菜肴
断取得辉煌成就。除了新增加的有轨
在佩贝尔兰街区中心矗立着波尔多宗
在佩里戈尔地区,正餐首先从凯尔西
电车,波尔多还在加龙河左岸整治沿
教建筑中最庄严雄伟的圣安德烈大教
浓汤tourin开始,这是一种蒜茸或洋
河堤岸,并且在河右岸开辟新区,将
堂(cathédrale St-André)。它的皇家大门
葱汤,调配鹅油和酸模或者西红柿。
美丽的新区建设成绿地。
上刻有精美的雕饰,令人目不暇接。
在旧省贝亚恩,典型的农家汤是名为
距离大教堂几步之遥的地方高耸着佩
garbure的猪油鹅肉蔬菜浓汤。
游览
贝尔兰塔(tour Pey-Berland),登上塔楼
接着是美味的鹅肝或鸭肝,鸭肫沙
波尔多老城
的229级台阶,全城美景以及钟楼豁
波尔多老城以18世纪建筑为特色,大
然展现在眼前。周围还有阿基坦博物
你知道吗?
剧院(Grand Théâtre)与宽阔的梅花广场
馆,丰富的馆藏展示从史前到现代的
太阳王路易十四正是在圣让-德吕
(Esplanade des Quinconques)(126 000平
阿基坦地区的人类生活场景。
兹迎娶了西班牙公主玛丽-泰雷
波尔多 (BORDEAUX)
波尔多市内有加龙河(Garonne)流经,
方米)相隔几条街道。坐落在喜剧广场
兹。之后这对年轻的夫妇居住在
(Place de la Comédie)上的大剧院以其奢
波尔多葡萄园
洛奥比亚格(Lohobiague)行宫,今
华内饰而引人瞩目,配有绘画的天花
波尔多城外的丘陵上遍植葡萄,俨然
天重新命名为路易十四行宫。可
板上镶嵌纯金饰片。在波尔多的美丽
一片连绵起伏的绿色海洋,直延伸到
以参观。
街区中,建筑物的正面大多饰有怪面
树林边和房屋脚下。每到秋季,圣艾
89
聚焦法国
肝菌一起搭配烹饪。在吉伦特省不可
不尝的是生蚝,且最好在传统的渔民
小屋里品尝。然而在这里的港湾最多
的还是鲟鱼。还有一种小白虾,与月
桂和少许茴香八角类香料一起烹制食
用。
甜品
绝对不能没有品尝卡内雷斯蛋糕
(cannelés)就 离 开 波 尔 多 , 这 种 焦
糖小点心的内馅松软爽口。在圣艾
米利翁,人们习惯将蛋白杏仁甜饼
(macarons)蘸着红葡萄酒或者香槟享
用。布莱(Blaye)以糖衣杏仁pralines著
名,而巴斯克地区则以巧克力闻名,
布 尔 格 (Bourg)的 特 产 则 是 无 花 果 。
多尔多涅省有多种甜品竞争甜品桂
冠:胡桃馅饼(tartes aux noix),李子
糕(tourtières aux pruneaux)以及pastis糕
点。Pastis糕点松脆香甜,夹有黄油和
浸在朗姆酒和柑桔花水中的苹果馅。
© DR
至于巴斯克蛋糕,它的内馅一般是樱
旅游局:
地址:12 cours du 30-Juillet
电话:05 56 00 66 00
网址:
www.bordeaux-tourisme.com
大钟楼
拉,牛肝菌或松露摊鸡蛋。人们不是
肉是夏洛斯牛肉(bœuf de Chalosse),
将松露誉为“佩里戈尔地区的芳香灵
肉质入口即化,鲜美无比。可以与之
魂”吗?松露可以将一道极其简单的
媲美的是更北方的巴萨牛肉(boeuf
菜肴化腐朽为神奇。正菜有美味的鸭
Bazas)。至于火腿,最好吃的要数巴约
里脊(magret de canard),尤其当添加少
讷火腿。但是很少有人知道,实际上
许糖时口感更加鲜美。佩里戈尔当地
巴约讷火腿主要产自旧省贝亚恩的山
人在食用焖鹅肉冻(confit d’oie)时,通常
区,而很少出自巴约讷。正是在这一
搭配萨拉土豆(pommes sarladaises),用
地区,亨利四世发现了自己最钟情的
鹅油煎生土豆,撒蒜末和西芹调味。
菜肴――著名的炖鸡。
在那些享誉盛名的禽类中,有一种朗
喜欢吃鱼的食客肯定会对这里将鱼和
德省农场饲养的鸡,最先荣获红色标
猪肉一起烹制的方法感到奇怪,在多
签,人们尤其钟爱它鲜嫩的肉质。朗
尔多涅省,人们正是这样将白斑狗
德省还盛产一种禽类野味――斑尾
鱼和肥肉丁或者将鲤鱼和焖肉冻一起
林鸽,多烧烤食用。朗德省的代表牛
烹制的。至于三纹鱼,则与鹅肝和牛
90
de
如何前往
汽车
多条高速公路通往波尔多:
A10(巴黎-波尔多),A62(图卢
兹-波尔多),A63(波尔多-巴约
讷),A64(图卢兹-波城)。
铁路
大西洋高速列车TGV连接巴
黎与波尔多,车程3小时
飞机
波尔多机场
地址:
Cedex 40 - 33700 Mérignac
电话:05 56 34 50 50
桃或杏仁奶油。
葡萄酒
有谁不知道波尔多葡萄酒的大名的?
