chœur : « Vive le Chili ! Vive les Filles du Saint

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chœur : « Vive le Chili ! Vive les Filles du Saint
Moments marquants…
Jean Boutin, ancienne FSE, a consacré une grande partie d’une après-midi de fin juin à évoquer et à
partager quelques-uns des moments forts les plus marquants de ses jeunes années au Chili. Comme
elle l’a expliqué, lorsqu’elle est entrée dans la congrégation au milieu des années 60, son souhait était d’aller
comme missionnaire en Afrique. C’est alors -les courants et les besoins de l’Eglise étant ce qu’ils étaient à
l’époque- que le Pape Jean XXIII et le Concile Vatican II ont exhorté les congrégations religieuses à envoyer des
missionnaires en Amérique Latine, et Jean d’accepter de grand cœur de partir pour ce beau pays de
l’hémisphère sud marqué par une grande variété et une grande richesse humaine et géographique.
L’enthousiaste jeune femme de 24 ans a vite découvert que le Chili traversait une période de crise politique ; un
coup d’état se préparait et un gouvernement de réforme s’efforçait par tous les moyens d’avoir accès aux
richesses de la zone minière d’Amérique du Sud très peuplée. Jean se prit aussitôt d’affection pour le peuple
chilien, s’identifiant à ces hommes et à ces femmes, faisant sien leur sort, partageant leur pauvreté due en
grande partie aux stratagèmes des politiques, s’associant à leurs combats pour obtenir les nécessités de base et
les soins médicaux essentiels, spécialement pour leurs enfants.
Jean avait bien préparé sa présentation, et tandis qu’elle faisait la lecture de ce récit autographique centré sur
son expérience au Chili, il lui fallait par moments s’arrêter pour retenir ses larmes tant son émotion était vive,
évoquant ce que les sœurs et elle-même avaient essayé de faire pour venir en aide à ceux qui étaient
persécutés, parce que soi-disant appartenir au camp adverse, leur offrant un refuge temporaire au risque de
mettre leur propre vie en danger, jusqu’à ce qu’ils trouvent un moyen de quitter le Chili et de se rendre dans un
pays ami. En écoutant Jean évoquer le nombre de femmes et d’hommes atrocement torturés simplement parce
qu’ils se sont trouvés au mauvais endroit au mauvais moment, son auditoire en avait le souffle coupé, se
refusant de croire à tant d’horreurs. Pour Jean, née à Chicopee et où elle a grandi loin des horreurs et des
atrocités qu’elle connut entre 1973 et 1984, cette période de sa vie a été comme un réveil, un appel à toujours
se mettre du côté des innocents, des souffrants, une prise de conscience de ce qui se passe autour de soi, le
besoin de créer et d’inventer toutes sortes de manières d’aller vers les gens auprès desquels les FSE des USA
et de France se dévouaient là-bas. Ce furent des années de formation, des années qui l’ont marquée à tout
jamais de toujours chercher ce qui est beau et bon.
Après avoir répondu aux questions qui lui étaient posées, sensible aux
applaudissements et félicitations de son auditoire, Jean a ajouté
combien elle avait eu du mal à écrire ces quelques notes
autobiographiques, à évoquer ces années qui l’avaient fortement
marquée. Elle ressentait encore douloureusement les souffrances
injustes dont elle avait été témoin, et regrettait de n’avoir pas su
trouver la réponse adéquate à telle ou telle situation. Cependant
devant l’encouragement de son auditoire, un large sourire a alors
éclairé son visage et elle s’est écriée avec enthousiasme et ferveur
« Vive le Chili », et spontanément toutes de s’écrier en
chœur : « Vive le Chili ! Vive les Filles du Saint-Esprit ! »
Françoise Gauthier