la lutte de jacob avec l`ange

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la lutte de jacob avec l`ange
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LA LUTTE DE JACOB AVEC L'ANGE
Rien, dans la Sainte Bible, qui ne doive prendre un sens pour notre méditation
chrétienne.. Certaines pages, pourtant, nous étonnent, car nous saisissons mal quelle
intention religieuse les inspire. Il en est ainsi du combat de Jacob avec un Ange, au
chapitre 3 2 de la Genèse. Jacob a passé vingt ans chez son beau-père Laban et, sur
l'ordre de Dieu, il retourne en Canaan et s'apprête à passer la petite rivière qui le sépare
encore de la terre promise. Alors intervient, dans la nuit, un adversaire inconnu qui barre
le chemin. Une lutte s'engage, elle se poursuit jusqu'au lever de l'aurore. Jacob en sort
blessé à la hanche, l'adversaire refuse de dire son nom mais donne sa bénédiction.
Ce récit est fort énigmatique à quiconque le lit pour la première fois : qui est cet
adversaire, que la tradition nomme communément un Ange, qui ressemble plus à Dieu
qu'à un homme? Que signifie la lutte que Jacob engage- contre lui? Puisse la
méditation de cette page nous aider à discerner sous les détails, dans les détails euxmêmes, un sens caché, un symbole dés relations vivantes du chrétien avec Dieu.
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Et comme tout est mouvementé dans notre récit, c'est son déroulement même quiretiendra notre attention. L'issue diffère entièrement de l'engagement initial; l'homme qui
pénètre, au matin, sur le sol des bénédictions divines, n'est plus celui qui, la veille
encore, redoutait la rencontre de son frère Esaü : c'est Israël, patriarche du peuple saint,
vainqueur des combats spirituels, notre modèle. Une nuit d'épreuve a transformé un
pauvre être de chair en un confident de Dieu, familier de ses secrets et fort de sa toutepuissance.
« Qu'est-ce donc que lutter avec Dieu, demande saint Ambroise, si ce
n'est accepter le combat de la vertu, si ce n'est nous mesurer avec ce qui nous dépasse et
devenir un imitateur de Dieu qui l'emporte sur les autres ».
La peur de l'homme
Quelles sont les dispositions de Jacob à la veille du combat contre l'Ange? Celles d'un
lutteur déjà, mais d'un lutteur contre les hommes. Esaü ne te laissera pas revenir en
terre promise, il le sait, il en connaît les raisons. S'il a fui autrefois, n'est-ce pas à cause
de la colère que nourrit son frère contre lui (Gen. 27, 43) et qu'il n'a que trop méritée?
Aussi s'attend-il â une périlleuse rencontre. « Jacob envoya au-devant de lui des
messagers à son frère Esaü... Les messagers revinrent en disant : « Nous sommes allés
vers ton frère Esaü. Lui-même vient maintenant à ta rencontre et il a quatre cents
hommes avec lui. » Jacob eut grand peur et se sentit angoissé » (32, 4-8).
L'angoisse qu'il éprouve alors est
d'autant plus profonde qu'elle est une angoisse
religieuse. Ce n'est pas celle d'un aventurier qui tente sa chance. Jacob est l'homme du
dessein de Dieu, la terre qu'il rejoint est le domaine que Dieu lui a promis et en lequel il
s'est engagé à le ramener (28,15). Bien plus, c'est sur un ordre exprès de Yahvé que
Jacob se détermine au retour : « Maintenant, debout, sors de ce pays et retourne dans
ta patrie » (31, 13). Plus encore, Yahvé ne cesse de l'assister dans les difficultés qu'il lui
faut vaincre, permettant sa fuite loin de Laban (31, 42), lui envoyant des anges pour le
réconforter (32, 3). L'affluent du Jourdain qui reste à franchir est l'étape ultime de ce
pèlerinage. Esaü le guette de l'autre côté, en attitude d'ennemi de Dieu. Le moment est
donc crucial, non seulement parce que Jacob y risque sa vie, mais parce que les
promesses divines en sont l'enjeu. Seuls, ceux qui se décident à obéir à Dieu peuvent
comprendre la portée véritable du combat qui s'annonce et l'angoisse spirituelle qu'il
provoque.
