les industries chimiques dans le journal l`humanité - BEL

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les industries chimiques dans le journal l`humanité - BEL
Chimie | Pétrole | Caoutchouc | Plastique | Pharma | LAM
DES SOURCES POUR L'HISTOIRE DE LA FNIC­CGT
LES INDUSTRIES CHIMIQUES
DANS LE JOURNAL
L'HUMANITÉ
(1904­1944)
Institut d'Histoire Sociale. Case 429, 263 rue de Paris, 93514 Montreuil Cedex
www.fnic.cgt.fr
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01.55.82.68.85
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[email protected]
Collectif d'Histoire Sociale
Fédération CGT des industries chimiques
Les industries chimiques dans le journal
L’Humanité (1904-1944)
Emeric Tellier
Montreuil, le 5 juin 2013
2
3
Introduction
Les sources pour écrire l'histoire des travailleurs et de leurs organisations
ne se laissent pas facilement appréhender. Leur dispersion institutionnelle et
géographique, leur grande diversité sont autant d'obstacles dressés devant le
chercheur qui ne pourra, par manque de temps ou par simple méconnaissance
de leur existence, les consulter.
Reconstituer cette histoire constitue pourtant un enjeu important, tant
pour la progression de la connaissance historique que pour l'appui qu'elle
peut apporter dans la pratique quotidienne des militants d'aujourd'hui.
Partant de ce constat, le Collectif d'Histoire Sociale de la Fédération
CGT des industries chimiques a décidé de mettre à disposition des outils
que chacun pourra utiliser au gré de ses besoins.
Ce premier numéro de la série "Des sources pour l'histoire de la FNICCGT" propose ainsi une sélection de plus de 360 articles tirés du journal
L'Humanité entre 1904 et 1944. Avec ses articles de fond sur l'industrie, sur
les grèves ou sur la vie des organisations syndicales, le quotidien socialiste,
puis communiste est en eet une source précieuse, si ce n'est incontournable,
pour appréhender l'histoire du mouvement syndical.
La mise en ligne d'une version numérisée, par la Bibliothèque nationale
de France, sur la bibliothèque numérique Gallica 1 est une aubaine pour le
chercheur qui pourra ainsi accéder facilement, depuis son ordinateur personnel, à la quasi-totalité des numéros parus entre 1904 et 1944.
Faute de temps, la méthode retenue n'a pas été, pour ce premier titre
de cette série, de dépouiller numéro par numéro. Le moteur de recherche de
Gallica a été mis à contribution avec l'utilisation de mots-clés puis la retranscription des articles jugés les plus intéressants. Cette méthode est bien
évidemment loin d'être exhaustive, mais permet de prendre la mesure de
l'intérêt que présente le dépouillement de L'Humanité.
Le Collectif d'Histoire Sociale de la FNIC-CGT
1. Disponible sur le site http ://gallica.bnf.fr/
4
Liste des mots-clés utilisés pour réaliser cette recension
Structures syndicales
"Fédération des industries chimiques", "Fédération des produits chimiques", "Industries pharmaceutiques".
Militants syndicalistes
"Beckerich (Jean-Baptiste)", "Carasso (Jean)", "Chabanon (Alphonse)",
"Couegnas", "Ducarteron (Pierre)", "Finck (Édouard)", "Guédou (Roger)",
"Letellier (Robert)", "Marzet (Lucien)", "Rosarde (Anselme)", "Saroglia",
"Vandenbossche (Jean)".
Entreprises
"Boston Blacking", "Bozel-Malétra", "Compagnie Industrielle des Pétroles", "Compagnie des matières colorantes", "Desmarais", "Deutsch", "Fabrique de Spécialités de produits chimiques", "Fenaille et Despeaux", "Francolor", "Gibbs", "Henri Hamielle", "La Pétroléenne", "Les Savons neutres",
"Menu-Huguenin", "Progil", "Riloil".
Produits
"Phosphate".
1.
1
5
ANNÉE 1907
Année 1907
1.1 9 octobre 1907. Contre le blanc de céruse Au ministère des travaux publics, les délégués des syndicats d'ouvriers
peintres réclament l'application des décrets. Le ministre des travaux publics a
reçu une délégation des syndicats d'ouvriers peintres venus chez lui pour l'entretenir des nombreux cas de violations des décrets qui interdisent l'emploi du
blanc de céruse dans les administrations publiques. Les délégués ont noté que
cette violation tendait à passer à l'état d'habitude chez les concessionnaires
des entreprises de l'État, à Belle-Isle-en-Mer dans les travaux maritimes, à
Boulogne-sur-Mer dans le badigeonnage des bouées et des balises. M. Lamirault, qui assistait à l'entretien, a certié que le ministre avait la volonté
expresse d'imposer le respect des décrets et que des sanctions sévères, s'il y
avait lieu, serait appliquées contre les contrevenants. 2 2
Année 1908
2.1 26 novembre 1908. Comment ils savent se défendre On sait que le projet de budget pour 1909 prévoit une augmentation
de 1 franc 25 à 1 franc 75 par cent kilos de la taxe sur le ranage du pétrole
brut. Naturellement, les raneurs protestent, et avec l'énergie qui caractérise
toute défense de beaux bénéces. Les grands patrons ne se contentent pas
d'armer qu'ils joignent à peine les deux bouts ; ils prophétisent la ruine de
leur industrie, et la misère de tous ceux qui... en vivent. C'est chose admirable
à voir que toute la campagne organisée par les grandes maisons parisiennes
contre le projet de budget. Les machines à écrire des sténo-dactylographes
ne chôment pas ; et les circulaires innombrables partent vers les clients. Les
chambres de commerce s'émeuvent. Les raneurs leur apprennent, en effet, que depuis cinq ans, la quantité de produits ranés importés a considérablement augmenté par rapport au chire total du pétrole importé. Et ils
leur apprennent également que, depuis 1903, quatre usines ont été fermées,
"que les autres sont fermées à moitié" ( !), enn "que les bilans des sociétés
anonymes révèlent une absence de bénéces ou même des pertes résultant
de la situation déplorable faite à l'industrie".
Les grands raneurs nous semblent induire en erreur les lecteurs de leurs
circulaires. D'une part, ils oublient de leur dire que les plus forts établissements de ranerie et ceux-là réalisent de gros bénéces ne sont pas
des sociétés anonymes. Telle la maison Deutsch, telle la maison Desmarais.
D'autre part, les sociétés anonymes elles-mêmes ne font pas toutes de mauvaises aaires. Nous en connaissons deux, quant à nous, et voici les résultats
de leurs derniers bilans.
2. Comment ils savent se défendre ,
, no 1683, 26 novembre 1908, p. 2.
L'Humanité
6
La Compagnie industrielle des pétroles a réalisé dans l'exercice 19071908, 67 036 francs 73 de bénéces nets, après avoir fait 195 750 francs
55 d'amortissements. Et si la Compagnie française des pétroles soldait son
dernier bilan par une perte de 938 843 francs 87, il ne faut point oublier
qu'elle inscrit au même bilan un million de francs d'amortissement. Mais
on éprouve quelque tristesse à voir des syndicats de représentants-voyageurs
intervenir dans la comédie savante, montée par les grands patrons, et déclarer
qu'ils ont subi une diminution du taux de leurs remises, et ne protester
contre l'impôt nouveau au lieu de protester contre les bénéces énormes que
réalise le patronat. La seule question intéressante est de savoir si le projet
n'aura pas sa répercussion sur une augmentation du prix du pétrole, sur
les budgets ouvriers. Mais vraiment, l'on ne peut que rire des plaintes des
grands patrons, et de leur misère. Et leurs circulaires ne sont pas exemptes
de quelque cynisme.
A. T. 3 3
Année 1909
3.1 17 février 1909. Un conit dans une fabrique de céruse M. Bériot, fabricant de céruse, rue de Lannoy à Fivec, avait embauché
comme second contremaître de son usine un ancien ouvrier qui devait commencer hier matin son service. À peine avait-il pénétré dans les ateliers que
le nouveau venu fut hué par les ouvriers, ses anciens camarades. Bientôt,
les quatre-vingts ouvriers de l'usine se mettaient en grève et quittaient les
ateliers après avoir envoyé au patron des délégués qui demandèrent le renvoi
du nouveau contremaître. Celui-ci, de son côté, a déclaré préférer quitter l'usine Bériot où il était si mal accueilli. Les choses en sont là, M. Bériot ayant
manifesté l'intention de nommer quand même un nouveau contremaître. On
doute de la reprise du travail demain. 4 4
Année 1910
4.1 30 janvier 1910. Autour de Paris. En amont, une légère
baisse se fait sentir... en aval le désastre s'accroît [. . . ]. En amont. Notre correspondant de Juvisy nous transmet les renseignements suivants : [. . . ]. À Athis-Mons, toute la section est envahie par les
eaux. Les environs : Vitry-Chatillon et Draveil sont dans le même état. Dans
les trois localités : Juvisy, Athis-Mons et Draveil, les usines sont inondées ;
3. Comment ils savent se défendre , L'Humanité, no 1683, 26 novembre 1908, p. 2.
4. Un conit dans une fabrique de céruse , L'Humanité, no 1766, 17 février 1909,
p. 3.
5.
ANNÉE 1911
7
les établissements Deutsch (pétrole), du Malt Kneip, les forges d'Athis, l'usine Garnier (produits chimiques), la société immobilière des sulfates, les
chantiers Cotton, Larmangeat, Brébant, qui occupent plus de quatre mille
ouvriers, chôment. [. . . ]. 5 5
Année 1911
5.1 27 mars 1911. Les grèves. Les chaueurs de PetitQuevilly Rouen. 26 mars. (par téléphone, de notre correspondant). Les chaueurs
de l'usine Malétra, à Petit-Quevilly, se sont réunis cet après-midi à la Bourse
du travail de Rouen ; ils se sont rendus à nouveau devant le directeur et lui
ont demandé de faire droit à leurs revendications. Ce dernier n'a rien voulu
entendre. La continuation de la grève a alors été voté à l'unanimité. 6 6
Année 1912
6.1 30 août 1912. Fédération des produits chimiques Réunion du Comité fédéral ce soir à neuf heures. Cordier, Vassal et
Saroglia, du syndicat des engrais et produits chimiques d'Aubervilliers, sont
spécialement convoqués. 7 6.2 4 septembre 1912. Communications [. . . ]. Fédération des produits chimiques. Le comité fédéral, réuni le
30 août, à la Bourse du Travail, a pris connaissance de la démission des
camarades Saroglia et de Vassal du comité fédéral, ces derniers invoquant
que leur syndicat des produits chimiques d'Aubervilliers n'existe plus.
De plus, le comité, statuant sur les conseils demandés par plusieurs syndicats au sujet de l'élection au conseil supérieur du travail, déclare que celuici, institution bourgeoise, ne peut donner aucune satisfaction à la classe
ouvrière organisée. Le comité fédéral, respectueux des décisions des congrès
confédéraux, invite les syndicats adhérents à la Fédération à ne pas participer
à cette élection.
Ores d'emploi. Il est demandé à la Fédération des produits chimiques
des ouvriers palefreniers, gardes magasin, loges, contremaîtres, livreurs connaissant bien Paris et la banlieue, bureau 18, 5e étage.
5. Autour de Paris. En amont, une légère baisse se fait sentir... en aval le désastre
s'accroît , L'Humanité, no 2114, 30 janvier 1910, p. 2.
6. Les grèves. Les chaueurs de Petit-Quevilly , L'Humanité, no 2535, 27 mars 1911,
p. 3.
7. Fédération des produits chimiques , L'Humanité, no 3057, 30 août 1912, p. 4.
8
Caoutchoutiers. Il est demandé au syndicat général des caoutchoutiers
plusieurs ouvriers, dont un bon cylindreur-calendeur.
Le syndicat ne place que ses adhérents et à jour de leur cotisations.
Permanence mardi et vendredi de 8h à 10h du soir. Bureau 18, 5e étage,
Bourse du Travail de Paris 8 . 7
Année 1913
7.1 7 février 1913. Communications Le bureau de la Fédération des Produits chimiques est au cinquième étage
de la Bourse du Travail 9 .
7.2 30 mai 1913. Communications Le quatrième Congrès de la Fédération des produits chimiques. Le quatrième Congrès s'est tenu à Paris, le 11 mai 1913, à la Maison des Fédérations, 33 rue de la Grange-aux-Belles. Six délégués, représentant sept organisations, ont pris part aux travaux du congrès. Neuf organisations n'étaient
pas représentées. Trois questions importantes appelaient particulièrement
l'attention des délégués. Ce sont : 1o Diminution des heures de travail et
semaine anglaise ; 2o Sur la loi de trois ans ; 3o Contre la répression gouvernementale. Dans ses résolutions, le Congrès invita les syndicats adhérents
à porter leurs eorts sur la diminution des heures de travail et l'application
de la semaine anglaise, se prononça contre la loi de trois ans et réclama l'amnistie pour tous les délits politiques et faits de grève. Le congrès a approuvé
les rapports moral et nancier qui lui furent soumis. Le siège du prochain
Congrès de 1915 est xé à Clermont-Ferrand. 10 7.3 19 août 1913. Communications Fédération des produits chimiques. La Fédération tient dès maintenant
des aches de propagande à la disposition de ses syndicats adhérents. À eux
de donner le nombre qu'ils désirent en recevoir. Les aches seront expédiées
franco à domicile. Chaque destinataire sera prié d'en accuser réception.
Le secrétaire, Bernaud. 11 8.
9.
10.
11.
Communications , L'Humanité,
Communications , L'Humanité,
Communications , L'Humanité,
Communications , L'Humanité,
no
no
no
no
3062, 4 septembre 1912, p. 4.
3218, 7 février 1913, p. 6.
3330, 30 mai 1913, p. 6.
3411, 19 août 1913, p. 6.
7.
ANNÉE 1913
9
7.4 7 octobre 1913. La grève des femmes de l'usine Desmarais. Elle dure depuis le 19 septembre en raison de
l'intransigeance patronale À la suite de revendications posées et du refus brutal de la direction
de les accorder, un air nouveau a subitement ranimé les sentiments syndicalistes et les liens de solidarité qui doivent unir tous les travailleurs des
établissements Desmarais (raneries de pétrole), actuellement en grève, au
nombre de 280, et dont la plupart avait quitté l'organisation syndicale, il
y a quelques années, croyant ne plus en avoir besoin. Aujourd'hui que les
camarades se sont aperçues que leurs querelles intestines et le mépris de leur
syndicat ne pouvaient qu'être préjudiciables à leurs intérêts et satisfaisant
pour leurs exploiteurs, elles rallient l'organisation. Mais il ne faudrait pas que
les camarades croient que le syndicat est une institution qui doit pourvoir
à tous les secours et procurer toutes les satisfactions sans le moindre souci
personnel et le moindre eort. Non, le syndicat est une organisation de lutte,
non seulement pour obtenir des augmentations de salaires, mais aussi pour
nous libérer de toutes les iniquités sociales dont nous sommes journellement
victimes. Il faut donc que les camarades, si elles ne veulent pas perdre les
avantages qu'elles pourront obtenir dans la lutte entreprise, restent unies
dans la même organisation où elles apprendront à être fortes en coordonnant
leurs eorts avec ceux de leurs camarades.
Il ne manque pas de revendications à poser et à faire aboutir ; il y a de
multiples en dehors des augmentations de salaires ; il y a à faire appliquer et
à faire respecter les quelques lois sur l'hygiène dans les ateliers, jusqu'alors
méconnues par nos exploiteurs ; il y a la réduction des heures de travail ; il
y a aussi l'application de la semaine anglaise, qui serait appréciable, surtout
pour les ouvrières à qui elle permettrait, le samedi après-midi, de se livrer
aux occupations du ménage délaissé durant la semaine et jusqu'alors réservé
pour le dimanche.
Camarades, une fois pour toutes, plus de plaintes, mais de l'action. Groupezvous solidairement et vous pourrez exiger, comme tous les autres travailleurs,
le droit à la vie ; vous ne devez pas rester les parias de la société, livrés à la
fantaisie et au bon vouloir de vos maîtres.
La Fédération appelle l'attention des militants, ainsi que celle des organisations ouvrières, pour venir en aide aux ouvrières pétrolières du Havre,
en grève, au nombre de 280, la plupart sans soutien. Ces camarades appartiennent au Syndicats des huiliers, pétroliers, savonniers et similaires du
Havre, adhérant à la Fédération des Produits Chimiques. Adresser les fonds
au camarade H. Valin, Bourse du Travail, Le Havre.
E. Bernaud, secrétaire de la Fédération des produits chimiques. 12 12. La grève des femmes de l'usine Desmarais. Elle dure depuis le 19 septembre en
raison de l'intransigeance patronale , L'Humanité, no 3460, 7 octobre 1913, p. 6.
10
8
Année 1914
8.1 8 janvier 1914. Pour L'Humanité à six pages et son
imprimerie. Obligations complètes Finck, Bagnolet, une obligation à vingt-cinq francs 13 9
Année 1915
9.1 5 décembre 1915. Convocations [. . . ]. Préparateurs en pharmacie. De 15 à 17 heures, salle des Commissions, deuxième étage, Bourse du travail : réunion de solidarité. [. . . ].
Fédération des produits chimiques. Comité et permanence à 10h30 au siège.
[. . . ]. 14 9.2 6 décembre 1915. Faits divers Magasin de pétrole incendié. Le Havre. 4 décembre. Ce soir, à six
heures, un incendie a éclaté dans un magasin de réserve de bidons de pétrole
de l'usine Desmarais. Les dégâts sont évalués à deux cent mille francs. Le
sinistre serait dû à un court-circuit. 15 9.3 13 décembre 1915. La catastrophe du Havre. Comment
a sauté l'Usine d'Or Les enquêtes ouvertes par les autorités civiles, militaires et maritimes
sur les causes de la catastrophe du Havre ont permis d'établir dans quelles
circonstances a pu se produire la terrible explosion des ateliers de pyrotechnie. C'est dans l'annexe des établissements, à l'Usine d'Or, située sur la rive
gauche du canal de Tancarville, que l'explosion a eu lieu, samedi matin, à
9h55. Environ 250 tonnes de poudre ont sauté, creusant dans le sol un énorme
entonnoir de 35 mètres de profondeur et réduisant en miettes toutes les constructions. Sur les lieux mêmes de l'explosion, des hangars qui couvraient
une surface de 40 000 mètres carrés ont été complètement anéantis. Le nombre des victimes, qui atteint environ une centaine, aurait pu être encore plus
élevé, car l'usine emploie 1 500 ouvriers, tous d'origine belge. Fort heureusement, il n'y avait, au moment de la catastrophe, que 150 ouvriers travaillant
dans l'annexe et parmi eux se trouvait une équipe qui a pu échapper à la
mort. Ce qui a contribué à donner à l'explosion une violence encore plus
13. Pour L'Humanité à six pages et son imprimerie. Obligations complètes ,
, no 3553, 8 janvier 1914, p. 2.
14. Convocations , L'Humanité, no 4249, 5 décembre 1915, p. 4.
15. Faits divers , L'Humanité, no 4250, 6 décembre 1915, p. 2.
manité
L'Hu-
9.
ANNÉE 1915
11
grande et à en rendre les conséquences plus considérables, c'est que des projectiles chargés, qui se trouvaient à proximité, ont éclaté. Aussi, les terrains
qui environnent l'usine sont-ils encombrés de débris. Dans un rayon de trois
kilomètres, toutes les maisons ont été plus ou moins atteintes par la violence
du déplacement d'air.
Les dégâts sont importants
D'après les renseignements recueillis sur les lieux de la catastrophe par
un rédacteur du Temps, le fracas de l'explosion a été entendu jusqu'à Trouville et à Fécamp. Les habitants du Havre et de Hareur ont eu l'impression
d'un véritable tremblement de terre. Une personne qui se trouvait dans son
cabinet de toilette, raconte qu'elle fut soulevée en l'air et projetée dans une
pièce contiguë. Les maisons du Havre, dans le quartier avoisinant le territoire de Graville ont leurs carreaux brisés. Mais les dégâts sont particulièrement considérables à Hareur et Gonfreville-l'Orcher. Toitures eondrées,
fenêtres arrachées, murs croulants : c'est le parfait tableau d'un bombardement et beaucoup d'immeubles sont endommagés. L'église d'Hareur a été
particulièrement éprouvée : les vitraux sont détruits et le portail a souert
également de l'explosion. Dans les environs, on signale quelques églises du
Havre dont les verrières sont brisées, et un certain nombre de magasins qui
ont subi d'assez importants dégâts.
Les morts et les blessés
Il se conrme que le nombre des morts serait moins élevés que l'on ne
croyait tout d'abord. Parmi les victimes gure le commandant Stevens, directeur de la poudrerie qui, très grièvement blessé, est mort une heure après
son transport à l'hôpital. On compte toutefois que sur 150 ouvriers qui travaillent ordinairement à l'annexe, 40 ou 50, occupés ailleurs, ont échappé à la
catastrophe. Le nombre des morts, areusement mutilés, serait donc inférieur
aux premières évaluations. Le nombre des blessés est très élevé, mais beaucoup ne sont que peu grièvement atteints et n'ont que de simples éraures
causées par les débris de vitres cassées. On a transporté les plus atteints
dans les hôpitaux du Havre, avec le concours de la Croix-Rouge britannique
et des automobiles belges.
À la recherche des causes
Une personnalité très autorisée a fait au rédacteur du Temps les déclarations suivantes sur l'enquête concernant les causes de la catastrophe :
La catastrophe qui vient d'émouvoir les habitants de la région havraise ne
saurait être attribuée à une négligence du personnel dont le zèle et l'habileté
professionnelle sont connus. Mais dans le maniement des explosifs, une imprudence est toujours possible, et il se peut que l'explosion n'ait pas d'autre
cause. Cependant, il faut tenir compte de quelques faits. Le premier, c'est
que la déagration ne s'est pas produite par chocs successifs, comme c'est
12
l'habitude, mais en une seule fois. Une détonation qu'on a entendu à onze
heures, et qui n'a pas fait de victimes, n'a rien à voir avec les causes réelles
de la catastrophe. Le second, c'est que dans l'annexe, il y avait des caisses de
munitions venant d'Amérique. Or, il y a quelque temps, on s'était aperçu que
l'une de ces caisses renfermait un dispositif destiné à provoquer une déagration. La caisse fut "désarmée" et une expérience de laboratoire permit
de faire certaines constatations très intéressantes. Il va sans dire que toutes
les caisses sont l'objet d'un examen minutieux. Le troisième, c'est le voisinage d'un cantonnement de prisonniers allemands qui peuvent, d'où ils se
trouvent, voir trop de choses, vraiment, aux approches immédiates de l'usine
belge. On a pu remarquer qu'il y a neuf mois, l'usine de pétroles Desmarais
brûlait au Havre, dans le voisinage immédiat également d'un camp de prisonniers. L'incendie de l'usine de pétrole a eu lieu un samedi ; hier, samedi,
s'est produite l'explosion de Graville. Faut-il voir là une coïncidence pure, ou
bien le résultat d'un plan ? Faut-il croire à de la malveillance possible ? Nous
concluons seulement qu'il faut ajouter à toutes les précautions déjà prises
et qui, théoriquement, sont susantes, un redoublement de prudence et de
surveillance. Il ne faut pas que le deuil qui frappe tant de familles puisse
se renouveler parce qu'on n'aura pas fait, après le nécessaire, plus que le
nécessaire, en ce qui concerne les mesures de sécurité. 16 10
Année 1924
10.1 1er avril 1924. Grève des usines Kuhlmann à Dieuze Une grève a éclaté à Dieuze (Moselle), dans les salines et usines Kuhlmann. Ce mouvement d'une grande importance s'étendra certainement et
la classe ouvrière doit soutenir les grévistes en lutte contre une des plus
puissantes rmes capitalistes.
La Fédération des produits chimiques. 17 10.2 25 octobre 1924. Syndicats Fédération des Industries Chimiques. Le siège de la Fédération, qui
était à Lyon, est transféré à Paris le 1er novembre. Nous prions les fédérations, les unions départementales et régionales d'adresser la correspondance,
à partir de cette date, à la Bourse du Travail, no 8, 4e étage, 3 rue du
Château-d'Eau, Paris (10e ). [. . . ] 18 . 16. La catastrophe du Havre. Comment a sauté l'Usine d'Or , L'Humanité, no 4257,
13 décembre 1915, p. 2.
17. Grève des usines Kuhlmann à Dieuze , L'Humanité, no 7810, 1er avril 1925, p. 2.
18. Syndicats , L'Humanité, no 7606, 25 octobre 1924, p. 3.
11.
ANNÉE 1925
13
10.3 14 novembre 1924. Convocations Produits chimiques. À 20h30, au siège, Commission des fêtes : collecteurs et camarades désirant placer des cartes pour le bal du 23 sont priés
de venir en chercher ainsi que des tracts. Marzet convoqué. 19 10.4 21 décembre 1924. Vie du parti. Fédération de la
région parisienne. Notre propagande dans les usines [. . . ]. Jeudi, bonnes réunions [. . . ] à Compagnie Industrielle des Pétroles,
Aubervilliers [. . . ]. 20 11
Année 1925
11.1 5 janvier 1925. Syndicats Fédération des industries chimiques. La réunion de la commission administrative qui devait avoir lieu samedi est reportée au samedi 10 janvier à
20h30. [. . . ]. 21 11.2 27 janvier 1925. L'absence de solidarité fait échouer
un mouvement Aux établissements Gibbs, 10 impasse Montjoie à la Plaine-Saint-Denis,
un conit s'est produit il y a quelques jours à l'atelier du dentifrice. Le
personnel réclamait une augmentation de salaire. Si la solidarité de l'usine
tout entière s'était manifestée, l'entrevue avec le patronat ne se serait pas
terminée au détriment des ouvrières. Camarades hommes et femmes, honteusement exploités par le capitalisme : organisez-vous donc pour une action
sérieuse, ordonnée et dans la lutte soyez solidaires les uns des autres. C'est
le seul moyen d'obtenir de meilleures conditions d'existence.
La cellule. 22 11.3 27 février 1925. À la Pétroléenne, à Aubervilliers Dans cette boîte située 10 rue de la Gare, à l'atelier de peinture, un
cheaillon après plus d'un mois de surmenage et d'heures supplémentaires
obligatoires, maintenant que le calme est rétabli, met à pied les ouvrières qui
ne se plient pas assez docilement à ses caprices. Les ouvrières sont taxées,
elles font leur compte et même le supplément qu'on leur a imposé. Défense
19. Convocations , L'Humanité, no 7622, 14 novembre 1924, p. 4.
20. Vie du parti. Fédération de la région parisienne. Notre propagande dans les
usines , L'Humanité, no 7709, 21 décembre 1924, p. 3.
21. Syndicats , L'Humanité, no 7724, 5 janvier 1925, p. 4.
22. L'absence de solidarité fait échouer un mouvement , L'Humanité, no 7746, 27
janvier 1925, p. 2.
14
de rire, de causer, de répondre : c'est pour ces motifs que les camarades sont
brimées. Nous prévenons charitablement ce cheaillon que s'il continue nous
lui réservons un autre article qui ne sera pas sur le papier !
Le Syndicat des produits chimiques. 23 11.4 14 mars 1925. Rivalités intercapitalistes. Les marchandages
autour des pétroles albanais Cet article n'a pas été retranscrit. 24
11.5 14 mars 1925. La vie syndicale. Convocations [. . . ]. Produits chimiques. De 15 à 18 heures, au siège, Bourse du Travail, bureau 8, 4e étage. Permanence.
À 15 heures, salle Genin, 100 avenue Victor-Hugo, réunion des ouvriers
et des ouvrières de la Compagnie Industrielle des Pétroles, syndiqués ou non.
[. . . ]. Convocations du dimanche. [. . . ].
Produits chimiques. (Puteaux). Permanence, de 10 heures 30 à 12 heures
30, au restaurant Chez Nous, 33 boulevard Richard-Wallace. [. . . ]. 25 11.6 20 mars 1925. Victoire partielle chez Guimet, à Fleurieu À Fleurieu (Rhône), les ouvriers et ouvrières de la fabrique de bleu
Guimet étaient en grève pour une augmentation de salaires. Ils viennent de
reprendre le travail après avoir obtenu une satisfaction partielle : trois sous
de l'heure au lieu de cinq sous demandés. Un solide syndicat appartenant à
la Fédération des produits chimiques a été créé et continuera à coordonner
l'action des ouvriers et ouvrières. 26 11.7 16 avril 1925. Commission exécutive de la CGTU.
Séance du 11 avril 1925 [. . . ]. Un prêt est consenti à la Fédération des Produits chimiques pour
la propagande en vue du recrutement syndical dans les importantes usines
du Sud-Est. 27 23. À la Pétroléenne, à Aubervilliers , L'Humanité, no 7777, 27 février 1925, p. 2.
24. Rivalités intercapitalistes. Les marchandages autour des pétroles albanais , L'Huo
manité, n 7792, 14 mars 1925, p. 3.
25. La vie syndicale. Convocations , L'Humanité, no 7792, 14 mars 1925, p. 3.
26. Victoire partielle chez Guimet, à Fleurieu , L'Humanité, no 7798, 20 mars 1925,
p. 2.
27. Commission exécutive de la CGTU. Séance du 11 avril 1925 , L'Humanité,
no 7825, 16 avril 1925, p. 5.
11.
ANNÉE 1925
15
11.8 23 avril 1925. À travers les usines. Nos correspondants
ouvriers. Exploits de garde-chiourme La propagande active que le syndicat des produits chimiques a entreprise dans l'industrie des pétroles porte déjà ses fruits malgré les provocations des gardes-chiourme. Les deux faits suivants en sont la preuve.
À l'usine Deutsch, à Pantin, la déléguée du syndicat commandée pour
faire un travail qu'elle ne faisait pas d'habitude, s'y refusa énergiquement.
Ce fut le prétexte trouvé pour son renvoi. La contremaîtresse informée du
fait par une moucharde, et en accord avec le directeur, congédia notre camarade, malgré ses sept ans de présence dans la maison. Résultat : une
cinquantaine d'adhésions nouvelles au syndicat ; et les ouvrières préviennent
les deux gardes-chiourme qu'à l'avenir, elles défendront leurs déléguées.
À la Pétroléenne, même incident : un cheaillon a congédié une ouvrière
qui n'avait pas le don de lui plaire ; motif invoqué : elle avait mis cinquante
centimes à une collecte faite au prot d'un camarade malade et père de quatre
gosses. Mais les ouvriers et les ouvrières conscients ne l'entendirent pas de
cette oreille : les faits s'étaient passés le samedi dans la journée ; le lundi à
une heure personne ne rentra ; une délégation s'en fut trouver le directeur
qui reconnut le bien-fondé de la réclamation et l'ouvrière fut réintégrée.
Belle victoire de la solidarité, belle leçon au bellâtre et à ses créatures.
Mais ceci est un avertissement sans frais. À la prochaine incartade, la porte
sera pour eux. C'est le désir de tous et de toutes. 28 11.9 10 mai 1925. Vers une fusion Céramique, Verre, Industries chimiques Le Travailleur des Industries Chimiques, dans son dernier numéro, dans
lequel est encarté en supplément Le Travailleur Céramiste, lance l'idée de la
fusion entre les trois fédérations : Verre, Céramique, Industries chimiques.
C'est déjà un pas vers la fusion que cette collaboration à un organe commun.
C'en est un autre que la proposition ferme faite par les fédérations à leurs
syndicats. Nul doute que cette année verra la fusion devenir un fait. Après
les fusions des métaux, maréchalerie, voiture, aviation ; après celles du textile, vêtement, blanchisserie, teinturerie, chapellerie ; après la formation de
la Fédération du bois, suivie de l'ameublement, vannerie, sciage, tabletterie,
tonneau, voici la grande Fédération des industries chimiques qui se constitue.
De plus en plus, comme le dit excellemment la proposition de fusion, les travailleurs comprendront qu'ayant à lutter contre de puissantes fédérations
d'industrie patronales, ils ont le devoir de constituer leurs organismes sur
le même plan. En fait, les décisions de l'Internationale Syndicale Rouge se
démontrent de plus en plus ecaces, et le fédéralisme intégral s'avère de plus
28. À travers les usines. Nos correspondants ouvriers. Exploits de garde-chiourme ,
, no 7832, 23 avril 1925, p. 5.
L'Humanité
16
en plus périmé.
Proposition de fusion
Le Bureau de la Fédération des Industries Chimiques proposait aux
fédérations des verriers, de la céramique de fusionner en une seule fédération. La proposition ayant été prise en considération par les trois conseils
fédéraux, une réunion commune eut lieu pour des échanges de vues. Après
avoir examiné la situation présente, les trois conseils fédéraux ont constaté
que le resserrement des fédérations par industries s'imposait du fait que nous
avions à faire face à des organisations capitalistes formées par industries et,
par répercussion, le resserrement des syndicats corporatifs en syndicats d'industrie. Il est bien entendu que les entrevues que les trois fédérations ont
eues restent subordonnées à l'acceptation des syndicats et que c'est seulement après que les syndicats des trois fédérations auront été consultés et que
la majorité se sera prononcée "pour" que les bases d'un congrès de fusion
seront établies. D'ailleurs, tant dans la céramique que dans les industries
chimiques, nous avons tout à y gagner, car nous sommes deux fédérations
qui végètent, n'ayant pas les moyens nanciers pour faire une propagande intense. Seule, la Fédération des verriers a une bonne vitalité, ayant les moyens
nanciers de faire de la propagande. Aussi voyons-nous la Céramique et les
Industries chimiques grouper 6 000 membres, quand les verriers en groupent
11 à 12 000 à eux seuls.
Pour conclure, nous disons que nous avons tout avantage à fusionner, non
seulement au point de vue recrutement, mais au point de vue force vis-à-vis
du patronat. Les bureaux de la Fédération de la Céramique et des Industries Chimiques invitent tous les secrétaires de syndicats à consulter leurs
adhérents sur cette question très intéressante pour la classe ouvrière et à
répondre dans le plus bref délai aux secrétaires fédéraux. Pour la Fédération
de la Céramique, si cette proposition était acceptée par les syndicats des trois
fédérations, nous nous verrions dans l'obligation de changer la tenue de notre
congrès : en conséquence, en ce qui concerne les syndicats de la céramique,
les secrétaires voudront bien répondre aux deux questions suivantes :
1o Êtes-vous partisans de la fusion des trois fédérations ?
2o Si oui, êtes-vous d'avis que le congrès fédéral se tienne à Paris quelques
jours avant le congrès confédéral ?
Le Bureau fédéral de la céramique. Le Bureau fédéral des industries chimiques 29 . 29. Vers une fusion Céramique, Verre, Industries Chimiques ,
10 mai 1925, p. 5.
L'Humanité
, no 7848,
11.
ANNÉE 1925
17
11.10 28 juin 1925. Les méfaits des usines chimiques de
Petit-Quevilly. Comment on empoisonne des cités Les banlieues des grandes villes sont de plus en plus envahies par les
établissements insalubres. Contre cet envahissement, les municipalités sont
désarmées. Les lois de la bourgeoisie ne permettent pas de lutter à armes
égales avec les grandes puissances d'argent qui nissent toujours par avoir
gain de cause et obtenir droit de cité. Les établissements insalubres sont bien
soumis à des enquêtes, mais celles-ci n'ont lieu que lorsque l'établissement
fonctionne, c'est-à-dire trop tard. Les pouvoirs publics et les commissions
d'hygiène départementales tiennent d'ailleurs peu compte des protestations
des municipalités et des populations ouvrières ainsi condamnées à l'empoisonnement.
Dans la banlieue rouennaise
La banlieue de Rouen ne pouvait échapper à ce éau. Dans la vallée de
Maromme, à Oissel, une à une les sociétés de produits chimiques s'installent,
mais Petit-Quevilly garde le triste privilège d'être la ville la plus empoisonnée de la région.
Les établissements Malétra
Au centre même de la ville, occupant un emplacement considérable, se
trouvent les établissements Malétra. Des cheminées nombreuses vomissent
nuit et jour sur cette cité ouvrière des nuages de fumée saturée d'acide. La
fabrication des établissements Malétra est multiple. On y produit les acides
muriatique, azotique ou nitrique, le chlore, la soude, on y travaille les engrais
et les superphosphates. Le prolétariat a de tout temps été particulièrement
brimé dans cette usine. Il travaille au milieu de conditions d'hygiène déplorables, sans mesures préventives contre les maladies professionnelles.
Kuhlmann et Cie
La société Kuhlmann, quasiment inconnue dans les milieux industriels et
nanciers d'avant-guerre, n'en existe pas moins depuis plus d'un siècle. En
1914, elle possédait quatre usines dans le nord de la France et une à Gand.
Depuis, elle a englobé de nombreuses usines dans toute la France et s'est
ainsi installée à Petit-Quevilly. Sa fabrication d'acide sulfurique et de superphosphates est venue accentuer l'insalubrité de la petite ville. C'est en vain
que les diérents conseils municipaux principalement le conseil municipal
communiste et que les habitants ont pétitionné et protesté. Les établissements Kuhlmann ont le bras long, ils ont pris racine. Il sut de faire une
visite aux jardins environnants pour se rendre compte du danger des émanations de cette usine. Les toits, les murs, les cheminées sont saupoudrés
d'une poussière jaune, dont les eets sur l'organisme humain sont des plus
mauvais. Quant aux ouvriers, ils ne sont pas mieux traités que chez Malétra.
18
L'usine Menu-Huguenin
Citons pour mémoire qu'en bordure de la ville sont établies des usines
de pétrole qui sont venues près de la Seine pour s'assurer un trac facile.
Deutsch, Fenaille et Despeaux, Compagnie Industrielle des Pétroles, Lille
et Bonnières contribuent à empoisonner l'air. Cela ne sut pas encore.
Un quartier avait échappé jusqu'à présent non aux émanations lointaines
mais tout au moins aux eets proches des usines de produits chimiques. Ce
quartier va posséder son Kuhlmann sous l'espèce de l'usine Menu-Huguenin
qui, installée comme savonnerie, a commencé la fabrication de produits nocifs.
L'empoisonnement d'une population
Il sura d'énumérer les caractéristiques de quelques-uns des produits
manufacturés pour se rendre compte du danger de telles usines s'installant
aux abords immédiats des habitations.
L'acide azotique ou nitrique dont les applications sont nombreuses en
médecine, en gravure et en teinture est des plus dangereux. Monohydraté
sous l'aspect d'un liquide bleu d'une odeur désagréable, il répand des fumées
blanches au contact de l'air et attaque profondément les tissus organiques.
L'acide sulfureux, gaz incolore, d'une odeur vive qui provoque la toux,
il existe à l'état naturel dans le voisinage des volcans. Son eet est des plus
nocifs.
Le chlore est un gaz d'un jaune verdâtre et d'une saveur astringente
et chaude, il a une odeur forte qui prend à la gorge, cause un sentiment
de strangulation et détermine une toux violente dicile à calmer. Il exerce
une action désorganisatrice sur les poumons et détermine la sécrétion d'une
grande quantité de glaires épais et un coryza violent accompagné de mots de
tête et de èvre. Il provoque des crachements de sang si l'on en respire en
quantité un peu forte.
À quoi bon poursuivre cette énumération. Il est susamment prouvé qu'il
est criminel de laisser s'installer dans les grosses agglomérations des usines se
servant ou fabricant de tels produits en quantité considérable. Si nous avons
cité Petit-Quevilly, c'est que cette commune semble avoir dans le classement
des villes empoisonnées une des premières places, mais malheureusement de
nombreuses communes ouvrières connaissent une situation presque équivalente dont se désintéresse les pouvoirs publics et les élus bourgeois. 30 30. Les méfaits des usines chimiques de Petit-Quevilly. Comment on empoisonne des
cités , L'Humanité, no 7897, 28 juin 1925, p. 4.
11.
ANNÉE 1925
19
11.11 5 juillet 1925. La bataille ouvrière. Une victoire ouvrière Après une demi-journée de conit, nos camarades de l'usine de pétroles
La Pétroléenne viennent d'obtenir une augmentation de trente-cinq centimes
de l'heure. C'est un beau résultat, mais il aurait pu être meilleur encore si
les camarades de certaines autres usines avaient un peu plus conscience de
leur devoir de classe. Ils auront vraisemblablement les mêmes avantages que
leurs camarades de La Pétroléenne. Nous espérons qu'ils comprendront que
c'est grâce à l'action syndicale que ces avantages ont été obtenus et qu'ils
sauront ce qu'il leur reste à faire désormais.
Le Syndicat des produits chimiques. 31 11.12 30 juillet 1925. Souscription en faveur du Comité
Central d'Action Collecte à la Pétroléenne à Aubervilliers, versée par Chabanon, 25 francs.
[. . . ]. 32 11.13 9 août 1925. Le neuvième congrès national de la
Fédération des industries chimiques Conformément aux statuts, le neuvième congrès national de la Fédération des industries chimiques se tiendra ce mois, deux ans après le congrès
de Montluçon. Nos assises fédérales auront cette année une importance toute
particulière. Ayant constaté le regain d'activité et de force de notre Fédération, ce Congrès aura pour tâche de lui donner le dernier coup de pouce, an
d'en faire une organisation dénitivement puissante. La question de la fusion,
dont l'urgence devient aiguë, par suite de la concentration capitaliste incessante, accentuera aussi le relief de ce congrès. Enn, la proximité du Congrès
national confédéral, en augmentera encore l'importance. De cette façon, nous
ne doutons pas que les syndicats aient à c÷ur de se faire représenter directement.
Le congrès aura lieu les dimanche et lundi 23 et 24 août, salle des Écoles,
19 avenue Wilson à la Plaine-Saint-Denis (Seine). Il commencera dimanche
23, à 9 heures précises du matin. L'ordre du jour, proposé par la commission
administrative est le suivant :
Première partie. Vérication des mandats ; rapport moral ; rapport nancier ; compte-rendu des délégués de région ; fusion avec la Céramique.
Deuxième partie. Organisation féminine ; les huit heures ; les maladies
professionnelles ; l'unité et l'orientation syndicale ; augmentation de la cotisa31. La bataille ouvrière. Une victoire ouvrière , L'Humanité, no 7904, 5 juillet 1925,
p. 5.
32. Souscription en faveur du Comité Central d'Action , L'Humanité, no 9729, 30
juillet 1925, p. 4.
20
tion ; élection de la commission administrative fédérale ; élection du bureau ;
congrès national.
Au cas bien probable où la fusion serait acceptée aux congrès de la
Céramique et des Industries chimiques, la suite de l'ordre du jour, après
la question de la fusion, serait examinée au congrès commun. Les camarades
de la Région parisienne peuvent assister au congrès à titre auditif sur présentation de leur carte syndicale à jour des cotisations. Le bureau fédéral. 33 11.14 19 août 1925. Réunions d'usines Compagnie des matières colorantes et produits chimiques de SaintDenis. Réunion du personnel et de tous les travailleurs des produits chimiques de Saint-Denis, à 17h30, salle de la Légion d'Honneur à Saint-Denis.
Discussion du cahier de revendications. 34 11.15 19 août 1925. Fédération unitaire de la céramique Le congrès s'ouvrira le dimanche 23, à 9 heures très précises, à la Maison
du Peuple, 100 rue de Paris à Montreuil-sous-Bois. Nous prions les délégués
d'être présents à 8h30. L'ordre du jour du congrès a été xé ainsi :
1o Rapport de la commission des mandats ; 2o Rapport moral nancier et
du contrôle ; 3o Rapport du journal et propagande ; 4o L'unité ; 5o Fusion des
trois fédérations ; 6o Révision des statuts, augmentation du timbre fédéral ;
7o Incorporation de la loi sur les maladies professionnelles à la loi de 1898
sur les accidents du travail ; 8o Orientation syndicale ; 9o Questions diverses.
Le Bureau fédéral prie les syndicats de se faire représenter au congrès
confédéral en raison de l'importance de l'ordre du jour. 35 11.16 26 août 1925. Comité central d'action. Pour lutter
contre la guerre. L'eort doit s'amplier [. . . ] La Pétroléenne à Aubervilliers : 25 francs. [...] 36 11.17 30 août 1925. Le congrès de fusion des Industries
chimiques et de la Céramique Ces deux organisations, pour permettre leur fusion décidée depuis
longtemps, ont tenu leur congrès en même temps. Elles se sont d'abord
réunies séparément le dimanche 23 août, pour discuter respectivement du
33. Le neuvième congrès national de la Fédération des industries chimiques , L'Hu, no 9739, 9 août 1925, p. 6.
34. Réunions d'usines , L'Humanité, no 9749, 19 août 1925, p. 4.
35. Fédération unitaire de la céramique , L'Humanité, no 9749, 19 août 1925, p. 4.
36. Comité central d'action. Pour lutter contre la guerre. L'eort doit s'amplier ,
o
L'Humanité, n 9756, 26 août 1925, p. 2.
manité
11.
ANNÉE 1925
21
rapport moral et envisager la fusion des deux organisations en une seule,
chose qui fut acceptée à l'unanimité de part et d'autre.
La séance du Congrès de fusion
Aussi, le lundi matin, les deux organisations se réunirent en congrès commun. La première séance fut présidée par Racamond qui, après avoir salué
le congrès au nom de la CGTU et donné lecture d'un télégramme de nos
camarades russes, démontra la nécessité de la transformation des petites
fédérations de métiers en fédération d'industrie. Ensuite, une commission
chargée de mettre au point les statuts présentés par les deux bureaux, fut
nommée. Il est alors décidé d'envoyer une délégation au Comité national du
Verre, qui siège en ce moment à la Bourse du Travail, pour leur demander
de faire le maximum d'eorts pour que la fusion puisse se réaliser dans le
courant de l'année prochaine, entre les deux Fédérations fusionnées et la
Fédération du Verre.
Séance de l'après-midi
La séance de l'après-midi est présidée par Ducarteron et la discussion
s'engage sur le projet de fusion avec le verre. Le camarade Chabanon commente l'entrevue qu'il a eu avec les camarades verriers. L'impression de la
délégation est qu'aucun des militants du Comité national du verre ne fera opposition à la fusion. D'ailleurs, nos camarades verriers, pour bien démontrer
qu'ils en sont partisans, ont envoyé une délégation au congrès. Sue, délégué
de la Fédération du Verre, salue les congressistes au nom des travailleurs du
verre et explique les raisons qui ont fait que les camarades verriers n'ont pu
réaliser cette année la fusion avec la céramique et les produits chimiques.
Après lui, Vuilleminot donne aux congressistes l'assurance que les militants
du verre feront leur possible pour préparer le terrain dénitif d'entente pour
l'année prochaine. Après les camarades verriers, la parole est donnée à un
camarade de la main-d'÷uvre étrangère et coloniale, qui indique les moyens
de propagande à entreprendre pour grouper ses camarades.
La révision des statuts
Marzet rapporte sur cette question. Une discussion s'engage sur l'article
25 relatif à l'élection du bureau. Jean Rouge propose que la commission exécutive élise elle-même son bureau et que ce bureau soit soumis à la ratication
du congrès. Après plusieurs interventions, cette proposition est adoptée. En
ce qui concerne la rééligibilité, le congrès en admet le principe par vingt voix
contre sept. D'autres articles subissent quelques petites modications, puis
l'ensemble des statuts est adopté à l'unanimité. Marie Bréant rapporte sur
la question féminine et engage tous les secrétaires de syndicats à faire toute
l'action nécessaire à ce sujet. Marzet, secrétaire du CIP expose le travail de
cet organisme.
22
L'orientation syndicale
Chabanon, après un très court exposé, demande aux congressistes de
ne pas changer l'orientation suivie par les deux fédérations depuis Bourges.
À l'unanimité, le congrès adopte cette proposition. L'unité, bien qu'ayant
déjà été discutée dans les congrès séparés, fait l'objet d'un assez long débat. Ensuite de quoi, le congrès est unanime à réclamer l'unité. Le congrès
adopte le principe du relèvement de la cotisation fédérale, après intervention de diérents camarades. La cotisation sera donc portée à un franc, mais
un rapport détaillé sera envoyé à tous les syndicats qui auront à se prononcer.
Élection de la commission exécutive et du bureau
Sur proposition des syndicats de Seine et Seine-et-Oise, céramique et produits chimiques, il est désigné vingt-cinq membres dont dix-neuf titulaires et
six suppléants. Puis, comme il y a impossibilité de convoquer la commission
exécutive pour désigner son bureau, le congrès émet le v÷u de voir placer
à la tête de la Fédération, les camarades Chabanon, Ducarteron, Bréant et
Julien. Le camarade Marzet est admis à faire partie du bureau en tant que
secrétaire du CIP. Puis le congrès est déclaré clos.
Le bureau fédéral. 37 11.18 1er septembre 1925. Le congrès de la CGTU Chabanon est membre de la Commission exécutive de la CGTU 38 .
11.19 1er septembre 1925. La journée. Le feu dans une
fabrique Un violent incendie s'est déclaré hier soir aux usines Progil, 29 chemin
Saint-Alban à Lyon, fabrique de parfums synthétiques. Plusieurs bâtiments
et une grande quantité d'alcools ont été la proie des ammes. Les dégâts
s'élèvent à 120 000 francs. 39 11.20 13 octobre 1925. À propos d'engrais chimiques. Comment on vole le paysan Souvent déjà, nous avons dit de quelle façon scandaleuse on vole le
paysan. On le vole sur tout, même sur les semences qu'on lui vend et sur les
engrais qu'il utilise. Pour s'en convaincre, il sut de lire ce qui suit.
37. Le congrès de fusion des Industries chimiques et de la Céramique , L'Humanité,
no 9760, 30 août 1925, p. 4.
38. Le congrès de la CGTU , L'Humanité, no 9762, 1er septembre 1925, p. 5.
39. La journée. Le feu dans une fabrique , L'Humanité, no 9762, 1er septembre 1925,
p. 2.
11.
ANNÉE 1925
23
L'Agence Nationale communique, à propos des phosphates tunisiens :
"On annonce que l'accord intervenu entre les producteurs commence à produire ses eets, et les cours du produit ont progressé de quarante-deux francs
la tonne au début de l'année à soixante francs actuellement." Cette communication, comme celles qui vont suivre, est faite pour faire mousser la valeur
des titres de la société dont il est question. Le journal spécial La Documentation nancière écrit de son côté : ". . . Les prix de vente du phosphate qui
s'étaient eondrés ( !) jusqu'à quarante-deux francs la tonne FOB 40 , ont
remonté, depuis les accords, jusqu'à soixante francs, et on a des raisons de
croire que, dans un délai assez proche, ils pourraient atteindre la parité-or
d'avant-guerre. Or, il ne faut pas oublier que cette parité est de quatrevingt-cinq francs environ, c'est-à-dire presque le double de ceux du premier
semestre de 1925." Un autre journal spécial, le Sans-Fil (pas sans l à la
patte, sans doute !) écrit : "Le marché (des valeurs en Bourse) semble décidément considérer avec beaucoup d'intérêt le mouvement de reprise qui
s'est ébauché ces jours-ci sur les valeurs de phosphates (valeurs des titres
des sociétés). ...Constantine s'est établie à 405, les Tunisiens à 422(1). Le
raermissement des cours du phosphate est un fait qui doit entraîner une
avance parallèle des cours des valeurs. . . . Depuis hier, l'action Phosphates
Tunisiens a, en eet, progressé de neuf points (francs). Il n'y a, d'ailleurs,
dans cette avance, qu'une indication de tendance, le mouvement à prévoir
devant atteindre des proportions beaucoup plus amples." Voilà qui est net.
Le prix des phosphates n'augmente pas à cause du renchérissement du prix
d'extraction ou de fabrication, main-d'÷uvre, etc. mais simplement dans le
but de réaliser une augmentation de bénéces et, par suite, un renchérissement de la valeur des action.
E. L.
(1) Cet article a été écrit il y a plusieurs jours et l'abondance de la copie
ne nous a pas permis de le publier plus tôt. Il n'est cependant pas sans intérêt
de signaler qu'à la Bourse les actions Phosphates de Constantine cotaient hier
447 au comptant et les Phosphates Tunisiens 470 ! (NDLR). 41 11.21 23 octobre 1925. Réunions d'usines La Pétroléenne. À 17 heures, réunion au Progrès, à Aubervilliers. 42 11.22 24 octobre 1925. Convocations Fédération des industries chimiques et céramiques. La nouvelle commission administrative fédérale se réunira dimanche, à 9 heures, Bourse du
40. FOB désigne le phosphate en bloc vendu en gros sur les marchés boursiers.
41. À propos d'engrais chimiques. Comment on vole le paysan , L'Humanité, no 9804,
13 octobre 1925, p. 4.
42. Réunions d'usines , L'Humanité, no 9814, 23 octobre 1925, p. 4.
24
Travail, salle des Commissions, 3e étage.
Produits chimiques. Permanence au siège. Bureau 8, 4e étage, Bourse du
Travail, de 15 heures à 18 heures. 43 11.23 1er novembre 1925. Chronique scientique. Vers la
disparition des carburants, l'eau, puissance catalysatrice Cet article n'a pas été retranscrit 44 .
11.24 3 décembre 1925. Comment on vole les paysans Nous disions ici dernièrement comment les dirigeants des mines de phosphates s'étaient associés pour augmenter les prix de vente de leurs produits,
au détriment des paysans qui paient cher et des ouvriers de ces exploitations dont le salaire est toujours strictement réduit. Voici ce qu'un journal
nancier dit des actions des mines de Gafsa :
"Gafsa. Le titre 2 a été très recherché ces temps-ci et n'est certainement
pas à son prix au cours actuel. Le bilan des Phosphates de Gafsa est superbe.
Les créditeurs divers gurent pour 9 600 000 francs, alors que les espèces et les
titres représentent 47 millions, en dehors de plus de 34 millions de créditeurs
et de stocks. Sur les 102 millions qui comportent les fonds de prévoyance,
39 millions ont été fournis par la prime d'émission d'action et 64 millions
prélevés sur les bénéces. Les actions et les parts des Phosphates de Gafsa se
recommandent donc par leur haute qualité. Au surplus, la Société a signé un
accord avec les principaux producteurs de phosphate nord-africain en vue
du relèvement des prix de vente. Étant donné la puissance de rendement
de l'aaire qui peut encore être accrue, la meilleure tenue du marché du
produit ne peut manquer de se traduire par une augmentation importante
des bénéces, qui ont atteint 24 588 055 francs en 1924, au lieu de 22 031 124
francs précédemment". 45 11.25 15 décembre 1925. La bataille ouvrière. À l'usine
Progil de Condat-Bersac (Cantal) Par suite de l'imprévoyance du directeur, l'usine dut fermer ses portes
le mercredi 6 décembre faute de charbon, les ouvriers venus pour faire leur
journée durent s'en retourner, et ce, sans aucune indemnité. Le bruit ayant
couru que le directeur voulait faire travailler le dimanche pour compenser
la journée perdue, une délégation du syndicat alla le trouver. Au cours de
l'entretien, celui-ci prit l'engagement de ne pas rendre obligatoire le travail
43. Convocations , L'Humanité, no 9815, 24 octobre 1925, p. 6.
44. Ernest Girault, Chronique scientique. Vers la disparition des carburants, l'eau,
puissance catalysatrice , L'Humanité, no 9823, 1er novembre 1925, p. 4.
45. Comment on vole les paysans , L'Humanité, no 9855, 3 décembre 1925, p. 4.
12.
ANNÉE 1926
25
du dimanche. Or, malgré ses promesses, une ache apposée dans l'usine faisait connaître que le travail serait obligatoire le dimanche pour compenser
la journée perdue. Le lundi matin, la surprise fut grande parmi les ouvriers en constatant que cinquante d'entre eux paieraient d'une mise à pied
de quarante-huit heures la liberté qu'ils avaient prise de prendre leur repos
réglementaire. L'indignation fut telle que tous les travailleurs de l'usine se
solidarisèrent avec leurs camarades victimes des brimades de ce directeur. Ils
quittèrent tous l'usine et à l'issue d'une réunion, ils décidèrent, après examen de leur situation, d'adresser au directeur de l'usine Progil leur cahier de
revendications. Les travailleurs de l'usine Progil, avec l'appui et la sympathie
de tous les commerçants et paysans de la contrée sont bien décidés à mener
la lutte jusqu'à complète satisfaction et à démontrer ainsi à M. le directeur
de l'usine que les ouvriers savent, quand il le faut, faire respecter leurs droits.
Le Syndicat des Produits Chimiques. 46 11.26 18 décembre 1925. La bataille ouvrière. Grève chez
Progil Les ouvriers de l'usine de cellulose Progil, au Lardin (Dordogne), sont
en grève depuis dix jours, réclamant une augmentation de salaires de cinquante centimes l'heure. Nous faisons appel à toutes les organisations pour
venir en aide aux grévistes.
Envoyer les fonds au camarade Discaurd, salle Coustillas, à Condat-leLardin (Dordogne). 47 12
Année 1926
12.1 22 janvier 1926. Union des syndicats de la Région
parisienne Commission des unions régionales de la CGTU devant le deuxième congrès. Réunion ce soir, vendredi 22 janvier, à 19 heures très précises, bureaux
de l'Union des Syndicats. Présence indispensable de tous les membres de la
Commission : Jacquet, Peria, Raux, Chabanon, Gibault, Gaillard, Chauveau,
Chauvel, Grandin. 48 46. La bataille ouvrière. À l'usine Progil de Condat-Bersac (Cantal) , L'Humanité,
no 9867, 15 décembre 1925, p. 4.
47. La bataille ouvrière. Grève chez Progil , L'Humanité, no 9870, 18 décembre 1926,
p. 4.
48. Union des syndicats de la Région parisienne , L'Humanité, no 9905, 22 janvier
1926, p. 4.
26
12.2 1er mars 1926. Fermeture ou modernisation des usines
de produits chimiques. Les industriels ignorent volontairement le mal Rouen, 28 février. (de notre envoyé spécial). Devant la carence des
conseillers généraux bourgeois qui ne voulaient faire aucune peine, même
légère, aux industriels empoisonneurs parce que liés à eux par des intérêts de
classe, les municipalités communistes se rebièrent. La commission sanitaire
du Petit-Quevilly demanda au Conseil départemental d'hygiène de désigner
une commission qui enquêterait sur place, ce qui fut fait grâce à l'inlassable
énergie de nos camarades.
Les constatations de la Commission
Cette commission se réunit quatre fois en deux mois et visita diérentes
usines. Elle constata partout le défaut de surveillance concernant les échappements, en particulier à l'usine Malétra, le plus important des établissements
chimiques de la région. Questionnés à ce sujet, les directeurs de ces grosses
rmes déclarèrent : "nos appareils de fabrication sont réglés au début de
la mise en marche ; ils doivent fonctionner sans à-coup ; s'il s'en produit,
nous en sommes prévenus par le décit dans le rendement." Ainsi, les industriels avouent ignorer volontairement les conséquences dangereuses de leurs
procédés de fabrication et ils ne s'en aperçoivent que par la diminution de la
production et aussi de leurs bénéces c'est-à-dire quand le mal est fait.
On ne peut pas être plus cynique.
Rupture de contrat
Pourtant, lorsque ces usines furent fondées, les divers arrêtés autorisant
leur installation comportaient toujours la mention "qu'il ne sera déversé dans
l'atmosphère aucune matière nuisible et que les gaz devront être susamment
épurés". Or, les industriels n'ont tenu aucun compte de cette clause. Ils ont
donc rompu de façon délibérée le contrat qui les lie avec les populations
aujourd'hui victimes. Cette rupture permet donc aux autorités de prendre
les sanctions nécessaires, quoi qu'en dise M. Le Préfet de la Seine-Inférieure.
Il faut fermer les usines ou contraindre leurs dirigeants à cesser de rejeter
au dehors des gaz nocifs en surveillant leur évacuation à l'aide d'appareils
adéquats. Nous ne pensons pas que ces mesures soient acceptées d'un c÷ur
léger par le conseil général qui, par servilité envers les forces d'argent, est
responsable au même titre que les industriels du lamentable et criminel
état de choses que nous venons de signaler. Il ne les fera siennes que sous la
poussée de plus en plus puissante de la colère populaire.
G. Pass. 49 49. G. Pass, L'Humanité en Seine-Inférieure. Fermeture ou modernisation des usines
de produits chimiques. Les industriels ignorent volontairement le mal , L'Humanité,
no 9943, 1er mars 1926, p. 2.
12.
27
ANNÉE 1926
12.3 5 mai 1926. La bataille ouvrière La direction des usines La Pétroléenne et la Compagnie industrielle
des pétroles d'Aubervilliers refusent de recevoir une délégation unitaire. Le
personnel des usines La Pétroléenne et de la Compagnie Industrielle des
Pétroles à Aubervilliers est en grève pour une augmentation de salaires. À
l'issue de la réunion d'hier après-midi, une délégation a été envoyée à la
direction qui refusa de la recevoir parce que ses membres sont adhérents à la
CGTU. 50 12.4 22 juin 1926. M. Schneider, directeur de la Pétroléenne
fait des "aaires". Mais il avait compter sans... le syndicat unitaire des produits chimiques M. Schneider père, manitou de la Pétroléenne à Aubervilliers, passait,
jusqu'à ces derniers temps, pour un homme assez "potable". Mais, depuis
quelques mois, il vient de se révéler sous un jour nouveau. La bataille a
commencé au lendemain de la grève du 12 octobre, grève qui fut complète à
la Pétroléenne. Ce fut d'abord le renvoi de notre excellent camarade Boché et
de sa compagne, renvoi qui fut suivi de celui de deux autres ouvrières. Puis il
commença sa man÷uvre de désagrégation de notre section syndicale. Il sut
trouver en la personne d'un certain livreur un complice qui devint l'exécuteur
de toutes ses basses ÷uvres. Il t de ce triste sire un briseur de grève et nous
ajoutons que partiellement, il y réussit. Mais, comme il sent aujourd'hui que
les ouvriers et ouvrières se ressaisissent et reviennent à nouveau au syndicat,
il lui faut de nouvelles victimes.
Voici comment il s'y prend : Quand le travail "manque", les ouvriers font
dix heures par jour. Après la grève de mai, un certain nombre d'ouvriers et
d'ouvrières furent congédiés sous le fallacieux prétexte : "manque de travail" !
Mais comme par suite de ce renvoi, il fallait assurer la production quand
même, le monsieur t faire dix heures. Mais le syndicat ouvrier des produits
chimiques ne l'entendit pas de cette oreille : il signala le fait à l'inspecteur
du travail en lui indiquant nettement qu'il n'admettait pas qu'au lendemain
d'un renvoi pour "manque de travail", on puisse avoir besoin de faire exécuter
des heures supplémentaires. L'inspecteur a fait sa visite ; il s'est opposé aux
heures supplémentaires. Mais notre bonhomme de directeur n'est pas content ; il vient de le montrer en renvoyant à nouveau trois ouvriers qui étaient
depuis longtemps à l'usine, sous le prétexte qu'ils étaient responsables de la
visite de l'inspecteur du travail. C'est faux ; nos camarades n'étaient même
pas au courant du fait. Mais tout ceci nous amène à poser ici, publiquement,
au monsieur une série de questions auxquelles nous l'autorisons à répondre,
même dans le Journal de Saint-Denis, dont il s'est déjà servi pour salir des
ouvriers qu'il avait congédiés :
50. La bataille ouvrière ,
, no 10007, 5 mai 1926, p. 5.
L'Humanité
28
Les aaires sont les aaires : pneumatiques, voitures et fûts de pétrole
1o Savez-vous, monsieur Schneider, que votre usine a une mauvaise renommée morale ?
2o Savez-vous qu'un certain... mettons chef du personnel abuse un peu
du poste à lui coné ?
3o Savez-vous que certains contremaîtres ou chefs d'équipe imitent dignement leur supérieur ?
4o Pouvez-vous indiquer à MM. les actionnaires de La Pétroléenne ce que
sont devenus certains stocks de pneumatiques ?
5o Comment a été vendue une certaine voiture ?
6o Expliquez-leur aussi comment s'achètent et se réparent les fûts de pétrole et les avantages que vous en retirez.
Puis, pendant que vous y serez, pour faire une démonstration éclatante
que vous êtes un bon père de famille, un honnête homme, vous expliquerez
aussi, Monsieur Schneider, le triste sort de ce pauvre hère qui balaie la cour
de l'usine, et auquel on donne quelquefois un quart d'heure pour manger à
midi. Il paraît que ce malheureux est apparenté à vous et même de très, très
près...
Vous avez voulu la bataille, vous l'aurez, et nous vous avertissons que
malgré votre propagande intense pour la constitution (sous le couvert d'une
société amicale) d'un syndicat jaune, il y aura dans votre usine des syndiqués
unitaires car maintenant vous êtes démasqué et personne ne s'y laissera prendre. Et pour que demain vous ne renouveliez pas le même geste que pour la
visite de l'inspecteur du travail, sans aucun salut je signe :
A. Chabanon, secrétaire général du syndicat. 51 12.5 9 juillet 1926. Notes économiques. Compétitions angloaméricaines [. . . ] Le marché allemand du pétrole, qui absorbe environ un million
de tonnes, est depuis quelques temps l'objet des convoitises concurrentes des
compagnies américaines et anglaises. Jusqu'à l'année dernière, la Standard
Oil américaine, par l'intermédiaire de la Deutsch Amerikaschen-PetroleumGesellschaft, était prépondérante dans l'importation. Mais le groupe AngloPersian résolut de l'atteindre par la fusion, sous son contrôle nancier de deux
autres compagnies allemandes, la Deutsche Erdoel et la Deutsche Petroleum
qui avaient besoin de crédits. Celles-ci possèdent des fabriques de machines
au mazout et les neuf dixièmes des moyens de transports des produits pétrolifères. Il reste une quatrième compagnie allemande, la Richeck, lié au trust
51. M. Schneider, directeur de la Pétroléenne fait des "aaires". Mais il avait compter
sans... le syndicat unitaire des produits chimiques , L'Humanité, no 10055, 22 juin 1926,
p. 5.
12.
ANNÉE 1926
29
( ?) l'aniline, lui-même dépendant des banques de New-York après un emprunt de cinquante millions de dollars qu'elles lui a consenti. Cette liaison est
intéressante en ce que le trust s'occupe beaucoup d'industrialiser la production de pétrole issue de la "liquéfaction" du charbon. La Standard Oil avait
ses visées sur cette dernière société allemande, mais elle n'a pu que conclure
un compromis avec le groupe anglais Royal Dutch-Shell et l'Anglo-Persian,
chacun acquérant 25 % des actions de la Richeck. Toutefois, par suite de ses
participations dans le trust ( ?), c'est la Standard qui aura le contrôle sur un
nouveau procédé de production sans doute appelé à un grand avenir.
C'est le monde entier qui se trouve ainsi être la proie des deux formidables
trusts rivaux, que soutiennent leurs gouvernements respectifs, et qui, suivant
les rapports de forces, ou bien se font une concurrence acharnée, ou bien
concluent des accords provisoire en attendant le jour du grand règlement de
compte. Notons d'ailleurs qu'en Allemagne, groupe anglais et groupe américain ont une même préoccupation immédiate : évincer le syndicat soviétique
du ( ?) du nouveau marché !
J. Berlin 52 12.6 31 juillet 1926. Au congrès unitaire du verre de Vierzon. Le vote sur le rapport moral et la discussion sur
les revendications corporatives [. . . ]. Chabanon, qui représente la Fédération des Produits Chimiques,
demande à ce que les deux fédérations se mettent d'accord sur l'attitude à
tenir en face du projet gouvernemental. [. . . ]. 53 12.7 1er août 1926. Au congrès unitaire du verre de Vierzon. Les délégués entendent les représentants de la
CGTU et de la Fédération des produits chimiques (De notre envoyé spécial). Vierzon. 31 juillet. La discussion sur les
modications apportées aux statuts a été l'objet d'un débat important. En
ce qui concerne la constitution des syndicats régionaux, la section sud-est
demande que la question soit renvoyée à l'étude du syndicat. Vuilleminot
démontre que la constitution du syndicat d'industrie est un des mots d'ordre
de la CGTU et que l'exemple, au surplus, est donné par le patronat. Bernier
dit que dans la région parisienne, la constitution d'un syndicat régional ne
pourra que faciliter l'action et la propagande des militants. Denizot répond
aux délégués qui prétendent ne pas être mandatés pour voter cette modication qu'il s'agit d'une méthode qui avait été discutée par tous les congrès, y
52. J. Berlin, Notes économiques. Compétitions anglo-américaines , L'Humanité,
no 10072, 9 juillet 1926, p. 4.
53. Au congrès unitaire du verre de Vierzon. Le vote sur le rapport moral et la discussion sur les revendications corporatives , L'Humanité, no 10094, 31 juillet 1926, p. 5.
30
compris ceux de la CGTU. Les délégués doivent donc connaître l'opinion de
leurs mandants sur ce problème. Jumel est, comme Bernier, partisan du syndicat d'industrie pour la région parisienne et propose l'adoption du principe
des syndicats régionaux. Le congrès, estimant que les syndicats doivent respecter les décisions de la CGTU, mais tenant compte que la question des
syndicats régionaux n'a pas été susamment étudiée par le syndicat du
Verre, leur demande, ainsi qu'aux sections régionales, d'étudier ce problème
et de transformer dès maintenant l'organisation partout où il sera possible.
Le congrès adopte ensuite le principe d'une augmentation de 0 franc 75 de
la cotisation de grève, les syndicats devant être consultés sitôt après le congrès terminé. Le congrès a adopté la création d'une commission exécutive.
Un débat s'engage sur ses attributions. Il se termine par un vote d'un ordre
du jour disant qu'elle aura à assurer l'application des décisions du congrès
et des comités nationaux. La discussion sur les modications aux statuts
s'est poursuivie sous la présidence du camarade Desjoues (Villeurbanne).
En ce qui concerne le nombre de membres devant composer la commission
exécutive, deux propositions sont en présence. Le syndicat de Rambouillet
propose treize membres désignés par les congrès alors que le sud demande
que la commission exécutive soit composée de six membres désignés par les
régions. Berrier fait une proposition transactionnelle de neuf membres qui est
acceptée par Hermann avec, comme réserves, que la commission du journal
sera comprise dans la commission exécutive et que six de ces membres seront
désignés par les régions. Cette proposition est adoptée à l'unanimité. La
commission exécutive est composée des camarades Vuilleminot, Villemain,
Noblet, Gibelin, Jumel, Chrétien, Laulle, Gauvain, Truyens et le camarade Berrier pour les coopératives. Ducarteron rappelle que la Fédération de
la céramique a déjà fusionné avec la Fédération des produits chimiques. Il
pense que le verre entre dans l'industrie des produits chimiques et que la fusion entre les deux fédérations existantes serait nécessaire. Le secrétaire des
produits chimiques développe les avantages que peut donner le resserrement
des deux fédérations tant en ce qui concerne la propagande que l'action. Il
demande au congrès de donner mandat à la commission exécutive qui vient
d'être nommée de s'aboucher avec la Fédération des produits chimiques an
d'étudier en commun les possibilités de fusion. Le camarade Chabanon, qui
représente au congrès de la CGTU, renouvelle les excuses des camarades
russes et tchécoslovaques ainsi que celles de la minorité allemande. Puis,
passant à l'action de la CGTU, il rappelle que ses mots d'ordre sont la lutte
pour l'application de la loi des huit heures, l'obtention de l'échelle mobile,
et pour toutes les revendications de la classe ouvrière. Chabanon donne au
congrès les raisons qui ont amené la CGTU à adopter le principe de l'organisation régionale et traite du danger fasciste contre lequel les organisations
doivent poursuivre la lutte. Le congrès adopte le principe de la fusion des
deux organisations à l'unanimité. Au début de la séance, le congrès a adopté
une motion de solidarité envers les mineurs anglais et a voté pour eux une
12.
ANNÉE 1926
31
allocation de 300 francs. Le congrès a voté aussi la même somme pour les
dockers de Dunkerque.
La discussion sur les modications aux statuts se poursuit
L'ordre du jour appelle la question de la représentation proportionnelle
dans les congrès : elle est défendue par Berrier et combattue par Sue et
d'autres camarades. Le syndicat de Triel propose la représentation suivante :
pour vingt membres et au-dessus, un délégué ; de vingt à cent membres,
deux délégués et ensuite un délégué par cinquante membres ou fraction de
cinquante en plus de cent membres. Cette proposition est adoptée à l'unanimité moins deux voix.
Le congrès discute ensuite une modication aux statuts présentée par le
sud et disant que tout permanent fédéral ou régional ne pourra faire acte de
candidature politique sans avoir donné sa démission. Cette proposition est
combattue par Berrier. Il dit que si les fonctionnaires fédéraux font consciencieusement leur devoir, la Fédération n'a pas à s'occuper de ce qu'ils font en
dehors de l'organisation. Schneider signale que parce qu'il n'a pu être candidat aux élections municipales dernières, la liste réactionnaire a été élue dans
sa localité. Denizot dit qu'à Saint-Léger-des-Vignes, c'est le maire qui prend
l'initiative de la création de syndicats confédérés. La proposition du sud est
votée par trente-huit syndicats contre onze et quatorze absents ou abstentionnistes. On adopte ensuite une augmentation de zéro franc cinquante de
la cotisation fédérale. Après le règlement de quelques questions diverses, le
Congrès se termine au chant de l'Internationale.
L. Dieulle. 54 12.8 5 septembre 1926. Dans la région lyonnaise. Les scandaleuses exactions du patronat dans les usines du pétrole (De notre correspondant particulier). Lyon. 3 septembre. Nous avons
noté déjà, ici même, les singuliers agissements des directeurs des usines de
pétroles de la région lyonnaise et notamment de M. Bidouze, de la maison
Desmarais frères (Automobiline), 22 rue de la Duchere, à Lyon. Ce triste
personnage vient encore de se distinguer par un acte particulièrement odieux.
Le chaueur Matagotte ayant été victime d'un accident, au cours duquel
sa voiture fut quelque peu détériorée, le sieur Bidouze le congédia et prétendait lui retenir sa paie pour payer les frais de réparations de ladite voiture.
Il fallut que notre camarade assigne ce peu scrupuleux directeur devant le
Conseil de prud'hommes pour qu'il se décide à payer aussitôt le salaire dû au
chaueur Matagotte. M. Bidouze, comme ses confrères de la Pétroléenne et
54. Au congrès unitaire du verre de Vierzon. Les délégués entendent les représentants
de la CGTU et de la Fédération des produits chimiques , L'Humanité, no 10095, 1er août
1926, p. 5.
32
de chez Jupiter, ne veut pas accorder l'augmentation des salaires demandée
par le syndicat. Il est vrai qu'il ne s'aperçoit pas, lui, de la hausse du coût de
la vie : il a de bons et royaux appointements et il trouve, encore, le moyen de
se débrouiller aux frais de la princesse, c'est-à-dire de la maison Desmarais
frères qui est, en l'occurrence, une excellente "vache à lait".
Allons, avouez M. Bidouze que M. Côte, votre jardinier et Mme Lamblin,
votre femme de chambre, sont des salariés portés sur vos registres comme
travaillant aux pétroles, alors qu'ils sont uniquement à votre service particulier. Vous poussez le cynisme jusqu'à leur payer, sur la caisse de la maison,
les heures supplémentaires qu'ils eectuent à cultiver vos légumes et à laver
votre linge. Ah ! Messieurs Desmarais, quel bon directeur vous avez à Lyon
et combien soucieux de vos intérêts ! Regardez la vigueur avec laquelle il
multiplie ses exactions contre le personnel sous ses ordres et avec laquelle il
fait "suer" votre caisse ! Récompensez-le d'urgence, sinon nous serons obligés
d'énumérer tant pis si ça gêne sa modestie tous les titres que M. Bidouze
a à exiger des manifestations de votre gratitude. À la Pétroléenne, il y aurait
aussi beaucoup à dire sur la man÷uvre du fasciste barbu Allard, membre du
Comité central de l'Union civique, man÷uvre qui tend à dresser le vieux personnel contre le nouveau, et aux Pétroles Jupiter sur les exactions du sieur
Martin comme du reste sur certaine pression odieuse exercée nous dit-on
à l'occasion du dépôt du cahier de revendications. Cela fera l'objet d'un
prochain article. En attendant, que tous, dans les trois maisons de Vaise, gardent une entière conance au syndicat qui reste la seule puissance capable
de faire céder les directeurs et faire triompher les revendications ouvrières.
J. D. 55 12.9 6 octobre 1926. Autres conits Dans la céramique, les patrons mènent la lutte contre le Syndicat ouvrier. Le conit de la maison Samson dure toujours. Les ouvriers et ouvrières
ont décidé de tenir jusqu'à complète satisfaction. Un nouveau conit vient
d'éclater à la maison Pironneau, fabrique de faïence, dans le XIVe arrondissement. Ce monsieur a émis la prétention d'imposer à ses ouvriers leur retrait
du syndicat, sous peine de renvoi immédiat. Tous les ouvriers ont refusé
de s'incliner devant une telle décision. Ils sont même décidés à montrer à
M. Pironneau que la loi de 1884 n'a pas été faite seulement pour les patrons,
mais aussi pour les ouvriers. Nous reviendrons sur cette aaire. Le syndicat
demande instamment à tous les ouvriers céramistes de ne pas aller s'embaucher dans ces boîtes qui sont mises à l'index, et aux ouvriers de province
de ne pas se diriger actuellement sur Paris, où les patrons semblent vouloir
engager l'action contre le syndicat ouvrier. Il demande aux délégués des sections de bien vouloir apporter au plus tôt, au siège, le montant des listes de
55. Dans la région lyonnaise. Les scandaleuses exactions du patronat dans les usines
du pétrole , L'Humanité, no 10130, 5 septembre 1926, p. 5.
12.
33
ANNÉE 1926
souscription pour venir en aide aux grévistes.
A. Chabanon. 56 12.10 8 octobre 1926. Pain cher et bas salaires. On paye
encore à Rouen des salaires de neuf francs par jour...
et la vie est aussi chère qu'à Paris ! [. . . ]. Qu'on en juge par ces chires concernant les trois principales
branches de l'industrie régionale, chires recueillis à bonne source et qui
suppléent à toute éloquence :
Salaire horaire (moyenne)
Textile, homme : 2 francs ; femme : 1 franc 85.
Produits chimiques, homme : 2 francs à 2 francs 25 ; femme : 1 franc 40
à 1 franc 50.
Métallurgie (non professionnels), homme : 2 francs 15 à 2 francs 40 ;
femme : 1 franc 50 à 1 franc 70.
[. . . ].
Petit-Quevilly, faubourg empoisonné !
En traversant la Seine, par le pont Boïeldieu, on embrasse d'un coup
toute l'étendue du port maritime. Sur la rive gauche du euve, en aval,
une brume opaque embue l'horizon. Des grues, des réservoirs, des cheminées surplombent les quais, les entrepôts, les usines : Petit-Quevilly. Ici le
chlore, l'acide, le pétrole sont rois ! Les prolétaires y peinent, y meurent... En
longeant les quais...
Les Ateliers Cauvin-Yvose (ravaudage de toiles et bâches). Les femmes y
travaillent dans la poussière malsaine neuf à dix heures par jour pour neuf
francs !
La Compagnie Bordelaise (usine de produits chimiques) emploie des ouvriers coloniaux à la fabrication des phosphates et des acides qui les intoxiquent jusqu'à la mort, moyennant un salaire de dix à onze francs par jour.
Et voici les raneries de pétrole. La Standard Oil et la Royal Dutch, les
deux trusts mondiaux sont représentés là par leurs sous-rmes qui s'arontent : Desmarais, Lille-Bonnières, La Pétroléenne (anciennement Fenailles
et Despeaux), Société Industrielle des Pétroles pour la Standard ; Deutsch
ls, Lucifer, Bedford, Compagnie Occidentale Pacique des Pétroles, pour
le compte de la Royal. Un point sur lequel les consortiums sont d'accord :
l'exploitation des travailleurs. Dans l'une ou l'autre de ces usines, identiques
sont les salaires des exploités : douze francs pour les femmes, seize à dix-huit
francs pour les hommes.
Les rmes de produits chimiques : Kuhlmann, Saint-Gobain, Malétra,
aux succursales multiples, occupent une large place sur le territoire de Petit56. Autres grèves ,
, no 10161, 6 octobre 1926, p. 6.
L'Humanité
34
Quevilly. Les ouvriers sont peut-être un peu moins mal payés là qu'ailleurs,
mais ils y meurent plus rapidement, plus sûrement. La statistique des décès
de la localité démontre cruellement que la moyenne d'âge des hommes décédés
oscillent entre 35 et 40 ans ! [. . . ]. 57 12.11 9 octobre 1926. Dans les syndicats de la région parisienne [. . . ]. Céramique et industries chimiques. Réunion des grévistes de la
maison Pironneau au siège du syndicat, Bourse du travail, 5e étage, bureau 28. [. . . ]. Demain à 20h30, salle Raymond-Lefebvre, 8 avenue MathurinMoreau, réunion des vidangeurs. Orateurs : Finck et Vignaud. 58 12.12 7 novembre 1926. Autres conits La Fédération de la céramique et des industries chimiques fait appel à
la solidarité pour les potiers de Vallauris. La Fédération rappelle à tous ses
adhérents que depuis le 9 août, près de 700 potiers sont en grève à Vallauris.
Elle invite ses syndicats à faire le maximum d'eorts nanciers pour venir
en aide à ces camarades et prie les détenteurs de listes de souscription de les
faire rentrer au plus tôt. Adresser les fonds au camarade Ducarteron, chèque
postal 522-11, Paris (1er ). 59 12.13 11 novembre 1926. Les potiers de Vallauris sont en
lutte depuis le 9 août Les travailleurs de la céramique doivent leur venir en aide. Nous avons
déjà parlé ici même de la grève des potiers de Vallauris, grève qui fut voulue
par le patronat pour lui permettre d'épuiser ses stocks. Nos camarades, dont
le salaire ne dépasse pas trois fois le prix d'avant-guerre, réclamaient une
augmentation de neuf francs par jour. Les patrons refusèrent, ce fut la grève.
Dès le lendemain de la grève, les patrons jouèrent aux mercantis : ils augmentèrent leur marchandise en stock de 70 %, soit une augmentation moyenne
de 0 franc 90 par pièce, alors que l'augmentation demandée par les ouvriers n'est que que de sept centimes et demi par pièce. Les deux maisons ont
cependant accordé satisfaction, mais elles eurent de grandes dicultés pour
rouvrir leurs portes et trouver les matières premières indispensables du fait
57. R. Digne, Pain cher et bas salaires. On paye encore à Rouen des salaires de neuf
francs par jour... et la vie est aussi chère qu'à Paris ! , L'Humanité, no 10163, 8 octobre
1926, p. 1 et 2. Deux reproductions de photographies accompagnent l'article, dont une
représentant Petit-Quevilly, où les fumées des usines de produits chimiques empoisonnent
le bourg jour et nuit. 58. Dans les syndicats de la région parisienne , L'Humanité, no 10164, 9 octobre
1926, p. 5.
59. Autres conits , L'Humanité, no 10193, 7 novembre 1926, p. 6.
12.
ANNÉE 1926
35
de la man÷uvre des autres patrons qui savent très bien que la répression
pour entrave à la liberté du travail n'est pas faite pour eux, mais simplement
pour les ouvriers. Les patrons espèrent sans doute avoir raison des ouvriers ;
ils se trompent, car les potiers de Vallauris ne rentreront à l'usine qu'après
avoir obtenu satisfaction et ils seront aidés par tout le prolétariat. La neuvième union régionale a pris position dans le conit aux côtés des grévistes ;
de son côté, la Fédération de la Céramique fera le maximum d'eorts pour
que triomphent nos camarades de Vallauris. Elle a déjà envoyé à tous ses syndicats des listes de souscription ; elle prie les secrétaires et trésoriers de faire
parvenir au plus tôt les fonds au camarade Ducarteron, trésorier fédéral :
chèque-postal Ducarteron 522-II, Paris (1er ). Tous à l'aide pour les potiers
de Vallauris ! 60 12.14 16 novembre 1926. Dans les syndicats de la région
parisienne [. . . ]. Céramique et industries chimiques. Les ouvriers et ouvrières des
usines suivantes sont invités à assister aux réunions qui auront lieu le mercredi 17 novembre :
Maisons Georges Salomon, Bourgeois, Cassana, à la sortie du soir chez
Massé, bureau de tabac, 102 rue Jacquart, Pantin. Orateur : Beckerich.
Maisons Caminade, Eukromine, Bernard, Renoud, Pétroles Jupiter à la
sortie du soir, salle du Café, 86 rue des Petits-Ponts, Pantin. Orateurs : Boché
et Chabanon.
Maisons Haguenauer, Clément et Rivière, Fabrique de Spécialités de produits chimiques, Eugène Lourcau, Adrot et Cie , à la sortie du soir, salle du
Café, 51 rue du Centre, Pantin, Orateur : Bloquet.
Établissements Thern, Henri Hamielle, Les Savons neutres, Parfumerie
L.T. Piver, à la sortie du soir, salle du Café Berthias, 91 rue Jean-Jaurès.
Orateurs : Marie Bréant, Chaillet. 61 12.15 17 novembre 1926. Dans les syndicats de la région
parisienne Céramique et Industries chimiques. Les ouvriers et ouvrières des usines
suivantes sont invités à assister aux réunions qui auront lieu le jeudi 18 novembre :
Maisons Poirier, Coignet, Malétra, Compagnie des Matières Colorantes,
Société des Produits Chimiques, Blondel, Riloil, Boston Blacking, Philippe,
60. Les potiers de Vallauris sont en lutte depuis le 9 août , L'Humanité, no 10197,
11 novembre 1926, p. 5.
61. Dans les syndicats de la Région parisienne , L'Humanité, no 10202, 16 novembre
1926, p. 6.
36
Chailly, Jupiter, à la sortie du soir, Bourse du Travail, 4 rue Suger. Orateur :
Bloquet.
Maisons Violet, Compagnie des Carburants, Gibbs, Pascalis, Bougie Étoile, Relms, Darras, Phénix, Buisson, Soulier, Brot, Ycre, à la sortie du soir à
l'École, 120 avenue du Président-Wilson. Orateur : Chabanon.
Maisons Arthus, Fabrique de Céruse, Copense, Saint-Gobain, Société du
Caoutchouc (rue Henri-Murger), Charbonat, Gaubert, Nicolas, à la sortie du
soir, Café Lafargue, 1 rue du Landy. Orateur : Beckerich. 62 12.16 27 novembre 1926. La semaine syndicale. La tactique
scissionniste d'Amsterdam : l'exclusion de la Fédération polonaise des Produits chimiques et des fédérations tchécoslovaques des Cuirs et Peaux Cet article n'a pas été retranscrit 63 .
12.17 30 novembre 1926. Dans les produits chimiques de
la Dordogne. Un bagne : la rme Progil Depuis l'échec que subirent les travailleurs de cette usine en 1925, la
direction n'a cessé de renforcer son exploitation. Les salaires sont des plus
dérisoires et les huit heures n'existent pas. Ainsi, dernièrement, quelques
ouvriers ayant voulu réclamer une augmentation (ils gagnent en ce moment
deux francs trente de l'heure), le patron les congédia en disant : "Si vous
voulez gagner davantage, faites des heures supplémentaires". Beaucoup de
camarades, se laissant prendre à ce dangereux engrenage, font dix, onze et
jusqu'à seize heures de travail par jour. Souvent, ils sont même amenés à
faire dix-huit à vingt journées consécutives, les jours de fête et les dimanches
étant inconnus. Ajoutons que cet esclavage s'exerce dans une atmosphère des
plus insalubres et sous la surveillance cruelle de contremaîtres fascistes, qui
ne laissent aux travailleurs aucune minute de répit.
Ce surmenage a des répercussions. Les accidents ne se comptent plus. En
deux mois, on a enregistré deux cas mortels, deux amputations de bras, un
aveuglement et une quantité d'autres mutilations aux mains. Et le travail
continue ainsi, sans qu'aucune mesure de protection ne soit prise. La vie
misérable d'un prolétaire n'a aucune importance en régime capitaliste. Mais
les exploités de la rme Progil ne vont-ils pas réagir ? N'est-il pas temps qu'ils
se dressent tous ensemble pour réclamer une amélioration de leur sort ? 64 62. Dans les syndicats de la région parisienne , L'Humanité, no 10203, 17 novembre
1926, p. 6.
63. J. Raveau, La semaine syndicale. La tactique scissionniste d'Amsterdam : l'exclusion de la Fédération polonaise des Produits chimiques et des fédérations tchécoslovaques
des Cuirs et Peaux , L'Humanité, no 10213, 27 novembre 1926, p. 4.
64. Dans les produits chimiques de la Dordogne. Un bagne : la rme Progil , L'Huo
manité, n 10216, 30 novembre 1926, p. 6.
12.
ANNÉE 1926
37
12.18 1er décembre 1926. Un violent incendie. À Aubervilliers, le feu détruit un dépôt d'huiles des Magasins
Généraux. Près de dix millions de dégâts Un énorme incendie s'est déclaré hier dans un bâtiment des magasins
généraux, situé avenue de la Gare, près de la porte d'Aubervilliers. À cet
endroit, dans un grand hangar en briques de deux mille mètres carrés de supercie, était entreposé un stock considérable d'huile de graissage Veedol ,
appartenant à la société La Pétroléenne.
Dans la matinée, une dizaine d'ouvriers de la Veedol avaient transvasé
de l'huile dans des bidons pour la vente au détail, et à 11 heures 30, leur besogne achevée, avaient quitté le travail. Vers midi dix, l'attention de quelques
passants était éveillée par un ronement sourd. Ils s'approchèrent du hangar.
Presque aussitôt, une colonne de fumée apparaissait, suivie d'une énorme
gerbe de ammes. L'alarme fut donné immédiatement et les pompiers de
Saint-Denis et d'Aubervilliers arrivèrent sur les lieux, mais devant l'ampleur
prise par le sinistre, on t appel aux pompiers de Paris. Avec une célérité
admirable, ceux-ci accoururent des casernes de Château-Landon, Carpeaux,
Blanche, Château-d'Eau, Ménilmontant, Parmentier, Charonne, Chaligny,
et à midi vingt exactement, quinze pompes à incendie étaient rangées en
batterie derrière le canal de l'Ourcq, où elles puisaient l'eau qu'elles déversaient à torrents sur le brasier. L'incendie s'était propagé rapidement. Une
gigantesque colonne de fumée, que le vent rabattait par moments sur les
sauveteurs dont certains furent sérieusement incommodés, obscurcissait le
ciel. Les bidons d'huile éclataient à la chaleur torride du brasier et leur contenu se répandait dans les allées en aques verdâtres.
Sur les lieux
Lorsque nous arrivons sur les lieux, les pompiers s'attachaient à préserver
un entrepôt de bois et d'essence tout proche. Il ne restait plus rien du hangar,
mais une épaisse fumée tourbillonnait toujours, des ammes de trente mètres
de haut faisaient entendre un ronement sinistre. À deux heures, les pompiers, le visage noirci de cambouis, étaient maîtres du feu qu'ils inondèrent
cependant jusqu'à six heures. Trois d'entre eux furent blessés légèrement. Les
causes de l'incendie ne seront pas faciles à établir, et les dégâts que l'on n'a
pas encore évalués se chireront à près de dix millions. Malheureusement,
le personnel de la Veedol , une vingtaine d'ouvriers et d'ouvrières, sera
réduit au chômage. 65 65. Un violent incendie. À Aubervilliers, le feu détruit un dépôt d'huiles des Magasins
Généraux. Près de dix millions de dégâts , L'Humanité, no 10217, 1er décembre 1926,
p. 2.
38
12.19 17 décembre 1926. Tous les syndicats participeront
aux élections à la Commission Administrative de la
Bourse du Travail de Paris Ducarteron, militant de la Fédération unitaire des Produits chimiques
est sur la liste d'unité avec la CGT 66 .
12.20 18 décembre 1926. Tous les syndicats participeront
aux élections à la Commission Administrative de la
Bourse du Travail de Paris Ducarteron, militant de la Fédération unitaire des Produits chimiques
est sur la liste d'unité avec la CGT 67 .
12.21 26 décembre 1926. Dans les syndicats de la région
parisienne Céramique et industries chimiques de la région parisienne. L'assemblée
du syndicat général aura lieu aujourd'hui 19 décembre à 14 heures, salle
Pelloutier, 1er étage, Bourse du Travail. L'ordre du jour étant très important
et assez long, il importe que tous les délégués de sections et les camarades
soient à l'heure xée. [. . . ]. 68 12.22 26 décembre 1926. À propos des élections à la Commission Administrative de la Bourse du Travail de
Paris Prenant position dans les élections à la Bourse du Travail, le syndicat
de la céramique et des industries chimiques se doit de préciser pourquoi il
présente un candidat. Comme représentant de la catégorie "Industries chimiques", il y avait à la Commission administrative sortante le camarade Mauries, secrétaire du syndicat confédéré des préparateurs en pharmacie, lequel
syndicat s'est inscrit au groupe des amis de l'unité et nous pensions que
Mauries aurait été maintenu. Dans ces conditions, en partisan sincère de
l'unité, nous n'aurions pas présenté de candidat. Il n'en est rien ; pour bien
montrer sa haine de l'unité ouvrière et de ceux qui en sont les partisans,
l'Union confédérée de la région parisienne a retiré purement et simplement
Mauries de sa liste parce qu'il a commis le crime épouvantable d'être partisan
de l'unité. On a présenté à sa place l'illustre Vandenbossche, secrétaire du
66. Tous les syndicats participeront aux élections à la Commission Administrative de
la Bourse du Travail de Paris , L'Humanité, no 10233, 17 décembre 1926, p. 5.
67. Tous les syndicats participeront aux élections à la Commission Administrative de
la Bourse du Travail de Paris , L'Humanité, no 10234, 18 décembre 1926, p. 5.
68. Dans les syndicats de la région parisienne , L'Humanité, no 10235, 19 décembre
1926, p. 5.
13.
ANNÉE 1927
39
puissant syndicat confédéré des produits chimiques de la région parisienne
(au moins cinq membres).
Nous reviendrons sur cette candidature, mais il est un fait qui montre bien
l'état d'esprit des dirigeants confédérés. En eet, dans la catégorie "Industries
chimiques", il y a trois candidats adhérant à la Bourse. Le syndicat unitaire
de la Céramique et des industries chimiques (42 voix, il devrait en avoir 63),
le syndicat confédéré des préparateurs en pharmacie (25 voix) et le syndicat
de plus en plus fantôme des industries chimiques confédérées (une voix).
C'est donc dans ces conditions que se présente l'élection dans cette catégorie.
Mais cela compte bien peu pour ceux qui de plus en plus s'éloignent de
l'unité ouvrière, la logique, on ne connaît pas cela à l'Union confédérée de la
Seine ; mais il pourrait bien se faire qu'il y ait quelques syndicats confédérés
qui n'approuvent pas la façon de voir de leurs dirigeants et le montrent en
votant pour la liste d'unité. Quant à nous, voilà pourquoi nous présentons
comme candidat notre camarade Ducarteron, tout en regrettant le retrait
de la candidature du camarade Mauries et son remplacement par un illustre
inconnu qui à la Bourse ne représente rien, mais qui est un dèle suiveur des
dirigeants confédérés.
Le syndicat de la céramique et des industries chimiques. 69 13
Année 1927
13.1 21 février 1927. Le congrès de l'Union des Syndicats de la région parisienne. Un important débat sur
les Comités Intersyndicaux Alphonse Chabanon est élu membre suppléant de la commission exécutive
de l'Union des syndicats de la région parisienne en 1927. Il également membre
de la commission de resserrement entre les syndicats de la région parisienne
avec six autres personnes (Grandin de l'Alimentation, Guerbois des Asiles,
Cadot des Métaux, Virth des Municipaux, Legall des Terrassiers, Bellugue de
l'Habillement, Lambert des Employés et Mauvais des Producteurs d'énergie
électrique). De son côté, Ducarteron est adjoint, avec cinq autres militants,
à la commission de contrôle 70 .
69. À propos des élections à la Commission Administrative de la Bourse du Travail
de Paris , L'Humanité, no 10235, 19 décembre 1926, p. 5
70. Le congrès de l'Union des Syndicats de la région parisienne. Un important débat
sur les Comités Intersyndicaux , L'Humanité, no 10299, 21 février 1927, p. 1-2.
40
13.2 3 mars 1927. Un beau mouvement dans le Rhône.
Aux usines chimiques de Saint-Fons, les ouvrières s'insurgent contre un règlement draconien Le vendredi 25 février, une grande eervescence régnait aux usines du
Rhône, 250 à 300 ouvrières occupées à l'emboîtage des produits pharmaceutiques, ont d'un commun accord décrété la grève des bras croisés jusqu'à
l'arrivée du directeur, M. Altwet, tout nouveau à l'usine. Ce geste étant en
même temps qu'une protestation, un geste de solidarité. En eet, ce petit
monsieur n'avait-il pas donné l'ordre de renvoyer un certain nombre d'ouvrières qui ne se conformaient pas à ces abracadabrants règlements. Vous
allez en juger.
Un règlement de caserne
À tout le personnel une tenue stricte est de convenance. Les femmes
doivent mettre une coiure dite "let" émaillée de diverses couleurs au lieu
du bonnet blanc qui garantissait les cheveux de la poussière. Aucune guiche
ne doit passer en dessous de ce let ; toutes doivent avoir les chevaux peignés
droits, c'est-à-dire lissés complètement ; aucun papier ni débris d'étiquette
ne doit traîner par terre (imaginez cela dans un atelier de conditionnement).
Des règlements aussi imbéciles ne pouvaient que faire éclater la colère parmi
les ouvrières. Pendant plus d'une heure nos camarades attendirent l'arrivée
du joli monsieur. Il fut accueilli par des huées formidable et il s'en fallut de
peu qu'il reçut la raclée. Le fameux contremaître Gaillard l'accompagnait,
et il paraît même qu'il n'en menait pas large.
Les ouvrières imposent leurs revendications
Cependant, le directeur parlementa. Une ouvrière, parlant au nom de
toutes ses camarades, demanda ou plutôt exigea qu'aucun renvoi ne fût fait.
Elle protesta également contre l'utilisation des fameux lets et, quant aux
guiches, elle montra que cela ne pouvait entrer en ligne de compte dans le
travail. Puis, plusieurs ouvrières réclamèrent deux blouses au lieu d'une et
à l'avenir de pouvoir travailler comme il convient, mais non en forçat. Pris
au dépourvu, le directeur ne put qu'articuler ces mots : "Bon ! Bon !", mais
le contremaître Gaillard jugea opportun de venir au secours du maître en
déclarant : "Il n'y a qu'à foutre tout le monde à la porte et demain il y
en aura 400 à l'embauche". C'est alors que se ravisant, le directeur ajouta :
"Alors, c'est la liberté française que vous voulez ?" Car ce monsieur Altwet,
soi-disant suisse, serait un farouche fasciste allemand et se serait spécialisé
pendant la guerre dans les recherches des gaz d'ypérite pour la destruction
des travailleurs que l'intérêt capitaliste avait fait dresser les uns contre les
autres.
Groupés, les travailleurs imposeront leurs volontés
13.
ANNÉE 1927
41
Nous ne sommes pas, quant à nous, décidés à nous laisser faire comme
cela. Le monsieur a eu une première leçon ; qu'elle lui soit salutaire ! Pour
moralité, tirons cette conclusion que nos excellents patriotes de capitalistes
savent bien quand leur intérêt le commande faire alliance avec ceux qu'ils
appellent "les ennemis". Ouvriers, imitez-les ! Faites avec les travailleurs
étrangers l'union de toutes vos forces, à seule n de pouvoir lutter victorieusement contre tous les Altwet. Et vous, camarades femmes, prenez-garde
à la revanche du monsieur ! Si vous voulez y parer, rentrez en masse, aux
côtés de vos camarades hommes, dans le syndicat ouvrier. Votre mouvement
montre que l'union fait la force ; mais il faut que cette union soit coordonnée.
Seule l'organisation peut faire cela.
A. Chabanon, secrétaire de la Fédération des produits chimiques.
N.B. Chaque dimanche de neuf heures à douze heures, à la Bourse du
travail de Saint-Fons, permanence pour les adhésions au syndicat ouvrier des
produits chimiques de Lyon et de la Région. 71 13.3 19 avril 1927. La quinzaine de propagande bat son
plein dans l'industrie des Produits Chimiques Augmentation des salaires ; lutte pour les huit heures ; amélioration
des conditions de travail. Au plus haut étage de la Bourse du Travail, dans
le bureau du syndicat des Produits Chimiques, nous trouvons Chabanon,
secrétaire de la Fédération Unitaire.
Tu viens sans doute glaner quelques tuyaux sur l'organisation de la quinzaine de propagande dans la 20e région ?
Oui, nous voudrions que tu donnes pour les lecteurs de L'Huma quelques
renseignements sur vos intentions et le but que vous désirez atteindre.
La situation dans les usines
Ce que nous voulons, nous dit Chabanon, c'est avant tout démontrer aux
ouvriers de notre industrie les dangers de l'oensive patronale actuelle contre
les salaires. Il faut s'y opposer à tout prix. En général, dans la 20e région,
à part dans la céramique, les salaires sont extrêmement bas. On rencontre
même dans la région parisienne des salaires inférieurs à vingt francs. Dans
les usines, les conditions d'hygiène sont déplorables.
Quelle est la situation des ouvrières ?
Franchement mauvaise. Elles peinent pendant neuf heures et dix heures
de travail pour des salaires de douze, quinze francs, rarement supérieurs...
La journée de huit heures n'est respectée nulle part. Son sabotage a lieu
systématiquement.
Alors, c'est la prime aux heures supplémentaires ?
71. Un beau mouvement dans le Rhône. Aux usines chimiques de Saint-Fons, les
ouvrières s'insurgent contre un règlement draconien , L'Humanité, no 10309, 3 mars
1927, p. 5.
42
Non. Au contraire, celles-ci sont moins payées que les heures normales,
parce que l'indemnité de vie chère ne vient plus s'ajouter au tarif horaire.
Elles ne sont pas majorées. C'est un scandale contre lequel nous demandons
à nos camarades de s'élever avec énergie...
L'organisation de la quinzaine
Notre quinzaine, poursuit Chabanon, va toucher une soixantaine d'usines
dans les quarante réunions prévues organisées avec le concours de la Fédération et des Comités intersyndicaux. Elles auront lieu dans les localités suivantes :
Saint-Denis, Clichy, Argenteuil, Gennevilliers, Ivry, Bezons, Saint-Ouen,
Puteaux, Maisons-Alfort, Saint-Maur, Aubervilliers, Vincennes, etc... pour
Paris et sa banlieue.
À Montargis, Gien, Mitry-Mory, Cramoisis, Villers-Saint-Paul, PontSainte-Maxence, Persan-Beaumont, pour le reste de la 20e région.
Pour ce gros eort de propagande, nos principaux militants sont mobilisés : Bloquet, Beckerich, Rouillot, Ducarteron, Naze, Ali, Marie Bréant et
moi-même.
Une grande partie des corporations groupées dans l'industrie des produits
chimiques seront atteintes : le caoutchouc, avec les usines Hutchinson ; Palladum, Société industrielle des téléphones ; la céramique à Argenteuil, Gien,
Pont-Sainte-Maxence, Cramoisis ; le pétrole à Ivry et Saint-Ouen ; l'encre
chez Lorilleux à Puteaux ; les colorants à Villers-Saint-Paul ; les couleurs et
vernis, acides et engrais, etc. Notre quinzaine intéresse ainsi soixante mille
ouvriers environ.
Les revendications principales
En résumé, elles sont les suivantes : défense et augmentation des salaires ;
lutte pour la journée de huit heures ; amélioration des conditions de travail ;
délégués ouvriers pour usine insalubres, sans tenir compte des nationalités
des intéressés ; extension à toutes les maladies professionnelles de la loi sur
les accidents du travail, etc. Voilà, conclut Chabanon, les raisons pressantes
de notre Quinzaine syndicale.
Dans un prochain article, nous publierons une série de renseignements que
nous a fournis notre camarade sur la marche et l'activité de la Fédération
des produits chimiques.