吉伦特省出产的红葡萄酒愈久愈醇。
与优雅的梅多克(médocs)红酒交相辉
映的是酒香浓烈且醇厚的圣艾米利翁
润且色泽晶莹,而fronsacs红酒则口感
醇厚。波尔多也出产白葡萄酒,其中
© DR
(saint-émilion)红酒。pomerols红酒温
圣艾米利翁村
拔得头筹的有Sauternes和Barsac两种。
电子邮箱:[email protected]
很难到达。用胭脂红地毯装饰的楼梯
加龙河另一岸出产绝佳的loupiacs和
营业时间:周日休息
通往舒适实用的客房。
sainte-croix-du-mont葡萄酒。波尔多山
价格:午餐7€,晚餐约25 €
坡的卡迪亚克(cadillac)葡萄园酿造的
这间漂亮小酒馆的成功之道在于:一
购物
白葡萄酒口感圆润芳醇,清爽怡人。
天中任何时候都能供应食物(摊鸡蛋,
Baillardran Canelés
巴斯克地区的苹果酒可与布列塔尼和
沙拉,传统小菜及晚间套餐),供应
地址:Galerie des Grands-Hommes
诺曼底的苹果酒相媲美......多尔多涅
杯装、瓶装甚至桶装的法国西南部酿
电话:00 33 5 56 79 05 89
省的胡桃红酒则是餐后酒中的良品。
造的葡萄酒,价位灵活,气氛热闹放
营业时间:周一至周六 8 :30-19 :30
松。
坐落在Grands-Hommes市场的这家糕点
餐饮
店制作美味可口的糕点卡内雷斯蛋糕
La Table du Pain
住宿
(canelés),这种波尔多小点心的外皮为
地址:6 pl. du Parlement
Hôtel Clemenceau
精致的棕色焦糖,用铜模具烤制成不
电话:00 33 5 56 81 01 00
地址:4 cours Georges-Clemenceau
同形状,外脆内软。
营业时间:圣诞节和新年休息
电话:00 33 5 56 52 98 98
价格:8 - 17€
电邮: [email protected]
Darricau
这家比利时风格的小餐馆经营有道。
营业时间:12月底休息15天
地址:7 pl. Gambetta
餐厅的金色石墙壁、古旧的陈列架和
房间:45 间
电话:00 33 5 56 44 21 49
打蜡的松木家具令人倍感亲切舒适。
价格:55 - 60€
网址:www.darricau.com
制作多种面包片和沙拉供客人选择。
早餐:7 €
营业时间:周一至周五 10 : 00-19 : 00,
希望步行游览波尔多的游客可以选择
周六 11 : 00-19 : 00
Chez Brunet
这家设在一座18世纪建筑内的酒店。
节假日休息
地址:9r. de Condé
客房配备基本设施,装有空调。从早
自1913年至今,这家巧克力店一直用
电话:00 33 5 56 51 35 50
餐厅可以瞥见波尔多城美丽的屋顶。
上品款待着巧克力拥趸,如波尔多方
块(pavé de Bordeaux,一种杏仁巧克
营业时间:周二至周六 10 : 00-14 : 00,
17 : 000-22 : 00;
Hôtel de la Presse
力,镶嵌着浸泡过葡萄酒的葡萄干)、
1月第一个星期和8月有三个星期休息
地址:6 r. de la Porte-Dijeaux
酒瓶形状的巧克力和niniches(一种黑巧
价格:15 - 25€
电话:00 33 5 56 48 53 88
克力太妃糖)。该店的掌门人只用著名
这家小餐厅由一位50多岁的迷人女士
电子邮箱: [email protected]
产地的可可制作巧克力,配以他数次
打理,你可以在这里尝到当地的一道
营业时间:12月25日至1月2日休息
从遥远的旅途中带回的香料和香草制
特色菜肴:生蚝配烤香肠。
房间:27 间
作而成。n
价格:81/91€
Bar Cave de la Monnaie
早餐:9€
地址:34 r. Porte-de-la-Monnaie
这间惬意的小酒店位于老城的步行商
电话:00 33 5 56 31 12 33
业街。特别需要声明的是,有时开车
本专栏内容由米其林旅游出版公司提供
91
Portrait entreprise
HAVAS Sports à l’assaut du sponsoring sportif chinois
Cette filiale du groupe Havas s’est installée en Chine en 2006 pour accompagner
un marché qui mûrit à toute vitesse
© A.S Douard
“Du 8 au 24 août 2008, auront lieu
les prochains JO de Pékin. 16 jours
de compétition, 303 médailles, 37
lieux, 203 pays, 10 500 athlètes
dans 41 disciplines. La fête
promet d’être belle. “
Havas Sports, et Aristeia - agent
officiel du Comité Olympique
Français - proposent aux
entreprises des solutions
d’hospitalité .