Dans son angoisse, Jacob redoute le pire. Il ne laisse pourtant pas ses pensées s'égarer.
Le texte que l'Écriture nous présente en cet endroit, et qui entremêle deux traditions,
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souligne à la fois la ruse et la prière du patriarche: deux attitudes du réalisme chrétien
que l'Évangile lui-même recommandera. Nous voyons donc Jacob prendre ses
précautions, diviser ses gens et ses biens pour éviter de les perdre tous, prélever sur son
troupeau un présent qui le précèdera (32, 8-9 et I4-21). Nous le voyons également
s'adresser à Dieu, en appeler à sa fidélité, lui représenter la mission sainte dont il se voit
chargé et son indignité : «Dieu de mon père Abraham, Yahvé qui m'as commandé :
«
Retourne dans ton pays et dans ta patrie et je te ferai du bien », je suis indigne de toutes
les faveurs et de toutes les bontés que tu as eues pour ton serviteur... Veuille me sauver
de la main de mon frère Esaü, car j'ai peur de lui, qu'il ne vienne et ne nous frappe, la
mère avec les enfants... » (32, 10-13)
Bien caractéristique, cette double attitude de Jacob. N'est-elle pas celle que prend tout
croyant aux heures difficiles? L'obstacle que l'on aperçoit sur le chemin accapare d'un
seul coup toutes les énergies, on prévoit, on organise, et la prière que l'on fait alors est
une prière de supplication, tournée elle aussi vers l'événement redouté. Comment
pourrait-on prier autrement? Une louange désintéressée n'est pas de mise, le temps
presse; c'est d'un Dieu puissant et bienveillant que l'on a besoin, c'est à ce Dieu-là que
l'on s'adresse. L'attention de Jacob est fixée tout entière sur l'adversaire humain, Esaü, et
son vouloir propre demeure celui d'un homme, Jacob, Jacob le tenace, Jacob le rusé.
L'affrontement de Dieu
La nuit est venue, et avec elle, non Esaü, mais « quelqu'un» (32, 25) : rencontre nocturne,
soudaine, déconcertante, comme le sont bien des interventions de Dieu dans les vies des
hommes. L'effroi de Jacob a sans doute redoublé à cette heure-là, figurant du fond des
âges l'effroi de jésus à Gethsémani, de Paul sur le chemin de Damas: Mais l'adversaire est
si proche et si entreprenant que la fuite ou l'hésitation est devenue impossible : la frayeur
semble engendrer aussitôt la résolution. « J'en ai fait souvent l'expérience, écrit sainte
Thérèse : chaque fois que l'on s'applique dès le début d'une entreprise à agir uniquement
pour Dieu, il veut, pour augmenter nos mérites, que nous sentions de la frayeur avant de
mettre la main à l'œuvre. Plus la frayeur est grande, plus aussi, quand on la surmonte, la
récompense est abondante et procure ensuite de la joie 1. »
En cet instant où l'Ange saisit Jacob, Jacob est seul : « Cette même nuit, il se leva, prit
ses deux femmes, ses deux servantes, ses onze enfants et passa le gué du Yabboq. Il les
prit et leur fit passer le torrent, et fit passer aussi tout ce qu'il possédait. Et Jacob resta
seul » (32, 23-24): Déjà, il s'était séparé du gros de ses richesses, qu'il avait envoyées audevant de lui avec ses gens, il avait accepté l'éventualité de les voir détruire en partie par
Esaü. Maintenant, c'est de ses affections qu'il se dépouille : tous les êtres qu'il aime sont
dé l'autre côté du torrent, et lui, il revient en-deçà. Seul, en une terre étrangère. C'est
toujours en ces parts de nous-mêmes où les autres nous manquent, que Dieu nous
rejoint. Dans nos rapports avec Dieu, qui pourrait tenir notre place, prendre pour nous la
responsabilité? « On ne peut être religieux par procuration o, disait un protestant, le
doyen Inge 2. Parce qu'elle nous invite à poser l'acte le plus personnel, la rencontre avec
Dieu nous arrache aux autres et à nous-mêmes d'une façon radicale. Il en est d'elle
comme de la mort. Bernanos mourant demanda à ses amis de se retirer et on l'entendit
murmurer alors : « A nous deux!