A. Jeandemange. 72 72. La quinzaine de propagande bat son plein dans l'industrie des Produits Chimiques , L'Humanité, no 10356, 19 avril 1927, p. 5. Trois portraits accompagnent l'article
avec pour légende : "Les camarades Chabanon et Ducarteron, secrétaires de la Fédération
unitaire des produits chimiques et Bloquet, secrétaire du syndicat de la région parisienne".
13.
ANNÉE 1927
43
13.4 20 avril 1927. La vie du parti. Le travail d'une petite
cellule d'entreprise Cet article revient sur la vie et les dicultés rencontrées par une cellule
d'entreprise dans les Établissements de transformation du plomb et zinc. Cet
article n'a pas été retranscrit 73 .
13.5 20 avril 1927. Réponse à une malpropreté. Comment
la Fédération confédérée de la pharmacie écrit l'histoire Cet article revient sur une polémique lancée par la Fédération confédérée
de la pharmacie à propos de l'ouverture dominicale de la pharmacie mutualiste de la Bellevilloise. Cet article n'a pas été retranscrit 74 .
13.6 21 avril 1927. À la fabrique de bonbons S. Martin,
des femmes gagnent un franc quatre-vingt de l'heure Cet article est signé par Marie Bréant 75 .
13.7 21 avril 1927. Dans les syndicats de la région parisienne Céramique et industries chimiques. Les ouvriers et ouvrières des usines
de Gennevilliers sont invités à assister aux réunions suivantes :
Usine du Carbone : salle des fêtes, cité Jardin à 17h30. Orateurs : Beckerich, Ali, Bréant.
Usine Ébonite Jeantet, caoutchouc Léger : à 17h30, salle Vallette, 32
avenue de Paris. Parfumerie Vivandon : même salle, à 18h30. Orateurs :
Bloquet, Marouy. 76 13.8 22 avril 1927. Dans les syndicats de la région parisienne Syndicat de la Céramique et des Industries chimiques. Les ouvriers et
ouvrières des usines ci-dessous de Levallois-Perret sont invités à assister aux
réunions suivantes :
73. La vie du parti. Le travail d'une petite cellule d'entreprise , L'Humanité, no 10357,
20 avril 1927, p. 5.
74. Réponse à une malpropreté. Comment la Fédération confédérée de la pharmacie
écrit l'histoire , L'Humanité, no 10357, 20 avril 1927, p. 6.
75. Marie Bréant, À la fabrique de bonbons S. Martin, des femmes gagnent un franc
quatre-vingt de l'heure , L'Humanité, no 10358, 21 avril 1927, p. 6.
76. Dans les syndicats de la région parisienne , L'Humanité, no 10358, 21 avril 1927,
p. 6.
44
Vieille-Montagne, maison commune, rue Cavé, à la sortie du soir. Orateur : Marie Bréant.
Wolber, salle Aujan, coin de la rue des Arts et rue Kléber, sortie du soir.
Orateur : .
Bostof, même salle, sortie du soir.
Oléo, salle coin de la rue Jean-Jaurès et rue Perrier, sortie du soir. Orateur : Beckerich. 77 13.9 23 avril 1927. Hier s'est ouvert le conseil national de
la Fédération unitaire du Verre Le conseil national de la Fédération unitaire du Verre s'est réuni, hier, à
14 heures 30 à la Bourse du Travail, 3 rue du Château-d'Eau, Paris (10e arr.),
sous la présidence du camarade Rey, délégué des coopératives.
Sur la proposition de Sue, secrétaire fédéral, il a décidé de demander à la
Fédération confédérée dans quelles conditions il sera permis aux syndicats
unitaires du Verre de rentrer en bloc dans la Fédération confédérée.
Une délégation composée des camarades Cellier (Sud-Est), Gibelin (région parisienne) et Schneider (Nord-Est) a été désignée pour se rendre au
211 rue Lafayette. Au cas où la réponse des confédérés parviendrait au Bureau fédéral après la clôture des travaux du présent conseil national, aucune
décision ne pourra être prise avant la prochaine réunion de ce dernier.
Le conseil national a également voté un ordre du jour de protestation contre l'intervention en Chine des impérialismes capitalistes et un autre contre
les menaces d'exécution de Sacco et Vanzetti.
Habert a ensuite donné lecture d'un rapport de la commission exécutive
dans lequel il se plaint du manque de liaison entre elle et le bureau fédéral,
ce qui amène un long débat sur les pouvoirs de la commission exécutive.
Le délégué du Sud-Est et celui des coopératives se plaignent, de leur côté,
d'un manque de liaison avec leurs délégués à la commission exécutive.
Comme conclusion à ce débat, le conseil national adopte le rapport du
camarade Habert, en y ajoutant que les membres de la commission exécutive
devront se tenir, autant qu'il sera possible, en rapport avec la région par
laquelle ils auront été désignés.
Aujourd'hui, il discutera du chômage, des revendications corporatives, de
la Fédération de la Céramique et des Industries chimiques. 78 77. Dans les syndicats de la région parisienne , L'Humanité, no 10359, 22 avril 1927,
p. 5.
78. Hier s'est ouvert le conseil national de la Fédération unitaire du Verre , L'Huo
manité, n 10360, 23 avril 1927, p. 5.
13.
ANNÉE 1927
45
13.10 23 avril 1927. Dans la région parisienne, les verriers
sont maintenant unis dans un seul syndicat Les ouvriers et ouvrières de l'industrie du verre (région parisienne) se
sont réunis en Congrès régional, le 10 avril. Dans un accord parfait, tailleurs,
boucheurs, verriers auxiliaires et man÷uvres ont décidé de constituer l'union
syndicale des travailleurs du verre de la région parisienne qui groupe tous les
travailleurs du verre sans distinction. Des sections techniques existeront pour
chaque spécialité, y compris auxiliaires et man÷uvres, hommes et femmes ;
dans chaque usine, ouvriers et ouvrières quelle que soit leur spécialité seront
groupés en sections syndicales et reliés à l'industrie du verre.
Le Bureau étant constitué, une campagne va commencer incessamment
pour la défense des salaires, les huit heures, de l'hygiène, du congé et de
toute question qui intéresse la défense du droit à la vie des travailleurs du
verre.
Pour renseignements en ce qui concerne l'administration, s'adresser à
Vuilleminot Paul ; pour la trésorerie, au camarade Berrier Georges, Bourse
du Travail, bureau 7 (4e étage), 3 rue du Château-d'Eau, Paris (10e arr.).
La commission exécutive se réunira jeudi 28 avril, à 18 heures 30, salle
des Commissions (4e étage), Bourse du Travail, Paris. 79 13.11 23 avril 1927. Dans les syndicats de la région parisienne Céramique et industries chimiques. Les ouvriers et ouvrières des usines
suivantes d'Aubervilliers sont invités à assister aux réunions ci-dessous qui
auront lieu aujourd'hui :
Kuhlmann, Bardon, Ytier, Moritz, salle Ravera, ancienne maison Pierrot,
à 17 heures 30. Orateurs : Bloquet, Ducarteron.
Saint-Gobain : salle du bureau de tabac face à la sortie à 17 heures.
Orateurs : Beckerich, Naze.
Les collecteurs et délégués d'usines, ainsi que les isolés devront venir
chercher les journaux à la permanence samedi ou dimanche matin. 80 13.12 24 avril 1927. Le conseil national de la Fédération du
Verre discute du resserrement et entend le représentant de la CGTU Le conseil national de la Fédération unitaire du Verre s'est continué,
hier, sous la présidence du camarade Kuntz, de la région du Centre. Après
un exposé de la situation nancière, la commission exécutive demande au
79. Dans la région parisienne, les verriers sont maintenant unis dans un seul syndicat ,
, no 10360, 23 avril 1927, p. 5.
80. Dans les syndicats de la région parisienne , L'Humanité, no 10360, 23 avril 1927,
p. 5.
L'Humanité
46
conseil national de désigner un de ses membres pour assister aux réunions
de la commission de contrôle. Il est décidé que celle-ci fournira régulièrement
un rapport à la commission exécutive.
Le conseil national discute ensuite des modications à apporter aux
statuts fédéraux. Les plus importantes intéressent la composition de la commission exécutive qui comprendra : un délégué par région, les trois membres
de la commission du journal et les deux secrétaires fédéraux et le mode de
représentation des syndicats dans les congrès. Elle sera décomptée suivant le
nombre de timbres pris entre les deux congrès.
Ducarteron, rapporteur de la commission chargée d'étudier les possibilités
de resserrement entre la Fédération du Verre et celle de la Céramique et
des Industries chimiques, fait un compte-rendu des pourparlers qui se sont
poursuivis depuis le Congrès de Vierzon.
Les quelques points qui restent à régler intéressent la cotisation, l'organisation des sections techniques et des syndicats régionaux. Ducarteron
demande que dès maintenant les deux fédérations publient leur journal en
commun et que le conseil national du Verre se tienne au même endroit et à
la même date que le prochain congrès de a Fédération de la Céramique et
des Industries chimiques.
Herman voudrait qu'en raison de l'esprit corporatif des verriers, on ne
prenne aucune décision dénitive avant qu'ils y soient bien préparés.
Sue pense que le corporatisme doit disparaître et qu'avec une propagande
active, la fusion doit être réalisée au Congrès de 1928.
Le conseil national adopte la proposition de Ducarteron, en y ajoutant
qu'une circulaire devra être envoyée aux syndicats, an de connaître leur avis
sur la publication d'un journal commun aux deux fédérations.
La parole est ensuite donnée à Berrar, secrétaire de la CGTU, qui fait un
exposé complet des décisions prises par le dernier CCN unitaire concernant
le chômage, la lutte contre la diminution des salaires et la rationalisation du
travail. Puis, passant à l'unité syndicale, Berrar rappelle les propositions des
unitaires, la réponse des confédérés et les conditions imposées aux syndicats
de fonctionnaires. "Il reste aux unitaires, dit-il, à toucher directement les
travailleurs confédérés, notamment pour le Premier mai, en organisant des
manifestations en commun."
Sur la demande de Sue, le secrétaire confédéral donne quelques explications sur la façon dont la CGTU comprend le resserrement syndical et
le conseil nationam se sépare, après avoir élaboré un programme de propagande. 81 81. Le conseil national de la Fédération du Verre discute du resserrement et entend
le représentant de la CGTU , L'Humanité, no 10361, 24 avril 1927, p. 5.
13.
ANNÉE 1927
47
13.13 27 avril 1927. Dans les syndicats de la région parisienne Céramique et industries chimiques. Réunions aujourd'hui des ouvriers
et ouvrières de :
Société Industrielle des Téléphones, Bezons : à la sortie du soir, salle de
l'Ancienne Mairie. Orateurs : Bloquet, Bréant.
Compagnie des Huiles de Pétrole, Saint-Ouen : à la sortie du soir, salle
Toto, quai de Seine, angle rue de Paris. Orateurs : Chabanon, Boché.
Blancherie de Thaon (caoutchouc), Saint-Ouen : à la sortie du soir, salle
de la Coopé L'Abeille. Orateurs : Beckerich. 82 13.14 25 juillet 1927. Ça sent le pétrole ! On se préoccupe vivement, en ce moment, du problème du pétrole. On
répète volontiers la formule : "le pétrole est Roi !" Oui ! Il est roi plus que
l'or lui-même. Les trusts qui dominent l'industrie et la répartition de l'huile
précieuse sont présentement les deux forces capitalistes les plus puissantes
du monde. La Standard Oil américaine dispose d'un capital de plusieurs
milliards de dollars (un dollar, 25 francs 50). La Royal Dutch anglaise est
tout aussi riche. La première est dirigée par Bedford et Teagle, la seconde
par Deterding. Il n'est ni roi, ni empereur, ni président de la République
qui ne s'incline devant ces vigoureux capitaines d'industrie. Par ce temps
de "démocratie", tout plie devant ces seigneurs souverains. La Standard et
la Royal se sont disputées jusqu'à présent la prédominance. Elles se battent
comme des chiens dans l'univers pour s'arracher les puits et pour s'enlever les
marchés. Ayant accaparé la plus grosse partie de la matière première de toute
la planète, elles prétendent tenir sous leur joug les nations et les individus. La
machine sociale entière de l'impérialisme ne peut plus marcher que si elle est
alimentée par une immense production de mazout et d'essence. Les navires de
guerre, ceux du commerce, les autos, les avions, les transports par terre, par
l'eau et par l'air en absorbent des quantités chaque jour plus prodigieuses.
Nous sommes à l'âge de l'huile et ceux qui la détiennent, ont dans leurs
mains les véritables leviers de commande de tout le système économique et
politique mondial.
Si l'on veut comprendre les événements sociaux auxquels nous assistons,
c'est au problème du pétrole qu'il importe de se référer. Les intérêts des
pétroliers règlent la paix et la guerre ; ils disposent des banques et de la
grande presse, dite libre ; des gouvernants et des gouvernés. Qui ose se mettre en travers de leur route est menacé de mort et leur rancune ne connaît pas de pitié. Nous dirons un jour l'histoire de leur passé an que l'on
comprenne leurs agissements constants et que l'on apprécie leur attitude en
82. Dans les syndicats de la région parisienne , L'Humanité, no 10364, 27 avril 1927,
p. 6.
48
cette période de l'histoire. Les travailleurs communistes sont directement intéressés à suivre dans leur détail, les évolutions des accapareurs de l'huile.
Nous entreprenons ici d'en faire la preuve au cours d'une campagne où seront
apportés les documents les plus clairs. Les lignes générales de l'action des
trusts pétroliers peuvent déjà être indiquées par une constatation préjudicielle : en face des trusts, tous les pouvoirs ont cédé. Et les accapareurs se
attaient d'avoir étendu assez avant leur domination sur toutes les sources
du pétrole des deux continents pour demeurer les maîtres incontestés des
peuples quel qu'ils soient. Mais voici que, par aventure, il trouve la Russie
soviétique. Le pays de la Révolution possède, en eet, les gisements de pétrole les plus considérables aujourd'hui connus. Et grâce à cette richesse, en
acte et en puissance d'une inestimable valeur, le gouvernement des ouvriers
et des paysans se dresse comme le concurrent le plus sérieux des trusts qui
pensaient avoir le chemin tout à fait libre. Et comme la Russie révolutionnaire entend ne pas aliéner son bien, le combat est engagé entre elle et le
Deterding de la Royal Dutch.
Si, dans ces derniers mois, la campagne contre la Russie des Soviets et
contre le communisme a pris la forme aiguë et sauvage que chacun a pu
constater dans la presse blanche universelle, c'est là qu'il faut en chercher
l'origine et la cause. Le chef d'orchestre de cette musique, c'est le pétrolier
Deterding. Du haut de sa pile de milliards, il bat la mesure et les exécutants
à ses ordres font à travers le monde un bruit infernal. Il faut entraîner,
aoler l'opinion, créer des courants contre le communisme sanguinaire, contre
Moscou criminel, contre les barbares et les vendus. On connaît l'antienne !
Tout cela, parce que les Soviets ont exproprié les capitalistes à la Deterding et parce qu'ils refusent de livrer à ces brigands les richesses rendues
au prolétariat russe. Nous établirons la vérité d'évidence en démasquant les
complicités de la presse, des gouvernants et des partis politiques qui sont au
service et à la solde de ce gentleman, roi du pétrole !
M. C. 83 13.15 26 juillet 1927. La souveraineté de la Standard et de
la Dutch, reines du pétrole Hier, nous avons rappelé qu'il existe deux trusts géants qui ont accaparé
une grande partie du pétrole du monde ; l'un est américain, la Standard Oil ;
l'autre anglais, la Royal Dutch. D'un mot, disons que la Standard contrôle
la production, le transport et la vente de douze millions et demi de tonnes
par an et que la Royal va jusqu'à plus de quatorze millions de tonnes.
La Standard, souveraine des États-Unis
83. Ça sent le pétrole ! ,
L'Humanité
, no 19452, 25 juillet 1927, p. 1.
13.
ANNÉE 1927
49
La Standard remonte à 1867. En soixante ans, sous l'impulsion d'abord
du vieux Rockefeller, puis de ses successeurs Bedford et Teagle, elle est arrivée aux résultats suivants : elle exerce son activité sur tous les points du
globe où il y a du pétrole : aux États-Unis, dans tous les pays de l'Amérique
du Nord, de l'Amérique du Sud et au Mexique ; en Roumanie, en Pologne,
au Caucase, dans les Indes néerlandaises, en Mésopotamie. Elle préside un
énorme domaine minier, des usines de ranage, des comptoirs de distribution et de vente. Elle détient un matériel immense de chemins de fer, de
transports par bateaux-citernes, de réservoirs, de matériel de forage et de
pompes. La Standard est tellement puissante qu'elle domine ouvertement le
gouvernement des États-Unis. Elle tient les gouvernants, les ministres, les
Chambres ; elle crée des scandales politiques, périodiques et constants. Elle
a bravé et bafoué Roosevelt, Wilson, tous les présidents de la République
Yankee. Elle a été dissoute et a violé impunément la loi. Elle a écrasé ses
concurrents par les procédés les plus brutaux, les plus inhumains, les plus
immoraux. De gros volumes ont été écrits sur ce sujet aux États-Unis. Chacun le sait, mais la Standard n'en a cure.
53 milliards de réserve
Quand on lit les comptes-rendus nanciers de la gestion de la maisonmère (la Standard Oil of New Jersey) et de ses succursales, on y trouve des
perles rares : "les résultats de l'exploitation ne sont communiqués qu'aux
actionnaires". Vous vous rendez compte ! Cependant, ces précautions prises,
voici les aveux qu'on ne peut pas dissimuler. Les bénéces de l'année 1923
se sont élevés à un milliard et demi de francs. Les réserves se montent à
53 milliards. Cinquante-trois milliards !
Les possessions pétrolifères des Anglais
Passons à la Royal Dutch ! Celle-ci est née en 1890, vingt-trois ans après
sa concurrente américaine. Mais c'est seulement à partir de 1907, il y a vingt
ans, qu'elle a pris son développement formidable d'aujourd'hui. Les capitalistes britanniques ont compris à ce moment qu'il était impossible de laisser
la marine anglaise à la discrétion des pétroliers américains. Un homme d'un
remarquable esprit d'organisation s'est levé, et aujourd'hui la Royal Dutch
et ses liales produisent ou contrôlent la vente de quatorze millions de tonnes
de pétrole, tandis que la Standard ne dépasse pas douze millions et demi.
Deterding a égalé ou dépassé Rockefeller. La Royal a réalisé en 1923 un milliard de bénéces nets. Ses actions ont triplé ; ses réserves s'élèvent à un
chire astronomique. Elle détient l'huile de la Mésopotamie, de la Malaisie,
de l'Égypte, des Indes Néerlandaises, Java, Sumatra, Bornéo. Elle possède
une compagnie de transport de pétrole, la Shell, la plus forte du monde.
Ajoutons que les anglais possèdent à côté de la Royal une autre société très
importante : l'Anglo-Persian, qui produit cinq millions de tonnes et à l'administration de laquelle le gouvernement anglais participe par l'intermédiaire
50
de son Amirauté.
La consommation française sous le joug
En ces quelques notes brèves, on ne peut que noter les têtes de chapitres
du livre du pétrole. À elles deux, la Royal et la Standard disposent de plus de
vingt-six millions de tonnes d'huile par an. Rappelons comme terme de comparaison que la consommation entière de la France s'élève à deux millions
de tonnes environ et que le sous-sol français en produit 60 000 à peine. La
France est donc tributaire des pays étrangers pour deux millions de tonnes
de mazout, essence et dérivés, qui lui coûtent plus de deux milliards par
an. Et présentement ses fournisseurs essentiels sont les deux grands trusts
qui l'exploitent à fond. Comment échapper à leur mainmise, à leur domination, à cette honteuse mise en coupe réglée ? C'est le problème qui occupe
à cette heure une des premières places dans l'opinion des politiciens. La
puissance matérielle et nancière des grands pétroliers est telle que tous nos
gouvernants tremblent devant eux. Et le problème se complique encore par le
fait que la Russie bolchevique s'ore à aider le gouvernement capitaliste de
Paris à secouer le joug intolérable des accapareurs anglo-saxons. Nous verrons demain quelle est la situation générale du marché français. Puis nous
examinerons ses possibilités d'indépendance.
M. C. 84 13.16 27 juillet 1927. La France capitaliste vassale des
trusts du pétrole Jamais, dans l'histoire humaine, des puissances capitalistes n'atteignirent la prodigieuse ampleur des deux compagnies pétrolières dont nous rappelons ici les hauts faits. Nous disions hier que les bénéces annuels, avoués
et connus de la Standard Oil s'élevaient à un milliard par an ; que ses
réserves étaient de 53 milliards. Un journal hollandais, la Rotterdamsche
Bankvereeniging, précise ces données : "La Standard comprend 35 sociétés
dont la capitalisation boursière se montait au 31 décembre dernier, à quatre milliards six cents millions de dollars (traduisez en francs : 117 milliards
de francs)". Le même journal ajoute pour la Royal Dutch anglaise : "Le
groupe Royal Dutch-Shell représente un milliard deux cent trente-cinq millions de dollars (soit trente-et-un milliards de francs). L'Anglo-Persian seize
milliards". Mais ajoutait l'organe hollandais, "le groupe Royal Dutch est
beaucoup plus fort que les chires précédents n'en témoignent". Voilà donc
campées les deux organisations maîtresses de l'huile minérale. Plus fortes que
les plus grands États, elles font marcher l'univers. Nous sommes en un siècle
où la souveraineté du charbon est peu à peu éclipsée par celle du pétrole. Qui
tient le pétrole, tient le monde, tient la paix, tient la guerre. Ainsi le veut la
84. La souveraineté de la Standard et de la Dutch, reines du pétrole ,
no 10453, 26 juillet 1927, p. 1 et 2.
,
L'Humanité
13.
ANNÉE 1927
51
loi de l'impérialisme qui prend en pitié les discussions académiques des socialistes et des radicaux sur les prétendus droits de l'homme et sur la démocratie
moderne. L'impérialisme prouve, par son existence et son développement,
qu'il y a la loi de l'argent, le droit de l'argent et c'est tout !
Passons aux agissements des deux compagnies accapareuses en France.
Ayant monopolisé plus de 70 % de la production mondiale de l'huile, elles
se sont partagées la fourniture de la plus grande partie de la consommation
en notre pays. Rien que pour cette dernière décade, elles ont prélevé sur
lui une dîme qui s'élève à plusieurs milliards. Elles alimentent en pétrole
pour l'éclairage, en essence pour taxis, autos, camions, tracteurs, moteurs et
avions, enn en huiles de graissage. Chaque année, la consommation grandit
dans d'énormes proportions. Chaque année, par conséquent, les bénéces
réglés par les rois du pétrole s'amplient et progressent par dizaines de millions.
Les sociétés françaises de distribution
Il y avait jusqu'ici, en France, dix sociétés capitalistes qui s'étaient assurées, par une entente discrète et fort protable, la distribution et la vente
du pétrole et de ses dérivés, qu'elles achetaient aux producteurs. Citons-les,
elles sont bien connues des initiés, et leur histoire, à celles-là aussi est bien
édiante :
Ce sont : 1o La Pétroléenne de Fenaille et Despeaux ; 2o Lille, Bonnières
et Colombes ; 3o Les Desmarais frères ; 4o Les Lesieur et ses ls ; 5o Paix et
Cie ; 6o Deutsch de la Meurthe ; 7o La Compagnie industrielle des Pétroles ;
8o La Compagnie Générale du Pétrole ; 9o La Ranerie de Pétrole du Nord ;
10o La Ranerie du Midi.
Saluez ces noms, camarades ! Ces sociétés-là vous coûtent cher ! Elles ont
dominé les prix de l'huile dans notre pays à leur convenance, sans que jamais
les gouvernants aient songé à mettre un terme à leurs bénéces. Elles ont
réalisé, avant la guerre et depuis la guerre, des gains s'élevant à plusieurs
centaines de millions sur les consommateurs. Elles s'entendaient entre elles
pour xer les prix ; elles nous rançonnaient tous sous l'÷il bienveillant des
dirigeants quels qu'ils fussent, de droite ou de gauche, impuissants et complices.
Les trusts ont absorbé les maisons françaises
Maintenant, la plupart d'entre elles ne sont plus que des liales des deux
grands trusts. La Standard Oil a mis la main sur la Pétroléenne de Fenaille et
Despeaux, ainsi que sur la Compagnie Générale des Pétroles. La Royal s'est
octroyé la Société Maritime des Pétroles et la Société Deutsch de la Meurthe
qui s'est transformée en Compagnie Jupiter. On voit que les pétroliers ne
craignent pas de se comparer au vieux roi des dieux païens. L'Anglo-Persian
a avalé la rme Lesieur et ses ls, ainsi que celle de Paix et Cie . Elles sont devenues la Société Générale des Huiles de Pétrole. La Compagnie Industrielle
52
des pétroles est tombée sous le contrôle de l'American Sinclair. Désormais,
les trusts anglo-saxons, ayant ainsi absorbé les anciennes maisons françaises,
il leur est loisible de nous imposer, sans intermédiaires, leurs prix, leurs
exigences et leurs ordres. La France capitaliste s'avise un peu tard qu'elle est
prise à la gorge et vassalisée. Nous verrons, demain, grâce à quelles responsabilités elle en est venue là.
M. C. 85 13.17 28 juillet 1927. Ça sent le pétrole... Les pétroliers
français sous la domination de Rockefeller et de Deterding Avant de capituler devant l'étranger, ces messieurs avaient rançonné le
pays durant la guerre comme pendant la paix. Depuis plusieurs années, deux
grands trusts anglo-saxons fournissent presque tous les pétroles et essences
consommés en France. Jusqu'à ces derniers temps, les trusts vendaient leur
marchandise à une dizaine de sociétés capitalistes françaises, qui la répartissaient dans notre pays moyennant d'honnêtes prélèvements. Ces sociétés,
dont nous avons donné la liste, étaient restées indépendantes des trusts. Elles
étaient réunies entre elles en un cartel qui leur permit, durant de longues
années, de rançonner leurs concitoyens comme des brigands de grande route.
Maintenant, la plupart de ces compagnies capitalistes sont devenues de simples liales des trusts anglo-saxons. De telle manière que la mainmise de la
Standard, de la Royal et de l'Anglo-Persian est à peu près complète sur notre
marché.
Une exploitation de trois quarts de siècle aboutit à la trahison
Et voilà que de toutes parts, dans tous les clans de politiciens de droite
comme de gauche, s'élèvent des protestations véhémentes sur la vassalité
ainsi établie de la France victorieuse. Comme on ne peut, sans le pétrole et
sans ses dérivés, vivre pendant la paix ni encore moins poursuivre une guerre
quelle qu'elle soit sur terre, sur mer, dans les airs, on comprend l'eroi et
les angoisses de nos dirigeants à la révélation d'un pareil état de choses.
Comment en est-on venu là ? La réponse est écrasante pour le capitalisme
pétrolier français. Les dix sociétés d'avant-guerre avaient réalisé des bénéces
énormes en vendant d'abord le pétrole lampant, qui constituait en notre pays
l'éclairage populaire depuis près de soixante-dix ans. Puis, lorsque se développèrent les progrès dans les transports de tout ordre, leurs aaires avaient
atteint une prospérité inouïe. Nos pétroliers, les Despeaux, les Deutsch de
la Meurthe, pour ne parler que de ceux-là, comptaient parmi les rois de la
République aux côtés des grands métallurgiques, des grands banquiers et des
85. La France capitaliste vassale des trusts du pétrole , L'Humanité, o 10454, 27 juillet
1927, p. 1 et 2.
13.
ANNÉE 1927
53
grands assureurs. De combien de milliards leurs puissantes compagnies ontelles dépouillé les travailleurs français ? C'est un chire dicile à xer. Elles
ont toujours dissimulé leurs bénéces de la manière la plus malhonnête, an
d'échapper au sc, et aussi an de ne pas attirer l'attention sur l'étendue de
leurs vols. Qu'il nous suse de rappeler un article des statuts de l'une d'entre
elles (La Pétroléenne) où il est armé publiquement et cyniquement : "Les
résultats de l'exploitation seront conés seulement aux actionnaires". L'attitude de ces brigands du pétrole fut telle, pendant la guerre, que Clemenceau
fut contraint de les déposséder provisoirement de leur puissance ; ils refusaient de sacrier leurs immenses prots aux nécessités du ravitaillement de
l'armée, et le vieux Tigre lui-même fut contraint de les étrir et de dénoncer leur esprit de lucre au moment le plus dangereux de 1918 ! Au bilan des
pétroliers français se xe donc la trahison, à côté de l'exploitation inouïe du
pays pendant trois-quart de siècle. Ils ont clos ce cycle brillant en livrant leur
matériel aux agents des trusts internationaux et en jugulant ainsi la liberté
de la nation.
Sous la coupe des Anglo-Saxons
Aujourd'hui, leurs installations et leurs entrepôts, répandus sur tous les
points du pays, à Aubervilliers, à Rouen, au Havre, à Bègles, à La Pallice,
à Cette, à Frontignan, à Bordeaux, à Blaye, à Dunkerque, à la GarenneColombes, à Saint-Louis-du-Rhône, à Balaruc, à Wasquehal, sont tombés
sous le contrôle des impérialistes anglo-saxons de l'huile. Eussent-ils pu éviter
cette vassalisation ? Ce n'est pas douteux. Les grands pétroliers français,
pareils en cela à tous les bourgeois de notre pays, ont fait preuve, au cour
du dernier demi-siècle, de l'infériorité la plus éclatante vis-à-vis de leurs
congénères des États-Unis, de Grande-Bretagne et d'Allemagne.
Les bénéces prélevés par eux sur la nation, ils les capitalisaient ici, au
lieu de s'en servir, à l'exemple des capitaines d'industrie étrangers, pour la
recherche des sources de la matière première. Les anglo-saxons furent plus
hardis ; leur audace et leur goût du risque les ont rendus maîtres des marchés,
et ils dominent désormais la production et l'échange dans l'univers entier.
La bourgeoisie française, rapace et voleuse, mais d'esprit étriqué et mesquin,
n'a produit que des exploiteurs sans imagination et sans envergure. Dans
la bataille internationale de l'économie, leurs conceptions de thésaurisation,
de prêts aux États véreux, d'usure sordide ne leur ont pas permis les vastes
desseins grandioses d'un Rockefeller ou d'un Deterding. C'est pourquoi, à
l'heure présente, ils ne sont plus que les vassaux dorés, les courtisans de ces
grands seigneurs qui jouent le rôle des monarques.
Les pétroliers français sont vaincus
Les plaintes et les gémissements des gouvernants et des politiques bourgeois n'y changeront rien. La domination des trusts est dans la nature des
choses ; elle est la loi de l'évolution. Ceux des capitalistes qui eurent assez
54
d'intelligence, d'esprit d'initiative pour le comprendre sont désormais les
maîtres du marché. Les nôtres sont vaincus. Et, pour échapper à l'hégémonie
des vainqueurs, les issues sont diciles. 86 13.18 16 août 1927. Ça sent le pétrole... La lutte pour et
contre le monopole Nous avons vu que pour échapper à la mainmise et à la lourde domination des trusts internationaux du pétrole, il serait nécessaire que la France
s'adressât à la Russie productrice. Même dans la période capitaliste présente,
on pourrait arriver ainsi à restreindre dans certaines limites la toute-puissance
de l'impérialisme anglo-saxon si pesant et si gros de périls. Mais il ne sut
pas que l'État s'assure par le monopole d'importation une quantité susante
de matière première, de pétrole brut. Il faut ensuite le raner. Il faut ensuite
distribuer, vendre, faire parvenir dans toutes les régions du pays les essences
et tous les sous-produits. Ils sont désormais aussi indispensables que le charbon à la vie économique de l'industrie, des transports et de l'agriculture
elle-même. Or, comme chacun le sait, du reste, cette distribution et cette
vente sont assurées depuis longtemps en France par une dizaine de riches
compagnies capitalistes liées entre elles par un Cartel. Elles sont maintenant
sous la coupe des trusts internationaux et dominées par eux. Les trois plus
importantes de ces sociétés (Desmarais, Fenaille et Despeaux, Deutsch) fournissent à elles seules la moitié de la consommation nationale. Il y a longtemps
qu'elles ne ranent plus. Elles se contentent d'acheter à l'étranger et de vendre à chers deniers à la consommation. D'industrielles qu'elles étaient jadis,
elles sont devenues purement commerçantes. Les anciens raneurs ne sont
plus que les fermiers généraux du sc moderne et les agents des pétroliers
étrangers. Ils ont suivi la ligne du moindre eort. À ce jeu, les dix sociétés
du Cartel ont réalisé dans le passé et réalisent encore d'honnêtes prots. Ces
prots, nul en dehors de leurs conseils d'administration n'en connaît le taux.
Ils avouent 160 millions net par an, sans compter naturellement les innombrables tours de bâton, dissimulation de bénéces, amortissements, réserves
et malhonnêtetés classiques des bilans de conseils d'administration. Le tout
dépasse, à l'estimation des techniciens, un demi-milliard par an. Comme leur
exploitation date déjà de plusieurs décades, il est aisé d'imaginer quels ont
été les prélèvements des pétroliers français. Ils sont de l'ordre de grandeur
de plusieurs milliards.
Les partisans du monopole estiment, non sans raison, que ces sommes-là
seraient beaucoup plus utilement canalisées vers les caisses de la collectivité que vers les cores-forts des parasites des compagnies. Les partisans du
monopole rappellent que l'on a dû recourir, il y a dix années, au dessaisissement des cartellistes pétroliers ; ils veulent que l'expérience abandonnée
86. M. C., Ça sent le pétrole... Les pétroliers français sous la domination de Rockfeller
et de Deterding , L'Humanité, no 10455, 28 juillet 1927, p. 1.
13.
ANNÉE 1927
55
depuis 1923 soit reprise à cette heure. Ils saisissent le Parlement qui devra
en discuter au cours de la session d'octobre. Les pétroliers s'apprêtent à
défendre énergiquement leurs positions et leurs privilèges. Ils mettent déjà
tout en ÷uvre pour l'attaque, et nous assistons aux mêmes intrigues, aux
mêmes préparations de l'opinion par la presse, dont nous fûmes récemment
témoins lors de la discussion sur le monopole des allumettes. Ils viennent de
lancer en circulation une petite brochure très claire et très fausse. Les bons
apôtres prétendent y démontrer que le monopole du pétrole, c'est l'essence
chère, tandis que leur gestion à eux, n'est-ce pas, assure un produit d'un
impressionnant bon marché. Ce n'est pas l'avis des chaueurs et des usagers
de leur marchandise.
Quels sont leurs arguments ? Ils disent : "Si l'on veut installer le monopole
de l'industrie et du commerce du pétrole en France, il faut que l'État s'impose
une dépense initiale de plus de cinq milliards". Il devra d'abord racheter les
installations des pétroliers. Coût : deux milliards. Il faudrait installer deux
puissantes distilleries : deux autres milliards. Il devrait construire une otte
pétrolière : un milliard et quart. Enn, il serait contraint de racheter les
stocks actuellement existants et il lui en coûterait près de six cents millions.
Ainsi, l'État, déjà si pauvre et dont les nances sont si mal en point, serait
dans l'obligation de distraire dès l'abord cinq à six milliards de ses caisses.
Où voulez-vous qu'il les trouve, ajoutent les pétroliers triomphants. Vous
voyez bien que cette condition primordiale de l'établissement du monopole
ne saurait être satisfaisante dans l'état présent du budget !
Donc, les partisans du monopole, si on les suivait, engageraient la nation dans une folle aventure. Il vaut mieux, évidemment, laisser les choses en
l'état et ne pas déranger les petites combinaisons des trusteurs, accapareurs
et exploiteurs du pétrole, de l'essence et des huiles minérales. Les communistes auront à examiner la valeur de ces sophismes. Ils auront aussi à xer
leurs idées sur les conditions exigées par un monopole pratique et productif. Ils devront se demander si l'État capitaliste est en mesure d'assurer la
marche normale d'une production industrielle et commerciale au prot de la
collectivité sans violer les propres lois de son existence.
M. C. 87 13.19 9 octobre 1927. Le fait syndical. La Fédération des
industries chimiques et de la céramique va tenir son
congrès le 30 octobre à Lyon Les 30, 31 octobre et le 1er novembre, à Lyon, se tiendra le Congrès
de la Fédération Unitaire de la Céramique, des Industries Chimiques et Parties similaires. Cette Fédération, encore peu importante par le nombre de
87. Ça sent le pétrole... La lutte pour et contre le monopole , L'Humanité, no 10474,
16 août 1927, p. 4.
56
syndiqués qu'elle groupe (20 000), est néanmoins une de celles où le prolétariat est le plus dense dans les usines, où l'exploitation des femmes et
des ouvriers étrangers est la plus accentuée. D'autre part, le nombre de travailleurs de ces industries s'accroît sans cesse, avec rapidité. Chaque année,
de nouvelles usines sont édiées. Et l'époque n'est pas lointaine où la grande
industrie chimique sera parmi les plus importantes par le nombre de prolétaires qu'elle occupera. C'est le devoir des militants d'être attentifs aux
transformations de l'économie capitaliste. L'essor de la chimie et de ses produits durant la guerre, et surtout celui des produits de synthèse actuellement,
doit être sérieusement examiné par tous nos secrétaires d'unions régionales.
Le Congrès de Lyon si l'on tient compte de ces considérations aura donc
une grosse importance pour notre mouvement syndical. Son ordre du jour,
d'ailleurs, est fort intéressant. Et nous pensons que sa représentation par
délégués directs devra être assurée dans la mesure la plus large. D'importants rapports y seront discutés, notamment sur les assurances sociales,
l'extension de la loi sur les maladies professionnelles, la concentration et la
rationalisation capitalistes, les dangers de la guerre et le rôle des travailleurs
de l'industrie chimique, les délégués ouvriers à l'hygiène et à la sécurité, les
syndicats régionaux et semi-régionaux, l'unication des salaires sur le plan
national et par industrie, les congés payés, les huit heures. On voit que, dans
le domaine des revendications immédiates, il sera d'un puissant intérêt pour
les délégués.
L'extension de la loi sur les maladies professionnelles et l'institution de
délégués ouvriers à l'hygiène et à la sécurité sont deux points dont la discussion était d'une absolue nécessité. Cette industrie est certainement celle
où le nombre des accidents et des maladies est le plus élevé. Il appartiendra
aux camarades délégués de province de venir compléter, des enseignements
de leur expérience à l'usine, les indications déjà importantes contenues dans
les rapports de Chabanon et Naze. Enn, gurent également à l'ordre du
jour l'examen de la situation économique en général, de celle de l'industrie
de la porcelaine, des huileries et savonneries, etc., et la fusion avec le verre.
Des débats de Lyon doivent sortir des décisions précises tendant à orienter
la Fédération de l'Industrie Chimique vers un plus large recrutement qui lui
donnera, dans la CGTU, la place d'importance par sa puissance qu'elle
y doit conquérir.
J. R. 88 88. J. R., Le fait syndical. La Fédération des industries chimiques et de la céramique
va tenir son congrès le 30 octobre à Lyon , L'Humanité, no 10528, 9 octobre 1927, p. 5.
13.
ANNÉE 1927
57
13.20 9 octobre 1927. Travailleurs des produits chimiques
dont l'organisme est rongé jour à jour... 500 000 prolétaires fabriquent en France les poisons industriels et
l'arme chimique de la future guerre impérialiste "L'industrie chimique est la première des industries clefs et aucun eort
ne saurait être négligé pour lui permettre de vivre et de prendre de l'extension... Notre devoir est cependant de ne laisser concurrencer qu'à armes égales
et en tenant compte du concours que celles-ci pourraient apporter au pays
en cas d'événements qui, d'ailleurs, auront d'autant moins de chances de se
reproduire que lesdites industries seront mieux à même de collaborer ecacement et rapidement à sa défense." Extrait du rapport de M. Bokanowski
sur le nouveau tarif douanier.
Les industries de la chimie sont plus communément connues sous l'appellation générique d'industrie chimique. C'est bien, dans l'après-guerre, la
première des industries clefs ; ce sera aussi - "en cas d'événements qui pourraient se reproduire" - celle dont les travailleurs seront astreints, en vertu de
la loi Paul-Boncour, à collaborer "ecacement et rapidement à la défense
du pays", ce qui, dans le style gouvernemental de la bourgeoisie, signie :
fabriquer, pour la guerre impérialiste, des gaz vénéneux, des poudres, de monstrueux engins de destruction. C'est, aussi, l'industrie qui, dans la guerre de
classe sera appelée à fournir à la défense capitaliste les moyens de brûler,
d'asphyxier, d'empoisonner le prolétariat dressé contre ses exploiteurs.
Ces seules "possibilités" de l'industrie chimique suraient amplement
à mériter l'attention soutenue que tous les révolutionnaires doivent porter
sur la gigantesque évolution de cette branche de la production, et sur le
prolétariat de cette catégorie.
Mais il est d'autres raisons encore plus péremptoires - si l'on peut dire - de
l'intérêt que les organisations syndicales se doivent de prendre à cette partie
de l'économie capitaliste. L'industrie chimique n'est pas seulement devenue
la principale industrie de guerre, elle est aussi l'industrie tentaculaire type.
Pas une fabrication qui n'en dépende, soit au cours des transformations des
matières premières qui la composent, soit au cours même de la confection
des objets fabriqués.
Une grève eective, totale de l'industrie chimique paralyserait toute la
production industrielle. C'est là une constatation de fait.
Colorants et explosifs
Enn, l'industrie chimique est le véritable Janus industriel aux deux visages. Les deux citations ci-dessous sont d'une éloquence qui se passe de commentaires : "... Les fabriques normalement et légitimement utilisées pour
la fabrication de produits chimiques, y compris les produits colorants, peuvent être adaptées à la fabrication de gaz toxiques avec une rapidité plus ou
moins grande, ainsi qu'il est précisé comme suit : aucun délai de transfor-
58
mation n'est à prévoir pour les gaz toxiques qui sont actuellement produits
en grande quantité dans l'industrie : parmi ces gaz, on peut citer tout particulièrement le chlore et le phosgène. Pour les gaz toxiques qui sont fabriqués
actuellement par l'industrie, mais en quantité insusante pour les besoins
de la guerre, quelques semaines susent pour accroître la production dans
une proportion susante." (1)
"Faut-il rappeler, en eet, que les produits intermédiaires, c'est-à-dire
ceux par lesquels, partant des goudrons, on passe pour arriver aux chromogènes, donnent indiéremment, suivant le traitement auquel on les soumet
dans la suite, des colorants ou des explosifs. Sans modication d'outillage,
on fait à volonté de ces produits intermédiaires, un rouge, un jaune, un violet
ou bien la mélinite, la tolite, la xylite, les cheddites. Voilà le fait indéniable."
(2)
Environ 500 000 hommes et femmes sont employés en France, dans les
grandes branches de l'industrie chimiques : acides, bases, sels et électrochimie, huiles, parfums et savons, matières colorantes et explosifs, produits
pharmaceutiques, engrais, caoutchouc, céramique. L'industrie houillère et
l'industrie gazière - qui produisent des "synthèses" sont en dehors de ce
nombre.
Il y a donc des milliers et des milliers de travailleurs et de travailleuses à
organiser, à défendre, à protéger contre le lent empoisonnement qui délabre
jour à jour leur organisme ; il y a tout le prolétariat à sauvegarder des eets
de la guerre ; il y a surtout à répondre au tenace acharnement de concentration d'une poignée de sur-proteurs de guerre par l'organisation méthodique,
serrée, de centaines de milliers de prolétaires âprement exploités et dont les
salaires inmes sont une dérision en regard des risques qu'ils courent journellement et de la peine immense que représente leur dur labeur.
J. Raveau.
(1) Conclusions du rapport du comité préparatoire du désarmement.
(2) D'un article paru dans la Journée Industrielle du 10 juin 1926, sous
le titre suggestif : Qui fabrique des colorants organiques est outillé pour
faire des explosifs . 89 13.21 11 octobre 1927. Travailleurs des produits chimiques
dont l'organisme est rongé jour à jour...(1) Sous-sol,
industrie gazière, caoutchouc, verre, céramique sont
des industries chimiques Sur 500 000 travailleurs des industries de la chimie, 20 000 sont syndiqués à la CGTU, 6 000 à la CGT. Or, compte tenu de l'évolution présente
de l'économie capitaliste et de ses tendances à la plus ou moins grande
89. J. Raveau, Travailleurs des produits chimiques dont l'organisme est rongé jour à
jour... 500 000 prolétaires fabriquent en France les poisons industriels et l'arme chimique
de la future guerre impérialiste , L'Humanité, no 10528, 9 octobre 1927, p. 5.
13.
ANNÉE 1927
59
concentration dans telle ou telle branche d'industrie, il apparaît que dans
quelque dix ans et peut-être dans une plus courte période, l'industrie
chimique sera celle qui, en France, emploiera le plus grand nombre de prolétaires. Chaque année, écrivions-nous précédemment, de nouvelles usines sont
édiées. En veut-on un exemple récent ? Hier encore, dans une revue hebdomadaire de la Bourse, nous pouvions lire ceci : La Société Mines et Usines,
créée sous les auspices de l'Omnium d'Algérie-Tunisie et des Phosphates
de Constantine, pour la création en France d'usines régionales d'engrais, a
mis en route la fabrique de Voves, en construction depuis deux ans. Des deux
autres usines, celle d'Issoudun fonctionne déjà normalement. L'usine de Mondeville ne fonctionnera vraisemblablement qu'au début de l'année prochaine.
L'ensemble des installations représente une capacité de production annuelle
de 100 000 tonnes de super.
Trois nouvelles usines. Quelques cinq mille ouvriers de plus dans l'industrie tentaculaire de la chimie !... Car c'est une caractéristique bien déterminée
de l'industrie chimique : elle absorbe les prolétaires des autres industries ; elle
les englobe dans ses productions.
Trois industries qui tendent à se souder : Sous-sol, Gaz, Chimie
Quand une industrie tire d'un quelconque minerai des produits nouveaux,
lorsqu'elle transforme le solide en liquide ou tire d'un élément composé une
partie de celui-ci qui, combinée avec d'autres formera un nouveau corps, elle
procède à une opération chimique. Broyage, distillation, calcination sont les
opérations de base de la grande industrie chimique. Mais l'essor prodigieux
des industries dites de synthèse c'est-à-dire des industries où l'on crée par
l'amalgame de substances diérentes, déjà séparées d'autres corps, un nouveau produit change lentement la formation des groupes industriels. Ammoniaque synthétique, engrais, camphre synthétique, pétrole synthétique,
soie articielle notamment, ont, particulièrement depuis la n de la guerre,
transformé les données de la répartition économique du prolétariat dans les
grandes branches d'industrie. Et c'est ainsi que les quelques grands industriels des produits chimiques "travaillent" maintenant en étroite liaison presque en communauté d'intérêts avec les magnats du sous-sol. Kuhlmann
et Saint-Gobain participent à la gestion d'une partie des plus importantes
houillères, celles-ci faisant construire, près de la mine, des usines de produits
chimiques dénommés sous-produits de la houille. Benzols, naphtes, goudrons,
toluol, acide phénique, résines, crésyl, vernis, colorants, alcalis, sortent de ces
usines. Le mineur de houille est maintenant presque autant l'auxiliaire de la
chimie que celui de la force motrice industrielle. Les mineurs de phosphate
dont M. de Peyerimho, président du Comité des Houillères, contrôle une
grande partie de l'extraction sont les auxiliaires des usines d'engrais. Les
mineurs de bauxite alimentent l'importante branche de l'électro-chimie et
de l'aluminium. Les "mineurs" de soure fournissent la matière nécessaire
à la gamme des sulfures chimiques. Et l'industrie gazière déjà tributaire
60
du sous-sol s'accroît aussi chaque année de nouvelles usines annexes où
les sous-produits jouent un grand rôle. Sous-sol, gaz, chimie tendent à s'amalgamer de plus en plus. Ajoutons-y l'industrie du verre que la société
Saint-Gobain-Chauny-Circy exploite parallèlement aux produits chimiques.
Et nous aurons un faible aperçu des "conjectures" de la grande industrie
chimique.
Répartition des "sous-branches" de l'industrie chimique
Les chires que nous donnons ci-dessous sont puisés aux sources ocielles (2). Avant d'entreprendre l'étude des diérentes sous-branches de l'industrie chimique, nous pensons qu'il est bon de préciser le nombre d'ouvriers
qui, en France, participent aux fabrications qu'elles comportent.
60 000 travailleurs des deux sexes sont employés dans les industries du
caoutchouc et confectionnent les produits suivants : pneumatiques, bandages,
chambres à air, bandes pleines, vêtements, chaussures, ébonite, articles industriels, articles de chirurgie, etc... 130 000 personnes fabriquent les produits
de la céramique, dont, entre autres, 43 000 des briques, 20 000 des faïences,
18 000 de la porcelaine domestique, 6 000 de la porcelaine pour l'électricité.
Le prolétariat de l'industrie chimique est réparti comme suit : Acides,
bases, sels, électro-chimie : 45 000 ; Parfumerie, savonnerie, stéarine : 40 000 ;
Huileries, boyauderies, engrais et colles : 30 000 ; Produits pharmaceutiques :
20 000 ; Poudreries, pyrotechnie, fabriques d'explosifs : 15 000 ; Matières
colorantes : 12 000 ; Huiles végétales : 12 000 ; Produits tanniques, résineux,
distillation du bois : 8 000 ; Encres, cirages, produits à polir, vernis : 8 000 ;
Amidons, dextrines, fécules, encollage : 3 000. Les usines à gaz et fours à
coke exploitent 45 à 50 000 travailleurs. La verrerie, gobeletterie, cristallerie,
glacerie, miroiterie en occupent 75 000.
Nous avons donc, pour les branches principales, les données suivantes :
Produits chimiques en général : 210 000 ; Céramique : 130 000 ; Gaz : 75 000 ;
Verre : 50 000, soit près de 500 000 travailleurs dont nous examineront les
pénibles conditions de vie.
J. Raveau.
(1) Voir L'Humanité du 9 octobre.
(2) Nos chires sont tirés du rapport sur les tarifs douaniers, paru récemment et du bulletin de la statistique générale de la France. Nous les avons
arrondis. Ils ne représentent donc que des valeurs approximatives. 90 90. J. Raveau, Travailleurs des produits chimiques dont l'organisme est rongé jour à
jour... Sous-sol, industrie gazière, caoutchouc, verre, céramique sont des industries chimiques , L'Humanité, no 10530, 11 octobre 1927, p. 4.
13.
ANNÉE 1927
61
13.22 13 octobre 1927. L'outillage archaïque des usines
ruine la santé des ouvrières Trois exemples sont données pour illustrer les conditions de travail des
femmes : Les Fabriques de Perles Cleo à Plessis-Robinson, les teintureries
Loewinson à Bagnolet, la Maison Fenaille à Pantin.
[...]. Le scandale est constant dans les produits chimiques, dans les
pétroles, la Maison Fenaille, à Pantin, où des femmes doivent procéder, dans
un sous-sol, au grattage des caisses d'essence ; d'autres assurent le remplacement des bidons et la dure manutention de ces cores très lourds. Aucune machine ici pour faciliter ce travail dangereux, insalubre et exténuant. [...]. 91 . 13.23 13 octobre 1927. Travailleurs des produits chimiques
dont l'organisme est rongé jour à jour...(1) De nombreuses maladies professionnelles frappent les prolétaires des produits chimiques Le nombre des substances toxiques employées dans les diverses branches
de la production est tellement grand, leur eet nocif sur l'organisme des
travailleurs est si complexe, revêt de si multiples formes qu'il faudrait, non
pas une série d'articles, mais des volumes pour les détailler.
Certes, la gamme des produits chimiques servant aux fabrications d'une
industrie donnée est assez facile à délimiter. Mais si l'on se penche sur l'industrie chimique, il apparaît nettement que le cercle en est si vaste, le nombre
des fabrications si grand - l'une s'amalgamant à l'autre et les découvertes se
suivant à un rythme accéléré - qu'il est ardu de vouloir tenter une classication complète.
Ce que nul ne peut contester, c'est la nocivité de nombreux produits de
l'industrie chimique.
Tout récemment, dans une petite gare de Bretagne, nous avons assisté à
une scène d'une tragique simplicité. À un quai, une série de tourées - grosses
bonbonnes ou dames-jeannes de verre ou de grès - entourées de paille et
protégées par un panier d'osier. Un cheminot s'en approche, cherche à lire
l'étiquette d'envoi. Puis, curieux, la débouche.
Recul de l'homme. Jet du bouchon à terre, pendant que des mouvements
du bras de haut en bas, la main inerte font s'agiter les doigts l'un contre
l'autre comme des castagnettes.
Une odeur âcre. De la fumée gazeuse comme lorsque l'on tire brusquement
les tuyaux d'un poêle à combustion lente. Le moment de surprise passé, le
travailleur du rail ramasse et replace, d'un geste rapide, le bouchon tel le
plombier bouchant à coups de chions tassés l'orice d'un tuyau d'eau et
s'écrie : "Qui peut bien fabriquer ces saletés-là ?"
91. L'outillage archaïque des usines ruine la santé des ouvrières ,
no 10532, 13 octobre 1927, p. 4.
L'Humanité
,
62
Un court instant, notre cheminot avait vécu - et à l'air - dans l'atmosphère du travailleur des produits chimiques. Et nous pensions que, chaque
jour, durant de nombreuses et longues heures, des dizaines de milliers de
prolétaires, hommes, femmes, enfants, travaillent dans ces vapeurs, ont les
mains rongées graduellement, aspirent le poison dont s'imprègnent lentement
leurs poumons, ont les yeux, si sensibles, au-dessus du liquide corrosif...
Pour la plus grande joie - et les plus gros bénéces aussi - des administrateurs des Établissements Kuhlmann, des usiniers de Saint-Gobain-ChaunyCirey, de la Société Alais, Froges et Camargue, des Établissements d'Ugine,
de l'Air liquide, de l'Azote français. Et aussi pour l'État capitaliste qui prépare la "dernière des guerres" impérialiste... et chimique.
Car toute la question est là : pas plus qu'ils ne sont contre le travail
rationnel, les travailleurs ne se dressent contre les progrès de la Chimie. Ils
luttent contre l'exploitation capitaliste du progrès dans tous les domaines,
exploitation qui procure aux uns honneurs et richesses et aux autres peines,
misères et maladies.
L'extension de la loi sur les maladies professionnelles doit être
arrachée par les travailleurs
La loi du 9 avril 1898 sur les accidents du travail (2) ne vise que les accidents "ayant une cause extérieure, cause se manifestant d'une façon soudaine
et violente". En vertu de cette loi, les travailleurs accidentés ont, entre autres
droits, celui du paiement de leur demi-salaire durant leur incapacité de travail. La maladie professionnelle, au contraire, a souvent une cause intérieure
et une évolution lente et continue. Depuis longtemps, les organisations syndicales avaient fait valoir qu'accidents ou maladies professionnelles surgissant
également de l'exercice du métier, il était injuste de ne pas les assimiler.
C'est ainsi que la loi du 25 octobre 1919, étendant aux maladies professionnelles la loi de 1898, a assimilé aux accidents les maladies causées par
le plomb et le mercure et prévu l'extension ultérieure de la loi à d'autres
maladies causées par des substances toxiques.
Et un décret publié dans le Journal ociel du 22 février 1927 envisage
cette extension et prescrit aux médecins de déclarer les maladies professionnelles causées :
Par le plomb, le mercure et leurs composés ;
Par les hydrocarbures et leurs dérivés chlorés et nitrés, notamment le
benzène, le tetrachlorétane, le tétrachlorure de carbone, l'éthylène perchloré,
trichloré et décoloré, le chloroforme, l'éthane pentachloré, les nitrobenzènes ;
Par l'aniline et ses dérivés, par le sulfure de carbone, par les vapeurs
nitreuses, le chlore et les autres gaz chlorés, l'acide uorhydrique, le gaz
sulfureux, l'hydrogène sulfuré et le sulphydrate d'ammoniaque, l'acide cyanhydrique, l'oxyde de carbone, l'oxychlorure de carbone, le gaz phosgène, les
formoldehydes ;
Par le phosphore blanc et l'hydrogène phosphoré ;
13.
ANNÉE 1927
63
Par l'hydrogène arsénié et autres composés de l'arsenic ;
Par l'action des brais, goudrons, huiles minérales, bitumes, ciment, chaux
et autres produits caustiques ;
Par l'action de l'acide chromique et des chromates alcalins ;
Par l'action des rayons X et des substances radioactives.
On voit, d'après cette nomenclature encore incomplète, combien est varié
l'arsenal des poisons dont se sert l'industrie moderne, poisons fabriqués par
les prolétaires des usines chimiques.
C'est donc avec juste raison que la Fédération unitaire des produits chimiques a mis à l'ordre du jour de son congrès de Lyon l'étude d'un rapport
sur les maladies professionnelles dont nous allons maintenant parler.
J. Raveau.
(1) Voir l'Humanité des 9 et 11 octobre.
(2) Extraits du rapport du Conseil technique de la Fédération unitaire
de l'Éclairage, rapport adopté à Bordeaux. 92 13.24 13 octobre 1927. Salon de l'automobile et normalisation Depuis quelques six mois, il ne s'écoule pas une semaine sans que la
presse industrielle n'annonce la "normalisation" de telle ou telle branche
de l'automobile. Normalisation des accessoires, des équipements, des roulements, des pneumatiques, etc. Au Salon de l'automobile, M. Berger, directeur
du Bureau de normalisation de la chambre syndicale des accessoires et pièces
détachées d'automobiles, a ouvert un stand d'exposition de la normalisation,
où il présente des planches, graphiques, statistiques, tracts et notices montrant les avantages et les résultats de cette première phase dans la rationalisation dans l'automobile. Que signie donc, pour les travailleurs, ce grand
mot : "normalisation" ?
Tout simplement - les industriels du caoutchouc nous le déclarent - qu'on
est "à la recherche du temps perdu", du temps perdu par les ouvriers, ce
qui occasionne aux industriels des bénéces perdus. "Pour les industriels
modernes, cette recherche du temps perdu - nos pères disaient qu'il ne se
rattrape jamais - est une condition vitale." La normalisation, c'est la standardisation. Au lieu de quinze ou vingt ou deux cents modèles d'une pièce
donnée, on n'en fabrique plus que trois ou quatre. Cela permettra de faire le
travail "en série". Du travail fait en vitesse (sic). Écoutez Bibendum : "Cette
standardisation, comme on l'appelle aujourd'hui, s'applique à toutes choses,
aussi bien à la fabrication en série qu'à l'unication des objets fabriqués
qui doivent être autant que possible interchangeables pour éviter d'inutiles
recherches et de coûteuses fabrications spéciales. Pourquoi tel écrou, d'une
92. J. Raveau, Travailleurs des produits chimiques dont l'organisme est rongé jour
à jour...(1) De nombreuses maladies professionnelles frappent les prolétaires des produits
chimiques , L'Humanité, no 10532, 13 octobre 1927, p. 5.
64
forme courante, n'est-il point toujours du même pas ? Pourquoi varier à l'inni les formes d'objets usuels dont l'utilisation est identique ?
On sait, par ailleurs, les progrès considérables réalisés dans le monde
entier à ce sujet ; notre époque est celle de la vitesse, c'est par la vitesse que
l'on fait accomplir dans le même temps dix fois plus de travail qu'auparavant
sans augmenter la dépense, bien au contraire."
Tout serait pour le mieux dans la meilleure des industries si nous ne vivions pas encore - en France - sous le régime capitaliste. Mais les ouvriers
savent déjà, par expérience, que normalisation capitaliste signie : chômage
et diminution de salaires. On réduit les "types" de fabrication. On réduit
aussi le nombre des producteurs. Car la vitesse, l'économie de temps - retrouvé
- ne servent qu'à grossir les bénéces des exploiteurs.
Le Salon de l'automobile, cette année, nous fournit donc d'utiles enseignements. La menace de chômage se précise.
J. Raveau. 93 13.25 14 octobre 1927. Dans les syndicats de la région
parisienne [...]. Céramique et produits chimiques. Les délégués et collecteurs d'usines sont priés de passer ce soir sans faute au siège du syndicat. Il leur sera
donné le journal fédéral. 94 13.26 14 octobre 1927. Pas un ouvrier verrier ne doit se
diriger sur Triel Il y a environ quinze jours, les ouvriers verriers de Triel qui sont,
comme l'on sait, lock-outés depuis le 25 juillet, recevaient des lettres de
réembauchage. Ces lettres les avisaient qu'on consentait à les reprendre à
condition qu'ils acceptent une diminution de salaires de vingt à vingt-cinq
pour cent. Évidemment, les travailleurs n'ont pas accepté de subir cette exploitation accrue. Aussi, la lutte continue-t-elle. Pas un ouvrier verrier ne
doit se diriger sur Triel, tel est le mot d'ordre de l'organisation syndicale.
Pour triompher du patronat, la solidarité prolétarienne ne doit pas être un
vain mot !
Vuilleminot Paul. 95 93. J. Raveau, Salon de l'automobile et normalisation , L'Humanité, no 10532, 13 octobre 1927, p. 5. Une illustration de G.D.L. accompagne cet article, avec pour légende :
"Au salon de l'automobile. Une vue des stands. Normalisation, Chômage, Misère, Rationalisation, Bas salaires, Vie chère".
94. Dans les syndicats de la région parisienne , L'Humanité, no 10533, 14 octobre
1927, p. 4.
95. Paul Vuilleminot, Pas un ouvrier verrier ne doit se diriger sur Triel , L'Humanité,
no 10533, 14 octobre 1927, p. 4.
13.
ANNÉE 1927
65
13.27 15 octobre 1927. La guerre des gaz ! Cet article, qui revient sur les préparatifs de la guerre chimique, n'a pas
été retranscrit. 96
13.28 15 octobre 1927. À une demande d'augmentation de
salaire, la société Saint-Gobain répond en licenciant
sept ouvriers Marseille. 14 octobre. (de notre correspondant particulier). Dernièrement, les ouvriers de l'Usine des Produits Chimiques Saint-Gobain, à Portde-Bouc, faisaient une demande d'augmentation des salaires. Le patronat
vient de répondre à cette revendication, en mettant à la porte sept ouvriers
soupçonnés d'être les dirigeants du syndicat. C'est là l'habituelle man÷uvre
du patronat, surtout dans une industrie puissamment concentrée comme les
Produits Chimiques. Signalons, d'autre part, - et cela a son importance que le directeur de l'usine Saint-Gobain dirige le groupement patronal. Les
ouvriers déjoueront cette man÷uvre, en se serrant plus étroitement que jamais au sein du syndicat que le patronat pense détruire et en se tenant
prêt à répondre aux mots d'ordre que lancera l'organisation.
Matton. 97 13.29 15 octobre 1927. Les assemblées générales et réunions de demain Céramique et Industries Chimiques. 4 heures, salle Perrault, Bourse du
Travail. [. . . ]. 98 13.30 15 octobre 1927. Jeunes communistes des Produits
Chimiques et de la Céramique Une assemblée aura lieu lundi 17 octobre au 106 rue Lafayette à
20 heures 30. 99 96. M. C., La guerre des gaz ! , L'Humanité, no 10534, 15 octobre 1927, p. 1.
97. Matton, À une demande d'augmentation de salaire, la société Saint-Gobain répond
en licenciant sept ouvriers , L'Humanité, no 10534, 10 octobre 1927, p. 5.
98. Les assemblées générales et réunions de demain , L'Humanité, no 10534, 10 octobre 1927, p. 5.
99. Jeunes communistes des Produits Chimiques et de la Céramique , L'Humanité,
no 10534, 10 octobre 1927, p. 5.
66
16 octobre 1927. Travailleurs des produits toxiques dont
l'organisme est rongé jour à jour(1). De la houille aux couleurs
d'aniline, la maladie professionnelle assiège le prolétaire Des noirs tunnels, le noir mineur a extrait la houille. Premier eort du
travailleur, fournissant à l'industrie le combustible ou la matière première
dont les successives transformation procureront à de nombreuses branches
de la production les éléments de leur activité. Voici la houille, le "charbon
de terre", au sortir du puits. Une cage de fer vient de monter les wagonnets
qui la contenaient... Elle est, maintenant, devant l'usine à gaz. Autre eort
du travail. Les nouveaux produits de la houille vont servir à l'éclairage, à
la force motrice, aux aciéries, à la fabrication de produits chimiques. Trois
sous-produits principaux : gaz d'éclairage, coke et goudron seront tirés des
pierres noires.
Nouvel eort des prolétaires. Du goudron de houille sont extraits les
benzols bruts, la benzine, la naphtaline, l'anthracène, les phénols. Mais le
cycle des transformations n'est pas fermé. Science et travail, associés pour
les bénéces du capitalisme, produisent toujours des fabrications intermédiaires : produits organiques divers (c'est-à-dire, en chimie, substances dont
le carbone est l'élément essentiel), produits pharmaceutiques, explosifs, gaz
asphyxiants ou colorants synthétiques.
Et graduellement, dans les usines, les prolétaires subiront la morsure des
acides, la lente inltration des vapeurs toxiques dans l'organisme ; jour à jour,
les vapeurs nocives troueront leurs poumons, décomposeront en quelque sorte
leur sang.
L'anémie des producteurs et manipulateurs de l'aniline
Le rapport de la Fédération unitaire des produits chimiques sur les maladies professionnelles souligne, notamment : "L'industrie chimique est certainement celle où les ouvriers paient le plus lourd tribut aux maladies professionnelles. Elles font, chaque année, une véritable hécatombe de travailleurs,
sans que le patronat prenne les mesures élémentaires qui pourraient en limiter les ravages.
L'État, de son côté, a instauré une législation ridicule, couvrant seulement
les maladies provoquées par le plomb ou le mercure et limitant l'eet par une
foule de dispositions restrictives.
L'industrie des matières colorantes, qui a pris un grand développement
depuis la guerre, est une des plus touchées. La plupart des matières premières employées ou des produits intermédiaires provoquent des troubles
fonctionnels très graves, parfois mortels, tels : intoxication par la benzine
ou d'autres hydrocarbures et leurs dérivés nitrés, par l'aniline et les hydrocarbures animés. Le phosgène (gaz de guerre) est employé pour la fabrication de certains colorants. Le chlore, dont la toxicité est connue, sert à la
préparation de certains produits intermédiaires (chlorure de benjyle, chlor-
13.
ANNÉE 1927
67
toluène, benjaldéhyde). De nombreux composés nitrés ou nitrosés provoquent
fréquemment de l'eczéma ou des ulcérations sérieuses chez les ouvriers qui
les manipulent.
À cela, il faut ajouter les risques communs avec les ouvriers des industries minérales : aections de voies respiratoires ou ulcérations de la peau
provoquées soit par la manipulation des liquides acides et des bases caustiques, soit par la respiration des vapeurs acides (oléum, acide chlorydrique,
gaz sulfureux, acide nitrique, acide sulfurique, etc.).
Les ouvriers des usines d'électrolyse du sel marin sont également menacés
d'intoxication par le chlore".
L'aniline et la nitro-benzine avec laquelle elle est préparée sont, en eet,
des produits essentiellement toxiques. Les vapeurs qui s'en dégagent ont une
force de pénétration telle - traversant même les vêtements pour atteindre
l'organisme par les pores de la peau - que, fréquemment, des docteurs ont eu à
traiter des intoxications dont l'origine remontait au port de chaussures teintes
avec des couleurs d'aniline. Le cuir - sous l'inuence de la transpiration - avait
été traversé et le poison était entré dans l'organisme par les pieds. On se rend
compte, par ce simple fait, du danger qui pèse sur les travailleurs des usines,
dont les vêtements sont imprégnés de vapeurs d'aniline.
La caractéristique de ces intoxications, en dehors des troubles habituels
(vertiges, maux de têtes, refroidissements, spasmes, dilatation des pupilles)
est qu'elles laissent toujours - après les accès, parfois épileptiformes - une
anémie profonde. Le teint des travailleurs - et surtout des travailleuses - de
l'aniline ne laisse aucun doute à ce sujet. Il existe une anémie spéciale à la
fabrication et à la manipulation de l'aniline, anémie qui est bien une maladie
professionnelle parce qu'elle découle uniquement de l'exercice du métier.
Le manque d'hygiène dans les usines en est aussi une des causes. Contre l'intoxication, en tant que moyens préventifs, le corps médical a, depuis
longtemps mais en vain, préconisé les mesures suivantes : Une large aération
des ateliers ; la suspension du travail aux heures très chaudes ; le changement
de vêtements immédiat après un séjour dans une chaudière imbibée d'aniline, séjour qui, en tout cas, devra être très court (un quart d'heure à une
demi-heure) ; interdiction des couleurs d'aniline pour les sous-vêtements et
les chaussures.
Mais nulle part ces mesures préventives ne sont prises. Elles le seront en
partie lorsque la loi sur les maladies professionnelles englobera les risques
courus par les travailleurs des produits chimiques, c'est-à-dire lorsqu'il en
coûtera au patronat d'intoxiquer ses ouvriers. Et ceux-ci n'imposeront aux
pouvoirs publics la reconnaissance de leurs droits que lorsqu'ils adhéreront
nombreux aux syndicats.
J. Raveau.
(1) Voir l'Humanité des 9, 11 et 13 octobre. 100 100. J. Raveau, Travailleurs des produits toxiques dont l'organisme est rongé jour à
68
16 octobre 1927. Dans les syndicats de la région parisienne [...]. Céramique et industries chimiques. Assemblée générale, Bourse
du Travail, 3 rue du Château-d'Eau à 14 heures précises. Compte-rendu du
congrès confédéral, rapport du congrès fédéral. 101 16 octobre 1927. Nécrologie Sous-rayon de Pantin, ARAC, SRI, Syndicat unitaire des verriers. Nous
apprenons avec regret le décès du camarade Charles Chrétien, militant très
connu dans la région de Pantin. Pour les obsèques, prière de consulter l'Humanité. Nous adressons à la femme de notre ami, à ses deux enfants et à
toute sa famille nos condoléances attristées. 102 17 octobre 1927. Dans les vapeurs d'aniline, de sulfure de
carbone et d'arsenic, de pauvres femmes travaillent... En 1906, selon la statistique, on comptait environ 70 000 femmes travaillant dans les industries chimiques. En 1921, leur nombre atteignit 110 000.
Actuellement, dans les industries du caoutchouc, de la céramique, du verre
et des produits chimiques, on en peut totaliser plus de 200 000. En vingt
années, le nombre des femmes employées par ces industries a triplé.
Les professions strictement féminines (coulure, vêtement) ont été désertées
par les femmes. La guerre les a happées pour l'industrie. Et si leur proportion
dans l'industrie en général semble avoir baissé (37,5 % en 1906 et 35,7 % en
1921), c'est que dans la statistique ocielle, nombreuses étaient celles qui,
travaillant à domicile (couturières, euristes, mécaniciennes, etc.) guraient
comme appartenant à l'industrie.
Ce sont les deux grosses industries de guerre, métaux et produits chimiques, qui ont attiré à elles le plus grand nombre de femmes. Maintenant,
dans les produits pharmaceutiques, la femme manipule ce poison : l'arsenic.
La caoutchoutière subit les eets des vapeurs de benzine et de sulfure de carbone. Dans les usines d'engrais, les femmes respirent l'ammoniaque. Dans les
fabriques de matières colorantes, elles risquent l'intoxication par l'aniline.
Nous traiterons dans notre enquête de ces diérents poisons. Mais auparavant, l'article de notre camarade Marie Bréant, que nous publions ci-dessous,
avait sa place marquée dans cette enquête. Et c'est fort justement qu'elle attire l'attention des congressistes de Lyon sur cette importante question : la
femme dans l'industrie chimique. J. Raveau.
jour(1). De la houille aux couleurs d'aniline, la maladie professionnelle assiège le prolétaire , L'Humanité, no 10535, 16 octobre 1927, p. 5.
101. Dans les syndicats de la région parisienne , L'Humanité, no 10535, 16 octobre
1927, p. 6.
102. Nécrologie , L'Humanité, no 10535, 16 octobre 1927, p. 6.
13.
ANNÉE 1927
69
La main-d'÷uvre féminine dans les produits chimiques atteint un pourcentage de près de 50 % en général, pourcentage allant même pour certaines
branches jusqu'à 80 %. Ces chires démontrent toute l'importance que l'on
doit attacher à l'organisation des femmes travaillant dans ces industries.
Dans toutes les branches des industries chimiques, même les plus malsaines,
à des postes dangereux et insalubres, on emploie des femmes, des jeunes
lles, même des femmes enceintes. Les salaires octroyés sont de véritables
salaires de famine. Les conditions de travail sont des plus déplorables. Qu'il
s'agisse des pétroles, des matières colorantes, de la droguerie, des produits
pharmaceutiques, de la parfumerie, etc., partout, des femmes manipulent
des produits toxiques, entre autres, l'arsenic. Et le patronat, insoucieux de
la sécurité et de la protection de ces prolétaires dont le travail quotidien lui
permet d'élaborer d'immenses fortunes, a complètement négligé d'appliquer
dans ses usines les mesures les plus élémentaires d'hygiène.
L'aération des locaux qui, neuf fois sur dix sont d'une saleté repoussante,
est insusante. Les lavabos, quant ils ne font pas complêtement défaut, sont
dans une inme proportion, comparés au nombre d'ouvrières. Il y a absence
complète d'aspirateurs, même quant il s'agit de la manipulation des produits
les plus toxiques, et ce, malgré tous les décrets d'administration publique
édictés à cet eet. On devine aisément les résultats néfastes sur la santé
des femmes travaillant dans de pareilles conditions. On s'explique également
combien sont menacées les futures maternités. D'ailleurs, la tuberculose a,
dans les usines chimiques, un terrain des plus favorables. La manipulation de
toutes sortes de produits dangereux cause des intoxications fréquentes. Mais
la loi, nous ne cesseront de la souligner, ne reconnaît que celles occasionnées
par le plomb et le mercure. Et pourtant, des maladies de peaux, des maux de
têtes chroniques, la carie des dents, etc., sont les résultats du travail assidu
et sans hygiène dans les industries chimiques.
Quand on voit des femmes travailler dans de telles conditions, on comprend toute la nécessité de démontrer à ces prolétaires qu'elles doivent s'organiser pour mener la lutte nécessaire qui mettra n à un tel état de choses.
Mais ce n'est pas tout. Demain, s'il plaît au capitalisme de déclarer une
guerre, ces travailleuses, militarisées, devront, qu'elles le veuillent ou non,
continuer leur dangereux labeur dans ces usines qui pourront, du jour au
lendemain, être transformées en usines de guerre pour la fabrication des
poudres, gaz asphyxiants, etc. Il sera donc indispensable que le Congrès des
industries chimiques qui se tiendra à Lyon, n octobre, examine très attentivement la question de la main-d'÷uvre féminine. Il faudra que des travaux
de ce Congrès sorte un plan de travail des plus sérieux susceptible d'entraîner dans l'organisation syndicale les milliers d'exploitées des industries
chimiques
Marie Bréant. 103 103. J. Raveau, Marie Bréant, Dans les vapeurs d'aniline, de sulfure de carbone et
70
17 octobre 1927. À Marseille, la Société des peintures et
vernis embauche à bas prix des wrangéliens Le contrat collectif qui lie 1 200 ouvriers est sur le point d'être dénoncé.
Marseille. 17 octobre. (L'Humanité ). Les entrepreneurs de peinture et
de grattage des envions de Marseille sont très liés au syndicat autonome des
peintres et gratteurs-careneurs par contrat stipulant que la journée de travail
- huit heures - doit être payée 35 francs 50. Ce syndicat, fort d'environ 1 200
adhérents, est très homogène et la solidarité y est grande. Si l'on considère
que la grande majorité des ouvriers de cette corporation ne travaillent pas
régulièrement un ou deux jours par semaine, on conviendra que ce salaire
est certes loin de correspondre au coût normal de la vie. Si nous ajoutons
que le dit contrat vient à expiration le 20 novembre prochain, et que les
ouvriers peintres et gratteurs l'ont toujours énergiquement fait respecter, on
conviendra que la puissante Société française des peintures et vernis ne songe
guère à le renouveler.
La soif de prots - qui est immense et toute naturelle en ce régime de
capitalistes - lui dicte une autre tactique. Elle veut, en eet, et en accord
avec la grande majorité des patrons peintres, s'accaparer le monopole des
travaux de carénage en ce qui concerne la peinture, le piquage et le grattage
de la rouille.
Son oensive s'est manifestée pour la première fois samedi matin. Elle a,
à cet eet, recruté tous les déchets de l'armée Wrangel et les a transportés
par camionnettes au bassin du Radoub. Son but est de leur faire signer des
contrats individuels de travail sur la base d'un salaire mensuel de sept cents
francs pour vingt-cinq journées de travail, c'est-à-dire à vingt-huit francs
par jour. On comprend bien combien est grande la colère de nos camarades
peintres-gratteurs, dont le gagne-pain est ainsi menacés. Ajoutons que, bien
qu'aucune menace n'ait été faite par qui que ce soit, les "jaunes de Wrangel"
ont travaillé sous la protection d'importantes forces de police. Le syndicat se
tient prêt à engager - suivant les événements et l'attitude patronale - toute
action qu'il jugera nécessaire.
Marius Debrienne. 104 17 octobre 1927. Syndicat des ouvriers verriers de Corbeil Voici la liste des numéros gagnants de la souscription en faveur des
victimes de la grève des verriers de Creil : [...]. Les lots non réclamés au
10 décembre resteront acquis au prot des victimes. Les réclamer à Machet,
87 quai d'Aval ou s'adresser à la Maison du Peuple, 9 rue Despinas à Creil
d'arsenic, de pauvres femmes travaillent... , L'Humanité, no 10536, 17 octobre 1927, p. 5.
104. Marius Debrienne, À Marseille, la Société des peintures et vernis embauche à bas
prix des wrangéliens , L'Humanité, no 10536, 17 octobre 1927, p. 5.
13.
ANNÉE 1927
71
(Oise). 105 18 octobre 1927. Depuis près de trois mois, les verriers de
Triel sont aux prises avec le patronat Depuis le 25 juillet, les ouvriers de la verrerie de Triel sont lock-outés.
Les raisons de ce lock-out ? Ils ont refusé d'accepter une diminution de
salaires de vingt et vingt-cinq pour cent que le patronat voulait leur imposer. Et aussi ils ont refusé de voir disparaître la "garantie journalière"
qu'ils avaient acquises de haute lutte. Le salaire minimum par journée de
travail était de quarante francs pour les soueurs et quarante-cinq francs
pour les ouvriers. Que désirait l'exploiteur de marque Mercier ? Instituer le
travail aux pièces.
C'est pour s'être dressés unanimes contre cette exploitation accrue que
les prolétaires de la Verrerie de Triel sont depuis près de trois mois sur le
pavé. Lutte de classes ! 106 19 octobre 1927. La Société française des peintures et vernis
a réalisé 60 % de bénéces Et à Marseille, elle s'apprête à diminuer de 20 % les salaires de ses
ouvriers.
La Société française des peintures et vernis qui, ainsi que nous l'avons
relaté dans L'Humanité du 17, embauche des wrangéliens à des salaires inférieurs de 20 % à ceux payés jusqu'alors est une entreprise prospère. Pour
un capital de deux millions, elle a réalisé - durant le dernier exercice social - 1 200 00 francs de bénéces, soit 60 %. L'Information nancière du
16 octobre nous en apporte l'annonce en ces termes :
"La Société française des peintures et vernis ne manque pas d'attrait
à 570. Le dernier dividende paraît, en eet, susceptible d'augmentation,
puisque sa répartition n'a absorbé que 680 000 francs sur un bénéce net
de 1 200 000 francs pour un capital de deux millions seulement. On sait que
la Société exploite une usine à Marseille pour la fabrication des peintures
industrielles, sous-marines et décoratives. Elle a pour client les grandes compagnies de navigation, les administrations publiques, la régie immobilière
de la ville de Paris, des sociétés entreposant le mazout, des compagnies de
chemins de fer, etc."
On le sait, la maison a une clientèle choisie et la régie immobilière de la
ville de Paris - les contribuables paieront - doit passer avec cette société des
marchés très avantageux... pour les actionnaires.
105. Syndicat des ouvriers verriers de Corbeil , L'Humanité, no 10536, 17 octobre
1927, p. 6.
106. Depuis près de trois mois, les verriers de Triel sont aux prises avec le patronat ,
o
L'Humanité, n 10537, 18 octobre 1927, p. 4.
72
Le syndicat des peintres et gratteurs-caréneurs de Marseille - fort de
1 200 membres - va probablement être contraint d'engager la lutte. Mais
quels enseignements à tirer de ces faits ! Pour diminuer le prix de revient formule de la rationalisation - la Société française des peintures et vernis qui
rapporte à ses actionnaires 60 % de bénéces - ne trouve rien d'autre comme
moyen qu'une diminution des salaires de 20 %, man÷uvre qu'elle étaye par
un chômage régulier de deux jours par semaine.
Mieux, elle embauche, tout en faisant chômer. C'est - en raccourci - toute
la tactique patronale de "rationalisation" mise en application. Seulement, la
puissante société n'avait oublié qu'un côté de la question : le syndicat, bien
qu'autonome, ne sera pas isolé dans sa lutte. La solidarité des ouvriers de la
CGTU s'applique à tous ceux qui se dressent contre le patronat.
Et la Société française des peintures et vernis devra céder. 107 19 octobre 1927. Travailleurs des produits toxiques dont
l'organisme est rongé jour à jour(1). L'arsenic ronge, ulcère
et paralyse les prolétaires de nombreuses industries L'industrie des matières colorantes n'utilise pas seulement l'aniline.
Elle est grosse consommatrice d'acide sulfurique et nitrique, de sels d'alcali,
d'acide acétique (matière première principale de l'indigo chimique), d'arsenic
enn, le poison des Borgia, de la Brinvilliers, de Mme Lafarge. Tous ces
poisons dégagent des vapeurs, des gaz qui pénètrent - mieux encore que les
poussières - dans l'organisme du travailleur.
"Leur action nocive, écrit notre camarade Delers, est d'autant plus grande
et plus malaisée à caractériser que l'on se trouve fréquemment en présence
d'un mélange plus ou moins complexe de ces gaz dont l'eet toxique s'additionne et provoque des accidents fort graves."
Ainsi, en régime capitaliste, l'industriel ne poursuit qu'un but : le prot,
la réalisation de bénéces toujours plus grands. Et l'exercice des professions
de l'industrie chimique est devenu une source de maux pour les prolétaires.
Parce qu'aucune mesure ecace n'est prise pour les protéger ; parce que le
lait - qu'on leur octroyait jadis - n'est plus distribué ; parce que les vêtements
antiseptiques ne sont plus fournis ; parce que les inspecteurs du travail laissent faire, laissent passer les décrets sans oser pourvoir à leur application,
sans même pouvoir sévir.
La société Kuhlmann a un capital de deux cents millions. On n'attaque
pas impunément une telle puissance dans l'État, une puissance qui s'intéresse
aux sens propre et guré, à la "défense nationale". On ne lutte pas contre
les monopolisateurs des industries des explosifs !
À moins d'être militant de la CGTU qui, dans son programme de revendications, a inclus : "l'institution de délégués ouvriers à la sécurité et à
107. La Société française des peintures et vernis a réalisé 60 % de bénéces ,
, no 10538, 19 octobre 1927, p. 5.
manité
L'Hu-
13.
ANNÉE 1927
73
l'hygiène dans les usines à caractère dangereux et insalubres."
Gamme de couleurs, série de poisons
L'arsenic s'obtient par le grillage d'un minerai dénommé vaispickel, ou
arsénopyrite, de couleur vert soure, aux facettes brillantes. Non vénéneux
par lui-même, l'arsenic le devient quand il est combiné avec l'oxygène. De
nombreux produits pharmaceutiques et une grande quantité des matières
colorantes en contiennent en plus ou moins grande quantité. Vert de Scheele,
vert de Schweinfurt, vert de Vienne, vert anglais, vert minéral, vert bronzé,
tous verts arsenicaux. Jaune royal, bleu de cobalt, rouge réalgar, rouge d'alumine : couleurs à base d'arsenic. Cacodylate, atoxyl, hectine, salvarsan, novarsan, pâtes épilatoires : produits pharmaceutiques contenant de l'arsenic.
L'un des principaux composés, l'acide arsénieux, est contenu dans les
produits utilisés dans les cuirs et peaux, dans le verre, dans le textile, dans
le bâtiment. Plus de trente professions sont signalées par les docteurs comme
en faisant usage. L'intoxication par l'arsenic menace donc les travailleurs de
nombreuses industries et l'on explique dicilement comment, alors que la
loi sur les maladies professionnelles reconnaît l'intoxication par le plomb et
par le mercure (saturnisme et argyrisme), l'intoxication arsénicale n'est pas
reconnue.
La paralysie et les éruptions causées par l'arsenicisme
Les travailleurs manipulant des matières contenant de l'arsenic - y compris les nombreuses catégories que nous ne pouvons citer : tels les gaziers, les
naturalistes, etc. - sont sujets à de tenaces névralgies. Durant le travail, ils
ont la bouche asséchée ; une soif ardente les saisit ; l'appétit leur fait défaut.
La nuit, ils endurent de violentes douleurs aux extrémités. Et la première
phase du mal se traduit par un amaigrissement et une faiblesse générale.
Ce sont ensuite des atteintes aux yeux, rongés et bous, puis des lésions,
des éruptions, des ulcérations de la peau, surtout aux mains. Enn, dans sa
phase ultime, l'intoxication se traduit quelquefois par une paralysie des muscles extenseurs qui oblige le travailleur au repos. Il est atteint de la maladie
professionnelle de l'arsenic. Ce mal, bien connu des médecins, s'étendrait
moins si les usiniers mettaient en application le décret du 1er octobre 1913,
inséré au Code du travail.
Des masques, des éponges mouillées, des gants, du talc ou de la fécule, des
vêtements de travail serrés au col et aux poignets devraient être fournis par
l'employeur. Le sol et les murs des ateliers devraient être fréquemment lavés
et maintenus en état constant d'humidité. Les appareils servant à l'ébullition
devraient être hermétiquement clos ou surmontés d'une hotte communiquant
avec l'extérieur. Même prescription pour les études. Les chefs d'industrie, en
outre, devraient constamment veiller à la protection des voies respiratoires,
des mains, du corps de ceux qui édient leur fortune en manipulant des
poisons.
74
Mais tout cela, c'est la loi écrite, ce n'est pas la loi appliquée.
Ajoutons - puisque les monopolisateurs de l'industrie chimique en France
se targuent de philanthropie - qu'ils devraient bien imiter leurs frères en
capital allemands : ceux-ci distribuent gratuitement du lait et donnent gratuitement aussi - des bains fréquents à leurs prolétaires.
Mais... il y a de nombreux syndiqués de l'autre côté du Rhin. C'est la
raison des réalisations obtenues.
J. Raveau.
(1) Voir l'Humanité des 9, 11, 13, 16 et 17 octobre. 108 22 octobre 1927. Travailleurs des produits toxiques dont
l'organisme est rongé jour à jour. Un article de J. Raveau de la série "Travailleurs des produits toxiques
dont l'organisme est rongé jour à jour" n'a pu être consulté sur Gallica par
absence de numérisation. Il n'a donc pas été retranscrit.
25 octobre 1927. Travailleurs des produits toxiques dont
l'organisme est rongé jour à jour(1). An d'exploiter plus
durement les prolétaires de l'industrie chimique, les Établissements Kuhlmann exaltent la collaboration des classes Nous avons publié, dans L'Humanité du 22 octobre, quelques déclarations typiques de M. Donat-Agache, président du Conseil d'administration
des Établissements Kuhlmann. Aujourd'hui, nous donnons quelques nouvelles citations caractéristiques du même exploiteur, citations qui exaltent
la soi-disant "philanthropie patronale". En regard, nous signalons quelques
réexions d'un exploité de l'usine d'Oissel. Les prolétaires tireront eux-mêmes
les conclusions qui s'imposent.
Immédiatement après que l'Harmonie municipale de Loos eut fait entendre La Marseillaise, M. Donat-Agache prononça son discours : "Il existait
ici mais depuis la guerre il a disparu un vieux drapeau tout fané qui
portait en lettres d'or l'inscription suivante : Union du patron et de l'ouvrier. Ils ne forment qu'une seule famille. Et, sur l'autre face : Fabrique de
produits chimiques de Loos, oert par Frédéric Kuhlmann à ses ouvriers. Ne
croyez-vous pas, mes amis, qu'à l'occasion des fêtes du Centenaire, il faut,
par la pensée, ressortir ce vieux drapeau et le mettre dans la salle d'honneur
où nous allons déjeuner ensemble ? Il n'y a pas de discours qui soit plus éloquent que ces quelques mots brodés sur cette étoe passée pour rendre les
sentiments que nous éprouvons pour vous et que nous espérons voir partager
par vous". M. Frossard, directeur général des produits organiques, dit la joie
108. J. Raveau, Travailleurs des produits toxiques dont l'organisme est rongé jour à
jour(1). L'arsenic rouge, ulcère et paralyse les prolétaires de nombreuses industries ,
o
L'Humanité, n 10538, 19 octobre 1927, p. 5.
13.
ANNÉE 1927
75
qu'il a éprouvée de rencontrer, lors de la fusion avec la Compagnie Nationale
des Matières Colorantes, une collaboration étroite entre patrons et ouvriers.
Aussi, tient-il à apporter le respect, l'inaltérable attachement et le profond
dévouement de tous ses collaborateurs. Très ému (sic), M. Donat-Agache
donne l'accolade à M. Frossard.
On procéda ensuite à la remise des médailles du travail. Chaque promu
reçut en même temps une gratication de deux cents francs et une action
des établissements Kuhlmann.
Une belle envolée, M. Donat-Agache (ayant à ses côtés M. Nicolle,
député du Nord ; Monseigneur Lesne, recteur des facultés catholiques ; un
recteur d'académie, des représentants des mines de Lens et d'Anzin ; l'intendant général Mauclère ; le secrétaire général de la Préfecture, et jusqu'à
l'inspecteur du Travail, Boulin) montra le chemin qui reste à parcourir :
"Donnez à l'ouvrier sa maison, son jardin, lui permettre d'accéder au capital
en le faisant devenir propriétaire".
Et, pour couronner cette belle ÷uvre, citons quelques réexions d'un
exploité de l'usine d'Oissel :
Tout ouvrier, en entrant à l'usine d'Oissel, est obligé de signer un contrat
dont une des clauses lui interdit d'être candidat politique... à moins d'y
être autorisé par la direction ! En 1924, Mortreuil, qui fut élu aux élections
municipales d'Oissel, a été aussitôt renvoyé.
Les patriotes de l'usine Kuhlmann emploient une nombreuse main-d'÷uvre
étrangère notamment des émigrés russes et de nombreux coloniaux. Pour
les payer moins.
Les chefs de service sont logés dans des cités modernes, les ouvriers dans
des baraques, les patrons dans des palais.
Pour douze heures de travail, les salaires varient entre un franc trente et
un franc soixante-dix l'heure. Combien touchent les administrateurs ?
La philanthropie patronale est, on le voit, un riche lon d'exploitation
du prolétariat des produits chimiques. Et, dans cet art, les Kuhlmann sont
passés maîtres. La "défense nationale", ça doit rapporter ! Les proteurs de la
guerre sont toujours debout, comme le Veau d'Or. Et nous allons voir, maintenant, quel a été le travail de la Fédération Unitaire des Produits Chimiques
et quelles sont les réalisations obtenues dans le domaine des revendications
immédiates.
J. Raveau.
(1) Voir l'Humanité des 9, 11, 13, 16, 17, 19 et 22 octobre. 109 109. J. Raveau, An d'exploiter plus durement les prolétaires de l'industrie chimique,
les Établissements Kuhlmann exaltent la collaboration des classes , L'Humanité, no 10544,
25 octobre 1927, p. 4.
76
13.31 27 octobre 1927. Les secrétaires des fédérations unitaires nous disent... Chabanon et Bloquet esquissent
les traits caractéristiques de l'industrie chimique La situation de l'industrie chimique nous ont déclaré Chabanon et
Bloquet, secrétaires de la Fédération unitaire de la Céramique, des Industries
chimiques et Parties similaires, - mais elle est orissante... tout au moins si
l'on s'en rapporte à la situation nancière des nombreuses sociétés qui la
composent. Une industrie qui travaille pour la guerre, ça rapporte toujours
en régime capitaliste. D'autant mieux que l'industrie chimique proprement
dite sert à la fois, en temps de paix c'est ainsi qu'il est convenu de dire
toutes les autres industries et, en temps de guerre, la défense nationale.
Mais comme le temps de paix de la bourgeoisie est le temps de "préparation"
de la guerre, de toute façon, même quand le bâtiment ne va pas, l'industrie
chimique marche. C'est d'ailleurs celle qui s'est le mieux développée par et
pour la guerre. La plupart des grandes rmes qui "font" dans cette partie
(Kuhlmann, Saint-Gobain, Alais, Froges et Camargue) étaient constituées au
capital de cinq à six millions de francs en 1914. Elles en sont actuellement,
autour de deux cents millions, indice trente. Évidemment, les bénéces ont
suivi la même "échelle mobile". Seuls, les salaires ont pris une direction différente.
Le chômage, méthode de lutte du capitalisme
Mais, questionnons-nous, il y a pourtant du chômage ? Et Chabanon
qu'appuye Bloquet de nous préciser : Dans certaines branches de nos industries, telles la Céramique, c'est-à-dire dans les porcelaineries, les savonneries
et huileries, quelques usines d'engrais, certaines parfumeries... C'était surtout
un chômage créé articiellement par le patronat mais, hélas ! réel pour les
travailleurs. Il avait pour cause l'intention des industriels de rationaliser,
c'est-à-dire de faire payer aux travailleurs les pertes ou plutôt les "manque
à gagner" occasionnées par la subite revalorisation du franc. La plupart
de ces branches industrielles vivaient surtout d'exportations ou étaient tributaires de l'étranger pour certaines matières premières. La hausse du franc
a produit soit un arrêt momentané des exportations, soit une hésitation à
acheter les matières nécessaires au travail. Mais, dans le caoutchouc, il y a
eu aussi du chômage ?
C'est une autre histoire. Le caoutchouc a été longtemps un des rares produits dont le prix est resté, après la guerre, inférieur à celui de 1913, même
pour les transformateurs français achetant en francs. En janvier 1914, le kilo
de caoutchouc paran pris au Havre valait huit francs vingt ; en juillet 1921,
il était tombé à quatre francs quarante ; en avril 1924, on cotait sept francs
trente-sept ; en janvier 1925, quatorze francs vingt-cinq. Ce n'est qu'à partir de juillet 1925 qu'on a coté quarante-et-un francs. En février 1927, on
est revenu à vingt-deux francs. Indice : trois. Je cite là les chires de M.
13.
ANNÉE 1927
77
Bokanowski. En 1913, les salaires journaliers des ouvriers variaient entre six
et sept francs. Ils sont de vingt-huit francs actuellement. Mais les femmes,
qui représentent plus de trois-quart des soixante mille prolétaires travaillant
ou transformant le caoutchouc, ne sont payées que douze à quinze francs par
jour. Habitués à gagner sans peine des millions, les industriels du caoutchouc
ont tenté de lutter contre la hausse de la matière première. À la façon capitaliste : en restreignant la production, en imposant le chômage aux travailleurs.
Mais, dans la grande industrie chimique, les données de la situation
économique étaient tout à fait diérentes. Ainsi, pour la grosse branche des
produits pharmaceutiques et des matières colorantes ou des explosifs, c'est
presque la même fabrication depuis la guerre nous fabriquons quatre-vingtdix à quatre-vingt-quinze pour cent des besoins du pays, cependant qu'en
1914 nous étions tributaires de l'Allemagne pour au moins quatre-vingtcinq pour cent de nos besoins. En ce qui concerne les produits chimiques
nécessaires à toutes les autres industries, il y a eu mais très légèrement répercussion de la crise économique. Cependant, notre industrie est si diversiée, un même produit ayant de multiples emplois, que l'on peut dire que
le chômage a été par conséquent dans l'ensemble.
En résumé, crise étendue dans la céramique, par suite de la poussée de
"rationalisation" ; crise sérieuse dans les huileries et savonneries en raison de
l'élévation du prix des matières premières tirées de l'étranger ; crise légère
dans la parfumerie, causée par l'arrêt des exportations ; crise dans les usines
d'engrais, les cultivateurs restreignant leurs achats ; crise bénigne dans le
caoutchouc par suite de l'âpreté au gain de tous les "Bibendum" ; situation
orissante dans la grande industrie chimique.
L'industrie chimique est appelée à un brillant avenir
Les perspectives ?... Les industries chimiques sont appelées à un brillant
avenir. Chaque année nous apporte la création de nouveaux produits de synthèse. Le vingtième siècle sera celui de la chimie synthétique. Le caoutchouc,
même, n'échappera pas à cette évolution industrielle. Camphre, ammoniaque, matières colorantes, pétrole, acide acétique, huiles, graisses, parfums,
carburants sont de plus en plus créés chimiquement. Hier encore, au centenaire de Berthelot, ne rappelait-on pas cette phrase d'un professeur au
Collège de France : "La Chimie est au fond de tout et rien de lui échappe".
Nous croyons, nous, qu'elle est appelée à devenir la base de la fabrication et
de la transformation de toute matière première. À notre congrès de Lyon,
qui va s'ouvrir dimanche, nous examinerons plus en détail cette situation de
nos industries. Mais, sans oublier de mettre en parallèle les misérables conditions de vie, d'hygiène, de travail, des prolétaires qui, en régime capitaliste,
édient, jour après jour, à grands coups de peines et de sourances, au l de
leur misère immense, les scandaleuses fortunes d'une cinquantaine d'hommes
qui tiennent dans leurs mains tels les barons du rail des industries vitales pour la production. Et qui exploitent cyniquement 500 000 prolétaires :
78
hommes, femmes, enfants, étrangers, coloniaux.
J. Raveau. 110 13.32 28 octobre 1927. Aux délégués au Congrès de la
Céramique et des industries chimiques Les délégués doivent descendre à la gare Lyon-Perrache et prendre
le tramway no 26, Perrache-Parc-Saint-Jean. Descendre angle cours de la
Liberté et rue Villeroy, suivre celle-ci jusqu'à la Maison du Peuple. Avec
le no 4, Perrache-Parc, descendre rue Paul-Bert et prendre la rue Villeroy
jusqu'à la rue Molière.
Une erreur a été commise dans la convocation, il faut lire 169 rue Molière
au lieu de 69. 111 13.33 29 octobre 1927. Les secrétaires des fédérations unitaires nous disent... De courtes journées et de hauts
salaires, des mesures d'hygiène et de sécurité doivent
être arrachées au patronat des industries chimiques C'est par ces paroles que nos camarades Bloquet et Chabanon nous
ont résumé le programme général de revendications de la Fédération unitaire de la Céramique et des produits chimiques. Des centaines de milliers
de travailleurs de nos industries, ont-ils ajouté, subissent encore la plus honteuse, la plus ignoble des exploitations. Un travail pénible, malsain - disons
toxique - est imposé, même à des femmes, à des enfants, sans que soient
prises les mesures d'hygiène, donc de sécurité, indispensables. Et des salaires
de famine : quatorze, quinze, dix-huit francs par jour ! Les salaires misérables
pour ceux et celles qui manipulent les acides, les sulfures, tous les poisons
industriels... Les salaires de misère pour les caoutchoutières dont les vapeurs
de benzine, les gaz de sulfure de carbone "rongent, jour à jour, l'organisme" ;
pour les ouvriers et ouvrières des pétroleries et raneries, pour celles des parfumeries, des savonneries, des amidonneries, etc., tous et toutes sont menacés
par les vapeurs, les poussières, les poisons. Salaires de famine encore dans la
céramique, les porcelaineries, où l'ouvrier et l'ouvrière ont lentement, mais
sûrement, les poumons troués par les poussières minérales.
Et, à côté, en opposition, des sociétés qui réalisent des millions de bénéces sur la peine immense des prolétaires. Nul ne peut nier le caractère
d'insalubrité des industries chimiques. À des conditions spéciales de travail
doivent être appliquées des conditions spéciales de salaires, de durée de la
110. J. Raveau, Les secrétaires des fédérations unitaires nous disent... Chabanon et Bloquet esquissent les traits caractéristiques de l'industrie chimique , L'Humanité, no 10546,
27 octobre 1927, p. 5.
111. Aux délégués au Congrès de la Céramique et des industries chimiques , L'Huo
manité, n 10547, 28 octobre 1927, p. 4.
13.
ANNÉE 1927
79
journée, d'hygiène, de sécurité. L'explosion, dans les usines de chimie, menace la vie des travailleurs. Elles sont récentes celles de Saint-Auban (vingtdeux morts et de nombreux blessés), de Saint-Fons (deux morts et quarante
blessés), d'Haubourdin, qui t plusieurs victimes. Les discours ne susent
pas. Des mesures doivent être prises, que nous réclamerons énergiquement
dans notre Congrès qui s'ouvre dimanche, à Lyon.
Et s'il est une industrie où les faits de la vie quotidienne du prolétaire
démontrent péremptoirement l'inanité des armations réformistes et de la
collaboration des classes, c'est bien la nôtre. Malgré les parlotes du Bureau
International du Travail, il n'est pas vrai que "la situation du travailleur soit
lié à la situation de l'industrie dans laquelle il est occupé". L'industrie chimique est orissante ; elle a - les discours pompeux des "ociels" au centenaire
Berthelot le démontrent - un avenir brillant. Or, la situation des prolétaires
y est des plus misérables.
Bien au contraire, une industrie en plein développement est aussi en
pleine concentration. C'est la loi même du capitalisme. Et plus se resserrent
les rmes, plus aussi la discipline se fait féroce, plus encore les conditions
de vie des travailleurs y deviennent pénibles. Le sort des ouvriers et des
ouvrières est étroitement lié à un seul développement : celui des eectifs de
leurs organisations de classe, les syndicats unitaires ; les résultats des luttes
du prolétariat sont en rapport direct avec une seule concentration ; celle de
leurs syndicats locaux et professionnels transformés en puissants syndicats
régionaux d'industrie.
C'est si vrai qu'une seule fédération de l'industrie privée, celle du Livre,
était parvenue, avant guerre, à obtenir que les ouvriers d'une des professions
qu'elle groupait ssent une heure de moins de travail parce que considérés
comme "producteurs d'un travail insalubre". Il s'agit des linotypistes, ÷uvrant près d'un creuset de plomb en fusion. Mais les linotypistes étaient
organisés alors dans la proportion de 70 à 80 %.
L'÷uvre revendicative des syndicats unitaires
Nous voudrions - demandons-nous alors - connaître les résultats que la
Fédération unitaire a obtenus ?
Il faudrait alors citer toutes nos grèves, toutes nos interventions près du
patronat et des pouvoirs publics, toutes nos réunions de propagande, et la
liste en serait longue, ponctua Bloquet.
Depuis 1925, la lutte a été presque continuelle. Quelques exemples pris
dans la période écoulée. Au Havre (Seine-inférieure), nous faisons une réunion de l'usine Dubois. Le patron comprend. Le lendemain, il annonce qu'il
accorde une augmentation de un franc cinquante par jour. À Foëcy (Cher),
usine Lourioux, trois francs d'augmentation par jour. Répercussion : l'usine
Polliwit, proche, fait le même geste. Les non-syndiqués bénécient ainsi de
notre activité. À Honeur, nous arrachons deux francs. À la Gerche, six francs
en l'espace de huit mois. À Nomexy (Meurthe-et-Moselle), un franc vingt de
80
l'heure en plus. Nous ne touchons pas encore les grosses entreprises, parce
que les ouvriers - trompés par la pseudo-philanthropie patronale - délaissent
le syndicat. Mais ce sera notre tâche de demain.
Dans la céramique, à Montreuil, augmentation horaire de vingt-cinq centimes ; à Saint-Uze, augmentation de l'indemnité de vie chère ; à Vierzon,
trois francs ; à Montereau, réunion, et là encore, le lendemain, la direction
accorde vingt centimes de plus par heure aux hommes, quinze centimes aux
femmes, dix centimes aux jeunes.