Nathalie Bastianelli, CEO d’Havas Sports Chine.
C
omment rendre sa marque plus proche du conde la formidable dynamique du marché chinois, explique
sommateur chinois, augmenter sa notoriété ou
Nathalie Bastianelli. Avant 2010, le marché chinois devrait
modifier son image ? Une des stratégies : avoir redevenir le 2ème marché de publicité du monde devant le
cours au sponsoring sportif. Parce que le sport touche
Japon. D’autre part, le sport, notamment la retransmission
un grand nombre de gens, qu’il est porteur d’émotions
des matchs de foot représente une part importante des
qui peuvent se transférer sur la marque « partenaire »,
programmes diffusés à la télévision. » Les Chinois, stimuqu’il exalte des valeurs très diverses au cours d’un speclés par les JO, mettent aujourd’hui les bouchées doubles
tacle qui permet l’identification, il peut
pour se hisser au premier rang des nations
parfois, mieux qu’une publicité basée sur ‘‘ Avant 2010, le
sportives. « Nous ne visons pas seulement
la fiction, atteindre sa cible. Havas Sports
les JO mais nous sommes aussi là pour
avait depuis longtemps développé cette marché chinois
proposer notre expertise aux compagnies
spécialité sur les marchés occidentaux. La devrait devenir le
chinoises (China mobile, Air China, Bank of
société s’attaque aujourd’hui au marché
China) qui ont signé avec le BOCOG des
2ème marché de
chinois.
contrats d’un montant très élevé, supérieur
« Nous sommes là pour aider les commême à ceux qu’ont versés les sponsors
publicité du monde
pagnies à choisir les bons sports, à négodu CIO. »
cier et à exploiter un partenariat, à gérer devant le Japon. ”
Depuis son arrivée en Chine, Havas Sports
la visibilité d’un sponsor, à organiser des
s’est concentré sur des organisations
évènements...», explique Nathalie Bastianelli, CEO d’Havas
d’événements, la mise en place de programmes d’hospitalité,
Sports Chine. Sa société conseille ses clients pour définir
la réalisation du plan marketing d’un green rallye fin
leurs enjeux de communication et commerciaux. Elle aide
septembre 2007; un partenariat avec l’hebdomadaire sportif
aussi à développer des outils en interne - fédérer les équichinois « Titan », pour diffuser ses études qui classent les
pes autour de projets porteurs de sens, ou récompenser
pays les plus sportifs (la Chine au troisième rang en 2006)1
de bons commerciaux - et en externe - apporter du conet un projet créatif et unique pour les sponsors officiels
tenu à l’offre commerciale, dynamiser la marque auprès de
des JO... Mais la société n’en est qu’aux prémisses de son
la presse ou booster sa notoriété. Havas Sports peut aussi
développement. Face au gigantesque marché d’une Chine
aider à organiser des évènements sportifs, et faire de l’acqui veut s’imposer dans la cour des grands sportifs, tous les
cueil de VIP lors de grands évènements sportifs.
espoirs sont permis. n
Anne Garrigue
« Nous sommes arrivés en Chine en 2006 pour profiter
HAVAS SPORTS CHINA, TITAN SPORT & TOM.COM Greatest Sport Nations Ranking 2006
1
92
汉威士体育文化传播公司:直面中国体育赞助
这家汉威士集团的分公司于2006年登陆中国,意欲分享飞速成熟的中国市
场。
怎
样使自己的品牌更贴近中国的消费者,提高
知名度或者改变形象?策略之一:寻求体育
赞助。因为体育涉及到众多人群,它可以将
人们的热情转移到“合作”品牌上来,它在比赛中激起的
价值,有时能比虚拟的广告更好地触及受众。汉威士体育
文化传播公司长期在西方市场上施展她的特长,如今,公
司欲在中国市场上一展拳脚。
汉威士体育文化传播公司首席执行官白嘉黎解释
说:“我们来这里是为了帮助企业寻觅含金量高的体育项
目,商谈并发展合作伙伴关系,管理赞助商的展示度,组
© A.S Douard
织一些活动等。”公司还为客户提出建议帮助他们确定宣
传和商业的各项风险。公司还会帮助发挥内部功效――使
团队忠实于富有内涵的体育项目,或奖励优秀的商业人
员;在外部,则为商业赞助带去品牌价值,在媒体上推广
品牌,提升知名度。汉威士体育文化传播公司还可以帮助
组织体育活动,在大型体育赛事期间接待贵宾。(参见框内
文字)
白嘉黎继续道:“我们2006年来到中国,是为了分享中
汉威士体育文化传播公司首席执行官白嘉黎
“2010年之前,
中国市场将超过日
本,成为世界第二大广告市场。”
合同,数额甚至超过了国际奥委会的赞助商。”
国这个有神奇活力的市场。2010年之前,中国市场将超过
汉威士体育文化传播公司来到中国之后,致力于各种
日本,成为世界第二大广告市场。此外,中国电视播放的
活动的组织工作,如拟定迎宾计划,组织实施2007年九月
体育节目每年达六万小时,其中足球节目占了近半,尤其
底的绿色集合计划,同《体坛周报》达成合作伙伴关系,
是外国的赛事。”受到奥运会激励的中国人正加速步伐,
以发布他们有关世界体育强国排行榜的研究(2006年中国排