Livré à la nuit et à la solitude, Jacob combat corps à corps. Les Pères n'ont pas reculé
devant l'affirmation d'une lutte réelle de Jacob avec Dieu. Ils ne l'entendaient pas de cette
opposition que le pécheur fait à son Créateur, ils l'entendaient de l'affrontement du fidèle
avec celui-là même qu'il sert. La violence que Jacob subit et celle qu'il déploie lui-même
sont, l'une et l'autre, une sainte violence, plus rude que toute autre, proprement
mystique : « mystère, réalité sacrée de la lutte n, écrivent saint Augustin et saint Hilaire 3
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Comment comprendre ces choses ? Trop souvent, nous ne retenons des rapports que
Dieu entretient avec l'homme, dans l'Écriture, que le seuil rapport de dialogue. Le
Seigneur converse avec Adam dans le jardin, il parle avec Noé, Abraham, Moïse. La vie
spirituelle nous semble faite d'échanges paisibles entre l'âme et Dieu. Ici même,
d'ailleurs, nous verrons Jacob dialoguer avec l'Ange. Mais le combat qu'il doit soutenir
tout d'abord nous rappelle à quelles conditions un tel dialogue est rendu possible.
L'homme, en effet, n'est pas naturellement préparé à l'entretien avec Dieu.
Il ne l'est pas même à l'entretien avec ses semblables. La philosophie moderne nous le
rappelle. Nous ne sommes pas spontanément enclins à nous entendre avec autrui : une
inclination bien différente nous sollicite avec plus de force encore, celle de nous battre.
En toutes ses rencontres, l'homme peut se donner deux issues, le dialogue et la violence.
La première exclut l'autre, ou plutôt la domine.
L'intérêt de la rencontre de Jacob avec l'Ange consiste précisément à nous montrer
comment le dialogue spirituel naît d'une violence laborieusement maîtrisée, Dieu connaît
bien notre cœur, il sait que nous demeurons étrangers â ses pensées, foncièrement
charnels, alors même que nous faisons profession de le servir. Loin de se refuser à nous
éduquer, il s'y emploie au contraire; il accepte, il provoque 1’affrontement. L'Ange de la
Genèse ne s'étonne donc pas de la lutte qu'entreprend Jacob confire lui; il semble plut8t
la rechercher et il la stimule avec je ne sais quelle malice toute divine. Il est bon pour
Jacob de peiner, de se cabrer, de dépenser jusqu'à l'épuisement les énergies trop
humaines qu'il possédait encore. Lorsqu'il franchira le torrent, au lever de l'aurore, ï1
laissera sur la rive païenne le vieil homme et ses désirs, i1 aura appris â se mesurer avec
Dieu, à se mesurer sur Dieu.
Il faut aller plus loin encore : la lutte de Jacob aurait pu n'être que la violence en paroles
de la négociation, du débat. Elle est en réalité la violence physique du combat. Le corps,
les muscles ont grande part à l'affaire, comme Eugène Delacroix l'a bien montré sur sa
fresque de l'église : Saint-Sulpice. La lutte corps à corps ne connaît aucun intermédiaire,
c'est la mêlée où chacun éprouve en lui-même la force de l'autre. Jacob vit l'expérience de
Dieu en sa propre chair, il se moule sur Dieu, il adhère à lui, il en devient comme
l'empreinte, comme l' « envers ».
Nous avons dans ce récit une description de l'expérience mystique : la créature,
intimement transformée par l'action qu'opère en elle le Créateur, s'initie aux manières
divines. Son combat est une passion, une agonie; elle souffre Dieu et le connaît par làmême, comme jamais elle n'aurait pu le connaître. « Ah ! il n'y a que dans le combat, écrit
excellemment Claudel à propos de notre texte, que l'on apprend vraiment à connaître son
ennemi, il ne peut plus rien nous cacher, j'ai su m'arranger pour que de ses ressources
rien ne me demeure étranger'. » Jacob a su « s'arranger » en effet, il a su, dans, la
passivité extrême sous la violence de l'Ange, demeurer actif et personnel. Il n'est pas
terrassé, toutes ses ressources sont convoquées pour la tâche d'adhésion parfaite,
opiniâtre, intelligente, à l'adversaire.