Les caoutchoutières de Marseille arrachent onze pour cent d'augmentation et un contrat de travail. Les huiliers de Marseille obtiennent trois francs
de plus par jour. Et nous agissons pour que soient interdites les journées
de dix et douze heures imposées aux jeunes dans les savonneries. Faut-il
rappeler, enn, la grève des trois usines des Bébés Jumeau, grève dirigée
et soutenue par notre syndicat unitaire et qui se termina par l'obtention,
pour plus d'un millier de femmes, d'une augmentation de quinze pour cent.
Grâce encore à notre travail constant, de nombreuses catégories ont obtenu
les décrets d'administration publique sur les huit heures - qui n'existaient
pas - notamment les ocriers d'Apt.
C'est vrai - il faut le souligner, le répéter - il ne s'agit, dans l'ensemble,
que d'un faible pourcentage de travailleurs des industries chimiques. Mais c'est là l'important - c'est parce qu'il y avait des syndicats unitaires dans le
rayon des établissements touchés.
Et pour conclure, les revendications sur lesquelles nous allons discuter
dans notre Congrès : congés annuels payés, congés pour les femmes enceintes, paiement intégral des journées d'accidents, diminution du nombre
d'heures de travail, institution de délégués ouvriers à l'hygiène et à la sécurité, extension de la loi sur les maladies professionnelles, augmentation des
salaires, etc., ne seront arrachées que si les ouvriers et ouvrières comprennent
que leur intérêt est d'adhérer au syndicat unitaire de leur région. Il faut plus que jamais à l'époque actuelle - leur en souligner l'urgente nécessité.
J. Raveau. 112 13.34 30 octobre 1927. Ceux de l'industrie des produits
chimiques. Les maîtres de Saint-Gobain, rois de la paix
et de la guerre Depuis quinze jours, tout le monde capitaliste parle de chimie. C'était,
l'autre semaine, le Congrès international de chimie industrielle. Les patrons
des diérent pays cherchaient un terrain d'entente pour associer leurs bénéces. Hier, Marcelin Berthelot recevait l'hommage hypocrite des bourgeois
que ses découvertes ont enrichi. Nous allons avoir, nous aussi, notre congrès
112. J. Raveau, Les secrétaires des fédérations unitaires nous disent... De courtes
journées et de hauts salaires, des mesures d'hygiène et de sécurité doivent être arrachées
au patronat des industries chimiques , L'Humanité, no 10548, 29 octobre 1927, p. 5.
13.
ANNÉE 1927
81
des produits chimiques. Il se tiendra dimanche à Lyon, et les prolétaires les
plus exploités de France y étudieront les moyens d'améliorer leur sort. Nous
voudrions établir pour eux, pour leurs frères de misère, qui n'ont pas encore
appris le chemin du syndicat, une image du patronat formidable contre lequel
ils doivent dresser la force de leur organisation.
L'industrie des produits chimiques en France date d'hier. Les capitaux
placés dans cette industrie ont plus que quadruplé depuis 1924. C'est que
les découvertes nouvelles assurent dans l'économie capitaliste un rôle de premier plan. Fabrication des engrais, que l'agriculture emploie de plus en plus,
extraits et colorants pour la préparation des cuirs et des étoes, aluminium,
aciers spéciaux, alliages à grande résistance nécessaires à la mécanique, elle
tient une place énorme dans l'industrie de paix. Mais elle est surtout la
reine de la guerre. C'est entre 1914 et 1918 qu'elle a pris ce développement
formidable. Tous les experts répètent que la guerre future sera une guerre
chimique, où les fabricants de colorants produiront des explosifs et des gaz.
Pas une bourgeoisie n'accepteraient d'être dépassée sur ce terrain. Les
français qui, en 1914, achetaient à l'Allemagne 90 % de leurs matières colorantes, produisent maintenant 95 % de leurs besoins et vendent à l'étranger.
C'est donc une industrie jeune, et comme telle, fortement concentrée. Malgré
bien des eorts, il n'existe pas encore en France un trust des produits chimiques analogue au Comité des Forges. Mais trois sociétés y dominent tout le
reste et possèdent la direction absolue du marché. Les actions de produits
chimiques cotées en Bourse représentent un milliard deux cent cinquante millions. Là-dessus, les trois reines en contrôlent directement ou indirectement
plus d'un milliard. Elles tiennent 200 000 ouvriers sous leur botte. Ce sont :
Saint-Gobain, Kuhlmann, Alais, Froges et Camargue.
La société Saint-Gobain est à la tête de l'industrie chimique française. Elle
y joint encore l'industrie de la verrerie et des glaces par laquelle elle débuta
autrefois. C'est la société des gros propriétaires fonciers qui achetèrent les
mines de phosphates et se spécialisèrent dans la production des engrais. Avant
la guerre déjà, elle était en pleine prospérité. Pendant la guerre, elle s'est
tournée vers des branches nouvelles : l'ammoniaque, la cellulose. Actuellement, elle tient, avec un million de tonnes, la première place dans la production des engrais en Europe. Son capital nominal est de 151 millions, mais
il atteint 452 millions avec les réserves. Ses usines valent 160 millions. Elle
participe pour 92 millions à d'autres sociétés. Elle possède les forêts de SaintGobain et de Cirey ; vingt-sept usines éparses à travers la France, dans tous
les endroits où se manipulent les produits chimiques, d'Aubervilliers à Cette
et de Rouen à Saint-Fons ; des mines de pyrite à Saint-Bel dans le Rhône,
des usines de phosphates en Tunisie, à Rebiba, dans la Somme, en Belgique,
une saline à Ars-sur-Meuvre.
Voilà le monstre. En 1925, ses bénéces nets étaient de 36 millions ; ils
se sont élevés à 46 millions en 1926, malgré des amortissements formidables.
L'an dernier, les bénéces bruts devaient égaler le capital. Ce n'est pas tout.
82
La société Saint-Gobain contrôle la société normande des produits chimiques
(quatre millions et demi), pour les produits ammoniacaux. Elle est liée avec
la Société chimique des usines du Rhône (vingt-sept millions) et avec Poulenc
frères (soixante millions), six usines pour les produits organiques et les produits de laboratoire. Elle fabrique le carbure à la Société Hydro-Électrique
de la Maurienne (dix millions) ; la cellulose dans sa liale de la Cellulose
du Piro ; le papier à la Société Calaisienne des Pâtes à papier, aux Papeteries Navarre (cinquante-quatre millions), quatorze usines, aux Papeteries du
Marais, aux Papeteries de Rethel. Elle contrôle quatre sociétés de verreries
en France, une en Belgique, une en Hollande, une en Tchécoslovaquie. Elle
fabrique même des sacs à engrais, puisqu'elle possède à Roncq les Tissages
de jute de la Vallée (deux millions et demi).
Pour la branche de l'ammoniaque et des engrais composés, elle est alliée
à l'Air liquide, la société qui possède les brevets Claude pour la synthèse de
l'ammoniaque (soixante millions de capital, vingt-deux millions de bénéces
nets en 1926). L'Air liquide a vingt-deux centres de production d'oxygène,
dix-huit centres de production d'acétylène dissous, avec des liales dans
toutes l'Europe et même aux États-Unis. Ensemble, Saint-Gobain et l'Air
liquide ont monté la Société Chimique de la Grande-Paroisse (quarantedeux millions). Ils contrôlent la Société Européenne de l'Ammoniaque, trust
international que préside M. Yves Le Troquer, ancien ministre et patriote.
Quatorze capitalistes sont les maîtres de toutes ces richesses. Il y a là
les plus grands noms de la noblesse de France, toute l'aristocratie terrienne,
et chacun d'eux ou presque ne se contente pas de cette richesse. Il en veut
d'autres.
Derrière le président, M. Girard, qui est aussi à la Compagnie Générale
des Eaux (quarante millions) et dans deux ou trois liales de Saint-Gobain,
voici Thureau-Daugin, le duc de Broglie, le comte de Freney, MM. Ginard,
Cochin, E. Gerard.
Voici le comte Roederer, possesseur de crus en Champagne, vice-président
de Saint-Gobain, président du Comptoir de l'Industrie du Lin (trente-deux
millions), administrateur des Phosphates et Chemins de fer de Gafsa (trentesix millions), où les indigènes, payés à coups de trique, extraient les matières
nécessaires à la puissante compagnie.
Voici le comte Robert de Voguë, associé de Homberg en Indochine, à
la Compagnie agricole et industrielle de Cam-Tien, commissaire à la Société
Schneider et Cie , administrateur chez Panhard et Levassor, et dans les quatre
sociétés d'assurance de l'Urbaine.
Voici Bernard de Verges, représentant de Saint-Gobain au conseil d'administration de la Société chimique de la Grande-Paroisse et qui "travaille" dans
les compagnies maritimes, Compagnie Africaine d'armement, Compagnie
auxiliaire de navigation.
Voici Olivier, représentant de Saint-Gobain à la Société Européenne de
l'Ammoniaque, administrateur des deux sociétés d'assurances le Patrimoine ;
13.
ANNÉE 1927
83
Langlois, qui est chez Ariès dans l'automobile, et aux Ardoisières de l'Anjou.
Enn, le baron Thénard, qui tire bénéces de Saint-Gobain, du NordSud, des Chemins de fer sur route d'Algérie, de la Société Marinoni, de deux
Compagnies de navigation, de deux Compagnies d'assurances.
Tels sont les maîtres de Saint-Gobain par conséquent les maîtres de
l'industrie chimique, les rois de la paix et de la guerre, toute une brochette de
grands seigneurs féodaux que n'épouvante pas beaucoup la république bourgeoise, parce qu'elle est à leurs ordres. Leurs grands-pères avaient des serfs,
ils ont des ouvriers de France ou d'Algérie, qu'ils paient quinze francs par
jour, et qui font produire à leur capitaux du 100 %. Nous allons voir maintenant ceux de Kuhlmann et d'Alais, plus imprégnés de capitalisme moderne
et davantage liés aux banques, mais tout aussi féroces.
C'est contre ce patronat formidable qu'il faut dresser nos syndicats.
François Berry. 113 13.35 31 octobre 1927. Les assises unitaires. Les travailleurs
des produits chimiques étudient à Lyon les ravages des
maladies professionnelles (de notre envoyé spécial). Lyon. 30 octobre. Bons débuts de congrès.
La présidence d'honneur est placée sous l'égide des emprisonnés membres
de la CGTU et des organisations révolutionnaires. Puis l'envoi d'un télégramme saluant le Dixième anniversaire de la Révolution russe et armant
la solidarité des travailleurs français des industries chimiques et céramiques
est décidé par acclamation. Une intéressante discussion sur le rapport moral.
Point de vaines discussions, mais de bonnes critiques.
Une intéressante discussion sur le rapport moral
Point de vaines discussions, mais de bonnes critiques sur la gestion passée,
en rapport avec les revendications immédiates. C'est ainsi que s'engagent les
débats ; c'est ainsi que Chabanon, qui les ouvre, demande aux délégués d'envisager le travail. Pellegrin (Marseille) va souligner la nécessité d'une large
propagande dans la région provençale. De nombreuses grèves ont secoué l'important prolétariat qui y est exploité. Grève des caoutchoutiers de Marseille
qui se termine par l'obtention d'une augmentation de salaires ; grève des
huileries et savonneries qui procure trois francs de salaires de plus par jour ;
grève des usines Magnant terminée par trois francs d'augmentation, etc.
Pellegrin en vient alors au point central de son intervention : à Port-de-Bouc,
signale-t-il, à trente kilomètres de Marseille, existent l'usine Kuhlmann, l'usine
Saint-Gobain, les Huileries-Savonneries Verminck et une pétrolerie. Le travail de recrutement a commencé : dix-sept adhérents tout d'abord, deux
113. François Berry, Ceux de l'industrie des produits chimiques. Les maîtres de SaintGobain, rois de la paix et de la guerre , L'Humanité, no 10549, 30 octobre 1927, p. 1 et
2.
84
cent-vingt syndiqués maintenant. Enn, le délégué de Marseille conclut par
un appel en faveur de cette région provençale, centre de produits chimiques. Bollène et Avignon sont à toucher également. L'importance de la région marseillaise vient d'être soulignée fortement. Voici Royet (Lyon) qui
intervient sur celle de Lyon-Loire ; Fallon (Nancy), Arnaud (Lyon), Anceaux
(Dunkerque), Girard (Céramique de Poissy) et Dupont (Le Havre) traitent
de leur situation respective.
La main-d'÷uvre étrangère, coloniale et féminine
Notre camarade Ali brosse ensuite à larges traits un tableau de l'industrie chimique. Sur 5 200 établissements de produits chimiques, les quatre cinquième du nombre total des ouvriers qu'ils occupent sont employés
dans les 1 500 usines contrôlées par l'Union des Industries Chimiques. Trois
grosses rmes : Kuhlmann, Saint-Gobain, Alais-Froges-Camargue détiennent
presque tout le monopole des productions. Les man÷uvres constituent la
grosse partie du prolétariat de ces industries. Aussi, la main-d'÷uvre coloniale, étrangère et féminine y est-elle abondante. D'où, c'est le but de l'intervention d'Ali, nécessité d'une plus grande propagande auprès de ce prolétariat. Chabanon termine la discussion en examinant l'action faite et à faire.
La région d'Avignon, avec ses 5 600 prolétaires mérite toute notre attention,
précise-t-il. De même que Givors, Nancy et cette région lyonnaise où j'ai vu
souligne-t-il, des travailleurs casser la croûte sur un tas d'os où pullulaient
les asticots ; ceci s'est passé à l'usine Coignet. Le rapport moral est ensuite
adopté à l'unanimité, le Bureau fédéral ayant pris l'engagement de tenir
compte des suggestions et critiques apportées, critiques qu'il avait d'ailleurs
sollicitées. On vote encore, dans la première séance, le rapport nancier, celui
de la commission de vérication des mandats (27 syndicats représentés sur
50) et celui de la commission de contrôle. Un court débat sur les assurances
sociales a lieu après le rapport du camarade Ducarteron. Les congressistes
se rallient unanimement aux décisions prises à Bordeaux, décisions qu'a précisées Racamond. En fait, une première impression se dégage déjà : le passé
est liquidé ; les revendications d'ordre général ont été précisées au Congrès
confédéral. Ce qui importe aux délégués, ce qui motivera de larges discussions, ce seront les revendications immédiates et particulières aux travailleurs
de l'industrie chimique. Il est bon de souligner qu'après l'intervention de
notre camarade Racamond sur les assurances sociales, le congrès a décidé de
rédiger une motion contenant entre autres les points particuliers suivants :
abaissement de l'âge de la retraite pour les ouvriers des industries insalubres
à cinquante ans au lieu de soixante ; garanties pour la gestion des caisses ; et
enn égalité de traitements pour les travailleurs étrangers.
Les maladies professionnelles
Voici le débat qui va animer les congressistes. C'est Chabanon, soulignant le développement de l'industrie de la soie articielle et signalant les
13.
ANNÉE 1927
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dangers du sulfure de carbone servant à la préparation de la viscose et du
caoutchouc. Les paralysies et les troubles graves de la vision sont fréquents.
Les autres préparations de la soie articielle présentent également de graves
dangers. Usines d'acides, de caoutchoucs, de caustiques, de pétrole, etc. sont
toutes des foyers de maladies professionnelles. C'est maintenant Pérol, spéciant les dangers de la fabrication du caoutchouc : Maladies du talc, maladies
de la benzine, eczéma de benzine, etc. Michelin fait transporter ses victimes
à Berck-sur-Plage et à Banyuls. Il fait construire un sanatorium. Preuve
indéniable du grand nombre de prolétaires atteints. C'est encore Bloquet,
Pellegrin et Ducarteron qui traitent des maladies engendrées par l'aniline,
les chlore, et monochlore, les faïences à base de plomb, etc. "Nos camarades, dira l'un d'eux, sont après quelques mois de travail, comme des arbres desséchés." Et Royet de s'étendre sur les conditions abominables dans
lesquelles est fabriquée l'ypérite aux usines de Saint-Fons. La tuberculose
y règne en souveraine. Les explosions successives sont aussi évoquées. Rien
d'étonnant puisque l'on fabrique des gaz asphyxiants pour de nombreuses
nations étrangères. Le Japon vient au premier rang des clients de ces fabrications de mort. Delers, conseiller technique de la Fédération unitaire de
l'éclairage, qui a fait de remarquables et documentés rapports sur les maladies professionnelles dans l'industrie gazière si voisine, voire même partie
intégrante des industries chimiques, développe maintenant devant le Congrès
les parties principales de ses études. Nous entendons encore Ali traiter du
manque d'hygiène et de sécurité dans les usines ainsi que de la cruauté avec
laquelle sont traités les indigènes terrassés par les poisons. Chabanon clôture
le débat et il est décidé qu'une commission rédigera une résolution qui sera
présentée ultérieurement devant le congrès.
Au nom de la minorité révolutionnaire allemande, Lehmann salue les travailleurs français Après que Chabanon eût donné lecture d'un télégramme des
camarades de l'URSS, empêchés de venir par le gouvernement français, ainsi
que de quelques lettres d'excuses émanant de centrales étrangères, le camarade Lehmann monte à la tribune, salué par une Internationale puissamment
entonnée. Durant une heure, clairement, il entretiendra les délégués des luttes
et de la composition de la minorité allemande des travailleurs de l'industrie
chimique qui, là-bas, groupe dix grandes catégories industrielles. En Allemagne, et surtout dans l'industrie chimique, les trusts, la centralisation sont
un fait acquis. Il n'y a pas d'ouvriers étrangers et coloniaux, mais les grosses
rmes conent une partie de leurs fabrications à des entreprises extérieures
qu'elles assujettissent an, en cas de grève, de dresser les travailleurs les uns
contre les autres. Lehmann, après avoir donné les chires des bénéces honteux réalisés en rapport avec la part inme du travail, termine en dénonçant
les préparatifs de la guerre chimique qui se font parallèlement, en France et
en Allemagne. C'est un danger pour les prolétaires des deux pays, dira-t-il,
dans sa péroraison et il appartient à ceux-ci de s'unir avec leurs camarades
de l'URSS contre leur capitalisme qui ÷uvre sur le plan international et qui
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ne sera abattu que par la conjonction des eorts prolétariens sur le même
plan international.
Racamond, au nom de la CGTU, appelle les ouvriers à l'action
Les échos de l'Internationale, qui salua Lehmann après son discours,
sont à peine dissipés que Racamond vient saluer les travailleurs révolutionnaires des produits chimiques au nom de la CGTU. "Votre industrie, dirat-il, est bien une industrie. Quoique jeune, son développement est rapide et
formidable. La concentration s'y révèle gigantesque, et les salaires y sont
inmes ; ainsi aux États-Unis, la part du salaire représente huit pour cent
alors qu'elle est dans les autres de dix-huit à vingt pour cent. Partout, les
travailleurs de la chimie sont les plus mal payés." Et Racamond démontre
ensuite la liaison qui existe entre les revendications générales adoptées à Bordeaux et celles qui sont élaborées à Lyon. Tour à tour, la rationalisation, tant
industrielle qu'administrative ou militaire, la lutte pour les huit heures, sans
dérogations, voire même, puisqu'il s'agit d'industries insalubres, la journée
de sept heures, sont alors évoquées. "C'est, souligne Racamond, une préoccupation d'avenir, car il vous faut tout d'abord travailler à lutter contre
les journées de dix et douze heures qui sont encore faites dans l'industrie
chimique." Augmentation des salaires, allocations familiales, chômage, organisations à bases multiples, moyens et non but du recrutement, assurances
sociales sont liées par le secrétaire de la CGTU à l'action sociale du prolétariat, à la lutte contre le patronat, contre la guerre, contre l'impérialisme.
"C'est cette liaison, souligne Racamond, qui diérencie notre action de celle
des réformistes. Le prolétariat français doit être à la fois capable de défendre
ses revendications immédiates et la révolution chinoise, et la révolution russe,
et les peuples coloniaux victimes de la civilisation à coups de canon. Sur tous
les terrains, les travailleurs révolutionnaires doivent lutter. C'est là le sens
des résolutions de Bordeaux. C'est aussi la voie qui nous mènera vers la révolution prolétarienne victorieuse que nous n'arracherons qu'après avoir constitué de puissants syndicats". Longuement applaudi, Racamond, descend
de la tribune et, à 17h15, la séance est levée.
J. Raveau. 114 13.36 31 octobre 1927. Les rois de l'industrie chimique. Le
trust Kuhlmann par François Berry. Le trust Kuhlmann vient au second rang de l'industrie chimique française, presque au même niveau que Saint-Gobain 115 .
Sa progression a été beaucoup plus rapide. En 1914, son capital n'était que
114. J. Raveau, Les assises unitaires. Les travailleurs des produits chimiques étudient à
Lyon les ravages des maladies professionnelles , L'Humanité, no 10550, 31 octobre 1927,
p. 1 et 5.
115. Voir l'Humanité du 30 octobre 1927 : Les maîtres de Saint-Gobain 13.
ANNÉE 1927
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de six millions, il est de cent quatre-vingt-dix millions en 1927. Pendant la
guerre, ses fabrications ont pris un développement formidable, il a absorbé la
Compagnie des Matières Colorantes, construit autour de Rouen, à Aubervilliers, à Marseille, des usines nouvelles. Bénéciaire de la guerre, il a pourtant
touché soixante-dix millions de dommages de guerre. Maintenant, aux cent
quatre-vingt-dix millions de capital vient s'ajouter cent trente-huit millions
de fonds de réserve. Le bilan de la Société Kuhlmann indique qu'elle participe
pour trente-trois millions dans d'autres entreprises, mais ses participations
valent beaucoup plus que cela. Les bénéces nets étaient de vingt-quatre
millions en 1925, ils sont passés à trente-trois millions et demi en 1926, et le
dividende s'est élevé de trente à quarante francs par action de cent-cinquante
francs. Les salaires ouvriers n'ont pas suivi le même chemin. Actuellement,
la Société Kuhlmann produit 500 000 tonnes de superphosphates par an,
autant de produits organiques, acides, etc., 162 000 tonnes de sous-produits,
9 900 tonnes de matières colorantes. Largement dépassée encore par SaintGobain, dans le domaine des engrais, elle est la reine des produits chimiques
et des colorants. Elle possède dans le Nord, en Belgique, à Aubervilliers, dans
la région de Rouen, dans celle de Nantes, seize usines. Elle extrait du sel à
Dieuze, possède des gisements de phosphates dans le Nord et ses laboratoires
de Levallois et de Suresnes mettent au point des découvertes nouvelles.
La force principale de Kuhlmann, outre ses appuis sur les compagnies
minières et la grande Banque, ce sont ses liales et ses participations industrielles. Pour lui fournir les matières premières, elle contrôle sa société des
Pyrites de Huelva, mines de pyrite de fer d'Espagne (six millions) ; la Compagnie Française des Phosphates (1 200 000 francs) qui extrait les craies phosphatées de l'Aisne, les Superphosphates et Produits Chimiques du Maroc,
au capital de huit millions. Avec les compagnies minières, elle a formé les
sociétés en participation Anzin-Kuhlmann, Maries-Kuhlmann, CourrièresKuhlmann, pour le traitement des gaz de four à coke et la fabrication de
l'ammoniaque synthétique. Elle fait traiter les os par les Établissements
Jourdrain d'Igny, la société Sudos, à Dijon et à Bordeaux, la Société Satos
en Belgique, la Société Geistlich en Suisse. À la Société d'Électro-Chimie de
Brignoud, les anciens Établissements Frédet-Kuhlmann (sept millions), elle
fabrique la carbure, le chlore et la soude ; à L'Acétosynthèse, l'acide acétique,
matière première de l'indigo. Elle traite les dérivés du goudron à la Société
de Schwonarde, les scories de déphosphorisation aux Produits Chimiques de
Lourdes (un million et demi). Pour les matières colorantes, elle a pris le contrôle des Produits chimiques et matières colorantes de Saint-Clair-du-Rhône
(dix millions, deux usines) ; elle vient de fusionner avec l'importante Société
des matières colorantes de Saint-Denis, dont les trois usines emplissent la
rue des Poissonniers. Elle a absorbé également la Société des Matières colorantes d'Alsace pour former les Produits Chimiques de Mulhouse (douze
millions). Elle participe à la Société des Produits Chimiques Coignet (douze
millions). Elle contrôle en Italie les Produits Chimiques Bouelli. Les sept
88
usines françaises de la Société de la Vieille-Montagne, où on fabrique le blanc
de zinc, sont sous sa direction. Elle participe aussi aux Couleurs zinciques
(vingt-deux millions, trois usines et une mine). Elle est à la Société des Produits chimiques du bois (douze millions, deux usines) et contrôle celle des
Pâtes, papiers et textiloses (quinze millions, quatre usines dans l'Isère et la
Savoie). Elle a même son propre comptoir de vente, la Société commerciale
Lambert-Rivière (dix millions, seize agences).
Telle est la puissance du trust Kuhlmann qui exploite dans ses usines
des dizaines de milliers d'ouvriers. Ils sont vingt-cinq pour gérer toutes ces
richesses et cette direction est un vivant symbole du capitalisme nancier. On
y trouve les têtes des banques et de l'industrie lourde, venus là faire "travailler
" leurs capitaux dans la chimie, industrie jeune, industrie d'avenir.
M. Donat-Agache est le président du conseil d'administration. C'est un
spécialiste de l'industrie chimique. Il préside ou administre presque toutes
celles que contrôle la Société Kuhlmann, douze en tout. Nous l'avons déjà
vu à la Compagnie du Nord. Il est encore aux Mines d'Anzin et au Crédit
Commercial (cent-vingt millions de capital). Enn, il est co-propriétaire des
Tissages Agache-Fils (quarante millions, 4 500 ouvriers). Président de la
Société de Chimie industrielle, c'est un personnage ociel dont les discours
font autorité dans la République.
M. Cuvelette est un des maîtres du Comité des Houillères. Outre Kuhlmann et quelques liales, il préside le Groupement des Houillères du Nord
et du Pas-de-Calais (soixante millions). Il est aux Mines de Lens, aux Mines
de Chanveaux, à l'Union des Mines. Il est aussi le maître des forges aux
Aciéries du Nord et de l'Est, du Nord et de Lorraine, aux Aciéries de Paris
et Outreau. Il est encore à la Compagnie générale d'électricité. Il administre
la Banque Générale du Nord et le Crédit commercial.
Vous connaissez déjà Gaston Griolet, vice-président des Chemins de fer
du Nord, président de la Banque de Paris et des Pays-Bas. Le nom de ce
capitaliste de grand choix qui "fait" dans les chemins de fer, la banque et
l'électricité, montre quels liens rattachent Kuhlmann à la Banque.
Duchemin, du Crédit National, de Bozel-Malétra, société de produits
chimiques à cinquante-deux millions de capital, de la Société des produits
chimiques du bois, préside l'organisation centrale du patronat, la Confédération Générale de Production Française (CGPF). C'est assez dire sur cet
ennemi des organisations ouvrières.
Éd. Lamy est dans le bâtiment aux Établissements Fourié et Rhodes
(sept millions) et dans toutes les industries d'Amiens : distilleries, papeteries,
Société du Gaz.
Après quelques seconds plans, Delsol, Dupont-Descat, Durand-Gosselin,
Kiener, Ledoux, voici les gens des houillères : Bollaert des Mines de Lens
et des Mines de Chauveaux, déjà cité pour la Compagnie du Nord ; Crespel des Mines de Lens et du Crédit du Nord ; Chabaud-Latour, des Mines
de Drocourt (cent cinquante-trois millions), qui représente Kuhlmann dans
13.
ANNÉE 1927
89
les Mines de fer de Mokta et Madrid (quarante millions), de Krivoï-Rog
(trente millions), à la Société du Djebel Djerissa et qui administre par surcroît Gnome et Rhône.
Voici le groupe des gens de la Penaroya, la société du cuivre espagnol,
principal actionnaire de Kuhlmann. Il y a là Chastel, son directeur général,
Lavaurs, Fred. Ledoux, qui est aussi aux Superphosphates et produits chimiques du Maroc, aux Minerais et Métaux, aux Mines de Maldana ; Heurteau,
qu'ont déjà rencontré les cheminots du Paris-Orléans et qu'on trouve partout,
dans les mines, les chemins de fer, la banque, le pétrole, l'électricité, les
aciéries.
Hauzeur s'occupe des sociétés de minerais métallurgiques d'Espagne et
de la Banque Franco-Espagnole (quarante millions) ; Lambert de l'ÉlectroMétallurgie de Dives (quarante-huit millions) ; Lecoeuvre de la Société des
Minerais et Métaux. Et, pour nir, deux requins de taille, Edgar de Sincay,
administrateur de six grandes sociétés électriques, des Fonderies de Zinc
de la Vieille-Montagne, des Chemins de fer de l'Indochine et de la Société
des Chargeurs Réunis (cent millions) ; Théodore Laurent, vice-président du
Comité des Forges, président des Constructeurs de matériel de guerre, administrateur de dix sociétés métallurgiques et de cinq sociétés minières. C'est là
une image vivante de ce patronat moderne où chaque branche s'interpénètre
et se soutien, sous la haute direction des banques. Contre la force de ces
gens, nous n'avons qu'une seule force, le syndicat, organisation unique de
notre classe. 116 13.37 1er novembre 1927. Les assises unitaires de Lyon.
D'importants débats sur les préparatifs de guerre chimique et la centralisation capitaliste ont eu lieu hier au
congrès des industries chimiques Vers la fusion des fédérations des industries chimiques, céramiques et
du verre. (de notre envoyé spécial). Lyon. 31 octobre. La deuxième journée
du congrès s'est ouverte sous la présidence de Monzillat (Digoin), assisté de
Pellegrin (Marseille) et Fallot (Châtel-sur-Moselle). Ducarteron expose aux
congressistes l'historique des pourparlers de fusion. À plusieurs reprises, tant
dans les comités nationaux du verre que dans les syndicats de cette industrie,
le principe de la fusion a été adopté à l'unanimité. Lors du congrès de Vierzon, il semblait que tous les délégués du verre étaient d'accord. Or, quand
il s'agit de l'application, nous sommes obligés de constater que les membres
du bureau de la Fédération du verre n'y mettent pas toute la bonne volonté
désirable. Chabanon et Revol interviennent ensuite et le congrès nomme une
commission qui rapportera à nouveau devant les délégués. Bloquet traite
alors de l'unité syndicale. De nombreux délégués interviennent, apportant
116. F. Berry, Les rois de l'industrie chimique. Le trust Kuhlmann ,
no 10550, 31 octobre 1927, p. 1 et 2.
L'Humanité
,
90
des résumés de la situation syndicale dans leurs localités. Pérol, notamment,
parle de l'attitude de certains chefs confédérés dans la région de Limoges,
plus particulièrement lors de la grève récente de La Fabrique. Broussillon
et Déry, militants à la fois de la Fédération et du syndicat confédéré de la
céramique, étaient aussi adjoint et conseiller municipal socialistes de Limoges. Or, le patron était également socialiste. Et les militants socialistes ont
défendu leur allié socialiste, le patron, et contribué à faire battre en partie
les grévistes. Dupont (Le Havre), Pellegrin (Marseille), Bloquet et Anceaux
apportent des précisions et le Congrès vote à l'unanimité une résolution
par laquelle il s'arme en plein accord avec la décision prise à Bordeaux.
Aujourd'hui, comme hier, la Fédération unitaire de la céramique et des produits chimiques est prête à appliquer la résolution Paris-État-Rive-Droite ;
c'est-à-dire à entrer en bloc avec tous les membres de la CGTU dans la CGT.
La concentration capitaliste, les dangers de guerre et l'industrie
chimique
C'est certainement une des discussions les plus intéressantes de ce Congrès. Elle est indubitablement liée comme l'a souligné Racamond dans son
intervention d'hier soir à la lutte pour les revendications immédiates. Notre
camarade Chabanon a rédigé un important rapport écrit sur ces questions,
rapport qu'il a largement développé ce matin. Il a écouté attentivement par
tous les délégués, produits une forte impression. L'intérêt de ce rapport est
si grand que nous ne saurions sans lui nuire le résumer. Aussi les débats terminés, reviendrons-nous, dans l'Humanité, sur ce sujet. À midi, Chabanon
descend de la tribune. La discussion va se poursuivre l'après-midi.
Délégués ouvriers à l'hygiène et à la sécurité
Encore une importante question. Les catastrophes de l'industrie chimique arrivent à dépasser en nombre de victimes des catastrophes minières.
Saint-Fons, Saint-Auban, Haubourdin s'inscrivent tragiquement au fronton
de l'édice du capitalisme de l'industrie chimique. Et il en est tant d'autres !
Aussi le rapport de Chabanon, est-il appuyé par Delers, Crapet, Anceaux,
Girard, Picot, Ali, etc. À signaler, entres autres, l'intervention du délégué de
Bellegarde, le camarade Blanc. Dans une usine de la région, il n'y a que deux
masques pour une centaine de travailleurs ; et les deux masques sont repassés
d'une gure à l'autre. Après une sérieuse discussion la motion présentée a
été adoptée à l'unanimité. Les délégués du verre arrivant alors, il est décidé
d'entrer immédiatement dans la discussion sur la fusion des deux fédérations.
Les délégués des deux fédérations s'arment à nouveau partisans de la fusion
Il y a de nombreux mois qu'il est question de cette fusion. Et un délégué
fera justement remarquer qu'une fois de plus, délégués des industries chimiques, céramique et verrière se déclarent tous d'accord sur le principe. Mais
13.
ANNÉE 1927
91
lorsqu'il s'agit des modalités d'application cela ne va plus. Néanmoins, il faut
constater qu'un grand pas a été fait cet après-midi sur la voie qui mène aux
réalisations pratiques. Après les discours de Ducarteron, Sue, Hermann, il
est aisé de constater que les dicultés tombent une à une. Chabanon viendra encore apporter de la clarté dans ce débat et, enn, l'intervention de
Racamond, au nom de la CGTU, apparaîtra comme dénitive. En eet, une
commission est nommée, dont les membres sont pris dans les deux fédérations. Elle rédigera aujourd'hui une résolution commune et il est probable
que la réalisation de la fusion ne sera plus qu'une question de mois. Ainsi,
aujourd'hui encore, du travail sérieux a été accompli dont nous marquerons
demain les étapes dénitives.
J. Raveau. 117 13.38 2 novembre 1927. Les assises unitaires. Le congrès
des produits chimiques est terminé Il a désigné la commission exécutive et son bureau.
Dans les travaux de sa dernière journée, le congrès de la Fédération des
industries chimiques fait siennes les décisions de la CGTU relatives à la création des syndicats régionaux d'industrie et a traité de l'importante question
qu'est l'unication des salaires sur le plan régional. Après un appel de Marie
Bréant au groupement des travailleuses, il a été procédé à la nomination de
la commission exécutive. Les travaux du congrès de la Fédération unitaire
des produits chimiques étaient terminés.
Au congrès des industries chimiques, les conditions de travail et de salaire
des diverses régions sont évoquées par les délégués. Marie Bréant fait une
importante intervention sur la main-d'÷uvre féminine.
Lyon. 1er novembre. Rien ne peut mieux donner une idée de l'exploitation éhontée dont sont victimes les prolétaires, hommes et femmes, de l'industrie chimique, que les exposés faits aujourd'hui au Congrès par de nombreux délégués des diérentes régions. Dès huit heures, sous la présidence
de Couriaud, assisté de Joubert (Méhun-sur-Yèvre) et Papot (Niort), les
travaux commencent.
Les relations internationales et les rapports avec le Comité international
de propagande sont esquissés dans un rapport développé par Chabanon,
rapport dont les conclusions sont adoptées par le Congrès. Puis la discussion
sur les syndicats régionaux d'industrie, suspendue hier lors de l'arrivée des
délégués du verre, est reprise. Les décisions de la CGTU sont acceptées. Et
l'on arrive à une importante question : l'unication des salaires sur le plan
117. Les assises unitaires de Lyon. D'importants débats sur les préparatifs de guerre
chimique et la centralisation capitaliste ont eu lieu hier au congrès des industries chimiques , L'Humanité, no 10551, 1er novembre 1927, p. 1 et 4. Trois portraits accompagnent
en page 1 l'article, avec pour légende : "Chabanon, Bloquet et Ducarteron, secrétaires des
Produits Chimiques unitaires".
92
régional.
De longues journées, des salaires de famine
Bloquet, qui rapporte sur cette question, souligne tout d'abord sur les
mêmes rmes donnent des salaires diérents d'usine à usine même lorsqu'elles
sont situées dans la même région. Les salaires horaires varient ainsi entre un
franc quatre-vingt et quatre francs. Un exemple typique illustre cette armation : à Aubervilliers, les travailleurs homme sont payés trente-deux francs
par jour. À l'usine Moritz, vingt-trois francs cinquante ; chez Kuhlmann,
vingt-deux francs cinquante. Notons que nous parlons là des salaires les plus
élevés. En province, il y a encore des man÷uvres payés un francs cinquante
à un franc quatre-vingt de l'heure.
Aussi, lorsque des augmentations de salaires sont réclamées, la réponse
des patrons est-elle partout la même : faites des heures supplémentaires.
Dans ces conditions, nombreux sont les exploités de l'industrie chimique qui
font dix, douze et même seize heures de travail. Il est fréquent de voir des
travailleurs indigènes faire huit heure dans une usine et de reprendre aussitôt
dans une autre période de huit heures, le système des trois équipes étant assez
fréquent dans certaines branches de l'industrie. Dans l'impossibilité de vivre
avec les misérables salaires octroyés pour huit heures, les prolétaires en sont
contraints à travailler comme des brutes.
Bloquet relie maintenant la question du salaire régional à celle du congé
annuel payé. C'est une revendication que la Fédération unitaire entend arracher. Elle est d'une nécessité vitale pour les travailleurs de l'industrie chimique, étant donné surtout les conditions d'insalubrité du travail.
Pellegrin appuie fortement les conclusions du rapport. Il souligne l'exploitation éhontée dans les huileries et savonneries de la région marseillaise,
exploitation dont il relève, par de nombreux exemples, les formes particulières et notamment le système des primes à la production et des sursalaires.
Il donne connaissance des termes du contrat de location des logements dits
ouvriers sis sur le domaine de la société Saint-Gobain. Il y est notamment
stipulé que "le contrat prendra n le jour même où l'ouvrier, pour une cause
quelconque, cesserait d'être employé aux usines Saint-Gobain".
Pérol va maintenant dénoncer les magnats du caoutchouc : les Michelin, les Bergougnan, les Torrilhon. Longuement, avec des faits à l'appui, il
démontrera comment, par la pseudo philanthropie patronale, Michelin lie
ses ouvriers et forme ses esclaves destinés à le défendre. Sursalaire familial, prime d'opération, prime de production, participation, actionnariat sont
dénis. L'ouvrier qui bénécie d'une part n'a pas le droit, en vertu d'un contrat, au cas où il quitterait l'usine, de s'embaucher dans une autre maison de
caoutchouc avant deux années après son départ. Les femmes ont des salaires
de douze à quatorze francs par jour. Michelin a constitué des sociétés dites
sportives. Avec elles, il a formé sa garde civique. Sous couleur de sport, on
apprend le tir au revolver et au fusil. Enn, dans les écoles, on enseigne aux
13.
ANNÉE 1927
93
enfants à prier pour M. Michelin.
C'est ensuite Bloquet qui apporte de nouvelles précisions et de nombreux
délégués de province venant donner aux congressistes les renseignements qui
ont été apportés par les ouvriers des usines. Après quoi, la motion envisageant
les moyens d'action à employer pour faire aboutir la revendication du salaire
établi sur le plan régional est adoptée à l'unanimité.
La Fédération unitaire de la céramique et des produits chimiques a pris
une importante initiative. Les délégués spécialisés dans diérentes branches
de l'industrie chimique ont été chargés d'établir chacun pour sa sphère d'activité industrielle un rapport sur la situation économique de la branche d'industrie où il travaille. D'aucuns croient que les travailleurs sont incapables
de se livrer à l'étude de telles questions. Le congrès de Lyon vient de fournir
une preuve du contraire. Industrie de la céramique, industrie des savonneries
et huileries, industrie chimique en général ont, tour à tour, été examinées,
mieux : étudiées à fond, par nos camarades Picot, Pellegrin et Bloquet. La
rationalisation, le chômage, la production, les bénéces, l'importation et les
exportations, l'évolution du machinisme, les conditions d'hygiène, de travail,
de salaires des ouvriers sont, dans ces rapports, soigneusement étudiés.
Les travailleurs de l'usine viennent ainsi de faire la preuve qu'ils étaient
capables - mieux que les bourgeois - d'étudier attentivement les problèmes
de l'économie de leur industrie.
C'est une initiative qui doit et peut être suivie par toutes les fédérations
de la CGTU. Ainsi s'arme l'orientation prise à Bordeaux. Et déjà, leurs
répercussions se sont fait sentir dans le congrès fédéral qui vient de se tenir.
La main-d'÷uvre féminine
Notre camarade Marie Bréant a fait sur ce sujet un important discours
sur lequel nous reviendrons.
La résolution ci-dessous a été ensuite adoptée : "en raison du nombre
considérable de femmes travaillant dans les industries chimiques et constituant ainsi une main-d'÷uvre que le patronat exploite honteusement, maind'÷uvre dont il se sert pour établir une concurrence d'ouvriers à ouvrières.
Attendu qu'il est certain qu'en cas de guerre, cette main-d'÷uvre est appelée
à remplacer la main-d'÷uvre masculine. Le congrès des industries chimiques
souligne toute l'importance, toute la nécessité d'intensier la propagande
parmi cette main-d'÷uvre. Il s'engage à faire un eort sérieux pour amener
à l'organisation syndicale les milliers de femmes travaillant dans les industries céramiques et chimiques. Il attire l'attention de tous les militants sur
cette importante question et leur demande de se consacrer dès maintenant
à cette tâche de recrutement et d'organisation des travailleurs des industries
chimiques. C'est dans la mesure où la Fédération unitaire saura amener et
maintenir la main-d'÷uvre féminine dans les syndicats qu'il sera possible de
développer l'activité de nos organisations. C'est également dans la mesure
où les femmes participeront au travail syndical qu'il sera possible d'arriver
94
à un fort développement des eectifs syndicaux. Le congrès fédéral des industries chimiques et céramiques s'engage donc à entrer résolument dans
la voie ci-dessus tracée et à indiquer nettement à tous les militants le devoir de travailler activement au groupement des travailleuses de l'industrie
chimique".
Le congrès se clôt ensuite après une intervention de Revol, au nom de l'union régionale, d'Ambrogelly sur la main-d'÷uvre des jeunes, de Ducarteron,
sur la fusion avec le Verre, les délégués des deux fédérations s'étant mis d'accord sur les modications au statut et l'augmentation de la cotisation, sur
la main-d'÷uvre coloniale et après nomination de la commission exécutive.
Nous donnerons ultérieurement le compte-rendu de ces débats ainsi que
les résolutions prises sur ces questions.
J. Raveau. 118 13.39 2 novembre 1927. Les rois de l'industrie chimiques.
Alais, Froges et Camargue, seigneurs de l'électro-chimie La Compagnie d'Alais, Froges et Camargue complète la Sainte-Trinité
de l'industrie chimique (1).
Saint-Gobain avait les engrais ; Kuhlmann les produits organiques et les
colorants ; Alais, Froges et Camargue règnent sur la chimie des métaux et
l'électro-chimie.
C'est une compagnie de formation toute récente, où dominent les producteurs d'électricité et les maîtres de forges. Son importance date de la mise
au point industrielle des procédés électriques de production de l'aluminium,
mais surtout de 1917, où se fondirent pour la former la Société électrométallurgique de Froges et la Compagnie des produits chimiques d'Alais
et de la Camargue.
Actuellement, elle compte 208 millions de capital. Directement ou par ses
liales, elle dispose chaque année de 900 millions de kilowatt-heures, c'est-àdire de la plus grande force hydraulique aménagée en France par une seule
compagnie. Elle tient l'électricité des Alpes et d'une partie des Pyrénées. Les
travaux en cours sont destinés à doubler cette force.
La Société des forces motrices de la Durance (vingt millions), celle des
Forces motrices de la Haute-Durance (dix millions), la Société Générale de
Force et de Lumière de Grenoble (soixante-quinze millions), les Forces motrices du Rhône (cinquante millions), les Forces motrices de la Tarentaise, la
Société des Forces motrices Bonne et Drac, les Forces motrices de Vicdessos
lui appartiennent entièrement ou sont contrôlées par elle.
118. J. Raveau, Les assises unitaires. Le congrès des produits chimiques est terminé ,
, no 10552, 2 novembre 1927, p. 1 et 4. Un portrait accompagne en page
1 l'article, avec pour légende : "Ali, qui a rapporté au Congrès sur l'exploitation des
travailleurs coloniaux".
L'Humanité
13.
ANNÉE 1927
95
Elle participe à l'Union électrique du littoral méditerranéen (cent soixante quinze millions, six cents millions de kilowatts-heures) et à la Société
d'énergie électrique du Sud-Ouest (soixante millions, deux cents millions de
kilowatt-heures).
Voilà pour la force motrice, élément principal dans sa fabrication. Pour les
matières premières, les mines de bauxite (minerai d'aluminium) de Gardanne
et Saint-Auban lui appartiennent presque entièrement. Elle possède, au Salin
de Giraud, dix mille hectares de salines aménagées scientiquement. Ce sont
les plus grandes salines du monde.
Ses dix-sept usines concentrées dans les vallées des Alpes et des Pyrénées,
alliées aux treize usines de la Société d'électro-chimie, électro-métallurgie
et aciéries électriques d'Ugine (quatre-vingt millions) assurent à ces deux
sociétés le monopole de la fabrication française d'aluminium : trente mille
tonnes prévues pour 1927. Les bénéces sont considérables. Pour Ugine seule,
ils sont passés de vingt millions en 1925 à vingt-quatre millions en 1926.
Autour d'Alais, Froges et Camargue et d'Ugine, s'est formée une sorte de
trust de l'électro-chimie, avec la Société électro-chimique de Mercus (quatre
millions, deux usines où l'on fabrique le ferro-silicium), la Société électrochimique des métaux, les Produits chimiques du Tarn (trois millions et demi
de francs), la société Le Nickel, l'Électro-métallurgie d'Auvergne (huit millions) et l'Électro-métallurgie de Dives (quarante-sept millions et demi, deux
usines où l'on fabrique le cuivre, le nickel et l'étain).
Alais-Froges fabrique aussi les chlorates. Pendant la guerre, le Midi était
l'un des principaux fournisseurs d'explosifs chloratés (la "cheddite" de son
usine de Chedde). Elle est liée dans cette branche avec la Société centrale de
Dynamite (quatorze millions), la Société générale pour la fabrication de la
dynamite et la Compagnie générale des produits chimiques du Midi (deux
usines, dont les trois millions de capital produisaient en 1926 plus d'un million de bénéces !).
Dans le domaine des produits organiques, Alais-Froges participe à la
Société du Kétol (vingt-sept millions), aux Produits chimiques de Clamecy
(six millions). Elle contrôle, avec Ugine, la Société l'Alfa (seize millions), qui
produit en Algérie et usine à Sorgues la cellulose nécessaire à la fabrication
des explosifs.
Enn, Alais-Froges travaille dans les tissus avec les sociétés Acanthis
(douze millions) pour le blanchiment des tissus, Textil (six millions) pour le
blanchiment du coton. Il contrôle la Soie articielle d'Izieux (huit millions).
En dix ans, Alais-Froges et Camargue a fait du chemin. Curieux exemple
de concentration industrielle, englobant à la fois toute une branche d'industrie et l'industrie de toute une région !
Parmi les vingt-et-un membres du conseil d'administration, deux grands
groupes, les métallurgistes producteurs d'électricité et les soyeux de Lyon.
À la tête du premier se trouve le président, Gabriel Cordier, déjà présenté
aux lecteurs de l'Humanité comme président de la Compagnie PLM, régent
96
de la Banque de France, banquier, assureur, maître de forges et surtout
faisant dans l'électricité, président d'honneur de la Chambre syndicale des
forces hydrauliques, président ou administrateurs de neuf sociétés électriques.
Avec lui, Roux de Bezieux qui représente Alais-Froges au conseil d'administration d'Ugine et de la Société Argental ; Vielhomme, Jacques Level,
président de la société Air-Unions, de la Société de construction des embranchements industriels, vice-président de la Société industrielle des téléphones, administrateur de la Dynamite et de cinq sociétés électriques.
Toujours dans le même groupe, voir Ad. Azaria, vice-président des Tubes
de Vingey, administrateur des Établissements métallurgiques de la Gironde
et qui est aussi à la Compagnie Générale d'Électricité, à la CPDE, à la
Fabrication des compteurs, à la Société continentale Edison.
Marlio, des Forces électriques du Rhône et de la Durance, président de
la Chambre syndicale des forces hydrauliques, administrateur des Minerais
et Métaux, représentant d'Alais-Froges à l'Alfa.
G. Vesier, président de la Chambre syndicale des métaux, administrateur
de six sociétés métallurgiques.
Hippolyte Bouchayer et M. Rombard qui, en plus de quelques autres
sociétés (Union d'Électricité, Chantiers et ateliers de la Gironde), administrent tous les deux les Tréleries et Laminoirs du Havre, la maison de
Schneider, symbolisent à merveille cette liaison des marchands d'explosifs et
des marchands d'obus.
De l'autre groupe émerge Ed. Gillet, chef de dynastie, président des Établissements Gillet et ls, président de la Soie articielle d'Izieux, administrateur du Textil, d'Acanthis, de l'Acétosynthèse, de la Société des traitements
de tissus Philanaise, etc.
Derrière lui viennent Alfred Bernheim, qui est aussi à Izieux, puis dans
les Tanneries de Brenne et dans les assurances.
Petrus Bernard, qui est à Izieux, à Textil et dans deux banques lyonnaises.
Ce sont là les vrais maîtres, les autres : Cardozo, Nicolas Jary, Piaton
sont loin de leur relief.
Ces gens-là possèdent la France entre le Rhône et les Alpes. Ils y recrutent
à bon marché une main-d'÷uvre de paysans sans défense. Ils ont le droit de
l'exploiter à merci.
Avec eux, nous avons achevé le tour de l'industrie chimique. En dehors
des trois grands trusts, il ne reste guère de sociétés importantes que BozelMalétra (cinquante-deux millions), où les trois trusts ont leurs hommes, et
sans doute leurs participations ; la Compagnie Bordelaise des Produits chimiques (cinquante millions), liée sans doute à Saint-Gobain. Enn, Solvay, qui
forme à lui seul le trust international de la soude, avec son centre en Belgique
et ses tentacules partout dans le monde, possède cinq usines en France.
C'est tout. Trois grands patrons. 300 000 ouvriers, 9 000 syndiqués.
Résultat : les salaires de quinze francs par jour ne sont pas rares dans cette
13.
ANNÉE 1927
97
industrie où les maladies professionnelles abondent. Il faut arracher les ouvriers des produits chimiques à leur isolement.
François Berry.
(1) Voir l'Humanité des 30 et 31 octobre. 119 13.40 3 novembre 1927. Après le congrès des industries
chimiques. La nouvelle commission exécutive est chargée de faire appliquer les décisions prises à Lyon Lyon, 2 novembre. Les congressistes de Lyon, avant de se séparer ont
nommé les membres de la commission exécutive chargée de faire appliquer
les décisions prises à Lyon. Les camarades dont les noms suivent ont été, à
l'unanimité, chargés de ce travail :
Marie Bréant, Chabanon, Ducarteron, Bloquet, Ali, Lucienne Dubas,
Georges, Dunais, Rouillot, Petit, Boché, Herberg, Valet, Larchevêque, Gambay, comme titulaire.
Guénot, Hélène Coudert, Aubert, Cantamerra, Meunier comme suppléants.
L'ordre dans lequel nous les publions est celui du nombre de voix obtenues
lors de l'assemblée générale du syndicat de la région parisienne. En outre,
un camarade a été désigné par le groupe polonais et un autre par le Syndicat de Montereau. Ils appartiennent aux professions suivantes : céramistes,
colorants, caoutchoutiers, pétrole, produits chimiques. Le bureau sera formé
des camarades Chabanon, Bloquet, Ducarteron et Rouillot. Il reste maintenant aux nouveaux membres à travailler avec activité à l'accomplissement
des tâches et à la réalisation des revendications tracées dans le programme
élaboré à Lyon.
J. Raveau. 120 13.41 4 novembre 1927. La vie tragique des travailleurs.
Deux ouvriers tués par l'explosion d'une cuve d'essence
aux usines Salmson Cet article n'a pas été retranscrit. 121 119. François Berry, Les rois de l'industrie chimiques. Alais, Froges et Camargue,
seigneurs de l'électro-chimie , L'Humanité, no 10552, 2 novembre 1927, p. 1 et 2.
120. Après le congrès des industries chimiques. La nouvelle commission exécutive est
chargée de faire appliquer les décisions prises à Lyon , L'Humanité, no 10553, 3 novembre
1927, p. 6.
121. La vie tragique des travailleurs. Deux ouvriers tués par l'explosion d'une cuve
d'essence aux usines Salmson , L'Humanité, no 10554, 4 novembre 1927, p. 1.
98
13.42 4 novembre 1927. Après le congrès de Lyon. Des
milliers de coloniaux sont exploités dans les industries
chimiques et céramiques Au onzième congrès de la Fédération unitaire des industries céramiques
et chimiques qui vient de se terminer à Lyon, notre camarade Ali a fait un
remarquable exposé sur la situation misérable faite à ces travailleurs, sur
les pénibles conditions de travail qui leur sont imposées et sur les salaires
dérisoires qu'on leur attribue. Leur nombre est de plus en plus élevé, l'industrie chimique employant de nombreux man÷uvres. La résolution ci-dessous
clôtura le débat, résolution que les travailleurs français sont chargés d'appliquer :
"C'est dans l'industrie chimique que le capitalisme peut utiliser le plus la
main-d'÷uvre non qualiée. Il peut la recruter parmi les peuples opprimés
des colonies. Un énorme pourcentage de coloniaux existe dans les usines chimiques, de caoutchouc, de colorants, dans les huileries, savonneries, raneries,
etc. Ces travailleurs seront de plus en plus utilisés dans ces branches de la
production capitaliste, non seulement en période de "paix", mais surtout
en période de guerre. Ces ouvriers, par leur sujétion et du fait du manque
de libertés sociales aussi bien que des mesures exceptionnelles de l'indigénat
auxquelles ils sont soumis, sont doublement exploités. Dans l'industrie des
produits chimiques, les coloniaux ont presque toujours des salaires inférieurs
à ceux des ouvriers français. Ils font de longues heures de travail, ils sont astreints aux besognes les plus répugnantes, les plus malsaines. Le patronat ne
les protège ni ne les assure contre les accidents de travail et les maladies professionnelles occasionnées par les produits nocifs de cette industrie. Une telle
situation faite à une partie de travailleurs a sa répercussion sur les conditions
de l'autre partie de la classe ouvrière. C'est pourquoi le deuxième congrès
des industries chimiques et céramiques, engage tous ses syndicats, tous les
militants et adhérents, conformément à la résolution sur la main-d'oeuvre
coloniale du congrès de Bordeaux à entreprendre résolument le travail d'organisation parmi les travailleurs coloniaux. Ils devront, en outre, soutenir
non seulement leurs revendications et réaliser les tâches énoncées du congrès
de Bordeaux, mais encore exiger pour eux les mêmes avantages qu'ils ont
eux-mêmes acquis, les mêmes revendications particulières aux corporations
des produits chimiques et céramiques, pour lesquelles ils combattent.
C'est dans la mesure où les adhérents de la Fédération unitaire de la
céramique et des industries chimiques accompliront ce travail de défense des
intérêts immédiats des travailleurs coloniaux et soutiendront leur mouvement
d'émancipation et de libération de la tutelle impérialiste, qu'elle groupera les
travailleurs de cette industrie sans distinction de race et couleur, se renforcera
et opposera une résistance sérieuse à l'exploitation et à l'oensive patronale
dans une des industries de la production capitaliste. 122 122. Après le congrès de Lyon. Des milliers de coloniaux sont exploités dans les indus-
13.
ANNÉE 1927
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13.43 5 novembre 1927. La commission des pétroles commence son enquête... Cet article n'a pas été retranscrit. 123 13.44 5 novembre 1927. Les batailles en cours. Le patronat
de Port-de-Bouc déclenche contre les travailleurs une
grande oensive Voulant briser les organisations syndicales avant la n de l'année, les
grands patrons de Port-de-Bouc, de toutes catégories (Kuhlmann, SaintGobain, Morue française, Compagnie des Pétroles, Compagnie des Goudrons,
Chantiers Navals de Provence, Entrepreneurs du Bâtiment et Employeurs des
ports et docks) viennent de déclencher une oensive de grand style, que nous
étudierons dans un prochain article.
Mais le prolétariat de Port-de-Bouc a donné déjà des preuves de sa résistance. Guidé par ses syndicats, par les fédérations intéressées, par la huitième
union régionale et le délégué régional des ports et docks, qui, déjà, sont sur
les lieux, il saura se faire respecter.
C. Matton. 124 13.45 13 novembre 1927. Union des syndicats de la région
parisienne. Campagne de propagande et de recrutement syndicale [. . . ]. Réunion des ouvriers des isolants, boulevard Lamoureux, Vitry,
salle Regard à 18 heures. Orateurs : Chabanon, Lichon, Marie Bréant. [. . . ]. 125 13.46 13 novembre 1927. La main-d'÷uvre dans les industries chimiques et céramiques. Marie Bréant nous
expose la situation du prolétariat féminin Au congrès de la Fédération des industries chimiques et Céramique,
notre camarade Marie Bréant s'était attachée à souligner combien fausse
était la conception consistant à considérer la main-d'÷uvre féminine comme
"passagère" dans les industries chimiques. Elle en avait tiré la conclusion
qu'il était nécessaire, pour certains militants, de se débarrasser de cette erreur d'appréciation et d'apporter dans l'avenir une plus grande activité dans
tries chimiques et céramiques , L'Humanité, no 10554, 4 novembre 1927, p. 4.
123. Marcel Cachin , La commission des pétroles commence son enquête... , L'Humano
ité, n 10555, 5 novembre 1927, p. 1 et 2.
124. C. Matton, Les batailles en cours. Le patronat de Port-de-Bouc déclenche contre
les travailleurs une grande oensive , L'Humanité, no 10555, 5 novembre 1927, p. 5.
125. Union des syndicats de la région parisienne. Campagne de propagande et de recrutement syndicale , L'Humanité, no 10563, 13 novembre 1927, p. 5.
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la propagande syndicale à faire parmi les éléments féminins de ces industries.
Dès notre retour de Lyon, nous sommes donc allé demander à Marie Bréant
de vouloir bien exposer, pour les lecteurs de l'Humanité, ce qu'elle pensait
du problème de la main-d'÷uvre féminine. Et voici ses déclarations :
Près de 100 000 femmes...
Si l'on en croit les données de la statistique générale de la France, environ 70 000 femmes sont employées dans les diérentes branches de l'industrie
chimique, dont 35 000 pour la seule région parisienne. Et encore, ajoute notre
camarade, faut-il tenir compte qu'il ne s'agit là que de la statistique faite
en 1921, les résultats du recensement de 1926 n'étant pas encore publiés.
Ces chires ont certainement augmenté depuis. Par ordre de grandeur, on
compte 20 000 femmes employées dans les usines de caoutchouc ; 15 000 dans
les savonneries et parfumeries ; 12 000 dans les porcelaineries et faïenceries ;
10 000 dans les produits pharmaceutiques ; 5 000 dans les usines d'acides,
bains, etc. ; 3 000 dans celles d'engrais ; 3 000 dans les poudreries et fabriques d'explosifs ; 3 000 dans les usines de matières colorantes ; 1 000 aux
produits résineux et extraits tanniques ; 1 000 à la fabrication du celluloïd
et du linoléum ; 1 000 dans les féculeries et amidonneries. Pour la seule région parisienne, nous avons les données suivantes : caoutchouc et succédanés,
11 000 ; industries chimiques, 10 000 ; savons et parfums, 8 000 ; céramique,
4 000 ; pétrole, 2 000. Ainsi, c'est un fait, souligne Marie Bréant : non seulement le patronat ne se sépare pas de la main-d'÷uvre féminine comme
l'on se sépare d'une main-d'÷uvre "passagère", - mais, au contraire, il la
recherche, il l'accroît sans cesse, à tel point qu'il n'est pas exagéré de prétendre que ce n'est plus 70 000 femmes qu'il convient de "situer" dans nos
industries insalubres, mais près de 100 000.
Dans les pétroles, la colle, les engrais, les acides, les couleurs, les femmes
travaillent. Vingt pour cent de femmes dans les industries chimiques ! Il y
a vingt-cinq ans : cinq à six pour cent ! Dans un avenir proche, quarante
à cinquante pour cent ! Telle est la situation présente et d'avenir. Situation
qui implique une tactique de propagande adéquate. Nous l'avons souligné
à Bordeaux : la femme est partie intégrante du prolétariat. Elle y restera.
La main-d'÷uvre féminine est appelée à devenir de plus en plus nombreuse.
C'est la loi inéluctable du capitalisme. C'est la réalisation même des données
de Marx. La rationalisation capitaliste ne fera qu'accentuer ce processus
de prolétarisation de la femme. Il appartient donc aux militants de tenir
compte de ce fait et d'en tirer toutes les conclusions qui s'imposent. Le
Talon de Fer de l'industrialisme n'a pas cure des vieux clichés sentimentaux.
La femme au foyer ? Formule périmée ! Nous vivons l'âge de l'électricité,
de l'industrie, de la chimie. L'âge, l'époque où la main-d'÷uvre qualiée
s'avère en plus ou moins grande partie inutile. C'est la main-d'÷uvre de...
man÷uvre qui en régit le marché du travail en régime capitaliste. Le temps
n'est plus des longs apprentissages. La machine puis la réaction chimique 13.
ANNÉE 1927
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agissent. Une simple "mise au courant", quelques journées d'adaptation... Et
la femme, voire l'enfant, sont à même d'être rationnellement exploités. Dans
nos industries encore plus que dans les autres, dont le tour viendra ! Voilà
la situation de la femme dans la société moderne. Travail intensif, insalubre,
salaires de famine, facilités pour le patronat de remplacer rapidement une
main-d'÷uvre non qualiée. Bref, hideuse, la monstrueuse exploitation du
Capital dans toute son horreur ! Et pour lutter, pour lutter en faveur des
hommes, des femmes, des enfants exploités sans distinction de couleurs ou
de nationalités, une seule arme : l'organisation syndicale. Mais, pour la forger,
puissante, un long travail s'impose à tous les militants, un travail inlassable
de recrutement et de propagande. C'est cela que j'ai déclaré à Lyon. C'est à
cette tâche de lutte contre l'exploitation de mes s÷urs que j'ai convié tous
les adhérents de la CGTU. Car c'est une phase de notre lutte générale contre
l'exploitation capitaliste et pour les revendications immédiates.
J. Raveau. 126 13.47 14 novembre 1927. Union des syndicats de la région
parisienne. Campagne de propagande et de recrutement syndicale Aujourd'hui. [. . . ]. Réunion des ouvriers des isolants, boulevard Lamoureux, Vitry, salle Regard à 18 heures. Orateurs : Chabanon, Lichon, Marie
Bréant. [. . . ].
Mardi 15 novembre. [. . . ]. Réunion du personnel des Pétroles Desmarais,
rue Franklin, Ivry, Salle Restaurant Coopératif, à 17 heures. Orateurs : Bloquet, Dorel, Marie Lainé.
Réunion du personnel de la Maison Destriez, avenue Jean-Jaurès, Argenteuil, salle café Leroy, rue Ambroise-Thomas, Argenteuil à 18h45. Orateurs :
Chabanon, Marie Bréant. 127 13.48 15 novembre 1927. Campagne de propagande et de
recrutement syndical [. . . ]. Réunion du personnel des Pétroles Desmarais, salle du Restaurant
coopératif, rue Franklin, Ivry, 17 heures. Orateurs : Bloquet, Dorel, Marie
Lainé. [. . . ]. 128 126. La main-d'÷uvre dans les industries chimiques et céramiques. Marie Bréant nous
expose la situation du prolétariat féminin , L'Humanité, no 10563, 13 novembre 1927,
p. 5. Un portrait de Marie Bréant accompagne l'article.
127. Union des syndicats de la région parisienne. Campagne de propagande et de recrutement syndicale , L'Humanité, no 10564, 14 novembre 1927, p. 5.
128. Campagne de propagande et de recrutement syndical , L'Humanité, no 10565,
15 novembre 1927, p. 4.
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13.49 19 novembre 1927. Aujourd'hui. Deux scandales à la
commission du pétrole La commission des pétroles continue de tenir ses séances. Elle entend
des présidents de Conseil d'administration, les membres de la Chambre syndicale des pétroles, car ces messieurs sont groupés, organisés, syndiqués, en
dépit de rivalités féroces. À cette heure, les trusts anglo-saxons ont mis la
main sur presque toutes les anciennes compagnies qui, avant la guerre, accaparaient entièrement la distribution de l'huile en France. Les représentants
des groupes qui tentent de résister à ces redoutables concurrents pleurent sur
le passé des larmes amères. Ils réclament l'appui de l'État capitaliste pour la
sauvegarde de leur privilège menacé. Ils invoquent la Patrie, naturellement,
la Défense nationale, l'intérêt français et tous les grands "principes". Nous
analyserons un jour l'ensemble de leurs dépositions suggestives où s'inscrit à
la fois leur égoïsme, leur amertume et leur angoisse à la veille d'être dévorés
entièrement par Rockefeller et Deterding. Mais, pour aujourd'hui, il convient
de retenir deux incidents de la séance d'hier :
1o Est-il vrai, a-t-on demandé à M. Cayrol, directeur de la rme Desmarais que, lors d'une séance récente de votre Chambre syndicale, le président Champin ait transmis des demandes de subventions formulées par Billiet
des Intérêts Économiques et par Mercier du Redressement Français ? Oui,
répond le témoin Cayrol. Ces messieurs ont en eet sollicité de la Chambre syndicale du Pétrole des subventions pour combattre lors des élections,
les partisans du monopole. Seulement, ajoute-t-il, la Chambre syndicale a
ajourné sa réponse. Cet ajournement est simplement une merveille. Voilà le
premier aveu scandaleux enregistré par la commission. Le fait n'étonnera pas
nos camarades communistes. Il est normal, courant, dans le régime. Nous le
soulignons parce qu'il soulève un coin du voile qui cache les véritables opérations électorales de la démocratie bourgeoise.
2o On a posé à M. Wenger, administrateur de la Société Pétrona, une
question d'un autre ordre. La Pétrona achète aux soviets une grande partie
de son pétrole. Est-il vrai, lui a-t-on demandé, que Sir Henry Deterding a
menacé votre société de saisir les arrivages de naphte qu'elle reçoit de Russie ?
Réponse : oui, le fait est exact ! Deterding a mobilisé les blancs de Russie à
la Lianoso an d'empêcher le pétrole russe de pénétrer en France. Or, le
pétrole russe est de qualité supérieure et de prix satisfaisant. Second aveu !
De cette ingérence du magnat hollando-anglais dans les aaires intérieures du
pays, il sera demandé compte au gouvernement. On reproche aux soviets leurs
prétendues interventions dans la politique des pays capitalistes. Maintenant
qu'on tient la preuve ocielle des agissements de l'accapareur de la Royal
Dutch, nous allons voir si le ministère de l'Union nationale va le traiter
comme un simple ambassadeur soviétique.
Marcel Cachin. 129 129. Marcel Cachin, Aujourd'hui. Deux scandales à la commission du pétrole , L'Hu-
13.
ANNÉE 1927
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13.50 23 novembre 1927. Solidarité ouvrière. À l'aide des
lock-outés des chantiers du métropolitain ! Souscriptions reçues à la CGTU. Deuxième liste. [. . . ]. Bloquet, 5
francs, Chabanon, 5 francs. [. . . ]. 130 13.51 30 novembre 1927. Un grand écrivain révolutionnaire : Upton Sainclair, l'Amérique et le "pétrole" 131
13.52 30 novembre 1927. Informations parlementaires À la commission des pétroles. Réunie hier après-midi à la Chambre,
sous la présidence de Charles Baron, la commission des pétroles a entendu le
président du Comité des Houillères, M. de Peyerimho, sur la question de la
fabrication en France du pétrole synthétique en partant du charbon, et M.
Lefebvre-Vacquerie, président de la Compagnie Industrielle des Pétroles, sur
les "dangers qui pourraient résulter pour la défense nationale, de l'emprise
étrangère sur l'industrie du pétrole en France". La commission poursuivra
ses auditions au cours d'une prochaine séance. 132 13.53 22 décembre 1927. À genoux devant les pétroliers Le gouvernement avait promis de faire voter par la Chambre, avant le
31 décembre, un statut réglant l'importation et la distribution du pétrole en
France. Avant le 31 décembre ! Est-il désormais possible d'engager un débat
de cette importance ? Oui. Si le président du Conseil veut enlever un vote
de surprise. Non, si la discussion prend toute l'ampleur qu'elle mérite. La
question du pétrole est l'une des plus importantes de celles qui sont posées
devant l'opinion. La politique intérieure, la politique internationale y sont
également intéressées. Quelle est, présentement, la situation en notre pays ?
La France produit 60 000 tonnes de pétrole par an. Elle en consomme deux
millions. Elle dépend donc à peu près complètement de l'étranger pour le
mazout, pour l'huile lampante, pour l'essence, pour les huiles de graissage.
Elle débourse pour ces produits indispensables plus de trois milliards annuellement. Sans eux, ni transports maritimes, ni transports aériens ! Sans
eux, ni automobiles, ni camions ! Sans les lubriants, la machinerie des usines
et des transports se grippe, s'use, se détraque et s'arrête. Il faut pendant la
, no 10569, 19 novembre 1927, p. 1.
130. Solidarité ouvrière. À l'aide des lock-outés des chantiers du métropolitain ! ,
o
L'Humanité, n 10573, 23 novembre 1927, p. 6.
131. G. A., Un grand écrivain révolutionnaire : Upton Sainclair, l'Amérique et le "pétrole" , L'Humanité, no 10580, 30 novembre 1927, p. 2.
132. Informations parlementaires , L'Humanité, no 10580, 30 novembre 1927, p. 2.
manité
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paix de prodigieuses quantité de pétrole. Quant à la guerre, les alliés savent
qu'ils ont été portés à la victoire sur une mer d'huile. Comme ils songent
tous à la prochaine dernière, l'angoisse est grande chez ceux qui, comme les
Français, sont tributaires du dehors.
Or, quels sont les fournisseurs de la France ? Les trusts anglo-saxons pour
la plus grande part. Jusqu'en 1920, ni la Standard américaine, ni la Royal
anglaise, ni l'Anglo-Persian, ni la Sinclair n'avaient pris position sur le sol de
notre pays. Aujourd'hui, ces quatre colosses ont absorbé la presque totalité
des anciennes sociétés françaises. Les Anglo-Saxons y ont placé leurs capitaux. Ils ont introduit leurs procédés de distribution, leurs camions, leurs
réservoirs, leurs systèmes de pompes. Il n'est plus d'entrée de ville où tout
cet appareil ne se dresse comme le symbole de leur mainmise. Mieux. Au
dernier Salon d'Automne, l'Économique, liale de la Standard, avait étalé
devant les tableaux et les meubles, au premier plan, bien en vue, l'une de
ses pompes qu'elle orait probablement comme une ÷uvre d'art américaine
à l'admiration des visiteurs. Les dix anciennes maisons françaises de pétrole, les Fenaille, les Despeaux, les Deutsch de la Meurthe, les Lesieur, et
les autres, après avoir accumulé avant et pendant la guerre des fortunes
immenses, ont passé la main aux Rockefeller, aux Teagle, aux Deterding,
qui sont dorénavant les maîtres. Et l'on a vu récemment, avec quelle impudence, un Deterding intervenait dans la politique française pour faire chasser
l'ambassadeur soviétique, aggraver les conits et les menaces de guerre. Les
trusts ont, à cette heure, investi en France plus d'un milliard. Ils poursuivront leur ÷uvre d'investissement. Le gouvernement Poincaré en a peur. Il ne
peut rien contre leur pénétration, car il doit 300 milliards aux Américains et
aux Anglais et, à la première observation, l'ambassadeur de Londres et de
Washington mettent à nos ministres le marché en main.
Un moyen se présente d'échapper à leur lourde sujétion. Il faut se fournir
en Russie, puisque les Soviets détiennent des puits qui sont parmi les plus
riches du monde. Sans doute on y a recours et l'on s'en trouve bien, mais
la proportion fournie par les Soviets est bien inférieure à celle des trusts et
il serait nécessaire de l'inverser. Mais quelle répugnance à traiter avec ces
bolcheviks odieux, même si leur pétrole est meilleur et meilleur marché que
celui des trusts ! Les partisans du monopole de l'importation et de la distribution de l'huile et de l'essence à la Chambre étaient autrefois nombreux.
C'étaient les radicaux, c'étaient les socialistes. Ah ! Ils avaient juré de lutter
contre les puissances d'argent, contre les accapareurs, contre les trusteurs.
Mais les temps sont changés. Maintenant qu'il faudrait prendre parti, les
trois-quarts des troupes radicales-socialistes ont déjà lâché pied ; quand aux
socialistes, ils proposent un monopole avec rachat. Et il faudrait au moins
deux milliards pour procéder à l'opération. On comprend que Poincaré ait
beau jeu. Il repousse ce monopole-là comme tous les autres. Il tient prêt
un projet de concession où les trusts sont royalement servis. Et il n'attend
qu'une occasion propice an de le faire sanctionner par un Parlement qui a
14.
ANNÉE 1928
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abdiqué entre ses mains. Trouvera-t-il cette occasion avant le 31 décembre ?
Marcel Cachin. 133 14
Année 1928
14.1 2 février 1928. Aux mines de phosphates du Kouif L'année 1926 a rapporté 10 286 000 francs de dividendes aux actionnaires. Nous avons vu que si le directeur des Mines de Phosphates du Kouif
se voit allouer un salaire annuel de 75 à 80 000, si autour de lui gravitent
un tas de satellites aux appointements de 50, 46, 30, 24 000 francs par an,
par contre le mineur doit travailler, à la tâche, toute une journée pour sortir
avec peine un salaire de 20 à 30 francs. Certains pour dix heures ne gagnent même que cinq à dix francs. Et cependant, ce sont ces malheureux qui
produisent les richesses dans lesquelles se vautrent les actionnaires. Car les
mines du Kouif sont en pleine prospérité et les actionnaires m'excuseront de
connaître avant eux les chires de l'expédition du phosphate. Dans la période
du 1er janvier au 31 octobre 1927, il a été expédié 596 000 tonnes sur Bône
se répartissant mensuellement ainsi :
janvier : 64 495 tonnes ; février : 63 885 ; mars : 66 995 ; avril : 59 205 ;
mai : 65 825 ; juin : 60 185 ; juillet : 51 665 ; août : 51 150 ; septembre : 58
776 ; octobre : 54 440.
D'autre part, il a été expédié au-delà de Bône via Ouled Rahmoun, 1
597 tonnes 400 kilos (ensachés) et il a été livré à la Société des Produits
Chimiques et Engrais de Maison Carrée 7 836 tonnes (en vrac). Soit, pour dix
mois d'exploitation, un total général de 606 033 tonnes 400 kilos. Or l'année
1926 n'a pas donné plus de 650 000 tonnes ; la production de 1927 dépassera
donc celle de 1926. Si nous tenons compte que les dividendes répartis l'an
dernier ont atteint 10 286 000 francs, nous pouvons en conclure que ces
messieurs ne seront pas encore sur la paille cette année. Mais les pauvres
esclaves du Kouif ne verront pas leurs misérables salaires augmentés et ils
n'en seront pas mieux traités pour cela. D'ailleurs, dans un prochain article
nous parlerons de l'économat.
J. Teulade. 134 133. Marcel Cachin, À genoux devant les pétroliers , L'Humanité, no 10602, 22 décembre 1927, p. 1.
134. J. Teulade, Aux mines de phosphates du Kouif , L'Humanité, no 10613, 2 janvier
1928, p. 5.
106
14.2 26 février 1928. Deuxième journée du comité confédéral national. Lier la situation économique nationale
aux perspectives internationales mais ne pas oublier les
questions pratiques qui nous lient aux masses. Placer au
premier plan les revendications immédiates et le front
unique... Marie Bréant (Fédération des produits chimiques) assiste le président de
séance. Ali intervient et s'attachera au problème de la rationalisation dans
les colonies, l'intensication de la production des phosphates en Afrique du
Nord, exploitation dans les charbonnages indochinois. Un prolétariat se créé
dans les colonies, où règne un véritable esclavage, et nous devons nous y
intéresser. 135 14.3 27 avril 1928. Convocations [. . . ]. Céramique et industries chimiques. Délégués d'usines, collecteurs
et secrétaires de sections locales, passer au plus tard samedi après-midi retirer
les journaux ainsi que tracts Premier mai. 136 14.4 7 mai 1928. Dans les entreprises. À l'usine Desmarais,
à Colombes Le 1er mai, dès six heures du matin, un camion de gendarmes armés jusqu'aux dents, stationne à la porte de l'usine, ainsi que la icaille,
et des agents de la Sûreté. Il faut dire d'ailleurs que ces messieurs étaient
présents la veille à la sortie de quatre heures. Sous peine de renvoi le personnel entier devait se trouver au travail, livreurs et chaueurs compris. Or, ces
dernier ne sortent jamais leurs voitures le Premier Mai. Pour les ouvriers,
la provocation était agrante. D'ailleurs la présence du cheptel a été fort
commentée dans l'usine, et non par favorablement. À signaler l'attitude de
certains chefs s'entretenant familièrement avec la icaille. Ces mesures ne
peuvent nous étonner, étant donné l'exploitation renforcée que subissent les
ouvrières et les ouvriers dans cette boîte. Les salaires sont dérisoires, les ouvriers professionnels touchent 4 francs 10 de l'heure, les femmes 3 francs pour
un travail excessivement dur et malsain, presque toujours à la tâche, ainsi
que les man÷uvres dans certains services, qui ont 3 francs 60. Les conditions
d'hygiène sont scandaleuses dans l'ensemble de l'usine, dans les ateliers de
peinture, de remplissage, au grattage des caisses, à la menuiserie, on peut
armer qu'hommes et femmes s'empoisonnent chaque jour ; la tuberculose
rôde dans tous les coins. La direction sévit avec une rigueur excessive contre
135. Deuxième journée du comité confédéral national , L'Humanité, no 10668,
26 février 1928, p. 5.
136. Convocations , L'Humanité, no 10729, 27 avril 1928, p. 6.
14.
ANNÉE 1928
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les ouvriers. Le favoritisme et le mouchardage sont érigés en système. Malgré
cette situation, malgré toutes ces mesures, les travailleurs de chez Desmarais
ne se laisseront pas exploiter et berner éternellement. Le premier mai 1928
leur aura ouvert les yeux.
Un groupe d'exploités. 137 14.5 30 mai 1928. L'exploitation des travailleurs. Aux usines
Lambiotte dans la Nièvre Mi-cultivateur, mi-ouvrier, tel doit-être le sort du travailleur des produits chimiques Lambiotte ; car le salaire de vingt-deux francs cinquante par
jour ne permet pas de vivre dans notre canton, le plus cher du département.
Il faut faire une journée à l'usine et une au dehors. Il y aurait cependant des
possibilités d'action si le gros des camarades se décidait à rejoindre la section
syndicale. Il y a quelques semaines, les chefs de service se montraient tout
miel pour nous : membres de la SFIO locale, ils faisaient leur propagande
pour le candidat socialiste. Mais nous savons ce que valent ces socialistes,
amis intimes du capitaliste Lambiotte avec lequel ils font les ns déjeuners.
Ne comptons pas sur ces gens-là pour nous défendre. Nos intérêts ne sont
pas les leurs. Ce sont nos groupements de classe : section syndicale et cellule
communiste, qui seuls peuvent le faire. Rejoignez-les !
Le correspondant ouvrier. 138 14.6 30 mai 1928. Réunions d'usines Céramique et industries chimiques.
Aujourd'hui, à 13 et 14 heures, personnel du Celluloïd de Villetaneuse.
À 18 heures, Stains, personnel des maisons Ducot, Le Boulanger, La
Galine, salle Pouget. Orateur : Bloquet, secrétaire du syndicat.
À 17h30, personnel de la Pétroléenne, Aubervilliers, 100 avenue VictorHugo. Orateurs : Chabanon et Boché.
Demain, réunion du personnel des toiles cirées Wallarants à 17 heures,
salle Marcilhia, 3 rue de Clamart à Malako. Orateur : Bloquet. 139 14.7 22 juin 1928. Réunions d'usines Produits chimiques. Ce soir : Clichy.
Jeoroy-Delore, à 20 heures, salle Reut, rue Reut. Orateurs : Chabanon, Marouf, Morain. Choisy-le-Roi.
137. Dans les entreprises. À l'usine Desmarais, à Colombes , L'Humanité, no 10738,
7 mai 1928, p. 4.
138. L'exploitation des travailleurs. Aux usines Lambiotte dans la Nièvre , L'Humano
ité, n 10761, 30 mai 1928, p. 6.
139. Réunions d'usines , L'Humanité, no 10761, 30 mai 1928, p. 6.
108
Société Incrusta, à 18 heures, salle Léon, 104 rue Faidherbe. Orateur :
Bloquet. 140 14.8 25 juin 1928. Lettres de l'usine et des champs. La vie
des ouvriers à la Compagnie Industrielle des Pétroles Les trois usines de pétrole sont connues de tout Aubervilliers. Mais la
CIP (Compagnie Industrielle des Pétroles), surclasse ses deux concurrentes.
Les salaires sont les suivants :
Hommes (professionnels) : de 4,50 à 4,70 ; man÷uvres : 3,60 ; femmes
(soudeuses à l'étain) : 3,35 à la condition de faire 160 bidons par jour ; femmes
(man÷uvres) : 3 francs.
On embauche presque journellement dans cette boîte ; mais l'on y bat
aussi les records de la débauche : malheur à ceux qui sont surpris à parler !
C'est aussi la porte pour ceux qui manquent une demi-journée ; jamais de
permission et, si vous êtes malade, il faut toujours le prouver par un certicat
de docteur. À la soudure, un chefaillon se distingue particulièrement : depuis
cinq mois qu'il est là, c'est un débauchage perpétuel et les renvois vont
bon train même parmi le personnel justiant jusqu'à dix années de présence
dans la maison. Toutefois, le personnel de la CIP est fatigué de se voir traité
comme de vulgaires animaux : à lui de comprendre, hommes ou femmes,
qu'il doit entrer à l'organisation syndicale et, ce premier geste de groupement
réalisé, il obtiendra :
1o Le respect du délégué d'usine. 2o Une augmentation générale des
salaires. 3o Le licenciement du chefaillon en question qui a bien mérité que
le personnel lui... caresse les côtes. 4o Des vacances payées. 5o Un service
d'hygiène ou tout au moins un inrmier ou inrmière, car les blessures sont
nombreuses.
Maintenant, le personnel se sentirait assez disposé à orir, par une cotisation générale, une camisole de force au directeur braillard qui voit du
communiste partout !
Un correspondant ouvrier. 141 14.9 2 juillet 1928. Rationalisation capitaliste [. . . ]. La mécanisation du travail, la discipline de fer accompagnent
la rationalisation : ceux qui sont surpris à parler, ceux qui manquent une
demi-journée sont débauchés aux trois usines de la Compagnie Industrielle
des Pétroles, d'Aubervilliers où la vie des travailleurs est celle des bagnes !
[. . . ]. 142 140. Réunions d'usines , L'Humanité, no 10784, 22 juin 1928, p. 5.
141. Lettres de l'usine et des champs. La vie des ouvriers à la Compagnie Industrielle
des Pétroles , L'Humanité, no 10787, 25 juin 1928, p. 4.
142. Rationalisation capitaliste , L'Humanité, no 10794, 2 juillet 1928, p. 1.
14.
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109
14.10 7 juillet 1928. Demain, assemblée des ouvriers des
produits chimiques de Saint-Denis Saint-Denis : centre important pour la production des matières chimiques. Dans cette ville sont exploités plusieurs milliers de travailleurs et de
travailleuses. Plus de soixante usines de produits chimiques, dont la fabrication est celle des matières colorantes, colle, caoutchouc, savons, parfums,
stéarine, celluloïd. Dans toutes ces usines, les ouvriers gagnent de véritables
salaires de famine. La moyenne du salaire d'un man÷uvre homme est de
22 à 25 francs par jour ; femme, de 14 à 16 francs par jour. Dans plusieurs
usines, des jeunes ouvriers font les travaux les plus durs, les plus malsains,
pour des salaires tout à fait ridicules. À la Société Coignet des jeunes portent, pendant huit heures, des récipients remplis de colle sur la tête et cela
au pas gymnastique. Ils gagnent de 12 à 16 francs par jour. Si nous prenions usine par usine, nous verrions que la situation est partout la même :
travaux des plus malsains, manipulation de matières des plus nocives, telles
que l'aniline, l'acide sulfurique, le chlore, etc. Tous ces travaux sont faits
sans aucune garantie d'hygiène. Le patronat ne connaît que le mot d'ordre :
bénéces et dividendes. Il sut de signaler quelques bénéces que le patronat réalise chaque année et que les travailleurs pourront comparer avec
leur mince salaire, pour voir que ceux-ci sont largement volés sur leur travail.
La Société des Matières Colorantes de Saint-Denis accuse, en 1927, plus de
six millions de dividendes à distribuer. La Compagnie de Saint-Gobain a fait,
en 1927, 46 millions 295 600 francs. Dividende par action : 110 francs qui ont
été distribué à chaque actionnaire. Une somme d'un million a été portée au
chapitre "réserves". Chez Bozel-Malétra, en 1926 : 16 millions 176 341 francs.
Déduction faite des frais généraux, ce qui veut dire : partage de plus de 16
millions entre ceux qui ne font rien au détriment de ceux qui, chaque jour,
s'empoisonnent pour faire ces bénéces. Aux Produits Chimiques Coignet,
l'assemblée de 1927 a fait ressortir comme bénéces nets, en 1926, la somme
de 5 millions 297 529 francs. Nous donnons aujourd'hui quelques exemples
seulement, mais nous aurons à y revenir pour chaque maison. Travailleurs et
travailleuses de Saint-Denis, comparez ces bénéces énormes avec les maigres
salaires qui vous sont donnés. Chaque année, des bilans de sociétés trouvent
des augmentations de leurs bénéces. Pour vous, vos salaires sont toujours
bien inférieurs au coût de la vie. Depuis février, le coecient ministériel a été
dans l'obligation de reconnaître l'augmentation de 24 points en trois mois.
Exploités des industries chimiques, il est grand temps que vous compreniez
votre devoir de classe pour arracher au patronat :
1o Une augmentation générale des salaires ;
2o Nomination des délégués à l'hygiène et à la sécurité ;
3o Extension de la loi sur les maladies professionnelles ;
4o Amélioration des conditions de travail.
Le syndicat a longuement étudié ces revendications qui sont indispens-
110
ables aux travailleurs de notre industrie. À vous de répondre si vous êtes
d'accord avec nous. Assistez en nombre aux grandes réunions qui auront lieu
demain, 8 juillet à 9 heures 30 : 1o salle de la Légion-d'Honneur à Saint-Denis ;
2o salle des Écoles, 120 boulevard Wilson, Plaine-Saint-Denis. Y prendront
la parole, les camarades : Chabanon, Ducarteron, Bloquet, Boché.
Le secrétaire du syndicat : R. Bloquet. 143 14.11 18 juillet 1928. Aux établissements Progil, à Condat Je reviens encore sur les usines empoisonneuses de Condat-les-Lardin,
les établissements Progil. Malgré toutes les démarches faites, nous n'obtenons
aucun résultat : toujours les eaux sont sales et empoisonnées dans le pays.
Nous demandons aux édiles intéressés quel est le chire d'amende soit-disant
inigé aux usines Progil, par quel tribunal ces établissements ont été jugés.
À quelle société de pêche est attribué l'argent produit par ces amendes ? Et,
pour Condat, qui ne possède pas de société de pêche, à quoi passe ce crédit ?
Une première pétition, portant 130 à 150 signatures fut envoyée à M. le
Préfet de la Dordogne ; les pétitionnaires n'ont pas voulu s'amuser comme
des enfants ; ils réclamaient des sanctions et la cessation de ce scandale. Il
faudrait que M. le Préfet réponde à nos questions et nous comptons que
les autorités de la commune nous feront bientôt part des réponses et nous
indiquerons les résultats obtenus par voie d'aches ou dans les journaux
locaux.
Un camarade. 144 14.12 18 juillet 1928. Dordogne. Aux usines Progil, à Condat, accidents et poisons Aux usines Progil et Cie , à Condat-les-Lardin, les patrons s'arrangent
pour faire maison nette lorsqu'il y a enquête, mais dès le départ des enquêteurs, les eaux de la Vézère et du Serne reprennent une couleur sale et
redeviennent malsaines. En plus de leur eau, leurs fumées désagréables se
répandent dans les environs et ainsi, les ouvriers qui ne travaillent pas aux
usines Progil et Cie peuvent également avoir leur part de mauvaises odeurs
que le vent leur amène. Aux usines, toutefois, les accidents se produisent
fréquemment : le contremaître B... étant à l'assurance à la suite d'un accident du travail, c'est un jeune homme, Henri Debord, âgé de 19 ans, qui
fut brûlé grièvement par les vapeurs des chaudières. Il est dans un état très
grave. Puis, Paul Laroche, 30 ans environ, marié et père de deux enfants,
143. Demain, assemblée des ouvriers des produits chimiques de Saint-Denis , L'Hu, no 10799, 7 juillet 1928, p. 6.
144. Aux établissements Progil, à Condat , L'Humanité, no 10810, 18 juillet 1928,
p. 4.
manité
14.
ANNÉE 1928
111
brûlé également par la vapeur : tous dans l'espace d'un mois de temps. Les
dirigeants des usines Progil, qui portent atteinte à la vie et à la santé des bestiaux qui s'abreuvent dans les eaux qu'ils empoisonnent, devraient au moins
respecter la sécurité des ouvriers qu'ils font travailler. G. G., cultivateur à
Condat (Dordorgne). 145 14.13 22 août 1928. Rhône. À Lyon, la Pétroléenne jette
à la rue ses vieux ouvriers Depuis vingt-huit ans bientôt, j'étais employé (chef de bureau) à la
Pétroléenne, anciens établissements Fenaille et Despeaux à Lyon. Depuis un
certain temps, le contrôle de la société était passé entre les mains de la
Standard Oil, puissante Compagnie américaine. La direction française de la
Pétroléenne fut lentement évincée et bientôt les américains donnèrent leur
mesure dans tous les établissements de la Pétroléenne en France.
J'ai été congédié sous le prétexte ridicule que je suis trop âgé (je n'ai pas
encore 53 ans et je suis très valide). Notez qu'on ne peut rien me reprocher
dans mon service, mais je gênais certaine combinaison. On m'alloua six mois
d'indemnité et me voilà, ayant donné aux pétroliers la plus grande partie de
l'énergie de ma vie, obligé de me refaire une nouvelle situation.
Le fait ne vous surprendra pas, vous êtes susamment au courant des
gestes des capitalistes nationaux et internationaux. Les capitalistes américains opèrent en France de la même façon que dans beaucoup d'autres industries, c'est bien la colonisation, et le poilu français qui a fait la guerre en
paiera en outre les conséquences totales.
Un correspondant 146 14.14 26 août 1928. Asphyxié par des émanations d'essence Auxerre. 25 août. Henri Froment, 34 ans, ouvrier aux établissements
Desmarais à Paris, occupé à réparer le réservoir d'essence chez M. Vilcocq,
s'était absenté pour faire réparer son masque. Comme il travaillait seul, il
revint sans prévenir personne vers 10 heures du matin. Le soir, à 17 heures, le
patron inquiet descendit à la cave où se trouvait le réservoir. Approchant de
la cuve, il aperçut l'ouvrier asphyxié allongé entre le mur et la paroi. Aussitôt,
il informa la police et les pompiers arrivèrent sur les lieux. Le capitaine des
pompiers, au péril de sa vie put retirer le cadavre après une heure et demi
d'eorts. 147 145. Dordogne. Aux usines Progil, à Condat, accidents et poisons , L'Humanité,
no 10810, 18 juillet 1928, p. 4.
146. Rhône. À Lyon, la Pétroléenne jette à la rue ses vieux ouvriers , L'Humanité,
no 10845, 22 août 1928, p. 4.
147. Asphyxié par des émanations d'essence , L'Humanité, no 10849, 26 août 1928,
p. 2.
112
14.15 3 octobre 1928. Des munitions pour la lutte (Grèves
des travailleurs du textile dans le Nord) Édouard Finck à Aubervilliers (4 francs). 148 14.16 20 octobre 1928. Le mouvement revendicatif en septembre. Dans les industries chimiques. Six batailles, deux
victoires, un échec Avant septembre.
Usine de céramique Lourioux à Foëcy (Cher). Le 29 août, les deux cent
ouvriers et ouvrières demandent une augmentation de trois francs par jour
et la suppression du travail au boni. La direction répond par le lock-out.
Reprise du travail en septembre. (Échec).
Faïencerie Fives-Lille. Le 27 août, chargé par le syndicat confédéré de
prévenir un ouvrier non organisé de cesser de faire des apprentis en dehors
du contrôle syndical, le secrétaire fut congédié. Les cent ouvriers cessèrent
le travail. Il exigent la réintégration et une augmentation horaire de 0 franc
25. Continue.
Compagnie générale des pétroles. Marseille. Du 11 août au 14 septembre,
les 600 ouvriers et ouvrières cessent le travail pour protester contre le renvoi
de deux camarades et déposent une demande d'augmentation de salaire.
Le 29 août, la police arrête plusieurs grévistes. Le mouvement continue en
septembre. Le 14 septembre, obtiennent une augmentation de 0,80 à 4 francs
par jour.
Société de produits chimiques de l'Ouest (Brest). Le 23 août, les ouvriers grilleurs de pyrites demandaient une augmentation horaire de 0,72 qui
porterait les salaires à 3 francs 50 ; le 24, les man÷uvres à leur tour demandent que leurs salaires soient portés à 3,25. Sans réponse de la direction,
ils décidèrent la grève. Quatre ouvriers de l'entretien sont restés au travail,
mais ils refusent de remplacer les grévistes. Continue. Le 13 septembre, les
grévistes repoussent une proposition patronale d'augmenter les salaires de
22, 12 et 8 centimes (Plus de nouvelles.)
Richter (Lille). Fabrique de bleu d'outre-mer. Le 30 août, cent ouvriers
cessent le travail pour exiger de meilleurs salaires. Continue. Ils obtiennent
le 8 septembre 0,15 centimes de plus pour les hommes et 0,10 les femmes.
En septembre
Atelier de porcelaine à Limoges. Du 5 septembre pour une augmentation
de salaires (Plus de nouvelles). 149 148. Des munitions pour la lutte , L'Humanité, no 10887, 3 octobre 1928, p. 2.
149. Le mouvement revendicatif en septembre. Dans les industries chimiques. Six
batailles, deux victoires, un échec , L'Humanité, no 10904, 20 octobre 1928, p. 5.
15.
ANNÉE 1929
113
14.17 3 novembre 1928. Une grève de solidarité à l'usine
de pétrole Jupiter à Pantin Après vingt-quatre heures de lutte, réintégration de deux camarades.
Pour protester contre le renvoi de deux de leurs camarades, les chaueurslivreurs de l'usine de pétroles Jupiter ont cessé le travail mardi matin. Après
une entrevue avec la direction générale et plusieurs délégations chez le directeur de l'usine, ils obtenaient la réintégration de deux congédiés, avec
seulement pour ces derniers quatre jours de mise à pied. Le travail a repris
mercredi matin. Ce succès obtenu montre aux travailleurs des Pétroles quel
est leur devoir. C'est en s'organisant qu'ils arriveront à lutter contre les dures
conditions de travail qu'on leur impose actuellement. Ils imposeront aussi un
relèvement de leurs salaires, ces derniers n'ayant pas varié depuis juillet 1925.
Au cours de ces dernières semaines, la cohésion des ouvriers et des ouvrières
de la Pétroléenne, à Aubervilliers, a également fait reculer la direction qui
voulait imposer un système de paiement. "Rationaliser" et à son bénéce,
bien entendu. Tous ces faits marquent un sérieux réveil chez nos camarades
des Pétroles. Aussi, nul doute qu'avant peu nous retrouvions forte et active
notre section syndicale des Pétroles, telle que nous l'avons connue, il y a
quelques années. 150 15
Année 1929
15.1 2 janvier 1929. Nos enquêteurs ouvriers au travail.
L'exploitation des mineurs du phosphate dans le djebel
Kouif en Algérie La Compagnie des Phosphates de Constantine, société anonyme au capital de trente millions, exploite, comme son nom l'indique, des gisements de
phosphates en Algérie, dans le département de Constantine, au Djebel Kouif,
à une trentaine de kilomètres de Tébessa. Mais elle exploite aussi, ouvertement et sans vergogne, les travailleurs qui se laissent prendre dans ses gries.
Le mensonge des hauts salaires
C'est ainsi que je me suis laissé prendre à ce contrat de quarante francs
minimum par jour, pour travail à la tâche, pour l'extraction du phosphate
que l'on pratique de la même façon que le minerai de fer dans la Moselle. Mais
gagner quarante francs par jour, il faudrait des hommes bâtis en acier, avec
les prix qui sont attribués aux mineurs ! Il faut considérer que le phosphate
est aussi dur, sinon plus que le minerai de fer et que les galeries d'avancement
sont bien plus étroites et plus basses qu'en Lorraine (les trous de mines sont
forés au marteau à air comprimé). Dans la galerie où je travaille, je suis payé
150. Une grève de solidarité à l'usine de pétrole Jupiter à Pantin ,
no 10918, 3 novembre 1928, p. 5.
L'Humanité
,
114
cent francs par mètre d'avancement et trois francs cinquante par wagonnet
chargé, c'est-à-dire pour 1 250 kilos. Il faut deux jours pour faire un mètre
et il me faut payer la poudre ainsi que deux man÷uvres arabes à vingt-et-un
francs par jour. Comme explosif, c'est l'air liquide qui nous est gracieusement
oert pour trois francs cinquante le kilo et un franc cinquante la cartouche,
alors qu'en Moselle on le payait un franc dix le kilo et quatre-vingt-cinq centimes de franc la cartouche avec les taxes de la régie ; ici il n'y a pas de taxe
et cela nous est vendu 180 % plus cher. Pour faire un mètre, il faut : Quinze
kilos en moyenne de liquide soit quarante-cinq francs, trente cartouches à
un franc cinquante soit quarante-cinq francs, deux journées de mineurs à
quarante francs soit quatre-vingt francs, quatre journées de man÷uvres à
dix francs cinquante soit quarante-deux francs. À ces conditions, un mineur
ne peut arriver à gagner quarante francs par jour et perd tout son courage au
travail. La Compagnie le paie trois ou quatre quinzaines à quarante francs,
puis tout à coup, le salaire est réduit à trente francs, soi-disant que la production ne permet pas à la Compagnie de le payer quarante francs, du moment
que depuis qu'il est arrivé au Kouif, il n'est jamais arrivé à faire sa tâche,
ce qui, comme je l'ai expliqué, est à peu près impossible. Et c'est ainsi que
tous ceux qui étaient ici avant moi ont vu leur salaire diminuer de 20 à 40
%, ils agiront peut-être de même avec moi, mais qu'ils n'oublient pas qu'à
l'occasion je saurais placer quelques cartouches de dynamite.
Surexploitation des indigènes
Mais c'est surtout l'indigène qui est le plus exploité ; qu'il travaille fort
ou lentement, il gagne dix francs cinquante par jour, et encore pas toujours,
car avec le système établi ici, on s'arrange pour toujours pour lui rogner un
quart de sa paie au moyen des amendes qui sévissent ici plus férocement que
dans les usines de la métropole. On fait travailler deux man÷uvres arabes
à la tâche à raison de deux francs vingt-cinq le wagon de 1 250 kilos ; ces
pauvres hommes en mettent un coup pour arriver à gagner quinze ou seize
francs par jour ! À la quinzaine, ils sont payés intégralement, cela les encourage à faire mieux, mais la quinzaine suivante, ils arrivent à un total de cinq à
six francs d'amende par jour parce que, soi-disant, ils ont chargé de la pierre
avec le phosphate. Bien que cela soit faux, on ne manque pas de leur faire
payer l'amende, ce qui fait qu'ils ne gagnent pas plus de dix francs par jour
en moyenne. Quand un arabe se blesse au travail, on lui conteste toujours
l'accident, ce qui fait qu'il ne touche pas d'indemnité d'assurance. En plus
de cela, tout l'argent que la Compagnie donne aux ouvriers d'une main, elle
le reprend de l'autre. Je m'explique :
Tout à la Compagnie
Le Djebel Kouif n'est pas un village, c'est une vaste propriété privée.
Les maisons, usines, ateliers, routes, chemin de fer, l'église, le cinéma, etc.,
tout est la propriété de la Compagnie. Tout, même le territoire lui appar-
15.
ANNÉE 1929
115
tenant, le commerce libre n'a pas loi ici. Les marchands qui pourraient venir
de Télessa à Bône ou d'ailleurs, orir leur marchandise, sont impitoyablement chassés du territoire par les garde-chiourmes payés par la Compagnie.
Ainsi donc le fournisseur de l'ouvrier, c'est son propre patron. Le pain, le
vin, les légumes, la viande, le tabac, les vêtements, les chaussures, les articles de ménage sont vendus à l'ouvrier par la Compagnie qui, inutile de le
dire, fait là-dessus un bénéce énorme, puisque le consommateur ne peut pas
s'adresser à d'autre fournisseur. Exemple. Un jeune Arabe d'une douzaine
d'années vendait dans une boîte de carton des plaques de chocolat et des biscuits, il portait en tout pour trente francs de marchandises, survint un garde
assermenté qui lui consqua sa camelote et le renvoya à grands coups de pied
au derrière, soi-disant parce qu'il portait préjudice par son humble commerce
à la puissante Compagnie. Autre exemple : un ouvrier mineur italien chargé
de famille avait, pour augmenter son maigre salaire, entrepris de réparer les
chaussures moyennant un léger bénéce, mais les gades ayant eu vent de cette
industrie clandestine, le t appeler au bureau et lui demandèrent cinq-cent
francs de patente moyennant quoi il pourrait continuer. Ayant refusé, il fut
impitoyablement chassé. En continuant à réparer les chaussures des camarades, le magasin du patron en aurait vendu un peu moins, d'où préjudice
à la Compagnie. Un autre ayant une lle qui voulait s'établir modiste dut
aussi arrêter là son entreprise considérée trop concurrencière par la Compagnie. Je pourrais en citer d'autres, mais l'on n'en nirait pas. Le café,
l'hôtel, le cinéma appartiennent aussi à la Compagnie. C'est donc, comme
je le disais plus haut, que toute la paie de l'ouvrier revient dans les poches
du patron avec le système employé. Il y a aussi un scandale qui ne saurait
durer plus longtemps, c'est celui du pain. Le pain est aussi monopolisé ; mais
comme c'est un aliment de première nécessité pour les travailleurs, il faudrait
au moins qu'il soit mangeable mais, hélas !, il rappelle par son odeur et sa
couleur le pain K.K. Que nous mangions pendant la guerre. Il est vendu ici
à raison de deux francs le kilo, mais ce n'est pas du pain propre à la consommation. En France, un boulanger qui vendrait cela serait certainement
condamné à la prison, mais ici c'est autre chose. Et il est des nouveaux arrivés comme moi, surtout des enfants, qui sont malades pour avoir mangé
de ce pain-là. Je suis sûr que le requin de premier ordre qui a pour nom
Morinaud, député de Constantine et gros actionnaire de la Compagnie des
Phosphates de Constantine, ne voudrait pas de ce pain-là pour ses chiens de
peur qu'ils en crèvent. Et pourtant, nous devons le manger ; il n'y en a pas
d'autre, le commerce libre étant ici chose inconnue. Pourra-t-on faire cesser
ce scandale par les voies légales, ou bien faudra-t-il ameuter les moutons qui
se laissent tondre si facilement. Je crois que ce serait le meilleur moyen de
faire cesser ces scandales, avec la force organisée des travailleurs indigènes et
européens ; mais tout à l'heure nous verrons cela.