以跻身世界一流的体育国家行列。“我们不仅着眼于奥运
名第三),以及专为奥运会官方赞助商制定独具创造性计
会,而且我们还向中国企业提供专业建议,这些企业(中国
划......公司目前尚处于起步阶段,不过,面对中国决心成
移动、中国民航、中国银行)已经同北京奥组会签定了巨额
为体育强国这样一个巨大的市场,任何期望都不为过。n
93
Culture les gens
Liu Feng,
promet un bel avenir à la BD chinoise
Liu Feng, 28 ans, vient de sortir sa première Bande dessinée « DREAM » aux éditions
Xiao Pan. Un Manhua - nom donné à la bande dessinée chinoise - tout en images,
sans aucun texte, qui plonge le lecteur dans un univers où le visuel prend une
dimension narrative universelle... Ce talent de la génération post-79 promet un bel
avenir à la Bande dessinée chinoise. Rencontre.
Comment décrire l’évolution actuelle de la BD chinoise ?
Liu Feng : Ces 20 dernières années ont été le témoin de
progrès fulgurants dans le domaine de la bande dessinée
en Chine. Auparavant la BD était appelée « Livre pour enfants ». Son histoire remonterait à la Dynastie des Ming et
des Qing. Le contenu était presque toujours tiré d’oeuvres
littéraires, illustré par quelques images, et non par des vignettes comme vous les connaissez. D’autre part, il est
important de souligner que la publication et la distribution n’avaient pas de but commercial. Pourtant les « Livres
pour enfants » étaient très populaires à l’époque.
Vers la fin des années 80, cette situation dominée par le
format du «Livre pour enfants» a changé tout à coup, et ce
grâce à l’introduction en Chine d’un style de bande dessinée différent venu de l’étranger. Les copies de BD japonaises ont joué un rôle non négligeable dans ce phénomène.
Cette nouvelle forme plus flexible, au contenu plus riche,
permettait de laisser libre cours à l’imagination. Ces nouveautés ont passionné de nombreux jeunes notamment
ceux qui ont grandi pendant les années d’ouverture de
l’après 1979.
La bande dessinée européenne est arrivée en Chine avec
Internet : une façon pour les jeunes chinois de découvrir le
dessin européen en version originale. La place importante
94
© Liu Feng
Vous êtes un jeune auteur. Il n’existe encore aucune biographie vous concernant. Pouvez-vous nous
éclairer en quelques mots sur votre parcours vers la
BD ?
Liu Feng : Je suis né en 1979 dans la région autonome de
Mongolie intérieure et j’ai grandi à Tai’an, une petite ville
du Liaoning. Dès mon enfance, J’ai éprouvé une passion
particulière pour la bande dessinée. En 1996, j’ai commencé des études d’architecture intérieure à l’Ecole des
Beaux-Arts du Liaoning ; en 2000, j’ai participé à la création de dessins animés et finalement en 2003, j’ai entamé
la création de ma propre bande dessinée, Dream, que j’ai
achevée cette année.
DREAM de Liu Feng est un manhua surprenant
dans le sens où il n’y a aucun texte. C’est donc
par l’observation et l’imagination que l’histoire
se construit sous les yeux ébahis du lecteur.
« Rêve ou cauchemar ? » nous prévient l’éditeur... Effectivement qui n’a jamais rêvé qu’il pouvait voler ou
devenir riche ? Lorsque le héros revient à la cruelle réalité, c’est-à-dire à son quotidien, les pages sont en noir
et blanc, à la fois superbes et tristes de par la condition
véritable du jeune garçon et de son animal de compagnie, le cochonnet : Quelle vie et quel avenir pour
un enfant dans une ville si froide et si sombre avec
des gens si distants et sans expression ? Belle allégorie
pour dénoncer une industrialisation grandissante (de
la Chine ? du monde ? ). Malgré son côté pessimiste,
cette bande dessinée peut être « lue » par tous grâce à
l’universalité des dessins et des émotions qui y sont
représentées.
Bededazi
http://bededazi.over-blog.com
© Liu Feng
attribuée à la bande dessinée en Europe a stimulé les jeunes auteurs en leur donnant envie de s’impliquer professionnellement dans la création de BD.
Pour vous, quelles différences y a-t-il entre les BD
chinoises, japonaises ou coréennes?