Il s'en faut de bien peu, semble-t-il, pour que Jacob ne l'emporte sur son adversaire : «
Voyant qu'il ne le maîtrisait pas, (l'Ange) le frappa à l'emboîture de la hanche, et la
hanche de Jacob se démit pendant qu'il luttait avec lui » (32, 26). Cette blessure de Jacob
est un parfait symbole du combat spirituel parvenu à sa phase mystique. Aucun d'entre
nous n'entrera en la terre promise sans avoir été d'abord meurtri, et, déjà, notre fidélité à
Dieu a commencé à nous atteindre dans nos forces trop humaines : nous claudiquons,
nous avons perdu notre aplomb charnel, l'assurance de notre démarche dépend du
soutien de la grâce.
Quel renversement dans la situation de Jacob ! Tout à l'heure, il préparait son plan de
rencontre avec Esaü, et, s'il priait, c'était pout attirer le Seigneur â lui. Maintenant,
blessé, il s'offre aux desseins de Dieu et prie d'une toute autre prière, sans paroles. Son
vouloir est transformé de l’intérieur. La simple dévotion croit et se figure que le principal
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dans ses prières, le point où elle doit insister, c'est que Dieu entende ce qu'elle lui
demande. Et pourtant, au sens éternel de la vérité, c'est juste l'inverse : dans le vrai
rapport de la prière, ce n'est pas Dieu qui entend ce qu'on lui demande, mais l'orant qui
continue de prier jusqu'à être lui-même l'entendeur, jusqu'à entendre ce que veut Dieu.
Le dévot simple a besoin de beaucoup de mots, et c'est pourquoi le fond de ses prières
n'est qu'exigences; la vraie prière ne, fait qu'entendre 4. »
La violence de l'amour
Cette étrange lutte reste mystérieuse jusqu'au bout. Rien ne nous en persuade mieux que
son dénouement inattendu. Une fois encore, les situations se renversent : c'est le plus
fort qui demande grâce et c'est le blessé qui impose les conditions de la fin du combat. «
(L'Ange) lui dit : « Lâche-moi; car l'aurore est levée », mais Jacob répondit : « Je ne te
lâcherai pas, que tu ne m'aies béni »... Et là-même il le bénit » (32, 27-30)
Ce que Dieu voulait, c'est que Jacob réclame sa bénédiction. Toute une nuit, il y a
travaillé. Meurtri, maîtrisé, Jacob n'a plus d'autre désir, désormais, que d'entrer dans
l'amitié de son adversaire, et ce désir-là ne peut rencontrer aucune résistance devant lui.
Jacob est donc vainqueur, et le vaincu, c'est Dieu, parce qu'il l'a voulu : « Volens, victus
est », écrit saint Augustin 5 L'Ange le déclare lui-même : « On ne t'appellera plus Jacob,
mais Israël, car tu as été fort contre Dieu » (32, 29). Ne fallait-il pas que Jacob fût blessé
pour qu'Israël fût béni? Ainsi en sera-t-il en une autre aurore, à Pâques : Jésus mené à la
mort ressuscite en Sauveur du monde, il reçoit par son humiliation « le Nom qui est audessus de tout nom » (Phil. 2, 9.
Quelle intimité se manifeste maintenant entre les deux combattants l L'Ange demande à
Jacob quel est son nom, Jacob le lui révèle, l'Ange lui en accorde un autre tout nouveau.
Jacob, â son tour, demande à l'Ange quel est son nom, l'Ange élude cette question, mais
il donne à la place sa bénédiction. Dans l'échange se clôt la lutte, Jacob et l'Ange se
livrent leur secret, ils scellent une alliance.
Et le corps à corps de la nuit trouve dans cette issue sa signification la plus profonde : il
était une étreinte, une lutte amoureuse de deux êtres épris l'un de l'autre à la passion.
Les mots leur manquaient, tant l'intimité qui naissait alors était grande. « Chair contre
chair, cause contre cause, ah ! ce n'est pas par des paroles que nous nous sommes
révélés l'un à l'autre et que, plein une nuit, nous nous sommes dit nos noms dans la
bouche 6. » Lorsque la nuit de l'Ancien Testament cédera devant l'aurore, Dieu en
personne prendra à bras le corps la nature humaine, il s'incarnera : sainte violence de
l'amour.