Et les forçats !
116
En plus de la main-d'÷uvre européenne mal rétribuée et celle indigène
encore plus mal payée, la Compagnie occupe un autre personnel qui ne lui
coûte presque rien. Je veux parler des forçats. Cela peut paraître improbable
au premier abord, mais pourtant cela est ainsi. Il y a, à quelques centaines
de mètres de l'agglomération du Djebel-Kouif, un camp de condamnés de
droit commun, tant civils que militaires. Ces forçats sont ceux que la justice
bourgeoise a condamné en France ou en Algérie à des peines variant entre
cinq et vingt ans de travaux forcés. Il y a là 450 ou 500 détenus qui, à part
ceux qui ont un emploi au camp, doivent travailler à la mine. Cette maind'÷uvre revient encore moins chère à la Compagnie. Car eux sont plutôt
payés à coups de nerfs de b÷uf qu'avec des francs-quatre-sous. Il y a là des
gardiens plus sauvages encore que les condamnés eux-mêmes et malheur à
celui qui n'arrive pas à faire sa tâche ; c'est l'exemption de gamelle et coups
de trique ; les gardiens, eux, sont payés au tonnage et il faut voir comment ça
barde. La Compagnie paie une indemnité à l'État pour employer cette maind'÷uvre. Je ne sais le pas chire mais elle doit être bien peu en comparaison
du travail que l'on fait rendre aux forçats. Tout le monde croit en France
que les condamnés aux travaux forcés font des travaux d'utilité publiques
aux colonies, tandis qu'ils sont occupés en réalité à grossir chaque jour la
fortune de quelques gros capitalistes. Cet état de choses durera jusqu'à ce
que les travailleurs organisés soient assez forts pour mettre un terme à la
rapacité des exploiteurs. Un ouvrier du Kouif. 151 15.2 16 juillet 1929. La fabrication du matériel de guerre
en France [. . . ]. En 1928, quelques usines de la région lyonnaise, qui fabriquent
des gaz asphyxiants totalisent, à elles seules, un bénéce net de 173 millions,
comme le montre le tableau ci-dessous :
Société de balles : 3 664 453 francs ; Coignet et Cie : 9 321 215 ; Société
chimique de Gerland : 479 507 ; Kuhlmann : 39 410 770 ; Saint-Gobain : 53
009 665 ; Air liquide : 26 392 993 ; Usines du Rhône-Poulenc : 30 000 000 ;
Société lyonnaise de soie articielle : 11 891 128 : Tubize : 20 067 694.
Dans tout le pays plusieurs centaines d'usines travaillent pour la guerre,
mais il s'agit bien aujourd'hui de l'industrie tout entière soit qu'elle travaille
directement pour la guerre, soit qu'elle puisse en quelques heures, aménager
son outillage pour produire des engins de guerre. Des coins autrefois déserts,
comme la région qui va de Miramas à Istres et à Saint-Louis-du-Rhône regorgent de dynamite et de cheddite. Les usines chimiques du Rhône de la
région parisienne, de Rouen ou de Marseille peuvent en quelques heures fabriquer des millions de mètres cubes de gaz asphyxiants. Le phosgène peut
être préparé en abondance aux usines du Rhône sans qu'il lui soit nécessaire
151. Nos enquêteurs ouvriers au travail. L'exploitation des mineurs du phosphate dans
le djebel Kouif en Algérie , L'Humanité, no 10978, 2 janvier 1929, p. 4.
16.
ANNÉE 1932
117
de construire des appareils nouveaux. Dans la plupart des usines chimiques,
on emploie couramment l'oléum et le tétrachlorure de carbone qui servent
à la production du phosgène. Presque toutes les usines chimiques peuvent
maintenant fabriquer immédiatement de l'ypérite selon un nouveau procédé.
Il n'est pas jusqu'aux usines d'apparence les plus paciques qui ne peuvent
en quelques heures fabriquer de la poudre ou des gaz. C'est le cas des usines
de textile et de soie articielle comme la viscose, la Société Normande, etc...
[. . . ]. 152 16
Année 1932
16.1 26 février 1932. Les organisations unitaires à l'÷uvre.
Le congrès fédéral des produits chimiques s'est ouvert
hier à Saint-Denis Ces assises forgeront les armes nécessaires pour dresser partout de puissantes organisations de masse. C'est à Saint-Denis, la cité rouge, aux usines
de matières colorantes et de pétroles, véritables bagnes industriels, que s'est
ouvert hier le congrès de la Fédération unitaire des industries chimiques et
de la céramique. Plus de quarante délégués, représentant les divers syndicats
et sections syndicales d'usines étaient présents à cette première journée et
ouvriront leurs travaux sous la présidence d'honneur des travailleurs allemands en lutte contre le fascisme. Le président eectif, Finck, de la Région
parisienne, salua les congressistes et les engagea à travailler durant ces deux
journées avec le plus grand sérieux pour réaliser la mobilisation des exploités
contre les attaques patronales. Tillon, secrétaire fédéral, développe ensuite
le rapport d'activité. Après avoir salué les ouvriers qui luttent à travers le
monde, en Allemagne, en Roumanie, ailleurs encore ; les coolies indochinois
exploités et tués dans les plantations de l'exploiteur Michelin, après avoir
salué aussi les travailleurs de l'Union soviétique qui luttent pour l'édication
du socialisme, il montre que la préparation du congrès a permis d'obtenir de
sérieux résultats dans les diérents centres, dont les militants devront s'inspirer pour le travail futur.
Industrie de guerre
Tous les trusts, toutes les usines travaillent pour la guerre : l'azote, les
matières colorantes, les sous-produits de la houille, les acides, c'est la guerre.
Le pétrole dont Clemenceau écrivait pendant la dernière à Wilson, qu'une
goutte égalait à une goutte de sang, c'est la guerre moderne, c'est le carburant indispensable pour l'armée motorisée. Et c'est pourquoi ont voit les rafneries de pétrole se construire partout et développer leur production, telle
152. La fabrication du matériel de guerre en France , L'Humanité, no 11172, supplément illustré Comment ils préparent la guerre... , 16 juillet 1929, p. 4-5.
118
la rme Jupiter qui en quinze mois augmente sa production de 200 000 à
800 000 tonnes. Même situation pour les poudreries. Le caoutchouc ? Guerre
aussi. Masques à gaz. Tous ces faits indiquent que la Fédération des produits
chimiques occupe une des places les plus importantes dans la lutte contre la
guerre. Tillon montre ensuite que parallèlement à l'aggravation de la crise,
on assiste à une augmentation, à une modernisation de l'outillage dans les
usines. Et c'est le chômage. Dans l'industrie chimique, 25 % des heures de
travail perdues, plus encore dans la céramique, 50 % dans la porcelaine.
45 000 chômeurs complets, 59 000 partiels, sur 200 000 dans les industries
chimiques. Licenciements. Rationalisation. Kuhlmann maintient sa production, mais il y a 100 à 200 ouvriers en moins dans chacune de ses usines.
Chez Goodrich, on fait travailler au centième de seconde. Chez Solvay, à
Dombasle, le nombre des wagons de soude chargés a presque doublé. Le personnel est réduit d'un cinquième. Dans les savonneries, c'est l'introduction
de machines perfectionnées qui remplacent les femmes pour l'empaquetage.
Et les salaires sont en général très bas, 20 à 23 francs les man÷uvres, 14 à
15 francs pour les femmes ; 16 francs dans la région parisienne. Le rapporteur cite encore de nombreux exemples de rationalisation et ses conséquences
dans la céramique et la porcelaine.
L'activité unitaire
En général, il y eut peu de résistance à l'oensive patronale. C'est seulement où nous avions des organisations syndicales que les ouvriers réagirent,
cependant que partout la colère grondait. Puis, après avoir rappelé les différents mouvements qui se déroulèrent depuis le dernier congrès, Tillon poursuit : "Nous devons avoir des revendications justes capables de souder le front
unique des ouvriers de toutes tendances". Pour avancer, nous ne devons pas
avoir peur d'aller aux ouvriers. Nous devons mettre debout de puissantes
sections d'entreprises, nous orienter par tous les moyens vers un travail de
masse. Garder les ouvriers, les intéresser, les entraîner à la lutte. Puis, en
venant à l'unité syndicale, Tillon, à l'aide des exemple de province, montre la nécessité d'avoir une position claire, de dénoncer systématiquement et
avec force toutes les trahisons, la politique des dirigeants confédérés, par es
faits, et nous préoccuper des revendications les plus minimes des ouvriers ;
ainsi nous nous orienterons vers la véritable unité syndicale de classe. Enn,
après avoir souligné toutes les dicultés rencontrées du fait de la diversité
des éléments qui travaillent dans les industries, du fait de la répression, le
rapporteur signale que depuis le début de l'année, un recrutement assez important fut fait dans le Nord, la région lyonnaise, le Centre, Marseille, etc...
"On gagne là où on a su convaincre les camarades et appliqué une tactique
juste. Nous devons continuer à avancer, attirer les ouvriers, créer chez eux la
conance et transformer cette conance en conscience de classe." Et Tillon
termine en invitant les congressistes à se mettre résolument au travail pour
réaliser le front unique sur les revendications, pour conquérir les ouvriers
16.
ANNÉE 1932
119
et les entraîner à la lutte de masse contre le patronat, contre la répression,
contre la guerre. "Ces assises doivent forger les armes capables de dresser
partout de puissantes organisations syndicales de masse". De vigoureux applaudissements unanimes saluent le rapport de Tillon.
La discussion
La discussion s'engage alors au début de la séance de l'après-midi. C'est
d'abord un camarade de Dombasle qui vient exposer le travail réalisé à l'usine Solvay, la situation syndicale. Puis notre camarade préconise la parution
régulière du journal d'usine, en liaison entre les usines d'une même rme,
l'échange de journaux d'usine pour proter des expériences. Chambon, de
la sixième union régionale, vient rappeler ensuite que 10 à 12 000 ouvriers
des produits chimiques sont exploités. L'oensive patronale se développe.
Le syndicat, après une période de passivité, de sectarisme, s'oriente maintenant résolument vers un travail de masse. Puis, c'est un camarade de l'usine
Poulenc de Vitry qui regrette que l'ont n'eût pas attaché susamment d'importance au travail parmi les femmes, les coloniaux, les immigrés. "Nous
devons, poursuit-il, adapter les revendications aux situations particulières.
Et nous servir de tous les moyens légaux pour arracher quelques améliorations, et populariser ensuite les résultats obtenus." C'est ensuite un camarade
la Syndicale-Essence qui, après avoir souligné l'importance de l'industrie du
pétrole, signale que sa section syndicale parraine l'usine Jupiter pour organiser les exploités contre les attaques patronales. Frot, de la 20e union
régionale, vient marquer la volonté de la région parisienne des syndicats de
s'occuper activement des usines chimiques, et un camarade de Port-SaintLouis-du-Rhône, un de l'usine Goodrich et un de Limoges interviennent encore. La discussion s'est poursuivie dans une séance de nuit. 153 16.2 2 juin 1932. L'explosion de Gardanne, illustration
d'une longue série de crimes du capitalisme préparant
intensivement la guerre En quelques années, la Société de produits chimiques et électro-métallurgiques
Alais, Froges et Camargue a presque une cinquantaine de cadavres de cadavres de travailleurs immigrés et français à son actif. Les deux seules
explosions de Saint-Auban (Basses-Alpes), en 1926 et Gardanne, avant-hier,
ont couché dans l'usine, la première vingt-deux prolétaires, la seconde sept.
Et des dizaines de mutilés !... Dans les deux cas, les travailleurs sont tombés
victimes de la préparation à la guerre : la Compagnie fournissait notamment
à l'État les nombreux produits chimiques nécessaires à la préparation des gaz
toxiques et l'aluminium utilisé de plus en plus dans l'aviation de guerre. Mais
ces explosions doivent attirer notre attention sur les dangers que courent, de
153. Les organisations unitaires à l'÷uvre. Le congrès fédéral des produits chimiques
s'est ouvert hier à Saint-Denis , L'Humanité, no 12493, 26 février 1933, p. 5.
120
plus en plus fréquemment, les travailleurs des produits chimiques. Il apparaît nettement que les mesures de sécurité indispensable sont notoirement
insusantes. C'est en série qu'elles se répètent, les explosions ! Et du fait
qu'il s'agit, dans la plupart des cas, de travailleurs immigrés occupés dans
ces usines, on ne prend aucune mesure de protection. La danse macabre des
capitalistes se poursuit.
Usines de guerre, fabrique de morts en série
Tour à tour, nous avons eu à enregistrer, dans ces conditions : L'explosion
de l'usine d'amidon, à Haubourdin, en 1928, puis celle des usines du Rhône
à Saint-Fons. Le 17 décembre 1930, à Boussens, près de Toulouse, cinq ouvriers étaient tués, brûlés par la soude, dix autres horriblement blessés. Le
30 décembre, un creuset éclatait dans l'usine de produits azotés de Bellegarde (Ain) (deux morts). Le 3 janvier 1931, c'est à l'usine d'engrais Novo,
à Lomme, près Lille, qu'un ouvrier était intoxiqué par des gaz nitreux. Le 4
juillet 1931, aux usines Solvay, à Dombasle, huit ouvriers étaient "pris dans
les gaz" dans une conduite qu'on leur obligeait de nettoyer trois heures après
l'arrêt des fabrications. Le 2 septembre 1931, l'usine de nitro-cellulose Taponnier, à Bezons, saute (deux ouvriers tués, dix-neuf blessés). C'était le quatrième accident en cinq ans. Quelques jours après, au Laboratoire français,
une bonbonne d'éther explosait, blessant grièvement un ouvrier. Puis, le
31 septembre 1931, à la Compagnie Industrielle des Pétroles, un incendie
éclatait au-dessus des bacs contenant 100 000 litres d'essence. C'est un miracle qu'ils ne sautèrent pas. Même accident, le 5 octobre 1931, à la ranerie
d'essence L'Économique, à Rouen. Là, il y a quatre ouvriers, un cheminot et
un douanier grièvement brûlés. Le 10 octobre 1931, à l'usine d'ammoniaque
de Waziers (Nord), trois ouvriers périssaient asphyxiés et carbonisés dans une
fosse en réparant une canalisation d'hydrogène. Quelques jours plus tard, à
Port-Vendres (Pyrénées-Orientales), dans une usine de dynamite, cent-vingt
kilos de coton nitrique explosaient : un mort et trois blessés. C'était, enn,
ces jours derniers, l'explosion de la poudrerie de Saint-Médard-en-Jalles, près
de Bordeaux, le 20 mai, et celle de l'usine de Feyzin, près de Grenoble, le 26
mai. Et voici que hier, 1er juin, c'est l'explosion de Toulon !
Notre camarade Tillon, secrétaire de la Fédération unitaire des produits
chimiques, qui nous a fourni ces renseignements, nous a en outre précisé que
cette liste tragique ne contenait que les accidents les plus marquants :
- C'est pas centaines, ajoutait-il, qu'il nous faut compter en une année
les tués en majorité des travailleurs immigrés tués par et pour le capitalisme préparant fébrilement la guerre et qui, happés par la crise, rationalise à
outrance, économise sur tout, ne tient même aucun compte des lois de protection ouvrière, à tel point que cette industrie fabrique des morts en série...
des morts prolétariens.
Dividendes sanglants
16.
ANNÉE 1932
121
La société Alais, Froges et Camargue a réalisé, pour l'exercice 1931, près
de 57 millions de bénéces bruts ; plus de 25 millions de bénéces nets. À Gardanne, il y a sept cadavres ; deux morts en sursis ; deux blessés grièvement !
Vingt-six millions de dividendes sanglants. Et aussi neuf millions destinés
au renouement de la Banque Nationale de Crédit ! Alors que la Compagnie
lésinait pour prendre et instituer les indispensables mesures de sécurité, se
contentant, comme en témoigne son communiqué, de "soumettre l'autoclave
sinistré (sic) aux épreuves légales aux dates prévues". Mais depuis combien
de mois ou d'années ont eu lieu ces "épreuves légales" dont les travailleurs
connaissent l'inanité au cours du temps, la Compagnie ne le dit pas. Pas plus
qu'elle n'arme que les dispositifs de protection existaient. Pour les établir,
il faut engager des frais. Or, la bourgeoisie compriment les "frais de revient" :
les salaires, les frais généraux, y compris ceux devant assurer quelque peu
la sécurité des exploités. Le grand requin Gabriel Cordier, qui à un moment donné exploita les cheminots du P.-L.-M. et qui préside actuellement
aux destinées de Péchiney (Alais, Froges et Camargue), l'a déclaré à Lyon,
quelques heures avant l'explosion de Gardanne. S'adressant aux actionnaires
réunis en assemblée générale à Lyon, ne leur disait-il pas : "Ainsi qu'il vous
a été indiqué, le gouvernement nous demanda, au début de 1931, d'apporter
avec d'autres unités industrielles, notre concours au rétablissement de la
Banque Nationale de Crédit (BNC) dont la situation était aaiblie..." Et ces
messieurs ont alors versé neuf millions à ladite société, prélevés disent-ils "sur une provision constituée il y a quelques années dans un but spécial" ( ?)
en réalité, prélevés sur le travail de milliers d'exploités de tous pays risquant
chaque jour leur vie pour les administrateurs et actionnaires de la Société
Alais, Froges et Camargue, pour la BNC et pour le... gouvernement. Et aussi
pour la guerre !
Travailleurs, exigez des mesures de sécurité !
L'action contre la guerre, nous a dit encore Tillon, et aussi pour le soutien
des revendications des travailleurs et travailleuses des produits chimiques,
français, coloniaux, immigrés, si nombreux dans cette industrie de mort,
doit être menée activement. Il faut que les prolétaires des usines de mort
nous écrivent, combattent, luttent avec nous, exigent des dispositifs spéciaux, un aménagement des ateliers, des usines, permettant la récupération
des vapeurs, gaz, acides, poussières nocives et toxiques. Il faut qu'ils exigent
l'emploi obligatoire de dispositifs de sécurité pouvant en partie écarter tout
danger. Pour une usine de mille ouvriers, cela peut coûter quelque 500 000
francs. C'est pourquoi, en France, en régime capitaliste, cela n'existe pas.
La bourgeoisie a d'autres soucis que l'intérêt des travailleurs. Elle a surtout
celui de continuer à toucher ses dividendes sanglants... de renouer les banques en déconture. Il n'y a qu'un pays au monde, conclut notre camarade,
où les mesures que nous préconisons dans l'intérêt des prolétaires sont
appliquées : c'est en URSS. Seulement là, les ouvriers ont chassé les capital-
122
istes.
J. R. 154 16.3 14 juillet 1932. Dans les bagnes chimiques, laboratoires de la guerre Implantons-nous dans les usines et renseignons les milliers d'ouvriers
quasi-mobilisés. La Fédération des produits chimiques, en raison même de
sa faiblesse, ne joue qu'un rôle très insusant dans l'organisation des usines
à travers le pays. Mais les conditions particulières de travail dans les usines
chimiques, les heures de travail irrégulières, la composition sociale, l'organisation patronale, la répression, inspirée souvent par l'état-major, font que
les méthodes de travail habituelles des fédérations sont inapplicables en l'occurrence. Pour aboutir à des résultats, il est indispensable de séjourner sur
place, de connaître l'usine, d'établir des contacts et de commencer patiemment l'organisation à l'intérieur, de la consolider, d'en faire le pivot du front
unique revendicatif. Cette tâche pleine de dicultés ne peut être menée avec
continuité que par les militants et les organisations locales et régionales.
Cela nous amène à rechercher si ces organismes comprennent bien leur rôle
et ont une appréciation juste des problèmes actuels, de nos responsabilités
collectives si lourdes. Bien souvent, elles consacrent 95 % de leur activité à
s'occuper des industries et des syndicats qui marchent ; elles font leur travail
de direction, allant jusqu'aux tâches les plus minimes, les plus secondaires,
au lieu d'obliger avec souplesse leurs propres membres à les assumer.
L'aide aux industries faiblement organisées
Quand dans une région comme le Nord et le Pas-de-Calais, avec ses usines
de guerre, la bourgeoisie désigne à l'attention du prolétariat ses préoccupations capitales par la mise eu point de la guerre. Est-ce que l'activité des
unions locales et des unions régionales ne doit pas se manifester autrement
que dans les syndicats dont les traditions, la force relative et les cadres, aussi
faibles seraient-ils, constituent déjà un moteur ? Ne peut-on pas aboutir à
créer entre le travail chez les mineurs, par exemple, la même liaison créée
par le capital et par la science, entre la houille et ses dérivés ; explosifs, colorants, gaz ; entre le pain de l'industrie et le pain de la guerre des gaz ?... Il ne
s'agit pas de critiquer, mais de poser un problème, avec une vigueur qui ne
saurait hélas atteindre celle que l'état-major que M. Paul-Boncour multiplie
dans les régions industrielles... La fonction déterminante de nos organisations
locales et de leurs animateurs, doit être d'étendre la propagande et l'organisation aux industries les plus faiblement organisées et les plus importantes.
Ainsi, la mobilisation de la "petite guerre" chimique dans le Pas-de-Calais
aurait eu dans nos syndicats une autre importance qu'un fait divers. Alors,
154. J. R., L'explosion de Gardanne, illustration d'une longue série de crimes du capitalisme préparant intensivement la guerre , L'Humanité, no 12224, 2 juin 1932, p. 5.
16.
ANNÉE 1932
123
nous aurions pu expliquer aux ouvriers des usines intéressées le sens de ces
man÷uvres, comment ils doivent s'y intéresser pour leur propre expérience,
pour la sauvegarde de leur vie et relier à leur indignation éclairée la lutte
contre les traitements qu'ils subissent, les vols de salaires et les accidents. Tel
est le rôle des syndicats pour élever le niveau de combativité des masses dans
la lutte contre la guerre sur le terrain de l'usine, sur la base des revendications économiques. Il faut donc créer des syndicats dans les usines chimiques.
Les conditions de l'organisation à l'usine
L'expérience récente des brigades de choc a prouvé qu'il n'est pas une
usine, la mieux garantie par les procédés modernes de répression et d'organisation du travail qui soit, où nous n'ayons en puissance des ouvriers
sympathisants prêts à nous aider et à faire leur devoir d'animateur. À nous
de savoir les aborder, les guider avec prudence et leur assurer un minimum
de sécurité dans le travail syndical que la bourgeoisie leur interdit hypocritement ou violemment. Il ne s'agit pas bien sûr de restreindre notre conception
du mouvement syndical à l'organisation de secte. Mais il faut bien comprendre qu'avant de conquérir les ouvriers arriérés ou adversaires, il faut créer,
doubler et armer d'expérience nos formations avancées dans l'usine, citadelle
de l'esclavage impérialiste. Dans notre industrie, à l'heure actuelle, se dire
bolchevik ou révolutionnaire et travailler avec les méthodes du syndicalisme
d'avant-guerre devient aussi perdement dangereux que la trahison ranée
du syndicalisme à la Jouhaux. Or combien d'exemples pourrions-nous citer,
ou sans s'en rendre compte, de Toulouse à Loos, en passant par Lyon jusqu'à
l'Estaque, la sous-estimation de la conquête des usines, parmi les plus marquantes du "potentiel de guerre", sera, si elle se perpétue, une faute impardonnable.
Lions les revendications immédiates à la lutte contre la guerre
Résumons. Qu'on nous entende bien, la bourgeoisie, sous les prétextes
les plus crapuleux, en utilisant de nouvelles lois scélérates, de prétendus
complot d'espionnage, veut chasser de ses bagnes les plus précieux les syndicats unitaires, an de pousser plus avant l'extermination du prolétariat
révolutionnaire et du socialisme qu'édient nos frères soviétiques. Il s'agit de
répondre à ce procédé de guerre par la lutte acharnée pour le droit syndical,
sans restriction. Pour conquérir la masse des exploités de la chimie, adaptons nos moyens de lutte aux dicultés, aux circonstances, aux nécessités
de la lutte de classe, pour la défense de son pain, de son salaire, de sa santé,
tout en remplissant notre tâche syndicale de lutte collective contre la guerre.
En ce moment de préparation du congrès international de Genève contre la
guerre et du 1er août, les syndicats armeront d'autant mieux leur rôle dans
la lutte contre la guerre qu'ils comprendront que si le travail dans l'armée
est une question de premier plan dans la guerre, il y a déjà une armée du
travail quasi mobilisée sur le front impérialiste dans les grandes usines de
124
guerre et, en particulier, dans les bagnes chimiques. Les ouvriers, les organisations intéressées doivent donc répondre sans délai à notre appel pour la
défense des intérêts immédiats de cette catégorie importante d'ouvriers et
d'ouvrières français et immigrés de l'industrie la plus concentrée et la plus
poussée, pour les ns les plus pressantes de l'impérialisme, an qu'avec la
Fédération unitaire des produits chimiques, nous puissions ensemble réaliser.
Charles Tillon. 155 16.4 19 juillet 1932. Les ravages du feu. À Saint-Denis,
un entrepôt de produits chimiques est détruit par les
ammes. Trente ouvriers sont réduits au chômage La Société des Produits Chimiques de France possède, 10 avenue SaintRémy, à Saint-Denis, un entrepôt de produits chimiques. Celui-ci vient d'être
en partie détruit par un incendie qui s'est déclaré la nuit dernière. Voici
dans quelles circonstances : Vers minuit quinze, M. Chastenet, concierge, est
réveillé en sursaut par le crépitement d'un incendie commençant. De hautes
ammes s'élevaient déjà d'un bâtiment de 250 mètres carrés environ, construit tout entier en matériaux légers et où sont entreposées de nombreuses
matières premières éminemment inammables et consistant essentiellement
en stéarine et en vernis. Immédiatement, M. Chastenet donna l'alarme par
téléphone. Les pompiers de la localité accoururent sur les lieux et parvinrent,
après deux heures d'eorts, à se rendre maîtres du sinistre, mais le bâtiment
attaqué avait été en grande partie la proie des ammes. Une trentaine d'ouvriers vont être, à la suite du sinistre, réduits au chômage. En l'absence
du directeur, M. Pechari, qui est actuellement en province, il est impossible
de préciser le montant exact des dégâts, mais ceux-ci sont très importants.
L'enquête ouverte par le commissaire de police de Saint-Denis-Sud n'a pas
encore permis d'établir les causes du sinistre, cependant il est acquis que
l'hypothèse de la malveillance doivent être formellement écartée. 156 16.5 18 août 1932. Travailler à moitié prix ou crever de
faim ! Un chômeur d'Argenteuil, sans travail depuis quinze jours (il avait
travaillé avant chez Citroën) se présente comme ajusteur chez Desmarais
frères, rue de Rueil à Colombes, grands marchands d'essence. "Combien
gagniez-vous chez Citroën, lui demande-t-on à la direction." "7 francs 25..."
"Vous ne gagnerez pas cela ici... vous aurez 4,75 !" Même pas le taux d'un
155. Charles Tillon, Dans les bagnes chimiques, laboratoires de la guerre , L'Humanité,
no 12266, 14 juillet 1932, p. 5.
156. Les ravages du feu. À Saint-Denis, un entrepôt de produits chimiques est détruit
par les ammes. Trente ouvriers sont réduits au chômage , L'Humanité, no 12271, 19 juillet 1932, p. 3.
17.
ANNÉE 1933
125
compagnon. Le chômeur refusera ce "salaire". Mais la direction Desmarais
aussitôt téléphona au bureau de chômage d'Argenteuil pour signaler que le
chômeur avait refusé du travail. Quinze jours après, le sans-travail était radié
à la suite de cette intervention patronale. Nouvelle illustration de ce dilemme
que veut imposer le régime à ses exploités : travailler à tarifs extrêmement réduits ou crever de faim ! Mais il y a une autre solution, la nôtre : c'est la lutte
commune des ouvriers et des chômeurs pour les revendications immédiates
et pour l'issue révolutionnaire de la crise !
Rabcor. 157 17
Année 1933
17.1 6 mai 1933. Aux laboratoires Desmarais, des ouvrières
sont intoxiquées Vers 14h30, dans la salle de aconnage, aux Laboratoires Desmarais,
31 rue des Francs-Bourgeois, par suite du glissement d'une cloche à vide, environ quarante centimètres cubes de nitrite d'amylèse sont répandus à l'air
libre, intoxiquant les ouvrières qui travaillaient. Les pompiers de la caserne
Sévigné ont envoyé les premiers secours de ventilation, puis l'ambulance complète avec un médecin-major. Les ouvrières intoxiquées ont reçu des soins
sur place. Une ouvrière, Mme Henriette Léonard, 38 ans, plus grièvement
atteinte, demeurant 15 rue Broca a été transporté à son domicile où elle est
soignée. 158 17.2 24 octobre 1933. Vers la victoire des faïenciers À la suite de l'entrevue qui a eu lieu lundi, les patrons ont déclaré que,
par écrit, ils allaient faire parvenir au syndicat leurs propositions. Malgré
que la grève soit unanime, les piquets de grève fonctionnent normalement.
Sur 125 ouvriers, il n'y a toujours que quatre rentrées. Il faut souligner que
déjà la solidarité a rapporté la somme d'environ 500 francs. Avec l'appui
de la Fédération des produits chimiques, nos camarades doivent être victorieux. 159 157. Travailler à moitié prix ou crever de faim ! , L'Humanité, no 12301, 18 août 1932,
p. 4.
158. Aux laboratoires Desmarais, des ouvrières sont intoxiquées , L'Humanité,
no 12562, 6 mai 1933, p. 3.
159. Vers la victoire des faïenciers , L'Humanité, no 12733, 24 octobre 1933, p. 2.
126
18
Année 1934
18.1 4 février 1934. Sur le port de Rouen, un ouvrier est
brûlé vif Rouen. 3 février. Ce matin, un sinistre est survenu à Rouen sur les quais
des Colonies, au bassin aux pétroles, où un wagon-citerne était en remplissage pour le compte de la société Desmarais. Un ouvrier, M. Félix Borremans, 57 ans, avait ouvert la vanne d'arrivée, lorsque l'essence s'enamma
spontanément. Les ammes environnèrent l'ouvrier, qui fut brûlé vif. Les
sapeurs-pompiers, qui intervinrent peu après pour maîtriser le sinistre, ne
purent porter secours à la victime. 160 18.2 9 février 1934. L'action antifasciste. Les dockers de
Concarneau s'opposent au déchargement d'un bateau
hitlérien Concarneau. 8 février. Les dockers de Concarneau viennent de montrer
leur volonté de lutte antifasciste. Le trois-mâts allemand Jupiter, du port de
Hambourg, chargé de phosphate, ayant accosté avec, à l'avant, le sanglant
drapeau à croix gammée, se sont opposés au déchargement du bateau, marquant ainsi par là leur volonté de lutter farouchement contre le fascisme en
France. 161 18.3 28 février 1934. Premiers résultats de la journée du
12 février. 1 850 adhésions nouvelles.
162
[. . . ]. Fédération des produits chimiques. Lille (Section Kuhlmann), six
adhésions. 18.4 28 juin 1934. Les luttes revendicatives du prolétariat.
Après une grève sur le tas, l'usine Bozel-Malétra lockoute ses 400 ouvriers Les 400 ouvriers et ouvrières de l'usine Bozel-Malétra à La MotteBreuil (Oise), las de subir les salaires de famine et les mauvaises conditions
de travail que l'Humanité a déjà signalés, ont décidé de revendiquer. Hier
matin, la délégation se présentait une nouvelle fois à la direction appuyée
160. Sur le port de Rouen, un ouvrier est brûlé vif , L'Humanité, no 12836, 4 février
1934, p. 3.
161. L'action antifasciste. Les dockers de Concarneau s'opposent au déchargement d'un
bateau hitlérien , L'Humanité, no 12841, 9 février 1934, p. 1.
162. Premiers résultats de la journée du 12 février. 1 850 adhésions nouvelles , L'Huo
manité, n 12859, 28 février 1934, p. 5.
18.
ANNÉE 1934
127
par un arrêt de travail unanime. Devant le refus du patron de faire droit aux
revendications, la grève continua jusqu'à 11 heures. À ce moment, la direction
acha la fermeture de l'usine jusqu'à nouvel ordre. C'est le lock-out.
L'Humanité a déjà relaté les conditions épouvantables dans lesquelles travaillent les 400 ouvriers de l'usine Bozel-Malétra, à La Motte-Breuil (Oise).
Avec les nouveaux procédés pour la fabrication du bichromate de potasse,
plusieurs ouvriers ont été si grièvement atteints que les cloisons nasales sont
perforées. Certains se plaignent maintenant des yeux. De l'avis de plusieurs
docteurs, ce terrible mal est inguérissable. À ces conditions de travail vient
s'ajouter le scandale des salaires. Un ouvrier nous disait : J'ai 21 ans et je
gagne comme maçon et man÷uvre 1 franc 80 de l'heure sans prime. Il faut
trimer dur et sans arrêt. Ainsi, j'ai attrapé l'an dernier huit jours de mise
à pied pour m'être reposé deux minutes. Un autre gagne 1 franc 90 et une
grosse majorité de 2 francs 38 à 2 francs 48 de l'heure. À ce salaire vient
s'ajouter, pour certains, une prime de trente francs par mois, qui saute à
toute occasion.
Les ouvriers s'organisent
Après plusieurs réunions organisées par la Fédération unitaire des produits chimiques, un puissant syndicat fut constitué dans l'usine. Les ouvriers
comprirent que ce n'était que fortement organisés qu'ils pourraient améliorer
leur triste sort. Le syndicat se mit au travail. Avec l'ensemble des ouvriers un
cahier de revendications fut élaboré : 15 % d'augmentation pour les salaires
inférieurs à trois francs de l'heure ; 10 % pour les salaires horaires supérieurs
à trois francs ; salaire minimum de 3 francs 50 pour les ouvriers du bichromate de potasse ; droit pour les retardataires de prendre le travail un quart
d'heure après l'heure normale sans avoir à perdre leur demi-journée ; respect
des huit heures ; suppression des heures supplémentaires ; suppression des
mises à pied et toutes brimades ; reconnaissance du syndicat et des délégués
d'atelier. La question de l'hygiène fut l'objet d'une étude minutieuse par
atelier et les revendications spéciales à chaque atelier furent faites. À la délégation qui allait chercher la réponse au cahier de revendications, le directeur
répondit que la situation ne permettait pas d'accorder des augmentations de
salaires. En ce qui concerne l'hygiène, la direction indiqua qu'elle continuerait
à étudier cette question comme par le passé en collaboration avec l'inspecteur
du travail. C'était donc le refus complet. À l'assemblée où la délégation t
le compte-rendu de cette entrevue, les ouvriers comprirent qu'il n'y avait
qu'une seule solution : l'action.
Les travailleurs cessent le travail
Dans la réunion qu'ils tinrent mardi soir, les ouvriers décidèrent d'envoyer
la délégation hier matin à 8 heures pour discuter une dernière fois du cahier
revendicatif. Pendant ce temps, l'arrêt de travail aurait lieu dans tous les services jusqu'à une réponse favorable de la direction. La direction ayant refusé
128
de discuter les revendications, l'arrêt de travail continua à l'usine toute la
matinée d'hier. À onze heures, la direction achait que l'usine était fermée
jusqu'à nouvel ordre. À la sortie, une réunion fut organisée. Le camarade
Finck, de la Fédération unitaire des produits chimiques, exposa comment le
mouvement devait être organisé. Les ouvriers se sont séparés avec la volonté
de lutter pour l'amélioration de leurs salaires et de leurs conditions de travail.
Appel aux Unions régionales
La Fédération unitaire des produits chimiques fait un pressant appel
aux unions régionales pour qu'immédiatement le travail nécessaire soit fait
dans les usines Bozel-Malétra, à Le Villard (Savoie), Le Plan-du-Var (AlpesMaritimes), Petit-Quevilly, Lescure, Dieppedalle, Le Tréport (Seine-Inférieure),
Caen (Calvados), Vernon (Eure), Saint-Denis (Seine), Saline à Arzaew (Algérie).
La Fédération des industries chimiques. 163 18.5 29 juin 1934. 400 travailleurs de l'usine Bozel-Malétra
à La Motte-Breuil lock-outés par leurs patrons L'Humanité a signalé, hier, comment la direction des usines BozelMalétra avait répondu par le lock-out à une demande d'augmentation des
salaires posée par l'ensemble des ouvriers de l'usine de la Motte-Breuil. Pas
un ouvrier n'est allé au travail hier matin. Il n'est pas possible de dépeindre
la misère des ouvriers qui, pour 2 francs 38 de l'heure meurent lentement
dans ce bagne. Citons un exemple, à la réunion qui eût lieu hier matin, le camarade Finck de la Fédération des industries chimiques posant la question
suivante : "Quels sont ceux qui sont en traitement pour mutilation par le
bichromate de potasse ?", au moins vingt-cinq ouvriers levèrent la main. Un
ouvrier montre son nez et dit : "Je fait rentrer un haricot par une narine et
je le fais sortir par l'autre. Plus de cloison, mon nez se ronge lentement...".
D'autres disent : "Il n'y a pas que le nez, il y a aussi la gorge !" Et c'est à ces
malheureux que la direction Bozel-Malétra refuse les justes revendications
d'hygiène et de salaires.
La direction se livre à d'odieuses provocations
La société Bozel-Malétra possède à la Motte-Breuil et environs, des cités
où elle loge environ quatre-vingt de ses ouvriers et une cantine où quelques
ouvriers logeaient et pouvaient prendre leur repas. La gendarmerie a été envoyée sur les lieux. Lorsque les grévistes se présentèrent, comme d'habitude,
à la cantine, les gendarmes les fouillèrent comme de véritables malfaiteurs,
puis leur donnèrent dix minutes pour déménager. De plus, la coopérative
163. Les luttes revendicatives du prolétariat. Après une grève sur le tas, l'usine BozelMaletra lock-oute ses 400 ouvriers , L'Humanité, no 12978, 28 juin 1934, p. 1 et 5.
18.
ANNÉE 1934
129
est fermée (les ouvriers en sont cependant actionnaires !) et dans la cité appartenant à la société, l'eau potable est coupée. La direction a averti les
habitants que l'eau serait distribuée le matin de huit à neuf heures et le
soir de six à sept heures, mais que cette eau, venant de l'Aisne, était non
potable. L'indignation est grande, non seulement parmi les grévistes, mais
aussi parmi la population. Les ouvriers ont décidé d'envoyer une lettre à la
direction Bozel-Malétra à Paris pour protester contre ces faits, en indiquant
que les responsabilités seront nettement situées en cas d'épidémies par l'eau
non potable. 164 18.6 2 juillet 1934. Ce matin, les nez-rongés seront aux
piquets de grève Les ouvriers de l'usine Bozel-Malétra à La Motte-Breuil sont en grève
depuis mercredi. La puissante société Bozel-Malétra qui possède des usines
dans diérentes régions de France et des salines à Arzew (Algérie), impose
à ses employés les plus dures conditions de travail et les salaires les plus
misérables. On sait que les ouvriers de La Motte-Breuil qui gagnaient de 1
franc 80 à 2 francs 48 de l'heure ont demandé une augmentation de salaires.
Pour appuyer leurs revendications, ils ont, mercredi dernier, fait la grève
sur le tas. La direction a alors décidé de fermer les portes de l'usine. Les
ouvriers ne veulent pas reprendre le travail sans avoir obtenu l'augmentation
de salaires qu'ils réclament. Aujourd'hui, ils seront tous aux piquets de grève
pour faire échec aux man÷uvres possibles de la direction. Les nez-rongés de
La Motte-Breuil sauront arracher la victoire. 165 18.7 13 juillet 1934. Fin du mouvement de la Motte-Breuil La direction des usines Bozel-Malétra, à la Motte-Breuil, a décidé la
réouverture. Et lundi matin une grosse partie des lock-outés a repris le travail.
Les man÷uvres de la direction ont été facilitées par le fait que bon nombre
des exploités habitent les cités de la société et qu'ils pouvaient être jetés
à la rue sans pouvoir protester. Un certain nombre d'ouvriers n'ont pas été
réembauchés : les uns parce que l'arrêt brusque du travail rend nécessaire une
mise au point des appareils ; les autres parce que leur activité syndicale les a
désignés à la vindicte patronale. Mais les nez-rongés, qui ont forgé, au cours
de cette bataille, un puissant syndicat, sauront continuer l'action à l'intérieur
de l'usine. Et ils sauront, dans un avenir proche, imposer l'augmentation de
leurs salaires et l'adoption des plus élémentaires mesures d'hygiène. 166 164. 400 travailleurs de l'usine Bozel-Malétra à La Motte-Breuil lock-outés par leurs
patrons , L'Humanité, no 12979, 29 juin 1934, p. 5.
165. Ce matin, les nez-rongés seront aux piquets de grève , L'Humanité, no 12982,
2 juillet 1934, p. 4.
166. Fin du mouvement de la Motte-Breuil , L'Humanité, no 12993, 13 juillet 1934,
p. 5.
130
19
Année 1935
19.1 8 avril 1935. À la Plaine-Saint-Denis, une usine de
produits chimiques a fermé ses portes La société des produits chimiques à la Plaine-Saint-Denis occupe environ 600 ouvriers et ouvrières. Elle a fermé ses portes hier soir. Cette oensive
cache évidemment une attaque contre les salaires et les conditions de travail
des ouvriers. Ceux-ci doivent être vigilants et rester en contact étroit avec
leur syndicat unitaire an de déjouer toute man÷uvre patronale et exiger la
réintégration de tout le personnel, sans aucune diminution de salaire. 167 19.2 1er mai 1935. En masse aux meetings du 1er mai [. . . ]. Franconville. À 14h30, au Bon Coin, rue du Plessis. Orateurs :
Poirot, des Métaux ; Chabanon, du CI de Franconville ; Pondruel du Bijou.
[. . . ]. 168 19.3 26 juin 1935. Le battu d'Aubervilliers, c'est Laval !
Le fraudeur d'Aubervilliers, c'est Laval ! [. . . ]. Le frère de notre camarade Finck, candidat, est inrme et habituellement ne peut se transporter pour voter. Cette fois, étant donné l'enjeu de
la lutte, il se t transporter pour déposer son bulletin. Or, quand il arriva,
on lui cette réponse stupéante : "Vous avez déjà voté !" Croyant qu'il ne
viendrait pas, les gens de Laval ont voté pour lui ! [. . . ]. 169 19.4 7 juillet 1935. Mercredi 10 juillet, grande salle de la
Mutualité. Grand compte-rendu populaire de la délégation du SRI [. . . ]. Personnalités ayant accepté au 6 juillet de faire partie de la délégation : [. . . ] Finck, secrétaire du syndicat de la céramique. [. . . ]. 170 167. À la Plaine-Saint-Denis, une usine de produits chimiques a fermé ses portes ,
, no 13261, 8 avril 1935, p. 5.
168. En masse aux meetings du 1er mai , L'Humanité, no 13284, 1er mai 1935, p. 6.
169. Le battu d'Aubervilliers, c'est Laval ! Le fraudeur d'Aubervilliers, c'est Laval ! ,
o
L'Humanité, n 13340, 26 juin 1935, p. 4.
170. Mercredi 10 juillet, grande salle de la Mutualité. Grand compte-rendu populaire
de la délégation du SRI , L'Humanité, no 13351, 7 juillet 1935, p. 6.
L'Humanité
19.
ANNÉE 1935
131
19.5 29 juillet 1935. Les préparatifs meurtriers du fascisme
italien. Cinquante morts dans l'explosion de l'usine de
guerre de Taïno 171
19.6 10 août 1935. À Bry-sur-Marne. Quinze fascistes armés agressent et blessent quatre travailleurs Cet article aborde l'agression du père de Jean Carasso 172 .
19.7 16 août 1935. Quand les hommes du fascisme dirigent les bagnes industriels. Hotchkiss : spécialité de mitrailleuses, de fusils-mitrailleurs, antitanks. 200 millions
de bénéces en dix ans [. . . ]. Hippolyte-Eugène Boyer, qui fait dans la Banque, les chemins de
fer coloniaux, les produits chimiques, les mitrailleuses. Président du conseil
d'administration des anciens établissements Hotchkiss, M. H-E. Boyer, a été
récemment l'objet d'une manifestation spontanée de sympathie.
M. Boyer est fatigué...
C'était lors d'une assemblée générale des actionnaires de la société des
produits chimiques Rhône-Poulenc (ex-Société chimique des usines du Rhône) :
Notre vénérable confrère a déclaré, à peu de chose près, le président de séance
est quelque peu fatigué. Il est administrateur de notre société depuis 36 ans.
Il en est président depuis 20 ans, aux côtés de M. Camille Poulenc, qui
administre également la Banque de France. Ses charges sont nombreuses.
Nous proposons donc, sur sa demande, qu'il soit relevé de sa charge de président actif et nommé président d'honneur. Tout en restant, bien entendu,
administrateur, ce qui lui donnera la faculté de continuer à toucher quelques
centaines de mille francs de tantièmes auxquels il a incontestablement droit
et par son mérite et par sa haute compétence. La proposition a été adoptée d'enthousiasme. La société Rhône-Poulenc a réalisé, en 1934, la jolie
somme de 33 492 000 francs de bénéces nets. Le capital avait été précédemment porté de 75 à 160 millions par incorporation de réserves et distribution
d'actions gratuites. Ses administrateurs touchent, chaque année, en sus des
dividendes, des dizaines de milliers de francs de tantièmes. M. Boyer n'est
jamais fatigué... pour passer à la caisse. Pas plus que son successeur à la
présidence, M. Albert Buisson, président de la Société du Gaz de Paris. Et,
171. Les préparatifs meurtriers du fascisme italien. Cinquante morts dans l'explosion
de l'usine de guerre de Taïno , L'Humanité, no 1373, 29 juillet 1935, p. 1.
172. À Bry-sur-Marne. Quinze fascistes armés agressent et blessent quatre travailleurs ,
o
L'Humanité, n 13385, 10 août 1935, p. 3.
132
dans les usines de Saint-Fons, de Roussillon (Rhône) et Vitry (Seine), appartenant à la Société Rhône-Poulenc, des milliers d'ouvriers et d'ouvrières
s'empoisonnent chaque jour pour des salaires horaires variant entre deux
francs cinquante et trois francs cinquante. [. . . ]. 173 19.8 18 août 1935. 150 ouvrières des raneries François,
ayant leur salaires diminués de 15 %, se mettent en
grève La direction de la ranerie Le François, 57 rue Riquet à Paris, faisant
remarquer que, en vertu des décrets-lois, le prix de la vie diminuait (du fait
que le sucre allait être diminué de quelques centimes !) annonçait lundi à
ses ouvrières une diminution allant jusqu'à 15 % des salaires. Gagnant de
22 à 25 francs par jour avant la diminution, les ouvrières de certaines catégories voient leur salaire réduit à 19 ou 20 francs. D'autre part, la direction
mettait douze ouvrières à pied jusqu'au 2 décembre. Solidaires de leurs camarades mises à pied, dès l'après-midi, les 150 ouvrières rent la grève sur le
tas. Hier matin, elles refusèrent de rentrer à l'usine, si la diminution n'était
pas rapportée et les douze camarades réintégrées. Au cours d'une réunion à
Mathurin-Moreau avec notre collègue Georgette Bodineau, elles examinèrent
les moyens d'organiser la lutte. Un comité de grève s'est constitué. À treize
heures, elles étaient aux piquets de grève et au retour elles ont manifesté aux
cris de "Nos salaires ! À bas les diminutions !" bien que la police ait tenté
de les disperser. Rosarde au nom de l'union régionale et la camarade Antoinette Gilles, de la Fédération de l'alimentation, sont intervenus. Le cahier
de revendications mis au point, une délégation s'est rendue à la direction le
déposer. Les ouvrières réclament le retrait de la diminution des salaires, la
réintégration des ouvrières mises à pied, un réfectoire, des vestiaires, des waters et le respect des principes élémentaires de l'hygiène dans les ateliers, le
respect de la journée de huit heures, une attitude plus correcte de la part des
chefs d'ateliers et autres chefs vis-à-vis des ouvrières, la reconnaissance de la
section syndicale. Demain, elles seront aux piquets de grève, interviendront
auprès des quarante ouvriers algériens qui n'ont pas encore suivi le mouvement, ainsi qu'auprès des chaueurs-camionneurs de l'usine, pour qu'ils
viennent prendre leur place dans la bataille. Ce matin, tous à la réunion à
neuf heures, 8 avenue Mathurin-Moreau.
Le comité de grève. 174 173. J. Raveau, Quand les hommes du fascisme dirigent les bagnes industriels.
Hotchkiss : spécialité de mitrailleuses, de fusils-mitrailleurs, antitanks. 200 millions de
bénéces en dix ans , L'Humanité, no 13391, 16 août 1935, p. 6.
174. 150 ouvrières des raneries François, ayant leur salaires diminués de 15 %, se
mettent en grève , L'Humanité, no 13389, 14 août 1935, p. 5.
19.
ANNÉE 1935
133
19.9 20 août 1935. Aux usines Desmarais frères à Ivry, un
chaueur est brûlé vif Aux usines Desmarais frères, à Ivry, 23 rue Franklin, un chaueur, Marcotte, père d'un enfant fut brûlé vif en faisant son plein de mazout. Nous
reviendrons sur les circonstances de cet accident imputable à la rationalisation imposée aux chaueurs-livreurs. 175 19.10 28 août 1935. Quand les hommes du fascisme dirigent les grands bagnes industriels. Dépôts de pétrole
où les Croix de feu nettoient leurs revolvers Le personnel des dépôts a un travail extrêmement pénible ; les man÷uvres employés, au chargement et déchargement des camions, ne gagnent que
quatre francs de l'heure. Les femmes qui travaillent au remplissage et au nettoyage des bidons n'ont que trois francs vingt-cinq. Certaines font un travail
de man÷uvres, elles roulent des sacs de parane de soixante-quinze kilos.
À la SGHP, au dépôt de Gennevilliers (mazout), les femmes roulent les fûts
et les nettoient à la potasse. L'hygiène n'existe pas. Ce travail est exécuté
dans des conditions lamentables. L'inspection du travail aurait, là, son mot
à dire. Que fait-elle ?
À Aubervilliers, la CIP
La Compagnie Industrielle des Pétroles, société anonyme au capital de
150 millions de francs, a son dépôt à Aubervilliers, boulevard Félix-Faure, 87.
Dans ce dépôt, il y a cinq ans, on employait cent-cinquante ouvriers et ouvrières, il en reste vingt dont quinze femmes. Cela s'explique par le développement des pompes supprimant la manutention de la mise en bidons. Le salaire
des femmes est de trois francs vingt-cinq à l'embauche ; celui des soudeuses
trois francs soixante-quinze. La production est tellement poussée que ces ouvrières ne font que cinq jours par semaine à six heures par journée soit trente
heures. Une camarade me renseigne sur leur travail. Il y a un mois, trois ouvrières sont parties d'elles-mêmes, ne pouvant supporter la cadence. Tiens,
nous devons gratter, peindre, estampiller trente-deux caisses à bidons dans
l'heure. Au récurage, cinquante bidons à l'heure. Où ça devient incroyable,
c'est au vernissage au pistolet. Ces vernisseuses payées trois francs cinquante
de l'heure doivent vernir, dans cette heure, quatre cent bidons. Quatre cent
bidons ? Oui, quatre cent bidons ! Elles sont deux femmes, l'une arrange les
bidons, sur un manège, l'autre les pistole. Elles se relaient par demi-chariot.
Les décrets sur les métiers insalubres sont-ils observés ? Parlons-en ! Pas de
lait, pas de gants, les ouvrières les achètent. Impossible de ralentir la cadence. Les ouvrières sont chronométrées. Tu devrais signaler aussi l'intoxica175. Aux usines Desmarais frères à Ivry, un chaueur est brûlé vif ,
no 13395, 20 août 1935, p. 5.
L'Humanité
,
134
tion que nous subissons dans les dépôts par les émanations et la manipulation
d'essence ; surtout depuis que fut donnée l'autorisation de vendre l'essence
éthylée. Renseigne-toi là-dessus.
Le carburant éthylé
Pour l'autorisation de la vente du carburant éthylé en France, le comité
supérieur d'hygiène t une enquête en Angleterre sur les eets de l'emploi
de ce produit. Voici les conclusions adoptées par le ministère de la santé
publique : "Les rapporteurs soussignés sont d'avis que ne soit pas interdite
l'addition à l'essence pour moteur d'une proportion de plomb tétra-éthyl
xée provisoirement au maximum de zéro centimètre cube par litre d'essence
ainsi traitée ne dépassera pas un dixième de la consommation générale. Mais
il importe que toutes les conditions requises par les services d'hygiène pour
ceux qui manipulent l'essence soient rigoureusement observées". On se rendra
compte de la nocivité du produit, par des extraits des règlements relatifs au
maniement du uide éthyl de l'éthyl gazoline corporation ! "Si par mégarde
du uide éthyl vient à tomber sur votre peau, à n'importe quel endroit du
corps, arrêtez immédiatement votre travail pour vous nettoyer. Lavez-vous
d'abord avec du pétrole propre et ensuite avec de l'eau chaude et du savon...
Si vous devez toucher un objet sur lequel il y a du uide éthyl, mettez vos
gants de caoutchouc, sur lesquels vous ajouterez des gants de tissus. Assurezvous que vos gants de caoutchouc sont en parfait état." Et pour le cas des
livreurs : "On enseignera aux hommes aectés au chargement de l'essence
contenant du uide éthyl, qu'ils doivent éviter le contact de cette essence
avec la peau et les vêtements."
L'activité des croix de feu
Nous avons dit la tendance de l'Eco à n'embaucher que des croix de
feu. À la PEN le mouvement est plus grand. Caprolier, le directeur, Chanel,
sous-directeur du mazout, Careil, chef du bureau, Panier, chef du personnel
de l'usine, enn le fameux Lamendé, contremaître à la mécanique, ornent
leur boutonnière de la tête de mort. N'est-ce pas ce Lamendé qui, dans l'affaire des Croix de feu de Saint-Ouen, blessa des ouvriers à l'aide d'un coup
de poing américain ? Rien d'étonnant, dès lors, si dans son atelier, sur douze
ouvriers, huit sont Croix de feu. Dernièrement, les camarades assistèrent à ce
spectacle incroyable : ces hommes nettoyant leur revolver pendant les heures
du travail, au son d'un phonographe. Il ne faut pas sous-estimer le danger
de cette démagogie fasciste. Les directions des dépôts cherchent, par tous les
moyens, à éliminer les éléments les plus combatifs du personnel. Seule, une
section syndicale forte peut parer au danger de fascisation des entreprises,
empêcher le renvoi des bons camarades et leur remplacement par des Croix
de feu et conquérir les améliorations de salaires et de conditions de travail.
Trois sociétés : 45 millions annuels de bénéces
19.
ANNÉE 1935
135
Ouvriers des pétroles ! Un journal d'usine : L'Écho des pétroles assure la
liaison entre vous. Il doit être la tribune où chacun d'entre vous doit exposer
ses revendications et ses suggestions. L'Économique a fait en 1933 6 947
500 francs de bénéces. La PEN en 1933 7 168 054 francs de bénéces. La
Société générale des huiles de pétrole, exercice 1933 : 31 523 000 francs. Voilà
les conséquences de la crise pour cette oligarchie qui aame tout un peuple.
Les bénéces sont tels, même en temps de crise, que chaque attaque contre
vos salaires, au nom de celle-ci est injustiée et doit amener immédiatement
votre riposte.
L. Cuisinier. 176 19.11 11 septembre 1935. Les accidents du travail. Mort
atroce d'un ouvrier enlisé dans un silo Comines (Nord). À la Société des Produits Chimiques et des Blancs de
Comines, route de Wervicq, s'est produit un accident qui causa la mort d'un
ouvrier. Omer Segré, 31 ans, man÷uvre, père de trois enfants, demeurant
à Comines, rue de Quesnoy, était occupé dans un silo à baryte, lorsque,
pour une cause indéterminée, il y tomba et s'enlisa petit-à-petit. Alertés
par ses cris, ses camarades accoururent aussitôt, tentèrent en vain de lui
tendre une pelle an qu'il s'y accrochât, mais en raison de la densité des
matières, Segré ne put être dégagé et disparut. Malgré le dévouement de son
compagnon de travail, Daele, qui, voulant à tout prix sauver son camarade,
se t attacher et descendit dans le silo, on ne put dégager Segré, sur qui
plusieurs tonnes de matières s'étaient accumulées. Les travaux de démontage
furent menés activement sous la direction de l'ingénieur, mais on ne retira
qu'un cadavre. Le docteur alerté par téléphone ne put que constater le décès
dû à l'asphyxie. 177 19.12 29 octobre 1935. Les fascistes de Caen agressent des
travailleurs Letellier est signalé comme étant le secrétaire de la 18e union régionale
unitaire. Son domicile ainsi que sa famille ont été pris pour cible par les
Croix-de-Feu 178 .
176. L. Cuisinier, Quand les hommes du fascisme dirigent les grands bagnes industriels.
Dépôts de pétrole où les Croix de feu nettoient leurs revolvers , L'Humanité, no 13403,
28 août 1935, p. 5. La reproduction d'une photographie accompagne l'article avec pour
légende : Le dépôt de la Société générale des huiles de pétrole, quai de Seine, à SaintOuen. 177. Les accidents du travail. Mort atroce d'un ouvrier enlisé dans un silo , L'Humano
ité, n 13417, 11 septembre 1935, p. 5.
178. Les croix fascistes de Caen agressent des travailleurs , L'Humanité, no 13465,
29 octobre 1935, p. 3.
136
20
Année 1936
20.1 29 février 1936. À Clermont-Ferrand, sept cents ouvriers des usines Michelin sont en grève pour le respect
du droit syndical Lundi, la direction des usines Michelin à Clermont-Ferrand licenciait le
secrétaire du syndicat sous prétexte de "manque de travail". Mais deux jours
auparavant, elle avait embauché un autre ouvrier du même métier. Le motif
ne tenait donc pas, d'autant plus que ce camarade avait quatorze années
de présence à l'usine. Immédiatement, quand fut connu ce scandaleux licenciement, des débrayages eurent lieu, englobant près d'un millier d'ouvriers.
Puis, devant les man÷uvres des chefs de service, les camarades décidèrent
mercredi matin de ne pas reprendre le travail. Plusieurs délégations furent
reçues par le chef du personnel. Celui-ci parlant du camarade licencié, indiqua : "J'en ai jusque-là de celui-là". C'était l'aveu que le camarade était
renvoyé non pas par manque de travail, mais parce que militant syndical
et que l'organisation progressait. Devant l'intransigeance de la direction, les
camarades, au nombre de près de sept cents, décidèrent de ne reprendre
le travail qu'après avoir obtenu satisfaction. Une délégation alla mettre au
courant le maire et le préfet des motifs exacts du conit, car les bruits les plus
faux étaient colportés par les valets de la direction Michelin. Après avoir approuvé les exposés des camarades Fradet et Besset de l'Union départementale
et Finck, secrétaire de la Fédération, les grévistes décidèrent de ne rentrer
qu'avec leur camarade licencié. Déjà, à Clermont-Ferrand, où la sympathie
est grande pour nos camarades, la solidarité s'organise. La Fédération fait
un appel à tous les syndicats pour que dès maintenant des listes de souscription circulent pour soutenir nos camarades en lutte. Adresser les fonds à la
Fédération des produits chimiques, compte-chèque postal 963-80. Le Comité
de grève organise un grand meeting dimanche après-midi salle Gaillard. Il
fait un appel pressant aux petits commerçants et à toute la population laborieuse de Clermont-Ferrand pour assister à ce meeting et témoigner ainsi
aux grévistes toute leur solidarité.
La Fédération des Produits Chimiques. 179 20.2 7 mars 1936. Une nouvelle étape de la lutte des classes
en France. Le comité confédéral national a conrmé les
décisions d'unanimité du congrès de la CGT réuniée [. . . ]. La composition de la commission administrative. [. . . ] Produits
chimiques, Édouard Finck. [. . . ]. 180 179. À Clermont-Ferrand, sept cents ouvriers des usines Michelin sont en grève pour
le respect du droit syndical , L'Humanité, no 13588, 29 février 1936, p. 5.
180. Une nouvelle étape de la lutte des classes en France. Le comité confédéral national a
conrmé les décisions d'unanimité du congrès de la CGT réuniée , L'Humanité, no 13595,
20.
ANNÉE 1936
137
20.3 31 mai 1936. Aux usines Goodrich Le mouvement revendicatif a gagné, vendredi, les usines Goodrich
(caoutchoucs), Lobstein, Alsthom (métaux), englobant plus de 3 000 travailleurs, qui occupèrent les ateliers jour et nuit dans l'ordre le plus parfait. Samedi, dans l'après-midi, les ouvrières et ouvriers de chez Goodrich et
ceux de chez Lobstein ont obtenu satisfaction sur la plupart des revendications présentées, notamment leurs salaires seront augmentés de 5 à 10 % ;
huit jours de congés payés sont obtenus chez Goodrich, ainsi que d'autres
revendications particulières. Ils ont quitté leurs usines en cortège et ont délé jusqu'à la mairie, où ils furent harangués par le camarade Finck, secrétaire de la Fédération des produits chimiques, et par le camarade Chinalie,
maire-adjoint de Colombes. De nombreuses adhésions au syndicat ont été
faites. 181 20.4 3 juin 1936. Hier des dizaines de milliers d'ouvriers
sont entrés en grève [. . . ]. Plus de vingt grèves à Saint-Denis. [. . . ]. Malétra, produits chimiques, 130 ; [. . . ]. Les Pétroles Jupiter [. . . ].
Dix-huit à Saint-Ouen. [. . . ]. Société des Carburants, Huilerie centrale,
Huilerie Lesieur. [. . . ]
À Paris. [. . . ]. 15e arrondissement. [. . . ]. Le Caoutchouc Bergenot (150) ;
Maison d'Asphalte (180) [. . . ].
Près de 2 000 ouvriers en grève à Bezons. [. . . ]. Joint Français. [. . . ].
À Puteaux, 6 000 grévistes. [. . . ]. Hutchinson (1 200 ouvriers) [. . . ]. Parfumerie d'Orsay (150). [. . . ].
500 à l'Air Liquide à Champigny. Après discussion avec la direction, les
500 ouvriers de l'Air Liquide à Champigny ont cessé le travail à 17h30. Ils
restent dans l'usine et observent la plus grande discipline. À 22h30, notre
camarade Deloche, conseiller municipal de Joinville a pris la parole. [. . . ].
À Clichy et Levallois-Perret. [. . . ]. Accus SEM. [. . . ].
À Ivry-sur-Seine. [. . . ]. Produits chimiques : Lick, Lampe. [. . . ].
À Gennevilliers. [. . . ]. Les Accus SLM (une centaine d'ouvriers), Établissements Demmery, caoutchouc (200 ouvriers), Société des Huiles et Pétroles
(350 à 400 ouvriers), Société des Huiles André (200 ouvriers), [. . . ]. SHGH
(pétrole).
À Vitry. [. . . ]. Pétroles SGHP. [. . . ]. 182 7 mars 1936, p. 7.
181. Aux usines Goodrich , L'Humanité, no 13680, 31 mai 1936, p. 2.
182. Hier des dizaines de milliers d'ouvriers sont entrés en grève ,
no 13683, 3 juin 1936, p. 2.
L'Humanité
,
138
20.5 4 juin 1936. De nouvelles victoires [. . . ]. Les ouvriers de la société l'Air Liquide, située avenue Galliéni
[à Bagnolet], ont obtenu satisfaction avec, toutefois, une réserve en ce qui
concerne le contrat collectif. 183 20.6 13 juin 1936. Grève à Condat-le-Lardin Les quatre-cent-vingt ouvriers des établissements Progil, produits chimiques à Condat-le-Lardin (Dordogne), après avoir formé leur syndicat, ont
présenté un projet de contrat collectif. Le patron ayant réclamé un long
délai pour la réponse, le personnel, dans la proportion de 99 %, s'est mis en
grève. 184 20.7 2 juillet 1936. Convocations [. . . ]. ARAC. [. . . ]. 18e section. Ce soir, assemblée générale au 20 rue
Ordener, à 20 heures 30. Pr. Pillot, député et Chabanon, de la Commission
exécutive fédérale. [. . . ]. 185 20.8 7 juillet 1936. La lutte pour le pain. Des grèves ! Des
victoires ! Une photographie d'une manifestation des ouvriers de la société Progil
illustre l'article. En légende : Les ouvriers de la Société Progil, dans la
Corrèze, fêtent leur victoire. Après sept jours de grève, ils ont obtenu des
augmentations de salaires de trois francs cinquante à dix francs par jour. 186
20.9 3 septembre 1936. Aux employés et techniciens des
industries chimiques De nombreuses questions nous sont posées en ce qui concerne la convention collective, catégorie employés et techniciens de la région parisienne.
Nous demandons aux camarades d'être un peu patients. En eet, un accord vient d'être réalisé entre la Chambre syndicale patronale des pétroles
et le représentant de la CGT, le camarade Finck. Cet accord stipule que la
convention pour les employés de la région parisienne sera immédiatement
commencée après celle des employés de la Basse-Seine actuellement en discussion. Ce n'est donc plus qu'une question de jours d'attente.
183. De nouvelles victoires , L'Humanité, no 13684, 4 juin 1936, p. 5.
184. Grève à Condat-le-Lardin , L'Humanité, no 13693, 13 juin 1936, p. 5.
185. Convocations , L'Humanité, no 13712, 2 juillet 1936, p. 6.
186. La lutte pour le pain. Des grèves ! Des victoires ! , L'Humanité, no 13717, 7 juillet
1936, p. 5.
20.
139
ANNÉE 1936
Édouard Finck. 187 20.10 9 septembre 1936. Les mariniers de chez Desmarais
ont décidé la grève Hier soir, les mariniers de la Société des Pétroles Desmarais se sont
réunis à Ivry et ont décidé la grève pour ce matin. Leur mouvement a pour
but de protester contre le renvoi des femmes matelots. 188 20.11 10 septembre 1936. Les mariniers de la maison Desmarais sont en grève MM. Desmarais et Cie ont la prétention de violer à nouveau les accords conclus dans la marine uviale, qui doivent cesser d'être en vigueur à
la signature du contrat collectif. Les mariniers de cette maison ont déjoué
la man÷uvre de la direction et ont mandaté les représentants de leur syndicat pour régler le conit qui réside dans la suppression des femmes à bord
des bateaux. Cette prétention est contraire à la convention signée le 21 juin
1936 au ministère des travaux publics. Hier avait lieu une réunion à Ivry
où, devant l'intransigeance de la direction générale, qui refusa de recevoir les
représentants du syndicat et violant d'autre part les accords Matignon. À
l'issue de cette réunion, il fut décidé d'arrêter le travail et d'obtenir satisfaction. Les camarades Paravy et Martin, secrétaires du syndicat de la marine
uviale, continuent les pourparlers pour éviter un conit qui pourrait s'étendre à l'ensemble des pétroliers. Toutes mesures seront prises pour localiser
le mouvement chez Desmarais, mais savons que les mariniers, voyant ainsi
violés leurs maigres avantages, se dressent contre ceux qui veulent encore
essayer par tous les moyens de porter atteinte à leur organisation syndicale,
seul moyen de défense des travailleurs.
Pour le syndicat de la marine uviale, le secrétaire ; L. Paravy.
P.S. Les camarades délégués désignés pour la discussion du contrat collectif doivent se réunir le vendredi 11 septembre à la Bourse du Travail, bureau
7, 5e étage. 189 20.12 9 octobre 1936. La conférence d'information des industries chimiques La grande conférence d'information convoquée par le syndicat des industries chimiques de la région parisienne se tient dimanche prochain à neuf
187. Aux employés et techniciens des industries chimiques ,
3 septembre 1936, p. 5.
188. Les mariniers de chez Desmarais ont décidé la grève ,
9 septembre 1936, p. 5.
189. Les mariniers de la maison Desmarais sont en grève ,
10 septembre 1936, p. 5.
, no 13775,
L'Humanité
, no 13781,
L'Humanité
L'Humanité
, no 13782,
140
heures du matin à la Maison des Syndicats, 33 rue de la Grange-aux-Belles
à Paris (10e ).
Ordre du jour :
1o Examen de la situation. Les conventions collectives, par Plantin, secrétaire du syndicat.
2o Tâches d'organisation, par Poulmarc'h, secrétaire du syndicat.
3o Nos perspectives, par Finck, secrétaire général de la Fédération.
4o Discours de Frachon, secrétaire de la CGT.
Toutes les sections syndicales des industries rattachées au syndicat ouvrier des produits chimiques : pétroles, caoutchouc, parfumerie, abrasifs,
couleurs et vernis, grande industrie chimique, piles-accus, isolants, produits
d'entretien, vidange, papier-carbone, etc., doivent se faire représenter. Des
mandats de délégués sont à la disposition des sections syndicales, les responsables doivent venir dès maintenant au siège du syndicat : Bourse du travail,
2e étage, bureau 17. 190 20.13 27 octobre 1936. La grève des accus TEM à SaintOuen La direction de l'usine d'accumulateurs TEM, quai de Seine, à SaintOuen, ayant refusé de recevoir les délégués ouvriers, l'ensemble du personnel,
en accord avec la Fédération des produits chimiques, a décidé en raison
de cette violation du contrat collectif signé par cette société de recourir,
après de multiples démarches, à la grève. Le vendredi 25 octobre, premier
jour de grève, des forces imposantes de police étaient massées devant la
porte d'entrée ; nos camarades furent l'objet de toutes sortes de menaces de
certaines brigadiers ; on les obligea à quitter les lieux, an de ne pas gêner
l'entrer de quelques jaunes. La police obéissait aux ordres donnés par la
direction de l'usine TEM, et cela ouvertement. Le comité de grève est surpris
de cette complicité imprévue, et attire là-dessus l'attention du gouvernement
de Front populaire. 191 20.14 3 novembre 1936. Une délégation des syndicats parisiens
se rend en Union soviétique Guédou, secrétaire du Syndicat des Produits Chimiques, y participe 192 .
190. La conférence d'information des industries chimiques , L'Humanité, no 13811,
9 octobre 1936, p. 5.
191. La grève des accus TEM à Saint-Ouen , L'Humanité, no 13829, 27 octobre 1936,
p. 5
192. Une délégation des syndicats parisiens se rend en Union soviétique , L'Humanité,
no 13836, 3 novembre 1936, p. 7.
20.
141
ANNÉE 1936
20.15 3 novembre 1936. Les grévistes de l'usine TEM vaincront ! Dans les accumulateurs, le patronat a déclenché la grande attaque. Nos
camarades des Établissements TEM ont été choisis parmi les premiers. À la
suite d'un conit dans un atelier, la direction a refusé de recevoir les délégués
ouvriers. Après plusieurs jours d'eorts pour tenter d'engager les pourparlers, les ouvriers, devant l'intransigeance patronale, ont décidé la grève. À
la demande de notre syndicat des industries chimiques, et à la seule n de
ne pas entraver l'action du gouvernement, ils ont accepté d'évacuer l'usine.
Mais, depuis, sous la protection de la police, une trentaine de "jaunes",
membres du syndicat professionnel travaillent. Plus de cent chômeurs recrutés par des ligues de droite ou des mairies factieuses (Saint-Denis en
particulier), sont venus les rejoindre. Des grévistes ont été pourchassés et
matraqués alors qu'ils participaient aux piquets de grève. De tels faits ont
soulevé une grande indignation dans la classe ouvrière et plus particulièrement chez les ouvriers et ouvrières des usines d'accumulateurs. Le syndicat
ouvrier des industries chimiques a protesté avec vigueur auprès des pouvoirs
publics et des ministres intéressés. S'il a donné l'ordre aux ouvriers d'évacuer l'usine, le syndicat n'accepte jamais que l'on permette à des briseurs de
grève aux ordres du grand patronat et des factieux de les remplacer dans
l'établissement. Cette situation ne saurait durer. Il faut "neutraliser" les entreprises en grève, comme la CGT l'a demandé. Sinon, les ouvriers et leur
syndicat prendront leurs responsabilités. Il faut que des sanctions sévères
frappent les patrons violant les lois et les conventions collectives. Par solidarité avec leurs camarades des Établissements TEM qui luttent depuis
longtemps déjà, les ouvriers et ouvrières des Piles Heintz et des Accumulateurs Fulmen sont à leur tour entrés en grève. Chez Dinin, Watt, SAFT,
et dans toutes les usines d'accumulateurs, une certaine eervescence règne.
Tous les travailleurs comprennent qu'après leurs camarades de l'usine TEM
ce sera leur tour d'être frappés par le patronat. C'est pourquoi, ils organisent la solidarité et sont prêts à agir pour permettre à leurs camarades de
vaincre. Dans le but d'exposer la situation et an de mettre tout en ÷uvre pour vaincre cette contre-oensive patronale, le syndicat des industries
chimiques organise un grand meeting demain 4 novembre à 20h30, salle Pelloutier, Maison des Syndicats, 8 avenue Mathurin-Moreau, Paris (19e ). Finck,
secrétaire de la Fédération ; Raynaud, secrétaire de l'Union des syndicats et
Racamond, secrétaire de la CGT interviendront. Notre syndicat entend, sans
faiblir, défendre leurs légitimes revendications. Toutefois, nous demandons
au gouvernement de prendre rapidement toutes les mesures pour empêcher
la police de favoriser les briseurs de grève et pour imposer au patronat le
respect des lois.
Jean Poulmarc'h. 193 193. Les grévistes de l'usine TEM vaincront ! ,
, no 13836, 3 novembre
L'Humanité
142
20.16 9 novembre 1936. Hier, le comité national des industries chimiques a terminé ses travaux Le Comité national de la Fédération des industries chimiques qui s'est
tenu samedi et hier à la Maison des Syndicats, 33 rue de la Grange-aux-Belles,
a revêtu une importance exceptionnelle. En eet, 310 délégués représentaient
les 300 syndicats que groupe maintenant la Fédération avec plus de 160 000
adhérents. La première séance, présidée par Poulmarc'h, secrétaire du syndicat de la région parisienne, a été consacrée au rapport de Finck, secrétaire
général. Il a souligné l'eort développé par la Fédération au cours de ces
derniers mois dans de multiples grèves et par la conclusion de conventions
collective. Après l'important discours de Racamond, que nous avons cité
hier, une résolution protestant contre l'odieuse exécution d'Edgar André a
été adoptée à l'unanimité. Dans la soirée de samedi, les délégués se sont
réunis en diverses conférences professionnelles dans les salles de la Bourse
du Travail. Hier, le comité national a poursuivi ses travaux et a précisé les
tâches essentielles de la Fédération et des syndicats, le rôle des délégués
ouvriers. 194 20.17 9 novembre 1936. Les assemblées syndicales Usines d'accumulateurs. Une réunion de tous les délégués aura lieu le
lundi 9 novembre 1936 à 20h30 à la Bourse du Travail, salle B, 5e étage.
Présence assurée de Raynaud Henri, secrétaire de l'union des syndicats et
d'un secrétaire du syndicat des produits chimiques.
Le syndicat. 195 20.18 9 novembre 1936, Le conit des usines Fulmen Les ouvriers de cette usine protestent énergiquement contre les fausses
accusations dont ils sont l'objet de la part de la presse bourgeoise. Quoi qu'en
dise Chiappe, la naissance du mouvement dans cette maison est d'ordre tout
à fait sérieux.
1o Menace de renvoi d'un délégué ouvrier.
2o Insulte envers un délégué (celui-ci fut traité de "poison" par le directeur).
3o Refus par un chef de maîtrise l'accès de l'atelier à un délégué venant
transmettre les réclamations d'un ouvrier.
4o Diminution de 15 centimes (tarif horaire) à quatre ouvriers ayant
changé de service et faisant le même travail.
1936, p. 7.
194. Hier, le comité national des industries chimiques a terminé ses travaux , L'Huo
manité, n 13842, 9 novembre 1936, p. 5.
195. Les assemblées syndicales , L'Humanité, no 13842, 9 novembre 1936, p. 5.
20.
143
ANNÉE 1936
5o Refus de recevoir la délégation ouvrière avec un représentant du syndicat des industries chimiques.
6o Refus d'eectuer la paie du 15 au 31 qui devait avoir lieu le 7 novembre.
7o Accusation portée par la direction à la préfecture de police. Visite de
M. Cormeille, no 431, pour visiter les lieux où soit-disant avait été abattu des
b÷ufs, alors qu'il ne fut consommé qu'un mouton pour respecter la tradition
des Nord-Africains.
8o Mise immédiate en application du contrat collectif des usines d'accumulateurs.
Le mouvement serait depuis longtemps terminé, si la direction avait accepté les pourparlers. 196 20.19 10 novembre 1936. La conférence nationale des produits chimiques a examiné les revendications des travailleurs. Le bureau fédéral a été élu à l'unanimité Dimanche toute la journée, à la Conférence nationale des produits
chimiques, la discussion s'est poursuivie dans la plus grande atmosphère
de fraternité. De nombreuses interventions, toutes empreintes d'une grande
volonté de travail et de réalisation, ont donné à notre Conférence nationale
l'aliment qu'attendaient nos délégués venus de tous les coins de France, d'Algérie et de Tunisie. Les exemples donnés sur les conventions collectives montrent que pour notre industrie nos camarades ont, dans une large mesure, su
réaliser l'objectif qu'attendaient les ouvriers. Toutes les conventions collectives, certes, ne sont pas parfaites. Les nombreuses interventions des délégués
ont démontré des faiblesses, et, s'il y a eut quelques critiques, elles permettent à chacun d'en tirer prot au mieux des intérêts des travailleurs de
notre industrie. Berckmoës (de Lille), apporta dans la discussion de bonnes
initiatives, ainsi qu'un grand nombre de nos délégués des grandes rmes :
Kuhlmann, Saint-Gobain, Bozel-Malétra, etc. Il en fut de même pour ceux
des pétroles, explosifs, acides et des industries diverses. Le rapport d'organisation présenté par notre camarade Finck a réalisé l'approbation totale des
310 délégués présents à notre Conférence nationale.
Pour l'application du programme du Rassemblement populaire
Avant de se séparer, les délégués adoptèrent une résolution dont nous
extrayons les passages suivants : La conférence fédérale demande :
1o L'application la plus rapide de la semaine de quarante heures (y compris dans les colonies et pays de protectorat) ;
2o En accord avec le bureau de la CGT, l'arbitrage obligatoire. En cas
de conit, neutralisation des entreprises pendant la période des pourparlers.
Elle proteste : contre la violation systématique des lois sociales et des
196. Le conit des usines Fulmen ,
, no 13842, 9 novembre 1936, p. 5.
L'Humanité
144
conventions collectives par le gros patronat et demande aux pouvoirs publics
de prendre toutes les mesures indispensables pour faire cesser un tel état de
choses. Résolument décidés à faire appliquer le programme du Rassemblement populaire, les délégués à la conférence fédérale s'engagent à lutter dans
répit contre la guerre et le fascisme. Ils envoient leur salut fraternel à leurs
frères d'Espagne, qui se battent héroïquement pour la liberté et demandent
immédiatement la levée du blocus.
Le Bureau
Le bureau fédéral suivant a été élu à l'unanimité. Secrétaire général :
Édouard Finck ; trésorier : Vandenbossche ; secrétaire administratif : Baudouin ; Secrétaires : Rosarde, Plantin et Letellier. 197 20.20 10 novembre 1936. L'accord a été signé aux usines
d'accumulateurs Fulmen Hier après-midi, se sont réunis au ministère de l'Intérieur : Raynaud,
de l'Union des syndicats et Vidal, pour le syndicat des produits chimiques,
avec la direction de l'usine Fulmen. L'évacuation de l'usine a eu lieu hier
soir et la reprise du travail a eu lieu ce matin. La direction a exigé que pour
certains camarades le cas soit soumis à la commission paritaire siégeant à
l'Hôtel de Ville. 198 20.21 13 novembre 1936. 17e jour de grève à la maison
Delacoste Tous les conits actuels ont fait sentir aux ouvriers la nécessité que les
lois sociales votées par le gouvernement de Front populaire soient complétées
par des mesures de répression à l'égard des contrevenants. La responsabilité
du conit des Établissements Delacoste incombe uniquement au patron qui
a violé la convention collective en collant des aches dans l'établissement
qui restreignent les droits légaux des délégués ouvriers et en renvoyant le responsable de la section syndicale. Les ouvriers ont tenté par tous les moyens
de concilier les deux points de vue, s'orant même à faire arbitrer ce conit
avant tout incident par le sous-préfet de Pontoise. M. Delacoste a refusé et
depuis dix-sept jours, cinq cents familles sont dans la misère. Le commerce
local est paralysé et les nances communales, déjà en diculté, ont à supporter la charge des familles de grévistes qui sont absolument sans ressources.
À trois reprises déjà, le sous-préfet de Pontoise a convoqué la direction à des
197. La conférence nationale des produits chimiques a examiné les revendications des
travailleurs. Le bureau fédéral a été élu à l'unanimité , L'Humanité, no 13843, 10 novembre
1936, p. 5.
198. L'accord a été signé aux usines d'accumulateurs Fulmen , L'Humanité, no 13843,
10 novembre 1936, p. 5.
20.
145
ANNÉE 1936
ns de conciliation. On n'a même pas daigné répondre à cet appel, et cela
bien que les ouvriers aient montré un grand esprit conciliateur en évacuant
l'usine, permettant l'entrée du personnel nécessaire à la nition des travaux
en cours, en laissant rentrer une partie du personnel de bureau et en permettant à une équipe d'ouvriers de vider les tuyauteries et les chaudières pour
éviter les accidents en cas de gel.
Pour le syndicat, un secrétaire adjoint : Carasso. 199 20.22 26 novembre 1936. La mort de Tahar Acherchour L'ouvrier algérien Tahar Acherchour a succombé ! Il avait 28 ans. De
toutes ses forces, il voulait vivre. Vivre pour ses camarades de travail, que
de son lit de douleur, il trouvait la force d'exhorter à continuer jusqu'à ce
que justice leur soit rendue ! Vivre pour que tous, ceux de son usine, ceux de
toute la France, ceux d'Afrique du Nord, travailleurs français et travailleurs
algériens, soient chaque jour plus fraternellement unis dans la lutte pour le
pain et la vie. Il voulait aussi vivre pour les siens, pour sa femme et son ls,
qu'il dut laisser là-bas, dans cette Algérie pleine de soleil, mais trop pleine
aussi de misère, pour venir ici leur gagner un morceau de pain. Mais la balle
du patron assassin qui voulait sa mort et celle de tous ses camarades par la
famine et par le plomb, la balle du patron fasciste a été plus forte que sa
soif de vivre. Avec ses camarades algériens, tous les travailleurs le pleurent,
son deuil est celui des ouvriers de la région parisienne. C'est pourquoi, ils
ont pris à leur charge d'honorer sa mémoire par des obsèques que seule la
grande famille des travailleurs sait faire aux siens. Par dizaines de milliers,
les travailleurs de Paris suivront dimanche prochain la dépouille mortelle de
Tahar Acherchour, mêlés fraternellement aux milliers et aux milliers de travailleurs nord-africains.
Pour en nir avec les calomnies de certains journaux
Dans le but d'eacer la culpabilité de l'assassin, la presse continue à
armer que la victime et les ouvriers étaient armés. Il faut une fois pour
toutes en nir avec ces légendes mensongères ! Nous avons pu voir hier le
commissaire de police de Clichy qui, on le sait, fut sur les lieux dès les
premiers moments. Ce fonctionnaire a bien voulu nous préciser les points
suivants :
1o On a bien trouvé une cartouche de 6,35 dans les vêtements d'Acherchour, mais hier seulement, c'est-à-dire 24 heures après le drame. Et puis,
a-t-il ajouté, de là à armer que le malheureux était armé, il y a un monde...
C'est aussi notre avis, ce sera celui de toute personne sensée ;
2o On a bien trouvé des douilles éjectées, mais rien ne permet d'armer
qu'elles provenaient de coups de feu tirés par les grévistes ;
199. 17e jour de grève à la maison Delacoste ,
1936, p. 5.
, no 13846, 13 novembre
L'Humanité
146
3o Tous les grévistes ont été fouillés immédiatement après l'attaque.
Paul Cusimberghe avait prémédité
En ce qui concerne la préméditation du guet-apens, notre enquête nous
a fait découvrir des faits importants, que nous soumettons aux réexions du
magistrat instructeur. La commission de conit s'est réunie le mercredi 18
courant. Or, le 17, deux camions pleins de briseurs de grève stationnèrent
longuement devant le grand portail. L'assassin, Paul Cusimberghe, aidé de
deux employés, membres des Jeunesses patriotes, voulut à tout prix ouvrir la
porte pour les faire pénétrer dans l'usine. Naturellement, le piquet de grève
s'y opposa calmement, mais fermement. Alors, Paul Cusimberghe insulta ordurièrement les ouvriers, les traita de voleurs d'usine ; il alla même jusqu'à
leur dire : "Allez-y, allez-y, frappez-moi et l'on verra !" Il cherchait donc visiblement à provoquer les ouvriers à la violence pour, ensuite, en faire état
devant la commission des conits.
Un communiqué des syndicats
Nous avons reçu hier le communiqué suivant que nous insérons bien volontiers intégralement : Une délégation du syndicat des produits chimiques, de
la Fédération des industries chimiques et de l'union des syndicats ouvriers
de la région parisienne, composée de Finck, Rosarde, de la Fédération ; Poulmarc'h Coignas du syndicat et Henri Raynaud, de l'union des syndicats, a
été reçu hier matin à la présidence du Conseil. Elle a entretenu la présidence
de l'émotion considérable que développent dans les usines les provocations et
agressions fascistes soutenues et même organisées par certains patrons et en
particulier par l'assassinat de l'ouvrier Acherchour, à l'usine de Stéarine de
Clichy. La délégation a demandé au gouvernement que tout le nécessaire soit
fait très rapidement pour démasquer et arrêter les man÷uvres intolérables
très dangereuses pour la paix publique. La délégation a indiqué que le Syndicat des produits chimiques, la Fédération et l'union des syndicats avaient
décidé de prendre en mains les frais d'enterrement de l'ouvrier Acherchour
et de procéder dimanche 29 novembre après-midi au transfert solennel du
corps de l'ouvrier Acherchour à la gare de Lyon à destination de l'Algérie
où auront lieu les obsèques. La délégation a également entretenu la présidence de la situation dans les produits chimiques et particulièrement sur les
quarante heures et le problème des allocations familiales pour les travailleurs
nord-africains dont les familles résident en Algérie.
L'émotion de la classe ouvrière
D'autre part, nous avons également reçu un grand nombre de motions
qui, toutes, étrissent l'acte sauvage du patron assassin et réclament l'action
énergique du gouvernement contre les patrons qui sabotent les lois sociales
et assassinent les travailleurs. Parmi elles, citons celle adoptée par le congrès de la Fédération des métaux, de la cellule communiste Dupleix, du 15e
20.
147
ANNÉE 1936
rayon, de la section syndicale de la Compagnie des Avions Henriot, etc. Enn, le Secours Populaire de France a oert une allocation de 500 francs à la
malheureuse famille de Tahar Acherchour, ainsi du reste que le syndicat des
Produits chimiques.
Le meeting de protestation à Clichy
3 000 auditeurs se pressaient dans la salle des Fêtes pour protester contre l'agression de lundi. Les camarades Poulmarc'h et Finck des produits
chimiques ; Maurice Naile, conseiller général de la Seine ; Honel, député communiste de la circonscription ; Bouchafa, au nom du comité de coordination ; Bothereau, secrétaire de la CGT et Henri Raynaud, des syndicats de
la Seine ; Bureau, du Secours Populaire de France et un camarade de l'Étoile Nord-Africaine. Ces camarades ont étri l'assassinat du camarade Tahar
Acherchour et exigé du gouvernement la mise en application eective des lois
sociales et la dissolution eective des ligues fascistes et demande la levée du
blocus contre le peuple espagnol. 200 20.23 27 novembre 1936. Après l'assassinat fasciste de Clichy.
Paris prépare à Tahar Acherchour d'émouvantes et
grandioses funérailles Interrogé par le juge d'instruction, Paul Cusimberghe a reconnu implicitement avoir prémédité son geste criminel. Hier après-midi, le patron
assassin Paul Cusimberghe a été interrogé par M. Barrué, juge d'instruction. En premier lieu, il eut le front de prétendre qu'il n'appartenait à aucun
parti politique, alors qu'il est trésorier de la 18e section du Parti Social
Français. Mais il a, par contre, tout en se défendant avec embarras, conrmé
la préméditation de l'ignoble agression à laquelle il s'est livré. En eet, il a
reconnu "n'avoir pas dissimulé aux arrivants que l'usine était occupé et leur
avoir demandé de venir sans armes". Qu'est-ce à dire ? D'abord que Paul
Cusimberghe prévoyait des incidents et qu'il est froidement allé au-devant.
Ensuite, on voudrait bien connaître ces singuliers ouvriers des produits chimiques à qui l'on doit faire, à l'embauche, la recommandation expresse de ne
point de munir d'armes. Nous ignorions, quant à nous qu'il était indispensable d'avoir un revolver pour fabriquer du savon. Toute la suite de sa déposition n'est qu'un fatras de dénégations, de mensonges, de contradictions
criardes. La vérité est claire. Patron et fasciste, Paul Cusimberghe sabotait
les lois sociales. Aidé par des nervis de son parti, il voulut "vider", suivant
l'expression même de ses hommes de main, les grévistes qui occupaient les
locaux. Et, revolver au poing, il exécuta froidement un travailleur algérien.
Il doit recevoir un châtiment exemplaire ! Du reste, l'émotion grandit dans
le pays. De tous les coins de la France, nous parviennent chaque jour des
200. La mort de Tahar Acherchour ,
L'Humanité
, no 13859, 26 novembre 1936, p. 2.
148
organisations syndicales les plus diverses qui, toutes, réclament une action
énergique du gouvernement. Compatissant, le peuple laborieux de notre pays
se penche avec émotion sur le cadavre de Tahar Acherchour. Il arme ainsi
son étroite solidarité avec les innombrables travailleurs nord-africains qui se
sont expatriés pour venir dans la métropole gagner le morceau de pain quotidien de leur femme et de leurs enfants. Il partage leur douleur, les défend
contre l'odieuse exploitation dont ils sont victimes et, dans le cas présent,
réclame avec véhémence que justice soit rendue et que l'assassin soit châtié !
Aussi, comme ils seront nombreux dimanche les travailleurs français et algériens qui voudront dire un dernier adieu au malheureux Acherchour. Dès ce
matin, c'est par milliers qu'ils déleront à la Maison des Syndicats, 8 avenue
Mathurin-Moreau, où la dépouille mortelle sera exposée. Et, après-demain,
en un long et recueilli cortège, ils conduiront Tahar Acherchour à la gare de
Lyon, d'où il partira pour sa terre natale an d'y être inhumé. Ces obsèques
seront faites aux frais du syndicat et de la Fédération des produits chimiques
et de l'union des syndicats de la région parisienne. 201 20.24 28 novembre 1936. En masse derrière le corps d'Acherchour ! Les travailleurs de la région parisienne feront demain d'imposantes
funérailles à leur camarade algérien tué par le patron fasciste Cusimberghe.
La dépouille mortelle sera exposée aujourd'hui à la Maison des Syndicats, 33
rue de la Grange-aux-Belles de neuf heures à dix-neuf heures.
Les travailleurs de la région parisienne suivent avec attention l'enquête
qui se poursuit sur le crime fasciste de Clichy, car ils veulent que justice soit
faite. Aujourd'hui, cette volonté animera tous ceux qui vont tout à l'heure
aller déler devant le corps du camarade Acherchour, tué par son patron.
Le catafalque sera dressé à la Maison des Syndicats, 8 avenue MathurinMoreau, dans la salle Pelloutier. Le syndicat des produits chimiques a voulu
donner tout son caractère à cette cérémonie funèbre ; la garde d'honneur
sera uniquement composée de camarades algériens qui veilleront jusqu'à son
départ, sur la dépouille mortelle de leur frère. Quelle poignante émotion
va remplir le c÷ur de ces hommes lorsqu'ils verront déler devant eux les
ouvriers et ouvrières de Paris et de sa banlieue ! Car il est certain que tous
les syndicats, tous les partis, toutes les organisations amies viendront là
apporter à celui qui s'en va et à ceux des siens qui restent, leur témoignage
de solidarité et de fraternité devant la mort comme dans les combats de tous
les jours. Tous ils viendront saluer une dernière fois leur frère de classe, tué sur
le front du travail en accomplissant son devoir de prolétaire. Et dimanche,
201. Après l'assassinat fasciste de Clichy. Paris prépare à Tahar Acherchour d'émouvantes et grandioses funérailles , L'Humanité, no 13860, 27 novembre 1936, p. 1 et 7.
Une photographie accompagne l'article avec pour légende : Un jour de grève à l'usine
Cusimberghe .
20.
149
ANNÉE 1936
rassemblé derrière le convoi qui le conduira à sa dernière demeure, Paris
ouvrier rendra un dernier hommage à l'un des siens, à Tahar Acherchour,
victime du fascisme assassin.
N.B. Toutes les couronnes ou gerbes devront être déposées et centralisées
dans la salle Pelloutier, autour du catafalque. 202 20.25 29 novembre 1936. Tué par son patron fasciste, Tahar
Acherchour part ce soir pour sa terre natale Les travailleurs parisiens et nord-africains, accourus en foule assister
aux obsèques, rendront à leur camarade un dernier et émouvant hommage.
Interrogé à nouveau par le juge d'instruction, Paul Cusimberghe ment à nouveau et se contredit.
Émouvant délé devant le corps d'Acherchour
Conduite par le camarade Couegnas, secrétaire, la délégation prévue par
le syndicat des produits chimiques pour l'organisation des obsèques du regretté Acherchour, s'est présentée hier matin, dès huit heures, à l'Institut
médico-légal pour assister à la levée du corps. Les formalités remplies, l'imam t la toilette rituelle et la dépouille mortelle s'achemina vers la place
du Combat, où elle fut exposée.
Les condoléances des travailleurs parisiens
La salle funèbre se trouvait dans les anciens magasins de la Bellevilloise, au coin de la place et de l'avenue Mathurin-Moreau. De nombreux drapeaux rouges abaissent leurs franges dorées sur le catafalque. Ce sont les drapeaux des syndicats des Pompes funèbres, du bâtiment, de la boucherie, des
égoutiers, etc. De nombreuses couronnes, dont beaucoup sont magniques,
sont déjà déposées autour de la bière ainsi que de nombreuse gerbes anonymes.
Voici l'envoi des ouvriers de chez Renault, de chez Roux-Combaluzier, section syndicale des travailleurs municipaux, des produits chimiques, du conseil
municipal de Clichy, du Parti communiste, de l'Assistance publique et nombre d'autres que nous regrettons de ne pouvoir citer.
Impressionnante garde d'honneur
Au milieu de toutes ces marques de sympathie des travailleurs de la région parisienne, la garde d'honneur est là, immobile, impressionnante ; car
on voit à côté des camarades algériens, des représentants indochinois et les
représentants des travailleurs nègres. C'est devant ces hommes de races si
diérentes, mais unis par leur idéal de justice humaine et de progrès social,
que va déler le Paris ouvrier, populaire et républicain. Voici des femmes qui,
202. En masse derrière le corps d'Acherchour ! ,
1936, p. 1.
L'Humanité
, no 13861, 28 novembre
150
les yeux gros de larmes, apportent une humble gerbe ; une maman pousse devant elle deux bambins, elle leur cause doucement à l'oreille et tous les trois
saluent ensemble ; une ménagère, le let à provisions sous le bras, passe devant nous suivie de vieux travailleurs pleins d'émotion, beaucoup de femmes
encore dont quelques-unes se signent simplement, rendant à leur manière
hommage à notre camarade défunt.
Les obsèques
Les obsèques du camarade Acherchour auront lieu aujourd'hui 29 novembre, à 14 heures très précises. Sa dépouille sera portée en gare de Lyon pour
être acheminée en Algérie. Le cortège partira de la Maison des syndicats, 8
avenue Mathurin-Moreau, à 14 heures très précises pour se rendre à la gare de
Lyon. L'itinéraire suivant a été xé : place du Combat, rue Claude-Vellefaux,
avenue Parmentier, place Voltaire, avenue Ledru-Rollin, avenue Daumesnil,
gare de Lyon.
Ordre du cortège
Les drapeaux du syndicat des produits chimiques et de la Fédération
des produits chimiques ; le Conseil syndical des produits chimiques ; la commission exécutive de la Fédération des produits chimiques ; la commission
administrative de la CGT et de l'union des syndicats ouvriers de la région
parisienne, le fourgon funéraire, la famille.
Premier groupe. Les nord-africains (concentration boulevard de la Villette, tête place du Combat), avec leurs drapeaux et banderoles. Comité du
rassemblement indochinois en France. L'Union des travailleurs nègres.
Deuxième groupe. Les travailleurs du syndicat des produits chimiques
(concentration à partir de l'angle de la rue Asselin et du Boulevard de la
Villette).
Troisième groupe. Les autres syndicats dans l'ordre suivant : les syndicats
des industries privées, les syndicats des services publics et des transports
(concentration à partir de l'angle de la rue Rébéval et du boulevard de la
Villette, tout le long de boulevard et du boulevard de Belleville).
Quatrième groupe. Les organisations anti-fascistes et culturelles (concentration à partir de l'angle de la rue de Ménilmontant et du boulevard de
Ménilmontant).
Cinquième groupe. Les travailleurs des divers partis et groupements des
localités de banlieue et des arrondissements de Paris-Ville : banlieue ouest,
banlieue sud, banlieue nord, banlieue est, Paris-Ville (concentration à partir
de l'angle du boulevard de Ménilmontant et de l'avenue Gambetta).
Les camarades du service d'ordre des syndicats, et en particulier celui des
Produits chimiques, doivent se trouver à 13h15 au plus tard à la Maison des
Syndicats, 8 avenue Mathurin-Moreau, aujourd'hui dimanche, 29 novembre.
Appels des organisations
20.
ANNÉE 1936
151
Le syndicat des techniciens et employés des produits chimiques de la région parisienne invite ses membres à se rassembler derrière la banderole du
syndicat, à la suite du syndicat ouvrier des industries chimiques. La ligue
anti-impérialiste, dénonçant les tentatives des ligues fascistes d'utiliser les
travailleurs coloniaux comme mercenaires pour leurs ns de guerre civile
contre les ouvriers français, invite les travailleurs groupés dans le Front populaire à honorer dignement la mémoire de leur frère nord-africain assassiné.
Employés : service d'ordre, 13h15, 8 avenue Mathurin-Moreau. Charbonniers : 13h15, quai de Loire, 98, chez Cor. Casquettiers : 13h30, annexe 67
rue Turbigo. Avions Henriot : 13h30, sortie métro Belleville.
Meeting de protestation
Un grand meeting de protestation se tiendra mardi 1er décembre à 20h30
salle de l'Union des syndicats, 33 rue de la Grange-aux-Belles. Y prendront
la parole : Mahidine, du Groupe communiste nord-africain ; Houel, député de
Clichy ; Me Hazze, avocat à la cour ; Deloche, du parti communiste ; Francis
Jourdain, Paix et Liberté ; El Maghrebi, du Parti jeune-marocain.
Explications mensongères du meurtrier
Le patron assassin Cusimberghe, assisté de son défenseur, a été interrogé
de nouveau hier par le juge d'instruction. Il expliqua comment il avait fait
pénétrer dans son pavillon son équipe de nervis en précisant qu'il avait été
contraint d'employer ce moyen pour entrer dans l'usine, persuadé que les
occupants seraient "intimidés" par la venue d'une équipe aussi importante.
Or, Cusimberghe ment avec cynisme car il savait très bien que ce ne serait
pas par l'intimidation qu'il pourrait entrer dans l'usine ; n'a-t-il pas déclaré,
jeudi, au même juge d'instruction, qu'il demanda à ses acolytes de venir
sans armes ( !) en prévision des incidents possibles ? L'assassin d'Acherchour
arma par la suite avoir tiré en l'air et non horizontalement. C'est encore
un mensonge, car la balle qui a tué Acherchour sortait de son arme. Le triste
sire cherche visiblement à s'innocenter en variant ses déclarations. 203 20.26 11 décembre 1936. Après les incidents d'Asnièressur-Oise. Une précision du syndicat des produits chimiques Il est absolument nécessaire de revenir sur les incidents que, sciemment, la direction des établissements Delacoste a fait éclater dans cette
tranquille localité d'Asnières-sur-Oise. Les ouvriers ne cessent pas d'entourer
leurs luttes de toutes les dispositions possibles an que continue à régner l'ordre et que nul incident ne puisse être utilisé contre le gouvernement de Front
203. Tué par son patron fasciste, Tahar Acherchour part ce soir pour sa terre natale ,
, no 13862, 29 novembre 1936, p. 7. Un portrait de Tahar Archerchour accompagne l'article avec pour légende : Notre regretté camarade Tahar Acherchour .
L'Humanité
152
populaire. Lors des grèves, ces ouvriers ont accepté de faire 10 % de travail
en plus en échange de leurs salaires augmentés. À la déclaration des patrons
eux-mêmes, les ouvriers ont atteint 12 % de travail supplémentaire. À cette
concession unique dans les annales des grèves, les patrons ont répondu par un
lock-out en septembre parce que les ouvriers refusaient de signer un abattement de 20 % sur leurs salaires. Quand la convention collective du caoutchouc
fut signée, M. Delacoste prétendit chasser de son usine le responsable syndical qui avait mené la grève de juin. Cet ouvrier, seul serrurier de métier sur
450 ouvriers, faisait partie du personnel depuis neuf ans. Rien ne put faire
revenir la direction sur sa décision. Les ouvriers débrayèrent donc après une
dernière tentative de conciliation. Ils proposaient de faire arbitrer ce diérend
par le sous-préfet de Pontoise ou le préfet de Seine-et-Oise. Rien n'y t et il
fallut recourir à la grève. Depuis quarante-deux jours, M. Delacoste refusa
toutes les tentatives de conciliation des autorités. Les deux parties ayant été
convoquées à trois reprises par le sous-préfet de Pontoise, seuls les délégués
des ouvriers se présentèrent. Une tentative de conciliation de la commission
paritaire échoua, les ouvriers s'étant présentés seuls. La vérité est que M.
Delacoste veut user des solutions de force et il a fait préparer et préméditer
de longue date cette agression que les ouvriers ont éventée et fait échouer.
Sous menace d'être rayés du chômage, quarante ouvriers convoqués pour travailler se sont présentés devant l'usine et une dizaine se mirent à frapper les
femmes qui leur demandaient de renoncer à briser cette grève qui a tant coûté
de privations aux ouvriers. Ce fut alors la bagarre où se distinguèrent deux
contremaîtres. Toute une région est soumise à une paralysie extraordinaire
dont des milliers de personnes sourent : commerçants, ouvriers, petits artisans, etc... Les commerçants de Viarmes et d'Asnières, unanimes, ont signé
une pétition protestant contre l'attitude de M. Delacoste dont la mauvaise
volonté manifeste les met dans des dicultés telles que, pour la plupart, ils
ne pourront payer leurs impôts en janvier, ont-ils déclaré au sous-préfet de
Pontoise.
Un des secrétaires du syndicat des produits chimiques : Jean Carasso. 204 20.27 16 décembre 1936. Dernière heure. Vers un accord
dans la grève d'Asnières-sur-Oise Après les incidents qui accompagnèrent hier matin la rentrée partielle
chez Delacoste, à Asnières-sur-Oise, une vive eervescence règne dans la
région. Sur l'intervention de notre camarade Demusois, député de la circonscription, des pourparlers se sont engagés entre lui, le sous-préfet de Pontoise, Carasso et Vidal, secrétaires du syndicat des produits chimiques, les
délégués patronaux et le commissaire spécial Wantome. La réponse dénitive
sur le réembauchage total du personnel sera donné aujourd'hui à midi. Le
204. Après les incidents d'Asnières-sur-Oise. Une précision du syndicat des produits
chimiques , L'Humanité, no 13874, 11 décembre 1936, p. 5.
20.
