Le Monde Interactif

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Les roboticiens invitent Darwin dans leurs
laboratoires
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L'évolution des téléphones
portables pourrait rendre
caduque l'étude de leurs
dangers
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Les espoirs des thérapies
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A la recherche de l'eau et
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La voiture du futur devra
être à l'écoute du
conducteur
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« Nature vive » : le Salon
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minéralogie-géologie
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biotechnologies
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La fréquence d'El Niño s'est
L'intelligence artificielle, qui devait mimer toute la complexité du vivant, n'a pas tenu ses
promesses. Une approche plus modeste visant à recréer des comportements élémentaires,
puis à les associer en les laissant évoluer, connaît de premiers et prometteurs succès
Mis à jour le mercredi 27 septembre 2000
« TOUS, nous cherchons à comprendre l'intelligence », résume Stewart W. Wilson,
chercheur de l'université de l'Illinois (Etats-Unis) et co-organisateur de la conférence
internationale « Des animaux aux animats », qui s'est tenue au Collège de France, à Paris,
du 11 au 16 septembre. Consacrée à la simulation des comportements adaptatifs, elle
réunissait des chercheurs d'horizons divers, mais qui tous partagent l'ambition d'exploiter
les mécanismes du cerveau ainsi que la psychologie des être vivants pour construire... des
machines et des robots, dont le fonctionnement s'inspire du comportement animal. D'où le
néologisme d'« animats ».
Pour Herbert L. Roitblat, spécialiste des dauphins à l'université d'Hawaï, les recherches en
intelligence artificielle ont subi une profonde évolution depuis les années 80. « A l'époque,
on pensait que le langage était le secret de l'intelligence et qu'il suffisait de créer un
ensemble de règles, une syntaxe, pour décrire un problème et créer une machine capable
de le traiter, rappelle-t-il. Cela a permis de concevoir des logiciels de jeu d'échecs qui
battent les meilleurs joueurs humains, mais pas de créer un robot capable de marcher. »
DESCRIPTIONS TROP COMPLEXES
L'intelligence artificielle bute en effet sur les situations « impossibles à décrire avec un jeu
d'instructions ». Une telle simplification de la description du réel conduit à l'échec, malgré
l'explosion de la puissance des ordinateurs. « Désormais, nous nous focalisons sur des
problèmes plus ordinaires », indique Herbert Roitblat. Pour Stewart Wilson, « le problème,
c'est de comprendre la perception qui permet au milieu d'un déluge d'informations de
distinguer ce qui lui donne sens ». D'où l'étude d'animaux dont les aptitudes, même
inférieures à celles de l'homme, restent encore hors de portée des robots.
Le pionnier méconnu de cette discipline est le neurophysiologiste britannique Grey Walter,
qui eut le génie de créer dès les années 40 des animaux artificiels - il s'agissait de
« tortues ». Non pour en faire des instruments au service de l'homme, mais pour en étudier,
tel un éthologue, le comportement. Ce faisant, il a jeté les bases d'une écologie des robots
en observant les interactions entre plusieurs congénères, ce que font aujourd'hui encore
ses continuateurs, médusés par ses intuitions.
« Notre approche est triple, précise Jean-Arcady Meyer, responsable d'Animatlab au
laboratoire d'informatique de Paris-VI (LIP6). On commence par décortiquer un système
biologique, ensuite on cherche à comprendre comment les êtres vivants apprennent pour
faire apprendre les robots. Enfin, on peut copier la nature dans ses processus
évolutionnistes. »
La vision des abeilles fait partie de ces systèmes. Ainsi Mandyam Srinivasan, de l'université
de Canberra (Australie), a-t-il étudié la façon dont ces hyménoptères utilisent le flux optique
- le mouvement des images défilant devant leurs yeux à facettes - pour se diriger. En les
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accélérée au cours du XXe
siècle
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La généalogie s'empare du
principe inauguré par
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Les Français font confiance
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Le futur TGV transportera
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Le fret ferroviaire se
modernise pour mieux
concurrencer la route
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La fibrillation auriculaire, le
plus fréquent des troubles
du rythme cardiaque
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Le traitement
révolutionnaire des
médecins bordelais
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Divergences ministérielles
entraînant à voler dans un tunnel dont les murs étaient recouverts de bandes verticales de
taille variable, il a pu extraire des informations transposables à des systèmes de commande
d'un robot doté de deux caméras panoramiques. « Il n'a pas besoin de connaître
l'environnement dans lequel il évolue, il se fie uniquement à la déformation de l'image
enregistrée par ses caméras, note Mandyam Srinivasan. Le robot peut ensuite revenir
directement en ligne droite à son point de départ. » Son équipe travaille à la mise au point
d'un hélicoptère autonome capable de voler en rase-mottes en s'inspirant du même
principe.
« LA BIONIQUE EN ÉMERGENCE »
« On peut parvenir à des résultats similaires grâce à l'évolution », indique Jean-Arcady
Meyer, dont l'équipe s'est spécialisée dans la sélection artificielle de systèmes de contrôle
de robot. Cette approche « darwinienne » consiste à faire évoluer des comportements en
croisant des algorithmes de commande et en ne retenant que les plus adaptés.
L'informatique est un outil prodigieux pour les simuler, et multiplier les générations. Certains
chercheurs ont ainsi modélisé le mode de locomotion de la salamandre, et obtenu des
lignées capables de se déplacer avec aisance. La revue Nature (31 août) décrivait
récemment comment Hod Lipson et Jordan Pollack, de l'université Brandeis
(Massachusetts), ont fait évoluer des robots capables de se mouvoir et de commander leur
propre construction à partir d'un réseau neuronal.
Une autre approche consiste à créer des interfaces entre circuits électroniques et êtres
vivants. Raphael Holzer, de l'Ecole polytechnique de Lausanne, a pu télécommander un
cafard à l'aide de quatre électrodes. D'autres projets consistent à disposer des cellules
nerveuses sur des supports électroniques, et à mesurer les influx électriques. Cette
combinaison de la puce et de la boîte de Petri a permis à un chercheur du California
Institute of Technology de contrôler un « animat » de synthèse par des neurones mis en
culture. Un cerveau de lamproie a même pu guider son « clône » informatique sur
ordinateur.
In fine, ces technologies rejoignent les recherches sur les divers implants visant à pallier
certains handicaps humains. « La bionique est en émergence », confirme Alain Berthoz,
titulaire de la chaire de physiologie de la perception au Collège de France, d'accord avec
ses collègues pour constater que cette nouvelle dicipline ne pourra faire l'économie d'une
réflexion éthique.
Michel Alberganti et Hervé Morin
Le Monde daté du mercredi 20 septembre 2000
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