Faut-il arrêter ici notre méditation? Ce serait négliger l'étrange recommencement que
nous présente la fin du récit : Esaü, supplanté par l'Ange pendant la nuit, apparaît de
nouveau au matin, et cela est de grande conséquence.
A peine le combat achevé, «levant les yeux, Jacob vit qu'Esaü arrivait accompagné de
quatre cents hommes (33, 1) Comme si rien d'extraordinaire ne s'était passé, il se
prépare une fois encore à l'affrontement, répartit ses enfants, ses femmes, ses serviteurs.
Il né se doute pas de la puissance de l'événement dont il sort. Et quelle n'est pas sa
surprise de voir son pire ennemi, hier assoiffé de vengeance, c c courir à sa rencontre, le
prendre dans ses bras, lui donner l'accolade et pleurer » (33, 4):
Ainsi donc; le retour de la situation initiale marque avec éclat qu'elle se trouve désormais
entièrement changée. Si la rencontre de la nuit â transformé Jacob, il faut noter ici que le
monde lui aussi en a été transformé: D'une façon surprenante, incompréhensible, Esaü,
d'ennemi acharné qu'il était, se montre le plus tendre des frères. Quoi de plus tenace,
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pourtant, qu'une haine? L'obstacle au dessein de Dieu, que Jacob avait tant redouté,
s'est évanoui comme par enchantement. C'est dire qu'il est impossible de rencontrer Dieu
réellement, dans cette proximité que fournit le combat spirituel, sans que tout change :
nous-mêmes, bien sûr, mais également le monde et nos rapports avec lui.
La vie mystique ne se déploie pas dans un univers à part, mais dans cet univers des
hommes. Surnaturelle, elle pénètre de ses effets la nature même; événement divin, elle
retentit dans l'histoire.
Le déroulement de la lutte entre Jacob et l'Ange nous livre maintenant toute sa
signification. Trop souvent, dans notre dessein de servir Dieu et son Église, nous butons
à des obstacles : maladies, difficultés de tempérament, ou même véritables adversaires.
Tout naturellement, nous mobilisons contre eux toutes nos ressources, au risque de
nous laisser accaparer, obnubiler par leur, réalité, leur urgence sensible. Pourtant, le
véritable combat n'est pas à situer à leur niveau, mais plus haut, ou plutôt plus au
'centre de nous-mêmes. Il s'agit pour nous, comme pour Jacob, de porter notre lutte en
Dieu, « contre » Dieu, avec Dieu; les obstacles ont reçu pour mission, en effet, de nous
acculer â un conflit d'amour : jusqu'où saurons-nous aimer Dieu? Si nous nous livrons à
ce combat avec cœur, nous serons surpris, comme Jacob, de voir soudain s'évanouir et
disparaître tout ce qui nous fit trembler.
Combien de saints en ont fait l'expêriencel Déjà, saint Paul ne fut-il pas obsédé par cette
« écharde en sa chair », qui entravait son action apostolique? Par trois fois, il s'adressa à
Dieu et lui demanda d'en être délivré. Mais Dieu, dans un mystérieux affrontement, le
transforma au point que cette infirmité ne lui parut plus, ne fut plus pour lui, un
obstacle, mais au contraire un moyen. un atout, une ressource. « C'est dans ma faiblesse
que je suis fort » (2 Cor. 12, 10).
« Tu as été fort contre Dieu, et contre les hommes tu l'emporteras. »
Jean-Marie Tézé, s.j.
Revue Christus, janvier 1962
I. P. CLAUDEL, IOC. Cit., 17. ]I. .
1. Vie écrite par elle-même, ch. 4, trad. du R.P. Grégoire de saint joseph. dans Œuvres
complètes, éd. du Seuil, t. I. 1949, P• 35
2. Cité
par L. Bouyer dans Du Protestantisme à Il Eglise. éd. du Cerf, 1959, p 104.
3. P.L. 38,681 et P.L. 9,755
4. Soren Kierkegaard, journal (extraits), Gallimard, t. I, 1950, p. 255-256
5. P.L. 38,681.
6 P Claudel p 71

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