ANNÉE 1936
153
sous-préfet s'est engagé à retirer les forces de police qui ont hier permis la
rentrée des non-grévistes. (les lecteurs de nos éditions parisiennes trouveront
en cinquième page un examen de cette grève). 205 20.28 16 décembre 1936. Scandaleuse attitude du sousPréfet de Pontoise dans le conit des usines Delacoste
à Asnières-sur-Oise Alors qu'elles étaient en grève depuis plus de quarante jours, les usines
Delacoste, sises à Asnières-sur-Oise, ont repris le travail hier matin. Le patron avait envoyé des convocations individuelles à certains de ses employés,
ainsi qu'à un grand nombre de personnes qui n'appartenaient pas précédemment au personnel de l'entreprise. Tandis que plusieurs dizaines d'anciens
employés, dont certains avaient dix, quinze et vingt ans de maison, n'étaient
pas réembauchés. Or, l'usine entière avait précisément interrompu le travail
pour renvoi injustié du délégué syndical, ce qui constituait indiscutablement une violation du contrat collectif signé en juin dernier. De nombreux
travailleurs se solidarisèrent donc une nouvelle fois avec ceux que la direction
ne voulait pas réembaucher, pour des raisons extra-professionnelles. C'est à
ce moment que la gendarmerie intervint et imposa par la force l'entrée de
quelques dizaines d'individus, inconnus d'ailleurs de tous les ouvriers de l'usine. Ce que voyant, tous ceux qui avaient été convoqués entrèrent à leur tour,
sur le conseil des délégués syndicaux qui étaient sur place et empêchèrent
que le légitime mécontentement des travailleurs ainsi révoqués n'amène un
grave incident. Il est permis tout de même de s'étonner que le sous-préfet
de Pontoise ait envoyé des forces de police pour contraindre les ouvriers à
reprendre le travail. Il sait cependant fort bien que, si le conit a éclaté, c'est
par la faute de M. Delacoste. Il sait mieux encore que s'il n'est pas encore
résolu, c'est aussi par la faute de M. Delacoste qui, convoqué trois fois par le
sous-préfet lui-même, a chaque fois refusé avec insolence de discuter avec le
représentant qualié du gouvernement. Les travailleurs d'Asnières-sur-Oise
étaient indignés de cette scandaleuse attitude que rien ne justie, si ce n'est
le trop évident désir de faciliter la besogne de sabotage des lois sociales que
M. Delacoste poursuit depuis le mois de juin. 206 20.29 18 décembre 1936. La grève d'Asnières-sur-Oise Au moment où nous mettons sous presse, nous apprenons : À la suite de
l'introduction dans l'usine, au début de la grève, de gens en partie étrangers
au personnel, l'indignation des ouvriers grévistes s'est traduite, hier matin,
205. Dernière heure. Vers un accord dans la grève d'Asnière-sur-Oise , L'Humanité,
no 13879, 16 décembre 1936, p. 2.
206. Scandaleuse attitude du sous-Préfet de Pontoise dans le conit des usines Delacoste
à Asnières-sur-Oise , L'Humanité, no 13879, 16 décembre 1936, p. 5.
154
par l'occupation de l'usine sans incidents notables. Par crainte d'une agression dans le genre de celle de Clichy, les responsables du syndicat, sur place,
ont demandé que la préfecture prenne ses responsabilités en envoyant des
forces de police. Ce qui a été fait.
Pour le syndicat : Carasso-Vidal. 207 20.30 18 décembre 1936. Pour l'application des quarante
heures. Une délégation de la Fédération des industries
chimiques a été reçue au ministère du Travail Une délégation composée des camarades Finck, Letellier, Rosarde, secrétaires de la Fédération ; Couegnas, Guédou, secrétaires du syndicat des
produits chimiques de la région parisienne a été reçue le 15 décembre aprèsmidi au ministère du Travail. Elle a entretenu M. Piquemal de l'application
de la semaine de quarante heures dans notre industrie. Il a été d'accord
pour considérer que notre industrie est une de celles qui, par le caractère
des travaux insalubres qui s'y eectuent, nécessite une discussion rapide de
cette importante question. D'autre part, il a indiqué à la délégation que nous
pourrions avoir vers la n de la semaine un entretien téléphonique et examiner avec le ministère du Travail, les moyens pratiques de voir rapidement
sortir le décret de promulgation. Elle a également entretenu M. Piquemal de
diérentes questions intéressant particulièrement certaines catégories d'ouvriers de notre industrie, ceux des mines de sel, ainsi que la situation de nos
camarades d'Algérie, Tunisie, Maroc. Elle a également insisté sur l'augmentation du coût de la vie.
La Fédération des Industries chimiques. 208 21
Année 1937
21.1 26 novembre 1937. Un meeting des travailleurs de
l'industrie du lm Demain matin, à 9 heures 30, aura lieu à la Bourse du Travail, un grand
meeting auquel tous les travailleurs du lm sont priés d'assister. Orateurs :
Raymond Le Bourre, secrétaire général du Comité interfédéral du cinéma ;
Bailly, secrétaire adjoint à la Fédération du spectacle ; Robert Jarville, secrétaire de la section fédérale de l'industrie du lm, au nom de la Fédération des
industries chimiques et Pierre Delon, secrétaire de la Fédération nationale
des employés. 209 207. La grève d'Asnières-sur-Oise , L'Humanité, no 13881, 18 décembre 1936, p. 2.
208. Pour l'application des quarante heures. Une délégation de la Fédération des industries chimiques a été reçue au ministère du Travail , L'Humanité, no 13881, 18 décembre
1936, p. 5.
209. Un meeting des travailleurs de l'industrie du lm , L'Humanité, no 14222,
26 novembre 1937, p. 5.
21.
ANNÉE 1937
155
21.2 16 décembre 1937. Un conit éclate à la suite d'un
licenciement aux usines Goodrich Une grève a éclaté hier matin aux Établissements Goodrich. Ce conit intéresse deux mille ouvriers, employés et techniciens. Un grave mécontentement régnait, depuis plusieurs mois, en raison du rendement inhumain
imposé par le système Bedeau et, ces temps derniers, brimades, violations
de sentences, licenciements se sont multipliés. Depuis quatorze jours, des
négociations avaient été engagées pour faire réintégrer un ouvrier renvoyé
injustement. Les délégués, accompagnés de Carasso, secrétaire du syndicat,
avaient obtenu sa réintégration dans un autre poste avec le même salaire.
Deux jours après, la direction revenait sur sa décision et maintenait le renvoi. Les ouvriers ont déposé leur cahier de revendications à la direction et ils
attendent, dans l'usine, la réponse des Établissements Goodrich. 210 21.3 24 décembre 1937. Des dizaines de milliers de travailleurs empêchent l'évacuation par la police des usines
de pneus Goodrich Depuis le 15 décembre, les 2 000 ouvriers des usines Goodrich, à
Colombes, sont en grève. Le conit fut déclenché par le renvoi d'un ouvrier ; depuis longtemps, le personnel avait déposé un cahier de revendication protestant notamment contre l'application du système Bedeaux. Aucune
réponse ne fut donnée par la direction aux demandes des ouvriers. Les renvois se succédaient. L'ouvrier dont le licenciement a provoqué le conit avait
déjà été l'objet d'attaques de la direction, et licencié pour un motif futile.
Grâce à l'intervention du syndicat, il fut réembauché, mais au moment de
reprendre le travail, la direction monta de toute pièces l'accusation imaginaire de l'installation d'un poste d'écoute téléphonique clandestin.
À cinq heures du matin, les sirènes retentissent
Hier matin à cinq heures, les habitants de Colombes étaient tirés de leur
sommeil par les sirènes des usines Goodrich. Les ouvriers occupant l'usine
venaient de constater l'encerclement de celle-ci par d'importantes forces de
police, gardes mobiles et agents, venues avec l'intention de leur faire évacuer
les lieux. Les ouvriers étaient fermement décidés à résister. Des événements
graves étaient à craindre si la police employait la force. Le long du mur de
l'usine, les gardes mobiles forment la chaîne et interdisent l'accès du trottoir.
Sous la pluie froide, les ouvriers des usines environnantes se massent de plus
en plus nombreux sur le trottoir opposé, encourageant leurs camarades et les
assurant de leur entière solidarité. Les grévistes, le torse émergeant au-dessus
du mur, ou bien aux fenêtres des ateliers, répondent au salut de leurs cama210. Un conit éclate à la suite d'un licenciement aux usines Goodrich , L'Humanité,
no 14242, 16 décembre 1937, p. 5.
156
rades, et pleins de sang-froid, attendent l'assaut qui doit avoir lieu, dit-on,
vers midi. Plusieurs haut-parleurs sont installés sur les murs et dirigés en
direction de la rue. Carasso, secrétaire du syndicat des industries chimiques
de la région parisienne, est à l'intérieur de l'usine, et fréquemment sa voix
s'élève, ampliée, tenant ceux de l'intérieur et de l'extérieur au courant des
événements et de la conduite à suivre. Waldeck-Rochet, député communiste
de Colombes ; Neveu, conseiller général ; Poulmarc'h, secrétaire général du
syndicat des industries chimiques et Baillet sont sur les lieux. La foule devient de plus en plus dense.
Le travail cesse dans les usines environnantes
Les ouvriers de nombreuses usines, apprenant les événements, ont cessé
le travail et arrivent par groupes de plus en plus nombreux. Toutes les usines
sont débrayées : Gnome-et-Rhône, Alstom, La Lorraine, Ericson, etc. Les
hauts-parleurs nous envoient les accents de l'Internationale reprise en c÷ur.
Le trottoir opposé à l'usine est maintenant noir de monde. La voix des hautparleurs s'élèvent : "Les femmes qui veulent quitter l'usine peuvent sortir !"
Midi approche, la circulation devient dicile sur la route. De nombreux cars
de gardes mobiles arrivent, mais ce n'est qu'une relève.
La solidarité ouvrière
Les délégués des usines de la région sont rassemblés dans un petit café et
décident de se tenir prêts à la première alarme. Voici maintenant venir sur
la route un long cortège : ce sont les ouvriers des usines Hispano-Suiza qui
s'avancent précédés d'une large banderole et jusqu'au soir ce sera un délé
de groupes des usines de Colombes, Argenteuil, Asnières et même Bezon.
Des dizaines de milliers de travailleurs sont là
Le soir est tombé, des dizaines de milliers de travailleurs occupent la
rue, la circulation des autobus a été détournée, les haut-parleurs indiquent
maintenant le résultat des diverses entrevues qui ont eu lieu dans la journée,
tant au ministère du travail, de l'intérieur qu'à la présidence du conseil. 211 21.4 24 décembre 1937. Une manifestation improvisée Carasso, le dévoué secrétaire du syndicat, parle au micro. Tous écoutent
avec une attention soutenue l'exposé de notre camarade. Il fait l'historique
de la grève, rappelle les brimades et les vexations qu'ont subies les ouvriers. Il démontre la stupidité de l'accusation qui a servi à la direction pour
eectuer le renvoi d'un ouvrier consciencieux, père de trois enfants. Après
avoir exprimé sa conance dans l'ecacité de l'occupation des lieux de travail, Carasso dit sa foi dans le prochaine victoire des ouvriers. Il remercie
211. Des dizaines de milliers de travailleurs empêchent l'évacuation par la police des
usines de pneus Goodrich , L'Humanité, no 14250, 24 décembre 1937, p. 5.
21.
ANNÉE 1937
157
les nombreuses organisations qui ont marqué leur solidarité matérielle et
morale. Carasso a le ferme espoir d'obtenir une solution rapide du conit
par les négociations qui se poursuivent. Mais, dit-il, pendant les entrevues
de nos camarades avec les représentants du gouvernement, nous resteront
dans l'usine jusqu'à l'aboutissement complet de nos revendications.
Waldeck-Rochet
On entend ensuite le camarade Poulmarc'h, secrétaire général du syndicat, puis le speaker annonce Waldeck-Rochet, député de la circonscription.
Une longue ovation retentit, puis notre camarade fait une allocution fréquemment hachée d'applaudissements. Après avoir apporté le salut du groupe
parlementaire aux ouvriers en lutte, il poursuit : "Nous, élus de la classe
ouvrière, nous n'admettrons jamais qu'un gouvernement de Front populaire
puisse utiliser la violence contre les travailleurs".
Un premier résultat
Puis, il fait le compte-rendu des entretiens qui se sont poursuivis au ministère de l'Intérieur et à la présidence du Conseil. Un premier résultat a
été obtenu. En eet, l'évacuation de l'usine par la force avait été envisagée
pour midi. À la suite de la protestation énergique et en raison, surtout de
la solidarité des travailleurs des usines environnantes qui s'est exprimée, le
président du Conseil a abandonné la mesure qui avait été envisagée.
Application des lois
Après avoir exalté la manifestation spontanée de solidarité par les travailleurs de la région parisienne, Waldeck-Rochet poursuit : "Il ne s'agit pas
seulement de la grève Goodrich, le problème est plus étendu et plus grave, les
patrons violent les conventions, refusent d'appliquer les sentences, et procèdent du licenciement des ouvriers qui le leur plaisent pas. Si les pouvoir
publics veulent qu'il y ait moins de conits, qu'ils obligent les patrons à appliquer les lois sociales". Puis l'orateur rappelle que son intention n'est pas
de s'immiscer dans le mouvement revendicatif : "Il appartient à vos organisations syndicales seules de déterminer l'orientation du mouvement, mais
nous n'ignorons pas que nous sommes des élus de la classe ouvrière et que
nous n'avons pas le droit de rester indiérents. Notre devoir est, par conséquent, de nous placer à vos côtés jusqu'à ce que vous ayez obtenu complète
satisfaction". Waldeck-Rochet est longuement applaudi, puis une vibrante
Internationale entonnée par des milliers de travailleurs succède à son allocution.
Le retrait des forces de police
On annonce ensuite le camarade Varloteau, secrétaire de l'union des syndicats de la région parisienne et Doury, secrétaire général du syndicat des
métaux. Ils ont tenu à venir apporter aux ouvriers en lutte la solidarité de
158
leur organisation. Ils feront le compte-rendu des pourparlers qui ont eu lieu
au ministère de l'Intérieur. Varloteau parle. Il annonce, sous les applaudissements frénétiques, que le ministère de l'Intérieur vient d'ordonner le retrait
des forces de police. Puis Doury lui succède au micro. Il enregistre le fait
que ceux qui voulaient évacuer par la force ont été obligés de céder devant la
solidarité des ouvriers. Il félicite les travailleurs de chez Goodrich pour leur
belle démonstration et leur grande sagesse.
La vigilance
Il les engage à conserver leur fermeté et à rester vigilants, pour qu'il
soit fait droit à leurs légitimes revendications. Doury termine en demandant
aux travailleurs massés dans la rue de se disperser et de revenir le lendemain épauler l'action revendicative de leurs camarades. Dehors, les groupes
se dispersent lentement. Chacun commente l'action de la journée, les commentaires portent sur les mouvements qui ont eu lieu dans leur entreprise
respective. Les haut-parleurs diusent à nouveau les chants populaires et les
grévistes s'apprêtent à terminer une journée fertile en événements.
Vers une victoire totale
Cette journée marque une première victoire. Aujourd'hui, une nouvelle
entrevue aura lieu entre les délégués de l'usine Goodrich et les représentants
de la direction sous la présidence de M. Camille Chautemps. À la suite de la
discussion une sentence sera rendue qui doit mettre n à ce conit
Un télégramme de la Fédération des Industries chimiques à la présidence
du Conseil
La Fédération nationale des Industries chimiques proteste énergiquement contre emploi force police pour évacuation des usines en grève, Film,
Goodrich, etc. Signale provocations patronales sur ensemble pays et toutes
industries. La Fédération examine situation et si garanties ne sont pas données pour discussion immédiate conits en cours et retrait force police,
dégage ses responsabilités sur événements possibles, suite provocations patronales préméditées, en vue de diérer discussion conventions collectives.
La Fédération. 212 21.5 24 décembre 1937. Le conit Louradour à Vitry Moins de quinze jours après un premier conit et malgré l'accord signé,
spéciant qu'aucun renvoi ne serait opéré pour fait de grève, trois ouvriers,
dont le délégué et secrétaire de la section syndicale étaient mis à la rue chez
Louradour, à Vitry. Cette violation de l'accord par le patron, a provoqué une
nouvelle grève qui dure depuis lundi. Les ouvriers occupaient l'entreprise.
212. Une manifestation improvisée , L'Humanité, no 14250, 24 décembre 1937, p. 5.
Une photographie accompagne l'article, avec pour légende : Ouvriers et ouvrières dansent
pour passer le temps .
21.
ANNÉE 1937
159
Des forces imposantes de police faisant irruption dans l'usine, en chassaient
les ouvriers mercredi. Un responsable du syndicat, qui se trouvait présent,
voulut entrer en discussion avec le commissaire an d'éviter tous incidents.
En réponse, il fut brutalement jeté à la rue, ainsi que le responsable de
la section syndicale. Malgré cela, les ouvriers restent unis et sont conants
dans l'issue de la lutte engagée, quoique conants en le Front populaire, ils
ne comprennent pas que celui-ci mette à la disposition d'un patron fasciste,
saboteur des lois sociales, d'énormes forces policières pour protéger et aider
des personnes étrangères à l'usine, venues faire les briseurs de grève. L'usine
doit être immédiatement neutralisée. Avec l'aide de la population laborieuse
de Vitry, une fois de plus les grévistes de chez Louradour vaincront.
Le secrétaire du secteur : G. Leroy. 213 21.6 24 décembre 1937. Les trusts du pétrole contre les
lois sociales. Des conits surgissent fréquemment dans
cette industrie Depuis juin 1936, la Fédération nationale des industries chimiques a eu
à résoudre de nombreux conits. Il est caractéristique que 60 % de ces conits intéressent 25 % de l'ensemble des travailleurs de l'industrie chimique :
ceux du pétrole. Proportionnellement au personnel employé, les conits sont
cinq fois plus nombreux dans l'industrie du pétrole que dans les autres. C'est
que les trusts internationaux se refusent à respecter les lois sociales et font
pression sur les pouvoirs publics pour supprimer les avantages acquis en juin
1936. Les brimades se multiplient, le pouvoir d'achat des salaires est réduit,
des licenciements massifs sont prévus pour 1938 et devant le sang-froid des
travailleurs, on provoque, en renvoyant sans motif les militants syndicaux.
C'est la Standard, lié à la Nobel et à l'IG Farbenindustrie. C'est la Shell, qui
outille la ranerie rebelle de Ténérie et qui en France, fait du cagoulard
Henri Piace, le sous-directeur de l'une de ses liales. C'est Desmarais qui,
dans certains dépôts, retient sur les salaires la cotisation pour le syndicat
professionnel. Ce sont tous les trusts unis sous la direction de la Banque de
Paris et des Pays-Bas, de la banque Rothschild, des magnats de la Banque
de France qui poursuivent leur programme d'asservissement de l'économie
nationale française. Actuellement, grâce aux accords passés autrefois avec
les Millerand et les Tardieu, ils grugent d'un demi-milliard par an les contribuables français. Cela ne leur sut pas. Ils veulent accroître leurs prots
et ils savent qu'ils ne pourraient le faire qu'en brisant la puissance du mouvement ouvrier. C'est pourquoi ils multiplient les provocations en espérant créer
le désordre ou déclencher des mouvements inconsidérés. Sous la conduite de
leur Fédération, les travailleurs ont toujours fait preuve de calcul et de sangfroid. Ils ont maintenant donné un dernier avertissement aux trusts et sont
213. Le conit Louradour à Vitry , L'Humanité, no 14250, 24 décembre 1937, p. 5.
160
prêts à passer à toutes les actions nécessaires. Ils ne laisseront renvoyer aucun travailleur. Ils obtiendront une convention nationale qui garantira leurs
droits. Avec la même discipline qu'ils ont montré en juin 1936, ils sont prêts
avec leur Fédération, avec la CGT, avec toute la population à s'opposer à la
colonisation des trusts qui ruinent la France.
La Fédération nationale des Industries chimiques. 214 21.7 25 décembre 1937. M. Chautemps a promis la neutralisation des usines Goodrich Une délégation du personnel de l'usine Goodrich, conduite par notre
camarade Waldeck-Rochet et comprenant également les camarades Plantin,
secrétaire de la Fédération des industries chimiques, Poulmarc'h, secrétaire
général du syndicat des industries chimiques, Carasso, également secrétaire
du syndicat et Noiraud, du comité local de Colombes, s'est rendue hier à 15
heures à la présidence du Conseil. M. Camille Chautemps avait reçu dans
la matinée M. Boyer, administrateur délégué des établissements Goodrich, à
qui le président du Conseil a proposé de poursuivre les pourparlers pour le règlement du conit. M. Camille Chautemps proposa également à la délégation
ouvrière d'améliorer la situation pour la reprise de la discussion avec la direction de l'usine Goodrich. Après de longs pourparlers, le président du Conseil
annonça qu'il acceptait la neutralisation de l'usine et donna sa parole qu'aucune marchandise n'en sortirai, sauf celles destinées à la défense nationale.
Il demanda une trêve jusqu'au 3 janvier. Une enquête sera menée par M.
Pouillot, qui étudiera les revendications ouvrières. Il soumettra ses travaux
à M. Chautemps qui donnera ensuite sa décision en attendant la sentence
surarbitrale. Au cours de l'entretien, M. Chautemps a exposé les dicultés
de la situation actuelle et a demandé à la délégation ouvrière de faire preuve
de bonne volonté pour résoudre le conit. M. Chautemps a également donné
l'assurance du respect de la neutralisation de l'usine par la direction, M.
Boyer ayant donné son accord sur cette mesure au cours des entretiens de
la matinée. Après avoir enregistré ces déclarations, la délégation ouvrière a
rappelé ses revendications qui sont : la réintégration totale de l'ensemble du
personnel, y compris l'ouvrier Rivino, qui a été licencié ; la reprise du travail
dans le plus bref délai en attendant la sentence surarbitrale. La délégation
ouvrière a exprimé le désir que soit rendue, avant le 3 janvier, la décision
du président du Conseil. Au cours des pourparlers, le camarade Bothereau,
secrétaire de la CGT, sur appel du président du Conseil, est venu participer
aux débats. Après avoir pris connaissance des diérentes propositions faites
par M. Chautemps, le secrétaire de la CGT s'est retiré avec la délégation
ouvrière. À la suite de cette réunion, la délégation a accepté de soumettre et
de défendre devant les ouvriers de l'usine Goodrich les propositions qui ve214. Les trusts du pétrole contre les lois sociales. Des conits surgissent fréquemment
dans cette industrie , L'Humanité, no 14250, 24 décembre 1937, p. 5.
21.
ANNÉE 1937
161
naient d'être formulées. Nous avons pu joindre les secrétaires du syndicat, à
qui nous avons demandé leur opinion sur la nouvelle situation. Le camarade
Poulmarc'h nous a déclaré : "Nous espérons arriver rapidement à une solution du conit Goodrich. Le magnique mouvement de solidarité de jeudi a
été une belle manifestation de la force des travailleurs. Les ouvriers de chez
Goodrich ont obtenu un premier résultat dans le retrait des forces de police.
Nous avons maintenant la promesse formelle du président du Conseil, ainsi
que la parole de M. Boyer, administrateur des établissements Goodrich, que
la neutralisation de l'usine sera eective. C'est une garantie pour nous et nous
espérons que l'enquête de M. Pouillot sera concluante. Nous avons assuré M.
Chautemps de notre bonne volonté pour régler le conit et nous comptons
avoir sa décision avant le 3 janvier." La délégation s'est rendu ensuite sur les
lieux de travail, à Colombes, où un compte rendu des pourparlers a été fait
au comité de grève. Ce matin aura lieu une assemblée générale des ouvriers,
la situation sera exposée par les délégués et des décisions seront prises par
l'ensemble du personnel.
Nous recevons des ouvriers de l'usine Goodrich le communiqué suivant
que nous insérons bien volontiers :
"Monsieur le rédacteur en chef, étant dans l'impossibilité absolue de
remercier comme nous l'aurions voulu les nombreuses délégations des travailleurs de la région parisienne qui sont venues nous apporter le témoignage
de leur solidarité la plus complète et qui nous ont remis le montant des
souscriptions ouvertes en notre faveur, nous vous prions de bien vouloir
nous accorder l'hospitalité de votre journal pour leur exprimer notre vive
et profonde gratitude. Nous vous prions d'agréer, monsieur le rédacteur en
chef, avec nos remerciements, l'assurance de notre attachement à votre journal." 215 21.8 26 décembre 1937. Les travailleurs de l'usine Goodrich
poursuivent la grève à l'extérieur de l'entreprise Ils ont obtenu la "neutralisation" jusqu'à ce que la décision du Président du Conseil soit rendue. À Colombes hier, la journée a été fertile en
événements. À la suite des pourparlers qui ont eu lieu vendredi à la présidence du Conseil et hier entre M. Camille Chautemps et le comité de grève,
un accord est intervenu, mettant n à l'occupation de l'usine. Une réunion
du comité de grève avait eu lieu hier matin au cours de laquelle la délégation
exposa les propositions de M. Chautemps. Les délégués apportèrent leur accord mais exigèrent certaines garanties de la part du gouvernement. On se
souvient que le président du Conseil a décidé hier l'évacuation de l'usine et
sa "neutralisation" jusqu'au 3 janvier. M. Camille Chautemps a également
désigné M. Pouillot pour mener une enquête sur les revendications ouvrières
215. M. Chautemps a promis la neutralisation des usines Goodrich ,
no 14251, 25 décembre 1937, p. 2.
L'Humanité
,
162
et sur le renvoi de l'ouvrier Rivino. Une décision sera prise ensuite par M.
Chautemps et qui mettra n au conit. Les délégués ont réclamé, à la suite
de leur réunion, la neutralisation de l'usine pendant la durée de l'enquête,
jusqu'à la décision ministérielle. Une réunion générale des grévistes eut lieu
ensuite Carasso, puis Varlotteau exposèrent la situation puis Finck, au nom
des organisations syndicales et de la délégation, soumit les propositions du
comité de grève. Il proposa de communiquer immédiatement la décision de
l'assemblée au président du Conseil. Après une longue discussion, les ouvriers
ont formulé leur accord avec les propositions de leurs délégués, soit la neutralisation jusqu'à la reprise du travail. Finck, secrétaire général de la Fédération
des Industries chimiques, soumit cette résolution à M. Chautemps. Il exprima
la volonté des travailleurs de terminer rapidement le conit et demanda que
la décision ministérielle tienne compte des revendications ouvrières. Il exprima également le désir qu'aucune sanction ne soit prise pour fait de grève
et la reprise de l'ensemble du personnel. M. Camille Chautemps donna son
accord avec les propositions ouvrières. Il donna la garantie que le respect de
la neutralisation serait assurée par le gouvernement. Le président du Conseil
signia son intention d'activer l'enquête et de donner rapidement sa décision. À quinze heures, le comité de grève s'est réuni à nouveau. Après avoir
pris connaissance des déclarations ministérielles, c'est à l'unanimité que les
délégués signièrent leur accord. Une nouvelle assemblée des grévistes eut lieu
à dix-sept heures. Bourlet, délégué du personnel, t l'exposé des propositions
du comité de grève à la suite des déclarations de M. Camille Chautemps.
Il marqua l'accord unanime des délégués pour l'évacuation immédiate des
lieux de travail. Finck prit ensuite la parole. Après avoir fait l'historique du
mouvement, il déclara que celui-ci devait se poursuivre jusqu'à l'obtention
des revendications ouvrières. Le meilleur cas dans la situation actuelle est
de continuer la lutte à l'extérieur de l'usine en conservant l'unité ouvrière.
Cela permettra d'engager immédiatement la discussion sur les modalités de
l'enquête au sujet de la réintégration de l'ouvrier Rivino. Finck rappelle
ensuite que M. Boyer, administrateur délégué des établissements Goodrich,
a donné sa parole au président du Conseil que la neutralisation serait respectée. À ce sujet, le secrétaire fédéral donne lecture d'un communiqué de la
CGPF. Cette organisation, dont M. Boyer fait partie, souligne que la lettre
de ce dernier n'implique à aucun degré ni l'adhésion de la CGPF, ni celle des
organisations patronales au principe de la neutralisation des usines. Après
avoir commenté ce communiqué qui désolidarise M. Boyer de son organisation, Finck en tire les conclusions et estime que cette nouvelle forme de lutte
sera favorable aux travailleurs de chez Goodrich. Dans l'intérêt des ouvriers,
Finck, au nom des organisations qu'il représente, propose l'évacuation immédiate de l'usine. Le président met aux voix et l'ensemble des travailleurs
accepte cette proposition. Après une allocution de Carasso sur l'organisation
de la grève à l'extérieur, réunion journalière pointage par le comité de grève,
distributions de secours en nature, etc. une vibrante Internationale termine
21.
ANNÉE 1937
163
la réunion. Il est dix-huit heures. Des groupes sortent lentement de l'usine.
Une équipe reste pour l'entretien et le nettoyage de l'usine et le comité de
grève se réunit pour la dernière fois dans l'entreprise pour prendre les dispositions pour la lutte qui se poursuivra jusqu'à ce que la décision arbitrale
qui mettra n au conit soit connue. 216 21.9 26 décembre 1937. Avec les grévistes Le retrait des forces de police, les déclarations de M. Camille Chautemps
ont apporté une certaine détente au mouvement de grève. Le service d'ordre
était moins sévère hier. De nombreux ouvriers sont allés passer en famille la
fête de Noël. Ceux qui sont restés dans l'usine reçoivent la visite des parents et amis. Un parloir a été aménagé, près de l'entrée, car il était interdit
de circuler dans l'usine. Bientôt, le hall s'avérait trop petit pour recevoir les
nombreuses visiteuses. Les mères, les femmes, les enfants sont venus apporter
un peu de réconfort et de joie à ceux qui, volontairement, restent à l'intérieur
de l'usine.
La solidarité
Dehors, les haut-parleurs informent les grévistes des dernières nouvelles,
des attractions qui sont oertes, d'un match de basket-ball avec la participation des équipes de la Vie Ouvrière, d'une exhibition de boxe donnée par les
sportifs de la FSGT de Gennevilliers. Ils annoncent, entre deux disques, les
nombreuses délégations d'usines : Renault, Michelin, SKF de Bois-Colombes,
qui apporte la dernière liste de souscription de 840 francs. La solidarité s'est
manifestée avec ampleur. Tous apportent leur obole, quelquefois modeste. Le
camarade Nadot, à qui ses camarades ont coné la dicile tâche de trésorier,
cite ce chômeur qui a donné aux quêteurs. Les dons anonymes ont aué, les
grévistes sont soutenus d'une façon magnique par la population.
L'aide des municipalités
Le soutien des municipalités a été également eectif. Celles de Colombes
et d'Argenteuil assurent chacune trois jours de nourriture aux grévistes, celle
de Gennevilliers deux jours et Bezons et Nanterre un jour. Ces municipalités donnent gratuitement les soins médicaux et pharmaceutiques. La ville
de Clichy donne cinquante francs aux ouvriers qui habitent cette localité.
Asnières et Sartrouville ont également participé au soutien par des dons et
des secours en charbon aux familles. Les souscriptions ont été eectuées dans
les entreprises voisines. Les gros sous sont tombés, attestant l'esprit de solidarité des travailleurs. Citons en exemple les ouvriers de Gnome et Rhône
qui ont collecté 6 890 francs et des listes continuent à circuler. Le Secours
216. Les travailleurs de l'usine Goodrich poursuivent la grève à l'extérieur de l'entreprise , L'Humanité, no 14252, 26 décembre 1937, p. 5. Une photographie accompagne
l'article avec pour légende : Le réfectoire à l'usine Goodrich .
164
populaire de France a tenu à organiser le réveillon des grévistes. Au menu
habituel s'ajoutaient 5 000 huîtres, 200 bouteilles de Bordeaux blanc, 15
boîtes de gâteaux, des cigares et des cigarettes furent oerts par cette organisation qui avait assuré également la participation artistique de cette fête.
L'entr'aide ouvrière
Le comité de grève répartit les sommes recueillies en dons aux ouvriers
nécessiteux. Nadot cite quelques chires : 4 000 francs de dons en nature, au
début de la grève. Cette somme s'est élevée maintenant à 10 000 francs. 850
repas à midi et 350 le soir sont maintenant gratuits. Cela donne un joli travail à l'équipe bénévole de cuistots que nous retrouvons aux cuisines. Ils sont
vingt-quatre anciens métallos ou man÷uvres, qui assurent chaque jour la
préparation des plats. Aujourd'hui, nous dit Baudier, nous avons au menu :
boudin, pommes purée, un fromage et un dessert ou fruit, et comme boisson
un quart de vin ou bière. Nous avons beaucoup de travail, dit-il, mais tout
le monde ici travaille, avec c÷ur et avec joie.
Les loisirs
Dans la salle des fêtes, décorée de drapeaux rouges, tricolores, et de banderoles, une petite scène a été installée. Les artistes du Théâtre du Peuple
et l'Amicale des artistes sont venus prêter leur concours et apporter un peu
de distraction aux ouvriers. La section des loisirs du syndicat ne reste pas
inactive, et c'est avec une belle ardeur que chacun se dévoue pour assurer un
moral excellent à l'ensemble des grévistes de chez Goodrich. 217 21.10 26 décembre 1937. Les travailleurs des produits chimiques de la région parisienne obtiennent d'importants
rajustements de salaires Une certaine eervescence commençait à se manifester dans les usines
chimiques intéressées par ce rajustement, groupant plus de 40 000 ouvriers
et techniciens, concernant la lenteur des arbitrages relatifs au troisième rajustement des salaires. Sans être encore en possession des sentences, MM.
Platrier, professeur à l'École Polytechnique, surarbitre désigné par l'industrie du caoutchouc et Jacomet, chef de cabinet au ministère de la guerre,
désigné pour les usines de la grosse industrie chimique, des couleurs et vernis, jouets en celluloïd, etc., nous ont autorisés à communiquer au personnel
ouvrier, employé et technicien, les termes de leur sentence, à savoir :
Dans le caoutchouc
Rajustement des salaires de base de la convention collective de 9 % à
dater du 1er janvier. (Les primes et salaires supérieurs de la convention col217. Avec les grévistes , L'Humanité, no 14252, 26 décembre 1937, p. 5.
21.
ANNÉE 1937
165
lective ne sont pas majorés).
Dans la grosse industrie chimique
Rajustement de 9 % des salaires actuellement payés (toutes primes comprises), à dater rétroactivement du 1er décembre. Par ces deux sentences et
les deux précédents rajustements, les salaires que vont toucher nos camarades
sont à peu près les suivants :
Pour les ouvriers d'entretien
Outilleur professionnel d'outillage ; 11 francs 50 ; plombier, couvreur,
chaudronnier, tourneur, tôlier ; 10 francs 80 ; ajusteur, mécanicien, forgeron,
soudeur ; 10 francs 50.
Fabrication
Ouvrier qualié (taux de base 6 francs 50) ; 9 francs 80 ; ouvrier spécialisé
(taux de base 6 francs) ; 9 francs ; man÷uvre gros travaux (taux de base 5
francs 40) ; 8 francs 10.
Femmes
Ouvrière qualiée (taux de base 5 francs 25) ; 7 francs 90 ; ouvrière spécialisée (taux de base 4 francs 75) ; 7 francs 20 ; man÷uvres ordinaires (taux
de base 4 francs 25) ; 6 francs 45.
Nous sommes heureux d'apporter ces rajustements à nos camarades,
comme cadeau de Noël, car ils vont leur permettre de maintenir sensiblement leur pouvoir d'achat. Dans l'industrie de la parfumerie, malgré que la
demande d'arbitrage soit de la même date, le troisième rajustement n'est
pas encore obtenu ; la chambre patronale n'ayant cessé de man÷uvrer pour
reculer la date de la parution de la sentence et créer ainsi un plus grand
mécontentement. Dans les usines de toiles cirées, simili-cuir et linoléums,
un très bon rajustement a été obtenu dernièrement par la sentence de M. R.
Belus, ingénieur en chef des PTT. En eet, il a accordé un rajustement de 12
% à dater du 15 décembre sur les salaires eectivement payés, toutes primes
comprises ; de plus, la sentence avait un eet rétroactif de 4 % du 15 juillet
au 15 octobre et de 8 % du 15 octobre au 15 décembre. À ceux qui dans les
usines chimiques, se plaignent que tout va mal, voudraient voir la CGT plus
énergique et passer à l'action, en déclarant que le Front populaire ne leur a
rien apporté, nous leur demandons de comparer les salaires, cités plus haut
avec ceux qui leur étaient accordés avant juin 1936. Le salaire des femmes
qui était de 1,50 à 2,50 francs est aujourd'hui en moyenne de 7 francs. Le
salaire des hommes qui était de 3 à 4,50 francs est aujourd'hui en moyenne
de 9 francs. (Tous les ouvriers étaient considérés comme man÷uvres). Les
quarante heures, les congés payés, l'établissement des conventions collectives
(où la plupart des ouvriers ont obtenu une autre classication que celle de
man÷uvre) et les rajustements de salaires sont des avantages obtenus grâce à
la CGT et au Front populaire. Ceux qui ne veulent pas reconnaître ces choses,
ne sont pas de bonne foi ; et font par cela même, le jeu du patronat. Avant
d'aronter de nouvelles luttes, pour faire un pas en avant dans l'améliora-
166
tion de nos conditions de vie, et surtout à l'approche du renouvellement des
conventions collectives, il importe qu'un gros travail de persuasion soit fait
auprès des inorganisés et des syndiqués chrétiens et professionnels. Si nous
voulons obtenir de nouveaux avantages concernant les salaires, l'insalubrité,
l'échelle mobile, l'embauchage et le débauchage, nous devons opposer aux
chambres patronales des industries chimiques et à la CGPF le bloc uni de
nos dizaines de milliers d'adhérents.
Vidal, secrétaire du syndicat. 218 21.11 29 décembre 1937. Le conit Louradour à Vitry Les travailleurs des entreprises chimiques de Vitry et d'Ivry sont appelés
par leur syndicat à venir manifester tous les soirs et à partir d'aujourd'hui,
de cinq heures à sept heures, devant l'usine de couleurs et vernis Louradour.
Appel est fait également aux travailleurs des autres corporations qui pourront se rendre disponibles. Le syndicat est obligé de prendre actuellement
cette mesure, l'usine n'étant pas neutralisée. Des forces de police sont à l'intérieur et à l'extérieur de l'usine, permettant ainsi à des éléments recrutés
parmi les ligues factieuses de remplacer les ouvriers et de troubler ainsi leur
mouvement. Ce patron travaillant pour l'État et les grandes administrations
publiques doit être mis dans l'obligation de respecter les lois sociales et le
droit syndical. Le syndicat est maintenant décidé à mettre tout en ÷uvre et
à faire jouer à fond la solidarité sous toutes ses formes pour obtenir satisfaction. 219 21.12 29 décembre 1937. Les ouvriers des Établissements
Goodrich ont manifesté hier à Argenteuil Ainsi qu'ils l'avaient décidé hier soir, les grévistes des Établissements
Goodrich sont partis en cortège, de la place du Marché, à Argenteuil, pour
se rendre aux anciennes usines Dunlop, qui, appartenant maintenant à la
municipalité, avaient été mises par celle-ci à leur disposition. Comme hier,
tous avaient répondu à l'appel, et le cortège s'égrena sur plus de cinq cents
mètres, impressionnant fortement la population qui, sur tout le parcours,
ne lui ménagea pas les marques de sa sympathie. Se déroulant dans un ordre parfait, le délé arriva vers onze heures au lieu xé pour le meeting.
La réunion fut assez brève. Carasso, secrétaire du syndicat, t le récit de
l'entrevue de la délégation avec M. Pouillot, chef du cabinet du ministre du
Travail, chargé de l'enquête sur le cas de l'ouvrier Rivino, accusé par la
direction d'avoir construit un poste téléphonique clandestin, dans je ne sais
218. Les travailleurs des produits chimiques de la région parisienne obtiennent d'importants rajustements de salaires , L'Humanité, no 14252, 26 décembre 1937, p. 5.
219. Le conit Louradour à Vitry , L'Humanité, no 14255, 29 décembre 1937, p. 5.
21.
ANNÉE 1937
167
quel but d'espionnage. Les délégués ont démontré l'inanité de cette accusation et M. Pouillot décidé de se rendre sur place pour mieux se rendre
compte. Le comité de grève a également attiré l'attention du chef de cabinet
sur la non-application par la direction de plusieurs sentences arbitrales et a
exprimé son intention formelle de se refuser à toute sanction pour faits de
grève. La direction maintenant son point de vue, surtout en ce qui concerne
les sanctions, aucun accord ne paraît possible pour le moment, et il faudra
une sentence du président du Conseil pour mettre n au conit. Aujourd'hui,
à 9h30, a lieu une assemblée général du personnel, rue de Diane à Argenteuil.
PS. La Fédération des produits chimiques demande à tous ses syndicats d'organiser rapidement la solidarité en faveur des camarades de l'usine
Goodrich. Envoyer les fonds au siège de la Fédération, 33 rue de la Grangeaux-Belles. 220 21.13 29 décembre 1937. Pour la convention nationale des
pétroles Une délégation composée des camarades Finck et Rosarde, de la Fédération et Touzet, du syndicat de la région parisienne, a été reçue par M. Ramadier, sous-secrétaire d'État aux travaux publics. La délégation a indiqué
les démarches sans résultats qu'elle avait faites auprès de la Chambre syndicale des pétroles et a souligné l'urgence qu'il y aurait à entamer immédiatement la discussion. L'examen des suggestions proposées par M. Ramadier
sera soumis à la commission exécutive fédérale qui se réunit ce soir, mercredi
29 décembre, à 20h30, salle Richetta, 33 rue de la Grange-aux-Belles, Paris
(10e ).
La Fédération nationale des industries chimiques. 221 21.14 30 décembre 1937. Une motion de solidarité des travailleurs des industries chimiques Le syndicat général des industries chimiques de la région parisienne
nous communique une motion de solidarité en faveur des travailleurs des
services publics de la région parisienne que nous publions ci-dessous :
Le bureau du Syndicat des industries chimiques, au nom de ses 40 000 adhérents, adresse aux travailleurs des services publics en grève pour la défense
de leur pain et contre la provocation de la majorité du conseil municipal de
paris, l'expression de son entière solidarité. Il regrette que le gouvernement,
dans ce conit, prenne une position en contradiction absolue avec la volonté
du peuple de France ; il demande aux pouvoirs publics de tenir compte des
220. Les ouvriers des Établissements Goodrich ont manifesté hier à Argenteuil , L'Hu, no 14255, 29 décembre 1937, p. 5.
221. Pour la convention nationale des pétroles , L'Humanité, no 14255, 29 décembre
1937, p. 5.
manité
168
jutes desiderata des travailleurs des services publics en leur accordant satisfaction. 222 21.15 30 décembre 1937. Une enquête a eu lieu hier aux
usines Goodrich Les travailleurs de l'usine Goodrich poursuivent leur grève à l'extérieur
de l'usine. Chaque jour des réunions ont lieu à Argenteuil. Elles sont suivies
avec intérêt par l'ensemble des grévistes. Hier, malgré les dicultés créées
par la grève des transports, 1 500 ouvriers et ouvrières ont assisté aux deux
réunions. Entre deux assemblées, le comité des loisirs a organisé des concerts et bals. La troupe du théâtre du peuple continue à prêter son concours
aux travailleurs en lutte. Une représentation théâtrale a été donnée par ces
artistes hier dans la salle de réunion d'Argenteuil. Le moral des grévistes
est excellent. La solidarité continue à se manifester. L'aide des municipalités
environnantes et l'appui de la population soutiennent d'une façon eective
les travailleurs de chez Goodrich. Poursuivant son enquête, M. Pouillot, chef
de cabinet du ministre du Travail, s'est rendu hier matin à l'usine. Il était
accompagné d'un technicien désigné par le ministre des PTT. M. Boyer, administrateur délégué et M. Pons, directeur-chef du personnel ainsi que Finck,
secrétaire général de la Fédération des industries chimiques et Rivino, l'ouvrier licencié, assistaient également aux investigations de M. Pouillot. Après
les constatations de la commission d'enquête au sujet du soi-disant poste
clandestin, il résulte que M. Pouillot semble adopter la thèse des ouvriers.
Dans l'après-midi, un huissier est venu constater l'état de l'usine après l'occupation ouvrière. Rien d'anormal n'a été remarqué par l'ocier ministériel.
L'enquête se poursuit. On espère que la décision de M. Chautemps pourra
être rendue samedi et la reprise du travail serait envisagée aussitôt. 223 21.16 30 décembre 1937. Le conit Louradour Le syndicat des industries chimiques avait appelé les ouvriers des diverses usines chimiques pour protester contre la police qui, étant à l'intérieur
et à l'extérieur de l'usine Louradour, à Vitry, avait permis à des éléments
recrutés parmi les ligues fascistes, de torpiller le mouvement gréviste. De
plus, cette manifestation avait pour but de demander la neutralisation de
l'usine. Hier, à partir de 17 heures, plusieurs centaines d'ouvriers sont venus
manifester. Il y avait trois cars de gardes mobiles devant les portes de l'usine
et d'autres forces de police massées sur le derrière de celle-ci. Les ouvriers
ont manifesté aux cris de "Neutralisation des usines !" La garde mobile, sans
222. Une motion de solidarité des travailleurs des industries chimiques , L'Humanité,
no 14256, 30 décembre 1937, p. 5
223. Une enquête a eu lieu hier aux usines Goodrich , L'Humanité, no 14256, 30 décembre 1937, p. 5
22.
ANNÉE 1938
169
aucune sommation, a chargé nos camarades, les crosses de mousquetons en
avant. Un ouvrier, employé municipal à Vitry, nommé Dubois, demeurant
29, rue Audigeois, a été blessé assez sérieusement à la tête. Le syndicat des
industries chimiques, avec les organisations du front populaire de Vitry, vont
aller protester contre l'utilisation, contre les ouvriers, de la garde mobile, au
ministère de l'intérieur et à la présidence du Conseil. De plus, le comité local
de front populaire a l'intention d'organiser un grand meeting de protestation pour demain soir à Vitry, salle du Port-à-l'Anglais. Le syndicat rappelle
d'autre part aux ouvriers des usines chimiques de la région que la manifestation continuera ce soir et les jours suivants. 224 22
Année 1938
22.1 1er janvier 1938. Les grévistes des usines Goodrich
attendent la sentence arbitrale Hier, disciplinés, les grévistes des établissements Goodrich à Colombes,
ont touché la paie qui leur restait due depuis l'arrêt de travail. Les employés,
les techniciens et les gens de maîtrise ont été payés le matin et les ouvriers
l'après-midi. Aucun incident n'a marqué cette journée. Dans une magnique
fête, assurée par nos dévoués camarades du Théâtre du Peuple et par des
grévistes artistes amateurs, notre ami Dony Ber, de la radio, nous a apporté
son concours désintéressé. Une délégation a été reçue par M. Pouillot, qui
termine son enquête : Finck et Carasso, pour les organisations syndicales,
Paulmier, Sarrazin et Perrault, membres du comité de grève, ont apporté à
l'enquêteur quelques nouveaux arguments légitimant la décision des ouvriers
qui n'ont arrêté le travail qu'après une succession de violations de sentences,
plusieurs mois de discussions sur des revendications insatisfaites et enn
quatorze jours de négociations pour le cas de l'ouvrier Rivino. Les grévistes
attendent avec conance la sentence arbitrale.
Unis ils sont, unis ils resteront jusqu'à la victoire. 225 22.2 5 janvier 1938. Le conit Goodrich Une délégation des travailleurs de l'usine Goodrich accompagnée par
Finck et Plantin de la Fédération des industries chimiques et par Poulmarc'h
et Carasso du syndicat parisien s'est rendue hier matin à la présidence du
Conseil. L'entretien s'est prolongé pendant deux heures et demie et a porté
sur l'enquête au sujet du licenciement de l'ouvrier Rivino. M. Chautemps
recevant les journalistes a remis le communiqué suivant :
224. Le conit Louradour , L'Humanité, no 14256, 30 décembre 1937, p. 5
225. Les grévistes des usines Goodrich attendent la sentence arbitrale , L'Humanité,
no 14258, 1er janvier 1938, p. 5.
170
"M. Camille Chautemps a reçu une délégation de la Fédération et du syndicat des industries chimiques ainsi que les délégués du personnel de l'usine
Goodrich, qu'il a mise au courant des informations recueillies par M. Pouillot, ainsi que de l'entretien qu'il a eu hier avec M. Boyer, administrateur
délégué de l'usine Goodrich. Le président du Conseil a exprimé son désir de
voir le conit se terminer par une conciliation. Au cas où la conciliation qu'il
désire ne se produirait pas, il rendrait son arbitrage, aujourd'hui mercredi 5
janvier."
Le meeting d'Argenteuil
Un magnique meeting s'est tenu hier soir au Gymnase municipal d'Argenteuil. Malgré le froid et la neige, les travailleurs s'étaient rendus nombreux à cette assemblée. La grande salle s'avéra bientôt trop petite et des
hauts-parleurs furent installés dehors. On peut évaluer à 3 500 le nombre de
personnes qui suivirent avec enthousiasme les exposés de Bourlet et Carasso
qui t le compte-rendu des multiples délégations ouvrières eectuées auprès
des pouvoirs publics. Rosarde, secrétaire de la Fédération, puis Eugène Héna, secrétaire de l'union des syndicats, retracèrent les diérentes phases du
conit, puis Waldeck-Rochet pris la parole au nom du groupe parlementaire.
Il arma la solidarité des municipalités aux grévistes et termina en renouvelant leur soutien eectif jusqu'à l'aboutissement des revendications ouvrières.
L'entrevue à la Présidence du Conseil
Le président du Conseil a reçu hier, dans l'après-midi, M. Boyer, administrateurdélégué des établissements Goodrich, puis notre camarade Finck, secrétaire
général de la Fédération des industries chimiques. Après avoir conféré successivement avec chacun d'eux, le président du Conseil a poursuivi les pourparlers avec M. Boyer et Finck. L'entretien a duré tard dans la soirée. Le
délégué patronal a maintenu les sanctions et les licenciements qu'il prétend
appliquer aux ouvriers. Devant cette intransigeance, aucun accord n'a pu
intervenir. M. Chautemps rendra sa sentence ce matin, au sujet du cas de
licenciement de l'ouvrier Rivino. Quant aux questions secondaires telles que
l'application de la sentence Couturier sur la rémunération des jours fériés,
les modications à apporter à l'application du système Bedeaux, elles seront
réglées par un arbitrage ultérieur. 226 22.3 6 janvier 1938. Le conit Goodrich n'est pas résolu ! Le président du Conseil ne s'étant pas prononcé dans sa sentence sur
le problème des sanctions, la direction prétend imposer cinquante-deux licenciements. La commission administrative de la CGT, réunie hier pour
examiner la situation créée par les provocations du grand patronat, a dé226. Le conit Goodrich ,
, no 14262, 5 janvier 1938, p. 5.
L'Humanité
22.
ANNÉE 1938
171
cidé de saisir solennellement le gouvernement et de provoquer une réunion
extraordinaire du Comité national de Rassemblement populaire. 227 22.4 6 janvier 1938. La direction des usines Goodrich veut
licencier 52 ouvriers [. . . ]. Seules les prétentions de la direction Goodrich, qui veut licencier
une cinquantaine d'ouvriers, empêchent la reprise du travail... nous déclare le
camarade Finck, secrétaire général de la Fédération des industries chimiques.
À l'issue des entretiens qu'il a eus avec le président du Conseil, nous avons pu
joindre notre camarade Édouard Finck, secrétaire général de la Fédération
des Produits chimiques, qui nous a donné son avis sur la sentence présidentielle. Tout d'abord, notre camarade nous dit : la fameuse accusation de la
table d'écoute, qui a servi de prétexte à la direction Goodrich pour licencier
l'ouvrier Rivino s'écroule lamentablement. La sentence reconnaît que l'honneur professionnel de l'ouvrier n'est pas entaché. Cependant, elle conclut au
maintien du renvoi, en invoquant certaines négligences professionnelles qui
sont très discutables. Je suis d'ailleurs intervenu énergiquement contre cette
accusation. Nous regrettons que M. Chautemps ait cru devoir maintenir une
telle sanction, après la démonstration si claire de la non-culpabilité de l'ouvrier. La sentence met-elle un terme au conit ? Évidemment non, car la
direction de l'usine Goodrich entend appliquer des sanctions pour fait de
grève. Seules les prétentions de M. Boyer de vouloir licencier une cinquantaine d'ouvriers empêchent la reprise du travail. Notre camarade Finck nous
précise que la Fédération des industries chimiques, ainsi que le syndicat,
ne peuvent tolérer aucune sanction. Certaines revendications restent en suspens : les modalités d'application de la sentence Couturier, la révision des
valeurs Bedeau, etc... seront soumises à un arbitrage ultérieur. Nous quittons notre camarade, qui nous prie de noter qu'une assemblée générale des
grévistes se tiendra aujourd'hui, à 15 heures, au lieu habituel, pour commenter la sentence et délibérer sur les suites qu'elle comporte. 228 22.5 6 janvier 1938. Les sanctions ne pourraient que braver
la classe ouvrière... déclare le président du Conseil En remettant en personne sa sentence arbitrale, M. Camille Chautemps,
président du Conseil, a fait les déclarations suivantes :
"Au cours des entretiens qui ont précédé mon arbitrage, la direction des
usines Goodrich a fait connaître son intention, en raison du caractère injustié et dommageable de la grève, de recourir au licenciement d'un certain
227. Le conit Goodrich n'est pas résolu , L'Humanité, no 14263, 6 janvier 1938, p. 1.
228. La direction des usines Goodrich veut licencier 52 ouvriers , L'Humanité,
no 14263, 6 janvier 1938, p. 5.
172
nombre d'ouvriers, jugés par elle coupables d'avoir fomenté la grève sans
raison valable.
Les parties n'ayant accepté, ni de part, ni d'autre, que ces licenciements
fussent laissés à l'appréciation de l'arbitre, les patrons voulant se réserver le
droit de statuer librement, tandis que les ouvriers repoussaient le principe
même de tout licenciement, je n'avais pas la possibilité de me prononcer,
quant à présent, dans cette sentence, sur ce nouvel aspect du litige. Mais
je tiens à adresser en personne un pressant appel aux parties pour qu'elles
renoncent à toute polémique rétrospective et à des représailles qui ne pourraient que perpétuer ou faire rebondir un si regrettable conit. Un usage
ancien et constant veut que toutes les fois qu'un conit se termine par la
conciliation et l'arbitrage, on exclut les renvois basés sur le seul fait de la
grève. Il n'apparaît pas que les circonstances du conit actuel justient une
solution exceptionnelle à cet égard. Sans doute, la direction de l'usine invoque le caractère anormal d'une grève qui était injustiée et qui a causé à
l'entreprise et aux ouvriers eux-mêmes un important dommage. Toutefois, il
est également certain que divers incidents antérieurs qui sont relevés dans
le rapport de M. l'inspecteur Pouillot (résistance à l'exécution d'arbitrages,
application discutée du système Bedeaux, tension des rapports entre un ingénieur et le personnel) avaient créé entre la direction et une fraction des
ouvriers une situation qui explique, sans la justier, la soudaineté du mouvement. Il serait donc inniment souhaitable que, réglant les conditions de
la reprise du travail dans un esprit d'apaisement, la direction se préoccupât
surtout d'obtenir du syndicat ouvrier, sous la caution de la Fédération des
produits chimiques, les garanties nécessaires au fonctionnement normal de
l'entreprise dans l'avenir. Je souhaite ardemment que mon appel soit entendu
et je demeure naturellement à la disposition des parties pour continuer sur
ce point mes eorts en vue de rapprocher les points de vue."
Questionné sur le point de savoir si la direction des usines Goodrich
renoncerait aux sanctions pour fait de grève, M. Camille Chautemps a déclaré :
"L'opinion publique est une grande maîtresse et je pense que les patrons
ayant obtenu satisfaction sur un point essentiel (le renvoi de l'ouvrier Rivino) auraient grand tort de ne pas faire appel maintenant à la conscience
professionnelle et de ne pas se montrer équitables et même généreux. Les
sanctions ne pourraient que braver la classe ouvrière et provoquer des grèves
de solidarité, qui sont d'ailleurs touchantes et honnêtes."
La sentence
Après une longue suite d'attendus qui rappellent les origines du litige
et mentionnent l'enquête menée par M. Pouillot, la sentence conclut en ces
termes :
1o Il est donné acte à M. Rivino qu'il n'a été ni établi, ni même allégué
qu'il fut l'auteur d'une faute entachant son honneur professionnel.
2o Toutefois, le renvoi prononcé contre lui par la direction, à la suite des
22.
ANNÉE 1938
173
deux incidents successifs où on a pu lui reprocher des négligences, n'était pas
contraire aux droits du chef d'entreprise et il est impossible de le rapporter.
3o Il y a lieu de soumettre à l'arbitrage de M. Couturier l'interprétation
de la partie contestée de sa précédente sentence.
4o Il sera procédé contradictoirement, en présence d'un ingénieur de l'État et de M. l'inspecteur du travail Pouillot, à un contrôle des conditions
d'application du système Bedeaux dans l'usine.
5o La direction est invitée à rouvrir l'usine et les ouvriers à reprendre le
travail dans le plus court délai ; toutefois, il est reconnu, d'un commun accord,
que la remise en marche ne pourra avoir lieu, pour des motifs techniques,
que progressivement ; un délai maximum d'un mois doit être accordé à ce
sujet.
6o L'arbitre invite les parties à renoncer à toutes représailles et à rechercher
de bonne foi les garanties réciproques d'une collaboration loyale pour l'avenir
et du règlement de tout nouveau conit par le recours à la conciliation et à
l'arbitrage. 229 22.6 7 janvier 1938. Après la sentence du président du
Conseil. Les travailleurs de l'usine Goodrich se prononceront aujourd'hui sur le conit Aucune sanction pour fait de grève ne doit être appliquée, l'ensemble
du personnel doit reprendre le travail, déclarent les ouvriers. Au cours des
entretiens d'hier, entre la direction de l'entreprise et Finck, secrétaire de la
Fédération des industries chimiques, une certaine détente s'est manifestée.
Les organisations ouvrières des transports demandent au gouvernement d'arbitrer rapidement le conit.
Le conit Goodrich
À l'issue des conversations qui ont eu lieu hier matin à la présidence du
Conseil, M. Boyer, administrateur délégué des usines Goodrich, déclarait, en
quittant l'hôtel Matignon : "Tenant compte de l'appel adressé par le président du Conseil et en vue d'arriver à la reprise du travail, nous continuons les
pourparlers et nous avons l'espoir d'arriver à une solution amiable." De son
côté Finck, secrétaire de la Fédération des industries chimiques, déclarait
qu'une certaine détente s'était manifestée au cours de la matinée : "Nous
remettons un communiqué à la presse, a-t-il ajouté, cet après-midi, à l'issue
du meeting qui se tient au gymnase d'Argenteuil". Enn, le président du
Conseil, en quittant l'hôtel Matignon, a manifesté à son tour l'espoir qu'à
l'issue du meeting d'Argenteuil, l'ordre de reprise du travail serait donné.
L'assemblée générale
229. Les sanctions ne pourraient que braver la classe ouvrière... déclare le président du
Conseil , L'Humanité, no 14263, 6 janvier 1938, p. 5.
174
Hier après-midi, les grévistes des établissements Goodrich étaient convoqués en assemblée générale à 15 heures, au gymnase municipal d'Argenteuil, pour entendre le compte-rendu de l'entrevue que les délégués ouvriers
avaient eue la veille avec le président du Conseil et prendre position sur
la sentence rendue par M. Camille Chautemps. Dès 14h30, aux abords du
gymnase, de nombreux groupes de travailleurs stationnaient, discutant avec
animation de la sentence connue par la lecture des journaux et commentant cet arbitrage qui, en fait, ne changeait rien au conit, les patrons de
chez Goodrich maintenant leur prétention de licencier cinquante-deux ouvriers. L'heure avançant, la place attenante à l'édice municipal était envahi
par une foule de plus en plus compacte qui tenait à assister à la réunion et
à connaître les décisions qui seraient prises. De nombreux groupes se formaient, discutant l'intransigeance patronale et déclarant inacceptable un tel
dé.
Peu à peu nous vîmes disparaître ces groupes à l'intérieur du gymnase et
suivant les camarades nous y pénétrâmes à notre tour. Une foule dense s'y
pressait debout et il fallut bientôt ouvrir la seconde salle an de permettre
l'accès à un plus grand nombre d'auditeurs venus des usines environnantes,
apporter par leur présence la preuve de l'intérêt qu'ils portent à la solution
de ce conit. La réunion fut placée sous la présidence du camarade Noiraud,
secrétaire du comité local de Colombes, assisté du comité de grève de l'usine Goodrich. À l'ouverture du meeting la parole fut donnée au camarade
Carasso, secrétaire du syndicat des produits chimiques, qui annonça qu'en
l'absence du camarade Finck retenu par une réunion du comité fédéral, il ne
ferait qu'une brève intervention et demanda aux camarades en lutte de se
réunir à nouveau aujourd'hui à 16 heures dans la même salle pour prendre
position devant la sentence rendue, les travailleurs étant seuls juges de la
situation. Il rappela que depuis 23 jours les ouvriers avaient tenu sans faiblesse, xant l'attention des travailleurs sur leur mouvement et déclara qu'un
comité de grève allait se tenir à cinq heures en présence de Finck qui rendrait
compte de son entrevue à la présidence du conseil de ce matin avec M. Boyer.
Il termina par un appel au fonctionnement des piquets de grèves qui ont commencé à veiller dès hier soir huit heures devant les portes de l'usine an d'en
assurer la neutralisation qui a cessé, de part la sentence et éviter ainsi une
man÷uvre patronale possible d'employer des éléments étrangers à l'usine.
Les camarades répondirent d'enthousiasme, et à la demande de Carasso, le
personnel se déclara d'accord pour être présent aux portes ce matin à sept
heures an de démontrer leur cohésion et leur volonté de triompher.
La réunion du comité de grève
Au cours de la réunion du comité de grève, le camarade Finck a rendu
compte de son entrevue hier matin avec MM. Boyer et Pons. Après discussion, le comité de grève s'est élevé contre les prétentions patronales de
licencier cinquante-deux ouvriers et à déclaré inacceptables ces conditions.
22.
ANNÉE 1938
175
De ce fait, le conit reste entier et les ouvriers prononceront demain leur décision à l'assemblée générale dont nous donnons l'heure et le lieu par ailleurs.
Au cours de cette réunion, les camarades Finck et Carasso furent appelés
par le camarade Evrard, chef de cabinet du ministre de l'intérieur, dont la
présence était motivée par ds bruits persistants au ministère de l'Intérieur
et à la présidence du Conseil, d'une nouvelle occupation de l'usine par les
grévistes.
Mise en garde du comité de grève
Le comité de grève tient à signaler que ces bruits sont dénués de tout
fondement et que les ouvriers ne doivent y prêter aucune attention, ces bruits
et racontars ne pouvant émaner que d'individus ayant intérêt à jeter la perturbation dans l'unanimité du mouvement.
Une déclaration de Finck
Au sujet de la réunion qui eut lieu hier matin à la présidence du Conseil
entre M. Boyer, administrateur des établissements Goodrich ; Pons, directeur
du personnel, et Finck, secrétaire général de la Fédération des produits chimiques, ce dernier a déclaré : "La discussion a porté sur les modalités de reprise
du travail ; l'accord n'a pu être réalisé, mais néanmoins on peut considérer
que les conversations ont amené une certaine détente." Une nouvelle entrevue
est prévue pour ce matin, à 9h45. 230 22.7 8 janvier 1938. Il faut briser le sabotage des lois sociales organisé par le grand patronat. Les représentants
de la CGT et des organisations patronales sont convoqués pour mercredi par le Président du Conseil Le conit Goodrich n'est pas terminé. Les pourparlers ont continué
durant toute la journée hier entre Finck, secrétaire général de la Fédération
des Industries Chimiques et la direction des Établissements Goodrich. Les
marins de Rouen ont arraché la victoire. Ils ont obtenu qu'aucun d'entre eux
ne restera à terre. Une délégation de la Fédération des Transports a été reçue
au ministère des Travaux publics.
Les trusts mènent actuellement une campagne forcée contre les lois sociales et en particulier contre le droit syndical, contre la CGT et le communisme. On a découvert un complot fasciste contre la République et la France,
mais la presse réactionnaire s'étend complaisamment sur un prétendu putsch
communiste. Le grand patronat multiplie les renvois de délégués, de militants
syndicaux, mais la même presse annonce la préparation par la CGT et les
communistes d'un vaste mouvement de grève ! Les trusts préparent ainsi le
230. Le conit Goodrich , L'Humanité, no 14264, 7 janvier 1938, p. 5. Une photographie accompagne l'article avec comme légende : Le bureau qui présidait la réunion
pendant l'exposé de Carasso .
176
désordre, tentent d'aoler l'opinion publique et de rejeter sur la classe ouvrière la responsabilité d'une situation qu'ils veulent créer. Des mesures immédiates s'imposent contre ces ennemis du peuple, de la nation. Au moment
où le Président du Conseil vient de convoquer pour mercredi les représentants des confédérations ouvrière et patronale, on ne peut oublier que M.
Camille Chautemps lui-même a déclaré que sur 53 sentences arbitrales non
appliquées, 43 avaient été délibérément violées par le patronat.
Aux usines Goodrich, la direction renvoie un ouvrier pour une faute
professionnelle qu'il n'a pas commise et prétend maintenant licencier une
cinquantaine d'honnêtes travailleurs. Les fascistes, organisés militairement,
donnent l'assaut aux entrepôts d'alimentation et occupent la préfecture de
l'Ardèche. Le grand patronat poursuit les syndicats et obtient d'une magistrature assise, pour ne pas dire plus, de scandaleuses condamnations. Les
employés de banque sont mécontents à juste titre de l'attitude de l'Union
syndicale des banquiers, mais aucun mouvement n'a eu lieu, aucun arrêt
de travail n'est prévu. Cependant, depuis deux jours, les établissements de
crédit et la Bourse sont en état de siège. Les patrons savent bien pourtant qu'aucune grève n'a été envisagée par les organisations confédérées qui
représentent l'immense majorité du personnel. Il s'agit de leur part d'une
provocation très nette doublée d'une opération nancière. Ils ont ainsi créé
une inquiétude qui n'a pas manqué d'avoir des répercussions en Bourse : une
baisse sensible a été enregistrée jeudi sur les rentes françaises. C'est là le
résultat des man÷uvres intéressées des ennemis du peuple, des ennemis du
franc. Cela ne peut surprendre de la part des hommes de la haute nance
que le pays a dénitivement jugés, mais on peut être surpris que la force
publique ait été ainsi mise à leur service. Ah oui ! Le pays a besoin de travail et d'ordre, mais on connaît les agents de désordre et les saboteurs de la
production. On connaît ceux qui violent les lois et suscitent de regrettables
conits. Ce sont les "meneurs" de la Confédération Générale du Patronat
français. Que ces gens là soient mis à la raison, qu'ils comprennent enn que
les lois s'appliquent à eux comme à tous les citoyens et la France pourra
travailler dans l'ordre, la liberté et la paix. Pierre Delon 231 .
22.8 8 janvier 1938. Le conit Goodrich Hier matin, le camarade Finck s'est rendu à la président du Conseil où
il a été reçu par M. Chautemps. Il s'est ensuite rendu chez M. Pouillot, chef
adjoint du cabinet du ministre du Travail, où il s'est entretenu avec M. Boyer,
administrateur délégué des usines Goodrich, Pons, directeur du personnel et
Guibert, chef du service Bedeaux de cette entreprise. Les pourparlers se sont
231. Pierre Delon, Les représentants de la CGT et des organisations patronales sont
convoqués pour mercredi par le Président du Conseil , L'Humanité, no 14265, 8 janvier
1938, p. 1 et 5. Deux photographies du conit et d'Édouard Finck illustrent l'article.
22.
ANNÉE 1938
177
poursuivis sur les modalités de la reprise du travail. Ils ont été repris à 17
heures entre Finck et Plantin, secrétaires fédéraux des industries chimiques
et les représentants de la direction Goodrich.
L'assemblée générale des grévistes
Le comité de grève s'est réuni au siège, hier dans l'après-midi. Les délégués
ont poursuivi la discussion sur la suite à donner à la décision du président du
Conseil. Une assemblée générale des grévistes s'est organisée ensuite dans la
salle du gymnase municipal. Carasso vient expliquer la position du syndicat.
Il tient à souligner tout d'abord le bloc unanime du comité de grève, malgré
les tendances qui se sont manifestées au cours de la discussion. Après avoir
commenté la sentence et l'additif, Carasso indique que les ouvriers n'admettront pas les renvois. Mais, dit-il, il faudra appliquer la sentence en subissant,
car ce serait recommencer une deuxième grève dans des conditions beaucoup
plus défavorables et contre le gouvernement. Bourlet précise son vote au
comité de grève, ainsi que Nadaud, trésorier du comité de grève et Charpentier, qui parle au nom de ses camarades qui se sont abstenus, les raisons qui
ont motivé son vote, ce sont : l'opinion des organisations syndicales et de la
CGT sur la sentence et ensuite leur désir de ne pas généraliser le mouvement.
Il laisse aux ouvriers le soin de juger eux-mêmes de la situation. Poulmarc'h vient ensuite à la tribune parler au nom du syndicat. Après avoir fait
l'historique de la grève, il déclare : "le fait d'avoir mis en échec les forces de
police et d'avoir obtenu la neutralisation de l'usine est une victoire ouvrière
de première importance. Ce précédent servira l'ensemble des travailleurs".
Poulmarc'h poursuit : "nous devons rentrer tous unis, en vue de nouvelles
luttes à engager en prévision du renouvellement de nos conventions collectives." Notre camarade Waldeck Rochet, député de la Seine, est dans la salle.
Il précise tout d'abord que son intention n'est pas de s'immiscer dans le mouvement syndical ni dans la direction de cette grève, mais qu'en tant qu'élu
de la classe ouvrière dans la circonscription, il ne peut pas se désintéresser de
la grève. Il dit ensuite son opinion sur la sentence qui ne donne pas satisfaction aux ouvriers. En terminant, Waldeck Rochet déclare : "si tous les partis
avaient notre position au sujet de cette sentence, la lutte serait gagnée par
les ouvriers." Varloteau, secrétaire de l'union des syndicats, lui succède à la
tribune. Il donne lecture d'une résolution dans laquelle les ouvriers de l'usine
Goodrich protestent véhémentement contre un article du député de la Corrèze, Péchadour, paru hier dans le Petit Parisien. Notre camarade fait son
exposé, interrompu à plusieurs reprises par certains éléments, dont plusieurs
sont étrangers à l'usine, et termine en insistant sur la gravité de la décision
à prendre. À la suite des quelques interventions, le président propose, après
consultation du bureau, de remettre au lendemain le vote sur la suite à donner à la décision du président du Conseil. La séance est levée. Une assemblée
générale se tiendra aujourd'hui à 16 heures, aux anciennes usines Dunlop,
quartier des Champioux, où les ouvriers se prononceront, après audition du
178
camarade Finck, sur les décisions dénitives à adopter. 232 22.9 9 janvier 1938. La direction ayant renoncé aux licenciements, les ouvriers de l'usine Goodrich ont décidé la
reprise du travail Hier les travailleurs de l'usine Goodrich ont accepté, à la majorité, de
reprendre le travail. Cette décision a été prise à la suite de la promesse faite
par la direction de renoncer aux licenciements arbitraires qu'elle avait annoncés. Ce recul du patronat qui prétendait jeter sur le pavé deux cents, puis
cinquante deux honnêtes travailleurs a été obtenu par l'action énergique et
la cohésion des ouvriers. Un nombre important de grévistes demandaient la
continuation de la lutte. Ils n'acceptent pas, et cela se conçoit, que Rivino
soit renvoyé alors que le président du Conseil lui-même a précisé que l'accusation portée contre lui n'était pas fondée. Ce douloureux conit a mis à nu
les provocations du grand patronat qui n'hésite pas à jeter dans la misère
des familles ouvrières et à compromettre la production nationale. [...]. 233 22.10 9 janvier 1938. Le conit Goodrich est terminé Application de la sentence du président du Conseil. Aucun licenciement
pour fait de grève. Telles sont les principes modalités de reprise du travail
approuvées par les grévistes. De nouveaux accords ont été signés hier dans les
transports. Le patronat de l'alimentation provoque les ouvriers. Il mobilise
les factieux pour expulser les grévistes. La CGT accepte sans aucune réserve
la proposition du président du Conseil.
Hier a eu lieu aux anciennes usines Dunlop, à Argenteuil, l'assemblée des
grévistes des établissements Goodrich. Les ouvriers avaient à se prononcer
sur les dernières propositions faites par M. Boyer, administrateur des établissements Goodrich, au camarade Finck, secrétaire général de la Fédération
des industries chimiques.
L'assemblée des grévistes
La réunion se tient sous la présidence de Carasso. Le camarade Finck
intervient le premier et donne connaissance des propositions de M. Boyer,
savoir : "Initialement, la direction voulait renvoyer 200 ouvriers. Par la suite,
elle abaissa le nombre à 50. Enn, après les pourparlers qui se sont terminés
hier soir, à 20 heures, voici le texte sur lequel les patrons et nous-mêmes
sommes tombés d'accord :
1o La direction achera dans l'usine un avis faisant appel à la concorde,
mais prévenant les ouvriers qu'aucune infraction à l'accord ne serait tolérée
232. Le conit Goodrich , L'Humanité, no 14265, 8 janvier 1938, p. 5.
233. La direction ayant renoncé aux licenciements, les ouvriers de l'usine Goodrich ont
décidé la reprise du travail , L'Humanité, no 14266, 9 janvier 1938, p. 1.
22.
ANNÉE 1938
179
sous peine de sanctions ;
2o Une lettre sera adressée au personnel, le prévenant que la direction,
pour répondre à l'appel du gouvernement, abandonne toute idée de sanctions ;
3o La reprise du travail étant subordonnée à la nécessité de la production
sera échelonnée sur quinze jours ; mais il faudra rattraper le temps perdu,
les heures supplémentaires n'étant considérées, dans leur rétribution, comme
telles, qu'à partir du 31 mars prochain ;
4o Si aucun licenciement ne sera prononcé, il sera procédé cependant à
cinq déplacements sous forme de mutations, et sans diérence de salaire, des
employés suivants qui occupaient un poste de conance : un téléphoniste, un
aûteur, un chef courrier, un chronométreur et un magasinier ;
5o Les revendications en suspens (sentence Couturier et système Bedeaux) seront examinées après la reprise du travail par M. Pouillot ;
6o Les dommages-intérêts demandés par la direction seront réduits de
500 000 francs à 1 franc ;
7o Aucune représailles ne sera exercée dans l'avenir sur le personnel".
Et Finck déclare que si le personnel acceptait cette formule transactionnelle, le travail pourrait reprendre dès lundi. L'orateur note que c'est un
succès d'avoir obtenu lors d'une grève de solidarité et malgré la position de
la CGPF qu'aucun renvoi ne soit eectué.
Bourlet et Charpentier, membres du comité de grève, interviennent ensuite, expliquant leur position, le premier contre la reprise du travail, le
second son abstention lors du vote au sein du comité. De nombreux ouvriers
expliquent à leur tour leur position.
Henri Raynaud, secrétaire général de l'Union des Syndicats, prend ensuite la parole. Il déclare que le succès de ce mouvement est inestimable. Ce
fut d'abord la solidarité eective de tous les travailleurs des usines environnantes qui empêcha l'évacuation de l'usine par les forces de police. Ce fut
ensuite la neutralisation eective de l'usine dont les clés furent remises au
commissaire de police. Ce fut enn la retraite du patronat forcé d'abandonner toute sanction pour faits de grève.
Raynaud demande aux ouvriers d'accepter la sentence Chautemps, à
contre-coeur bien sûr, mais pour éviter de donner des armes au patronat.
Depuis 17 heures, les groupes commencent à déler devant les urnes installées dans une salle attenante à celle où se tient l'assemblée.
Le vote
Les groupes entretiennent des discussions animées, mais tout le monde
vote dans le plus grand calme. À 19h30, le scrutin est clos, et vers 21 heures,
les résultats sont communiqués. Pour l'acceptation de la sentence arbitrale,
c'est-à-dire pour la reprise du travail lundi matin : 673 voix ; contre 488
voix. Le nombre des abstentions, qui est assez élevé, n'a pas été précisé. À la
reprise du travail, les salaires bénécieront de l'application du rajustement
180
de 9 % de la sentence Platrier, obtenus dans l'industrie du caoutchouc à
partir du 1er janvier. Unis et conants en leur syndicat, leur Fédération et
la CGT, les ouvriers de chez Goodrich, ers des résultats obtenus, sauront
rester comme par le passé, une des sections les meilleures et des plus actives
des industries chimiques. 234 22.11 10 janvier 1938. Les ouvriers des usines Goodrich
reprennent le travail ce matin Le travail reprendra ce matin aux usines Goodrich. Bien des ouvriers,
certes, ne cachent pas que c'est à contre-coeur. "Puisque Rivino n'était pas
coupable, disent-ils, pourquoi son renvoi ? La sentence du président du Conseil est illogique !" Cependant, la majorité a décidé qu'il était impossible de
ne pas appliquer la sentence rendue par M. Chautemps, si imparfaite soitelle, et nul doute que les camarades des établissements Goodrich, respectueux
des décisions de la majorité, exprimées dans un vote à bulletin secret, avec
calme et discipline, rentreront dans les ateliers au fur et à mesure des possibilités. Ils auront droit d'être ers des succès remportés. Succès contre la
police, qui voulait évacuer l'usine par la force. Succès contre la direction, qui
prétendait eectuer tout d'abord deux cent licenciement et qui a été amenée
a reprendre tout le monde dans les ateliers. Succès enn contre la CGPF et
le grand patronat aux ordres de M. Gignoux, qui ont été forcés d'accepter la
neutralisation eective de l'usine. Cette fois, aucune possibilité de recruter
des jaunes au sein des ligues fascistes ; pour la première fois, les clés de l'usine
étaient remises au commissaire de police ; l'usine était fermée. De plus, les
travailleurs des établissements Goodrich bénécieront d'un rajustement de
salaires de 9 %, que la sentence Platrier a accordé dans toute l'industrie du
caoutchouc à partir du 1er janvier.
Un communiqué des organisations syndicales
Le vote de vendredi a décidé la reprise du travail. Lundi donc, la direction
convoque par lettre une parte du personnel appartenant en particulier à l'entretien et aux grands bureaux. Mardi et les jours suivants, avec le maximum
de célérité, a-t-on promis, d'autres fractions du personnel seront appelées
au travail. Le processus de fabrication ne permet pas l'entrée immédiate de
tous. En une dizaine de jours, néanmoins, tout le personnel devrait pouvoir reprendre le travail. Une poignée d'irresponsables, dont une partie ne
fait pas partie de l'usine, a déclaré vouloir saboter la reprise du travail. Le
syndicat et la Fédération regrettent qu'en dépit du vote et de la discipline
syndicale, quelques inconscients cherchent à créer des incidents. Les organi234. Le conit Goodrich est terminé , L'Humanité, no 14266, 9 janvier 1938, p. 5.
Une photographie illustre l'article, avec pour légende : Dans la salle de la permanence
du comité de grève, de gauche à droite : Noiraud, secrétaire du comité local de Colombes,
Carasso et Finck, de la Fédération des industries chimiques .
22.
ANNÉE 1938
181
sations syndicales déclinent toute responsabilité sur les conséquences d'une
telle attitude. Nous précisons qu'une assemblée générale du personnel pas
encore appelée aura lieu tous les matins, jusqu'à ce que le dernier ouvrier ait
repris le travail. Lundi, cette assemblée aura lieu avec la présence de Carasso,
au Gymnase municipal d'Argenteuil, à 9h30. L'organisation des repas et de
la solidarité fonctionnera jusqu'à la n avant la reprise du travail pour tous.
Une fois de plus, le syndicat en appelle à la discipline et au sang-froid de
tous, an que, jusqu'au bout, ce mouvement conserve cette dignité qui a fait
l'objet de l'admiration de tous les travailleurs de la région parisienne et du
pays. Pas de rassemblement aux portes, ce qui constituerait une provocation
voulue par des éléments troubles ou irresponsables ! Tous à la réunion !
Le syndicat ; la Fédération. 235 22.12 10 janvier 1938. Ce soir, assemblée générale des
délégués des usines chimiques de la région parisienne Une assemblée générale des délégués et responsables des usines chimiques de la région parisienne aura lieu ce soir à 20h45 à la Maison des syndicats, 33 rue de la Grange-aux-Belles, Paris (10e ). L'ordre du jour est le
suivant :
1o Examen de la situation créée par le conit Goodrich ; mesures d'action
et de solidarité.
2o Préparation d'un grand rassemblement des ouvriers et ouvrières des
industries chimiques de la région parisienne.
Prendront la parole : Jean Poulmarc'h, secrétaire général du syndicat ;
Édouard Finck, secrétaire général de la Fédération ; Eugène Hena, secrétaire
de l'Union des syndicats. Un pointage aura lieu à l'entrée, se munir de la carte
syndicale. 236 22.13 11 janvier 1938. Les ouvriers des usines Goodrich
conserveront tous leurs droits : ancienneté, indemnité
de congédiement, congés payés, etc. La reprise du travail a commencé hier matin. Ce matin s'est eectuée
la reprise du travail aux établissements Goodrich. Dans la journée, environ
200 ouvriers ont été appelés, ainsi que 250 à 300 employés et techniciens.
Une réunion s'est tenue à dix heures au Gymnase municipal d'Argenteuil, où
le camarade Carasso a donné des indications sur l'organisation des secours,
la solidarité dans les cantines, jusqu'à ce que le dernier ouvrier reprenne le
travail. À quinze heures, une entrevue a eu lieu au ministère du Travail en
235. Les ouvriers des usines Goodrich reprennent le travail ce matin , L'Humanité,
no 14267, 10 janvier 1938, p. 5.
236. Ce soir, assemblée générale des délégués des usines chimiques de la région parisienne , L'Humanité, no 14267, 10 janvier 1938, p. 7.
182
présence de M. Pouillot, chef du cabinet du ministre, les délégués patronaux
M. Boyer, administrateur et M. Pons, directeur d'une part et Finck, Carasso,
Letellier et trois délégués de l'usine de l'autre. Un accord précisant les modalités de la reprise du travail dans tous les détails a été signé. Il apparaît que la
reprise sera accélérée et que d'ici une dizaine de jours, tout le monde pourra
se trouver à l'usine. Il est à signaler que les ouvriers conservent tous les
avantages antérieurs : ancienneté, indemnité de congédiement, congés payés,
etc... Demain, une seconde réunion des ouvriers aura lieu à dix heures, au
Gymnase municipal d'Argenteuil. 237 22.14 11 janvier 1938. Aucun changement dans le conit
Louradour à Vitry Depuis trois semaines, les ouvriers de la maison Louradour à Vitry sont
en grève. Malgré les nombreuses protestations, les pouvoirs publics n'ont
pas cru nécessaire de neutraliser l'usine, malgré les nombreuses promesses
faites à ce sujet. Quelques membres des ligues factieuses travaillent chaque
jour dix et douze heures, sous la protection de la police. De nombreuses
délégations se sont rendues aux diérents ministères : la dernière, qui eut
lieu samedi, à l'hôtel Matignon, reçut l'assurance formelle de Da Costa que
rien ne serait négligé pour résoudre le conit. Depuis, aucun changement
n'est intervenu. Les ouvriers estiment que cela a assez duré et demandent
que le gouvernement fasse appliquer les lois sociales. 238 22.15 11 janvier 1938. Une importante résolution de la
commission exécutive de la Fédération des industries
chimiques La commission exécutive de la Fédération nationale des Industries
chimiques, réunie extraordinairement le samedi 8 janvier 1938, après avoir
écouté les rapports des camarades Finck et Carasso sur la grève Goodrich,
Letellier et Vanhaute sur la situation dans les pétroles de la Basse-Seine :
félicite Carasso, secrétaire du syndicat de la région parisienne, pour la
façon dont il a conduit le mouvement de chez Goodrich ;
se déclare absolument d'accord avec la position prise par le camarade
Finck et le secrétariat fédéral d'inviter les travailleurs de chez Goodrich à
reprendre le travail après avoir obtenu qu'aucun licenciement pour faits de
grève ne serait eectué.
La commission exécutive fédérale déclare ne pouvoir être d'accord avec
la sentence rendue par M. le président du Conseil, mais s'inclinant devant
237. Les ouvriers des usines Goodrich conserveront tous leurs droits : ancienneté, indemnité de congédiement, congés payés, etc. , L'Humanité, no 14268, 11 janvier 1938,
p. 5.
238. Aucun changement dans le conit Louradour à Vitry , L'Humanité, no 14268,
11 janvier 1938, p. 5.
22.
ANNÉE 1938
183
la loi, elle subira cette sentence, alors que de nombreux patrons ont eu la
liberté de ne rien appliquer.
En ce qui concerne les pétroles de la Basse-Seine, la commission exécutive fédérale se déclare absolument d'accord avec l'activité déployée par le
secrétariat sur le licenciement du secrétaire du syndicat de Petit-Couronne
et sur les résultats obtenus pour les rajustements de salaires. La commission exécutive fédérale, après avoir pris connaissance de l'article paru dans
la presse de droite au sujet du conit Goodrich, regrette que des députés se
réclamant de la classe ouvrière aient cru devoir prendre position contre la
grève, se rangeant ainsi du côté patronal. La commission exécutive fédérale,
après avoir pris connaissance du rapport sur l'Algérie où dans les pétroles,
les ouvriers et collaborateurs attendent depuis mars 1937 que l'organisation
la plus représentative soit située, an que s'engagent les pourparlers à l'eet
d'établir la convention collective pour les pétroles de l'Algérie, que d'autre
part : la commission exécutive fédérale constate que la répression sévit avec
une sauvagerie inouïe ; et, devant cette situation intolérable, elle se déclare
solidaire avec les camarades d'Algérie et les assure de l'entière solidarité des
travailleurs des produits chimiques de France. La commission exécutive mandate le secrétariat fédéral pour envisager les moyens permettant l'ouverture,
dans les délais les plus rapprochés, de la discussion du projet fédéral de la
convention collective nationale selon les dispositions contenues dans la lettre
du ministère du Travail du 28 décembre 1937.
La Fédération. 239 22.16 11 janvier 1938. Aux ouvriers des usines chimiques
de Saint-Denis Pour la signature des conventions collectives nationales. Pour l'échelle
mobile des salaires. Pour le vote de la loi réglementant l'embauchage et
le licenciement. Pour le respect de la semaine de quarante heures. Pour le
respect du droit syndical. Pour préciser les résultats acquis par un dernier
arbitrage. Assistez en masse au grand meeting aujourd'hui 11 janvier, à 17
heures 30, au Théâtre Municipal de Saint-Denis.
Orateurs : Vidal, Poulmarc'h, secrétaires du syndicat de la région parisienne ; Édouard Finck, secrétaire général de la Fédération et Benoît Frachon,
secrétaire de la CGT.
La présentation de la carte syndicale sera exigée à l'entrée. Dans la mesure
des places disponibles, les travailleurs des autres corporations, sur présentation de la carte confédérale à jour, pourront assister à ce meeting. 240 239. Une importante résolution de la commission exécutive de la Fédération des industries chimiques , L'Humanité, no 14268, 11 janvier 1938, p. 5.
240. Aux ouvriers des usines chimiques de Saint-Denis , L'Humanité, no 14268, 11 janvier 1938, p. 5.
184
22.17 12 janvier 1938. Si des garanties légales ne nous sont
pas données, nous reprendrons notre liberté d'action ...a déclaré hier Benoît Frachon au meeting des ouvriers des produits
chimiques de Saint-Denis. Le syndicat des industries chimiques avait demandé à la municipalité l'attribution de la salle du théâtre municipal pour
un meeting des ouvriers des usines chimiques de Saint-Denis. Lundi seulement, la municipalité a fait savoir que le théâtre municipal ne serait pas
accordé si Benoît Frachon venait prendre la parole, comme cela était prévu.
La salle du Casino ayant pu être louée au dernier moment, les travailleurs
présents s'y sont rendus, et 1 500 d'entre eux ont pu y trouver place. Après
les interventions de Vidal et Poulmarc'h, secrétaires du syndicat des industries chimiques de la région parisienne, Rosarde, secrétaire de la Fédération,
notre camarade Frachon, secrétaire de la CGT longuement applaudi, pris la
parole. Après avoir dénoncé la politique suivie par la majorité fasciste du
conseil municipal de Saint-Denis, il déclara : "Quand nous vous conseillions
la sagesse et la vigilance, nous n'acceptions pas, pour cela, les injustices.
Nous nous sommes adressés au Front populaire et aux chefs des deux gouvernements de Front populaire. Nous ne réclamons rien de nouveau : seulement le maintien des conquêtes de juin 1936. La CGT a souvent donné des
avertissements aux pouvoirs publics concernant l'eervescence dans la région
parisienne et en province. La grève Goodrich ayant bénécié de la solidarité
de dizaines de milliers d'ouvriers a peut-être ouvert les yeux de certains."
Il faut comprendre que des millions d'hommes sont parfaitement organisés,
qu'ils ne réclament rien qui ne soit juste. Si on ne veut pas nous donner des
garanties sur les lois qui devaient être votées avec la reconduction des conventions collectives, nous reprendrons notre liberté d'action et engagerons le
combat avec nos cinq millions d'adhérents. Quand on met à la disposition du
patronat les transports, les camions de l'armée, on fait le travail de briseurs
de grève. Quand le gouvernement unanime désapprouve la grève des services
publics, on n'applique pas le programme du Front populaire. Nous voulons
obtenir l'institution de l'échelle mobile. Les patrons se moquent de leur signature. Il n'y a pas trente-six moyens. Il n'y en a qu'un : c'est la contrainte.
En conclusion, si on ne nous accorde pas satisfaction, personne ne pourra
nous empêcher de l'obtenir par d'autres moyens. Si la loi est défaillante, si
nos amis qui sont au Front populaire et au Parlement ne comprennent pas
ces choses, nous nous considérons comme dégagés. Ce que la loi ne nous aura
pas accordé, nous l'arracherons. 241 241. Si des garanties légales ne nous sont pas données, nous reprendrons notre liberté
d'action , L'Humanité, no 14269, 12 janvier 1938, p. 5.
22.
ANNÉE 1938
185
22.18 16 janvier 1938. Le pays veut un gouvernement qui
appliquera le programme du Front populaire Au nom des 6 600 syndiqués des industries pharmaceutiques. Au nom
des 6 600 syndiqués, le syndicat général des industries pharmaceutiques exigent du gouvernement de la France une politique conforme à la volonté
populaire exprimée en mai 1936. Par l'appel aux élus des partis du Front
populaire, le gouvernement doit être constitué à son image et réaliser son
programme contre les ennemis du peuple et de la nation. Assez de reculs. Il
faut agir avec fermeté. Pour le pain, la paix et la liberté. Vive le gouvernement de Front populaire.
Jean Bas, secrétaire général du syndicat des industries pharmaceutiques. 242 22.19 17 janvier 1938. Le pays veut un gouvernement à
l'image du Front populaire Parmi les nombreuses résolutions réclamant l'unité et le respect du programme, celle des ouvriers et ouvrières de l'usine Progil est mentionnée 243 .
22.20 19 janvier 1938. L'aide à l'Espagne républicaine [. . . ] Le bureau de la Fédération nationale des Industries chimiques
souscrit pour envoyer du lait aux bébés espagnols.
Finck (50 francs), Vandenbossche (50 francs), Letellier (50 francs), Rosarde
(50 francs), Vanhaute (50 francs), Perrouault (50 francs), Baudouin (50 francs),
Beyer (50 francs), Chabanon (50 francs), Plantin (50 francs). Total : 500 francs.
Ainsi que les employées de la Fédération des industries chimiques. Renée
Augueux (30 francs), Raymonde Leduc (30 francs), Jeanne Viola (30 francs),
Marguerite Lamy (30 francs), Hélène Thiberville (10 francs), Suzanne Hélembrant (5 francs), Rolande Puaud (10 francs). Total : 145 francs.
Total général : 645 francs. 244 22.21 24 janvier 1938. Souscrivez ! ! ! Pour le triomphe de
la République espagnole [. . . ]. Produits chimiques. Le personnel du Syndicat : Reix Raymonde
(20 francs), Bas Colette (20 francs), Étienne Germaine (20 francs), Chanut
Jeannette (20 francs), Poupon Jean (20 francs), Lecouteux Georges (20 francs),
Dubossage Yvette (20 francs), Mathéo Berthe (20 francs), Aubry Christiane
242. Le pays veut un gouvernement qui appliquera le programme du Front populaire ,
, no 14273, 16 janvier 1938, p. 4.
243. Le pays veut un gouvernement à l'image du Front populaire , L'Humanité,
no 14274, 17 janvier 1938, p. 4.
244. L'aide à l'Espagne républicaine , L'Humanité, no 14276, 19 janvier 1938, p. 5.
L'Humanité
186
(20 francs), Baudin Huguette (20 francs), Obach Gaston (20 francs). Total :
220 francs.
Produits chimiques. Le secrétariat du syndicat : Vidal (50 francs), Poulmarc'h (50 francs), Carasso (50 francs), Guédou (50 francs), Touzet (50 francs),
Ernoult (50 francs), Gallet Fernande (50 francs), Marty (50 francs), Couegnas
(50 francs), Jacquot (50 francs), Lutinier (50 francs), Waty-Jillet (50 francs),
Leroy (50 francs), Guilbaud (50 francs). Total : 750 francs. [. . . ]. 245 22.22 25 janvier 1938. La solidarité envers l'Espagne républicaine. À l'appel de l'Union des Syndicats de la région parisienne, plus de 83 000 francs ont été recueillis depuis le 1er janvier pour les combattants antifascistes [. . . ] Deuxième liste de souscription. [. . . ].
Bureau de la Fédération des produits chimiques. Finck (50 francs), Vandenbossche (50 francs), Letellier (50 francs), Vanhaute (50 francs), Rosarde
(50 francs), Perrouault, (50 francs), Baudouin (50 francs), Beyer (50 francs),
Chabanon (50 francs), Plantin (50 francs) ;
Employés de la Fédération des Industries chimiques. J. Viola (30 francs),
R. Leduc (30 francs), M. Lamy (30 francs), H. Thiberville (10 francs), S.
Hélambrandt (5 francs), R. Puaud (10 francs), R. Augueux (30 francs), M.
et Mme Foulliol (50 francs). [...]. 246 22.23 25 janvier 1938. Nécrologie Fédération nationale des Industries Chimiques. Notre camarade R.
Letellier, secrétaire de la Fédération des Industries Chimiques, vient d'avoir
la douleur de perdre sa mère. En cette pénible circonstance, la Fédération et
le Syndicat parisien lui adressent, à lui et à sa famille, l'expression de leurs
plus sincères condoléances. Les obsèques auront lieu à Caen aujourd'hui,
mardi 25 courant. 247 22.24 2 février 1938. Pour la réglementation de l'embauchage
des travailleurs de toutes catégories La Fédération des industries chimiques demande que seules, la valeur
technique et la formation soient retenues pour le choix des cadres. Le bureau
de la Fédération nationale des Industries chimiques a fait parvenir la lettre
que nous publions ci-dessous aux présidents de groupes de la Chambre et du
245. Souscrivez ! ! ! Pour le triomphe de la République espagnole , L'Humanité,
no 14281, 24 janvier 1938, p. 5.
246. La solidarité envers l'Espagne républicaine , L'Humanité, no 14282, 25 janvier
1938, p. 5.
247. Nécrologie , L'Humanité, no 14282, 25 janvier 1938, p. 5.
22.
ANNÉE 1938
187
Sénat. Le bureau fédéral demande que soit étendue à toutes les catégories
de travailleurs, ouvriers, employés, collaborateurs et ingénieurs, la réglementation de l'embauchage et du licenciement envisagée dans le statut moderne
du travail.
Monsieur le président, au moment où va venir devant les Chambres le
Statut moderne du travail, qui doit comporter entre autres choses l'organisation paritaire de l'embauchage et du licenciement, nous croyons devoir
attirer votre attention sur le point suivant : des échos qui nous sont parvenus, ce projet exclurait de toute réglementation certaines catégories du
personnel et notamment les "collaborateurs ou représentants directs du chef
d'établissement". Une telle formule est vague et dangereuse, car elle permettrait d'exclure de toute protection légale tout le personnel collaborateur.
Or, proportionnellement aux eectifs, ce sont sans aucun doute les collaborateurs qui ont eu le plus à sourir de l'arbitraire patronal et dans nos
industries particulièrement de multiples conits ont eu pour origine le renvoi
ou le déplacement d'un collaborateur cégétiste. Le complot cagoulard contre la République est d'ailleurs venu prouver comment les grandes sociétés
industrielles sélectionnaient leurs cadres. Le comité national de coordination
de notre section fédérale des collaborateurs, qui groupe 14 000 adhérents,
dont plus de 2 000 ingénieurs et chefs de service, s'est vivement ému de cette
situation. C'est pourquoi le bureau fédéral de la Fédération nationale des
Industries chimiques se permet d'insister auprès de vous pour que la réglementation envisagée soit étendue à toutes les catégories de travailleurs, ouvriers, collaborateurs et ingénieurs, une liste spéciale étant faite pour chaque
catégorie professionnelles. Nous savons que quelques groupements s'élèveront
contre ce point de vue, mais ce ne peuvent être que des organisations de
création ou d'inspiration patronale, alors que plus de la moitié des intéressés
sont organisés au sein de notre Fédération. Nous désirons avant tout que
chaque travailleur puisse occuper un emploi conforme à ses capacités. Il est
en particulier du plus haut intérêt pour la production et l'économie nationale,
que seule la valeur technique et la formation puissent jouer dans le choix des
cadres. Espérant pouvoir compter sur votre appui, nous vous prions d'agréer,
etc.
Pour la Fédération, le conseiller technique, Beyer. 248 22.25 3 février 1938. Bibendum et ses cagoules. II. AvantAprès où les leçons de 1936 chez Michelin De notre envoyé spécial Georges Beaubois). Jusqu'en 1936, les ouvriers de Michelin subirent la volonté patronale, ils n'étaient pas encore tous
solidaires. La direction, aidée par une équipe de gens habiles à jouer sur les
rivalités qu'ils suscitaient perdement entre les travailleurs, put fabriquer à
248. Pour la réglementation de l'embauchage des travailleurs de toutes catégories ,
, no 14290, 2 février 1938, p. 5.
L'Humanité
188
des prix minima ces fameux pneus, qui assuraient des bénéces confortables.
Quels temps bénis ! Mais il fallait que ça dure ! Alors, M. Édouard, père de
la dynastie Michelin, combina des plans subtils, nettement en dehors de ces
principes humanitaires qui obscurcissent si désagréablement les prix de revient, an de s'attacher davantage une main-d'÷uvre hautement qualiée.
M. et Mme Michelin adoptèrent sans vergogne le masque des philanthropes.
Simples cagoules !
Les yeux de la Cagoule
La brigade spéciale divisa davantage les travailleurs, accordant à celui-ci
ce qu'elle refusait à un autre, creusant par la jalousie et l'injustice des fossés
profonds entre les services ; par ces procédés, elle assurait l'omnipotence de
leur patron . D'autres moyens furent mis en ÷uvre pour asservir davantage les 10 000. Par exemple, les cités-jardins. On calcula leur éloignement
de la ville pour protéger leurs habitants de la propagande révolutionnaire
ou syndicale ; mais la distance n'empêchant pas la fréquentation des réunions, Michelin étendit la surface des jardins jusqu'à 400 mètres carrés ; il
pensait que ce retour à la terre maintiendrait ses locataires-ouvriers hors
d'atteinte des théories contraires à l'esprit bon patron. Puis les cités eurent
leurs coopératives abondamment achalandées, leur foyer familial, le cinéma
avec des lms bon ton, l'école Michelin avec des instituteurs Michelin, des
cliniques Michelin avec des sages-femmes Michelin ! On est chez soi ou on
n'y est pas ! Autant de cagoules dissimulant la soif du prot ; pendant des
années des milliers de familles végétèrent ainsi, asservies et dominées par les
multiples yeux Michelin.
Clermont-Ferrand, terrain d'acclimatation !
Celui-ci t mieux encore ; il transplanta aux environs de Clermont tout
un village de Bretagne, depuis le curé jusqu'au dernier-né. Pas un de ces
malheureux ne parlait français et encore moins le patois d'Auvergne. Tous
ces pauvres gens avaient été trompés sur les ouvriers de la ville et excités
contre eux. Il en résulta des heurts pénibles. L'expérience ne réussit point,
mais admirons le souci de réconciliation qui animait le bon patron dans cette
aaire.
Aujourd'hui
Comme hier, l'usine tourne à plein, les cités sont toujours aussi monotones, les ouvriers achètent aux coopés, vont au cinéma familial, s'instruisent
au foyer et fréquentent les stades. Mais ! Mais ils ont tiré un grand enseignement de la réussite Michelin ; c'est par l'organisation que celui-ci était parvenu à les asservir et à les exploiter honteusement, en dissimulant ses desseins
inhumains sous divers visages. Et c'est par l'organisation qu'ils se sont libérés
de la servitude du trust avec lequel ils discutent maintenant d'égal à égal. Les
nouveaux salaires leur permettent maintenant de se vêtir mieux, d'assister
22.
ANNÉE 1938
189
aux spectacles interdits jadis par les paies anémiques. Leurs compagnes s'intéressent aux modes nouvelles, peuvent embellir leur maison de ces simples
choses qui sont le ravissement des bonnes ménagères : rideaux neufs, linge
plus solide, chaussures moins grossières, vaisselle ne, chère meilleure, etc...
Enn ! L'homme se sent moins lourd et elle, la maman, ne pleure plus, comme
autrefois, en coupant les tranches de pain à ses petits. Ils sont 8 700 qui ont
la carte de la CGT en poche et qui s'en servent. Cela malgré les combinaisons
louches et les provocations du syndicat professionnel dont les eurons sont :
Locuty, Méténier, Vogel, Vauclard, etc..., cagoulards-délégués de MichelinLaval. Leurs exploits de bandits devaient ouvrir les yeux de beaucoup de
Clermontois qui croyaient que les cagoules ne servaient qu'à des farceurs.
Aussi, quel réveil ! (à suivre). 249 22.26 5 février 1938. Une délégation des travailleurs des
industries chimiques de Marseille au ministère du Travail Les entreprises de fabrication de produits chimiques, des Bouches-duRhône : Alais-Froges et Camargue et Solvay ont signié leur intention de
classer leur personnel dans la catégorie agricole, bien que ces établissements
avaient nettement classé leurs ouvriers dans la catégorie industrielle. Ces travailleurs perdraient de ce fait tous leurs droits actuels aux quarante heures,
conventions collectives et leurs salaires en seraient diminués. Une délégation,
composée des secrétaires de la Fédération nationale des industries chimiques :
les camarades Perrouault et Vanhaute, du secrétaire régional Razzoli se rendra ce matin à dix heures au ministère du Travail où elle sera reçue par M.
Ramadier. Elle exposera la situation créée par cette prétention patronale et
exprimera les protestations des travailleurs. 250 22.27 20 février 1938. L'activité du syndicat des industries
chimiques de la région parisienne Une grande activité règne au siège de la place de la République. La
Maison du syndicat des travailleurs des industries chimiques est vaste. De
multiples services y sont aménagés, recevant de nombreux adhérents. Un va
et vient continuel démontre l'activité des secrétaires des diverses branches
industrielles, dont le souci est de satisfaire les revendications des travailleurs,
qui leur ont accordé leur conance. Ce jeune syndicat qui, avant juin 1936,
comptait 900 adhérents, comprend maintenant plus de 40 000 travailleurs
répartis en de nombreuses branches industrielles. Ces sections sont sous la
249. Georges Beaubois, Bibendum et ses cagoules. II. Avant-Après où les leçons de 1936
chez Michelin , L'Humanité, no 14291, 3 février 1938, p. 5.