Liu Feng : Il est difficile pour moi de répondre à cette
question...Certes la bande dessinée comme on l’entend
aujourd’hui a pris son essor plus tard en Chine que dans
ces deux pays. Le dessin est pour le Japon et la Corée comme un homme entre deux âges déjà relativement mûr, en
Chine le dessin est encore un enfant naïf. L’adulte agit de
manière apaisante et sûre, l’enfant est plein de curiosité,
candide et sans idée reçue.
Le jeu avec la couleur vous permet de créer deux
univers bien distincts, Pourquoi avoir fait le choix
de ces couleurs ?
Liu Feng : Ces deux familles de couleurs permettent d’exprimer l’atmosphère du rêve et celle de la réalité. Les tons
orange, rose suggèrent la douceur, alors que le gris, noir et
blanc permettent de décrire la triste réalité.
Graphiquement parlant, l’album est étonnant. Les
émotions du garçon sont bien montrées : Combien
de temps pour créer cet album ?
Liu Feng : Cette œuvre m’a occupé un peu plus d’une année à partir de ma première idée jusqu’à son achèvement,
et entre-temps j’ai continué parallèlement à travailler pour
© Liu Feng
Lisiez-vous des BD quand vous étiez plus jeune ?
Lesquelles ?
Liu Feng : J’ai commencé à lire des albums quand j’étais
à l’école primaire, et parmi les premières œuvres que j’ai
lues, je peux citer Le Ballon du dragon et les aventures de
Dragon Ball, Saint Seiya (Le manga Saint Seiya, qui est
l’oeuvre de Masami Kurumada, est plus connu en français sous le nom des Chevaliers du Zodiaque, ndlr) Superman...
ÅLorsque le héros revient à la cruelle réalité, c’est-à-dire
à son quotidien, les pages sont en noir et blanc, à la fois
superbes et tristes... ici une page extraite de Dream, éditions Xiao Pan.
gagner ma vie. Je dessine des visuels pour des publicités
dans le secteur de l’immobilier.
Dream est une histoire plutôt pessimiste et critique
vis-à-vis de la société actuelle, rêve ou cauchemar ?
Liu Feng : Rêve ou cauchemar ? ... A mon sens, l’important
n’est pas la distance entre le rêve et la réalité mais la manière de faire face à cette distance. n
recueillis par Agathe Allain et Patricia Ruan
95
Culture bande dessinée
La bande dessinée chinoise
En quelques
ann
seulement, le ées
s Manhua
chinois ont r
éussi à se
faire une pla
ce dans le
paysage inte
rnational de
la
bande dessin
ée: les bulle
s
chinoises ne
manquent p
as
d’imaginatio
n pour attire
r
les lecteurs..
.
©D
R
© DR
fait sa bulle en France
S
i la Chine est perçue comme une civilisation de
l’écrit, la particularité de son écriture qui en fait, dès
son apparition sur les jiaguwen (les inscriptions sur
carapace de tortue et os d’animaux) jusqu’à son expression artistique qu’est la calligraphie ( une véritable «image
écrite» ), invite nécessairement à s’interroger sur la place
qu’occupe l’image, sous toutes ses formes, dans une telle
civilisation. À ce sujet, les revues illustrées chinoises de la
première moitié du XXe siècle constituent un terrain d’investigation particulièrement riche. Textes et images se
complètent et attirent dès leur apparition un public populaire : elles contribuent à appréhender, voire à définir
un nouvel ordre social et politique. Né vers la fin du XIXe
siècle sous la double influence japonaise et occidentale,
le manhua, sorte d’esquisse qui relève de la caricature et
de la bande dessinée, est un parfait exemple de combinaison dynamique de texte et d’image. La figure pionnière du
Manhua chinois a été Li Shutong, l’un des premiers artistes
à promouvoir ce media dès 1912, après un séjour de plusieurs années au Japon.
Historiquement, la bande dessinée chinoise porte également d’autres noms : « Lianhuantu » pour les livres illustrés,
autrement dit, les romans graphiques qui contiennent en
général un dessin par page. « Lianhuanhua » est la bande
dessinée que l’on qualifierait en Occident de classique,
alors qu’en Chine, le gouvernement l’a longtemps considérée comme un art de masse et l’utilisait pour des affiches de propagande. Le dessinateur de ce genre le plus
96
connu est Zhang Leping (1910 - 1992) avec les aventures
très populaires de « Sanmao » 三毛 : enfant orphelin, vagabondant dans les rues auquel il arrive de nombreuses
mésaventures. Créé en 1930, Sanmao est le premier héros
auquel les enfants chinois pouvaient s’identifier, il a nourri
l’imaginaire de plusieurs générations.