250. Une délégation des travailleurs des industries chimiques de Marseille au ministère
du Travail , L'Humanité, no 14293, 5 février 1938, p. 5.
190
responsabilité de nos dévoués camarades Guédou, Vidal, Carasso, Marty,
Touzet et Fernand Gallet. Nos camarades Jean Poulmarc'h et André Ernoult
assurent assurent respectivement le secrétariat général et la trésorerie du syndicat.
Les réalisations syndicales
Quelles ont été les réalisations de votre syndicat en 1937 ? demandonsnous à Poulmarc'h. Au cours de l'année 1937, le syndicat a montré une
activité intense dans la défense des revendications ouvrières. On se rappelle
les grèves revendicatives de la SIT, des établissements Gillekens, Noirot,
Schneider et, tout dernièrement, le magnique mouvement de solidarité en
faveur d'un ouvrier licencié aux usines Goodrich de Colombes. Vingt-six
conventions collectives ont été signées et les rajustements de salaires obtenus
sont de l'ordre de 27 à 28 %. Rappelons que certaines basses catégories ont
maintenant un salaire minimum vital ; une ouvrière qui gagnait 2 francs 75
en 1936, obtient une rémunération horaire de 6 francs 60 à 7 francs 50 ; le
salaire d'un ouvrier qui était de neuf francs, est passé à huit et dix francs
de l'heure. Nous avons obtenu également de meilleures conditions de travail
pour nos camarades exposés continuellement aux produits nocifs.
Les ÷uvres sociales
En eet, le syndicat a défendu avec force les intérêts des ouvriers, qu'a-til réalisé concernant la question des ÷uvres sociales ? Nous avons beaucoup
développé nos bases multiples : à chacun de nos jeunes camarades qui fait son
service militaire, le syndicat envoie chaque mois la somme de vingt francs.
10 836 francs ont été alloués pendant le mois de janvier 1938. Les femmes
syndiquées devenues mères obtiennent une subvention de cent francs. Nous
venons également en aide aux familles frappées de deuil. Le syndicat s'est
eorcé de faire ÷uvre de solidarité, des centaines de milliers de francs ont
été versés aux ouvriers en lutte pour la défense du pain et aux travailleurs en
chômage. Le service juridique, sous la direction de notre camarade Lutinier,
a permis à des centaines d'ouvriers de récupérer des dizaines de milliers
de francs, que le patronat retenait indûment en violation des conventions
collectives et des décisions arbitrales. Nous avons également constitué une
mutuelle. Celle-ci fonctionne depuis le 1er octobre. Les membres participants
ont droit, moyennant une cotisation mensuelle de cinq francs et après six
mois d'adhésion, à une indemnité de huit francs par jour pendant les deux
premiers mois et cinq francs par jours pendant les deux mois suivants. Tous
les syndiqués ne peuvent qu'être satisfaits des résultats obtenus par leur organisation qui a tout fait pour soulager les détresses et répondre au mieux
à leurs aspirations. Nous posons une dernière question à l'actif secrétaire
général : quelle a été l'activité de la commission des loisirs ? De nombreuses
fêtes ont été organisées et nous comptons bien développer notre programme
des loisirs pendant cette année. Notre plus beau succès fut la sortie champêtre
22.
ANNÉE 1938
191
en juin dernier, à la Villette-aux-Aulnes. Plus de 4 000 de nos camarades ont
assisté à cette fête, qui nous a permis de réaliser un bénéce de 14 000 francs,
versé aux ÷uvres sociales du syndicat. Nous préparons pour cet été quelques
sorties collectives où nos camarades bénécieront de prix très réduits et qui,
j'espère, obtiendront un succès mérité. Poulmarc'h, en terminant, nous rappelle qu'une assemblée plénière se tiendra lundi 21 février, à 20h45, à la
Maison des Syndicats, 33 rue de la Grange-aux-Belles. Au cours de cette
réunion, le secrétariat envisagera les moyens de développer le rayonnement
du syndicat et de réaliser mieux les multiples tâches qui restent à résoudre.
Dans ce but, une proposition d'augmentation des timbres syndicaux, qui a
été ratiée à la commission exécutive, sera soumise aux délégués. Nul doute
que l'ensemble des militants approuvera cette mesure nécessaire devant les
nombreuses dicultés nancières résultant d'une part, de l'élévation du coût
de la vie et, d'autre part, des multiples réalisations sociales. À ce sujet, le camarade Ernoult nous indique la décision du syndicat d'acquérir une propriété
dans la banlieue parisienne. "Cette propriété, nous dit-il, sera transformée
en parc de repos et de culture où nos camarades pourront passer agréablement leurs deux jours de repos hebdomadaire". Après avoir remercié nos
camarades, nous formulons, en les quittant, notre espoir de voir se réaliser,
avec l'aide des travailleurs des industries chimiques, les tâches qu'ils se sont
imposées.
L. Coone. 251 22.28 9 mars 1938. La Fédération des industries chimiques
organise la solidarité active en faveur des grévistes de
Marseille Les travailleurs des industries chimiques de Marseille et du département des Bouches-du-Rhône viennent de se mettre en grève pour la défense
de leurs avantages acquis et, en particulier, pour l'échelle mobile des salaires
qui leur était appliquée jusqu'en septembre 1937, date à laquelle les patrons refusèrent de continuer l'application. La grève englobe l'ensemble des
industries chimiques, à l'exception des dépôts de pétrole et des huileries et
savonneries qui continuent à être régis par l'échelle mobile. Dans cette région,
le patronat de diverses industries a mené et continue de mener une grande
oensive contre l'échelle mobile qui était, en général, et de tout temps, appliquée dans le département. Le patronat des industries chimiques a donc
suivi dèlement les autres industries et les ordres de la Confédération du
patronat français. Devant le refus des patrons de continuer à rajuster les
salaires suivant l'augmentation du coût de la vie et, forts de leurs droits,
les syndicats ouvriers ont demandé l'arbitrage. Après la longue procédure
251. L'activité du syndicat des industries chimiques de la région parisienne , L'Hu, no 14308, 20 février 1938, p. 5. Un portrait de Jean Poulmarc'h accompagne
l'article.
manité
192
traditionnelle, M. Henry de Segogne, conseiller référendaire à la Cour des
comptes et attaché à la présidence du Conseil, a surarbitré le diérend et, ce
qui n'est pas pour nous surprendre, a annulé le principe de l'échelle mobile
appliquée jusqu'ici. Dans ses considérants, M. Henry de Segogne est contraint
de reconnaître que les bilans de certaines sociétés se sont soldés par des bénéces considérables pour l'exercice 1936 mais que, pour 1937, aucun chire
n'avait pu être fourni. Évidemment, chacun sait que les bilans pour 1937 ne
sont pas encore établis et, qu'en général, ils ne sont faits que vers mai-juin.
M. Henry de Segogne trouve que ces bénéces considérables sont établis en
francs dépréciés ! ! ! Mais, est-ce que les ouvriers ne touchent pas, eux aussi,
des francs dépréciés et des rajustements dépréciés ? Enn, M. de Segogne
indique "que l'on doit interpréter les rajustements des salaires, acceptés ou
consentis spontanément les 1er juin et 1er septembre 1937 non comme une
reconnaissance de fait de l'échelle mobile, mais comme un témoignage de la
volonté patronale (sic) de respecter l'esprit de la sentence Vanor-Ginovesi
en majorant les salaires dans la mesure où le permettraient les uctuations
économiques régionales et la situation des industries similaires." Ce considérant est superbe. Voici des patrons qui appliquaient l'échelle mobile tout
en ne la reconnaissant pas ! ! ! Et cela, pour respecter l'esprit de la sentence
Vanor-Ginovesi ! Si les patrons avaient continué à appliquer la sentence dans
son esprit, comme le dit si bien M. Henry de Ségogne, aujourd'hui il n'y
aurait pas grève. La sentence surarbitrale de M. de Segogne, enlevant aux
travailleurs des industries chimiques de Marseille le bénéce de l'échelle mobile a créé une grande vague de colère. Ces travailleurs luttent avec juste
raison pour conserver un avantage acquis. Déjà, nous sentons parfaitement
bien que, parmi le côté patronal, il y a deux positions. L'une, celle des patrons de la région marseillaise qui, honnêtement, savent que les ouvriers ont
raison ; mais il y a l'autre, celle des grands trusts, les Saint-Gobain, les Alais,
Froges et Camargue, les Kuhlmann, qui commandent en maîtres dans notre
pays. Ce sont eux qui dictent les ordres, les autres doivent obéir. Par leurs
nombreuses usines dans le pays et à l'étranger, ils espèrent battre les travailleurs de Marseille, mais ils se trompent. Devant la gravité des événements
qui lui sont signalés aujourd'hui, la Fédération va prendre des mesures en
conséquence et déjà elle invite les syndicats groupant des usines des trusts
ci-dessus cités à répondre à tout appel qui pourrait être fait par la Fédération. Elle salue les travailleurs de la région marseillaise qui luttent avec un
grand courage et une belle discipline et les assure de sa solidarité totale.
Édouard Finck, secrétaire général de la Fédération nationale des Industries chimiques. 252 252. Édouard Finck, La Fédération des industries chimiques organise la solidarité active
en faveur des grévistes de Marseille , L'Humanité, no 14325, 9 mars 1938, p. 5. Une
photographie d'Édouard Finck accompagne l'article.
22.
ANNÉE 1938
193
22.29 10 mars 1938. Les masses laborieuses exigent : maintien des avantages acquis, application du programme
du rassemblement populaire, constitution d'un véritable gouvernement de front populaire [. . . ]. Au nom des 40 000 syndiqués des industries chimiques de la région parisienne. Le bureau du syndicat des industries chimiques de la région
parisienne, parlant au nom de ses 40 000 adhérents, profondément alarmé
par le communiqué du conseil des ministres, tient à faire savoir au gouvernement qu'en aucun cas les travailleurs de nos industries n'accepteront qu'il
soit porté atteinte aux lois sociales et particulièrement aux quarante heures.
Profondément attaché au programme du Rassemblement populaire plébiscité par le peuple de France, le bureau du Syndicat des industries chimiques,
considérant que le gouvernement actuel par sa politique ne répond plus à la
volonté et aux aspirations du pays, demande la constitution d'un véritable
gouvernement de Front populaire appliquant intégralement le programme du
Front populaire. 253 22.30 10 mars 1938. Ce soir, à la Bourse du Travail, grand
meeting des travailleurs nord-africains Ce soir, jeudi 10 mars, à 20h30, à la salle Ferrer de la Bourse du Travail,
le syndicat parisien des produits chimiques organisera un grand meeting pour
les travailleurs nord-africains. Prendront la parole : Vandenbossche, de la
Fédération des industries chimiques ; Jean Poulmarc'h, secrétaire général du
syndicat parisien ; Brenot, de l'Union des syndicats ; Couegnas, du syndicat
des industries chimiques et Bouchala, Nord-Africain. 254 22.31 21 mars 1938. Union des syndicats de la région
parisienne Au mépris de toute justice, Paul Cusinberghe, ce patron qui abattit
froidement notre camarade Tahar Acherchour lors d'une grève de la Bougie
de Clichy vient d'être acquitté. Pour comble : c'est le frère de notre malheureux camarade qui est condamné aux dépens ! C'en est assez ! Devant
ce nouveau scandale, cette inqualiable iniquité, l'Union des syndicats de
la région parisienne vous appelle à venir en masse clamer votre indignation
253. Les masses laborieuses exigent : maintien des avantages acquis, application du programme du rassemblement populaire, constitution d'un véritable gouvernement de front
populaire , L'Humanité, no 14326, 10 mars 1938, p. 5. Une photographie accompagne
l'article avec pour légende : Une délégation du syndicat des produits chimiques de la
région parisienne à la Présidence du Conseil. On reconnaît les camarades Poulmarc'h et
Carasso, secrétaires du syndicat, qui conduisirent la délégation. 254. Ce soir, à la Bourse du Travail, grand meeting des travailleurs nord-africains ,
o
L'Humanité, n 14326, 10 mars 1938, p. 8.
194
contre un tel jugement de classe et manifester votre volonté de voir épurer
la magistrature au Grand Meeting demain 22 mars 1938 à 20h30, salle Ferrer, Bourse du Travail. Présidence de Henri Raynaud, secrétaire général de
l'Union.
Orateurs : Brenot, secrétaire de l'union des syndicats de la région parisienne ; Letellier, secrétaire de la Fédération des industries chimiques ; Me Pitard,
Secours populaire de France ; Carasso, secrétaire du syndicat des produits
chimiques, Sportisse, instituteur algérien. En raison de ce meeting, toutes
réunions des produits chimiques prévues sont annulées. 255 22.32 21 mars 1938. Un rajustement de salaire dans l'industrie du pétrole de la région parisienne M. Voiron, commissaire en chef de la Marine, surarbitre désigné par le
président du Conseil, vient de rendre sa sentence. Vous trouverez, ci-dessous,
un extrait de celle-ci. Nous ne pouvons dans ce communiqué analyser cette
sentence, mais nous continuons à penser, plus que jamais, que les surarbitres
semblent adopter le point de vue patronal.
C. Touzet.
Extrait de la sentence
1o Les salaires minima des ouvriers de l'industrie du pétrole dans les
départements de Seine et Seine-et-Oise. Les appointements mensuels minima
des employés, techniciens et agents de maîtrise de l'industrie du pétrole des
départements de Seine, Seine-et-Oise et Seine-et-Marne. Les indemnités xes.
Énumérés et xés par la Convention collective de travail du 1er août 1936,
étendue par l'arrêté ministériel (Travail) du 13 décembre 1937 ou par la
Convention collective de Travail du 20 janvier 1937.
a) par l'arbitrage de M. Moyne du 22 avril 1937 ;
b) par l'arbitrage de M. Belus du 9 octobre 1937 sont majorés, à compter
du 1er février 1938 de 5 % (cinq pour cent).
2o Cette majoration de 5 % ne s'applique pas aux sommes actuellement
versées en sus des salaires ou appointements visés au paragraphe 1 ci-dessus.
Ces suppléments continueront à être payés au minimum aux taux actuellement pratiqués. 256 255. Union des syndicats de la région parisienne , L'Humanité, no 14337, 21 mars
1938, p. 5.
256. Un rajustement de salaire dans l'industrie du pétrole de la région parisienne ,
o
L'Humanité, n 14337, 21 mars 1938, p. 5.
22.
ANNÉE 1938
195
22.33 22 mars 1938. Par solidarité avec les grévistes des
industries chimiques. Tous les ouvriers marseillais ont
cessé le travail hier pendant une heure. Une manifestation a eu lieu cours du Vieux-Port Marseille. 21 mars. (De notre correspondant particulier). Par solidarité avec les travailleurs des industries chimiques, les ouvriers de toutes les
professions de Marseille ont fait, aujourd'hui, un mouvement de protestation
d'une heure. On sait que le conit des produits chimiques dure depuis le 3
mars. Ce mouvement fut déclenché pour protester contre la sentence surarbitrale De Segogne qui a annulé l'échelle mobile qui était en application dans
cette industrie. Plusieurs milliers d'ouvriers sont touchés par cette grève et
aucun accord n'a pu être obtenu. La résistance patronale est avant tout due
au fait qu'une pression importante est eectuée sur le patronat régional par
les grands trusts de produits chimiques dont plusieurs ont des attaches certaines avec l'étranger, ce qui est peut-être une explication de l'insouciance
criminelle de ce patronat qui éternise un conit dans une corporation très
importante pour la défense nationale.
L'arrêt de travail
L'indignation ne cesse de grandir à Marseille et la grève générale de
protestation a été eective. Les dockers ayant pris le travail ce matin ont
cessé une heure avant la n de la journée. Les équipes suivantes ont arrêté
les opérations de chargement et de débarquement au cours de l'après-midi.
Dans les usines, le travail a été suspendu par tous les ouvriers sauf par
ceux dont la présence auprès des appareils était indispensable. Dans les magasins, le mouvement s'est eectué en n de journée, une heure avant la
sortie habituelle.
65 000 travailleurs manifestent
Le soir, à 18 heures, à l'appel de l'Union départementale et de l'Union
locale des syndicats, un rassemblement monstre a eu lieu au cours du VieuxPort. 65 000 travailleurs, ayant fait une heure de grève par solidarité à leurs
camarades des industries chimiques ont assisté à ce meeting où prirent la parole Fanucci, de l'Union locale ; Armand, secrétaire général de l'Union locale ;
Arriviello, secrétaire général adjoint de l'Union départementale. Les orateurs
ont rappelé la genèse du conit des produits chimiques et ont demandé aux
ouvriers de rester plus que jamais unis pour assurer à ce dernier la victoire la
plus complète. À l'issue du meeting, les ouvriers ont parcouru en manifestant
les principales artères de la ville. D'autre part, un important ordre du jour
a été voté par acclamations.
Une délégation est reçue au ministère du Travail
Une délégation, conduite par Charles Nédelec, secrétaire de l'Union dé-
196
partementale des syndicats des Bouches-du-Rhône et Bruno Razolli, a été
reçue hier matin à neuf heures, puis dans l'après-midi, à seize heures, au
ministère du Travail par M. Pouillot. La délégation a fait à l'attaché du
ministre du travail un exposé complet de la situation. Ce dernier a signié
son intention de formuler un recours contre la sentence de Segogne devant
la cour d'arbitrage. Au cours de l'entrevue de l'après-midi, une tentative de
conciliation a été faite entre patrons et ouvriers. Les patrons sont demeurés
intransigeants et maintiennent leur volonté d'appliquer des sanctions. Une
nouvelle entrevue aura lieu ce matin à dix heures au ministère du Travail. On
attend du gouvernement qu'il prenne une attitude énergique et qu'il demande
avec fermeté aux trusts des produits chimiques d'abandonner leur position
de sabotage social an d'une solution équitable soit trouvée au conit. 257 22.34 22 mars 1938. Importantes décisions de la commission exécutive fédérale Les délégués des usines des rmes Kuhlmann, Saint-Gobain, Alais, Froges et Camargue se sont réunis, le 19 mars 1938, avec la commission exécutive nationale de la Fédération nationale des industries chimiques. Après
avoir pris connaissance de la situation créée aux travailleurs des industries
chimiques de Marseille par la scandaleuse décision de M. De Segogne, ainsi
que les interventions des délégués venus de tous les points du territoire, ils
constatent que les travailleurs de Marseille bénéciaient depuis de longues
années de l'échelle mobile et que ce système a pu être maintenu dans toutes
les industries qui en bénéciaient. Seuls, les travailleurs des industries chimiques se sont vu contester cet avantage par leurs employeurs, dirigés par les
trusts Kuhlmann, Alais, Froges et Camargue. En acceptant de soumettre
ce conit à l'arbitrage, les travailleurs étaient persuadés qu'un surarbitre ne
pouvait que reconnaître les us et coutumes établis, mais au lieu de rendre
la sentence, le surarbitre s'est livré à une véritable provocation, dont il ne
pouvait ignorer aucune conséquence. Les délégués sont unanimes à comprendre le rôle essentiel de leur industrie dans l'économie et la défense nationale.
C'est pourquoi ils considèrent qu'une atteinte aux salaires ne saurait être
tolérée. C'est pourquoi ils considèrent qu'une atteinte aux salaires ne saurait
être tolérée. Ils considèrent également que la défense nationale ne peut en
aucun cas être assurée par une politique de concessions à l'égard des trusts
dont les liaisons avec l'Allemagne hitlérienne et avec la nance anglaise se
traduisent en Espagne par une aide sans réserve à Franco, aide qui risque
d'aboutir à l'encerclement de notre pays et à la diminution de sa capacité
de défense militaire. Les délégués se déclarent totalement solidaires des travailleurs de Marseille qui veulent simplement conserver ce qu'ils ont acquis.
257. Par solidarité avec les grévistes des industries chimiques. Tous les ouvriers marseillais ont cessé le travail hier pendant une heure. Une manifestation a eu lieu cours du
Vieux-Port , L'Humanité, no 14338, 22 mars 1938, p. 7.
22.
ANNÉE 1938
197
Ils vont organiser immédiatement la solidarité eective la plus complète sous
toutes ses formes et en accord avec leur Fédération nationale des industries
chimiques. Ils font conance à leur Fédération pour prendre toutes dispositions utiles et appellent l'opinion publique, les élus, le comité national de
Rassemblement populaire à l'union contre les trusts et leurs agents qui, à
la faveur d'une situation extérieure tragique, multiplient leurs provocations
pour aaiblir l'économie et la défense nationale. La Fédération nationale des
industries chimiques. 258 22.35 22 mars 1938. Union des syndicats de la région
parisienne Au mépris de toute justice, Paul Cusinberche, ce patron qui abattit
froidement notre camarade Tahar Acherchour lors d'une grève de la Bougie
de Clichy vient d'être acquitté. Pour comble : c'est le frère de notre malheureux camarade qui est condamné aux dépens ! C'en est assez ! Devant
ce nouveau scandale, cette inqualiable iniquité, l'Union des syndicats de
la région parisienne vous appelle à venir en masse clamer votre indignation
contre un tel jugement de classe et manifester votre volonté de voir épurer
la magistrature au Grand Meeting ce soir à 20h30, salle Ferrer, Bourse du
Travail. Présidence de Henri Raynaud, secrétaire général de l'Union.
Orateurs : Brenot, secrétaire de l'union des syndicats de la région parisienne ; Letellier, secrétaire de la Fédération des industries chimiques ; Me Pitard,
Secours populaire de France ; Carasso, secrétaire du syndicat des produits
chimiques, Sportisse, instituteur algérien. En raison de ce meeting, toutes
réunions des produits chimiques prévues sont annulées. 259 22.36 23 mars 1938. Édouard Finck, La CGT se défend
seule De nombreux camarades m'ont fait part de l'étonnement provoqué dans
leur organisation syndicale par le récent discours que le camarade Lebas,
ministre socialiste des PTT a prononcé à Douai, et dont le Petit Parisien a
rendu compte sans s'attirer aucun démenti. Comment ne pas partager leurs
appréhensions devant une telle attaque contre l'indépendance du mouvement
syndical ? Et comme l'on comprend bien que certaine presse bourgeoise, toujours à l'aût de ce qui peut diviser les travailleurs, ait reproduit les passages
essentiels de cette étrange intervention. Le camarade Lebas a, notamment
déclaré : "les Amicales socialistes ne sont pas un danger pour le syndicat,
mais une organisation protectrice de l'organisation syndicale". Qu'est-ce que
258. Importantes décisions de la commission exécutive fédérale , L'Humanité,
no 14338, 22 mars 1938, p. 7.
259. Union des syndicats de la région parisienne , L'Humanité, no 14338, 22 mars
1938, p. 7.
198
cela veut dire ? Contre qui, contre quoi veut-on protéger nos organisations ?
Par des mesures prises par qui, où et comment, organise-t-on cette prétendue
protection ? Il y a là une ingérence inadmissible dans la vie de nos syndicats et
dans le libre jeu de la démocratie syndicale. Nos syndicats, nos Fédérations,
notre CGT avec ses cinq millions d'adhérents n'ont besoin de la protection de personne : ils sont majeurs. Quelques expériences heureusement très
rares nous ont, hélas !, prouvé ce que pouvait signier les propos du camarade
Lebas ; de ci, de là, quelques organisations syndicales ont subi des dicultés
intérieures dues à des tentatives, non déguisées, de "protection". Et, comme
toujours en pareil cas, des éléments troubles anticégétistes en premier chef,
ne manquaient pas de se glisser parmi les protecteurs. Ainsi, tout récemment,
nous avons pu voir dans un siège social, deux candidats cégétistes s'opposer
dans une élection de délégués, l'amicaliste l'emporte sur le candidat du syndicat, avec l'appui des voix professionnelles ! Je ne prétends pas généraliser des
exemples et ne veux m'immiscer en rien dans la vie intérieure d'un parti politique, mais est-ce trop demander à ce même parti que ses militants responsables respectent l'indépendance de nos organisations syndicales ? D'ailleurs,
le camarade Lebas ne pense-t-il pas qu'il pourrait plus utilement laisser les
syndiqués organiser eux-mêmes, et comme ils le désirent, leurs syndicats,
et réserver sa toute puissante protection ministérielle aux travailleurs euxmêmes ? Que la reconnaissance des travailleurs eût été grande, si M. Lebas,
ministre du Travail avait, en épurant les cadres de son ministère et en réorganisant l'inspection du Travail, protégé les travailleurs contre l'arbitraire !
Que la joie des travailleurs des PTT serait grande si demain la presse des
trusts, au lieu de s'intéresser à M. Lebas ministre "protecteur" devait
annoncer que le camarade Lebas ministre des PTT a introduit dans ses
services les quarante heures si longtemps attendues. Il semble, hélas !, que
ces préoccupations soient d'ordre secondaire. L'activité du camarade Lebas
semble viser à organiser, dans nos syndicats la lutte des ouvriers socialistes
contre les ouvriers communistes. Peut-être Lebas ignore-t-il qu'il existe, à
côté de ceux-là, des millions de travailleurs sans parti qui, fraternellement
unis à leurs camarades socialistes et communistes, ne veulent tolérer aucune
immixtion dans leurs organisations. Nous ne connaissons pas d'ennemi dans
la CGT. Nous n'avons aucune protection de l'extérieur à instituer. La protection naturelle de notre CGT est son unité. Mais, devant les multiples
attaques dont notre CGT est l'objet, le camarade Lebas ne pourrait-il user
de son inuence au sein du conseil des ministres pour aider à la réaliser du
programme du Rassemblement populaire et, prêchant l'exemple, introduire
les quarante heures dans les PTT ? Édouard Finck. 260 260. Édouard Finck, La CGT se défend seule ,
p. 5.
, no 14339, 23 mars 1938,
L'Humanité
22.
ANNÉE 1938
199
22.37 25 mars 1938. Manifestation dans les usines chimiques de la région lilloise Les ouvriers des usines de produits chimiques Saint-Gobain et Kuhlmann
de la région lilloise sont restés hier de midi à treize heures à l'intérieur des
ateliers pour manifester en faveur de l'échelle mobile des salaires. Il n'y a
eu aucun incident et le travail a repris normalement à treize heures dans
les quatre usines de Wasquehal, La Madeleine, Loos et Watrelos. Le soir,
les ouvriers ont tenu un important meeting à la Bourse du Travail de Lille
pour leurs revendications. Une manifestation analogue a eu lieu à l'usine de
Saint-Pol-sur-Mer. 261 22.38 25 mars 1938. Les délégués et membres des bureaux
syndicaux des industries chimiques se réunissent aujourd'hui Pour examiner la situation résultant de la grève des industries chimiques de Marseille ; pour donner des indications sur les conventions collectives et les rajustements de salaires ; pour la préparation des congrès de la
Fédération des industries chimiques et de l'union des syndicats de la région
parisienne ; pour la solidarité au vaillant peuple espagnol et l'ouverture de
la frontière des Pyrénées, les camarades délégués et membres de bureaux de
sections syndicales des produits chimiques sont invités à la grande assemblée
extraordinaire d'information qui aura lieu aujourd'hui vendredi, à 20h30 très
précises, salle de la Métallurgie, 94, rue d'Angoulême, Paris, à dix minutes
de la place de la République. L'importance d'une telle assemblée, la présence
assurée du camarade Finck, doivent inciter tous les militants à être présents
à l'heure xée. 262 22.39 29 mars 1938. Le conit des industries chimiques de
Marseille se prolonge La lutte des ouvriers des industries chimiques de Marseille pour le
maintien des avantages acquis se poursuit depuis le 3 mars. À la suite d'un
accord avec le préfet des Bouches-du-Rhône, l'évacuation des lieux de travail
s'est eectuées. Dans quelques usines, des ouvriers, désignés par l'inspection
du travail, entretiennent les appareils. Quarante-et-une usines sont actuellement touchées par ce conit, touchant près de sept mille ouvriers de l'industrie chimique. L'ensemble des travailleurs de cette corporation suit avec
attention son évolution. De tous les coins du pays, des résolutions auent
à la Fédération nationale, témoignant la solidarité entre les travailleurs des
261. Manifestation dans les usines chimiques de la région lilloise , L'Humanité,
no 14341, 25 mars 1938, p. 5.
262. Les délégués et membres des bureaux syndicaux des industries chimiques se réunissent aujourd'hui , L'Humanité, no 14341, 25 mars 1938, p. 5.
200
diverses régions des grands trusts : Saint-Gobain, Kuhlmann, Alais, Froges
et Camargue, Cotelle et Foucher, etc.
La solidarité
Des manifestations de solidarité ont été organisées dans la région marseillaise. Le 18 mars, trente mille manifestants exprimaient leur désapprobation à l'égard des man÷uvres patronales, prolongeant le conit, sabotant
l'économie nationale. À la suite de ce meeting, une résolution fut votée, demandant aux travailleurs une grève de solidarité d'une heure. Celle-ci eut
lieu le 21 mars. Elle fut suivie unanimement par le prolétariat marseillais.
Les entrevues de conciliation
Hier une délégation ouvrière de Marseille, conduite par Édouard Finck,
secrétaire général de la Fédération ; Carasso, secrétaire du syndicat parisien
et Bruno Razzoli, secrétaire du syndicat marseillais, a été reçue par M. Pouillot. L'entrevue, à laquelle assistait M. Dumast, secrétaire de l'union patronale
des industries chimiques, a porté sur les modalités de reprise du travail, suivant les propositions formulées par M. Pouillot. Le représentant patronal a
fait toute réserve sur leur acceptation par les employeurs. De son côté, la
délégation ouvrière a déclaré vouloir soumettre ces propositions aux ouvriers
en grève. En sortant du ministère du Travail, notre camarade Finck nous a
déclaré : "Au cours de l'entrevue, nous n'avons pas caché la grande eervescence qui règne actuellement dans les usines de fabrication de produits
chimiques et en particulier dans les entreprises de la région du Nord, au sujet
du conit de Marseille". 263 22.40 31 mars 1938. L'aide à l'Espagne de la Fédération
des Industries Chimiques Voici le texte d'une dépêche envoyée par la Fédération des Industries
Chimiques à la Federacion espagnola de productos chimicos , calle Largo
Caballero, Valencia (Espagne).
Sommes accord complet avec votre appel. Sommes convaincus que votre
défaite serait la nôtre. Redoublons d'eorts pour imposer aux pouvoirs publics
le respect du droit de commerce. Provoquons réunion internationale à Paris
pour aider eectivement. Imposerons silence aux traîtres. No pasaran Fédération des Industries Chimiques. 264 263. Le conit des industries chimiques de Marseille se prolonge ,
no 14345, 29 mars 1938, p. 5.
264. L'aide à l'Espagne de la Fédération des Industries Chimiques ,
no 14347, 31 mars 1938, p. 2.
,
L'Humanité
,
L'Humanité
22.
ANNÉE 1938
201
22.41 31 mars 1938. La grève des produits chimiques continue sans changement Hier soir, une délégation de l'union départementale des syndicats a été à
nouveau reçue à la préfecture des Bouches-du-Rhône qui a décidé d'intervenir
auprès du ministre du Travail à Paris en soulignant que l'eervescence règne
dans le mouvement ouvrier marseillais et de la région provençale, devant le
fait qui est maintenant éclatant pour tout le monde que la grève des produits
chimiques ne dure que parce que tel est le bon plaisir des grands trusts de
cette industrie. D'autre part, hier ont eu lieu à Paris des pourparlers qui
continuent, entre la Fédération des produits chimiques et le ministère du
Travail. Le moral des grévistes continue à être très bon. L'on est vraiment
étonné que les pouvoirs publics, les ministres du travail et de la défense
nationale en particulier, n'aient pas, jusqu'ici, exercé une pression susante,
contre les magnats qui sabotent la défense nationale et font durer un conit
sous prétexte de sanctionner quelques ouvriers. 265 22.42 31 mars 1938. Une délégation de l'union des syndicats de la région parisienne a présenté hier à la présidence du conseil les revendications des travailleurs
nord-africains Une délégation de l'union des syndicats ouvriers de la région parisienne,
accompagnée d'un représentant de la Fédération des produits chimiques et
conduite par le camarade Brenot, secrétaire de l'union des syndicats ouvriers de la région parisienne, a été reçue hier matin, à la présidence du
Conseil, par M. Haulpetit-Faurichon, secrétaire particulier du président du
Conseil, assisté de M. Julien, secrétaire général du Haut comité méditerranéen. [. . . ]. 266 22.43 4 avril 1938. Les trusts chimiques prolongent le conit des Bouches-du-Rhône Depuis le 3 mars, 7 000 ouvriers sont en grève dans Marseille et les
Bouches-du-Rhône. Explosifs, produits chimiques, alumine, bauxite, voici
les produits si indispensable à la défense nationale dans la période grave
que nous traversons et où le danger d'agression se précise chaque jour. Ce
sont là les matières premières qui depuis plus d'un mois manquent par la
volonté des Alais-Froges et Camargue, Kuhlmann, Saint-Gobain dont la for265. La grève des produits chimiques continue sans changement , L'Humanité,
no 14347, 31 mars 1938, p. 5.
266. Une délégation de l'union des syndicats de la région parisienne a présenté hier à
la présidence du conseil les revendications des travailleurs nord-africains , L'Humanité,
no 14347, 31 mars 1938, p. 5.
202
tune s'édie surtout pendant la guerre. Sabotage, trahison, voilà les termes
qui conviennent pour qualier une telle attitude.
Le motif initial du conit est provisoirement réglé : la scandaleuse sentence de M. de Segogne sera examinée au conseil supérieur d'arbitrage par
décision du ministre du Travail qui a introduit un recours contre cette sentence. Les ouvriers, dans ces conditions, sont d'accord pour reprendre le
travail car ils ont conscience de la gravité de la situation. Mais les trusts
veillent. Ils font durer la grève en réclamant des sanctions. Ils exigeaient 250
renvois, puis 150, puis 38 et enn ils en réclament 24, en alléguant que délits de droits commun auraient été commis par des grévistes : vols, insultes,
coups et sabotage. Eh bien ! La Fédération des Industries chimiques entend
faire la preuve éclatante de la mauvaise foi patronale. Elle demande la constitution d'une commission paritaire d'enquête an d'une part d'innocenter
publiquement les "inculpés" dont on n'ose même pas donner les noms et
d'autre part déjouer la man÷uvre des gros patrons. Toutefois, les ouvriers
en lutte tiennent bon, aidés par toute la population laborieuse de Marseille.
Il faut rendre hommage au Syndicat des Dockers de Marseille qui, avec ses
3 500 membres, chômeurs partiels, a déjà versé 22 000 francs aux grévistes.
Partout, à Marseille, à Port-Saint-Louis-du-Rhône, à Saint-Martin-de-Crau,
à Salin-de-Giraud, j'ai rencontré une discipline, une combativité admirables.
Mais partout les grévistes disent que le gouvernement devrait empêcher les
trusts de continuer leurs mauvais coups. Des commerçants vont être acculés
à la faillite si le conit dure. La population de Marseille et des Bouches-duRhône en a assez. Petits et moyens patrons en ont assez aussi, car c'est eux
qui font les frais de l'opération. La colère gronde dans les usines de toute la
région où la grève d'une heure du 22 mars fut admirable d'unanimité. Oui,
le gouvernement a la parole ! Il doit agir sans tarder et empêcher ce sabotage
conscient dont la prolongation ne peut plus être tolérée, car de tout le pays
la preuve du mécontentement s'exprime par des ordres du jour et même des
arrêts de travail, comme à Lille. Monsieur le président du Conseil, agissez !
Jean Carasso, délégué fédéral. 267 22.44 5 avril 1938. L'opinion autorisée d'un militant syndicaliste Nous recevons de la Fédération nationale des industries chimiques la
lettre suivante : "À la parution de notre journal du mois d'avril, nous ne
manquerons pas de présenter aux membres de notre Fédération l'album Les
Trusts contre la France. Nous considérons en eet que cette brochure est du
267. Jean Carasso, Les trusts chimiques prolongent le conit des Bouches-du-Rhône ,
, no 14351, 4 avril 1938, p. 5. Une photographie accompagne l'article avec pour
légende : Le comité central de grève devant le siège du syndicat des produits chimiques
de Marseille. On reconnaît dans le groupe, le camarade Nedelec, secrétaire général de
l'Union départementale des syndicats des Bouches-du-Rhône. L'Humanité
22.
ANNÉE 1938
203
plus haut intérêt pour tous les militants syndicaux, qu'elle leur apporte des
arguments vraiment précis et qu'elle peut les documenter d'une façon très
large.
Pour la Fédération : un secrétaire : Rosarde".
Tous les militants tiendront à se procurer cet ouvrage dont chaque page
enrichira considérablement leurs connaissances et les aidera dans leur lutte
pour sauvegarder les intérêts des travailleurs. 268 22.45 5 avril 1938. Malgré les man÷uvres et les provocations Depuis 32 jours, les travailleurs des industries chimiques de Marseille
poursuivent leur mouvement. Marseille. 4 avril. (De notre correspondant
particulier).
Ce matin, au 32e jour de conit, les grévistes des produits chimiques ont
organisé une série de meetings dans les principaux quartiers et faubourgs
ouvriers de Marseille. Malgré la durée du mouvement, malgré les man÷uvres patronales et les provocations, les ouvriers gardent leur sang-froid et
renouvellent leur conance aux dirigeants syndicaux. Les patrons qui déclarent vouloir ouvrir leurs usines ont refusé d'accepter le protocole d'accord
et voudraient imposer leur volonté. Ils tentent maintenant leurs dernières
man÷uvres : tracts, lettres portées à domicile, etc. Les orateurs Cadier,
Bruneau, Exbroyat dénoncèrent leurs agissements et engagèrent les ouvriers
à la résistance. La conance dans les syndicats est le gros atout des ouvriers.
Le soir, Bruneau, secrétaire général du syndicat, est parti pour Paris, au
ministère du Travail. Il tâchera d'obtenir une solution immédiate du conit
qui s'éternise. Les ouvriers des produits chimiques de Marseille et de la région qui, pour ne pas gêner l'action du gouvernement de Front populaire,
n'ont pas voulu étendre le conit, demandent au gouvernement de les aider.
Décidés à déjouer les man÷uvres patronales, ils font entière conance à leurs
dirigeants et lutteront jusqu'à complète satisfaction. 269 22.46 9 avril 1938. Nous fournirons des armes à l'Espagne
demain ou demain nous nous battrons nous-mêmes
s'écrie Bothereau, secrétaire de la CGT au Congrès
de l'Union des Syndicats parisiens Carasso apporte l'accord du syndicat des produits chimiques sur les
rapports présentés par le bureau de l'Union. Il regrette que les organisations ouvrières n'ont pas toujours donné auprès des pouvoirs publics toute
268. L'opinion autorisée d'un militant syndicaliste , L'Humanité, no 14352, 5 avril
1938, p. 2.
269. Malgré les man÷uvres et les provocations , L'Humanité, no 14352, 5 avril 1938,
p. 5.
204
la sympathie qu'elles étaient en droit d'en espérer. 270 22.47 13 avril 1938. Des camions, des pelles et des pioches
pour l'Espagne républicaine. Hier, 50 000 francs ont
été recueillis [...]. La Fédération des produits chimiques s'est inscrite pour 200 paires
de chaussures pour les combattants. [. . . ]. 271 22.48 15 avril 1938. Le congrès des industries chimiques
s'est ouvert hier à Paris Le quatorzième congrès de la Fédération nationale des Industries chimiques s'est ouvert hier matin dans la Salle des Fêtes d'Issy-les-Moulineaux.
La grande salle de l'Unité était agréablement décorée à cette occasion. Des
mots d'ordre revendicatifs s'étalaient sur le pourtour, réclamant l'unité syndicale internationale, la levée du blocus qui assassine nos frères d'Espagne,
l'établissement de conventions collectives nationales. De nombreux délégués
étrangers assistaient aux travaux du Congrès. Ce sont les représentants des
ouvriers de Hollande, du Danemark, de la Suède, de la Norvège, de la Tchécoslovaquie, de la Belgique et un délégué de l'Internationale des ouvriers
d'usines et le camarade Schevenels. Poulmarc'h préside et, après quelques
paroles de bienvenue aux délégués, il donne la parole à Finck, secrétaire
général, pour le rapport d'activité.
Le rapport d'activité
L'orateur rappelle d'abord le chemin parcouru depuis le dernier Congrès,
tenu dans une petite salle de la Bourse du travail. La Fédération groupe
maintenant près de 400 syndicats et 180 000 adhérents. Il décrit la situation
intérieure et extérieure. Sur le plan intérieur, le secrétaire général s'étonne
que la garde mobile soit si rapidement dirigée contre les ouvriers, comme
ce fait s'est produit dans les conits Goodrich et de Marseille, alors que les
cagoulards de chez Michelin bénécient d'une singulière indulgence. Devant
ces faits et le développement du fascisme, la Fédération a proposé une réunion des centrales étrangères pour envisager la résistance ouvrière, et en particulier le soutien eectif de nos camarades espagnols. Le secrétaire général
expose les conditions misérables de travail et l'exploitation épouvantable des
travailleurs des industries chimiques. Puis, il décrit l'action de la Fédération
pour la défense des intérêts ouvriers et les dicultés auxquelles elle a eu à
270. Nous fournirons des armes à l'Espagne demain ou demain nous nous battrons
nous-mêmes s'écrie Bothereau, secrétaire de la CGT au Congrès de l'Union des Syndicats
parisiens , L'Humanité, no 14356, 9 avril 1938, p. 5.
271. Des camions, des pelles et des pioches pour l'Espagne républicaine. Hier, 50 000
francs ont été recueillis , L'Humanité, no 14360, 13 avril 1938, p. 2.
22.
ANNÉE 1938
205
faire face. Depuis deux ans, nous avons obtenu de sérieux avantages, mais
le patronat exerce une attaque continuelle contre eux. Il n'applique pas les
sentences rendues ; et nous regrettons que les pouvoirs publics ne fassent rien
pour imposer la loi. Il fait ensuite l'historique des mouvements revendicatifs de chez Goodrich et de la région marseillaise, où les ouvriers ont lutté
pendant un mois pour le maintien de l'échelle mobile qui était en application depuis 1936. Il signale l'action des gros trusts, empêchant la signature
d'accords particuliers avec les petites et moyennes entreprises. La tâche la
plus importante de la Fédération, après le Congrès, sera le renouvellement
des conventions collectives. À ce sujet, Finck développe le statut moderne
du travail, et conclut en mettant en garde les délégués contre les man÷uvres
habiles des avocats patronaux, établissant des textes confus permettant de
déjouer la loi. Il présente les publications syndicales et ne particulier la nouvelle publication fédérale, La Revue des Industries Chimiques, dans laquelle
les militants trouveront les documents nécessaires pour la bonne marche de
l'organisation. Il termine son magnique rapport en faisant un appel à l'union pour la réalisation de l'unité syndicale internationale.
La discussion
De nombreux délégués se succèdent à la tribune, apportant leur point de
vue sur l'activité de la Fédération.
Anthore (Pauliac), après avoir pris acte de l'action fédérale, souligne la
nécessité de l'indépendance syndicale.
Gray (Pétrole de Grenoble) parle de l'action des ouvriers pour épauler
l'action parlementaire.
Giraud (Marignac) décrit la situation précaire des ouvriers de sa région.
Champetier (Salins des Bouches-du-Rhône) et Fontaine (Orelle) demandent qu'une liaison plus étroite soit établie entre les organisations syndicales
d'une même région.
Vanesse (Cambrai) intervient pour demander une aide ecace aux républicains espagnols. Il réclame également l'aide de la CGT pour l'installation
de Bourses du Travail dans les localités.
Guédou (région parisienne) est pleinement d'accord avec le rapport d'activité. Il rappelle les dicultés énormes soulevées par la diversité des industries pour l'application des lois sociales et estime que la Fédération a fait le
maximum pour le maintien des droits ouvriers.
Poulmarc'h donne lecture d'une résolution ayant trait à la défense nationale. Cette résolution stipule que les ouvriers feront tout pour activer les
productions pour la défense nationale, mais ils demandent par ailleurs le respect des lois sociales et le renouvellement des conventions collectives. Cette
résolution est adoptée à l'unanimité.
Une adresse de solidarité aux métallurgistes en lutte est également votée
à l'unanimité.
206
La séance de l'après-midi
Elle reprend à quinze heures sous la présidence de Berckmoës, de la région Nord, assisté de Levaltier, de Clermont-Ferrand, Husson de Domballe,
Pigelet et Fernande Gallet de la région parisienne. La discussion du rapport
d'activité se poursuit.
Le rapport sur l'activité fédérale dans les colonies
Letellier, secrétaire fédéral, présente le rapport sur les travailleurs coloniaux. Les trusts mènent là-bas une sauvage oensive contre les travailleurs.
Dans certaines régions, ils ne bénécient pas encore des lois sociales. Les
salaires sont misérables en Oranie, les travailleurs sont payés huit à onze
francs par journée de douze heures. Le secrétaire fédéral, devant cette situation, demande l'abrogation du code de l'indigénat. Il dénonce les menées du
fascisme en Afrique du Nord, où un recrutement a été fait pour les armées de
Franco. Il parle ensuite des incidents survenus en Tunisie : Nous ne sommes
pas d'accord avec ces manifestations qui coûtent de lourds sacrices aux ouvriers, mais si les promesses faites au peuple tunisiens avaient été appliquées,
il n'y aurait pas eu à regretter les onze morts de Tunis. Letellier demande,
en terminant, aux travailleurs de seconder la Fédération dans l'organisation
des nombreux meetings en faveur des revendications des Nord-Africains.
Fabre (Algérie), puis Vidal (Région parisienne) interviennent sur le rapport qui vient d'être exposé et réclament avec force l'application du programme du Front populaire.
Delahaigue (Reims) votera le rapport moral.
Marchadier (Clermont-Ferrand) dénonce l'activité des cagoulards Michelin.
Contre le fascisme
Rosarde, secrétaire fédéral, développe ensuite un rapport sur le fascisme
et la guerre. Après avoir décrit l'action du fascisme dans les pays totalitaires,
il engage les militants à renforcer la lutte contre la guerre en agissant contre le
fascisme. Il s'élève avec force contre la politique dite de non-intervention, qui
écrase le peuple républicain et réclame, pendant qu'il en est temps encore, le
rétablissement des libertés commerciales avec le gouvernement espagnol. L'orateur cite l'eort de solidarité de la Fédération et des syndicats et termine
en demandant de multiplier les envois de vivres et de vêtements aux combattants républicains. La parole est ensuite donnée au docteur Guy Hausser,
qui vient exposer comment fonctionne le centre confédéral de dépistage des
maladies professionnelles. La discussion sur le rapport moral reprend ensuite par l'intervention de Orlandini (Bouches-du-Rhône), Rouxel (Dreux).
La séance de l'après-midi prend n sur ces interventions. Le congrès reprendra ses travaux ce matin à neuf heures. 272 272. Le congrès des industries chimiques s'est ouvert hier à Paris ,
,
L'Humanité
22.
ANNÉE 1938
207
22.49 16 avril 1938. Face au danger fasciste intérieur et extérieur. Union du peuple de France, Union des forces
démocratiques du monde entier demande Julien Racamond au Congrès de la Fédération des Industries chimiques Ainsi que nous le relations hier, au cours de la séance de nuit tenue
jeudi soir, le congrès a poursuivi la discussion sur le rapport moral. Gros,
de Lyon, a émis l'opinion de son syndicat sur les mouvements partiels. Puis,
Pascré (collaborateur de la région parisienne) a signié son accord complet
avec le rapport moral. Il a exposé l'action de son syndicat en collaboration
étroite avec la Fédération d'industrie et a engagé les collaborateurs à rallier
la Fédération des produits chimiques.
La séance d'hier matin
Elle est présidée par Porchet (Algérie), assisté de Lenne (Douai), Boulonneau (Bordeaux), Tissandier (Paris) et Lucienne Préaux. La parole est ensuite donnée au secrétaire général, Édouard Finck, qui répond aux interventions. Il justie la position de la Fédération vis-à-vis des problèmes actuels et
sa tactique, décidée après un examen minutieux de la situation. Il détermine
l'attitude que doivent avoir les militants envers les syndiqués professionnels.
"Il faut aller vers eux, leur démontrer que leur organisation est sous la dépendance du patronat et les gagner à notre cause". Au sujet de la motion fédérale
sur la FSI, Finck précise son désaccord avec la position de la centrale syndicale sur le procès de Moscou. Il fait le parallèle entre l'URSS et la France,
où les ennemis tentent de saboter l'économie nationale et demande que l'on
prenne des mesures énergiques contre les cagoulards. Le secrétaire général
regrette les lenteurs des pourparlers sur l'unité internationale et il exprime
la ferme conviction que l'unité réalisée en France pourra se faire sur le plan
international. Bruno Razzoli (Marseille) propose au congrès de voter le rapport moral par acclamations. Mise aux voix, cette proposition est refusée
par deux syndicats et l'on procède au vote par mandats. Vandenbossche,
trésorier fédéral, présente le rapport nancier, qui est adopté à l'unanimité,
ainsi que le rapport de la commission de contrôle.
Le rapport sur les tâches
Perrouault développe ensuite le rapport sur les tâches. Il dévoile d'abord
les intentions de l'union patronale des industries chimiques qui, par ses circulaires condentielles, tente d'empêcher le renouvellement des conventions
collectives. Puis, il donne des conseils précis pour la rédaction de nouveaux
contrats. Il traite ensuite d'importantes questions de maladies professionno 14362, 15 avril 1938, p. 5. Une photographie accompagne l'article avec comme légende : Les secrétaires de la Fédération au bureau du Congrès. De gauche à droite :
Letellier, Finck, Vandenbossche et Vanhaute .
208
nelles. Après avoir étudié les nombreuses tâches qui incombent aux militants, le secrétaire fédéral rappelle les revendications économiques inscrites
au programme du Front populaire et qui doivent être réalisées avec l'appui
des masses populaires. La Fédération demande à être entendue par le gouvernement sur la production et la défense nationale. Elle demande également
aux pouvoirs publics de mettre n aux man÷uvres des trusts qui sabotent
l'économie. Le président présente notre camarade Cresson, maire d'Issy-lesMoulineaux qui souhaite la bienvenue aux congressistes. Letellier remercie
la municipalité et son maire qui ont mis à la disposition de la Fédération la
"Salle de l'Unité" pour la tenue du Congrès.
Vanhaute, secrétaire fédéral, présente le rapport sur les statuts. Devant
le développement de la Fédération, celle-ci propose des modications aux
statuts pouvant améliorer le travail fédéral.
Le rapport moral est adopté par 824 voix contre 6.
Il est ensuite donné lecture du résultat du vote sur le rapport moral.
Sur 253 syndicats qui participent aux travaux, représentant 830 voix, 252
syndicats, soit 824 voix ont voté pour le rapport moral, un syndicat, soit 6
voix, a voté contre.
La discussion est ensuite engagée sur le rapport sur les tâches présenté
par Perrouault. Ducros (Tunisie) : Son intervention porte surtout sur l'exploitation des ouvriers indigènes dans les mines de sel. L'orateur cite les
salaires payés aux indigènes : six francs pour une journée de douze heures,
puis, après la signature du contrat collectif, il passe à treize francs pour huit
heures. Lemaire (Petit-Couronne), puis Lafond (Bordeaux), parlent de la difculté d'organisation dans leur région où les centres sont éloignés. Lafond
donne lecture de résolutions émanant des ouvriers du pétrole sur l'organisation des ouvriers et collaborateurs et sur la convention collective. Poulmarc'h,
secrétaire du syndicat de la région parisienne, indique son accord avec le rapport fédéral sur les tâches. Puis intervient sur le renouvellement des contrats
collectifs. Au sujet des salaires, il demande qu'un salaire minima soit le même
dans toutes les industries. Il propose aux Chambres patronales comme base
de salaire, celui de juin 1936 rajusté au coût de la vie. Après l'intéressante
intervention de Poulmarc'h, la séance du matin est levée.
La séance de l'après-midi
La cinquième séance est présidée par Mire, de Marseille, assisté de Escoer, de Montluçon, de Bedel, de l'Isère, de Julien, du Nord, et de la camarade Gisèle, de Paris. Cette séance est consacrée à la suite de la discussion
des rapports d'organisation et sur les modications aux statuts. Diérentes
questions sont soulevées, notamment la question des mandats politiques et
syndicaux. Interviennent Fayet (pétroles de Bordeaux), Marchadier (au nom
du syndicat de Clermont-Ferrand), Levaltier (collaborateur de ClermontFerrand). Berckmoës, du Nord, fait une intervention très applaudie par tout
le congrès contre l'incompatibilité.
22.
ANNÉE 1938
L'intervention de Racamond
209
Racamond prend la parole au nom de la CGT. Le congrès l'accueille par
une vibrante Internationale. Il rappelle les débuts de l'unité syndicale, du
Front populaire. En tirant les conclusions, il appelle à la lutte, tant sur le
plan économique que politique, contre le grand capitalisme qui, lui, n'hésite
pas à lutter sur ces deux plans. Racamond parle de la contre-oensive du
patronat qui se développe depuis la n de 1936. Sabotage des lois sociales
et provocation de la classe ouvrière en sont les caractéristiques. Puis essayer ensuite de dissocier des ouvriers, les paysans et les classes moyennes.
C'est pourquoi, la CGT est intervenue et a posé le problème devant l'opinion publique ; elle a demandé une procédure d'arbitrage et de conciliation.
C'est alors que le patronat a provoqué de nouveau en faisant traîner pendant des mois les procédures d'arbitrage par des discussions chicanières et
stériles. Il fallut donc de nouveau examiner la situation. Et c'est ainsi qu'est
née l'idée du statut moderne du travail, destiné à régler un peu plus rapidement les conits. Le secrétaire de la CGT fait alors une analyse de la partie
du statut déjà votée. "Quand le surarbitre rendra une sentence refusant les
rajustements de salaires, que feront les travailleurs si l'arbitre ouvrier leur
déclare qu'il n'est pas convaincu que le patron ne peut pas payer ? Il y a
là une lacune." Et Racamond passe à la partie du statut qui est encore à
l'état de projet. Il parle notamment du droit de grève et de la neutralisation des usines. Souvent, le vote que l'on veut obtenir des ouvriers avant la
grève sera impossible, car la grève éclate maintes fois spontanément. Mais
l'idée du vote est évidemment admise par la CGT partout où il sera possible. L'orateur, examinant la situation actuelle, explique le rôle de la CGT
dans le Rassemblement populaire. "Pourrions-nous rompre en ce moment les
liens qui unissent les classes moyennes et le prolétariat ? La CGT dit non !"
s'écrie Racamond. Puis il aborde la question de la menace fasciste qui pèse
sur notre pays. Il réclame que la lutte de la démocratie contre ses ennemis
soit menée jusqu'au bout. En liaison avec le danger fasciste intérieur existe
le danger fasciste extérieur. La CGT veut qu'on aide l'Espagne républicaine
dans sa lutte contre les soldats d'Hitler et de Mussolini. "Jamais le danger
de guerre n'a été aussi grand, et c'est la CGT qui avait raison contre ceux
qui prétendaient la faire reculer par une fausse non-intervention." L'URSS
et le Mexique ont envoyé des armes à la République espagnole, mais leur situation géographique ne permettait pas une aide intense. Hitler et Mussolini
ont-ils déclaré la guerre à ces pays ? Non ! Et si d'autres pays avaient aidé
l'Espagne, aujourd'hui une République saine et pacique serait de l'autre
côté des Pyrénées. Le danger de guerre est aussi en Europe centrale. Et en
Extrême-Orient, où le Japon militariste assaille la Chine pacique. Comment
faire face à ce terrible danger ? "En unissant les forces du peuple de France,
en unissant les forces démocratiques du monde entier ensuite !" répond l'orateur. En quelques mots, Racamond fustige ceux qui man÷uvrent contre
210
l'union des travailleurs, de tout le peuple de France. Très applaudi, l'orateur
note la diérence entre l'union du peuple de France et l'union sacrée. En
terminant, Racamond fait un vibrant appel à la fraternité des syndiqués. Le
congrès applaudit longuement le secrétaire de la CGT. 273 22.50 16 avril 1938. Cet après-midi, grand tournoi de football Cet après-midi, à partir de 13h30, à l'occasion du quatorzième congrès
de la Fédération des industries chimiques, grande fête sportive organisée par
le Club Athlétique Ouvrier de Villejuif, sous le patronage de la Fédération
des Industries techniques et la présidence de Raymond Guyot, député de
Villejuif. Grand tournoi de football, avec la participation des équipes sélectionnées corporatives de Marseille, le Havre, Paris, CAO Villejuif, Athlétisme
et basket-ball. Allocution de Finck, secrétaires des industries chimiques. 274 22.51 17 avril 1938. Le congrès de la Fédération des industries chimiques a terminé ses travaux À l'unanimité, les délégués ont adopté le rapport sur les tâches et élu
la direction fédérale. La séance de samedi matin.
La séance de samedi matin est présidée par Canton, délégué fédéral de la
Basse-Seine, assisté de Duval, de Rouen ; Edmond Barre, de la région parisienne ; Mateo de Pierrette-Nestalas et Suzanne Moulin, de Marseille. La
discussion reprend sur les modications aux statuts. Dubreuil (Montluçon)
expose son point de vue sur l'entrée des techniciens dans la Fédération d'industrie. Il se déclare partisan d'une liaison toujours plus étroite entre ouvriers
et techniciens et demande que tous les eorts soient faits dans ce sens. C'est
également l'avis de Anthore, de Pauliac, qui intervient ensuite. Finck propose
ensuite la commission des statuts qui est ainsi composée : Bedel, Boulneau,
Julien, Razzoli, Husson, Lemaire, Vanhaute.
Arcucci (Bône) expose la situation des travailleurs tunisiens. Puis la camarade Fernande Gallet, de la région parisienne, cite les salaires particulièrement bas des ouvrières et indique que ceux-ci ne doivent pas être considérés
comme un appoint dans la vie d'un ménage, mais que le travail féminin doit
être payé par le salaire qu'il mérite.
Les maladies professionnelles
La parole est maintenant à Plantin qui développe le rapport sur les maladies professionnelles. Après avoir exposé les risques des maladies graves
273. Face au danger fasciste intérieur et extérieur. Union du peuple de France, Union
des forces démocratiques du monde entier demande Julien Racamond au Congrès de la
Fédération des Industries chimiques , L'Humanité, no 14363, 16 avril 1938, p. 5.
274. Cet après-midi, grand tournoi de football , L'Humanité, no 14363, 16 avril 1938,
p. 5.
22.
ANNÉE 1938
211
particulièrement grands pour les travailleurs des industries chimiques, il cite
l'insusance de la loi sur les maladies professionnelles et les anomalies des
assurances sociales dont les indemnités sont nettement insusantes. D'autre
part, l'énumération des produits reconnus nocifs est trop limitative. L'orateur
rappelle la constitution par la CGT d'un institut d'études et de prévention
des maladies professionnelles. Parlant du statut moderne du travail, Plantin
regrette qu'on n'ait pas cru devoir y inclure une véritable législation protégeant ecacement les travailleurs contre les maladies professionnelles et
préconise que dans la convention collective soit incluse la création de commissions de contrôle.
La discussion
Roger, du Havre, préconise la constitution dans sa région d'un syndicat
de techniciens adhérant à la Fédération d'industrie. De Jonge, secrétaire de
l'Internationale des ouvriers d'usines, salué par L'Internationale, monte à
la tribune. Il salue les congressistes et dit avec quelle attention la lutte des
ouvriers français est suivie par les camarades des autres pays. Il rappelle
l'activité de son Internationale dans les années passées et examine l'application de la semaine des quarante heures à l'échelle internationale. L'orateur
rappelle les sourances subies par les ouvriers allemands et autrichiens, l'agression du fascisme international contre l'Espagne républicaine qui, dit-il,
serait victorieuse si Hitler et Mussolini n'avait pas aidé Franco. Le délégué
de la Fédération belge des industries chimiques salue le congrès et dit la
répercussion qu'a eu en Belgique, le mouvement des ouvriers français en
juin 1936. Il indique la liaison existant entre les industries chimiques belges
et françaises. Il dit que la lutte ouvrière est la même des deux côtés de la
frontière. L'orateur cite ensuite le grand mouvement de solidarité du peuple
belge envers la république espagnole. Le représentant des syndicats libres
allemands, salué par l'Internationale, indique que le peuple allemand aurait
pu vaincre le fascisme s'il avait été uni. Il dénonce le blu du plébiscite
et arme que les travailleurs allemands sont contre l'hitlérisme, contre la
guerre. Quand l'orateur termine par l'appel lancé par Thaelmann à Paris,
il y a plusieurs années : "Nous luttons contre un ennemi commun, notre
lutte est la vôtre", les congressistes, unanimes, se lèvent et la salle retentit du cri "Libérez Thaelmann !" Successivement, Ebeling (Hollande), Nesse
(Norvège), Nadvornik (Tchécoslovaquie), John (représentant la région des
Sudètes), Falk (Suède), Alsen (Danemark) et Rujino de Diego (Espagne) apportent leur salut au congrès. L'heure tardive n'a pas permis la traduction
de leurs rapports.
La séance de l'après-midi
Samedi après-midi, le bureau est ainsi constitué : président, Pascré (Paris),
assisté de Messaoud ben Saad (Tunisie), Martin (Préméry), Billois (Bretagne) et de la camarade Jacaud. En début de séance, plusieurs délégués
212
interviennent sur le rapport d'organisation. Puis Vanhaute rapporte au nom
de la commission de modications aux statuts. L'accord n'est pas intervenu
à la commission sur la question des incompatibilités. Quelques légères modications sont apportées à certains articles. À la demande de Vanhaute, et à
la grosse majorité, les statuts présentés par la commission sont adoptés avec
réserves sur deux points (articles 6 et 22). Pendant que l'on procède au vote
par bulletin sur ces deux points, Chabanon fait un exposé sir le rôle des militants syndicaux et sur la nécessité de les éduquer. Il indique les eorts que
doit apporter chacun pour l'obtention de la convention collective nationale.
Perrouault répond ensuite aux interventions sur le rapport des tâches. À la
suite de son intervention, le rapport sur les tâches est adopté à l'unanimité.
L'élection de la commission exécutive
À l'unanimité, le congrès élit la commission exécutive suivante :
Région du Nord : Berckmoës, Charlet ;
Basse-Seine : Canton, Jourdain ;
Sud-Ouest : Terrasson ;
Méditerranée : Mire ;
Savoie : Front ;
Lyonnais : Aulagne ;
Puy-de-Dôme : Verde ; Hénaut ;
Est : Bertin ;
Montargis : Hoüet ;
Oise : Bertrana ;
Nantes : Bangy ;
Photo Paris : Pigelet, Joly ;
Collaborateurs Paris : Pascré, Andréjean, Rocher, Estier, Durant, Gisèle ;
Région parisienne : Baudier, Baudouin, Beyer, Chabanon, Damène, Ernoult,
Finck, Gallet Fernande, Guédou, Jillet, Ladevèze, Letellier, Marty, Noiraud,
Obert, Perrouault, Piroth, Plantin, Pouldin, Poulmarc'h, Reverend Madeleine,
Rosarde, Tissandier, Touzet, Vandenbossche, Vanhaute, Vidal, Waty.
Le Congrès désigne ensuite les délégués régionaux. Andréjean rapporte
au nom de la commission des résolutions. À l'unanimité, la résolution présentée (que nous publierons demain) est adoptée. Puis il est donné lecture du
résultat du vote en ce qui concerne l'article 6 ; par 503 voix contre 246 le
texte proposé est maintenu. La nouvelle commission exécutive présente ensuite le bureau et la direction fédérales qui sont élus à l'unanimité.
Le bureau fédéral
Andréjean, Baudouin, Beyer, Chabanon, Ernoult, Finck, Gallet Fernande,
Guédou, Letellier, Marty, Pascré, Perrouault, Pigelet, Plantin, Poulmarc'h,
Rosarde, Touzet, Vandenbossche, Vidal.
La direction fédérale
22.
ANNÉE 1938
213
Finck, secrétaire général ; Beyer, Chabanon, Letellier, Perrouault, Plantin,
Rosarde, Vanhaute, secrétaires ; Vandenbossche, trésorier général ; la camarade Baudouin, trésorière adjoint.
Le résultat du vote sur le deuxième point en litige sur la modication aux
statuts (article 22 sur les incompatibilités) est donné. Par 667 voix contre
121, le texte initial est maintenu. Finck termine ce magnique congrès en remerciant les congressistes pour leurs nombreuses interventions. Il exprime la
certitude de voir se réaliser les décisions prises par le Congrès. Parlant de l'Espagne républicaine, l'orateur s'élève contre la scandaleuse non-intervention
qui privent nos camarades espagnols qui luttent pour leur liberté et la nôtre.
Le discours du secrétaire général est acclamé par les congressistes et une
deuxième fois L'Internationale s'élève puissante, suivie de l'hymne espagnol,
et c'est aux cris de "Ouvrez la frontière ! Des avions pour l'Espagne !" que
les délégués quittent la salle. 275 22.52 20 avril 1938. Par camions et par trains, la bauxite
s'en va... De Brignoles, comme le montre notre cliché, ainsi que de nombreux
points du département du Var, le bauxite dont on tire l'aluminium est
chargée à destination des usines où elle sera traitée. Malheureusement, ce
minerai, si précieux pour la défense nationale, s'en va dans de grandes proportions vers l'Allemagne de Hitler. Ainsi, les avions qui ensanglantent l'Espagne, et dont on voudrait se servir pour attaquer notre pays, sont fabriqués
avec du duralumin tiré du minerai français. Cette honteuse situation durerat-elle encore longtemps ? 276 22.53 23 avril 1938. Les représentants des travailleurs de
l'Afrique du Nord au ministère du Travail Une délégation de l'Afrique du Nord a été reçue au ministère de l'Intérieur, accompagnée de la Fédération nationale des industries chimiques, par
M. Barillot, chargé de mission au ministère. Dès la réception de la délégation,
les camarades Letellier et Chabanon, ainsi que le délégué fédéral d'Algérie,
ont expliqué avec force la situation des travailleurs des industries chimiques
d'Algérie et en particulier de l'industrie du pétrole. Depuis février 1937, les
ouvriers et collaborateurs de l'industrie du pétrole en Algérie attendent leurs
conventions. Une sentence de M. Louis Gernet, doyen de la faculté de lettres
d'Alger, reconnaissant la CGT et la CFTC, seules organisations représentatives et déboutant les corpos et les SPF n'est pas appliquée. À la suite de
275. Le congrès de la Fédération des industries chimiques a terminé ses travaux ,
, no 14364, 17 avril 1938, p. 5. Une photographie d'Édouard Finck accompagne
l'article.
276. Par camions et par trains, la bauxite s'en va... , L'Humanité, no 14367, 20 avril
1938, p. 5. Une photographie accompagne l'article.
L'Humanité
214
notre entrevue au ministère de l'Intérieur, le représentant, M. Barillot, a très
bien compris notre juste position. Il va permettre que nous puissions rencontrer le gouverneur général de l'Algérie dès la semaine prochaine, pendant son
séjour à Paris. Nous demandons aux travailleurs de la région parisienne, européens et arabes, d'assister nombreux aux deux grands meetings qui auront
lieu aujourd'hui samedi 23 avril :
à 14h30, salle des fêtes d'Issy-les-Moulineaux (métro Mairie d'Issy) ;
à 17h30, marché des Grésillons à Gennevilliers (Seine) où parleront :
Brenot, de l'union des syndicats de la Seine ; Ferval, de la commission NordAfricaine ; Letellier, de la Fédération et deux délégués d'Algérie. 277 22.54 16 mai 1938. Une délégation fédérale des produits
chimiques à l'Oce de Tunisie Les camarades Chabanon et Letellier, secrétaires de la Fédération, profitant de la présence à Paris, de M. Guillon, résident général de Tunisie, se
sont rendus en délégation à l'Oce de Tunisie et ont été reçus par M. Berger,
secrétaire du Résident. Après avoir entendu un exposé sur la situation des
travailleurs des industries chimiques de Tunisie, toutes les tracasseries dont
ils sont l'objet, les violations du droit syndical et des lois sociales, la répression qui sévit en particulier à Tunis et à Monastir, M. Berger a manifesté
la sympathie de la résidence pour les travailleurs indigènes et a déclaré qu'il
s'intéresserait tout particulièrement aux faits que nous lui avons cités. Un
rapport de notre Fédération a été laissé entre ses mains et il nous a été
promis une réponse dans les dix jours qui vont suivre. Les travailleurs européens doivent assurer de leur entière solidarité les travailleurs de l'Afrique
du Nord et nous leur demandons d'être les interprètes de notre Fédération
auprès de ces camarades pour les assurer de notre entier attachement aux
revendications nord-africaines.
Pour la Fédération, un secrétaire : R. Letellier. 278 22.55 24 mai 1938. Organisation de la production sans aggravation du chômage ! L'aménagement des quarante heures, tel que le veulent les trusts, augmenterait le nombre des sans-travail. Nous sommes menacés d'un second
train de décrets-lois et les travailleurs des industries chimiques ne cachent
pas leurs inquiétudes. Certes, ils ont remporté un succès appréciable en ce
qui concerne leur convention. Malgré les man÷uvres patronales, la treizième
section du Conseil national économique vient de décider que, sans retenir le
277. Les représentants des travailleurs de l'Afrique du Nord au ministère du Travail ,
, no 14370, 23 avril 1938, p. 5.
278. Une délégation fédérale des produits chimiques à l'Oce de Tunisie , L'Humanité,
no 14392, 16 mai 1938, p. 5.
L'Humanité
22.
ANNÉE 1938
215
principe d'une convention collective nationale, dans toutes ses clauses, il y
avait lieu d'examiner l'extension de certaines clauses générales à toutes les
industries chimiques et à tout le territoire. Si faibles que soient ces dispositions par rapport à une véritable convention nationale, elles doivent garantir
à des dizaines de milliers de travailleurs des conventions meilleures que leurs
conventions actuelles. Et ce jalon étant posé, rien ne devrait empêcher, pour
l'industrie du pétrole où raneries et dépôts sont quasi-identiques d'un bout
à l'autre du territoire, la conclusion d'une convention collective nationale. Ce
serait travailler utilement à l'organisation de la production et de la défense
nationale et les pouvoirs publics n'ont pas le droit de se plier uniquement
à la volonté de désordre des trusts. Ils le font, hélas, trop souvent, et cela
justie les appréhensions des travailleurs.
L'iniquité de certaines sentences
Ainsi, les surarbitres interprètent la loi du 4 mars sur les rajustements
de salaires, sans tenir aucun compte des possibilités des industries chimiques
qui voient leurs bénéces de 1937 dépasser de 50 % ceux de 1936 et qui voient
baisser, par suite de la hausse des matières premières, la part relative des
salaires dans les prix de revient.
Les travailleurs attaquent ces sentences, mais la Cour supérieure d'arbitrage où leurs représentants sont en minorité les conrme. Cette même Cour
supérieure, à la demande des commissaires gouvernementaux, prend position
contre les divers surarbitrages réglementant la récupération des jours fériés
en respectant les avantages acquis. M. Ramadier, sous-secrétaire d'État, avait
sur ce point, signé un décret équitable pour les travailleurs "collaborateurs"
du gaz et de l'électricité. M. Ramadier, ministre du Travail, a fait casser les
surarbitrages qui s'appuient sur son propre décret.
Mais le point qui inquiète le plus les travailleurs est l'attaque contre les
quarante heures. Malgré un chômage partiel important dans de nombreuses
branches des industries chimiques, le patronat multiplie les demandes de
dérogations. Le vendredi 20, une commission s'est réunie au ministère du
Travail pour examiner les demandes des fabricants d'engrais azotés, de superphosphates, de colles et gélatines et de parfums. Tous ont dû reconnaître
que leurs productions n'avaient été aucunement gênées par l'application des
quarante heures et des dérogations légales. Mieux, la parfumerie accuse une
baisse générale de fabrication de 25 % due aux diminutions des exportations
et au rétrécissement du marché intérieur. Les colles et gélatines manquent de
matières premières, parce que celles-ci sont exportées vers l'Allemagne. Elles
nous en reviennent sous forme de produits nis, d'où décit pour la balance
commerciale. Dans leur ensemble, ces industries sont mal organisées, mal
outillées, et les quelques usines bien équipées appliquant les procédés modernes de chaulage, ne connaissent pas la moindre morte-saison. La question
se pose de façon analogue pour les usines d'engrais. Notre production de
superphosphates est de 30 % inférieure à ce qu'elle était en 1929. Des usines
216
françaises sont fermées, mais la Belgique, l'Allemagne, l'Italie expédient en
France des "supers" fabriqués à partir des phosphates tunisiens et marocains, au préjudice encore, de notre balance commerciale. Les employeurs
ont dû reconnaître qu'ils engageaient aux périodes de livraison un personnel
supplémentaire pour assurer les expéditions et que des dérogations seraient
inopérantes, puisqu'il s'agit d'un problème de rapidité de chargement, donc
de quantité de personnel. Et la situation est la même dans l'industrie des engrais azotés. En septembre 1937, l'inspecteur général Crussard reconnaissait
dans son rapport que les usines avaient dû débaucher du personnel. Devant
ces problèmes d'organisation technique et économique, l'on trouve cette seule
solution : dérogations à la loi de quarante heures. Les travailleurs des industries chimiques sont d'ailleurs payés pour bien connaître les buts poursuivis.
Suivant l'exemple de la puissante société Desmarais Frères, l'on créé du chômage partiel à l'époque des vacances pour ne payer que 60 ou 70 heures de
congés au lieu de 80 et l'on fait récupérer ensuite, sans majoration, les
heures perdues. Automatiquement de telles dérogations entraîneraient du
chômage. Il sut de voir l'attitude d'Alais, Froges et Camargue, qui laisse
volontairement ses usines du Bouches-du-Rhône fonctionner au ralenti, pour
savoir ce que signie la bonne foi des trusts. Et si les pouvoirs publics en
doutent, qu'ils lisent le compte-rendu de l'assemblée générale de la Compagnie française des produits organo-chimiques. Cette société voit ses bénéces
passer de 1 100 000 à 1 600 000 francs. Mais le rapport du conseil d'administration déclare : "Enn et pour l'avenir, signalons que si nous conservons la
volonté de nous adapter aux circonstances nouvelles, nous n'en poursuivrons
pas moins la recherche, jusqu'alors irréalisée, de quelques décentralisation
industrielle vers l'extérieur, an d'échapper dans une certaine mesure à la
trop lourde étreinte du prix de revient français qui, rapidement, deviendra
mortelle, si sa course ascensionnelle ne peut être ecacement freinée." L'excuse du prix de revient est fausse, nous l'avons maintes fois prouvé. On veut,
ici encore, travailler contre l'économie nationale et aggraver le chômage en
France, comme l'aggraveraient immanquablement toute "dérogation" et tout
"aménagement" aux quarante heures. Aux pouvoirs publics de dire s'ils veulent se plier à la volonté des trusts internationaux et organiser le chômage
ou organiser la production dans l'intérêt du peuple français.
La Fédération des Industries chimiques. 279 22.56 25 mai 1938. La récupération des jours fériés dans
l'industrie du pétrole La Fédération nationale des Industries chimiques nous communique :
279. Organisation de la production sans aggravation du chômage ! , L'Humanité,
no 14400, 24 mai 1938, p. 5. Une photographie accompagne l'article avec pour légende :
C'est avec précaution que l'on procède à la manipulation de ces dangereuses bouteilles
d'oxygène utilisées pour la soudure autogène .
22.
ANNÉE 1938
217
"La sentence Brissaud, réglementait la récupération des jours fériés dans
l'industrie du pétrole, sur les bases du décret Ramadier, relatif à l'industrie du gaz et de l'électricité. Cette sentence vient d'être cassée par la Cour
supérieure d'arbitrage, et cela déjà est scandaleux. Mais ce scandale devient intolérable du fait que la Fédération nationale des Industries chimiques n'a pas été avisée qu'un recours était formulé contre cette sentence.
Seule, une erreur grossière a permis d'inscrire dans les registres de la Cour
supérieure que "le recours avait été signié à notre Fédération et que celle-ci
n'a pas répondu". Il faut qu'une enquête administrative soit ouverte et que
les coupables soient sanctionnés. Déjà, au cours du surarbitrage Brissaud,
la collusion entre certains hauts fonctionnaires de la présidence du Conseil
et du ministère du Travail, d'une part, les trusts pétroliers et les syndicats
professionnels, d'autres part, était éclatante. Cette collusion s'étale à nouveau. L'on comprend bien l'intérêt qu'il peut y avoir pour les organisations
patronales à écarter notre puissante Fédération, qui a toujours su défendre
les travailleurs. L'on comprend moins qu'un ministre élu du Front populaire,
reste impuissant devant ces man÷uvres des trusts internationaux. La Cour
supérieure d'arbitrage a violé la loi. Une faute grave a été commise. M. Ramadier, dont les services se sont déjà signalés par leur inertie dans le conit
de Marseille, ne pourrait-il enn intervenir ? La Fédération des industries
chimiques."
Un grand nombre de camarades nous ont écrit au sujet de la sentence
Brissaud, en protestant contre sa non-application. Cette sentence étant maintenant cassée, les protestations contre cette mesure, doivent être adressées
non seulement à la Fédération, mais à la présidence du Conseil et à M. le
président de la Cour supérieure d'arbitrage pour souligner le désir des "collaborateurs" de voir maintenir les avantages acquis.
La Fédération. 280 22.57 4 juin 1938. Une importante assemblée des syndicats
de la région parisienne. Le problème du pétrole exposé par Toledano, secrétaire général de la CGT mexicaine L'union des syndicats ouvriers de la région parisienne organise mardi
7 juin à 20h30, grande salle de la Maison des Métallurgistes, 94 rue d'Angoulême, une grande assemblée d'information des cadres et militants syndicaux. Dans cette assemblée d'information très importante, notre camarade
Toledano, secrétaire général de la CGT du Mexique, de retour d'Oslo, fera
une conférence sur la situation des travailleurs du Mexique et sur le problème du pétrole. Tous les syndicats, les centres syndicaux et unions locales
280. La récupération des jours fériés dans l'industrie du pétrole ,
no 14401, 25 mai 1938, p. 5.
L'Humanité
,
218
sont priés de convier leurs militants responsables à assister à cette importante assemblée. Le temps matériel faisant défaut pour envoyer les mandats
habituels, chaque Union locale devra munir de mandats régulièrement établis tous les délégués désignés pour y assister. En conséquence, la commission
exécutive de l'union des syndicats ouvriers qui devait avoir lieu mardi 7 juin
est reportée au jeudi 9 juin à la même heure, au même endroit et avec le
même ordre du jour.
L'union des syndicats ouvriers de la région parisienne. 281 22.58 4 juin 1938. Dans la région parisienne, les petits
patrons de l'industrie du caoutchouc sont partisans
d'une convention nationale Après de nombreuses démarches de notre Fédération nationale des industries chimiques, le ministre du Travail a convoqué pour aujourd'hui une
commission mixte, à seule n de confronter les points de vue des deux délégations ouvrière et patronale. Du côté ouvrier, nos camarades Plantin, Chabanon, Poulmarc'h, Vidal, Marty, Andréjean, représentaient la Fédération.
Du côté patronal, seul était représenté le syndicat des fabricants et revendeurs d'articles en caoutchouc. Cette commission mixte s'est tenue sous la
présidence de M. Gaspard, chef de cabinet. Celui-ci a donné connaissance de
la lettre envoyée par le syndicat patronal du caoutchouc (chambre la plus
représentative) où dans celle-ci était indiqué qu'après un vote unanime des
adhérents en assemblée générale, ceux-ci repoussaient le principe d'une convention collective nationale en indiquant qu'elle ne pouvait aboutir à aucun
résultat. Ils sont prêts toutefois à discuter comme dans le passé des conventions collectives régionales et locales.
Les directives de la CGPF
Nous sommes sceptiques quant à l'unanimité de vue réalisée entre les
adhérents de cette chambre patronale. Nous sommes persuadés au contraire
que plusieurs entreprises très importantes, telle que Goodrich, sont partisanes de la convention nationale. Quant aux petites et moyennes usines de la
région parisienne et de l'ensemble du pays, nous savons qu'elles sont d'accord
avec nous et en désaccord avec les directives données par la CGPF sur ce
problème. C'est ainsi que la chambre syndicale des fabricants et revendeurs
d'articles en caoutchouc présente aujourd'hui à la commission mixte, s'est
déclarée d'accord avec nous pour qu'une convention nationale soit discutée.
La CGPF aime mieux que des conventions multiples soient signées. C'est la
possibilité pour elle de faire traîner les discussions en longueur. Dans certains
cas, en province, c'est la possibilité pour des syndicats professionnels de par281. Une importante assemblée des syndicats de la région parisienne. Le problème
du pétrole exposé par Toledano, secrétaire général de la CGT mexicaine , L'Humanité,
no 14411, 4 juin 1938, p. 5.
22.
ANNÉE 1938
219
ticiper aux discussions en tant que syndicats les plus représentatifs. C'est
également la possibilité pour les patrons de ne pas accorder à leurs ouvriers
les mêmes avantages que dans la région parisienne où d'autre part il y a un
manque de cadres et où le rapport des forces n'est pas le même. En conclusion
de cette séance, la décision a été prise que c'est la treizième section du Conseil
national économique, dont le président est notre camarade Finck, secrétaire
général de la Fédération, qui devra indiquer au ministre s'il est opportun de
discuter une seule convention pour tout le pays ou de discuter régionalement.
D'ici une huitaine de jours, nous pensons que le Conseil national économique
se sera prononcé et qu'il nous aura donné raison. Non seulement les ouvriers
sont intéressés à ce que rapidement la convention collective soit signée, mais
aussi la grosse majorité des industriels du caoutchouc petits et moyens, et
plus particulièrement ceux de la région parisienne qui sont placés devant la
concurrence des usines de province qui quelquefois paient des salaires 50 à 60
% au-dessous de ceux de la région parisienne. Nous tiendrons nos camarades
au courant des discussions ultérieures qui auront lieu par la voie de la presse.
La Fédération. 282 22.59 4 juin 1938. Pourquoi nos usines de fabrication d'alumine chôment ? La France est le principal producteur de bauxite. Celle-ci fuit vers
l'Allemagne et nos usines de fabrication d'alumine chôment. Vous voulez
savoir pourquoi ? Le numéro trois de La Revue des Industries Chimiques
vous l'expliquera en dévoilant les liaisons internationales du trust Alais, Froges et Camargue, dans une magistrale étude de P. Lenoir. Par ailleurs, au
sommaire : les maladies du pétrole ; les prix de revient en savonnerie ; l'acide
sulfurique et les pyrites, etc.
Passez les commandes à la Fédération nationale des Industries chimiques,
33 rue de la Grange-aux-Belles, Paris (10e ).
Prix du numéro, deux francs ; les dix numéros, quinze francs. 283 22.60 16 juin 1938. Vendredi soir, salle Japy, grand meeting des travailleurs des produits chimiques Le syndicat des produits chimiques de la région parisienne organise un
grand meeting vendredi soir, à 20h30, salle Japy. Les camarades Guédou,
secrétaire du syndicat, Finck, secrétaire général de la Fédération, Pascré, secrétaire du syndicat des techniciens, Benoît Frachon, secrétaire de la CGT,
282. Dans la région parisienne, les petits patrons de l'industrie du caoutchouc sont
partisans d'une convention nationale , L'Humanité, no 14411, 4 juin 1938, p. 5. Une
photographie accompagne l'article, avec pour légende : La délégation ouvrière sortant
du ministère .
283. Pourquoi nos usines de fabrication d'alumine chôment ? , L'Humanité, no 14411,
4 juin 1938, p. 5.
220
prendront la parole. Les ouvriers, employés et techniciens des produits chimiques viendront nombreux armer leur volonté d'obtenir : la signature de
conventions collectives nationales ; le respect des quarante heures ; la lutte
contre les trusts ; la sauvegarde des libertés démocratiques et de la paix. 284 22.61 17 juin 1938. Ce soir à Japy, les travailleurs des
industries chimiques manifesteront en masse ! Une certaine inquiétude se manifeste par les travailleurs des industries
chimiques. Ils constatent avec un mécontentement croissant que la politique
pratiquée par les gouvernements de Front populaire s'écarte délibérément
du programme plébiscité par le peuple de France. Il s'aperçoivent, non sans
amertume, que l'attitude des pouvoirs publics à l'égard des grands trusts,
fauteurs de vie chère est toute de mansuétude. Et pourtant, ils restent profondément attachés au Front populaire, qu'ils ne confondent pas avec son
expression parlementaire et gouvernementale. Les travailleurs des industries
chimiques demeurent dèles au programme du 14 juillet, c'est pourquoi ils
veulent que ça change. Actuellement, ils suivent avec une attention et un
intérêt particuliers, la discussion de la convention de la grande industrie
chimique qui doit leur garantir, une fois pour toutes, le droit syndical et des
salaires en fonction de l'élévation du coût de la vie.
Une convention collective !
Ils savent que, suivant les ordres de la CGPF, l'Union des industries chimiques comme le Comité des Forges, ne veut accepter aucune amélioration
des conditions de vie des travailleurs. Mais l'union des ouvriers et ouvrières
dans leur puissant syndical, saura en dénitive vaincre beaucoup des dicultés rencontrées et il est certain que la convention nouvelle leur apportera
quelques résultats positifs. D'autres problèmes préoccupent actuellement nos
camarades. L'assouplissement de la loi des quarante heures, les dérogations
accordées, les inquiètent avec juste raison. En eet, au moment où la moitié
des entreprises chimiques chôment partiellement, les pouvoirs publics donnent la possibilité de faire des heures supplémentaires.
Respect des quarante heures !
Nous pensons avec nos camarades qu'il serait préférable d'embaucher des
travailleurs réduits au chômage et à la misère, plutôt que de recourir à la violation des quarante heures, auxquelles les travailleurs de nos industries sont
si attachés. Les ouvriers des industries chimiques veulent également obtenir
le paiement équitable des vacances. Dans de nombreuses usines, on fait faire
au personnel des semaines de travail incomplètes à la veille des départs en
vacances, et interprétant la loi, les patrons ne veulent payer que des semaines
284. Vendredi soir, salle Japy, grand meeting des travailleurs des produits chimiques ,
, no 14423, 16 juin 1938, p. 5.
L'Humanité
22.
221
ANNÉE 1938
de vacances réduites, bien que durant sept, huit, neuf voire dix et onze mois,
leur personnel a travaillé quarante heures. Ce sont là des anomalies, des injustices criardes, que notre syndicat ne saurait accepter. Déjà, il a engagé la
bataille pour faire cesser de tels abus.
Les bénéces scandaleux
Les travailleurs des industries chimiques connaissent les bénéces des sociétés qui les exploitent, s'étonnent que le gouvernement ne pratique pas une
politique nancière conforme à la volonté du pays, une politique nancière
faisant payer les riches. Le trust Standard française des pétroles a réalisé en
1937 67 306 339 francs de bénéces. N'est-ce pas signicatif ! Et ce n'est pas
une exception. Voyez plutôt le tableau suivant :
Péchiney
Air Liquide (bénéces avant amortissement)
Mines et produits chimiques
Rhône-Poulenc
Compagnie industrielle des pétroles
Pechelbronn
1936
27 919 303
55 016 349
2 047 811
39 674 302
1 604 662
10 800 000
1937
35 760 355
77 445 663
7 000 000
51 998 989
21 427 478
18 500 000
Qu'attend en eet le gouvernement pour prélever des dizaines de millions sur ces bénéces formidables. Voilà des possibilités toutes trouvées pour
équilibrer le budget national, voter la retraite des vieux travailleurs, étendre
les allocations familiales à l'agriculture, rajuster les traitements des fonctionnaires et entreprendre immédiatement les grands travaux.
Sauvons la paix et la liberté
Nous ne saurions également passer sous silence la colère qui monte de nos
usines, à l'égard de la politique extérieure pratiquée par les diérents gouvernements. Tous les travailleurs condamnent la honteuse politique dite de
non-intervention, de même qu'ils condamnent la politique de capitulation des
démocraties devant le fascisme international. Loin de préserver la paix, une
telle attitude nous conduit à la guerre. Malgré ces raisons justiées de mécontentement, les quarante mille travailleurs des industries chimiques restent
dèles à leur organisation qui a fait le maximum d'eorts pour défendre leurs
droits. Ils le démontreront une fois de plus en assistant en masse au grand
meeting organisé ce soir à 20h30 au gymnase Japy. Conants et résolus en
dépit des man÷uvres patronales, les travailleurs des industries chimiques
sauront défendre leur pain et leurs libertés.
Jean Poulmarc'h. 285 285. Ce soir à Japy, les travailleurs des industries chimiques manifesteront en masse ! ,
, no 14424, 17 juin 1938, p. 5.
L'Humanité
222
22.62 17 juin 1938. La convention collective des représentants en pétrole Les organisations de voyageurs et représentants de commerce, la Fédération CGT des voyageurs et représentants, groupées dans la Commission exécutive d'entente, vont enn pouvoir engager la discussion de leur convention
collective avec la Chambre syndicale des Pétroles. Devant les retards apportés depuis des moins à cette ouverture des négociations par la Chambre
syndicale patronale, le ministre du Travail a convoqué pour le lundi 20 juin
à quinze heures, les parties en présence. 286 22.63 26 juin 1938. Hier s'est ouverte à Clichy la Conférence nationale des Pétroles Les délégués demandent une convention collective nationale et l'échelle
mobile. Les bénéces scandaleux des trusts pourraient facilement permettre cette réalisation. La conférence nationale des pétroles de la Fédération
des industries chimiques s'est ouverte, hier matin, à Clichy, sous la présidence du camarade Canton, délégué fédéral. Letellier, secrétaire fédéral, a
développé un rapport sur les revendications et la convention collective nationale, en insistant particulièrement sur la nécessité d'établir dans toutes les
entreprises des comités de sécurité et de dépister les maladies professionnelles
extrêmement nombreuses dans l'industrie du pétrole. Il a à nouveau attiré
l'attention des délégués sur la nécessité d'établir une échelle mobile intégrale,
les bénéces formidables des trusts pétroliers en permettant la réalisation.
De nombreuses interventions ont eu lieu ensuite qui, toutes, sont venues conrmer le désir des délégués d'obtenir leur convention collective nationale.
Dans l'après-midi, deux délégations se sont rendues l'une au ministère du
Travail, l'autre au ministère des Travaux publics, où elles ont obtenu l'assurance que les pouvoirs publics estimaient nécessaire la conclusion d'une
convention collective nationale pour l'industrie du pétrole. La séance s'est
terminée après un rapport très documenté du camarade Andréjean sur les
maladies professionnelles, qui a indiqué que de nombreux cas de maladies de
la peau se terminaient par des cancers et enn sur une intervention du camarade Mire, qui a rapporté au nom de la délégation, que la conférence avait
envoyée à la conférence des délégués de la région parisienne, où est intervenu
le camarade Racamond, le but de cette conférence étant la défense de la paix,
de la liberté et de la République. La séance a été levée à 19 heure 30. Les
travaux reprennent ce matin. Au début de l'après-midi, et en séance de nuit,
diérentes conférences de rmes ont réuni les délégués de la Standard, de la
286. La convention collective des représentants en pétrole ,
17 juin 1938, p. 5.
, no 14424,
L'Humanité
22.
ANNÉE 1938
223
Shell et de la Compagnie Française des Pétroles. 287 22.64 26 juin 1938. La conférence de Julien Racamond aux
délégués de l'industrie chimique La conférence de Julien Racamond hier matin aux délégués des industries chimiques a porté sur la défense de la liberté, de la paix et de la
République. Le secrétaire de la CGT a retracé l'action de l'organisme confédéral pour la défense de ces causes. Il conclut en armant que l'unité
syndicale internationale se réalisera parce qu'elle exprime la volonté des travailleurs du monde entier. 288 22.65 7 juillet 1938. Les syndicats défendent la paix et la
liberté "Franco victorieux en Espagne, c'est l'Allemagne et l'Italie installées
sur les Pyrénées, au Maroc espagnol, dans les Baléares. Ainsi, du nord au
sud, c'est une ligne continue de frontières ennemies d'où peuvent s'élancer
contre notre pays les forces militaires du fascisme international..." a déclaré
Julien Racamond, secrétaire de la CGT, dans une conférence aux militants
des industries chimiques. Cette conférence a été éditée en brochure par la
Fédération des industries chimiques. En vente au CDLP. 289 22.66 20 juillet 1938. Les assemblées syndicales Industries pharmaceutiques et similaires. À 20h30, Bourse du Travail,
assemblée des syndiqués : récupération, rajustement de salaires. 290 22.67 21 juillet 1938. Les syndicats défendent la paix et la
liberté Édouard Finck, secrétaire de la Fédération nationale des industries
chimiques présente ainsi la brochure de Julien Racamond : les syndicats
défendent la paix et la liberté. "Si notre Fédération des industries chimiques
a dû lutter contre les Cagoulards, agents des trusts du caoutchouc et du
pétrole, si elle sait combien cette activité des trusts intéressés aux pyrites
et au mercure d'Espagne sert Franco contre la nation française, elle n'oublie
pas que tous les travailleurs ont les mêmes intérêts et les mêmes ennemis."
287. Hier s'est ouverte à Clichy la Conférence nationale des Pétroles , L'Humanité,
no 14433, 26 juin 1938, p. 5.
288. La conférence de Julien Racamond aux délégués de l'industrie chimique , L'Huo
manité, n 14433, 26 juin 1938, p. 5.
289. Les syndicats défendent la paix et la liberté , L'Humanité, no 14444, 7 juillet
1938, p. 5.
290. Les assemblées syndicales , L'Humanité, no 14457, 20 juillet 1938, p. 5.
224
En eet, tous les travailleurs ont intérêt à lire cette brochure au moment où
reprennent les actes terroristes du fascisme et les provocations patronales.
En vente, au prix de 50 centimes, quatre francs cinquante les dix, quarante francs les cent, trois cent soixante-dix francs les mille à la Fédération
des Produits chimiques, 33 rue de la Grange-aux-Belles, Paris (Xe ) et au
CDLP, 25 rue d'Alsace, Paris (Xe ). 291 22.68 22 juillet 1938. Et dans la Dordogne Pour protester contre le renvoi d'une trentaine d'ouvriers congédiés par
la société Progil (produits chimiques) de Condat-le-Lardin (Dordogne), tout
le personnel de cette usine s'est mis en grève hier matin. 292 22.69 27 juillet 1938. Le conit des usines Progil peut rapidement être résolu La grève des usines Progil, à Condat-le-Lardin (Dordogne) continue
dans l'enthousiasme. La population ne cesse de témoigner sa sympathie aux
grévistes. Elle assiste, en grand nombre, aux jeux et concerts qu'ils organisent. La plupart des organisations ouvrières et paysannes de la région ont
armé leur solidarité. C'est ainsi qu'une réunion paysanne ayant été interdite
à la Bachellerie du fait de la grève, les organisateurs viennent en délégation
à l'usine encourager les ouvriers à lutter jusqu'à la victoire et versèrent leur
obole au comité de grève. À l'heure actuelle, plusieurs faits importants sont
acquis. Il est prouvé que, par des man÷uvres éhontées, la direction a essayé
de faire échouer l'ultime démarche de conciliation tentée au ministère par
les municipalités en annonçant faussement et prématurément aux pouvoirs
publics l'occupation de l'usine. D'autre part, le ministre du travail ayant demandé, pour entrer en pourparlers, que l'usine soit évacuée sans conditions,
les ouvriers ont repoussé à l'unanimité une aussi stupéante proposition et
conrmé leur résolution d'obtenir la réintégration des licenciés. D'autre part,
l'inspecteur départemental du service de sécurité, le commandant Dauriac,
venu à la demande du comité de grève qui, privé d'électricité, voulait dégager
sa responsabilité, a pu constater que les plus élémentaires mesures de sécurité n'étaient jamais prises par la direction. C'est ainsi que le stock de chlore
est beaucoup plus grand qu'il ne faudrait, ce qui fait peser sur les localités
environnantes une menace de catastrophe que les pouvoirs publics se doivent
d'éluder en prenant contre la société fautive les sanctions prévues par la loi.
En dernière heure, nous apprenons que le tribunal des référés de Sarlat doit
se réunir aujourd'hui et prononcer l'évacuation de l'usine. Il est probable que
291. Les syndicats défendent la paix et la liberté , L'Humanité, no 14458, 21 juillet
1938, p. 5.
292. Et dans la Dordogne , L'Humanité, no 14459, 22 juillet 1938, p. 5.
22.
ANNÉE 1938
225
celle-ci sera eectuée aussitôt pour peu que l'on donne les garanties élémentaires aux ouvriers. Il est donc vraisemblable que l'arbitre ouvrier désigné
par l'unanimité des ouvriers en lutte sera reçu aujourd'hui par le ministre
du Travail, ainsi que la préfecture de la Dordogne vient de lui en donner
l'assurance. Toute la population pense que ce conit peut être résolu rapidement. Le bon droit des ouvriers a été reconnu par les pouvoirs publics,
les parlementaires, les maires de la région. Il sura donc au ministère de
rappeler la direction de l'usine Progil au respect des lois, des conventions et
des sentences arbitrales pour que cesse une grève qu'elle a provoquée par son
intransigeance.
Le délégué fédéral : Terrasson. 293 22.70 4 août 1938. Pourquoi l'essence est chère... La dernière augmentation de 0,20 par libre de l'essence et de divers
autres produits pétroliers a attiré de nouveau l'attention du public sur les
tarifs de l'essence et sur les trusts pétroliers. Nul n'ignore plus que la Standard et la Banque de Paris et des Pays-Bas, que la Shell et la Banque de
l'Union parisienne, les banques Morgan, Lazard, etc. contrôlent le marché
français du pétrole et imposent leur politique, leurs tarifs et impôts. Et ce
sont ces trusts pétroliers qui, sous le couvert de l'Union routière, organisent
des pétitions contre la hausse du coût de l'essence. Il est bien de lutter contre
la hausse du coût de la vie, mais on ne donnera le change à personne en faisant
crier "au voleur" par les organisateurs de la vie chère. M. le général Serrigny,
qui représente à l'Union routière, les trusts pétroliers ne pourraient-ils pas
proposer la suppression de la détaxe de ranage qui coûte un demi-milliard
par an aux contribuables ? M. Petvay, qui représente à l'Union routière les
fabricants de caoutchouc, a-t-il oublié la circulaire de la chambre patronale
transformant en 15 % une hausse de 1,5 % des allocations familiales, en "oubliant" une virgule et en justiant auprès de la clientèle une hausse des prix
de vente ? M. Mariage, grand maître de la STCRP, ne pourrait-il proposer
une baisse de tarifs, de même que M. Chaix des indicateurs et des chemins de
fer ? Tout le comité de l'Union routière est ainsi composé des représentants
les plus authentiques des 200 familles et des trusts internationaux : baron
Petiet, vicomte de Lavilléon, vicomte de Rohan, Musnier, etc.
Et ce sont ces gens qui imposent à notre pays une scalité antidémocratique, qui veulent développer leur démagogie au travers d'une protestation
contre le prix de l'essence. Pour mettre l'opinion publique au courant de la
puissance et des man÷uvres des trusts pétroliers, la Fédération nationale
des Industries chimiques a consacré à cette importante question un numéro
spécial de La Revue des Industries Chimiques. Il importe de démasquer les
293. Le conit des usines Progil peut rapidement être résolu , L'Humanité, no 14464,
27 juillet 1938, p. 5.
226
man÷uvres démagogiques actuelles qui visent à détourner la colère des consommateurs et, en dénitive à créer le désordre au prot des ligues fascistes
et de la nance internationale qui les soutient. Cette attitude des pétroliers
va d'ailleurs de pair avec l'activité qu'ils déploient dans un autre domaine
pour entraver la conclusion de la convention collective nationale des ouvriers
et collaborateurs du pétrole. L'action coordonnée par la Fédération nationale
des Industries chimiques permettra de les vaincre sur l'un et l'autre terrain.
La Fédération nationale des Industries chimiques. 294 22.71 11 août 1938. Les travailleurs des laboratoires de
produits pharmaceutiques obtiennent un rajustement
de salaire de cinq pour cent À la suite d'une demande de rajustement formulée par le Syndicat
général des industries pharmaceutiques et parapharmaceutiques de la Seine,
M. Gaëtan Pirou, nommé surarbitre, a rendu sa sentence. Il décide :
1o Il sera alloué, à partir du 15 août 1938, une augmentation uniforme de
5 % sur les salaires des ouvriers, ouvrières et employés tels qu'ils résultaient
de l'arbitrage de M. Briottet.
2o À titre de rétroactivité, il sera accordé à tout le personnel précité
une somme égale au montant de la majoration dont il bénéciera étendue à
quatre semaines de travail, cette somme étant versé à l'occasion de la paie
en quatre fractions égales et consécutives, le premier versement ayant lieu
deux mois après la date d'application des nouveaux salaires. 295 22.72 14 août 1938. Les syndicats défendent la paix et la
liberté Pour éduquer les syndiqués. Diusez, discutez de la brochure de Julien
Racamond, Les syndicats défendent la paix et la liberté. Prix : 50 centimes ;
les dix : quatre francs cinquante ; les 50 : vingt-et-un francs ; les cent : quarante francs.
Passer les commandes à la Fédération des industries chimiques ou au
CDLP. 296 22.73 18 août 1938. Les assemblées syndicales Industries chimiques. Aux responsables des sections syndicales, l'Unité
du mois d'août est parue, retirer au siège et dans les secteurs. 297 294. Pourquoi l'essence est chère... , L'Humanité, no 14472, 4 août 1938, p. 5.
295. Les travailleurs des laboratoires de produits pharmaceutiques obtiennent un rajustement de salaire de cinq pour cent , L'Humanité, no 14479, 11 août 1938, p. 5.
296. Les syndicats défendent la paix et la liberté , L'Humanité, no 14482, 14 août
1938, p. 5.
297. Les assemblées syndicales , L'Humanité, no 14486, 18 août 1938, p. 5.
22.
ANNÉE 1938
227
22.74 27 août 1938. Dans les industries chimiques, le rendement horaire avait augmenté de 30 à 50 % après
l'application des quarante heures La Fédération nationale des travailleurs des industries chimiques vient
d'éditer en tract une lettre ouverte au président du Conseil. Nous en donnons
ci-dessous l'essentiel :
La Fédération a prouvé, avec documents irréfutables à l'appui, que depuis
l'introduction de la semaine de quarante heures, la production avait augmenté sensiblement dans tous les secteurs de ces industries. Cet accroissement atteignait 15 % dans la grande industrie chimique, 20 % dans les
pétroles, 25 % dans l'électro-chimie, etc. Nulle part, la main-d'÷uvre embauchée n'avait atteint les 20 % qu'aurait normalement dû provoquer le
passage des 48 aux 40 heures. C'est dire que le rendement horaire s'est considérablement accru : de 30 % en moyenne et, dans certains cas, de 50 %.
Et cela en dépit d'un outillage bien souvent suranné. Après avoir rappelé les
attaques des trusts contre les quarante heures et les lois sociales, la Fédération souligne que dans l'industrie du pétrole, des chômeurs attendent aux
portes des usines, des centaines d'ouvriers qualiés occupent des postes de
man÷uvres, toutes les entreprises refusent d'embaucher et licencient du personnel dans les sièges sociaux et les dépôts, mais la Shell-Royal-Dutch et
la Standard demandent des dérogations, même pour les maçons. Enn, la
Fédération insiste sur une autre cause de dicultés actuelles : nos fabriques
de superphosphates sont menacées par la concurrence des liales belges de
Kuhlmann. Vous le saviez. Notre industrie de synthèse, malgré une situation
prospère, est menacée. À l'assemblée générale de la Compagnie Française des
Produits organo-chimiques, du 28 avril, le rapport du Conseil d'administration signale le désir de rechercher "une extension à l'extérieur, pour trouver
des prix de revient meilleurs" ; cela alors que le bilan accuse 50 % de bénéces supplémentaires ! Vous le saviez. Nos usines d'alumine sont en sommeil :
150 ouvriers sur 600 sont, à Gardanne, jetés à la rue pendant que nos bauxites partent vers l'étranger. Les procédés de fabrication d'alumine extra-pur
mis au point en France sont cédés à l'Allemagne. Tout cela, y compris le
ralentissement de l'activité des usines françaises a été décidé par le trust international de l'aluminium, ainsi que le prouve le rapport annuel du Conseil
d'administration de l'"Aluminium Industrie Nordhausen", société germanosuisse. Ugine et Péchiney sont membres dirigeants du trust international de
l'aluminium. Nos ingénieurs du pétrole voient tous leurs travaux brevetés à
l'étranger par la Shell ou la Standard, et notre pays doit payer ensuite, en
droits de licence, des millions qui partent à La Haye, à New-York ou à Londres. Faut-il rappeler quelques bénéces réalisés par les trusts d'industries
chimiques ? 298 298. Dans les industries chimiques, le rendement horaire avait augmenté de 30 à 50 %
après l'application des quarante heures , L'Humanité, no 14495, 27 août 1938, p. 5.