L’avènement de la BD chinoise en France
Depuis la France, il y avait très peu de possibilités de découvrir la BD chinoise... Mais tout a changé depuis le début
de l’année 2005 et une belle collaboration s’est instaurée
entre la France et la Chine. Dans le cadre du 32ème Festival
International de Bandes Dessinées en janvier 2005, quelques artistes et professionnels chinois (du dessin animé et
de la bande dessinée) furent invités à Angoulême. Puis la
France fut l’invitée d’honneur de la 12ème Foire Internationale du Livre de Beijing et les éditeurs français présentèrent près de 200 bandes dessinées. Des professionnels
et artistes francophones furent également présents au 1er
Festival de l’Image Dessinée à Beijing dont la deuxième
session est prévue en 2007. Sans compter d’autres festivals hors de la capitale chinoise, comme le Festival BD de
Shanghai. Bien sûr, tout cela n’aurait pu voir le jour sans la
participation active d’associations telles que celle du Festival International de BD d’Angoulême, BD Dingue, 16000
Images, ainsi que d’organismes officiels, l’Association pour
l’Amitié avec les Peuples Etrangers, et de certains éditeurs
et libraires.
Résultat, non seulement, les dessinateurs et éditeurs
francophones sont maintenant mieux connus et distribués
en Chine, mais aussi des artistes chinois sont traduits en
français et publiés en Europe, en particulier grâce à la
nouvelle maison d’édition Xiao Pan. Elle est devenue en
moins d’un an « le spécialiste de la BD chinoise » et édite
déjà plus d’une dizaine d’artistes désireux de toucher le
public français.
He Youzhi fait revivre la Chine pré-maoiste
Mes années de jeunesse est un « lianhuantu », c’est-à-dire
le roman visuel d’un dessinateur chinois, He Youzhi. Publié en janvier 2005 (aux éditions de l’An 2) l’histoire prend
place en Chine entre les années 1920 et 1950. L’auteur nous
plonge dans son enfance et son adolescence, et raconte
les débuts de sa carrière. Aujourd’hui, He Youzhi a plus de
80 ans et vit près de Shanghai. Selon l’éditeur , on peut
considérer ces « images enchaînées » comme l’équivalent
d’une « ligne claire » orientale. Cet ouvrage illustré par un
dessin unique par page, apporte « un riche témoignage de
la Chine pré-maoiste ». En novembre 2006, les éditions de
l’An 2 publient Cent métiers du vieux Shanghai, et renouent
avec He Youzhi. De la même façon que pour ses années de
Manhua VS Manga
Si le mot pour dire « bande dessinée » est en
japonais « manga » celui-ci se prononce en chinois
« manhua», se transcrit 漫画 et signifie « images
enchaînées ». Quant au dessinateur de manhua, il
est appelé « manhuajia » 漫画家. Les idéogrammes
utilisés pour « manhua » & « manhuajia » en chinois
et « manga » & « mangaka » en japonais sont les
mêmes. Le sens de lecture des manhuas est le
même qu’en occident à la différence des mangas
japonais qui se lisent « à l’envers ».
jeunesse ( un dessin par page et textes bilingues chinoisfrançais ), l’auteur dresse un panorama inégalé des petits
métiers exercés dans le Shanghai du début du XXème
siècle.n
Agathe Allain
Remerciements à Bédédazi pour sa contribution et ses articles publiés dans « Bédés d’Asie » http://bededazi.over-blog.com et à Anne
Valérie Ruinet du C.E.E.I. Centre d’Etude de l’Ecriture et de l’Image
de Paris.
97
Culture lire
La sélection de Laurent Ballouhey
Bandes Dessinées
contenant chacune une “leçon de
sagesse”. Vingt-trois d’entre elles sont
ici présentées autour de personnages
variés : grands seigneurs, paysans,
artisans, valets, soldats...
Géographie
L’art de la guerre
Par Li Zhiqing d’après Sun Zi
Traduit du chinois avec illustrations
Éditions du Temps, 200 pages
Inspiré du classique militaire chinois,
ce manhua expose les démarches
stratégiques élaborées par Sun Zi, lequel privilégie l’économie du coût humain et logistique, dont les principes
sont encore appliqués dans certaines
armées modernes.
Les trois propos
Par Feng Menglong
Traduction et adaptation Laurent Ballouhey
Illustrations Zheng Diwei
Texte bilingue chinois-francais
Éditions You-Feng, 160 pages
Deux récits de sagesse extraits des
“Sanyan” (Trois Propos) du grand écrivain Feng Menglong (1574-1645) de la
dynastie des Ming. Ces récits, les premiers en langue parlée moderne, initient à la littérature chinoise de l’époque.
La besace de sagesse
Par Feng Menglong
Adaptation et traduction L.Ballouhey
Illustrations Zhu Shanshan
Texte bilingue chinois-français en fin
d’ouvrage
Éditions You-Feng, 157 pages
Feng Menglong est connu pour
avoir recueilli et adapté un millier
d’anecdotes ou histoires populaires
98
La Chine
Par Yves Guermond
Éditions Belin, Mémento Géographie,
175 pages , cartes
Ces dossiers pédagogiques consacrés à la géographie de la Chine sont
à l’origine destinés aux étudiants et aux
professeurs. Mais leur contenu riche, et
la présentation exhaustive des grandes
régions qui composent le pays -Pékin,
le Grand canal, Shanghai, le Changjiang,
le Sud, le Nord-Ouest- avec les enjeux
de leur développement, seront utiles
à tous : curieux, voyageurs, hommes
d’affaires et investisseurs.