228
Bénéces 1936 Bénéces 1937
Alais, Froges et Camargue
Brut
58 184 000
97 347 000
Alais, Froges et Camargue
Net
27 929 000
35 760 000
Rhône-Poulenc
Net
39 674 302
55 998 989
Kuhlmann
Net
28 794 723
34 215 107
Ugine
Net
13 531 543
20 932 359
Michelin
Net
- 10 415 357
34 597 166
té
ale
S G des Huiles de Pétrole
Net
12 163 002
16 844 123
Standard Française des Pétroles Net Créée en 1937
67 306 339
ie
C Française des Pétroles
Net
26 000 000
79 169 839
Ranerie de Pétrole du Nord
Net
15 414 618
34 574 984
22.75 31 août 1938. À Épinay. Un marinier glisse sur la
berge, tombe, et n'est pas retrouvé Le commissaire de Saint-Denis-Ville a été avisé lundi, vers minuit, que
le marinier Guillaume Rémond, âgé de 31 ans, matelot à bord du Sainclair,
de la Compagnie Industrielle des pétroles, venait de glisser sur la berge et
de tomber à l'eau, à hauteur du quai de la Briche, à Épinay. Malgré toutes
les recherches eectuées par la brigade uviale et les pompiers, le corps du
noyé n'a pu être retrouvé. Les recherches se sont poursuivies ce matin sans
donner de résultat. 299 22.76 11 septembre 1938. Les travailleurs français au peuple tchécoslovaque [. . . ]. La Fédération française des Industries Chimiques. La Fédération
française des Industries Chimiques a envoyé l'adresse suivante à la Fédération
des Industries Chimiques de Tchécoslovaquie :
Chers camarades,
Au moment où votre pays se trouve si gravement menacé par le fascisme
hitlérien, la Fédération des Industries Chimiques de France vous envoie, au
nom de ses 180 000 adhérents son salut le plus fraternel et le plus chaleureux.
Les travailleurs des industries chimiques de France défendent avec âpreté les
conquêtes sociales qu'ils ont obtenues grâce à leur unité, grâce au Front
populaire et à leur action de masse. Et ils sont profondément attachés à la
paix. Or, à l'heure présente, la paix n'a jamais été aussi menacée par Hitler.
Hitler veut détruire la Tchécoslovaquie, amie de la France, de la démocratie
et aussi amie de tous les pays libres. Les travailleurs des industries chimiques
de France savent parfaitement bien qu'après l'Autriche, la Tchécoslovaquie,
c'est la France qui serait attaquée ; aussi, dans ces jours si pleins de menaces,
299. À Épinay. Un marinier glisse sur la berge, tombe, et n'est pas retrouvé ,
, no 14499, 31 août 1938, p. 8.
manité
L'Hu-
22.
ANNÉE 1938
229
ils sont et seront à vos côtés pour barrer la route à Hitler. La paix peut et
doit être sauvée. Ce n'est pas par une politique de concessions continuelles
à Hitler que la paix peut être sauvée. C'est au contraire une prime à la
guerre. Les travailleurs des industries chimiques de France estiment qu'Hitler
s'arrêterait s'il voyait se dresser contre lui l'ensemble des pays démocratiques.
Oui, la paix peut être sauvée, mais il faut que la France et les puissances
démocratiques fassent bloc et indiquent fermement à Hitler que s'il agit,
il aura ce bloc contre lui. Tous unis, nous barrerons la route au fascisme,
nous sauverons la paix. Soyez assurés, chers camarades, de nos meilleurs
sentiments de Tchécoslovaquie.
Vive la Fédération des Industries Chimiques de Tchécoslovaquie ! Vive
l'indépendance de la Tchécoslovaquie ! 300 22.77 11 septembre 1938. Fêtes et sorties Techniciens et employés des industries chimiques. Aujourd'hui, grande
fête champêtre à Gif-sur-Yvette, organisée en collaboration avec le syndicat
des industries pharmaceutiques, celui de la photographie et celui des industries chimiques, secteur de Clichy. 301 22.78 14 septembre 1938. Journée nationale pour la défense
des lois sociales Letellier, secrétaire de la Fédération des Industries Chimiques, intervient
devant 1 500 travailleurs lors d'un meeting de l'union départementale de la
Haute-Vienne à Limoges le 10 septembre 1938 sur le thème de la défense des
lois sociales 302 .
22.79 30 septembre 1938. Les travailleurs de France exige
une véritable politique de paix... [. . . ]. La Fédération des Industries Chimiques : Au nom de 180 000
syndiqués, comptons sur action ferme des représentants de la démocratie
française pour sauver la paix dans l'honneur et l'intégrité de la Tchécoslovaquie. [. . . ]. 303 300. Les travailleurs français au peuple tchécoslovaque , L'Humanité, no 14510,
11 septembre 1938, p. 2.
301. Fêtes et sorties , L'Humanité, no 14510, 11 septembre 1938, p. 5
302. Journée nationale pour la défense des lois sociales L'Humanité, no 14513,
14 septembre 1938, p. 3.
303. Les travailleurs de France exigent une véritable politique de paix... , L'Humanité,
no 14529, 30 septembre 1938, p. 1.
230
22.80 9 octobre 1938. La catastrophe des usines Rocca Un autre blessé a succombé, ce qui porte à onze le nombre des victimes. Marseille, 8 octobre. (De notre correspondant particulier). Après la
terrible explosion qui s'est produite aux usines Rocca, et dans laquelle dix
ouvriers ont trouvé la mort, il faut malheureusement ajouter à cette liste
déjà si longue un autre décès. Celui de l'ouvrier Raphaël Savastano, père de
huit enfants, âgé de 46 ans, qui avait été très gravement blessé dans le dos
et qui n'a pas survécu à ses areuses blessures. Quatre ou cinq blessés de
l'explosion, actuellement à l'hôpital, sont encore dans un état très grave et
on ne peut donner d'assurance en ce qui concerne leur guérison.
Les dons auent
Le syndicat des produits chimiques communique que la souscription ouverte pour venir en aide aux victimes et à leurs familles a dépassé 20 000
francs et que les dons de toute nature continuent à auer au syndicat. Les
patrons des produits chimiques ont décidé d'ouvrir eux aussi une souscription en faveur des victimes. Nous faisons remarquer avec juste raison que
ce geste du patronat montre qu'il aurait sans doute mieux valu consacrer
une somme aujourd'hui donnée par charité à améliorer les installations et à
prendre les mesures de sécurité qui auraient empêché la catastrophe. 304 22.81 9 octobre 1938. Résolutions pour le congrès de Nantes.
Contre la guerre et le fascime. Sur l'indépendance des
syndicats Parmi les signataires de ces résolutions, on trouve Finck, Chabanon,
Beyer, Plantin, Letellier, Perrouault, secrétaires de la Fédération des produits chimiques ainsi que Poulmarc'h, Guédou, Touzet, secrétaires du syndicat des industries chimiques de la région parisienne. 305 22.82 9 octobre 1938. Au sujet de la convention nationale
des pétroles Le vendredi 7 octobre, à 10h30, une délégation composée de : Fédération des industries chimiques ; Syndicats ouvriers et techniciens de la région
parisienne des industries chimiques ; a été reçue par le ministre des travaux
publics, M. de Monzie. La délégation a rappelé avec force l'urgence d'engager
les pourparlers avec les chambres syndicales patronales, en vue d'élaborer la
convention nationale des pétroles. M. de Monzie, qui recevra à nouveau les
représentants de la Fédération, le mercredi 12 octobre, a indiqué qu'il prenait
personnellement la responsabilité de la question.
304. La catastrophe des usines Rocca , L'Humanité, no 14538, 9 octobre 1938, p. 2.
305. Résolutions pour le congrès de Nantes. Contre la guerre et le fascisme. Sur
l'indépendance des syndicats , L'Humanité, no 14538, 9 octobre 1938, p. 5.
22.
ANNÉE 1938
231
Pour la Fédération, un secrétaire : Letellier. 306 22.83 9 octobre 1938. Contre la hausse du coût de l'essence Les diérentes organisations qui participent à l'action contre la hausse
du coût de l'essence, se sont rassemblées vendredi 7 octobre, 5 rue de Tracy.
Après examen de la situation, il a été décidé qu'une nouvelle réunion aurait lieu 80 faubourg Saint-Denis, le lundi 10 octobre, à 14h30 pour mettre
au point la conférence d'information prévue pour le mercredi 19 octobre, à
20h30, salle des Sociétés Savantes, 8 rue Danton.
Pour la Fédération, un secrétaire : Letellier. 307 22.84 9 octobre 1938. À l'aide des familles chassées des
Sudètes. Versements reçus vendredi Berckmoës, délégué fédéral des industries chimiques (50 francs) ; Lerouge, secrétaire du syndicat des produits chimiques de Lille (10 francs) ;
Fédération des industries chimiques, personnel technique (50 francs). 308 22.85 16 octobre 1938. La préparation du congrès confédéral. Conférences organisées par la Fédération des
industries chimiques Les conférences du 16 octobre pour la désignation des délégués au
congrès confédéral se tiendront comme suit :
Nancy : les syndicats du département de Meurthe-et-Moselle : Perrouault.
Nancy : les syndicats des départements de la Marne, Ardennes, HauteMarne, Meuse, Vosges, Doubs, Haut-Rhin, Haute-Saône, Belfort, Bas-Rhin,
Moselle : Perrouault.
Rouen : les syndicats du département de Seine-Inférieure : Letellier.
Paris : les syndicats des départements de l'Eure, du Calvados, de l'Orne,
de Seine-et-Oise, de l'Aube, de l'Eure-et-Loir, de Seine-et-Marne, de l'Yonne :
Chabanon. 309 306. Au sujet de la convention nationale des pétroles , L'Humanité, no 14538, 9 octobre
1938, p. 5.
307. Contre la hausse du coût de l'essence , L'Humanité, no 14538, 9 octobre 1938,
p. 5.
308. À l'aide des familles chassées des Sudètes , L'Humanité, no 14538, 9 octobre 1938,
p. 5.
309. La préparation du congrès confédéral. Conférences organisées par la Fédération
des industries chimiques , L'Humanité, no 14545, 16 octobre 1938, p. 5.
232
22.86 1er novembre 1938. Contre la volonté des petits producteurs, les trusts du pétrole et du caoutchouc s'opposent à toute organisation rationnelle de ces industries Une intervention de la Fédération des produits chimiques auprès des
délégués du Congrès radical. À l'issue du congrès radical, la Fédération nationale des industries chimiques a fait parvenir à chaque congressiste une
lettre dont nous publions les principaux extraits, et qui a pour objet la convention nationale des industries du pétrole et du caoutchouc. Il y a un an,
le 8 novembre 1937, la Fédération nationale des Industries chimiques demandait la conclusion d'une convention collective nationale de travail pour
les travailleurs de l'industrie du pétrole. Cette demande était basée sur les
considérations suivantes : Feu M. Gounod, président de l'Union des industries chimiques avait toujours préconisé de telles conventions. M. le général
Serrigny, président de la chambre syndicale de l'industrie du pétrole, préconisait dès 1936 le recours à une telle convention. Enn, sur l'organisation
même de l'industrie du pétrole dont plus de 90 % sont contrôlés directement par le groupe américain Standard, Vacuum Oil, ou le groupe anglosaxon Shell-Anglo-Iranian, Royal Dutch, le faible pourcentage restant n'étant pas totalement indépendant de ces trusts. Précisons que la demande
des travailleurs ne vise que les clauses générales, les clauses particulières
et les salaires et traitements devant être xés régionalement ou départementalement. D'ailleurs successivement, tous les gouvernements au pouvoir
ont approuvé la position de la Fédération nationale des Industries chimiques. Le Conseil national économique a émis un avis favorable le 4 juillet
1938. À la demande de M. le ministre du Travail, l'Oce national des combustibles liquides a transmis le 16 août 1938 aux organisations intéressées
un projet devant servir de base de discussion. Le 16 septembre 1938, une
commission nationale mixte s'est réunie au ministère du Travail. Les trusts,
revenant sur leur position de 1936, refusent toute convention nationale. Qui
est raisonnable des travailleurs qui veulent organiser sans démagogie ou des
trusts qui se refusent à toute organisation ? Depuis, de multiples démarches
faites tant auprès de M. de Monzie que de M. Pomaret, n'ont pu aboutir.
Il est vrai que dans les milieux pétroliers, certains font des forges chaudes
de notre insistance, se attant de compter de dèles appuis et même des
proches parents parmi les hommes les plus en vue. Malgré des précédents
connus de tous, nous n'osons croire à tant de duplicité, alors que ces mêmes
trusts tournent en dérision les mesures prises par les pouvoirs publics (notamment la construction du pipe-line Saint-Nazaire-Montargis) et que des
documents irréfutables prouvent qu'ils subventionnent directement l'armée
allemande. Nous pensons que pour couper court à de tels propos, le gouvernement devrait imposer aux trusts le respect des mesures, qu'il a luimême préconisées. Le 19 octobre, une conférence, réunie sur l'initiative de la
22.
ANNÉE 1938
233
Fédération nationale des industries chimiques, réunissait à Paris, un millier
d'auditeurs représentant, ociellement, les milieux les plus divers : groupes
parlementaires, fonctionnaires, Chambre nationale du commerce du pneumatique, transporteurs, Chambre syndicale de la petite et moyenne entreprise,
Confédération nationale du petit commerce, petite industrie et de l'artisanat,
etc. sans oublier le front de l'automobile. Unanimement, l'assemblée blâma
l'activité néfaste et anti-française des trusts. La même situation existe point
pour point dans l'industrie du caoutchouc. Mieux encore, deux chambres patronales, la Chambre nationale du commerce du pneumatique et la Chambre
syndicale des fabricants et revendeurs d'articles en caoutchouc sont d'accord
pour la conclusion d'une convention collective nationale. Seules quelques très
grandes rmes s'y opposent. Ainsi, ceux qui, théoriquement, de par la diversité de leur fabrication et leur situation même, devraient rencontrer le
plus de dicultés, sont d'accord sur ce terrain avec les organisations de travailleurs. Au contraire, ceux dont les fabrications sont très voisines, ceux qui
disposent de moyens considérables comme Michelin et quelques autres possèdent des usines en Italie, Allemagne et Espagne franquiste. Ainsi, monsieur
le délégué, le problème est bien posé. D'une part, les petites gens que vous
représentez : petits et moyens industriels, commerçants, usagers de l'automobile, sont prêts à s'entendre et s'entendent déjà avec les travailleurs des
industries du pétrole et du caoutchouc. D'autre part, les trusts pétroliers et
caoutchoutiers bafouent les pouvoirs publics et s'opposent à toute organisation rationnelle de leur industrie. Inutile d'insister sur le fait que ces mêmes
trusts attaquent violemment les lois sociales et créent volontairement du chômage en imposant des tarifs préférentiels pour importer leurs produits, au
détriment de notre balance commerciale. Dans les circonstances graves que
traverse notre pays, nous sommes persuadés que vous nous aiderez à réaliser
le redressement qui s'impose. Veuillez agréer, monsieur le délégué, etc.
La Fédération nationale des Industries chimiques. 310 22.87 6 novembre 1938. Premier versement de 5 837 francs
50 du Syndicat des Industries Chimiques Le Syndicat des industries chimiques de la région parisienne, répondant
à l'appel de l'Union des syndicats, a voté un premier versement de secours de
5 000 francs pour l'achat de blé destiné aux familles des héroïques défenseurs
de la Liberté sur le Front d'Espagne. D'autre part, une collecte faite au
siège du syndicat entre les secrétaires et le personnel technique a donné les
résultats suivants :
Poulmarc'h (65 francs), Guédou (65 francs), Vidal (65 francs), Ernoult
(65 francs), Touzet (65 francs), Marty (65 francs), Alezier (65 francs), Lu310. Contre la volonté des petits producteurs, les trusts du pétrole et du caoutchouc
s'opposent à toute organisation rationnelle de ces industries , L'Humanité, no 14561,
1er novembre 1938, p. 5. Une photographie d'Édouard Finck accompagne l'article.
234
tinier (65 francs), Obach (65 francs), Baulot (65 francs), Poupon (65 francs),
Chanut (32 francs 50), Reix (32 francs 50), Étienne (32 francs 50), Bas (32
francs 50). Soit 837 francs 50.
Total : 5 837 francs 50. 311 22.88 10 novembre 1938. Pour une convention collective
nationale de l'industrie du pétrole Dans une lettre au ministre du Travail, la Fédération en demande la
discussion sur la base du projet élaboré par le Directeur de l'Oce nationale
des combustibles liquides. La Fédération des industries chimiques a adressé
au ministre du Travail une lettre dont nous donnons ci-dessous l'essentiel :
Depuis un an, la Fédération nationale des industries chimiques a demandé la conclusion d'une convention collective nationale pour l'industrie du
pétrole. Nous pensons utile de vous rappeler que, successivement, plusieurs
ministres du travail et des travaux publics ont approuvé la conclusion d'une
telle convention. À la demande du ministre, un projet devant servir de base
de discussion a été élaboré par M. le Directeur de l'Oce national des combustibles liquides. Malgré tous nos eorts, ce projet n'a pu jusqu'à ce jour
venir en discussion. À toutes les démarches que nous avons faites, on nous a
opposé la volonté de la Chambre syndicale patronale de ne pas conclure une
telle convention et on nous a fait remarquer que les pouvoirs publics étaient
en l'occurrence désarmés : une convention collective devant être discutée librement entre les parties. C'est pourquoi nous pensons pouvoir suggérer aux
pouvoirs publics une procédure qui leur permettrait de prendre eectivement
position. Nous voudrions que soit traduit devant la Commission nationale de
conciliation, aux ns de suivre la procédure de conciliation et l'arbitrage,
le point suivant : "Une convention collective nationale pour les travailleurs
(ouvriers, employés, techniciens) de l'industrie du pétrole doit être discutée
sur la base du projet élaboré par M. le Directeur de l'Oce national des
combustibles liquides à la demande de M. le ministre du Travail." Nous vous
proposons que la Commission nationale de conciliation soit convoquée avant
le 10 novembre, avec l'engagement formel de votre part, que toute la procédure sera terminée avant le 20 novembre dans les formes que nous avons
indiquées. Veuillez agréer, etc.
La Fédération nationale des Industries chimiques. 312 311. Premier versement de 5 837 francs 50 du Syndicat des Industries Chimiques ,
, no 14566, 6 novembre 1938, p. 5.
312. Pour une convention collective nationale de l'industrie du pétrole , L'Humanité,
no 14570, 10 novembre 1938, p. 5.
L'Humanité
22.
ANNÉE 1938
235
22.89 10 novembre 1938. Avant le congrès confédéral de
Nantes. En très grand nombre, les syndicats adoptent
les projets de résolutions des conseils des cuirs et peaux
parisiens Parmi les signataires, on trouve Raymond Scho, secrétaire de section
du syndicat des préparateurs en pharmacie du Nord et du Pas-de-Calais ;
Benoît Armand, secrétaire général du syndicat des préparateurs en pharmacie de Marseille et des Bouches-du-Rhône ; L. Jillet, secrétaire du syndicat
des industries chimiques, secteur de Saint-Denis-Saint-Ouen ; Louis Front,
délégué fédéral des industries chimiques de la région des Alpes. 313 22.90 11 novembre 1938. Pourquoi le syndicat des industries chimiques de la région parisienne participera au
Congrès de "Paix et Liberté" Au moment où, après les attaques du patronat contre le droit syndical et les conventions collectives, M. Daladier, président du Conseil, parle de
remettre la France au travail, où il attaque nos délégués et nos militants, nous
comprenons toute l'importance que peut avoir un tel congrès pour le resserrement du Front populaire attaqué de toutes parts. En eet, sous le prétexte
de la défense nationale et la rénovation de l'activité économique du pays, le
président du Conseil attaque la semaine de quarante heures ; peut-être que
demain ce sera le tour des congés payés et des conventions collectives. Il serait
paradoxal qu'après avoir critiqué énergiquement la politique des Tardieu et
des Laval concernant la diminution des conditions de vie des travailleurs, on
en revienne aujourd'hui au même système, c'est-à-dire des impôts nouveaux
pour la classe ouvrière, la diminution de tous les avantages acquis, et aucune
action contre le gros patronat qui, non seulement n'a pas subi les eets de la
crise, mais, ces dernières années, a accumulé des super-bénéces. Le congrès
de Paix et Liberté des 11, 12 et 13 novembre, doit rassembler les délégués de
tout le pays, des organisations politiques et syndicales qui veulent une politique conforme non pas comme cela est le cas actuellement aux intérêts de la
bourgeoisie et du patronat, mais de la classe ouvrière, une politique qui apportera aux ouvriers, aux paysans et aux classes moyennes, les améliorations
à leur sort prévues dans le programme du Front populaire. Pour obtenir la retraite des vieux travailleurs, la revalorisation des traitements, l'amélioration
des conditions de vie des travailleurs des campagnes, pour l'ouverture des
grands travaux, les délégués du syndicat des industries chimiques, groupant
40 000 adhérents dans la région parisienne, seront présents à ce congrès. Il
ne sut plus de se déclarer du Front populaire, il s'agit maintenant de faire
313. Avant le congrès confédéral de Nantes. En très grand nombre, les syndicats
adoptent les projets de résolutions des conseils des cuirs et peaux parisiens , L'Humanité,
no 14570, 10 novembre 1938, p. 5.
236
la politique voulue par les masses de ce pays.
Vidal, secrétaire du syndicat. 314 22.91 14 novembre 1938. Victoire de la CGT aux élections
prud'homales dans le département de la Seine [. . . ] Sections produits chimiques alimentation. Finck, conseiller sortant, 1894 voix, élu. [. . . ]. 315 22.92 20 novembre 1938. L'assemblée d'information des
cadres du syndicat général des industries chimiques
de la région parisienne aura lieu demain Les délégués et membres des commissions exécutives sont priés d'assister à la grande assemblée d'information qui aura lieu demain à 20h30, salle de
la Grange-aux-Belles. Ordre du jour : Riposte aux décrets-lois, compte-rendu
du congrès de Nantes. Orateurs : Poulmarc'h, secrétaire général du syndicat ;
Finck, secrétaire général de la Fédération ; Carasso, secrétaire de l'union des
syndicats. Le syndicat général des industries chimiques tient à informer, par
la voie de la presse, les délégués de ses six cent usines de la région parisienne,
que le siège du syndicat, ainsi que les secteurs de Saint-Denis, Aubervilliers,
Clichy, Puteaux, Ivry et Colombes, seront ouverts dimanche toute la journée,
à seule n de leur donner les renseignements dont ils pourraient avoir besoin.
Vidal, secrétaire du syndicat. 316 22.93 22 novembre 1938. Pour maintenir leurs droits menacés par les attaques patronales et gouvernementales.
1 300 travailleurs de l'usine Hutchinson à Puteaux ont
cessé le travail L'ensemble du personnel de l'usine de pneumatiques Hutchinson a cessé
le travail hier matin. Les 1 300 ouvriers, employés et techniciens de l'usine du
quai National à Puteaux se sont mis en grève pour protester contre la décision
de la direction de répartir l'ensemble des heures de travail sur six jours, mettant, en cela, les décrets Daladier-Raynaud, en application. En eet, samedi
dernier, celle-ci avait fait acher dans l'usine le changement d'horaire dans
l'atelier d'entretien, où l'on eectuait quarante-cinq heures pendant cinq
jours. La direction prétendait les répartir à raison de sept heures pendant
314. Pourquoi le syndicat des industries chimiques de la région parisienne participera
au Congrès de "Paix et Liberté" , L'Humanité, no 14564, 4 novembre 1938, p. 5.
315. Victoire de la CGT aux élections prud'homales dans le département de la Seine ,
o
L'Humanité, n 14574, 14 novembre 1938, p. 5.
316. L'assemblée d'information des cadres du syndicat général des industries chimiques
de la région parisienne aura lieu demain , L'Humanité, no 14580, 20 novembre 1938, p. 5.
22.
ANNÉE 1938
237
les cinq premiers jours et faire travailler neuf heures le samedi. Dès l'annonce de cette décision, la délégation s'était rendue auprès de la direction
pour protester contre ce changement que rien ne motivait. Au cours de cet
entretien, le directeur maintint son attitude arrogante, insultant même les
délégués du personnel. De plus, hier matin, la direction t enlever le panneau d'achage des convocations syndicales. Ce qui provoqua le débrayage
spontané de tous les travailleurs. Depuis longtemps, la direction violait systématiquement la convention collective de travail. C'est ainsi que de nombreux
licenciements arbitraires ont été eectués ces derniers temps. En particulier,
un travailleur ayant quatorze ans de présence fut remercié après un accident
du travail. Depuis un mois, les renvois se sont multipliés à la fonderie, et l'on
prétextait, pour cela, des motifs futiles. Alors que la convention collective
avait déterminée le taux des salaires, les ouvriers étaient systématiquement
payés au-dessous du barème. Dès la cessation du travail, une délégation du
personnel, accompagnée d'un secrétaire du syndicat des industries chimiques,
a insisté auprès de la direction pour qu'elle revienne sur sa décision. Aucun
accord n'a pu être obtenu. Devant cette intransigeance, les ouvriers avaient
décidé de poursuivre la lutte dans les ateliers. Vers quatorze heures, d'importantes forces de police ont pénétré dans l'usine et ont expulsé les grévistes.
Plusieurs arrestations ont été opérées. Les ouvriers se sont réunis aussitôt
dans la grande salle du restaurant COOP, boulevard Richard-Wallace, où les
orateurs ont successivement dénoncé l'attaque du patronat contre les avantages acquis, en mettant en application les décrets de régression sociale de
Daladier-Reynaud. Après avoir exposé les moyens de poursuivre la lutte à
l'extérieur de l'usine, les orateurs examinèrent l'organisation de la solidarité sur le plan local. Des aches qui expliqueront les motifs de la grève
seront apposées par les soins du comité local. Il organisera de nombreux
meetings où les représentants des partis du Front populaire exposeront les
conséquences néfastes pour les classes laborieuses de l'application des décrets
de misère. Déjà, des pétitions ont circulé parmi les petits commerçants et
artisans et cent-soixante-dix de ces derniers les ont signées. L'ensemble des
1 300 grévistes accompagnèrent une délégation jusqu'à la mairie en manifestant au cris de "Daladier, démission !" dans les rues de Puteaux dont la
population marqua vivement sa sympathie aux travailleurs de chez Hutchinson. Aujourd'hui, une réunion des grévistes aura lieu à quinze heures dans
la salle COOP, boulevard Richard-Wallace. 317 22.94 22 novembre 1938. Aux établissements Kuhlmann Hier, à 12h45, les ouvriers de l'usine de produits chimiques et engrais
Kuhlmann, à Aubervilliers, ont engagé la bataille contre l'application des
317. Pour maintenir leurs droits menacés par les attaques patronales et gouvernementales. 1 300 travailleurs de l'usine Hutchinson à Puteaux ont cessé le travail , L'Humanité,
no 14582, 22 novembre 1938, p. 5.
238
décrets-lois. En eet, malgré les eorts des délégués ouvriers, le directeur,
M. Samsoen, achait une note de service modiant l'horaire et répartissant
le travail sur six jours de la semaine. Sans doute pour marquer sa reconnaissance, le directeur a fait appel à la police qui a procédé avec sa brutalité
coutumière à l'évacuation des locaux. La grève n'en continuera pas moins à
l'extérieur et nos camarades de chez Kuhlmann, à l'avant-garde de la bataille
contre les décrets-lois, poursuivront leur mouvement pour le maintien des lois
sociales et des avantages acquis. 318 22.95 22 novembre 1938. Autres conits Aux établissements Kuhlmann à Wattrelos. La direction des usines de
produits chimiques Kuhlmann, à Watrelos, près de Roubaix, avait décidé de
modier d'après les décret-lois, l'horaire de travail de son personnel. Hier
matin, à la reprise du travail, les 250 ouvriers n'ont pas voulu accepter ce
nouvel horaire et se sont mis en grève. [. . . ]. Aux raneries de Donges. Cinq
cents ouvriers des raneries de pétrole de Donges ont cessé le travail pour
protester contre la décision patronale d'appliquer des nouveaux horaires de
travail. 319 22.96 22 novembre 1938. Importante assemblée des délégués
des usines de produits chimiques Les délégués des usines de produits chimiques de la région parisienne se
sont réunis hier soir à la Grange-aux-Belles. Après avoir entendu les représentants du syndicat et le camarade Finck, secrétaire de la Fédération, ils ont
adopté un ordre du jour de protestation contre les décrets Daladier-Reynaud
et décident de ne pas appliquer les nouveaux horaires de travail, bien décidés
à conserver la semaine des cinq jours. 320 22.97 30 novembre 1938. Ouvriers et commerçants de banlieue unis dans un magnique mouvement de protestation [. . . ]. À Aubervilliers. Aciéries de Longwy 100 % ; Micheville 100 % ;
Péchiney 96 % ; Bardot et Cie 100 % ; Fillion 100 % ; Société des Produits
Chimiques TBI 100 % ; Vidange 100 % ; Saulnier 90 % ; Boyauderie White
85 % ; Malicet 95 %. [. . . ]. À Maison-Alfort. Produits chimiques Fould et
Springer 100 % ainsi que les employés communaux. [. . . ]. 321 318. Aux établissements Kuhlmann , L'Humanité, no 14582, 22 novembre 1938, p. 5.
319. Autres conits , L'Humanité, no 14582, 22 novembre 1938, p. 5.
320. Importante assemblée des délégués des usines de produits chimiques , L'Humano
ité, n 14582, 22 novembre 1938, p. 5.
321. Ouvriers et commerçants de banlieue unis dans un magnique mouvement de
protestation , L'Humanité, no 14590, 30 novembre 1938, p. 2.
22.
ANNÉE 1938
239
22.98 30 novembre 1938. Industries chimiques Malgré les menaces les plus vives de la part du patronat des industries chimiques, un déploiement de forces policières rarement vu, la radio, la
presse, etc..., les travailleurs des industries chimiques ont répondu en grand
nombre à l'appel de grève générale de la CGT.
Dans la région parisienne, aux Carbones, à Gennevilliers, 100 % ; chez
Dynamic, 90 % ; chez Richter, 100 % ; aux Fours Rousseau, 85 % ; chez BozelMalétra. En résumé, dans les usines de la région parisienne ayant chômé, le
chômage a atteint de 50 à 100 %. À noter que certaines équipes étaient
désignées pour assurer le travail au feu continu et à la sécurité, selon les
prescriptions de la CGT.
À Clermont-Ferrand, chez Michelin et Bergougnan, la grève fut suivie à
100 %.
Au Havre, à la Compagnie Française de Ranage, 100 % ; Desmarais,
100 % ; Jupiter, 100 % ; Couleurs et Vernis, 100 %. 322 22.99 2 décembre 1938. Dans l'industrie chimique La Fédération des industries chimiques fournit, tant au sujet du mouvement de grève que des licenciements et des lock-out, les renseignements
suivants :
Région de Lyon. Les usines n'ayant pas travaillé le jour de la grève sont
fermées ce matin. La Mède. Pétroles, grève totale. Devant les sanctions, les
ouvriers occupent l'usine.
Frontignan Touus. Grève 100 %. La direction annule la convention et
veut réembaucher à un tarif inférieur.
Région parisienne. On annonce à 10 heures plus de 3 000 licenciements
dans les entreprises de pétrole, caoutchouc, industrie chimique.
Le Havre. Les pétroles Desmarais, Jupiter ont lock-outé 1 800 ouvriers.
Bordeaux. Tous les principaux militants syndicalistes sont licenciés. Nombreux licenciements également dans diverses entreprises.
Marseille. Dans les couleurs et vernis de la région marseillaise, la presque
totalité des entreprises sont fermées. Les ouvriers sont licenciés, ainsi que
dans les produits chimiques Cotelle et Foucher. Nombreux licenciements
également dans les savonneries de Marseille.
Dans la région de Clermont-Ferrand, l'usine Bergougnan est fermée. Les
ouvriers sont lock-outés. Dans les autres entreprises chimiques de cette région, lock-out général. 323 322. Industries chimiques , L'Humanité, no 14590, 30 novembre 1938, p. 4.
323. Dans l'industrie chimique , L'Humanité, no 14591, 2 décembre 1938, p. 5.
240
22.100 3 décembre 1938. Comment les pouvoirs publics
et le grand patronat sabotent toute la production
nationale [. . . ]. Nièvre. 2 décembre. Les établissements Kuhlmann-Copinot et
du Petit-Creusot restent clos. Aux établissements Lambiotte, à Primery, qui
avaient été occupés, le travail a repris normalement.[. . . ].
Bordeaux. On signale que dans plusieurs usines de ranerie, produits
chimiques, pétroles, on a congédié les militants syndicaux sans distinction
de qualités professionnelles. [. . . ].
Donges. À Donges, la grève a rebondi, les ouvriers ne veulent pas accepter de faire une nouvelle demande d'embauche. Ils entendent conserver
les avantages acquis, ainsi que la stricte application des lois sociales. Ce conit intéresse quatre usines : les dépôts de la Jupiter, de la Société Générale
des Huiles et Pétroles, ainsi que les usines de distillation de pétrole de Pechelbronn et des consommateurs, soit quatre cents ouvriers.
Nantes. Un vaste mouvement de protestation contre le sanctions a éclaté
à Nantes et intéresse environ 6 000 ouvriers. Il s'applique notamment aux
chantiers des Batignolles, aux Forges de Basse-Indre, à la Ranerie Say et
à diverses entreprises d'industrie chimique. [. . . ].
Le Havre. [. . . ] Aux établissements Salacrou, produits pharmaceutiques,
lock-out. [. . . ]. Dans les produits chimiques : maison Desmarais, 200 ouvriers ; raneries de Gonfreville-l'Orcher, 800 ouvriers lock-outés. Dans les
peintures et vernis, 60 ouvriers environ sont en grève pour protester contre
le licenciement d'un délégué. [. . . ].
Dans la Seine-Inférieure. À Amfreville-la-Mi-Voie. À l'Électro-Câble, 450
ouvriers sont licenciés. 200 ont repris le travail. Dans la grande industrie
chimique ainsi que dans les dépôts de pétrole, la situation reste largement
inchangée. À la ranerie Jupiter de Petit-Couronne, 500 ouvriers continuent
la grève. Les ouvriers de l'usine des engrais chimiques de Grand-Couronne
continuent la lutte au nombre de près d'un millier. [. . . ]. 324 22.101 6 décembre 1938. La situation aux usines CitroënMichelin À la suite de la journée du 30 novembre où une partie importante des
ouvriers et ouvrières de ces usines ont appliqué le mot d'ordre confédéral,
la direction Michelin a pris une position véritablement étonnante. Le jeudi
1er décembre, aux portes d'entrée, la maîtrise eectuait une sélection parmi
les ouvriers qui avaient fait grève dans des conditions que nous ne pouvons
comprendre. D'autre part, la direction n'a pas encore fait connaître, à l'heure
actuelle, ce qu'elle comptait appliquer comme sanctions ou comme décisions.
324. Comment les pouvoirs publics et le grand patronat sabotent toute la production
nationale , L'Humanité, no 14592, 3 décembre 1938, p. 4.
22.
241
ANNÉE 1938
Les ouvriers qui ont leur outillage et leurs eets de travail à l'intérieur sont
dans l'impossibilité de se les procurer. Nous considérons, quant à nous, que
la situation peut rapidement se solutionner dans la mesure où la direction
Michelin voudra ouvrir les portes pour l'ensemble des ouvriers, car elle ne
peut rien reprocher à aucun de ceux-ci, hors l'application du mot d'ordre de
la CGT avec lequel, d'ailleurs, la majorité des travailleurs étaient d'accord.
Toutes ces choses furent expliquées ce matin, à M. Arvieux, représentant
du ministre du Travail, par MM. Poirot, secrétaire du Syndicat des Métaux
et Beaumont, secrétaire des sections syndicales Citroën-Michelin. Celui-ci a
promis de s'employer à la solution de cet état de choses. Nous demandons aux
ouvriers et ouvrières qui sont encore dehors de se faire inscrire rapidement
dans leurs sections locales.
Le comité inter-usines Citroën-Michelin.
PS. Un grand meeting aura lieu mardi, à 17h30 au Patronage laïque, 72
avenue Félix-Faure pour les ouvriers de chez Citroën. Tous les ouvriers des
usines Citroën du 15e devront y assister. 325 22.102 6 décembre 1938. Trente mille travailleurs des industries chimiques licenciés Nous publions ci-dessous le texte de la lettre adressée aux sénateurs
par la Fédération des produits chimiques :
Monsieur le sénateur,
Le 30 novembre, 150 000 ouvriers et employés des industries chimiques
ont participé à la grève générale pour protester contre les décrets dont la légalité est contestable, qui ont soulevé l'indignation de tout le pays et qui ont
été pris en dehors du contrôle parlementaire. Sans aucun but politique, cette
grève n'a été que l'expression d'un droit légal. Cependant, 30 000 travailleurs
des industries chimiques sont maintenant licenciés. En dépit des informations
mensongères de la presse et de la radio, de nombreuses usines de pétroles,
d'engrais, de produits pharmaceutiques sont fermées. Ainsi, tout en nuisant
aux intérêts de la Nation, on réduit à la misère des dizaines de milliers d'honnêtes travailleurs, de femmes et d'enfants, dans le but hypocrite de porter
atteinte aux organisations syndicales existantes en vertu de la loi de 1884.
La tasse de lait enlevée au bébé et au vieillard, la bouchée de pain arrachée à
l'enfant, n'émeuvent pas les maîtres de ce pays, s'ils peuvent, par ces moyens
inhumains, accroître leurs privilèges contre ceux qui, en septembre encore,
avaient répondu présents, à l'appel de la Nation. Le tableau ci-joint, établi à
la date du 3 décembre 1938 et que nous compléterons ultérieurement, vous
donne une idée de l'ampleur de ce mouvement. Nous sommes persuadés,
Monsieur, que nous ne voudrez pas vous associer à ces man÷uvres et que
325. La situation aux usines Citroën-Michelin ,
1938, p. 5.
, no 14595, 6 décembre
L'Humanité
242
vous nous aiderez à obtenir la réintégration de tous les licenciés sans exception et le respect des conventions collectives librement signées par les parties
et qui doivent continuer de faire la loi, la grève ne constituant en aucune
façon, au regard de la loi, une rupture du contrat de travail. Les déclarations
ocielles ne peuvent en eet rien changer au fait que dans les usines nationalisées, elles-mêmes, les conventions collectives sont méprisées, tournées et
parfois totalement supprimées.
En vous remerciant à l'avance, veuillez agréer, Monsieur, l'assurance de
notre considération distinguée.
Pour la Fédération, le secrétaire général : Édouard Finck.
Les licenciements :
Clermont-Ferrand, caoutchouc : 1 500
Région parisienne, divers : 4 000
Le Havre, pétroles : 1 800
Dunkerque, pétroles : 1 000
Lille, divers : 4 250
Arras, divers : 700
Corbeil, produits chimiques : 100
Grenoble, pétroles : 23
Lorient, pétroles : 3
L'Argentières (Basses-Alpes), produits chimiques : 42
Palais-sur-Vienne (Haute-Vienne), produits chimiques : 90
Port-Jérôme (Saine-Inférieure) : 10
Venizel (Aisne), produits chimiques : 30
Bordeaux, divers : 700
Valence (Drôme), pétroles : 17
Saint-Julien-de-Maurienne (Savoie), produits chimiques : 90
Notre-Dame-de-Briançon (Savoie), produits chimiques : 30
La Pallice (Charente-Inférieure), divers : 290
Plombière-Saint-Marcel (Savoie), produits chimiques, 15
Bassin de la Sambre, produits chimiques : 65
Le Trait (Seine-Inférieure), pétroles : 76
Oissel (Seine-Inférieure), produits chimiques : 400
Vichy (Allier), caoutchouc : 20
Tavaux-Damapris (Jura), produits chimiques : 22
À ces premiers renseignements, il faut ajouter les milliers de travailleurs
de la région marseillaise, raneries de pétrole, savonneries, usines chimiques,
etc. Des pétroles et industries chimiques de Donges et de Nantes. Chaque
heure, des renseignements complémentaires nous parviennent. Nous ne manquerons pas de vous tenir au courant.
La Fédération. 326 326. Trente mille travailleurs des industries chimiques licenciés , L'Humanité, no 14595,
6 décembre 1938, p. 5.
22.
ANNÉE 1938
243
22.103 15 décembre 1938. Décisions de la Fédération de la
céramique La commission exécutive de la Fédération de la céramique, réunie à son
siège, à Limoges, a décidé, respectueuse des décisions du CCN, et en parfait
accord avec notre camarade Jouhaux, que les délégués fédéraux à l'enseignement technique cesseront toute participation aux travaux de la commission
dont ils font partie. La commission exécutive a envoyé son salut le plus fraternel et toute sa sympathie aux camarades licenciés. Elle a fait savoir qu'en
raison des événements l'Ouvrier Céramiste de novembre n'a pu paraître, mais
que nos camarades seront en possession du prochain numéro vers la n de
décembre. Enn, la commission exécutive a pris toutes dispositions pour assurer un premier envoi de fonds en faveur des camarades licenciés. Elle a tenu
à faire connaître aux syndicats qu'en accord avec les décisions du CCN du
5 décembre les sommes recueillies doivent être envoyées à la Fédération, qui
les fera parvenir à la CGT. Elle a décidé la convocation d'un Comité fédéral
pour les 17 et 18 courant, an de prendre toutes dispositions concernant la
situation présente.
Le bureau fédéral. 327 22.104 15 décembre 1938. Pour le réembauchage des ouvriers licenciés. Une délégation de l'Union des syndicats
de la région parisienne a été reçue par le ministre du
Travail Carasso et Poulmarc'h font partie de cette délégation. Les syndicats des
industries chimiques, bâtiment, métaux, cuirs et peaux, textile, alimentation,
bois, papier-carton sont constitués en cartel de défense des licenciés 328 .
22.105 22 décembre 1938. En quelques lignes Industrie pharmaceutique. Prière aux responsables de sous-sections de
passer très rapidement chercher le journal Le Travailleur des industries pharmaceutiques du mois de décembre. 329 22.106 22 décembre 1938. Réunions de lock-outés Aux licenciés des industries pharmaceutiques. Outre l'eort de solidarité de la CGT, les travailleurs de l'industrie pharmaceutique ont collecté une
327. Décisions de la Fédération de la céramique , L'Humanité, no 14604, 15 décembre
1938, p. 5.
328. Pour le réembauchage des ouvriers licenciés. Une délégation de l'Union des syndicats de la région parisienne a été reçue par le ministre du Travail , L'Humanité, no 14604,
15 décembre 1938, p. 5.
329. En quelques lignes , L'Humanité, no 14611, 22 décembre 1938, p. 7.
244
première somme de 3 116 francs 50 en dehors des 140 francs versés par le personnel permanent de l'organisation. Le syndicat vient d'acheter 4 500 kilos
de charbon pour que nos camarades licenciés appartenant à notre syndicat
reçoivent chacun un sac de boulets de cinquante kilos an de leur permettre
de résister aux rigueurs de la température. Les livraisons auront lieu dans le
courant de la semaine prochaine au domicile de chacun de nos camarades.
Nous invitons nos camarades à prendre toutes dispositions pour réceptionner
le charbon.
Le syndicat. 330 22.107 22 décembre 1938. Comment la direction des usines
Citroën-Michelin trompe l'opinion publique On nous prie d'insérer : Un communiqué du ministère du Travail, reproduit par toute la presse de droite et par le journal L'Oeuvre indiquait que
la direction Michelin avait pris comme sanction les peines suivantes à la suite
du mouvement du 30 novembre. Mise à pied de 700 ouvriers et ouvrières. 32
délégués sur 141 sont mis à pied provisoirement. Le communiqué poursuivait
en précisant que la plupart des ouvriers mis à pied seraient réintégrés. En
outre, le ministre protestait contre les renseignements tendancieux que la
section syndicale Citroën aurait donné. Il est regrettable que les services du
ministère aient cru sans enquêtes prendre une telle position. Aujourd'hui,
nous tenons à armer en tenant toutes les preuves à l'appui à la disposition
des intéressés que :
1o Jamais il n'y a eu 141 délégués chez Citroën-Michelin et aujourd'hui
il y a 36 délégués licenciés sur 36 titulaires et 36 suppléants que compte
l'entreprise. C'est-à-dire un sur deux.
2o Les licenciements dénitifs avec envoi du certicat, du règlement de
la paie sans préavis ni congés payés touchent 591 ouvriers exactement.
3o L'on ne peut invoquer contre ceux-ci d'autre motif que celui de la
grève générale du 30 qui fut respectée par au moins 7 400 ouvriers de la
rme, chire indiqué par la direction Michelin.
4o Une grosse partie des licenciés sont des professionnels qualiés ayant
pour la plupart plusieurs années de maison, certains ont quinze et dix-huit
ans de présence.
5o Il y a du travail puisque deux semaines de suite et pour la première
fois depuis 1936, on a fait 48 heures dans l'usine.
Les ouvriers demandent partout la réintégration de tous ceux qui sont
dehors, ils demandent au gouvernement, au ministre du Travail de se montrer
énergiques envers M. Michelin qui, le jour du 30 novembre, lock-outait ses
usines de Clermont-Ferrrand en même temps qu'il prenait des mesures de
répression honteuses dans les usines de Paris.
330. Réunions de lock-outés , L'Humanité, no 14611, 22 décembre 1938, p. 7.
23.
ANNÉE 1939
245
Pour la section syndicale Citroën-Michelin : H. Beaumont. 331 23
Année 1939
23.1 2 janvier 1939. À la FSGT. Hier à la piste de Vincennes. AC Espagnol a battu sélection produits chimiques : 5 à 2 Hier, à la piste municipale de Vincennes, l'Athlétic-Club Espagnol et
la sélection parisienne des Produits chimiques se rencontraient au prot des
enfants espagnols. Nos amis Mension, Corget, Glashendier et Pernette, de
la FSGT, assistaient à la réunion. Le camarade Carasso, secrétaire de l'Union des syndicats de la région parisienne, jouait dans l'équipe des produits
chimiques, sélection des trois clubs de cette industrie. Plus homogènes, les
Espagnols prirent l'avantage dès le début et marquèrent à la septième minute,
puis les Parisiens se ressaisirent et à la mi-temps survint le score de trois à
un. À la reprise, les Espagnols furent à nouveau les maîtres du terrain et,
en dépit d'une bonne n de match des produits chimiques, augmentèrent
leur avance pour la porter nalement à cinq buts. C'est sur la marque de
cinq à deux que se termina le match. Les Espagnols meilleurs footballeurs,
méritèrent leur succès, mais le score est lourd pour les produits chimiques,
où l'arrière Plez fut le meilleur. À l'AC Espagnol, deux ailiers se mirent
particulièrement en évidence. 332 23.2 8 janvier 1939. Aux secrétaires et responsables des
industries chimiques Nos camarades sont priés de passer d'urgence au siège du syndicat,
16 place de la République ou dans les sièges des secteurs : Ivry, annexe
de la mairie d'Ivry ; Saint-Denis, 25 rue Fontaine ; Clichy, 60 rue de Paris ;
Puteaux, 80 boulevard Richard-Wallace ; Colombes, 35 rue du Bournard ;
Aubervilliers, 13 rue Pasteur, an de retirer des tracts concernant la situation
actuelle et l'assemblée d'information du 13 janvier. 333 331. Comment la direction des usines Citroën-Michelin trompe l'opinion publique ,
, no 14611, 22 décembre 1938, p. 7.
332. À la FSGT. Hier à la piste de Vincennes. AC Espagnol a battu sélection produits
chimiques : 5 à 2 , L'Humanité, no 14622, 2 janvier 1939, p. 7. Une photographie accompagne l'article, avec pour légende : Une phase du match qui opposait, à la Piste
municipale, l'AC espagnol à la sélection des produits chimiques (photo Humanité ) .
333. Aux secrétaires et responsables des industries chimiques , L'Humanité, no 14628,
8 janvier 1939, p. 5.
L'Humanité
246
23.3 8 janvier 1939. Importante assemblée ouvrière des
industries chimiques à Lens Une grande assemblée des ouvriers des industries chimiques du Pasde-Calais aura lieu à l'hôtel de ville de Lens, le lundi 9 janvier à 17 heures.
Prendront la parole : le secrétaire général de la Fédération nationale des
industries chimiques, Édouard Finck ; le délégué fédéral, A. Berckmoës, le
secrétaire de l'intersyndical, H. Julien ; le secrétaire de l'Union départementale des syndicats confédérés du Pas-de-Calais, G. Coquel. 334 23.4 7 février 1939. Eort intense de solidarité envers l'Espagne et les ouvriers licenciés Tel est l'appel lancé par la Fédération des industries chimiques à ses
adhérents. La Fédération nationale des industries chimiques a durant toute
l'année 1938 poursuivi un intense eort de solidarité. Cette aide s'est manifestée pendant la grève de Marseille, venant peu après la grève Goodrich,
grève Novalis, etc... et plus récemment à la grève de Condat-le-Lardin, pour
laquelle plus de 50 000 francs ont été versés.
Malgré tous ses eorts et bien qu'il n'existe aucune cotisation fédérale
syndicale pour le chômage et la solidarité (en dehors pour 1938 d'un timbre
trimestriel facultatif à 0 franc 50), la Fédération a multiplié les eorts pour
les licenciés du 30 novembre. Une première répartition de 100 000 francs a
été suivie de deux autres de 25 000 francs chacune, ceci venant s'ajouter
aux sommes collectées par les syndicats. Pour une part, les secrétaires et
délégués fédéraux, de même que les camarades dactylos abandonnent chacun une journée par mois en faveur des victimes de la répression.
Pour l'Espagne républicaine
Tout en poursuivant ses multiples tâches et la défense des licenciés, la
dernière Commission exécutive fédérale a mis au premier plan la défense de
l'Espagne républicaine, dont l'existence nous garantit du fascisme et de la
guerre, et sauvegarde nos intérêts les plus divers.
Mettant en pratique les résolutions de la Commission exécutive, le secrétariat fédéral a décidé :
1o Aide matérielle à l'Espagne. a) Blocage de toutes les souscriptions
pour l'Espagne sur la tranche française de la souscription internationale ; b)
Versement fédéral de 5 000 francs à cette tranche ; c) Versement des secrétaires fédéraux : 660 francs ; d) Hébergements d'un certain nombre d'enfants
espagnols à la propriété de Gif, avec le concours des syndicats parisiens intéressés.
334. Importante assemblée ouvrière des industries chimiques à Lens ,
no 14628, 8 janvier 1939, p. 5.
,
L'Humanité
23.
ANNÉE 1939
247
2o Action pour le rétablissement du libre commerce avec l'Espagne républicaine. La Fédération invite ses syndicats à participer aux meetings du 12
février et prendre l'initiative de les organiser où rien n'est prévu.
PS. Le prochain numéro de la Revue des Industries Chimiques sera consacré "aux industries chimiques françaises et l'Espagne". Il établira le rôle
essentiel de la banque Lazard et de son agent Bonnet dans le développement
de la politique anti-sociale et anti-française.
Chabanon, secrétaire de la Fédération des industries chimiques. 335 23.5 12 février 1939. Les permanences pour la manifestation du 12 février 1939 à Paris [. . . ]. Aubervilliers. Au siège du Centre syndical, 13 rue Pasteur. Finck,
secrétaire de la Fédération des Industries Chimiques ; Guilbaud, du conseil
national de Paix et Liberté. [. . . ].
Issy-les-Moulineaux. 25 avenue de Verdun. Guédou, secrétaire du syndicat des industries chimiques ; Jacqueline Marchand, du CM des Femmes.
[. . . ].
Bourg-la-Reine (108 Grande-Rue, salle du Chat Botté). Jean Bas, secrétaire du syndicat des industries pharmaceutiques. 336 23.6 13 février 1939. Importante assemblée d'information
du syndicat des industries chimiques Cette grande assemblée d'information est organisée pour préparer le
congrès du syndicat. Elle se tiendra mercredi 15 février, à 20h30, à la Maison
des Syndicats, 33 rue de la Grange-aux-Belles. Orateurs : Jean Carasso et
Henri Raynaud. 337 23.7 14 février 1939. Distribution de vivres aux lock-outés Industries pharmaceutiques. Licenciés et lock-outés doivent passer au
siège vendredi pour toucher l'allocation allouée par la Fédération. 338 335. Chabanon, Eort intense de solidarité envers l'Espagne et les ouvriers licenciés ,
, no 14658, 7 février 1939, p. 5.
336. Les permanences pour la manifestation du 12 février 1939 à Paris , L'Humanité,
no 14663, 12 février 1939, p. 7.
337. Importante assemblée d'information du syndicat des industries chimiques , L'Huo
manité, n 14664, 13 février 1939, p. 5.
338. Distribution de vivres aux lock-outés , L'Humanité, no 14665, 14 février 1939,
p. 5.
L'Humanité
248
23.8 14 février 1939. Hébergement et parrainage des enfants par les travailleurs des industries chimiques Le syndicat des industries chimiques de la région parisienne nous communique :
Notre syndicat met à la disposition des enfants espagnols sa propriété
de Jaumeron, à Gif-sur-Yvette. Des démarches sont faites an d'obtenir
l'autorisation d'héberger vingt enfants. Des travaux d'aménagement sont en
cours pour recevoir nos chers petits réfugiés dans les meilleures conditions.
Notre syndicat fait un appel pressant auprès des sections syndicales pour lui
venir en aide. Que chaque section prenne l'initiative de parrainer un enfant.
Nous demandons à nos camarades qui possèdent des chaussures, vêtements,
lainage, etc. de nous les faire parvenir rapidement, soit au siège du syndicat,
soit au siège des secteurs. Tous à l'÷uvre pour collecter les fonds nécessaires,
non seulement pour l'aide aux familles éprouvées, mais également pour aider
les vaillants combattants espagnols qui continuent la lutte contre le fascisme
international.
Pour le syndicat, A. Ernoult. 339 23.9 15 février 1939. Kuhlmann réclame au syndicat du
Nord des produits chimiques un million de francs de
dommages et intérêts ! Lille. 14 février. (De notre correspondant particulier). Les feuilles bleues
pleuvent actuellement au syndicat des produits chimiques du Nord. Le trust
Kuhlmann lance une oensive que l'on comprend très bien lorsqu'on sait la
liaison de ce trust avec le fascisme international, le gouvernement de Chamberlain et de MM. Daladier et Bonnet. Et il apparaît à ce trust sans doute
que l'occupation de la Catalogne, de Minorque et de l'île de Haïnan justie
l'attaque la plus violente contre les libertés ouvrières en France pour aaiblir encore davantage notre pays. Le 26 novembre 1938, outrés par certaines
provocations patronales et par les premiers eets des décrets-lois DaladierRayanud, les travailleurs des usines Kuhlmann de Loos, La Madeleine et
Wattrelos se mettaient en grève. Perdant toute mesure, le trust Kuhlmann
lance aujourd'hui de nombreuses plaintes contre la plupart des délégués de
ses trois usines et contre André Berckmoës, délégué fédéral du syndicat des
produits chimiques. Pour l'usine de La Madeleine, le trust Kuhlmann réclame 439 000 francs plus 300 francs 25 de minutes ; pour Loos, 381 174
francs plus 36 francs 60 et pour celle de Wattrelos, 400 000 francs, plus 270
francs 70. Dans huit jours, le tribunal aura à se prononcer. Souhaitons qu'il
sache ne pas tenir compte de cette plainte ridicule. Mais dès aujourd'hui,
nous pouvons être certains que cette accusation ridicule et provocatrice aura
339. Hébergement et parrainage des enfants par les travailleurs des industries chimiques , L'Humanité, no 14665, 14 février 1939, p. 5.
23.
ANNÉE 1939
249
pour résultat d'augmenter encore davantage l'union et la combativité des
travailleurs des produits chimiques. 340 23.10 15 février 1939. Ce soir, assemblée des délégués
parisiens des produits chimiques Grande assemblée d'information organisée par le syndicat général des
industries chimiques aujourd'hui, à 20h30, à la Maison des Syndicats, 33
rue de la Grange-aux-Belles. Orateurs : Jean Carasso, secrétaire du syndicat ; Henri Raynaud, secrétaire général de l'Union des syndicats de la région
parisienne. 341 23.11 24 février 1939. Demain à Pantin, congrès du syndicat parisien des Industries Chimiques Les samedi 25 et dimanche 26 se déroulera, à Pantin, le congrès du
Syndicat général des industries chimiques de la région parisienne. Du congrès doivent sortir des décisions sérieuses qu'il importera de transposer dans
la réalité : aide plus large aux licenciés du 30 novembre et, en général, aux
victimes de la répression patronale ; mesures d'organisation adaptées à la
situation nouvelle, an de consolider et développer les sections syndicales
d'entreprises et les sections locales ; tout faire pour maintenir un syndicat
puissant, actif, arme indispensable pour nos batailles de demain ; continuation de notre action revendicative pour sauvegarder les avantages acquis,
abroger les décrets-lois de misère, maintenir aux salaires leur pouvoir d'achat
et mener à bien toutes les revendications économiques en suspens ; développement de nos eorts pour la défense de la paix et de nos libertés ; aide plus
accentuée en faveur de l'Espagne républicaine ; consolidation de notre unité,
travail de conviction auprès des ouvriers égarés dans les syndicats professionnels ou indépendants.
Jean Poulmarc'h.
Ordre du jour
Voici les questions qui gurent à l'ordre du jour :
Rapport d'activité et sur les tâches, rapporteur Jean Poulmarc'h.
Rapport d'organisation, rapporteur Jean Carasso.
Rapport nancier, rapporteur André Ernoult.
Rapport de la commission de contrôle.
Modications aux statuts, rapporteur Claude Touzet.
340. Kuhlmann réclame au syndicat du Nord des produits chimiques un million de
francs de dommages et intérêts ! , L'Humanité, no 14666, 15 février 1939, p. 5.
341. Ce soir, assemblée des délégués parisiens des produits chimiques , L'Humanité,
no 14666, 15 février 1939, p. 5.
250
Interventions d'Édouard Finck, secrétaire général de la Fédération et
d'Eugène Héna, secrétaire de l'Union des syndicats.
Discours de clôture de Roger Guédou. 342 23.12 25 février 1939. Reconnaître Franco, c'est faire le
jeu des oligarchies internationales ... indique la Fédération des Industries chimiques, dans une lettre
adressée aux membres du gouvernement. La Fédération des Industries chimiques a adressé à chaque membre du gouvernement la lettre suivante :
"Monsieur le ministre, Agissant au nom de l'ensemble des ouvriers et
collaborateurs des industries chimiques, nous tenons à attirer votre attention
sur les dangers que la reconnaissance des rebelles espagnols ferait courir à
nos industries tant du point de vue de l'économie que de celui de la défense
nationale.
Sont particulièrement menacées :
1o Industrie des potasses qui est, en France, contrôlée en majorité par
l'État, malgré les pressions que Solvay, Saint-Gobain, Alais, Froges et Camargue et d'autres, ont exercées à maintes reprises. Grâce à une production
et à une exportation importante, nos paysans peuvent bénécier, pour cet
engrais tout au moins, de prix avantageux. La reconnaissance de Franco, qui
agit au service des trusts, permettrait à ceux-ci d'exercer leur pression contre
l'État français et ils pourraient, contrôlant à la fois les potasses allemandes et
les potasses d'Espagne, prendre à notre pays ses marchés d'exportation. Les
conséquences inévitables seraient une baisse de production qui entraînerait
le chômage pour les ouvriers et une augmentation des prix de revient, donc
des prix de vente, pour les paysans ;
2o L'industrie de l'acide sulfurique qui est à la base de toutes nos fabrications chimiques. Certains mettent hypocritement en avant le problème
du ravitaillement en pyrites. Dès 1936, la société Kulhmann, très intéressée
aux pyrites d'Espagne, intervenait dans ce sens auprès du gouvernement.
Il s'agit là d'un chantage intolérable, car l'exploitation des pyrites par les
sociétés où gurent les représentants de la Montécatini italienne et de la
Metallgesellschaft allemande, ne peut constituer un élément de sécurité pour
notre pays. De plus, la France est à même d'assurer par ses propres moyens
la totalité de sa production d'acide sulfurique : par l'exploitation rationnelle
du gisement de Saint-Bel, où aucun eort technique sérieux n'est fait pour
accroître la production ; par la mise en exploitation de gisements connus
(Aude, etc.), mais volontairement négligés ; par la mise en route des fabrications d'acide sulfurique à partir du gypse extrêmement abondant dans notre
pays. Le procédé fonctionne en Angleterre, en Allemagne. Les représentants
de notre Fédération au comité d'enquête sur la production en ont préconisé
342. Demain à Pantin, congrès du syndicat parisien des Industries Chimiques , L'Hu, no 14675, 24 février 1939, p. 7.
manité
23.
ANNÉE 1939
251
l'extension à la France dès novembre 1937, approuvés sur ce point par M.
le Directeur des Poudres Blanchard. Seuls les représentants patronaux, ceux
de Kuhlmann en tête, ont combattu notre proposition.
Nous ne pouvons donc, monsieur le Ministre, que vous rappeler les paroles
de feu M. Gounod, président de l'union des industries chimiques, qui déclarait
en 1932, que "les industries chimiques constituent par excellence des industriesclés, de celles dont tout pays soucieux de son indépendance, tant politique
qu'économique, doit s'assurer le contrôle en toutes circonstances." Il est bien
évident que la reconnaissance de Franco irait directement à l'encontre de ce
but, et menacerait gravement notre indépendance. Ni les États totalitaires
qui le soutiennent, ni les trusts internationaux qui opèrent à Paris, à Londres, à Berlin, à Rome, comme à Burgos, ne peuvent être une garantie pour
la nation française. Ce fait souligne la position catastrophique dans laquelle
la reconnaissance de Franco placerait nos industries chimiques, et par conséquent, leurs travailleurs et leurs clients. Nous vous demandons, Monsieur
le ministre, d'intervenir énergiquement auprès de ceux de vos collègues qui
seraient prêts à trahir ainsi les intérêts de notre pays. Notre Fédération afrme que la reconnaissance de Franco serait faire, contre la France, le jeu
des oligarchies internationales.
Veuillez agréer, Monsieur le ministre, l'expression de notre considération.
Pour la Fédération, le secrétaire général, Édouard Finck. 343 23.13 25 février 1939. Les congrès d'aujourd'hui Produits chimiques. Aujourd'hui et demain se déroulera à Pantin le
congrès du Syndicat général des industries chimiques de la région parisienne. 344 23.14 26 février 1939. Hier, à Pantin, s'est ouvert le congrès du syndicat parisien des industries chimiques Hier après-midi, à 14 heures, s'est ouvert, à Pantin, le congrès des
travailleurs des produits chimiques de la région parisienne. Au cours de la
première séance, présidée par Finck, secrétaire général de la Fédération, Poulmarc'h, secrétaire général du syndicat, rappela notamment, les nombreux rajustements de salaires obtenus dans les branches si complexes des industries
chimiques, la lutte engagée par le syndicat pour l'obtention de conventions
collectives nationales et l'amélioration du sort des camarades coloniaux et
immigrés. Il précisa l'importance des ÷uvres sociales (sou du soldat, naissances, chômage, décès, . . . ) réalisées par le syndicat et qui constituent un
343. Reconnaître Franco, c'est faire le jeu des oligarchies internationales , L'Humanité,
no 14676, 25 février 1939, p. 5.
344. Les congrès d'aujourd'hui , L'Humanité, no 14676, 25 février 1939, p. 5.
252
vivant témoignage de la solidarité ouvrière. Dans le domaine de la sauvegarde de la paix, le camarade Poulmarc'h fait ressortir combien avait raison le
bureau syndical quand il dénonçait la criminelle politique de Munich, qui conduisit naturellement à celle de régression sociale sur le plan intérieur. Après
le chaleureux accueil du congrès à cet exposé, le président donne lecture de
deux lettres : l'une émanant du camarade Carasso, retenu par un accident
malencontreux sur son lit d'hôpital ; l'autre du comité de Front populaire
de Gif-sur-Yvette, adressant son salut fraternel au congrès du syndicat. Viennent ensuite les interventions des camarades Leroux, Caussanel, Thomas,
Raymond Jean, Sceaux, Jeunot, Cardinal. À 18h30, le camarade Henri Raynaud, secrétaire général de l'Union des syndicats de la Région parisienne
intervient et fut vivement applaudi par tous les congressistes. 345 23.15 2 mars 1939. La direction du syndicat des industries
chimiques de la région parisienne À l'issue de son congrès, le syndicat général des industries chimiques
de la région parisienne a désigné sa nouvelle direction. Sont élus :
Secrétaire général : Jean Poulmarc'h.
Secrétaires : Roger Guédou, Jean Carasso, Claude Touzet.
Trésorier général : André Ernoult.
Trésorier adjoint : René Marty.
Conseiller juridique : Fernand Lutinier.
L'ensemble des rapports présentés furent adoptés par le congrès. 346 23.16 6 mars 1939. Contre la condamnation d'honnêtes
militants ouvriers Une protestation du secrétariat de la Fédération des Industries chimiques. Le secrétariat de la Fédération des Industries chimiques stigmatise
les juges du tribunal d'appel de Riom qui viennent de conrmer les monstrueuses condamnations inigées précédemment par le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand, contre d'honnêtes travailleurs. Cette véritable provocation sera relevée par tout le pays qui ne pourra tolérer longtemps encore
que l'on libère les assassins cagoulards, alors que l'on emprisonne sans motif plausible ceux qui n'ont fait que d'user d'un droit légal. Michelin et la
banque Lazard qui le commandite sont sans doute puissants et bénécient
de complicités évidentes. Par leur union, les travailleurs seront plus puissants
encore. Le lundi 6 mars, le bureau exécutif fédéral, réuni extraordinairement,
envisagera toutes les mesures pratiques pour mener une vaste campagne en
345. Hier, à Pantin, s'est ouvert le congrès du syndicat parisien des industries chimiques , L'Humanité, no 14677, 26 février 1939, p. 5.
346. La direction du syndicat des industries chimiques de la région parisienne , L'Huo
manité, n 14681, 2 mars 1939, p. 5.
23.
253
ANNÉE 1939
faveur de l'amnistie et faire libérer les dizaines de camarades emprisonnés
illégalement à la suite de la grève du 30 novembre.
Pour le secrétariat fédéral : Beyer. 347 23.17 15 mars 1939. Une sentence favorable à la réintégration d'ouvriers licenciés des établissements Doitteau à
Corbeil est attaquée par M. Pomaret En date du 24 février, M. Paul Goule, juge honoraire au tribunal de la
Seine, rendait une sentence ayant pour eet de régler un diérend survenu
entre le Syndicat des Produits Chimiques de Corbeil et les établissements
Doitteau à Corbeil, à la suite de licenciements opérés après la grève du 30
novembre.
Ce diérend portait sur deux points bien distincts, à savoir :
1o Le licenciement de 35 ouvriers de jour ayant eectivement participé
au mouvement du 30 novembre ;
2o Le licenciement de 15 ouvriers de l'équipe de nuit qui, eux, n'avaient
pas participé au mouvement, sur indications de la Fédération.
Sur le premier point, le surarbitre Goule a rejeté la demande de réintégration des 35 ouvriers.
Sur le deuxième point, après deux discussions contradictoires avec les arbitres, après avoir, sur demande de l'arbitre ouvrier, procédé à une enquête et
entendu, en présence des deux arbitres : le patron M. Doitteau, son directeur
général et le chef de service d'une part, trois ouvriers intéressés d'autre part,
il est apparu clairement au surarbitre que la partie patronale ne pouvait, et
pour cause, faire la preuve que ces ouvriers qui avaient pris leur travail le 29,
à vingt-et-une heures et l'avaient quitté le 30, après cinq heures du matin
avaient eectivement fait un acte de grève. Il a donc ordonné la réintégration
de ces quinze ouvriers, et il emploie pour ce faire des arguments qui prouve
sa conviction que le renvoi de ces quinze ouvriers était nettement abusif.
Les patrons, comme il fallait s'y attendre d'ailleurs, ont attaqué cette
sentence mais, peu sûrs d'avoir raison, ils ont utilisé certaines inuences.
Ne serait-ce pas celle de M. le sous-préfet de Corbeil ? Voici maintenant
M. le Ministre du Travail qui vient à la rescousse. Il attaque lui aussi la
sentence et cela en des termes qui ne laissent maintenant plus aucun doute
sur la pression qu'exerce illégalement le Gouvernement lui-même pour que les
sentences soient défavorables aux ouvriers et qui font apparaître clairement
que le choix de M. de Segogne pour rédiger la première sentence sur les les
licenciements n'a pas été un pur hasard, pas plus que ce n'est le hasard qui
avait conduit l'attaché du Cabinet chargé de la désignation des surarbitres
à la Cour supérieure le jour où a été discutée devant elle la sentence de
Ségogne. Nous ne savons si la Cour supérieure suivra le Ministre. Nous ne
347. Contre la condamnation d'honnêtes militants ouvriers ,
6 mars 1939, p. 5.
, no 14685,
L'Humanité
254
le pensons pas, car ce serait annuler la procédure de conciliation en enlevant
aux surarbitres toute indépendance. Car c'est cela en réalité qui choque M.
le Ministre. Il ne peut concevoir qu'un homme, un magistrat, puisse rester
intègre et juger sainement sans tenir compte des petites pressions exercées
qui nous acheminent vers la mise au pas des surarbitres.
A. Chabanon, secrétaire de la Fédération nationale des industries chimiques. 348 23.18 15 mars 1939. Assemblées syndicales Industries chimiques d'Aubervilliers, Pantin. Réunion des cadres des
usines de la région d'Aubervilliers, ce jour, 17h30, 13 rue Pasteur, salle du
Progrès. Ordre du jour : Rapport sur le congrès, rapporteur : Guédou. 349 23.19 19 mars 1939. De la Fédération des industries chimiques Le pays républicain en alerte. Nombreuses protestations contre les
pleins pouvoirs. Fédération nationale industries chimiques proteste contre
demande pleins pouvoirs par président du conseil pour attaquer lois sociales
et diviser peuple de France.
Pour la Fédération : Finck. 350 23.20 27 mars 1939. Baraquements trop fragiles... Toulouse. 26 mars. (De notre correspondant particulier). Nous avons
dit, dans nos précédentes éditions, que les malheureuses victimes de cette effroyable catastrophe étaient occupées à la construction de baraquements, ces
abris étaient destinés au logement des ouvriers devant eectuer les travaux
destinés à réunir à une gigantesque chute d'eau trois lacs, dont celui de Izour.
Nous sommes à même de préciser aujourd'hui que les baraquements en construction se trouvaient au bas de masses rocheuses qui s'élèvent en pentes
raides absolument dénudées, tombant à pic sur le lac et sans aucune végétation susceptible de les retenir. Et fait inouï et inconcevable, ces baraquements en construction étaient ultra-légers et fragiles, composés uniquement
de pierres sèches soudées entre elles au ciment. La plus élémentaire prudence
recommandait d'arrêter les travaux, sinon durant tout l'hiver, du moins durant cette époque particulièrement inclémente et dangereuse. Certain journal
348. Une sentence favorable à la réintégration d'ouvriers licenciés des établissements
Doitteau à Corbeil est attaquée par M. Pomaret , L'Humanité, no 14694, 15 mars 1939,
p. 5.
349. Assemblées syndicales , L'Humanité, no 14694, 15 mars 1939, p. 5.
350. De la Fédération des industries chimiques , L'Humanité, no 14698, 19 mars 1939,
p. 5.
23.
ANNÉE 1939
255
régional a beau s'extasier sur le dispensaire "admirablement dirigé" de la société Alais, Froges et Camargue, il n'en reste pas moins que le souci nancier
de cette gigantesque société, à succursales multiples, l'a emporté sur la sécurité. Aujourd'hui, parce que le haut patronat a mésestimé le danger, trente
ne sont plus, et autant de familles sont dans la douleur et dans la gêne. Il
y a peu de temps, au cours d'une longue enquête, La Voix du Midi avait
cependant signalé que la sécurité des ouvriers était nullement assurée dans
cette entreprise. Le gouvernement a adressé des condoléances aux familles,
mais il conviendrait également de situer les responsabilités de la société. M.
de Meroc, procureur de la République à Foix, a ouvert une information judiciaire ; à cet eet, il s'est transporté à Auzat, où il a procédé à l'audition
de plusieurs ingénieurs de la Société Pyrénéenne hydro-électrique. 351 23.21 8 avril 1939. Charles Tillon, député français, doit
pouvoir rentrer en France sans conditions [. . . ]. Protestation de la Fédération des Industries Chimiques.
D'autre part, le secrétariat de la Fédération nationale des Industries
Chimiques nous informe qu'une délégation composée des camarades Letellier
et Beyer a été reçue jeudi 6 avril au ministère des Aaires Étrangères. Cette
délégation a exprimé l'angoisse des travailleurs des industries chimiques "qui,
soucieux des intérêts de la France, ont soutenu jusqu'à la dernière minute
la République Espagnole, suivent le drame d'Alicante où des milliers d'amis
de la France sont menacés de mort et parmi eux le consul de France et le
camarade Charles Tillon, ancien secrétaire de la Fédération et député d'un
important centre de produits chimiques : Aubervilliers". Le chef adjoint du
cabinet du ministre leur a rendu compte du télégramme adressé au général
Pétain et leur a indiqué que le "nécessaire serait fait". 352 23.22 19 avril 1939. La Commission exécutive de la Fédération nationale des industries chimiques Arme son plein accord avec les décisions du Comité confédéral national et souligne le sabotage de la défense nationale organisé par les trusts.
La commission exécutive de la Fédération nationale des industries chimiques
s'est réunie les 15 et 16 avril sous la présidence du camarade Vanhaute.
Perrouault rapporte sur la situation générale et sur les revendications
dans le cadre de nos industries chimiques. Il insiste particulièrement sur la
nécessité de lier davantage encore avec la masse des travailleurs, et préconise
dans ce but, la multiplication des journaux d'usine.
351. Baraquements trop fragiles... , L'Humanité, no 14706, 27 mars 1939, p. 2.
352. Charles Tillon, député français, doit pouvoir rentrer en France sans conditions ,
o
L'Humanité, n 14718, 8 avril 1939, p. 3.
256
Finck rapporte sur la situation de la Fédération et de ses eectifs, et
souligne que, si après le 30 novembre, le patronat a pu, en licenciant 30 000
de nos camarades, provoquer certains remous, la situation est maintenant
nettement éclaircie. Certaines mesures de réorganisation doivent permettre
la formation de cadres nouveaux et devant assurer un contact meilleur encore
que par le passé entre la direction fédérale et les syndicats. Ceux-ci seront
réparties en vingt régions, chaque secrétaire fédéral étant sous le contrôle de
la commission exécutive et du secrétariat, responsables d'un certain nombre
de ces régions.
Bangy (Nantes), souligna les multiples tentatives faites par le patronat
pour favoriser la création d'amicales de syndicats professionnels, etc.
Verde (Clermont-Ferrand) insista sur le caractère odieux des peines inigées aux emprisonnés et en particulier au camarade Marchadier, envers
lesquels aucune brimade n'est ménagée mais qui, jusque dans leur prison,
conservent une attitude digne qui en impose aux magistrats eux-mêmes.
Henaut (Clermont-Ferrand) indiqua comment le Michelin des Cagoulards
avait, à deux reprises, organisé le chômage partiel, ceci pour inuencer un
arbitrage en cours sur un rajustement de salaires, alors que tout le monde a
souligné la nécessité d'accroître la production pour la défense nationale.
Dans le même esprit, Terrasson (Sud-Ouest), souligna que dans les Landes, plus de cent distilleries de résine sur cent-quarante-trois sont fermées.
Aulagne (Lyon), se t l'écho de l'indignation des travailleurs de PierreBénite (Société Ugine) où des ingénieurs nazis allemands circulent librement
dans l'usine, alors qu'aux usines Lumières des faits analogues se produisent
avec l'aide du PPF.
Pigelet (Photo-Paris) rappela que la liale française de la Société Agfa
avait depuis longtemps (et sur ordre reçu d'Allemagne), licencié tout le personnel israélite sans que les pouvoirs publics interviennent.
Front (Savoie) souligna l'arrêt de certaines fabrications françaises dans
les sociétés et liales de la Montécatini italienne, alors que ces produits sont
importés d'Italie. De nombreux camarades soulignèrent par ailleurs que la
soi-disant organisation de la défense nationale était un prétexte au sabotage
des lois sociales.
Ensuite, Mire (région méditerranéenne) indiqua que dans les pétroles
de Martigues, on faisait douze heures par jour dans les installations de crackings, alors que ces fabrications nécessitent une attention soutenue et qu'une
fatigue excessive ne permet ni la qualité des fabrications, où la sécurité des
installations où le moindre incident peut dégénérer en catastrophe pour l'usine et les localités avoisinantes.
Burtin (Est) souligna l'accroissement énorme de la production sans modication de la main-d'÷uvre.
Poulmarc'h (Paris) démontra particulièrement que la publication de nombreux journaux d'usines avait mis en émoi les organisations patronales et
aidé, après le 30 novembre, à la reconstitution rapide des sections syndi-
23.
ANNÉE 1939
257
cales. Après toutes ces interventions, un projet de manifeste concernant le
1er mai a été adopté à l'unanimité.
Chabanon rapporte ensuite sur les questions juridiques en liaison avec
les récents décrets-lois et la réintégration des camarades licenciés qui n'a
pas avancé d'un pas malgré les appels du président Daladier. Il souligne en
particulier que les heures supplémentaires ne pouvaient être eectuées que
dans certaines conditions bien précisées dans le but d'accroître la production,
mais que les heures supplémentaires exceptionnelles devaient continuer à être
majorées selon les barèmes des conventions collectives.
Beyer, rapporte sur le rôle des industries chimiques dans la défense nationale et la nécessité de défendre nos revendications dans le cadre de l'organisation de la défense nationale. Partout, la classe ouvrière doit réclamer
sa participation à l'organisation de la défense du pays qui ne peut, en aucun
cas, être le monopole des trusts internationaux.
Presque tous les camarades, et particulièrement Pascré, ont, au cours
de leurs interventions, souligné l'intérêt croissant de La Revue des Industries Chimiques et la nécessité, pour tous les syndicats, sections syndicales,
délégués, etc... d'être abonnés à cette revue. Avant de se séparer, la commission exécutive fédérale a adopté la résolutions suivante :
La résolution
La commission exécutive de la Fédération nationale des industries chimiques, réunie le 15 avril, proteste contre l'attitude du ministère des aaires
étrangères qui met à la merci des fascistes italiens des milliers de républicains
espagnols. Parmi eux se trouve, à Alicante, le député Charles Tillon, ancien
secrétaire de la Fédération et membre de la Commission exécutive fédérale
des ports et docks, qui, avec une commission internationale, a accompli son
devoir d'homme et de Français en allant secourir ceux qui ont lutté pour
leur liberté et pour la sécurité de la France. La Commission exécutive exprimant la volonté de tous les travailleurs des industries chimiques, demande
que Charles Tillon soit mis immédiatement en mesure de regagner la France
et que soit assurée l'évacuation des quatre mille républicains d'Alicante. La
marine nationale qui a été mise à la disposition de ceux qui ont [. . . ] l'Espagne et la France doit maintenant servir aux amis de la France, au consul de
France et au député français Charles Tillon. La Fédération est journellement
saisie à ce sujet d'ordres du jour de protestation. Elle croit utile de rappeler
que ceux-ci doivent être adressés à la presse et aux ministères intéressés.
La commission exécutive de la Fédération nationale des industries chimiques. 353 353. La Commission exécutive de la Fédération nationale des industries chimiques ,
, no 14729, 19 avril 1939, p. 5.
L'Humanité
258
23.23 20 avril 1939. Un appel de la Fédération des Industries chimiques Chaque année, au 1er mai, la classe ouvrière passe la revue de ses
forces, arme, par-dessus les frontières, sa solidarité internationale. En cette
journée, les travailleurs de tous les pays proclament leurs revendications,
pour le mieux-être et le progrès humain, et envisagent les moyens d'en assurer le succès. Pour la classe ouvrière, soucieuse des intérêts de la France, de
l'union des Français attachés à la démocratie, à la liberté et à la paix, en plein
accord avec les décisions du comité confédéral national de la CGT, exceptionnellement, la journée du 1er mai 1939 n'entraînera pas obligatoirement
la cessation du travail. En conséquence, la commission exécutive fédérale,
unanime, demande aux travailleurs des industries chimiques de manifester
puissamment le lundi 1er mai, à la sortie du travail, en se rendant en masse
aux meetings organisés par la CGT. En réponse à M. Gignoux, président de
la CGPF, travailleurs des industries chimiques, fréquentez les permanences
et les assemblées des samedi 29 et dimanche 30 avril, organisées sous le signe
du recrutement massif dans la CGT, de la solidarité aux emprisonnés et aux
licenciés du 30 novembre. Au cours des assemblées générales publiques des
29 et 30 avril, nommez des délégations qui se rendront aux mairies, aux souspréfectures, aux préfectures déposer les ordres du jour réclamant : la réintégration des licenciés et l'amnistie totale pour les emprisonnés ; la garantie
des conventions collectives ; le contrôle par l'État, avec le concours des organisations syndicales, des prix de revient et des prix de vente industriels ;
la mobilisation des capitaux, par la limitation des bénéces des trusts et la
perception d'un prélèvement sur leurs réserves, la réorganisation de toutes
les forces productives, en sauvegardant les droits de la petite et moyenne
industrie et de l'artisanat ; l'intégration de tous les chômeurs dans la production par la généralisation dans les entreprises des équipes de deux-huit
et de trois-huit garantissant les nécessités de la production en sauvegardant
la semaine de quarante heures ; la participation eective de toutes les forces
vives de la nation à l'organisation de la sécurité collective des peuples de tous
les États non fascistes, et particulièrement, de la puissante Union soviétique,
où, le 1er mai, des délégations des travailleurs de tous les pays peuvent acclamer les conquêtes d'un peuple qui a réalisé la suppression du patronat et
du salariat. L'appel du président Roosevelt doit aboutir à l'organisation pratique de cette sécurité collective comme cela aurait pu être fait en septembre
1938. Pour la classe ouvrière, cela implique la réalisation sans délai de l'unité
syndicale internationale. Portez à vos directions d'usine des ordres du jour
demandant : le respect des horaires et, en cas de dérogation légale, la sécurité
de l'emploi durant l'année qui suit ces dérogations ; le respect des clauses des
conventions collectives, le maintien du pouvoir d'achat des salaires. Le 1er
mai 1939 doit marquer le redressement de toute la Nation française qui, il
y a cent cinquante ans, levait bien haut le ambeau de la liberté et de la
23.
ANNÉE 1939
259
fraternité des peuples. Les événements actuels, dans leur gravité, soulignent
la justesse de l'appréciation fédérale sur les conséquences de l'abandon du
programme du Front populaire, des concessions au fascisme international
et à ses agents de l'intérieur, sur les accords de Munich, qui aaiblirent la
sécurité française. Une puissante protestation doit s'élever le 1er mai contre
toutes les forces qui concourent à l'asservissement de la France et qui luttent
contre la libération des peuples.
La commission exécutive de la Fédération nationale des Industries chimiques. 354 23.24 24 avril 1939. Le mouvement ouvrier remettra à leur
place ces militants indispensables... a déclaré Julien
Racamond au banquet qui s'est tenu samedi à Lille
en l'honneur de Martha Desrumeaux et de Charles
Bourneton Vanhaute, secrétaire de la Fédération des produits chimiques ; André
Berckmoës, secrétaire fédéral des produits chimiques (il était chargé de la
préparation du repas) sont présents à ce repas oert en l'honneur de deux
militants exclus de la direction de l'Union départementale du Nord.
André Berckmoës déclare que ces agapes fraternelles "n'avaient pas pour
but de se réunir pour dauber sur le dos des absents, mais uniquement pour
témoigner notre sympathie à des camarades victimes d'une injustice" 355 .
23.25 27 avril 1939. Un appel de la Fédération des Industries chimiques Le bureau exécutif de la Fédération nationale des Industries chimiques, réuni extraordinairement le 25 avril, et saisi de multiples ordres du
jour et motions émanant de ses syndicats, renouvelle sa protestation contre les décrets-lois Paul Raynaud, considérant que ces derniers ne peuvent
concourir au "redressement moral, économique et nancier du pays", et par
conséquent ne peuvent concourir à la défense de la paix. Celle-ci peut exiger
des sacrices de tous, mais ne peut sacrier, au prot des deux cents familles,
les justes intérêts des travailleurs. À l'appel demandant la réintégration des
ouvriers d'élite licenciés le 30 novembre et aux multiples démarches faites
dans ce but, par la Fédération, l'Union patronale vient de répondre par un
n de non-recevoir. Les travailleurs exigent que le gouvernement prenne, à
ce sujet, une position sans ambiguïté, et fasse réintégrer autrement que par
354. Un appel de la Fédération des Industries chimiques , L'Humanité, no 14730,
20 avril 1939, p. 5.
355. Le mouvement ouvrier remettra à leur place ces militants indispensables... a
déclaré Julien Racamond au banquet qui s'est tenu samedi à Lille en l'honneur de Martha
Desrumeaux et de Charles Bourneton , L'Humanité, no 14734, 24 avril 1939, p. 4.
260
des appels inappliqués, les victimes du 30 novembre, et amnistie les militants
condamnés. Les travailleurs exigent aussi que les capitaux soient mobilisés
autrement que par des mesures inopérantes et notamment que les milliards
de réserves accumulés par les grandes sociétés soient utilisés au service de
la nation. Le bureau exécutif estime que les travailleurs sont placés en face
d'une nouvelle provocation des trusts qui fait suite à celle déjà organisée,
en novembre, au moment même du congrès de la CGT. Ils y répondront
avec discipline et dans l'union la plus complète. Partout, comme l'indiquait
le manifeste de la commission exécutive, le 1er mai doit revêtir une ampleur exceptionnelle et sera une journée de protestation de la nation, pour la
défense de ses droits, de ses libertés et de la paix. Le bureau exécutif recommande particulièrement à tous les travailleurs, sans distinction, le départ en
masse de l'usine, dès la sortie du travail, avec discipline, vers les lieux de
rassemblement xés par les organisations syndicales.
La Fédération.
Nota. La Fédération invite tous les travailleurs à être à l'écoute le 3 mai
1939, à 20h15, sur l'antenne du poste d'État Paris-PTT, où le camarade
Finck traitera le sujet : Les industries chimiques et les colonies. 356 23.26 9 mai 1939. Dans les industries chimiques de la région parisienne. 680 licenciés du 30 novembre chôment
depuis cinq mois La grande bourgeoisie capitaliste et réactionnaire de France aime à s'entourer d'une réputation de largesse, de générosité et de modération qui plaît
à son amour-propre. Quand le masque tombe, une face haineuse apparaît :
celle du grand patronat de combat. Après le 30 novembre 1938, avec la complicité gouvernementale, les trusts chimiques licenciaient 4 000 travailleurs
des entreprises, dont 900 n'étaient pas repris dans les jours suivants. Ce fut
une répression frénétique qui s'abattit sur des ouvriers honnêtes, coupables
d'attachement aux lois sociales et d'hostilité aux décrets de misère. Dans de
nombreuses usines, le pourcentage des licenciements maintenus, est de 10 à
40 % des eectifs de l'entreprise. Chez Hutchinson à Puteaux, 115 ouvriers
sur 1 100 ; à la SIT Bezons, 44 sur 200 ; chez Valentine, 65 sur 140 soit 40 %
environ ; Richard Hudnut, 45 sur 110, etc. 229 ouvriers sur 900 ont pu trouver un emploi. Il reste encore 680 licenciés qui, depuis cinq mois, frappent à
toutes les portes et se voient systématiquement refuser l'embauche. Certains
d'entre eux, engagés le matin, sont licenciés le soir sans aucun motif professionnel. Nous accusons les patrons des industries chimiques d'avoir rétabli
le criminel procédé des listes noires. On ne peut pas expliquer autrement la
mise à l'index de 680 bons ouvriers de nos industries que des entreprises se
seraient disputés, en d'autres temps. Les licenciés du 30 novembre veulent
356. Un appel de la Fédération des Industries chimiques ,
27 avril 1939, p. 5.
, no 14737,
L'Humanité
23.
ANNÉE 1939
261
travailler. Les ouvriers occupés exigent que les portes soient ouvertes à ces
irréprochables producteurs qu'on traite en pestiférés. Quand M. Daladier
invita les patrons à reprendre les licenciés du 30 novembre, ces derniers se
s'empressèrent d'écrire aux direction des entreprises. Pas un licencié ne fut
repris à notre connaissance. Les patrons n'ont même pas daigné répondre
dans la plupart des cas. Ce scandale doit cesser ! Le 10 mai, M. Lebrun sera
réinvesti des pouvoirs conférés au président de la République. On peut, à
cette occasion, réparer deux criantes injustices. On peut, et on doit, ouvrir
toutes grandes les portes des prisons de la Républiques si dures aux militants ouvriers ; comme, par exemple, à l'égard de Marchadier, secrétaire de
la section syndicale Michelin, frappé de 18 mois de prison et de cinq ans
d'interdiction de séjour. Par contre, aux assassins et incendiaires du CSAR,
la République est d'une indulgence scandaleuse. On peut, et on doit exiger
des patrons qu'ils reprennent les travailleurs qu'ils ont si brutalement chassés
de leurs usines et qu'ils traquent depuis cinq mois.
Jean Carasso, secrétaire du syndicat des industries chimiques. 357 23.27 17 mai 1939. Le Secours Populaire soumet aux groupes
populaires un projet d'amnistie Une délégation du Secours populaire de France et des colonies comprenant Émile Bureau, Henri Lévin, Me Pitard, et accompagné de Charrière,
représentant de la Fédération des ouvriers métallurgistes, et de Rosarde, secrétaire de la Fédération des produits chimiques, s'est rendue, hier, au PalaisBourbon. La délégation a été reçue par les groupes communistes, socialiste,
radical, USR et démocrate populaire, où elle a déposé une proposition de
loi d'amnistie générale à l'occasion de la prise des pouvoirs du président
de la République et du 150e anniversaire de la Révolution française. Cette
proposition de loi est précédée d'un exposé des motifs rappelant que l'amnistie est une des revendications populaires les plus constamment exprimées
et demandant qu'elle soit cette fois vraiment générale et digne des traditions
généreuses du peuple français, qui veut l'union en face du péril extérieur. 358 23.28 29 mai 1939. Le mouvement ouvrier pour l'unité
d'action internationale Édouard Finck, secrétaire de la Fédération des travailleurs des produits chimiques déclare : "Une conférence ouvrière internationale ? Qui pourrait la souhaiter plus que les travailleurs des industries chimiques dont les
maisons s'appellent Standard, Shell, Royal-Dutch, Michelin, Kuhlmann, Air
357. Jean Carasso, Dans les industries chimiques de la région parisienne. 680 licenciés
du 30 novembre chôment depuis cinq mois , L'Humanité, no 14749, 9 mai 1939, p. 7.
358. Le Secours Populaire soumet aux groupes populaires un projet d'amnistie , L'Huo
manité, n 14757, 17 mai 1939, p. 2.
262
Liquide, Progil, Péchiney, Montécatini, Imperial Chemical Industries, IG
Farben, c'est-à-dire aussi : Cartel international de l'azote, Ententes internationales de la Potasse, des Phosphates, des matières colorantes, Bureau
international du caoutchouc, domination internationale des trusts pétroliers ?
Tous ces groupements ont puissamment aidé le fascisme et l'ont soutenu dans
ses agressions sanglantes. Une conférence ouvrière internationale ne pourrait
que démasquer ces provocateurs de guerre et arrêter l'extension de la domination fasciste. Les travailleurs des industries chimiques sont persuadés de
la possibilité d'une conférence internationale ouvrière, groupant autour de la
FSI, l'Internationale Socialiste et l'Internationale Communiste." 359 23.29 31 mai 1939. Dimanche aura lieu la réouverture du
Parc des Loisirs de Gif-sur-Yvette Le Syndicat des industries chimiques de la Région parisienne organise une grande Fête Champêtre, le dimanche 4 juin, pour la réouverture
du Parc des Loisirs à Gif-sur-Yvette. Cette fête sera présidée par Charles
Tillon, député d'Aubervilliers, ancien secrétaire de la Fédération des industries chimiques.
Au programme : "Jeunesse d'Espagne". Danses et chants du folklore
espagnol. La soirée se terminera par un grand bal champêtre. On trouvera
le ravitaillement sur place. Deux billets à un franc donnent droit à l'entrée
à la fête, et au tirage de la tombola gratuite dotée de nombreux lots : salle
à manger, bicyclette, carillon, bronze, etc...
Pour se rendre au Parc de Jaumeron, à Gif-sur-Yvette, des départs d'autobus de la STCRP auront lieu le dimanche 4 juin, à huit heures trente, en
face du siège du syndicat, 94, rue d'Angoulême. Le prix des places, aller et
retour, est xé à 14 francs. On peut, dès à présent, retenir les places au siège
jusqu'au vendredi 1er juin. 360 23.30 4 juin 1939. Aujourd'hui, réouverture du Parc des
Loisirs de Gif-sur-Yvette Le Syndicat des industries chimiques de la région parisienne organise
aujourd'hui une grande fête champêtre, pour la réouverture du Parc des
Loisirs, à Gif-sur-Yvette. Cette fête sera présidée par Charles Tillon, député
d'Aubervilliers, ancien président de la Fédération des Industries chimiques.
Au programme : "Jeunesse d'Espagne". Danses et chants du folklore
espagnol. La soirée se terminera par un grand bal champêtre.
359. Le mouvement ouvrier pour l'unité d'action internationale , L'Humanité,
no 14769, 29 mai 1939, p. 1.
360. Dimanche aura lieu la réouverture du Parc des Loisirs de Gif-sur-Yvette , L'Huo
manité, n 14771, 31 mai 1939, p. 5.
23.
ANNÉE 1939
263
Pour se rendre au Parc de Jaumeron, à Gif-sur-Yvette, des départs d'autobus de la STCRP auront lieu à huit heures trente, en face du siège du
syndicat, 94, rue d'Angoulême. Le prix des places, aller et retour, est xé à
14 francs. 361 23.31 20 juin 1939. Treize ouvriers des établissements Doittau réintégrés par décision surarbitrale La Fédération des Industries chimiques nous communique :
M. Lacoste, conseiller honoraire de préfecture à la Seine, surarbitre de
renvoi, vient de rendre sa décision sur le licenciement de treize ouvriers des
établissements Doitteau à Corbeil (Seine-et-Oise). Comme l'avait déjà fait le
premier surarbitre, M. Lacoste a estimé que ces ouvriers, qui avaient commencé eectivement leur travail le 29 novembre à 21 heures, et l'avaient
quitté le 30 au matin après cinq heures, ne pouvaient être considérés comme
ayant eectivement participé au mouvement. D'ailleurs, au début du conit,
la direction avait armé que ces ouvriers avaient, le 30 au matin, quitté leur
travail avant cinq heures, heure normale, puis elle a ensuite tenté de rectier
sa position. Mais la man÷uvre n'a pas réussi et s'est heureux ! Voici d'ailleurs
la décision du surarbitre : "Les établissements Doittau sont tenus de réintégrer dans les conditions suivantes, les ouvriers qui composaient l'équipe de
nuit du 29 au 30 novembre 1938 ; a) dès la reprise en 1939 de la fabrication
saisonnière, pour la partie de cette équipe aectée à ce genre de fabrication ;
b) sans délai pour la partie de cette équipe aectée à la fabrication continue".
Rajustement de salaires des travailleurs des usines de pétrole
de l'Allier
Le même surarbitre statuant également comme surarbitre de renvoi, vient
de rendre une sentence accordant à nos camarades des pétroles de l'Allier
un assez appréciable relèvement de salaires. Bien qu'ayant déterminé le minimum vital (auquel doit s'appliquer la variation intégrale du coût de la vie
qui est de 16 %) au-dessous des salaires contractuels, il n'en reste pas moins
qu'à partir du 1er mars ces salaires contractuels subiront une majoration de :
Première catégorie. Pour les salaires au-dessous de 900 francs, 14,4 %.
Deuxième catégorie. Pour les salaires contractuels de 900 francs à 1 250
francs, 12,8 %.
Troisième catégorie. Enn, pou les salaires à partir de 1 250 francs, 12
%.
Mais comme le précédent rajustement remonte au mois d'octobre 1937,
le surarbitre a accordé une rétroactivité de 11,39 % à partir du 12 juillet
1938, de 2,9 % à partir du 1er décembre 1938 et enn de 16 % à partir du 1er
mars. Ces rappels sont également applicables au minimum vital mais pour
361. Aujourd'hui, réouverture du Parc des Loisirs de Gif-sur-Yvette ,
no 14775, 4 juin 1939, p. 5.
L'Humanité
,
264
les déterminer sur le salaire contractuel auquel ils s'ajoutent, il convient d'en
retrancher 10 % pour la première catégorie, 20 % pour la seconde, 25 % pour
la troisième. C'est donc le résultat appréciable pour nos camarades.
Dans les industries chimiques de Marseille
Par contre, M. Henry de Segogne vient de rendre 26 sentences pour les
industries chimiques de Marseille au sujet des licenciés du 30 novembre.
Ces 26 sentences concluent au rejet de la demande ouvrière de réintégration. M. de Segogne reprend exactement la même formule qu'il avait déjà
prise dans sa sentence pour les économats de Montpellier. Il n'a même pas
éprouvé le besoin de rechercher pourquoi ces licenciements avaient porté
presque uniquement sur des ouvriers ayant de nombreuses années d'ancienneté, anciens combattants, orphelins de guerre, pupilles de la Nation. Il n'y
a pas de violation du droit syndical selon lui. Mais alors, quelles raisons ont
motivé le choix de ces vieux ouvriers ayant quinze, vingt et même pour certains quarante années de maison ? Incapacité professionnelle ? Ce serait fort
que l'on ait mis tant de temps à s'en apercevoir ! Non, M. de Segogne, c'est
uniquement pour tenter de porter atteinte à l'organisation syndicale que ces
licenciements ont été eectués, mais comme cette opération patronale n'a pas
réussi, il vous est apparu tout naturel de donner satisfaction aux employeurs
en laissant en dehors de la production ces bons et vieux ouvriers. Ce n'est
ni équitable, ni humain, mais de vous nous n'espérions pas davantage.
A. Chabanon. 362 23.32 22 juin 1939. Aux délégués des industries chimiques Une importante assemblée d'information pour les responsables syndicaux et délégués ouvriers des industries chimiques se tiendra demain vendredi, à 20h45, à la Maison des Métallurgistes, 14 rue d'Angoulême, Paris
(11e ). Elle sera présidée par Édouard Finck, secrétaire général de la Fédération. Orateurs : Jean Carasso et Jean Poulmarc'h, secrétaires du syndicat et
Benoît Frachon, secrétaire de la CGT. 363 23.33 23 juin 1939. Benoît Frachon parlera ce soir aux
cadres syndicaux des industries chimiques À l'inquiétude et au découragement passager qui s'étaient emparés des
travailleurs à la suite de la grève du 30 novembre, ont fait place la conance
et la volonté de faire front résolument aux attaques conjuguées du patronat
et du gouvernement. Dans toutes les usines chimiques, le travail s'organise,
362. A. Chabanon, Treize ouvriers des établissements Doittau réintégrés par décision
surarbitrale , L'Humanité, no 14791, 20 juin 1939, p. 5.
363. Aux délégués des industries chimiques , L'Humanité, no 14793, 22 juin 1939, p. 5.
23.
ANNÉE 1939
265
le recrutement s'opère, des militants pleins d'ardeur se mettent à la tâche.
D'ailleurs, sur le terrain revendicatif, le syndicat est toujours resté sur la
brèche. De nombreux rajustements des salaires plus ou moins substantiels
ont été obtenus dans la dernière période. Dans les pétroles, près de 7 % de
moyenne ; dans le papier-carbone, 3 % ; la cellophane, 6,5 % ; papier-bitumé,
4,5 à 5 %, etc. Pour le caoutchouc, la grande industrie chimique, les parfums,
les abrasifs, les couleurs et vernis, les produits d'entretien, la savonnerie, la
stéarinerie, les rajustements obtenus (2 à 6 %) étaient anormalement insuisants ; grâce aux eorts du syndicat, les sentences Escarra ont été cassées
par la Cour Supérieure d'Arbitrage. Un nouveau surarbitre, M. Lacoste, a
été désigné le 8 juin. C'est là un actif qui compte. Les travailleurs l'apprécient hautement. Les résultats des dernières élections des délégués ouvriers
le prouvent surabondamment. Depuis janvier 1939, sur un total recensé de
224 sièges à pourvoir, la CGT en enlève 204. Les quelques SPF ou indépendants élus ne l'ont été, dans la majeure partie des cas, que faute de candidats
cégétistes (éligibilité refusée aux grévistes du 30 novembre ou crainte de la
répression patronale). Les ouvriers et ouvrières des industries chimiques ont
gardé leur conance la plus entière dans leur syndicat. Mais leur mécontentement est grand. Les travailleurs en ont assez des sacrices unilatéraux. Ils
veulent l'abrogation des décrets-lois de misère, le maintien des lois sociales et
la restauration de leur pouvoir d'achat. Ils exigent la réintégration de leurs
camarades licenciés le 30 novembre et poursuivis par la vindicte patronale.
Ils prétendent vivre libres et pensent que pour sauvegarder la paix, l'union
étroite des pays démocratiques avec l'URSS est absolument indispensable.
Dans cette période de tension extérieure, ils réclament impérieusement la
réalisation de l'unité d'action et de l'unité syndicale internationale. La situation est assez grave pour que les dirigeants de la FSI comprennent enn tout
ce qu'il y a de néfaste, pour la classe ouvrière mondiale, dans la politique
anti-unitaire qu'ils ont suivie jusqu'à ce jour. Tous ces importants problèmes
seront examinés ce soir à l'assemblée d'information des responsables syndicaux et délégués ouvriers des industries chimiques qui se tiendra, à 20h45,
à la Maison des métallurgistes, 94 rue d'Angoulême. Elle sera présidée par
Édouard Finck, secrétaire général de la Fédération. Benoît Frachon, secrétaire général de la CGT, y prendra la parole.
Jean Poulmarc'h, secrétaire général du syndicat. 364 23.34 25 juin 1939. Dans les industries chimiques. Importante résolution du bureau fédéral contre la politique
de régression sociale Le bureau exécutif de la Fédération nationale des industries chimiques, réuni le jeudi 22 juin, après avoir entériné le rapport du camarade
364. Benoît Frachon parlera ce soir aux cadres syndicaux des industries chimiques ,
, no 14794, 23 juin 1939, p. 5.