Politique
Chine : A quand la démocratie ?
Les illusions de la modernisation
Par Hu Ping
Traduction du chinois Marie Holzman
Éditions de l’Aube, 144 pages
Cet essai polémique est une réflexion
sur les changements sociaux, culturels,
politiques et idéologiques que connaîtra la Chine le jour où elle deviendra
une démocratie proche du modèle
occidental.
Essai
L’importance de vivre
Par Lin Yutang
Traduit de l’anglais J. Biadi
Éditions P. Picquier, 480 pages,
Picquier poche 284 pages
Ce classique de l’art de vivre à la chinoise écrit directement en anglais
dans les années 40 résiste à l’épreuve
du temps et se trouve régulièrement
réédité, y compris en chinois bien
que l’auteur ait choisi de représenter
Taiwan aux Nations Unies après 1949.
C’est qu’il sait avec beaucoup d’humour aborder les grands thèmes de
réflexion qui traversent les pensées
traditionnelles et contemporaines.
Avec esprit critique, il développe un
art de vivre et d’être heureux original
qui croise les cultures occidentale et
orientale dont il propose une synthèse
enrichissante.
Interculturel
France Chine : migrations de pensées et de technologies
4ème séminaire interculturel sinofrançais de Canton
Textes réunis par Zheng Lihua et Yang
Xiaomin
L’Harmattan, 413 pages
Ce séminaire interculturel organisé depuis plusieurs années par l’Université
des langues étrangères du Guangdong
fait le point sur les échanges de compétences entre la France et la Chine,
étudie les influences réciproques des
penseurs français et chinois dans chaque pays, examine les conséquences
des échanges économiques et technologiques. Il tire les enseignements du
management à la chinoise et éclaire les
relations entre culture et management.
Reportage
Voyage au centre de la Chine
Par Frédéric Bobin
Éditions P. Picquier, 224 pages
L’ancien correspondant du quotidien
Le Monde pendant 6 ans a repris en un
volume les meilleurs de ses articles pour
en faire un carnet de route au coeur de
cette Chine réelle qu’il a parcourue en
tous sens. On rencontre avec lui des
Chinois ordinaires auxquels il donne
la parole, mais aussi nombre de représentants des nouvelles couches sociales. Il s’attache en particulier à décrire
les nouvelles cultures urbaines qui les
traversent et transforment le rapport à
l’amour, au sexe, à l’éducation, à la consommation, au loisir comme au travail.
Économie
La Chine du XXIe siècle : une nouvelle superpuissance ?
Par Michel Aglietta et Yves Landry
Éditions Economica, 173 pages
Cet ouvrage très spécialisé étudie les
transformations de l’économie réelle
en passant au crible les réformes financières et monétaires de la Chine. Il
s’interroge sur le mode de croissance
chinoise qui privilégie l’accumulation
rapide du capital et les exportations.
Il tente d’envisager les conséquences
de la montée en puissance économique de ce pays sur l’ensemble du système monétaire international.
Faut-il avoir peur des usines chinoises?
Par Jean Ruffier
Éditions de l’Harmattan, 181 pages
Cette enquête, elle aussi très détaillée,
est consacrée au développement
des usines chinoises dans la région
du sud qui inclut les villes de Canton,
Hong Kong et Macao, le poumon de
ce qu‘on appelle l’atelier du monde.
L’auteur s’interroge en particulier sur
les causes de la compétitivité et la pérennité de cet atelier. Il décrit en détail
le fonctionnement des entreprises
d’Etat comme des entreprises privées,
et étudie l’impact des investissements
étrangers.
Religions
Les bouddhas naissent dans le feu
Par Eric Rommeuluere
Éditions du Seuil, 240 pages
L’auteur nous livre dans un langage
moderne ce que signifie l’expérience
du bouddhisme Zen (Chan en chinois).
Il tente de donner au lecteur les clés
de la connaissance de ce qui se vit au
cours de cette expérience et de l’accompagner dans une expérience si
éloignée de notre pratique de la méditation. Des extraits de textes Zen sont
fournis en fin d’ouvrage.
Symbolique des nombres dans la
Chine traditionnelle
Par Elisabeth Rochat de la Vallée
Éditions Desclee de Brouwer, Sagesses
orientales 224 pages
Cette émimente sinologue, spécialiste
du taoïsme religieux, analyse la symbolique des nombres présents très tôt dans
les textes classiques chinois, comme le
Yijing (classique du changement). Elle
explique les suites numériques comme
une traduction de l’ordre cosmique du
monde, au sein d’un dynamisme parfaitement réglé, dévoilant les processus
de la vie, dans le ciel comme sur la terre
selon les correspondances chinoises
traditionnelles entre ces deux mondes.