L'Humanité
266
Finck, concernant son passage à Lyon, a enregistré avec satisfaction que,
partout, les élections de délégués ont assuré le triomphe de la CGT, malgré les man÷uvres du patronat et des organisations qu'il essaie en vain de
créer. Cette conance continue des travailleurs envers la CGT prouve leur
volonté de mettre n à la politique de régression actuelle qui se traduit, malgré les mensonges ociels, par des licenciements massifs (Port-Saint-Louisdu-Rhône, La Nouvelle, etc.), et des fermetures d'usines (Estrée Blanche,
etc.). Elle témoigne aussi de leur indignation de voir retarder, malgré les démarches répétées de la Fédération et de toutes les organisations ouvrières, le
vote d'une véritable amnistie, alors que, dans le même temps, les marchands
de bauxite peuvent continuer leurs exportations vers l'Allemagne et faire
condamner à 5 600 000 francs de dommages-intérêts les organisations ouvrières coupables d'avoir soutenu les justes revendications des ouvriers de
Gardanne. Le bureau exécutif dénonce cette attitude des pouvoirs publics,
dont les seules préoccupations visent à écraser les travailleurs et à accroître
les prots des trusts. C'est ainsi que l'on vend à la population parisienne
75 francs des masques à gaz dont le prix de revient n'excède en aucun cas
50 francs. À ce sujet, la Fédération demande qu'une enquête soit ouverte,
avec le concours des organisations ouvrières, pour rechercher à qui protent
les centaines de millions supplémentaires ainsi réalisés au détriment de la
population laborieuse, à laquelle les masques doivent être fournis gratuitement. Le bureau exécutif constate que cette position des pouvoirs publics va
de pair avec la recrudescence d'attaques contre les organisations syndicales
et il tient particulièrement à témoigner de sa sympathie et de sa solidarité
envers le camarade Charlet, secrétaire du syndicat de Douai et membre de la
Commission exécutive fédérale, victime d'attaques calomnieuses de la part
du patronat et de ses agents. Enn, le bureau exécutif se réjouit de la tenue
prochaine, à Paris, de la session du Comité exécutif de l'Internationale des
ouvriers d'usines, auquel les travailleurs des industries chimiques de la région parisienne feront une réception fraternelle, pour les remercier de l'aide
qu'il leur a apporté dans la période dicile qui a suivi la répression du 30
novembre.
Solidarité aux Espagnols
À cette occasion, les camarades des industries chimiques n'oublieront pas
ceux qui subissent plus encore la répression, leurs camarades de la Fédération s÷ur d'Espagne, actuellement détenus dans les camps de concentration
et auxquels la Fédération fera parvenir un colis de solidarité. Le bureau exécutif a xé aux 22 et 23 juillet prochain la date de la prochaine commission
exécutive fédérale.
Le bureau exécutif de la Fédération nationale des industries chimiques. 365 365. Dans les industries chimiques. Importante résolution du bureau fédéral contre la
politique de régression sociale , L'Humanité, no 14796, 25 juin 1939, p. 5.
23.
ANNÉE 1939
267
23.35 28 juin 1939. 7,5 % de rajustement de salaires dans
les industries chimiques de l'Oise Depuis décembre 1938, la Fédération nationale des industries chimiques
et les syndicats ouvriers de l'Oise, aliés à notre Fédération, avaient formulé
une demande de rajustement des salaires pour cette industrie. Nous avons
à regretter que la lenteur de la procédure d'arbitrage n'ait pas permis à nos
camarades de bénécier de ce rajustement plus rapidement. En eet, il aura
fallu plus de six mois de procédure pour obtenir une sentence surarbitrale.
Cette sentence accorde à nos camarades un rajustement de 7,5 % sur les
salaires contractuels, avec rétroactivité du 1er mai 1939. Ce rajustement aurait certes pu être beaucoup plus élevé, puisque pour la période sur laquelle se
basait la demande ouvrière, la hausse du coût de la vie, dans le département
de l'Oise, était de l'ordre de 13 %, ce qui veut dire que les ouvriers obtiennent, au travers de la sentence, un peu plus de la moitié de la hausse réelle du
coût de la vie, et ce rajustement ne peut certes pas donner toute satisfaction
aux travailleurs. La responsabilité de cette injustice incombe aux pouvoirs
publics et, en particulier, au gouvernement actuel, qui, par voie de décrets,
indique aux surarbitres de tenir compte, dans leurs sentences, de l'incidence
que représentent, d'une part, les 45 heures autorisées par le gouvernement,
ainsi que de la prime de la "mère au foyer" et du rajustement des allocations
familiales. Le but poursuivi par ces décrets apparaît maintenant nettement
aux travailleurs. Il s'agit , avant tout, d'utiliser la hausse du coût de la vie,
systématiquement organisée par le grand patronat, pour qu'à travers les rajustements il soit possible de porter atteinte au pouvoir d'achat des ouvriers.
Il appartiendra donc aux ouvriers des industries chimiques de l'Oise de se
resserrer autour de l'organisation syndicale pour faire échec aux décrets de
misère et imposer la protection ecace des salaires par l'institution d'une
véritable échelle mobile.
Pour la Fédération nationale des industries chimiques, G. Vanhaute. 366 23.36 1er juillet 1939. Amnistie ! Pour Robert Marchadier
et les condamnés du 30 novembre De toutes parts la protestation populaire s'élève contre les jugements
odieux qui ont été rendus par le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand
et conrmés par la cour d'appel de Riom. Trente et un militants ont été
condamnés à des peines injustes. Dix-huit mois de prison sans sursis et cinq
ans d'interdiction de séjour ont été inigés à Robert Marchadier, qui, après
une insusante diminution de peine, doit subir encore quatre mois d'emprisonnement. Ainsi, les hommes au pouvoir poursuivent avec haine les ouvriers
honnêtes ayant protesté, le 30 novembre, contre la destruction des lois so366. 7,5 % de rajustement de salaires dans les industries chimiques de l'Oise ,
, no 14799, 28 juin 1939, p. 5.
manité
L'Hu-
268
ciales. Ces hommes courageux, ces défenseurs de la démocratie et des conquêtes ouvrières se voient traités comme des accusés de droit commun. Le
régime politique leur est refusé, alors que les cagoulards, ingénieurs de la
rme Michelin, ont été libérés. Une fois de plus, le roi du caoutchouc obtient
satisfaction car les chambres se sont séparées sans avoir voté la loi d'amnistie,
mesure pourtant indispensable et si attendue des masses laborieuses. À la
Fédération des Industries Chimiques, les listes de pétition pour la libération des travailleurs arbitrairement condamnés arrivent chaque jour. Elles
sont signées par les ouvriers qui connaissent l'activité de Marchadier, toute
au service des travailleurs ; par les petits commerçants ; par de nombreuses
personnes qui ne vivent pas en usine mais qui connaissent l'honorabilité et
la moralité de notre camarade. L'indignation s'élève avec force contre l'interdiction de séjour qui frappe ce militant irréprochable et contre la mesure
odieuse qui privera Marchadier de ses droits civiques et politiques. Aussi, la
classe ouvrière entend bien agir avec vigueur pour obtenir l'amnistie pleine
et entière en faveur de tous les condamnés à la suite du 30 novembre. 367 23.37 11 juillet 1939. La Fédération des industries chimiques contre les récents décrets sur les congés payés La Fédération nationale des Industries chimiques vient d'adresser un
télégramme à la présidence du Conseil et au ministère du Travail, protestant
contre le récent décret-loi sur les congés payés. L'hypocrisie du décret est
totale. Comment, en eet, oser parler des nécessités de la défense nationale
au moment où toutes les mesures de licenciements, le non-embauchage des
chômeurs, les brimades, etc. désorganisent la production et multiplient les accidents. En un mois, à la Rivière-Saint-Sauveur (Nobel), Douai (Kuhlmann),
Berre (Saint-Gobain), une vingtaine d'ouvriers ont été gravement blessés et
plusieurs tués. Les causes : mépris des observations des délégués, fatigues
dues aux heures supplémentaires, etc. Rien ne justie la moindre atteinte
aux congés payés et la Fédération demande à tous ses syndicats de lui signaler les abus qui pourraient être tentés.
La Fédération nationale. 368 23.38 23 juillet 1939. Trop souvent, des surarbitres acceptent sans réserves la thèse patronale À propos de deux sentences concernant les ouvriers des produits chimiques des Bouches-du-Rhône et des Hautes-Alpes. Depuis un certain temps
367. Amnistie ! Pour Robert Marchadier et les condamnés du 30 novembre , L'Hu, no 14802, 1er juillet 1939, p. 5. Une photographie des listes de pétition illustre
l'article.
368. La Fédération des industries chimiques contre les récents décrets sur les congés
payés , L'Humanité, no 14812, 11 juillet 1939, p. 5.
manité
23.
ANNÉE 1939
269
déjà, la plupart des surarbitres, pour les aaires de rajustements de salaires
ou pour les licenciements, sont pris dans la région parisienne, et un grand
nombre de magistrats gurent parmi ces surarbitres. S'il ne faut pas les loger
tous à la même enseigne, il faut pourtant dire qu'un grand nombre d'entre
eux manifestent un zèle par trop intempestif à l'égard de la thèse patronale.
Voici un surarbitre, M. Parigot, qui semble éprouver quelque pitié pour la
grande détresse de la puissante rme Alais, Froges et Camargue et qui, ce
faisant, dans une très large mesure "d'équité" diminue de façon sensible le
rajustement accordé précédemment aux ouvriers de Salindres (Gard), par un
autre surarbitre. C'est un beau chef-d'÷uvre en vérité que cette sentence !
Mais ce même surarbitre, en constants progrès littéraires dans le domaine de
la rédaction des sentences, vient d'accorder cinq pour cent de rajustement
de salaires à de malheureux ouvriers dont les salaires varient actuellement
entre 180 et 220 francs par semaine, et ce sur une variation constatée du
coût de la vie de 19,55 pour cent. Il est évident que ce cher homme éprouve
des regrets énormes de ne pouvoir faire mieux, mais la Société fermière du
Nitrogène a dû acheter des brevets, faire des transformations, etc., etc., et
il est juste que ce soient les ouvriers, qui, sur leur salaire, supportent une
partie de ces charges. Tristes, inniment tristes de telles choses ! Mais où diable va-t-on dénicher d'aussi singuliers juges dans la procédure de conciliation
et d'arbitrage ? La Cour supérieure d'arbitrage est saisie de ces sentences.
Va-t-elle les maintenir en vertu de je ne sais quelle souveraineté accordée aux
surarbitres ? Pour la justice et l'équité, espérons que non !
M. Henry de Segogne en est à sa trente-sixième sentence pour les produits
chimiques des Bouches-du-Rhône. Rien ne résiste devant lui, même quand
il y a fait particulier de nature à motiver la réintégration. Tel est le cas,
par exemple, pour la Savonnerie Amande de Marseille. Ce monsieur s'en
tire par une acrobatique pirouette. Il ordonne le paiement d'une semaine
de salaires aux ouvriers : de quoi leur permettre d'attendre, dans un avenir
plus ou moins lointain, des jours meilleurs. Il y a, parmi les nombreux cas
de licenciements soumis à son arbitrage, de nombreux mutilés de guerre, des
orphelins de guerre, des pupilles de la nation et aussi de nombreux ouvriers
ayant de vingt à quarante ans de services continus dans la même entreprise,
des pères de familles nombreuses. Croyez-vous que ça le touche, ce très noble
monsieur ? Pas du tout. Le patronat est d'essence divine et, de ce fait, c'est
lui qui a toujours raison. Tous ces faits illustrent sous un jour singulier toute
la démagogie des appels du gouvernement en faveur de la natalité. Ayez
de nombreux enfants, braves prolétaires. On vous donnera cinq pour cent
d'augmentation sur vingt pour cent de majoration du coût de la vie pour
vous aider à les élever. Si le père veut réclamer son droit à l'existence, il sera
congédié et il se trouvera toujours un surarbitre à la de Ségogne pour justier
ce licenciement. Il faut que cela nisse, et vite. Il faut que les pouvoirs publics
regardent un peu autour d'eux pour voir ce qui s'y passe, et s'ils ne veulent
pas se rendre ridicules jusqu'à l'odieux, ils feront bien de renvoyer à d'autres
270
occupations ces surarbitres dont l'attitude est un dé au plus élémentaire
esprit de justice et de bon sens.
A. Chabanon, secrétaire de la Fédération nationale des industries chimiques. 369 23.39 24 juillet 1939. Une réception à La
l'honneur de Robert Marchadier Vie Ouvrière
en
La direction du journal La Vie Ouvrière a organisé, samedi soir, une
réception en l'honneur de notre camarade Robert Marchadier, qui fut condamné pour son action syndicale après le mouvement revendicatif du 30
novembre. À ce vin d'honneur assistaient également tous les membres du
bureau et de la commission exécutive de la Fédération des industries chimiques. Paul Bouthonnier, en l'absence de Gaston Monmousseau, qui s'était
fait excuser, a salué avec joie la libération du secrétaire des sections syndicales
Michelin, qui n'est qu'un acte tardif d'élémentaire justice. À son tour, Marchadier a remercié chaleureusement les journaux ouvriers et, en particulier La
Vie Ouvrière pour les vigoureuses campagnes qu'ils ont menées en faveur de
la libération. Puis, avec joie, il a exprimé sa satisfaction du résultat des élections des délégués du personnel aux usines Michelin de Clermont-Ferrand,
où la CGT a obtenu un magnique succès, preuve du renouveau d'activité des sections syndicales et nouvelle marque de conance des travailleurs
dans la grande organisation ouvrière. Édouard Finck, secrétaire général de
la Fédération des industries chimiques, à son tour, a également remercié La
VO qui, chaque semaine, mène le bon combat pour la défense des intérêts
ouvriers. 370 23.40 26 juillet 1939. Agir par tous les moyens opportuns
en faveur de l'unité internationale. Telle est la décision
prise par la Fédération des Industries Chimiques La commission exécutive fédérale de la Fédération nationale des Industries chimiques, réunie les 22 et 23 juillet 1939, s'élève vivement contre
la décision du congrès de Zurich de la Fédération Syndicale Internationale
qui, malgré la croissance des dangers d'agression fasciste, a refusé de réaliser
l'unité syndicale internationale. Certes, la majorité (neuf millions) des ouvriers représentés s'est prononcée en faveur de cette unité, mais la minorité
(6 millions) disposant d'un plus grand nombre de voix, a pu empêcher cette
réalisation.
369. Trop souvent, des surarbitres acceptent sans réserves la thèse patronale , L'Hu, no 14824, 23 juillet 1939, p. 5.
370. Une réception à La Vie Ouvrière en l'honneur de Robert Marchadier , L'Humano
ité, n 14825, 24 juillet 1939, p. 5.
manité
23.
ANNÉE 1939
271
Les dirigeants des centrales de pays tels que la Pologne, la Belgique, le
Danemark, la Suisse, etc... en votant contre l'admission des syndicats russes
ont, en pratique, desservi la cause de la paix. Ils n'expriment certainement
pas l'opinion des masses ouvrières de leurs pays respectifs et ont cédé à des
sentiments de haine partisane et anticommunistes qui l'emportent chez eux
sur la nécessité absolue de résister ensemble au fascisme. L'essentiel est que
les ouvriers du monde entier soient attachés à l'unité et la commission exécutive donne mandat au bureau exécutif et au secrétariat pour agir par tous les
moyens opportuns en faveur de l'unité internationale, en faveur du resserrement des liens entre les travailleurs des industries chimiques du monde entier
et en faveur de la tenue rapide d'une conférence de toutes les organisations
ouvrières internationales : FSI, IOS et IC. 371 23.41 28 juillet 1939. Après le congrès de Zurich. Les travailleurs du monde entier veulent s'unir... Écrit Robert Marchadier, secrétaire de la section syndicale Michelin de
Clermont-Ferrand, qui vient d'être libéré de la prison de Riom. Robert Marchadier, secrétaire de la Section syndicale des usines Michelin, à ClermontFerrand, qui vient de passer plusieurs mois en prison à raison de son activité
lors de la grève chez Michelin, le 30 novembre 1938, écrit à l'agence FranceMonde : "Ma libération de la prison de Riom, imposée par l'action de la
classe ouvrière, m'a procuré une grande joie, celle de revoir les miens, ma
famille, mes amis et mes camarades de lutte et m'a permis de reprendre ma
place de militant. J'espérais cependant, quelques semaines avant, une joie
plus grande encore. Avec mes camarades emprisonnés, et je crois pouvoir
dire emprisonnés par ordre des cagoulards, agents du fascisme international,
j'espérais voir se réaliser à Zurich, l'Unité syndicale internationale. Je l'espérais d'autant plus, que notre Fédération des industries chimiques avait
reçu, de la part de l'internationale des ouvriers d'usine, de la part des ouvriers de Norvège et de Suède, une aide matérielle ecace en faveur des
victimes de la répression du 30 novembre. Le fait démontre bien que les travailleurs du monde entier veulent s'unir. L'exemple de ce que leur Union a
permis de réaliser en France en 1936, nous apporte la certitude que cette
Union se réalisera à brève échéance et se manifestera en premier lieu par la
tenue d'une conférence ouvrière internationale, réunissant non seulement la
Fédération Syndicale Internationale et l'Internationale Ouvrière Socialiste,
mais également l'Internationale Communiste. 372 371. Agir par tous les moyens opportuns en faveur de l'unité internationale , L'Hu, no 14827, 26 juillet 1939, p. 5.
372. Les travailleurs du monde entier veulent s'unir , L'Humanité, no 14829, 28 juillet
1939, p. 5.
manité
272
23.42 2 août 1939. En quelques lignes Syndicat des industries pharmaceutiques. Prière à tous les trésoriers du
syndicat des industries pharmaceutiques de passer très rapidement au siège
du syndicat muni de leur carnet de collecteur. 373 23.43 7 août 1939. Comment expliquer le vote de la délégation polonaise à Zurich. À Cracovie, au début de juin,
les travailleurs acclamaient les mots d'ordre d'unité
internationale ! C'est ce que rappelle Beyer, secrétaire de la Fédération des industries
chimiques. G. Beyer, secrétaire de la Fédération nationale des Industries
chimiques, a fait la déclaration suivante à l'agence France-Monde :
Si la déception des travailleurs et des militants français devant la décision du congrès de Zurich a été profonde, celle des ouvriers polonais a
certainement été plus grande encore. Au début de juin, nous avons eu avec
le camarade Granet l'occasion de représenter les Fédérations françaises des
industries chimiques et du papier-carton au congrès de la Fédération polonaise des ouvriers d'usine à Cracovie. Non seulement au congrès, mais dans
un meeting organisé par le parti social-démocrate polonais, avec le concours
des syndicats polonais (qui ne sont pas comme en France indépendants des
partis politiques), les mots d'ordre d'unité internationale, de conférence ouvrière internationale entre la FSI, l'IOS et l'IC, d'union avec l'URSS furent
acclamés par des vivats enthousiastes. Comment expliquer après cela le vote
des représentants polonais à Zurich ? À Cracovie pourtant, aucune voix discordante ne s'est élevée tant au congrès, qu'au meeting, après les interventions de la délégation française. Faut-il supposer que des militants polonais,
scandinaves, belges, ont cédé à une ambiance, malgré leurs sentiments personnels contraires ? Dans ce cas, la colère des ouvriers polonais doit être
grande. Leur volonté demeure et dans la situation tragique qui est la leur, ils
se souviennent de l'exemple de la Tchécoslovaquie. Ils ont du moins la certitude que les ouvriers français pensent comme eux, et que leur union, scellée
par de multiples contacts dus à l'immigration, scellée par l'exploitation qu'ils
subissent de la part des mêmes trusts, soit étendue aux travailleurs du monde
entier. Granet et moi sommes revenus de Cracovie avec la conviction totale
que les ouvriers de Pologne, comme les ouvriers de France, veulent l'unité
syndicale internationale et veulent, eux, chez qui le parti communiste est
illégal, la tenue d'une conférence ouvrière internationale entre l'IOS, la FSI
et l'IC, comme l'IC l'a proposé. 374 373. En quelques lignes , L'Humanité, no 14834, 2 août 1939, p. 5.
374. À Cracovie, au début de juin, les travailleurs acclamaient les mots d'ordre d'unité
internationale ! , L'Humanité, no 14839, 7 août 1939, p. 5.
24.
ANNÉE 1944
273
23.44 7 août 1939. Après la catastrophe de Courchelettes.
L'Union locale de Douai dénonce les responsabilités
incombant au patronat [. . . ]. En ce qui concerne la catastrophe de Courchelettes, la commission
administrative, sur la base des enquêtes faites par les organisations ouvrières,
dénonce l'insusance des mesures de sécurité régnant dans cette entreprise,
mettant non seulement la vie des travailleurs en danger, mais encore celle
de toute la population de Courchelettes. Elle déclare solennellement qu'elle
appuiera, de toutes ses forces, l'action entreprise et l'enquête ouverte par
le Syndicat et la Fédération des produits chimiques pour xer les responsabilités patronales et pour assurer la défense des intérêts des veuves et des
orphelins. Elle lance un vibrant appel à toute la population du Douaisis
et à l'ensemble de ses syndicats pour qu'ils appuient l'÷uvre de solidarité
entreprise par le Syndicat des produits chimiques en faveur des familles nombreuses. La commission administrative décide d'allouer une somme de 500
francs au comité chargé de venir en aide immédiatement aux familles des
victimes. [. . . ]. 375 24
Année 1944
24.1 30 août 1944. Les travailleurs de l'industrie chimique
n'oublie pas que la guerre continue Un certain nombre de militants de la Fédération nationale des Industries chimiques et Industries connexes, se sont réunis au nouveau siège, 59 rue
du Faubourg Poissonnière à Paris. Après avoir salué la mémoire de leurs camarades tombés au champ d'honneur et, particulièrement, Perrouault, Poulmarc'h, Carasso, Renelle, Canton, Burtin, après avoir salué tous ceux qui
soure encore dans les prisons et dans les camps de prisonniers, les militants
présents ont pris des dispositions pratiques pour réorganiser Fédération et
syndicats. Les tâches essentielles qui se posent pour les travailleurs des industries chimiques sont : la réouverture des usines et l'organisation du travail
en vue d'accélérer les productions de guerre, la suppression des mesures restrictives apportées par le gouvernement de Vichy aux libertés ouvrières et
le relèvement des salaires et traitements à un taux en rapport avec le coût de
la vie, l'organisation du ravitaillement. Les travailleurs des industries chimiques n'oublient pas que la guerre continue. Ils appelleront dans leurs usines
les volontaires à s'engager dans l'armée des Forces Françaises de l'Intérieur,
comme ils appelleront tous les patriotes à s'organiser dans les milieux patriotiques. Avant de se séparer, les militants ont constitué comme suit le bureau
fédéral provisoire :
375. Après la catastrophe de Courchelettes. L'Union locale de Douai dénonce les responsabilités incombant au patronat , L'Humanité, no 14839, 7 août 1939, p. 5.
274
Secrétaire général : Édouard Finck
Secrétaire général adjoint : Georges Beyer
Secrétaire administratif : Lutinier
Trésorière : Mme Finck
Secrétaire aux ingénieurs et techniciens : Gisèle Pascre.
Les permanences seront tenues tous les jours pour la Fédération, le syndicat parisien et le syndicat des ingénieurs, employés et techniciens au 59 rue
du Faubourg Poissonnière, 4e étage. 376 24.2 1er septembre 1944. Permanences Citroën-Michelin-Métaux. Assemblée générale le 1er septembre, à 17
heures, préau des écoles de la rue Balard. [. . . ]. Syndicat des industries pharmaceutiques et parapharmaceutiques de la Seine. Tous les jours à la Bourse
du Travail. [. . . ]. 377 24.3 4 septembre 1944. Il faut rapatrier immédiatement
les élus et militants communistes déportés en Algérie [. . . ]. Nos camarades nous ont fait part des lenteurs voulues apportées
à leur rapatriement à Paris, alors que dès les premiers jours de l'insurrection,
ils avaient demandé à rejoindre leur poste dans la capitale. Restent encore
en Algérie seize députés communistes, dont on promet le rapatriement par
navire on ne sait à quelle date. À noter que le camarade Bartolini, député de
Toulon est bloqué en Corse et mis dans l'impossibilité de rejoindre son arrondissement. Enn, restent en Algérie plus de trois cents militants déportés
de Vichy, parmi lesquels des secrétaires de fédérations syndicales comme
Finck, des produits chimiques [. . . ]. 378 24.4 14 septembre 1944. L'÷uvre des trusts sans patrie.
Part à deux avec l'ennemi : la constitution de la société
Francolor L'industrie des matières colorantes est, au premier chef, une industrie
de guerre. Comme celle de l'aluminium, elle a été livrée à l'ennemi par les
trusts dès 1940. 1940. De braves gens de chez nous croient encore au mirage
soigneusement entretenu : les étoiles de Verdun, l'armistice dans l'honneur.
Les trusts, eux, ne se nourrissent pas de phrases. Depuis des années, ils tiennent en réserve le vieillard de la grande pénitence. La défaite, ils le savent,
sera pour eux la source de nouveaux prots. Dès le 25 août 1940, M. Raoul de
376. Les travailleurs de l'industrie chimique n'oublie pas que la guerre continue ,
, no 10, 30 août 1944, p. 2.
377. Permanences , L'Humanité, no 12, 1er septembre 1939, p. 2.
378. Il faut rapatrier immédiatement les élus et militants communiste déportés en
Algérie , L'Humanité, no 15, 4 septembre 1944, p. 2.
L'Humanité
24.
ANNÉE 1944
275
Vitry, vice-président et directeur général de Péchiney, président de l'HydroÉlectrique de Savoie, administrateur de la Banque de Paris et des Pays-Bas,
d'Ugine, de Bozel-Malétra, de la Générale d'Électricité, est à Wiesbaden,
d'où il revient, le 1er septembre, avec une commande de 25 000 tonnes d'aluminium. Dès le 21 novembre 1940, à Wiesbaden également, commencent
les négociations entre le trust français Kuhlmann et le colosse allemand des
produits chimiques, l'IG Farben. Les négociations vont aboutir à la constitution de Francolor, société anonyme au capital de 800 millions de francs.
Le trust allemand reçoit 51 % des actions. Il contrôle ainsi toute l'industrie
française des matières colorantes. En contre-partie, Kuhlmann et les sociétés
de matières colorantes de Saint-Denis et de Saint-Clair-du-Rhône reçoivent
12 750 actions de l'IG Farben. Les magnats français des produits chimiques
deviennent les associés des trusts allemands, de ces trusts à l'instigation et
pour le compte desquels Hitler met au pillage les richesses de l'Europe. Les
deux cents familles de l'industrie et de la nance ont appelé les panzer à
leur secours contre le peuple de leur pays. Ils ont livré à l'ennemi le patrimoine de la France, l'ossature du pays. Moyennant part dans la dépouille et
récompense, comme de bien entendu.
Inculpés de haute trahison, les administrateurs de Francolor invoquent
pour leur défense "qu'ils ont toujours maintenu le point de vue que la part
de l'Allemagne ne devait pas excéder 50 %" ! Ils ajoutent qu'ils ont obéi aux
ordres du gouvernement, une loi ayant xé le statut de la société. Comme si
les patrons recevaient des ordres de leurs domestiques ! Comme si M. RenéPaul Duchemin, ancien président de la Confédération Générale du Patronat
Français, ancien régent de la Banque de France, président de Kuhlmann, administrateur des Chemins de fer du Nord et des mines d'Anzin, comme si M.
Georges Despret, dirigeant du consortium Saint-Gobain, administrateur des
Chemins de fer du Nord, des Chantiers et Ateliers de Saint-Nazaire, de la
Banque transatlantique, recevaient des ordres du professeur de droit Joseph
Barthélémy ou du fonctionnaire des nances Yves Bouthillier ! Sans doute,
Barthélémy, l'homme qui a préparé Munich par sa campagne dans Le Temps
avant de faire condamner par les patriotes à la guillotine par les sections
spéciales, et Bouthillier, qui appartint au cabinet de Georges Bonnet avant
de devenir un ministre de Pétain, ont-ils mérité la potence. Et la France ne
comprend pas que ces criminels ne soient pas encore inculpés comme doivent
l'être tous les ministres de Vichy. Mais les Duchemin et les Despret sont cent
fois plus coupables, car il y a toujours plus de culpabilité dans le maître que
dans le valet. Et, pour mettre n à leur pouvoir malfaisant, il faut tout de
suite consquer, "au prot de la collectivité nationale, les enrichissements
coupables obtenus par ceux qui travaillaient pour l'ennemi", suivant la formule du général de Gaulle dans son discours du Palais de Chaillot, et, avec
ces enrichissements, les biens mêmes volés par les trusts à la nation au prix
de tant de sourances.
276
J. T. 379 24.5 12 octobre 1944. L'action ouvrière. Convocations Industries chimiques de la région Bezons et Argenteuil. À 18 heures,
Maisons du Peuple, rue Claude-Bernard (Bezons). Orateurs : Finck, secrétaire général ; Bassalair. 380 379. Jean Thibaut, L'÷uvre des trusts sans patrie. Part à deux avec l'ennemi : la
constitution de la société Francolor , L'Humanité, no 25, 14 septembre 1944, p. 1 et 2.
Une photographie accompagne l'article, avec pour légende : "Encore un membre des élites
qui ont failli ! Duchemin, administrateur de sociétés dont le capital dépasse un milliard de
francs, chef du patronat français et traître à son pays".
380. L'action ouvrière. Convocations , L'Humanité, no 49, 12 octobre 1944, p. 2.
Index
Entreprises
Accus Dinin . . . . . . . . . . . . . . . . 141
Accus Fulmen . . . . . 141, 142, 144
Accus SAFT . . . . . . . . . . . . . . . . 141
Accus SEM . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
Accus SLM . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
Accus TEM . . . . . . . . . . . . 140, 141
Accus Watt . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
Adrot et Cie . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Agfa . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 256
Air liquide 62, 82, 116, 137, 138,
221, 262
Alais, Froges et Camargue62, 76,
81, 83, 84, 9496, 119, 121,
189, 192, 200, 201, 216, 219,
228, 250, 255, 269
Aluminium Industrie Nordhausen
227
American Sinclair . . . . . . . 52, 104
Anglo-Iranian . . . . . . . . . . . . . . . 232
Anglo-Persian 28, 29, 4952, 104
Arthus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Azote français . . . . . . . . . . . . . . . 62
Bardon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
Bébé Jumeau . . . . . . . . . . . . . . . . 80
Bergenot (caoutchouc) . . . . . . 137
Bergougnan . . . . . . . . . . . . . 92, 239
Bériot. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .6
Bernard. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .35
Blancherie de Thaon . . . . . . . . . 47
Blondel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Boston Blacking . . . . . . . . . . . . . 35
Bouelli . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
Bougie Étoile . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Bourgeois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Bozel-Malétra . . . . . . . . . 7, 17, 26,
277
33, 35, 88, 96, 109, 126129,
137, 143, 239, 275
Brot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Buisson . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Cie des matières colorantes . . . 87
Cie française des phosphates . 87
Cie gale des prod. chim. du Midi
95
ie
C gle du pétrole. . . . . . . .51, 112
Cie natle des matières colorantes
75
ie
C bordelaise . . . . . . . . . . . . 33, 96
Cie des carburants . . . . . . . . . . . 36
Cie des goudrons . . . . . . . . . . . . . 99
Cie des huiles de pétrole. . . . . .47
Cie des matières colorantes et produits chimiques . . . . . . . . . 20,
35
ie
C industrielle des pétroles . . 99
Cie française de ranage . . . . 239
Cie française des pétroles . 6, 228
Cie française des prod. organochimiques . . . . . . . . . . . . . . 216,
227
Cie industrielle des pétroles6, 13,
14, 18, 27, 51, 52, 103, 108,
120, 133, 221, 223, 228
Cie occale pacique des pétroles
33
Caminade. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .35
Carbones de Gennevilliers. . .239
Cassana . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Cauvin-Yvose (Ateliers) . . . . . . 33
Celluloïd . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
Cellulose du Piro . . . . . . . . . . . . 82
Chailly . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
278
INDEX
Charbonat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Clément et Rivière . . . . . . . . . . . 35
Coignet . . . . . 35, 84, 87, 109, 116
Copense . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Cotelle et Foucher . . . . . 200, 239
Couleurs et Vernis . . . . . . . . . . 239
Couleurs zinciques . . . . . . . . . . . 88
Darras . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Delacoste . . . . . . . . . . 144, 151153
Demmery (caoutchouc) . . . . . 137
Desmarais . . . . . . . . . . 5, 9, 10, 12,
3133, 51, 54, 101, 102, 106,
107, 111, 124126, 133, 139,
159, 216, 239, 240
Destriez . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
Deutsch . 5, 7, 15, 18, 33, 51, 52,
54, 104
Deutsch Amerikaschen Petroleum
Gesellschaft. . . . . . . . . . . . . .28
Deutsche Erdoel . . . . . . . . . . . . . 28
Deutsche Petroleum. . . . . . . . . .28
Doitteau . . . . . . . . . . . . . . . 253, 263
Dubois. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .79
Ducot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
Dunlop. . . . . . . . . . . .166, 177, 178
Dynamic. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .239
Électro-chimie de Brignoud . . 87
Eukromine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Fabrique de céruse . . . . . . . . . . . 36
Fabrique de spécialités de prod.
chim. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Fauld et Springer . . . . . . . . . . . 238
Fenaille et Despeaux . 18, 51, 54,
61, 111
Fives-Lille . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
Fours Rousseau . . . . . . . . . . . . . 239
Francolor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 275
Garnier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Gaubert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Geistlich . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
Gibbs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13, 36
Gillekens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190
Goodrich118, 119, 137, 155, 157,
158, 160162, 164, 166178,
180184, 190, 204, 205, 218,
246
Guimet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
Haguenauer . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Hamielle Henri . . . . . . . . . . . . . . . 35
Huilerie centrale . . . . . . . . . . . . 137
Huileries-Savonnerie Verminck83
Hutchinson . . . 42, 137, 236, 237,
260
Hydro-Électrique de Savoie . 275
IG Farben. . . . . . . . .159, 262, 275
Imperial Chemical Industries262
Incrusta . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
Jeroy-Delore. . . . . . . . . . . . . . .107
Joint Français . . . . . . . . . . . . . . 137
Jourdrain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
Jupiter . 32, 35, 36, 51, 113, 118,
119, 137, 239, 240
Kuhlmann . . . . 12, 17, 18, 33, 45,
59, 62, 72, 7476, 81, 83, 84,
8689, 92, 94, 99, 116, 118,
126, 143, 192, 199201, 227,
228, 237, 238, 240, 248, 250,
251, 261, 268, 275
L'Acétosynthèse . . . . . . . . . . 87, 96
L'Économique 104, 120, 134, 135
L'Électro-métallurgie d'Auvergne
95
L'Électro-métallurgie de Dives95
La Galine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
La Pétroléenne . . . 13, 15, 19, 20,
23, 27, 28, 3133, 37, 5153,
104, 107, 111, 113
La Richeck . . . . . . . . . . . . . . . 28, 29
Laboratoire Français . . . . . . . . 120
Lambiotte . . . . . . . . . . . . . 107, 240
Lampe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
Le Boulanger . . . . . . . . . . . . . . . 107
Le François (Raneries) . . . . 132
Léger (Caoutchouc) . . . . . . . . . . 43
Lesieur . . . . . . . . . . . . . 51, 104, 137
Lick . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
Lille et Bonnières . . . . . 18, 33, 51
Lorilleux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
INDEX
Louradour . . . 158, 159, 166, 168,
182
Lourceau, Eugène . . . . . . . . . . . . 35
Lourioux . . . . . . . . . . . . . . . . 79, 112
Lucifer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
Magnant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
Maison d'Asphalte . . . . . . . . . . 137
Menu-Huguenin . . . . . . . . . . . . . . 18
Metallgesellschaft . . . . . . . . . . . 250
Michelin . . . . . . . . 63, 85, 92, 117,
136, 187, 188, 204, 228, 233,
239241, 244, 245, 252, 256,
261, 268, 270, 271, 274
Mines et produits chimiques 221
Montécatini . . . . . . . 250, 256, 262
Moritz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45, 92
Nicolas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Nobel . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159, 268
Noirot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190
Novalis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246
Novo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
Omnium Algérie-Tunisie . . . . . 59
Paix et Cie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
Palladum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
Papeteries de Rethel . . . . . . . . . 82
Papeteries du Marais. . . . . . . . .82
Papeteries Navarre . . . . . . . . . . . 82
Parfumerie d'Orsay . . . . . . . . . 137
Parfumerie L.T. Piver . . . . . . . . 35
Pascalis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Pechelbronn . . . . . . . . . . . 221, 240
Péchiney 121, 221, 227, 238, 262,
275
PEN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134, 135
Pétrona . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
Phénix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Philippe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Phosphates de Constantine . . 23,
59, 113116
Phosphates de Gafsa . . . . . 24, 82
Phosphates du Kouif . . . . . . . . 105
Phosphates Tunisiens . . . . . . . . 23
Piles Heintz. . . . . . . . . . . . . . . . .141
Pironneau . . . . . . . . . . . . . . . . 32, 34
279
Poirier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Polliwit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
Produits chim. de Lourdes . . . 87
Produits chim. de Mulhouse. .87
Produits chim. et mat. colorantes
de Saint Clair du Rhône.87,
275
Prod. chim. de Clamecy. . . . . .95
Produits chimiques du Tarn . . 95
Progil . . 22, 24, 25, 36, 110, 111,
138, 185, 224, 225, 246, 262
Ranerie de Donges . . . . . . . . 238
Ranerie de pétrole du Nord51,
228
Ranerie du Midi . . . . . . . . . . . 51
Ranerie Say . . . . . . . . . . . . . . . 240
Relms . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Renoud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Rhône-Poulenc82, 116, 119, 131,
132, 221, 228
Richard Hudnut . . . . . . . . . . . . 260
Richter . . . . . . . . . . . . . . . . 112, 239
Riloil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Rocca . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 230
Royal Dutch-Shell 29, 33, 4752,
102, 104, 159, 223, 225, 227,
232, 261
Saint-Gobain . . . . . 33, 36, 45, 59,
60, 62, 65, 76, 8184, 86, 87,
92, 94, 96, 99, 109, 116, 143,
192, 199201, 250, 268, 275
Salacrou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 240
Salomon Georges. . . . . . . . . . . . .35
Samson . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
Satos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
Savonnerie Amande . . . . . . . . . 269
Savons Neutres, les . . . . . . . . . . 35
Schneider . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190
SHGH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
SIT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190, 260
Sté Argental . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
Sté calaisienne des pâtes à papier
82
Sté centrale de dynamite . . . . . 95
280
INDEX
Sté ind. des téléphones 42, 47, 96
Sté chimique de Gerland . . . . 116
té
S chim. de la Grande-Paroisse
Sté l'Alfa . . . . . . . . . . . . . . . . . 95, 96
82
Sté Le Nickel . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
Sté chimique des usines du Rhône
Sté lyonnaise de soie articielle
82
116
té
ale
té
S comm Lambert-Rivière . 88
S maritime des pétroles. . . . .51
Sté de la Vieille-Montagne . . . 44,
Sté Mines et Usines . . . . . . . . . . 59
88, 89
Sté normande des prod. chim. 82
Sté de Schwonarde . . . . . . . . . . . 87
Soie articielle d'Izieux . . . 95, 96
Sté des carburants . . . . . . . . . . 137
Solvay . . . . 96, 118120, 189, 250
té
S des huiles André . . . . . . . . 137
Soulier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Sté des huiles et pétroles . . . . 137
Standard Française des Pétroles
Sté des matières colorantes d'Al221, 228
sace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
Standard Oil . . 28, 29, 33, 4752,
Sté des matières colorantes de St 104, 111, 159, 222, 225, 227,
Denis . . . . . . . . . . . . . . 87, 109,
232, 261
275
Sudos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
Sté des pâtes, papiers et textiloses
Superphosphates et prod. chim.
88
du Maroc . . . . . . . . . . . . 87, 89
Sté des prod. chim. de France124
Taponnier . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
Sté des prod. chim. de l'Ouest112
TBI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238
Sté des prod. chim. du bois . . . 88
Thern. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .35
Sté des prod. chim. et des blancs
Tissages de jute de la Vallée . 82
de Comines . . . . . . . . . . . . . 135
Torrilhon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
Sté des prod. chim. et engrais de
Tubize . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
Maison Carrée . . . . . . . . . . 105
Ugine . 62, 95, 96, 227, 228, 256,
Sté des pyrites de Huelva . . . . . 87
275
Sté du Kétol . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
Usine du Carbone . . . . . . . . . . . . 43
Sté électro-chim. de Mercus . . 95
Usine Ébonite Jeantet . . . . . . . 43
Sté électro-chim. des métaux . 95
Vacuum Oil. . . . . . . . . . . . . . . . .232
Sté européenne de l'ammoniaque
Valentine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 260
82
Veedol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Sté fermière du Nitrogène . . . 269
Verreries de Triel . . . . . . . . . . . . 71
Sté française des peintures et verViolet. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .36
nis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7072
Vivandon (Parfumerie) . . . . . . . 43
Sté gale des huiles de pétrole . 51,
Wallarants . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
133, 135, 137, 228
Wolber . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
Sté gale des huiles et pétroles 240
Ycre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Sté gale pour la fabrication de la
Ytier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
dynamite . . . . . . . . . . . . . . . . 95
Sté Hydro-Électrique de la Mau- Militants syndicalistes
Acherchour, Tahar 145151, 193,
rienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
197
Sté immobilière des sulfates . . . 7
Sté ind. des pétroles . . . . . . . . . . 33
Alezier. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .233
INDEX
Ali 42, 43, 84, 85, 90, 97, 98, 106
Ambrogelly . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
Anceaux . . . . . . . . . . . . . . . . . 84, 90
Andréjean. . . . . . . . .212, 218, 222
Anthore, Henri . . . . . . . . . 205, 210
Arcucci . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210
Armand, Benoît . . . . . . . . . . . . 235
Arnaud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
Aubert. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .97
Aubry, Christiane . . . . . . . . . . . 185
Augueux, Renée . . . . . . . 185, 186
Aulagne, Louis . . . . . . . . . 212, 256
Baillet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
Bangy . . . . . . . . . . . . . . . . . 212, 256
Barre, Edmond . . . . . . . . . . . . . 210
Bas, Colette . . . . . . . . . . . 185, 234
Bas, Jean . . . . . . . . . . . . . . 185, 247
Bassalair . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 276
Baudier . . . . . . . . . . . . . . . . 164, 212
Baudin, Huguette . . . . . . . . . . . 186
Baudouin, Anne-Marie 144, 185,
186, 212, 213
Baulot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 234
Beaumont, Henri. . . . . . .241, 245
Beckerich, Jean-Baptiste . 35, 36,
4245, 47
Bedel . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208, 210
Berckmoës, André 143, 206, 208,
212, 231, 246, 248, 259
Bernaud, E. . . . . . . . . . . . . . . . . 8, 9
Bernier. . . . . . . . . . . . . . . . . . .29, 30
Berrar, Jean-Louis . . . . . . . . . . . 46
Berrier, Georges . . . . . . 30, 31, 45
Berthe, Mathéo . . . . . . . . . . . . . 185
Bertin, Pierre . . . . . . . . . . . . . . . 212
Bertrana . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212
Beyer, Georges. . . .185187, 212,
213, 230, 253, 255, 257, 272,
274
Billois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211
Blanc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
Bloquet, René 35, 36, 4245, 47,
76, 78, 79, 85, 89, 90, 92, 93,
97, 101, 103, 107, 108, 110
281
Boché, Louisa . . . . . . . . . . . . . . . . 27
Boché, Mathurin . 27, 35, 47, 97,
107, 110
Bodineau, Georgette . . . . . . . . 132
Boulneau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210
Boulonneau . . . . . . . . . . . . . . . . . 207
Bourlet, Louis 162, 170, 177, 179
Bourneton, Charles . . . . . . . . . 259
Bouthonnier, Paul . . . . . . . . . . 270
Bréant, Marie . . . . . . . . 21, 22, 35,
4244, 47, 68, 69, 91, 93, 97,
99101, 106
Brenot, Marcel . . . 193, 194, 197,
201, 214
Broussillon, Amédée . . . . . . . . . 90
Bruneau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203
Burtin, Louis . . . . . . . . . . 256, 273
Cadier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203
Cantamerra . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
Canton, Louis 210, 212, 222, 273
Carasso, Jean. . . . .131, 145, 152,
154157, 160, 162, 166, 169,
170, 174, 175, 177, 178, 181,
182, 186, 190, 193, 194, 197,
200, 202, 203, 236, 243, 245,
247, 249, 252, 261, 264, 273
Cardinal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 252
Caussanel. . . . . . . . . . . . . . . . . . .252
Cellier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
Chabanon, Alphonse. . . . .19, 21,
22, 25, 2830, 33, 35, 36, 39,
41, 42, 47, 56, 76, 78, 8385,
8991, 97, 99, 101, 103, 107,
110, 130, 138, 185, 186, 212
214, 218, 230, 231, 247, 254,
257, 264, 270
Chaillet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Chambon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
Champetier, Marius . . . . . . . . 205
Chanut, Jeannette . . . . . 185, 234
Charlet, Emmanuel . . . . 212, 266
Charpentier . . . . . . . . . . . . 177, 179
Chauveau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
Chauvel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .25
282
INDEX
Chrétien, Charles . . . . . . . . 30, 68
Coignas. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .146
Coquel, G. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246
Cordier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Corget . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245
Coudert, Hélène . . . . . . . . . . . . . 97
Couegnas. . . . .149, 154, 186, 193
Couriaud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
Crapet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
Damène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212
Debrienne, Marius . . . . . . . . . . . 70
Delahaigue . . . . . . . . . . . . . . . . . 206
Delers, François . . . . . . 72, 85, 90
Denizot, Jean . . . . . . . . . . . . 29, 31
Déry . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
Desjoues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
Desrumeaux, Martha . . . . . . . 259
Discaurd . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
Dorel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
Dubas, Lucienne . . . . . . . . . . . . . 97
Dubossage, Yvette . . . . . . . . . . 185
Dubreuil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210
Ducarteron, Pierre21, 22, 30, 34,
35, 39, 42, 45, 46, 84, 85, 89,
91, 94, 97, 110
Ducros. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .208
Dunais, Hippolyte . . . . . . . . . . . 97
Dupont . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84, 90
Durant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212
Duval. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .210
Ernoult, André . . . 186, 190, 191,
212, 233, 248, 249, 252
Escoer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208
Estier. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .212
Étienne, Germaine . . . . . 185, 234
Exbroyat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203
Fabre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206
Fallon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
Fallot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
Fayet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208
Ferval . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 214
Finck, (Mme.) . . . . . . . . . . . . . . 274
Finck, Édouard . . . . . . . . . . 10, 34,
112, 117, 128, 130, 136144,
146, 147, 154, 162, 167171,
173179, 181183, 185, 186,
192, 197, 199, 200, 204, 205,
207, 210, 212, 213, 219, 223,
230, 236, 238, 242, 246, 247,
250, 251, 254, 256, 260, 261,
264266, 270, 274, 276
Fontaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205
Foulliol, (M.) . . . . . . . . . . . . . . . 186
Foulliol, (Mme.) . . . . . . . . . . . . 186
Frachon, Benoît . . 140, 183, 184,
219, 264, 265
Front, Louis . . . . . . . 212, 235, 256
Frot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
Gaillard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
Gallet, Fernande. .186, 190, 206,
210, 212
Gambay . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
Gauvain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
Georges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
Gibault . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
Gibelin, Léon . . . . . . . . . . . . 30, 44
Girard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84, 90
Giraud, Lucien . . . . . . . . . . . . . 205
Glashendier . . . . . . . . . . . . . . . . . 245
Grandin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
Granet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 272
Gray. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .205
Gros . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 207
Guédou, Roger . . . 140, 154, 186,
190, 205, 212, 219, 230, 233,
247, 250, 252, 254
Guénot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
Guilbaud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
Habert. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
Hausser, Guy . . . . . . . . . . . . . . . 206
Hélembrant, Suzanne . . 185, 186
Héna, Eugène . . . . . . . . . . . . . 250
Hénaut . . . . . . . . . . . . . . . . 212, 256
Herberg. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .97
Herman . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
Hermann . . . . . . . . . . . . . . . . . 30, 91
Houët, Roger . . . . . . . . . . . . . . . 212
Husson . . . . . . . . . . . . . . . . 206, 210
INDEX
Jacaud (Mme.) . . . . . . . . . . . . . 211
Jacquet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
Jacquot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
Jarville, Robert . . . . . . . . . . . . . 154
Jeunot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 252
Jillet, L. . . . . . . . . . . . . . . . 212, 235
Joly, André . . . . . . . . . . . . . . . . . 212
Joubert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
Jouhaux, Léon . . . . . . . . . 123, 243
Jourdain, André . . . . . . . . . . . . 212
Julien . . . . . . . . . . . . . . 22, 208, 210
Julien, Henri. . . . . . . . . . . . . . . .246
Jumel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30
Kuntz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
Ladevèze . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212
Laulle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30
Lafond. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .208
Lainé, Marie . . . . . . . . . . . . . . . . 101
Lamy, Marguerite . . . . . . 185, 186
Larchevêque . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
Lecouteux, Georges . . . . . . . . . 185
Leduc, Raymonde . . . . . . 185, 186
Lehmann (Allemagne) . . . . 85, 86
Lemaire . . . . . . . . . . . . . . . . 208, 210
Lenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 207
Lenoir, P. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219
Leory . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
Lerouge. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .231
Leroux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .252
Leroy, G. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
Letellier, Robert . . . . . . . . . . . 135,
144, 154, 182, 185, 186, 194,
197, 206208, 212214, 222,
229231, 255
Levaltier . . . . . . . . . . . . . . . 206, 208
Lichon . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99, 101
Locuty. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .189
Lutinier, Fernand . 186, 190, 234,
252, 274
Machet, Charles . . . . . . . . . . . . . 70
Marchadier, Robert . . . 206, 208,
256, 261, 267, 268, 270, 271
Marouf . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
Marouy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
283
Martin . . . . . . . . . . . . . . . . . 139, 211
Marty, René . 186, 190, 212, 218,
233, 252
Marzet, Lucien . . . . . . . 13, 21, 22
Mateo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210
Mauriès, Ludovic . . . . . . . . . 38, 39
Mension . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245
Messaoud ben Saad . . . . . . . . . 211
Méténier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
Meunier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
Mire, André.208, 212, 222, 256
Monmousseau, Gaston . . . . . . 270
Monzillat, Claude . . . . . . . . . . . . 89
Morain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
Mortreuil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
Moulin, Suzanne . . . . . . . . . . . . 210
Nadaud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177
Nadot. . . . . . . . . . . . . . . . . .163, 164
Naze . . . . . . . . . . . . . . . . . 42, 45, 56
Nedelec, Yves . . . . . . . . . . . . . . . 202
Noblet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
Noiraud . . . . . . . . . . . 160, 174, 212
Obach, Gaston . . . . . . . . . 186, 234
Obert. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .212
Orlandini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206
Papot. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .91
Paravy, L. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
Pascré, Gisèle . . . . . 208, 212, 274
Pascré, Roger 207, 211, 212, 219,
257
Paulmier. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .169
Pellegrin. . .83, 85, 89, 90, 92, 93
Peria . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
Pernette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245
Pérol . . . . . . . . . . . . . . . . . 85, 90, 92
Perrault . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
Perrouault, René . 185, 186, 189,
207, 208, 212, 213, 230, 231,
255, 273
Petit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
Picot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90, 93
Pigelet . . . . . . . . . . . . 206, 212, 256
Piroth . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212
Plantin, Fernand . . . . . . . . . . . 140,
284
INDEX
Schneider . . . . . . . . . . . . . . . . 31, 44
144, 160, 169, 177, 185, 186,
210213, 218, 230
Scho, Raymond. . . . . . . . . . . .235
Plez . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245
Sue . . . . . . . . . . . 21, 31, 44, 46, 91
Poirot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241
Terrasson, Alfred. . . . . . .212, 256
Porchet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 207
Thiberville, Hélène . . . . . 185, 186
Pouldin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212
Thomas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 252
Poulmarc'h, Jean . 140142, 146,
Tillon, Charles . . . . 117121, 124,
147, 156, 157, 160, 161, 169,
255, 257, 262
177, 181, 183, 184, 186, 190,
Tissandier . . . . . . . . . . . . . 207, 212
191, 193, 204, 205, 208, 212,
Touzet, Claude . . . 167, 186, 190,
218, 221, 230, 233, 236, 243,
194, 212, 230, 233, 249, 252
249, 251, 252, 256, 264, 265,
Truyens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
273
Valet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
Poupon, Jean . . . . . . . . . . 185, 234
Valin, H. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Préaux, Lucienne . . . . . . . . . . . 207
Vandenbossche, Jean . . . 38, 144,
Puaud, Rolande . . . . . . . . 185, 186
185, 186, 193, 207, 212, 213
Racamond, Julien . . . . . . . . . . . 21,
Vanesse, Julien . . . . . . . . . . . . . 205
84, 86, 90, 91, 141, 142, 209,
Vanhaute, Georges182, 185, 186,
210, 222, 223, 226, 259
189, 207, 208, 210, 212, 213,
Raux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
255, 259, 267
Raymond, Jean . . . . . . . . . . . . . 252
Vassal. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7
Raynaud, Henri . . 141, 142, 144,
Vauclard. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .189
146, 147, 179, 194, 197, 247,
Verde, Henri . . . . . . . . . . . 212, 256
249, 252
Vidal . . . 144, 152, 154, 166, 183,
Razzoli, Bruno189, 200, 207, 210
184, 186, 190, 206, 212, 218,
Reix, Raymonde . . . . . . . 185, 234
233, 236
Renelle, Victor. . . . . . . . . . . . . .273
Vignaud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
Reverend, Madeleine . . . . . . . . 212
Villemain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
Revol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89, 94
Viola, Jeanne . . . . . . . . . . 185, 186
Rey . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
Vogel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
Rivino . 160, 162, 166, 168172,
Vuilleminot, Paul.21, 29, 30, 45,
178, 180
64
Rocher . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212
Waty . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212
Roger. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .211
Waty-Jillet . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
Rosarde, Anselme 132, 144, 146,
154, 167, 170, 184186, 203, Patrons
Altwet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
206, 212, 213, 261
Azaria, Ad. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
Rouge, Jean . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
Bedford . . . . . . . . . . . . . . 33, 47, 49
Rouillot, Charles . . . . . . . . . 42, 97
Bernheim, Alfred . . . . . . . . . . . . 96
Rouxel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .206
Blanchard . . . . . . . . . . . . . . . . . . 251
Royet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84, 85
Bollaert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
Saroglia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Bonnet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 247
Sarrazin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
Sceaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .252
Bouchayer, Hippolyte . . . . . . . . 96
INDEX
Boyer . . . 160, 162, 168, 170, 171,
173176, 178, 182
Boyer, Hippolyte-Eugène. . . .131
Buisson, Albert . . . . . . . . . . . . . 131
Caprolier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
Cardozo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
Careil. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .134
Cayrol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
Chabaud-Latour . . . . . . . . . . . . . 88
Chaix. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .225
Chanel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .134
Chastel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
Cochin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Cordier, Gabriel . . . . . . . . . . . . . 95
Crespel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
Cusimberghe, Paul146149, 151,
193
Cuvelette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
De Broglie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
De Freney . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Delsol. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .88
Despret, Georges. . . . . . . . . . . .275
Deterding, Henry . 4749, 52, 53,
102, 104
Doitteau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253
Donat-Agache . . . . . . . . 74, 75, 88
Duchemin, René-Paul. . .88, 275,
276
Dumast . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200
Dupont-Descat. . . . . . . . . . . . . . .88
Durand-Gosselin . . . . . . . . . . . . . 88
Frossard. . . . . . . . . . . . . . . . . .74, 75
Gaillard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
Gerard, E. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Gignoux, Claude-Joseph180, 258
Gillet, Edmond . . . . . . . . . . . . . . 96
Ginard. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .82
Girard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Gounod . . . . . . . . . . . . . . . . 232, 251
Griolet, Gaston . . . . . . . . . . . . . . 88
Guibert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176
Hauzeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
Heurteau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
Homberg. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .82
285
Jary, Nicolas . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
Kiener . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
Lambert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
Lamendé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
Lamy, Édouard . . . . . . . . . . . . . . 88
Langlois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
Laurent, Théodore . . . . . . . . . . . 89
Lavaurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
Lavilléon, (de) . . . . . . . . . . . . . . 225
Lecoeuvre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .89
Ledoux, Fred. . . . . . . . . . . . . 88, 89
Lefebvre-Vacquerie. . . . . . . . . .103
Level, Jacques . . . . . . . . . . . . . . . 96
Mariage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225
Marlio . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
Michelin, Édouard . . . . . . 93, 188
Morinaud, Émile . . . . . . . . . . . . 115
Musnier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225
Olivier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Panier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
Pechari . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
Petiet. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .225
Petrus, Bernard . . . . . . . . . . . . . . 96
Petvay . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225
Peyerimho (de) . . . . . . . . 59, 103
Piace, Henri . . . . . . . . . . . . . . . . 159
Piaton . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
Pons. . . . . . . . . .168, 174176, 182
Poulenc, Camille . . . . . . . . . . . . 131
Rockefeller . . 49, 52, 53, 102, 104
Roederer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Rohan, (de). . . . . . . . . . . . . . . . .225
Rombard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
Roux de Bezieux . . . . . . . . . . . . . 96
Samsoen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238
Serrigny (de) . . . . . . . . . . . . . . . 225
Serrigny, (de) . . . . . . . . . . . . . . . 232
Sincay, Edgar (de) . . . . . . . . . . . 89
Teagle . . . . . . . . . . . . . . . 47, 49, 104
Thénard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
Thureau-Daugin . . . . . . . . . . . . . 82
Verges, Bernard (de) . . . . . . . . . 82
Vesier, G. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
Vielhomme . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
286
INDEX
Vitry, Raoul (de) . . . . . . . . . . . 275
Voguë, Robert (de) . . . . . . . . . . 82
Wenger . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
Table des matières
Introduction
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
Année 1907 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1.1
9 octobre 1907. Contre le blanc de céruse . . . . .
Année 1908 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.1
26 novembre 1908. Comment ils savent se défendre Année 1909 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.1
17 février 1909. Un conit dans une fabrique de céruse Année 1910 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
4.1
30 janvier 1910. Autour de Paris. En amont, une
légère baisse se fait sentir... en aval le désastre s'accroît Année 1911 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5.1
27 mars 1911. Les grèves. Les chaueurs de PetitQuevilly . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Année 1912 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
6.1
30 août 1912. Fédération des produits chimiques .
6.2
4 septembre 1912. Communications . . . . . . . .
Année 1913 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
7.1
7 février 1913. Communications . . . . . . . . . .
7.2
30 mai 1913. Communications . . . . . . . . . . .
7.3
19 août 1913. Communications . . . . . . . . . . .
7.4
7 octobre 1913. La grève des femmes de l'usine Desmarais. Elle dure depuis le 19 septembre en raison de
l'intransigeance patronale . . . . . . . . . . . . . . .
Année 1914 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
8.1
8 janvier 1914. Pour L'Humanité à six pages et son
imprimerie. Obligations complètes . . . . . . . . . .
Année 1915 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
9.1
5 décembre 1915. Convocations . . . . . . . . . . .
9.2
6 décembre 1915. Faits divers . . . . . . . . . . . .
9.3
13 décembre 1915. La catastrophe du Havre. Comment a sauté l'Usine d'Or . . . . . . . . . . . . . . .
Année 1924 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
10.1 1er avril 1924. Grève des usines Kuhlmann à Dieuze 287
3
5
5
5
5
6
6
6
6
7
7
7
7
7
8
8
8
8
9
10
10
10
10
10
10
12
12
288
TABLE DES MATIÈRES
10.2
10.3
10.4
11
25 octobre 1924. Syndicats . . . . . . . . . . . . . 12
14 novembre 1924. Convocations . . . . . . . . . . 13
21 décembre 1924. Vie du parti. Fédération de la
région parisienne. Notre propagande dans les usines 13
Année 1925 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
11.1 5 janvier 1925. Syndicats . . . . . . . . . . . . . . 13
11.2 27 janvier 1925. L'absence de solidarité fait échouer
un mouvement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
11.3 27 février 1925. À la Pétroléenne, à Aubervilliers . 13
11.4 14 mars 1925. Rivalités intercapitalistes. Les marchandages
autour des pétroles albanais . . . . . . . . . . . . . . 14
11.5 14 mars 1925. La vie syndicale. Convocations . . . 14
11.6 20 mars 1925. Victoire partielle chez Guimet, à Fleurieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
11.7 16 avril 1925. Commission exécutive de la CGTU.
Séance du 11 avril 1925 . . . . . . . . . . . . . . . . 14
11.8 23 avril 1925. À travers les usines. Nos correspondants ouvriers. Exploits de garde-chiourme . . . . . 15
11.9 10 mai 1925. Vers une fusion Céramique, Verre, Industries chimiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
11.10 28 juin 1925. Les méfaits des usines chimiques de
Petit-Quevilly. Comment on empoisonne des cités . . 17
11.11 5 juillet 1925. La bataille ouvrière. Une victoire ouvrière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
11.12 30 juillet 1925. Souscription en faveur du Comité
Central d'Action . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
11.13 9 août 1925. Le neuvième congrès national de la
Fédération des industries chimiques . . . . . . . . . 19
11.14 19 août 1925. Réunions d'usines . . . . . . . . . . 20
11.15 19 août 1925. Fédération unitaire de la céramique 20
11.16 26 août 1925. Comité central d'action. Pour lutter
contre la guerre. L'eort doit s'amplier . . . . . . . 20
11.17 30 août 1925. Le congrès de fusion des Industries
chimiques et de la Céramique . . . . . . . . . . . . . 20
11.18 1er septembre 1925. Le congrès de la CGTU . . . . 22
11.19 1er septembre 1925. La journée. Le feu dans une fabrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
11.20 13 octobre 1925. À propos d'engrais chimiques. Comment on vole le paysan . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
11.21 23 octobre 1925. Réunions d'usines . . . . . . . . . 23
11.22 24 octobre 1925. Convocations . . . . . . . . . . . 23
11.23 1er novembre 1925. Chronique scientique. Vers la
disparition des carburants, l'eau, puissance catalysatrice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
TABLE DES MATIÈRES
12
11.24 3 décembre 1925. Comment on vole les paysans . .
11.25 15 décembre 1925. La bataille ouvrière. À l'usine
Progil de Condat-Bersac (Cantal) . . . . . . . . . .
11.26 18 décembre 1925. La bataille ouvrière. Grève chez
Progil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Année 1926 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
12.1 22 janvier 1926. Union des syndicats de la Région
parisienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
12.2 1er mars 1926. Fermeture ou modernisation des usines
de produits chimiques. Les industriels ignorent volontairement le mal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
12.3 5 mai 1926. La bataille ouvrière . . . . . . . . . .
12.4 22 juin 1926. M. Schneider, directeur de la Pétroléenne
fait des "aaires". Mais il avait compter sans... le syndicat unitaire des produits chimiques . . . . . . . . .
12.5 9 juillet 1926. Notes économiques. Compétitions angloaméricaines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
12.6 31 juillet 1926. Au congrès unitaire du verre de Vierzon. Le vote sur le rapport moral et la discussion sur
les revendications corporatives . . . . . . . . . . . .
12.7 1er août 1926. Au congrès unitaire du verre de Vierzon. Les délégués entendent les représentants de la
CGTU et de la Fédération des produits chimiques .
12.8 5 septembre 1926. Dans la région lyonnaise. Les scandaleuses exactions du patronat dans les usines du pétrole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
12.9 6 octobre 1926. Autres conits . . . . . . . . . . .
12.10 8 octobre 1926. Pain cher et bas salaires. On paye
encore à Rouen des salaires de neuf francs par jour...
et la vie est aussi chère qu'à Paris ! . . . . . . . . . .
12.11 9 octobre 1926. Dans les syndicats de la région parisienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
12.12 7 novembre 1926. Autres conits . . . . . . . . . .
12.13 11 novembre 1926. Les potiers de Vallauris sont en
lutte depuis le 9 août . . . . . . . . . . . . . . . . .
12.14 16 novembre 1926. Dans les syndicats de la région
parisienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
12.15 17 novembre 1926. Dans les syndicats de la région
parisienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
12.16 27 novembre 1926. La semaine syndicale. La tactique
scissionniste d'Amsterdam : l'exclusion de la Fédération polonaise des Produits chimiques et des fédérations tchécoslovaques des Cuirs et Peaux . . . . . . .
289
24
24
25
25
25
26
27
27
28
29
29
31
32
33
34
34
34
35
35
36
290
13
TABLE DES MATIÈRES
12.17 30 novembre 1926. Dans les produits chimiques de
la Dordogne. Un bagne : la rme Progil . . . . . . .
12.18 1er décembre 1926. Un violent incendie. À Aubervilliers, le feu détruit un dépôt d'huiles des Magasins
Généraux. Près de dix millions de dégâts . . . . . .
12.19 17 décembre 1926. Tous les syndicats participeront
aux élections à la Commission Administrative de la
Bourse du Travail de Paris . . . . . . . . . . . . . .
12.20 18 décembre 1926. Tous les syndicats participeront
aux élections à la Commission Administrative de la
Bourse du Travail de Paris . . . . . . . . . . . . . .
12.21 26 décembre 1926. Dans les syndicats de la région
parisienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
12.22 26 décembre 1926. À propos des élections à la Commission Administrative de la Bourse du Travail de Paris Année 1927 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13.1 21 février 1927. Le congrès de l'Union des Syndicats
de la région parisienne. Un important débat sur les
Comités Intersyndicaux . . . . . . . . . . . . . . . .
13.2 3 mars 1927. Un beau mouvement dans le Rhône.
Aux usines chimiques de Saint-Fons, les ouvrières s'insurgent contre un règlement draconien . . . . . . . .
13.3 19 avril 1927. La quinzaine de propagande bat son
plein dans l'industrie des Produits Chimiques . . . .
13.4 20 avril 1927. La vie du parti. Le travail d'une petite
cellule d'entreprise . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13.5 20 avril 1927. Réponse à une malpropreté. Comment
la Fédération confédérée de la pharmacie écrit l'histoire 13.6 21 avril 1927. À la fabrique de bonbons S. Martin,
des femmes gagnent un franc quatre-vingt de l'heure 13.7 21 avril 1927. Dans les syndicats de la région parisienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13.8 22 avril 1927. Dans les syndicats de la région parisienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13.9 23 avril 1927. Hier s'est ouvert le conseil national de
la Fédération unitaire du Verre . . . . . . . . . . . .
13.10 23 avril 1927. Dans la région parisienne, les verriers
sont maintenant unis dans un seul syndicat . . . . .
13.11 23 avril 1927. Dans les syndicats de la région parisienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13.12 24 avril 1927. Le conseil national de la Fédération du
Verre discute du resserrement et entend le représentant
de la CGTU . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
36
37
38
38
38
38
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39
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41
43
43
43
43
43
44
45
45
45
TABLE DES MATIÈRES
13.13 27 avril 1927. Dans les syndicats de la région parisienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13.14 25 juillet 1927. Ça sent le pétrole ! . . . . . . . . .
13.15 26 juillet 1927. La souveraineté de la Standard et de
la Dutch, reines du pétrole . . . . . . . . . . . . . .
13.16 27 juillet 1927. La France capitaliste vassale des
trusts du pétrole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13.17 28 juillet 1927. Ça sent le pétrole... Les pétroliers
français sous la domination de Rockefeller et de Deterding . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13.18 16 août 1927. Ça sent le pétrole... La lutte pour et
contre le monopole . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13.19 9 octobre 1927. Le fait syndical. La Fédération des
industries chimiques et de la céramique va tenir son
congrès le 30 octobre à Lyon . . . . . . . . . . . . .
13.20 9 octobre 1927. Travailleurs des produits chimiques
dont l'organisme est rongé jour à jour... 500 000 prolétaires fabriquent en France les poisons industriels et
l'arme chimique de la future guerre impérialiste . . .
13.21 11 octobre 1927. Travailleurs des produits chimiques
dont l'organisme est rongé jour à jour...(1) Sous-sol, industrie gazière, caoutchouc, verre, céramique sont des
industries chimiques . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13.22 13 octobre 1927. L'outillage archaïque des usines ruine la santé des ouvrières . . . . . . . . . . . . . . .
13.23 13 octobre 1927. Travailleurs des produits chimiques
dont l'organisme est rongé jour à jour...(1) De nombreuses maladies professionnelles frappent les prolétaires des produits chimiques . . . . . . . . . . . . .
13.24 13 octobre 1927. Salon de l'automobile et normalisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13.25 14 octobre 1927. Dans les syndicats de la région
parisienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13.26 14 octobre 1927. Pas un ouvrier verrier ne doit se
diriger sur Triel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13.27 15 octobre 1927. La guerre des gaz ! . . . . . . . .
13.28 15 octobre 1927. À une demande d'augmentation de
salaire, la société Saint-Gobain répond en licenciant
sept ouvriers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13.29 15 octobre 1927. Les assemblées générales et réunions
de demain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13.30 15 octobre 1927. Jeunes communistes des Produits
Chimiques et de la Céramique . . . . . . . . . . . .
291
47
47
48
50
52
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57
58
61
61
63
64
64
65
65
65
65
292
TABLE DES MATIÈRES
13.31 27 octobre 1927. Les secrétaires des fédérations unitaires nous disent... Chabanon et Bloquet esquissent
les traits caractéristiques de l'industrie chimique . .
13.32 28 octobre 1927. Aux délégués au Congrès de la
Céramique et des industries chimiques . . . . . . . .
13.33 29 octobre 1927. Les secrétaires des fédérations unitaires nous disent... De courtes journées et de hauts
salaires, des mesures d'hygiène et de sécurité doivent
être arrachées au patronat des industries chimiques .
13.34 30 octobre 1927. Ceux de l'industrie des produits
chimiques. Les maîtres de Saint-Gobain, rois de la paix
et de la guerre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13.35 31 octobre 1927. Les assises unitaires. Les travailleurs
des produits chimiques étudient à Lyon les ravages des
maladies professionnelles . . . . . . . . . . . . . . . .
13.36 31 octobre 1927. Les rois de l'industrie chimique. Le
trust Kuhlmann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13.37 1er novembre 1927. Les assises unitaires de Lyon.
D'importants débats sur les préparatifs de guerre chimique et la centralisation capitaliste ont eu lieu hier au
congrès des industries chimiques . . . . . . . . . . .
13.38 2 novembre 1927. Les assises unitaires. Le congrès
des produits chimiques est terminé . . . . . . . . . .
13.39 2 novembre 1927. Les rois de l'industrie chimiques.
Alais, Froges et Camargue, seigneurs de l'électro-chimie 13.40 3 novembre 1927. Après le congrès des industries
chimiques. La nouvelle commission exécutive est chargée de faire appliquer les décisions prises à Lyon . .
13.41 4 novembre 1927. La vie tragique des travailleurs.
Deux ouvriers tués par l'explosion d'une cuve d'essence
aux usines Salmson . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13.42 4 novembre 1927. Après le congrès de Lyon. Des
milliers de coloniaux sont exploités dans les industries
chimiques et céramiques . . . . . . . . . . . . . . . .
13.43 5 novembre 1927. La commission des pétroles commence son enquête... . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13.44 5 novembre 1927. Les batailles en cours. Le patronat
de Port-de-Bouc déclenche contre les travailleurs une
grande oensive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
13.45 13 novembre 1927. Union des syndicats de la région
parisienne. Campagne de propagande et de recrutement syndicale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
76
78
78
80
83
86
89
91
94
97
97
98
99
99
99
TABLE DES MATIÈRES
14
293
13.46 13 novembre 1927. La main-d'÷uvre dans les industries chimiques et céramiques. Marie Bréant nous expose la situation du prolétariat féminin . . . . . . . 99
13.47 14 novembre 1927. Union des syndicats de la région
parisienne. Campagne de propagande et de recrutement syndicale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
13.48 15 novembre 1927. Campagne de propagande et de
recrutement syndical . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
13.49 19 novembre 1927. Aujourd'hui. Deux scandales à la
commission du pétrole . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
13.50 23 novembre 1927. Solidarité ouvrière. À l'aide des
lock-outés des chantiers du métropolitain ! . . . . . . 103
13.51 30 novembre 1927. Un grand écrivain révolutionnaire : Upton Sainclair, l'Amérique et le "pétrole" . 103
13.52 30 novembre 1927. Informations parlementaires . . 103
13.53 22 décembre 1927. À genoux devant les pétroliers . 103
Année 1928 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
14.1 2 février 1928. Aux mines de phosphates du Kouif 105
14.2 26 février 1928. Deuxième journée du comité confédéral national. Lier la situation économique nationale
aux perspectives internationales mais ne pas oublier les
questions pratiques qui nous lient aux masses. Placer
au premier plan les revendications immédiates et le
front unique... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
14.3 27 avril 1928. Convocations . . . . . . . . . . . . . 106
14.4 7 mai 1928. Dans les entreprises. À l'usine Desmarais, à Colombes . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
14.5 30 mai 1928. L'exploitation des travailleurs. Aux
usines Lambiotte dans la Nièvre . . . . . . . . . . . 107
14.6 30 mai 1928. Réunions d'usines . . . . . . . . . . . 107
14.7 22 juin 1928. Réunions d'usines . . . . . . . . . . . 107
14.8 25 juin 1928. Lettres de l'usine et des champs. La vie
des ouvriers à la Compagnie Industrielle des Pétroles 108
14.9 2 juillet 1928. Rationalisation capitaliste . . . . . . 108
14.10 7 juillet 1928. Demain, assemblée des ouvriers des
produits chimiques de Saint-Denis . . . . . . . . . . 109
14.11 18 juillet 1928. Aux établissements Progil, à Condat 110
14.12 18 juillet 1928. Dordogne. Aux usines Progil, à Condat, accidents et poisons . . . . . . . . . . . . . . . . 110
14.13 22 août 1928. Rhône. À Lyon, la Pétroléenne jette à
la rue ses vieux ouvriers . . . . . . . . . . . . . . . . 111
14.14 26 août 1928. Asphyxié par des émanations d'essence 111
14.15 3 octobre 1928. Des munitions pour la lutte (Grèves
des travailleurs du textile dans le Nord) . . . . . . . 112
294
15
16
17
18
TABLE DES MATIÈRES
14.16 20 octobre 1928. Le mouvement revendicatif en septembre. Dans les industries chimiques. Six batailles, deux
victoires, un échec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
14.17 3 novembre 1928. Une grève de solidarité à l'usine
de pétrole Jupiter à Pantin . . . . . . . . . . . . . . 113
Année 1929 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
15.1 2 janvier 1929. Nos enquêteurs ouvriers au travail.
L'exploitation des mineurs du phosphate dans le djebel
Kouif en Algérie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
15.2 16 juillet 1929. La fabrication du matériel de guerre
en France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
Année 1932 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
16.1 26 février 1932. Les organisations unitaires à l'÷uvre.
Le congrès fédéral des produits chimiques s'est ouvert
hier à Saint-Denis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
16.2 2 juin 1932. L'explosion de Gardanne, illustration
d'une longue série de crimes du capitalisme préparant
intensivement la guerre . . . . . . . . . . . . . . . . 119
16.3 14 juillet 1932. Dans les bagnes chimiques, laboratoires de la guerre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
16.4 19 juillet 1932. Les ravages du feu. À Saint-Denis,
un entrepôt de produits chimiques est détruit par les
ammes. Trente ouvriers sont réduits au chômage . . 124
16.5 18 août 1932. Travailler à moitié prix ou crever de
faim ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
Année 1933 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
17.1 6 mai 1933. Aux laboratoires Desmarais, des ouvrières sont intoxiquées . . . . . . . . . . . . . . . . 125
17.2 24 octobre 1933. Vers la victoire des faïenciers . . 125
Année 1934 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
18.1 4 février 1934. Sur le port de Rouen, un ouvrier est
brûlé vif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
18.2 9 février 1934. L'action antifasciste. Les dockers de
Concarneau s'opposent au déchargement d'un bateau
hitlérien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
18.3 28 février 1934. Premiers résultats de la journée du
12 février. 1 850 adhésions nouvelles. . . . . . . . . . . 126
18.4 28 juin 1934. Les luttes revendicatives du prolétariat.
Après une grève sur le tas, l'usine Bozel-Malétra lockoute ses 400 ouvriers . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
18.5 29 juin 1934. 400 travailleurs de l'usine Bozel-Malétra
à La Motte-Breuil lock-outés par leurs patrons . . . 128
18.6 2 juillet 1934. Ce matin, les nez-rongés seront aux
piquets de grève . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
TABLE DES MATIÈRES
19
20
295
18.7 13 juillet 1934. Fin du mouvement de la Motte-Breuil 129
Année 1935 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
19.1 8 avril 1935. À la Plaine-Saint-Denis, une usine de
produits chimiques a fermé ses portes . . . . . . . . 130
19.2 1er mai 1935. En masse aux meetings du 1er mai . 130
19.3 26 juin 1935. Le battu d'Aubervilliers, c'est Laval !
Le fraudeur d'Aubervilliers, c'est Laval ! . . . . . . . 130
19.4 7 juillet 1935. Mercredi 10 juillet, grande salle de la
Mutualité. Grand compte-rendu populaire de la délégation du SRI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
19.5 29 juillet 1935. Les préparatifs meurtriers du fascisme italien. Cinquante morts dans l'explosion de l'usine de guerre de Taïno . . . . . . . . . . . . . . . . 131
19.6 10 août 1935. À Bry-sur-Marne. Quinze fascistes armés agressent et blessent quatre travailleurs . . . . . 131
19.7 16 août 1935. Quand les hommes du fascisme dirigent les bagnes industriels. Hotchkiss : spécialité de
mitrailleuses, de fusils-mitrailleurs, antitanks. 200 millions de bénéces en dix ans . . . . . . . . . . . . . . 131
19.8 18 août 1935. 150 ouvrières des raneries François,
ayant leur salaires diminués de 15 %, se mettent en
grève . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
19.9 20 août 1935. Aux usines Desmarais frères à Ivry, un
chaueur est brûlé vif . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
19.10 28 août 1935. Quand les hommes du fascisme dirigent
les grands bagnes industriels. Dépôts de pétrole où les
Croix de feu nettoient leurs revolvers . . . . . . . . . 133
19.11 11 septembre 1935. Les accidents du travail. Mort
atroce d'un ouvrier enlisé dans un silo . . . . . . . . 135
19.12 29 octobre 1935. Les fascistes de Caen agressent des
travailleurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
Année 1936 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
20.1 29 février 1936. À Clermont-Ferrand, sept cents ouvriers des usines Michelin sont en grève pour le respect
du droit syndical . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
20.2 7 mars 1936. Une nouvelle étape de la lutte des
classes en France. Le comité confédéral national a conrmé les décisions d'unanimité du congrès de la CGT
réuniée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
20.3 31 mai 1936. Aux usines Goodrich . . . . . . . . . 137
20.4 3 juin 1936. Hier des dizaines de milliers d'ouvriers
sont entrés en grève . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
20.5 4 juin 1936. De nouvelles victoires . . . . . . . . . 138
20.6 13 juin 1936. Grève à Condat-le-Lardin . . . . . . 138
296
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2 juillet 1936. Convocations . . . . . . . . . . . . . 138
7 juillet 1936. La lutte pour le pain. Des grèves ! Des
victoires ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
3 septembre 1936. Aux employés et techniciens des
industries chimiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
9 septembre 1936. Les mariniers de chez Desmarais
ont décidé la grève . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
10 septembre 1936. Les mariniers de la maison Desmarais sont en grève . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
9 octobre 1936. La conférence d'information des industries chimiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
27 octobre 1936. La grève des accus TEM à SaintOuen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
3 novembre 1936. Une délégation des syndicats parisiens
se rend en Union soviétique . . . . . . . . . . . . . . 140
3 novembre 1936. Les grévistes de l'usine TEM vaincront ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
9 novembre 1936. Hier, le comité national des industries chimiques a terminé ses travaux . . . . . . . . . 142
9 novembre 1936. Les assemblées syndicales . . . . 142
9 novembre 1936, Le conit des usines Fulmen . . 142
10 novembre 1936. La conférence nationale des produits chimiques a examiné les revendications des travailleurs. Le bureau fédéral a été élu à l'unanimité . 143
10 novembre 1936. L'accord a été signé aux usines
d'accumulateurs Fulmen . . . . . . . . . . . . . . . . 144
13 novembre 1936. 17e jour de grève à la maison
Delacoste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
26 novembre 1936. La mort de Tahar Acherchour . 145
27 novembre 1936. Après l'assassinat fasciste de Clichy.
Paris prépare à Tahar Acherchour d'émouvantes et grandioses
funérailles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
28 novembre 1936. En masse derrière le corps d'Acherchour ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
29 novembre 1936. Tué par son patron fasciste, Tahar
Acherchour part ce soir pour sa terre natale . . . . . 149
11 décembre 1936. Après les incidents d'Asnières-surOise. Une précision du syndicat des produits chimiques 151
16 décembre 1936. Dernière heure. Vers un accord
dans la grève d'Asnières-sur-Oise . . . . . . . . . . . 152
16 décembre 1936. Scandaleuse attitude du sousPréfet de Pontoise dans le conit des usines Delacoste
à Asnières-sur-Oise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
18 décembre 1936. La grève d'Asnières-sur-Oise . . 153
TABLE DES MATIÈRES
21
22
297
20.30 18 décembre 1936. Pour l'application des quarante
heures. Une délégation de la Fédération des industries
chimiques a été reçue au ministère du Travail . . . . 154
Année 1937 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
21.1 26 novembre 1937. Un meeting des travailleurs de
l'industrie du lm . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
21.2 16 décembre 1937. Un conit éclate à la suite d'un
licenciement aux usines Goodrich . . . . . . . . . . . 155
21.3 24 décembre 1937. Des dizaines de milliers de travailleurs empêchent l'évacuation par la police des usines
de pneus Goodrich . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
21.4 24 décembre 1937. Une manifestation improvisée . 156
21.5 24 décembre 1937. Le conit Louradour à Vitry . . 158
21.6 24 décembre 1937. Les trusts du pétrole contre les
lois sociales. Des conits surgissent fréquemment dans
cette industrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
21.7 25 décembre 1937. M. Chautemps a promis la neutralisation des usines Goodrich . . . . . . . . . . . . 160
21.8 26 décembre 1937. Les travailleurs de l'usine Goodrich
poursuivent la grève à l'extérieur de l'entreprise . . . 161
21.9 26 décembre 1937. Avec les grévistes . . . . . . . . 163
21.10 26 décembre 1937. Les travailleurs des produits chimiques de la région parisienne obtiennent d'importants
rajustements de salaires . . . . . . . . . . . . . . . . 164
21.11 29 décembre 1937. Le conit Louradour à Vitry . . 166
21.12 29 décembre 1937. Les ouvriers des Établissements
Goodrich ont manifesté hier à Argenteuil . . . . . . 166
21.13 29 décembre 1937. Pour la convention nationale des
pétroles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
21.14 30 décembre 1937. Une motion de solidarité des travailleurs des industries chimiques . . . . . . . . . . . 167
21.15 30 décembre 1937. Une enquête a eu lieu hier aux
usines Goodrich . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
21.16 30 décembre 1937. Le conit Louradour . . . . . . 168
Année 1938 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
22.1 1er janvier 1938. Les grévistes des usines Goodrich
attendent la sentence arbitrale . . . . . . . . . . . . 169
22.2 5 janvier 1938. Le conit Goodrich . . . . . . . . . 169
22.3 6 janvier 1938. Le conit Goodrich n'est pas résolu ! 170
22.4 6 janvier 1938. La direction des usines Goodrich veut
licencier 52 ouvriers . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
22.5 6 janvier 1938. Les sanctions ne pourraient que braver
la classe ouvrière... déclare le président du Conseil . 171
298
TABLE DES MATIÈRES
22.6
22.7
22.8
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22.10
22.11
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7 janvier 1938. Après la sentence du président du
Conseil. Les travailleurs de l'usine Goodrich se prononceront aujourd'hui sur le conit . . . . . . . . . . . . 173
8 janvier 1938. Il faut briser le sabotage des lois
sociales organisé par le grand patronat. Les représentants de la CGT et des organisations patronales sont
convoqués pour mercredi par le Président du Conseil 175
8 janvier 1938. Le conit Goodrich . . . . . . . . . 176
9 janvier 1938. La direction ayant renoncé aux licenciements, les ouvriers de l'usine Goodrich ont décidé
la reprise du travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
9 janvier 1938. Le conit Goodrich est terminé . . 178
10 janvier 1938. Les ouvriers des usines Goodrich
reprennent le travail ce matin . . . . . . . . . . . . . 180
10 janvier 1938. Ce soir, assemblée générale des délégués
des usines chimiques de la région parisienne . . . . . 181
11 janvier 1938. Les ouvriers des usines Goodrich
conserveront tous leurs droits : ancienneté, indemnité
de congédiement, congés payés, etc. . . . . . . . . . 181
11 janvier 1938. Aucun changement dans le conit
Louradour à Vitry . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182
11 janvier 1938. Une importante résolution de la
commission exécutive de la Fédération des industries
chimiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182
11 janvier 1938. Aux ouvriers des usines chimiques
de Saint-Denis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
12 janvier 1938. Si des garanties légales ne nous sont
pas données, nous reprendrons notre liberté d'action 184
16 janvier 1938. Le pays veut un gouvernement qui
appliquera le programme du Front populaire . . . . 185
17 janvier 1938. Le pays veut un gouvernement à
l'image du Front populaire . . . . . . . . . . . . . . 185
19 janvier 1938. L'aide à l'Espagne républicaine . 185
24 janvier 1938. Souscrivez ! ! ! Pour le triomphe de
la République espagnole . . . . . . . . . . . . . . . . 185
25 janvier 1938. La solidarité envers l'Espagne républicaine. À l'appel de l'Union des Syndicats de la région parisienne, plus de 83 000 francs ont été recueillis
depuis le 1er janvier pour les combattants antifascistes 186
25 janvier 1938. Nécrologie . . . . . . . . . . . . . 186
2 février 1938. Pour la réglementation de l'embauchage
des travailleurs de toutes catégories . . . . . . . . . . 186
3 février 1938. Bibendum et ses cagoules. II. AvantAprès où les leçons de 1936 chez Michelin . . . . . . 187
TABLE DES MATIÈRES
299
22.26 5 février 1938. Une délégation des travailleurs des industries chimiques de Marseille au ministère du Travail 189
22.27 20 février 1938. L'activité du syndicat des industries
chimiques de la région parisienne . . . . . . . . . . . 189
22.28 9 mars 1938. La Fédération des industries chimiques
organise la solidarité active en faveur des grévistes de
Marseille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
22.29 10 mars 1938. Les masses laborieuses exigent : maintien des avantages acquis, application du programme
du rassemblement populaire, constitution d'un véritable gouvernement de front populaire . . . . . . . . . 193
22.30 10 mars 1938. Ce soir, à la Bourse du Travail, grand
meeting des travailleurs nord-africains . . . . . . . . 193
22.31 21 mars 1938. Union des syndicats de la région parisienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193
22.32 21 mars 1938. Un rajustement de salaire dans l'industrie du pétrole de la région parisienne . . . . . . 194
22.33 22 mars 1938. Par solidarité avec les grévistes des
industries chimiques. Tous les ouvriers marseillais ont
cessé le travail hier pendant une heure. Une manifestation a eu lieu cours du Vieux-Port . . . . . . . . . 195
22.34 22 mars 1938. Importantes décisions de la commission exécutive fédérale . . . . . . . . . . . . . . . . . 196
22.35 22 mars 1938. Union des syndicats de la région parisienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197
22.36 23 mars 1938. Édouard Finck, La CGT se défend
seule . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197
22.37 25 mars 1938. Manifestation dans les usines chimiques de la région lilloise . . . . . . . . . . . . . . . . 199
22.38 25 mars 1938. Les délégués et membres des bureaux
syndicaux des industries chimiques se réunissent aujourd'hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199
22.39 29 mars 1938. Le conit des industries chimiques de
Marseille se prolonge . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199
22.40 31 mars 1938. L'aide à l'Espagne de la Fédération
des Industries Chimiques . . . . . . . . . . . . . . . 200
22.41 31 mars 1938. La grève des produits chimiques continue sans changement . . . . . . . . . . . . . . . . . 201
22.42 31 mars 1938. Une délégation de l'union des syndicats de la région parisienne a présenté hier à la présidence du conseil les revendications des travailleurs nordafricains . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201
22.43 4 avril 1938. Les trusts chimiques prolongent le conit des Bouches-du-Rhône . . . . . . . . . . . . . . . 201
300
TABLE DES MATIÈRES
22.44 5 avril 1938. L'opinion autorisée d'un militant syndicaliste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202
22.45 5 avril 1938. Malgré les man÷uvres et les provocations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203
22.46 9 avril 1938. Nous fournirons des armes à l'Espagne
demain ou demain nous nous battrons nous-mêmes
s'écrie Bothereau, secrétaire de la CGT au Congrès
de l'Union des Syndicats parisiens . . . . . . . . . . 203
22.47 13 avril 1938. Des camions, des pelles et des pioches
pour l'Espagne républicaine. Hier, 50 000 francs ont
été recueillis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 204
22.48 15 avril 1938. Le congrès des industries chimiques
s'est ouvert hier à Paris . . . . . . . . . . . . . . . . 204
22.49 16 avril 1938. Face au danger fasciste intérieur et extérieur. Union du peuple de France, Union des forces
démocratiques du monde entier demande Julien Racamond au Congrès de la Fédération des Industries chimiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 207
22.50 16 avril 1938. Cet après-midi, grand tournoi de football . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210
22.51 17 avril 1938. Le congrès de la Fédération des industries chimiques a terminé ses travaux . . . . . . . . . 210
22.52 20 avril 1938. Par camions et par trains, la bauxite
s'en va... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213
22.53 23 avril 1938. Les représentants des travailleurs de
l'Afrique du Nord au ministère du Travail . . . . . . 213
22.54 16 mai 1938. Une délégation fédérale des produits
chimiques à l'Oce de Tunisie . . . . . . . . . . . . 214
22.55 24 mai 1938. Organisation de la production sans aggravation du chômage ! . . . . . . . . . . . . . . . . . 214
22.56 25 mai 1938. La récupération des jours fériés dans
l'industrie du pétrole . . . . . . . . . . . . . . . . . . 216
22.57 4 juin 1938. Une importante assemblée des syndicats
de la région parisienne. Le problème du pétrole exposé
par Toledano, secrétaire général de la CGT mexicaine 217
22.58 4 juin 1938. Dans la région parisienne, les petits patrons de l'industrie du caoutchouc sont partisans d'une
convention nationale . . . . . . . . . . . . . . . . . . 218
22.59 4 juin 1938. Pourquoi nos usines de fabrication d'alumine chôment ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219
22.60 16 juin 1938. Vendredi soir, salle Japy, grand meeting
des travailleurs des produits chimiques . . . . . . . . 219
22.61 17 juin 1938. Ce soir à Japy, les travailleurs des industries chimiques manifesteront en masse ! . . . . . 220
TABLE DES MATIÈRES
301
22.62 17 juin 1938. La convention collective des représentants en pétrole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 222
22.63 26 juin 1938. Hier s'est ouverte à Clichy la Conférence nationale des Pétroles . . . . . . . . . . . . . 222
22.64 26 juin 1938. La conférence de Julien Racamond aux
délégués de l'industrie chimique . . . . . . . . . . . . 223
22.65 7 juillet 1938. Les syndicats défendent la paix et la
liberté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223
22.66 20 juillet 1938. Les assemblées syndicales . . . . . 223
22.67 21 juillet 1938. Les syndicats défendent la paix et la
liberté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223
22.68 22 juillet 1938. Et dans la Dordogne . . . . . . . . 224
22.69 27 juillet 1938. Le conit des usines Progil peut rapidement être résolu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224
22.70 4 août 1938. Pourquoi l'essence est chère... . . . . 225
22.71 11 août 1938. Les travailleurs des laboratoires de
produits pharmaceutiques obtiennent un rajustement
de salaire de cinq pour cent . . . . . . . . . . . . . . 226
22.72 14 août 1938. Les syndicats défendent la paix et la
liberté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 226
22.73 18 août 1938. Les assemblées syndicales . . . . . . 226
22.74 27 août 1938. Dans les industries chimiques, le rendement horaire avait augmenté de 30 à 50 % après
l'application des quarante heures . . . . . . . . . . . 227
22.75 31 août 1938. À Épinay. Un marinier glisse sur la
berge, tombe, et n'est pas retrouvé . . . . . . . . . . 228
22.76 11 septembre 1938. Les travailleurs français au peuple tchécoslovaque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 228
22.77 11 septembre 1938. Fêtes et sorties . . . . . . . . . 229
22.78 14 septembre 1938. Journée nationale pour la défense
des lois sociales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229
22.79 30 septembre 1938. Les travailleurs de France exige
une véritable politique de paix... . . . . . . . . . . . 229
22.80 9 octobre 1938. La catastrophe des usines Rocca . 230
22.81 9 octobre 1938. Résolutions pour le congrès de Nantes.
Contre la guerre et le fascime. Sur l'indépendance des
syndicats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 230
22.82 9 octobre 1938. Au sujet de la convention nationale
des pétroles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 230
22.83 9 octobre 1938. Contre la hausse du coût de l'essence 231
22.84 9 octobre 1938. À l'aide des familles chassées des
Sudètes. Versements reçus vendredi . . . . . . . . . . 231
302
TABLE DES MATIÈRES
22.85 16 octobre 1938. La préparation du congrès confédéral. Conférences organisées par la Fédération des
industries chimiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231
22.86 1er novembre 1938. Contre la volonté des petits producteurs, les trusts du pétrole et du caoutchouc s'opposent à toute organisation rationnelle de ces industries 232
22.87 6 novembre 1938. Premier versement de 5 837 francs
50 du Syndicat des Industries Chimiques . . . . . . 233
22.88 10 novembre 1938. Pour une convention collective
nationale de l'industrie du pétrole . . . . . . . . . . 234
22.89 10 novembre 1938. Avant le congrès confédéral de
Nantes. En très grand nombre, les syndicats adoptent
les projets de résolutions des conseils des cuirs et peaux
parisiens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235
22.90 11 novembre 1938. Pourquoi le syndicat des industries chimiques de la région parisienne participera au
Congrès de "Paix et Liberté" . . . . . . . . . . . . . 235
22.91 14 novembre 1938. Victoire de la CGT aux élections
prud'homales dans le département de la Seine . . . . 236
22.92 20 novembre 1938. L'assemblée d'information des
cadres du syndicat général des industries chimiques de
la région parisienne aura lieu demain . . . . . . . . . 236
22.93 22 novembre 1938. Pour maintenir leurs droits menacés par les attaques patronales et gouvernementales.
1 300 travailleurs de l'usine Hutchinson à Puteaux ont
cessé le travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 236
22.94 22 novembre 1938. Aux établissements Kuhlmann 237
22.95 22 novembre 1938. Autres conits . . . . . . . . . 238
22.96 22 novembre 1938. Importante assemblée des délégués
des usines de produits chimiques . . . . . . . . . . . 238
22.97 30 novembre 1938. Ouvriers et commerçants de banlieue unis dans un magnique mouvement de protestation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238
22.98 30 novembre 1938. Industries chimiques . . . . . . 239
22.99 2 décembre 1938. Dans l'industrie chimique . . . . 239
22.100 3 décembre 1938. Comment les pouvoirs publics et le
grand patronat sabotent toute la production nationale 240
22.101 6 décembre 1938. La situation aux usines CitroënMichelin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 240
22.102 6 décembre 1938. Trente mille travailleurs des industries chimiques licenciés . . . . . . . . . . . . . . . . 241
22.103 15 décembre 1938. Décisions de la Fédération de la
céramique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243
TABLE DES MATIÈRES
23
303
22.104 15 décembre 1938. Pour le réembauchage des ouvriers
licenciés. Une délégation de l'Union des syndicats de la
région parisienne a été reçue par le ministre du Travail 243
22.105 22 décembre 1938. En quelques lignes . . . . . . . 243
22.106 22 décembre 1938. Réunions de lock-outés . . . . . 243
22.107 22 décembre 1938. Comment la direction des usines
Citroën-Michelin trompe l'opinion publique . . . . . 244
Année 1939 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245
23.1 2 janvier 1939. À la FSGT. Hier à la piste de Vincennes. AC Espagnol a battu sélection produits chimiques : 5 à 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245
23.2 8 janvier 1939. Aux secrétaires et responsables des
industries chimiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245
23.3 8 janvier 1939. Importante assemblée ouvrière des
industries chimiques à Lens . . . . . . . . . . . . . . 246
23.4 7 février 1939. Eort intense de solidarité envers l'Espagne et les ouvriers licenciés . . . . . . . . . . . . . 246
23.5 12 février 1939. Les permanences pour la manifestation du 12 février 1939 à Paris . . . . . . . . . . . . 247
23.6 13 février 1939. Importante assemblée d'information
du syndicat des industries chimiques . . . . . . . . . 247
23.7 14 février 1939. Distribution de vivres aux lock-outés 247
23.8 14 février 1939. Hébergement et parrainage des enfants par les travailleurs des industries chimiques . . 248
23.9 15 février 1939. Kuhlmann réclame au syndicat du
Nord des produits chimiques un million de francs de
dommages et intérêts ! . . . . . . . . . . . . . . . . . 248
23.10 15 février 1939. Ce soir, assemblée des délégués parisiens
des produits chimiques . . . . . . . . . . . . . . . . . 249
23.11 24 février 1939. Demain à Pantin, congrès du syndicat parisien des Industries Chimiques . . . . . . . . 249
23.12 25 février 1939. Reconnaître Franco, c'est faire le jeu
des oligarchies internationales . . . . . . . . . . . . . 250
23.13 25 février 1939. Les congrès d'aujourd'hui . . . . . 251
23.14 26 février 1939. Hier, à Pantin, s'est ouvert le congrès
du syndicat parisien des industries chimiques . . . . 251
23.15 2 mars 1939. La direction du syndicat des industries
chimiques de la région parisienne . . . . . . . . . . . 252
23.16 6 mars 1939. Contre la condamnation d'honnêtes
militants ouvriers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 252
23.17 15 mars 1939. Une sentence favorable à la réintégration d'ouvriers licenciés des établissements Doitteau à
Corbeil est attaquée par M. Pomaret . . . . . . . . . 253
23.18 15 mars 1939. Assemblées syndicales . . . . . . . . 254
304
TABLE DES MATIÈRES
23.19 19 mars 1939. De la Fédération des industries chimiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 254
23.20 27 mars 1939. Baraquements trop fragiles... . . . . 254
23.21 8 avril 1939. Charles Tillon, député français, doit
pouvoir rentrer en France sans conditions . . . . . . 255
23.22 19 avril 1939. La Commission exécutive de la Fédération nationale des industries chimiques . . . . . . . . 255
23.23 20 avril 1939. Un appel de la Fédération des Industries chimiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 258
23.24 24 avril 1939. Le mouvement ouvrier remettra à leur
place ces militants indispensables... a déclaré Julien
Racamond au banquet qui s'est tenu samedi à Lille en
l'honneur de Martha Desrumeaux et de Charles Bourneton . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 259
23.25 27 avril 1939. Un appel de la Fédération des Industries chimiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 259
23.26 9 mai 1939. Dans les industries chimiques de la région parisienne. 680 licenciés du 30 novembre chôment
depuis cinq mois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 260
23.27 17 mai 1939. Le Secours Populaire soumet aux groupes
populaires un projet d'amnistie . . . . . . . . . . . . 261
23.28 29 mai 1939. Le mouvement ouvrier pour l'unité
d'action internationale . . . . . . . . . . . . . . . . . 261
23.29 31 mai 1939. Dimanche aura lieu la réouverture du
Parc des Loisirs de Gif-sur-Yvette . . . . . . . . . . 262
23.30 4 juin 1939. Aujourd'hui, réouverture du Parc des
Loisirs de Gif-sur-Yvette . . . . . . . . . . . . . . . . 262
23.31 20 juin 1939. Treize ouvriers des établissements Doittau réintégrés par décision surarbitrale . . . . . . . . 263
23.32 22 juin 1939. Aux délégués des industries chimiques 264
23.33 23 juin 1939. Benoît Frachon parlera ce soir aux
cadres syndicaux des industries chimiques . . . . . . 264
23.34 25 juin 1939. Dans les industries chimiques. Importante résolution du bureau fédéral contre la politique
de régression sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . 265
23.35 28 juin 1939. 7,5 % de rajustement de salaires dans
les industries chimiques de l'Oise . . . . . . . . . . . 267
23.36 1er juillet 1939. Amnistie ! Pour Robert Marchadier
et les condamnés du 30 novembre . . . . . . . . . . . 267
23.37 11 juillet 1939. La Fédération des industries chimiques contre les récents décrets sur les congés payés . 268
23.38 23 juillet 1939. Trop souvent, des surarbitres acceptent sans réserves la thèse patronale . . . . . . . 268
TABLE DES MATIÈRES
24
23.39 24 juillet 1939. Une réception à La Vie Ouvrière en
l'honneur de Robert Marchadier . . . . . . . . . . .
23.40 26 juillet 1939. Agir par tous les moyens opportuns
en faveur de l'unité internationale. Telle est la décision
prise par la Fédération des Industries Chimiques . .
23.41 28 juillet 1939. Après le congrès de Zurich. Les travailleurs du monde entier veulent s'unir... . . . . . .
23.42 2 août 1939. En quelques lignes . . . . . . . . . . .
23.43 7 août 1939. Comment expliquer le vote de la délégation polonaise à Zurich. À Cracovie, au début de juin,
les travailleurs acclamaient les mots d'ordre d'unité internationale ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
23.44 7 août 1939. Après la catastrophe de Courchelettes.
L'Union locale de Douai dénonce les responsabilités
incombant au patronat . . . . . . . . . . . . . . . . .
Année 1944 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
24.1 30 août 1944. Les travailleurs de l'industrie chimique
n'oublie pas que la guerre continue . . . . . . . . . .
24.2 1er septembre 1944. Permanences . . . . . . . . . .
24.3 4 septembre 1944. Il faut rapatrier immédiatement
les élus et militants communistes déportés en Algérie 24.4 14 septembre 1944. L'÷uvre des trusts sans patrie.
Part à deux avec l'ennemi : la constitution de la société
Francolor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
24.5 12 octobre 1944. L'action ouvrière. Convocations .
Index des noms
305
270
270
271
272
272
273
273
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276
277
Des sources pour l'histoire de la FNIC­CGT
Numéro 1
Mieux connaître l'histoire pour comprendre le présent et préparer l'avenir !
Le centenaire de la création de la FNIC­CGT en 2007 a été l'occasion de renouer avec l'histoire des travailleurs et
du syndicalisme dans la chimie, le caoutchouc, le pétrole, la plasturgie, les industries pharmaceutiques, les
officines et laboratoires d'analyses médicales. Un patient travail de recherches et de collecte d'archives permit
de réaliser une exposition de vingt­deux panneaux, exposant dans ses grandes lignes l'histoire de la Fédération
et complétant par bien des aspects l'ouvrage intitulé "Des moments d'histoire de la FNIC­CGT" publié en 1995.
Pour ne pas s'arrêter en si bon chemin, le congrès fédéral de Ramatuelle en octobre 2010 décida la création
d'un Collectif d'histoire sociale avec pour missions : 1/ la collecte et le tri des fonds d'archives de la fédération
et de ses syndicats, 2/ la valorisation des fonds d'archives par la mise en place d'outils de recherche et la
production de supports à caractère historique (brochures, affiches, expositions, etc.), 3/ la participation aux
initiatives fédérales (colloques, formations, etc.), 4/ la participation aux initiatives extérieures (universités, IHS­
CGT).
Parmi ses objectifs, le Collectif s'est fixé celui d'écrire l'histoire de la Fédération, des origines à la Seconde
Guerre mondiale. Les archives de la Fédération pour l'entre­deux­guerres ayant malheureusement disparues, le
Collectif a décidé d'entreprendre un vaste travail de recension et de collecte des archives disponibles. Le
présent ouvrage s'inscrit dans cette démarche, en proposant la retranscription de près de 360 articles tirés du
quotidien "L'Humanité" portant sur l'histoire de la fédération et de ses syndicats entre 1904 et 1944.
Les militants, les chercheurs ou les simples curieux trouveront ­ nous l'espérons ­ dans ce travail un
témoignage de la richesse de l'histoire des travailleurs des industries chimiques et de leurs organisations
syndicales.
Le Collectif d'histoire sociale de la FNIC­CGT
Première version ­ Juin 2013

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