Chine-Japon
L’armée de l’empereur
Atrocités japonaises durant la seconde
guerre mondiale
Par Jean-Louis Margolin
Éditions Armand Colin, Les enjeux de
l’histoire, 352 pages
Cet ouvrage d’un spécialiste de l’histoire du Japon arrive à point nommé, car
il permet de porter un regard, non pas
froid, mais indépendant et objectif sur
un thème récurrent qui continue encore aujourd’hui d’alimenter la polémique
et d’exacerber les tensions nationalistes
entre les deux grands voisins asiatiques.
Il ne se contente pas d’exposer les atrocités commises par l’armée japonaise
durant la seconde guerre mondiale.
Il dégage une analyse de l’idéologie
impériale qui a sous-tendu et parfois
justifié ces violences. Et surtout il développe une réflexion d’actualité sur les
enjeux de mémoire encore très vive,
tant chez les victimes que du côté des
bourreaux.
99
Culture lire
Coup de cœur
Yan Lianke : Le rêve du village des Ding
Par Yan Lianke
Traduit du chinois Claude Payen
Ed. Philippe Picquier , 2007
288 pages
Yan Lianke est un écrivain à coup
sûr audacieux, sans doute téméraire,
certains diront « provocateur ». Déjà
dans son premier roman traduit
en français «Servir le peuple» chez
Ph. Picquier en 2006, il s’en prenait
à l’armée chinoise, se moquait
ouvertement du Grand Timonier et
caricaturait un colonel impuissant
dont l’épouse prenait du bon temps
avec son estafette. Cette ironie
excessive avait valu au roman d’être
censuré, mais l’avait du même coup
assuré d’une diffusion accrue et d’un
bon succès à l’étranger.
Avec ce nouveau roman, Yan
Lianke récidive et s’affranchit d’un
autre tabou lié au scandale du sang
contaminé et du sida dans la province
du Henan dans les années 90. En
véritable journaliste d’investigation, il
a procédé à une longue et minutieuse
enquête en se rendant incognito
dans ces villages en 1995. Il raconte
comment plusieurs villages ont été
contaminés et décimés par le sida,
les victimes laissées dans l’ignorance
des causes de cette épidémie et
des remèdes à lui apporter par les
100
autorités locales, d’autant que ce sont
celles-ci qui avaient encouragé les
paysans miséreux à vendre leur sang,
sans aucune hygiène ni protection.
L’auteur choisit de retracer cette
tragédie à travers les membres d’une
famille du nom de Ding, comme le
village, dont les fils se livrent à tous
les trafics, allant jusqu’à vendre aux
malades analphabètes les cercueils
que le gouvernement a mis
gratuitement à leur disposition. Yan
Lianke ne juge pas, il montre ; il ne
dénonce pas, il décrit, et cela suffit.
Laurent Ballouhey
Deux questions
à l’auteur ...
Pouvez-vous nous parler de la
genèse de votre livre ?
“En 1996, quand l’Internet a diffusé la
nouvelle du Sida au Henan, comme
je viens de cette région,
j’ai été particulièrement
touché et j’ai voulu me
pencher sur le problème.
Mais dans ces annéeslà, la Chine était moins
ouverte.Après l’épidémie
de SRAS en 2003, l’attitude
du gouvernement s’est
très nettement assouplie.
En 2004, j’ai commencé à
me rendre dans un village
de l’Est du Henan pour
comprendre en profondeur la façon
de réagir des malades confrontés à
leur mort prochaine. Comme je viens
d’une famille paysanne, je me suis
très vite familiarisé avec eux. C’est
arrivé en Chine, dans mon pays natal.
C’était très important pour moi de
me lever et d’assumer une part de
responsabilité, en relatant cette
histoire avec passion.”
Vous avez employé des procédés littéraires particuliers,
pourquoi ?
“J’ai choisi de décrire ce monde à
travers le regard d’un enfant de 12 ans
déjà mort parce que cela m’apportait
une grande liberté : il circule dans
le monde des vivants et dans le
monde des morts. Il rentre dans la
pensée de son grand père, dans celle
de son père, et de la même façon,
dans l’esprit de tous les villageois : la
narration bénéficie ainsi d’un espace
total de liberté. J’ai aussi utilisé de
façon extensive les rêves diurnes. Dans
la version chinoise, on a même utilisé
une typographie différente pour les
souligner. Les villageois rêvent tous
de devenir riches, que leur campagne
devienne aussi moderne que les
villes, que la Chine atteigne le niveau
de la France, des USA, du Japon.
Ces rêves représentent, pour moi
une nouvelle utopie. Nous sommes
passés de l’utopie
communiste à
l’utopie capitaliste.
Dans le « Rêve du
village des Ding »,
les habitants de ce
village vendent leur
sang pour devenir
riches, pour réaliser
le même rêve. Et
l’explosion du sida
à grande échelle
aujourd’hui, n’estce pas à l’origine une catastrophe
globale à laquelle est confrontée
toute l’humanité, parce que nous
voulons tous être plus riches, plus
forts. “ n
Extrait d’une interview réalisée par
Anne Garrigue et Charlotte Cailliez,
aujourd’huilachine.com

Documents pareils