CBS-RADIO TAIPEI INTERNACIONAL
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Trimestriel en langue française Octobre – Décembre 2010 REDACTION : Service français de RTI ADRESSE : P.O.BOX 123-199 TAIPEI 11199,TAIWAN R.O.C. Tel: +886-2-2885 6168 #386 Fax: +886-2-2886 7088 Web: http://french.rti.org.tw e-mail: [email protected] blog: http://rtifrench.wordpress.com Editorial Ce trimestre est riche pour Taiwan, qui lance les festivités qui doivent rythmer toute l’année autour des célébrations du centenaire de la République. Nous vous proposons dans ce numéro une approche historique du prélude à la proclamation de la République de Chine qui met un terme au régime impérial et ouvre les portes de la démocratie via l’institutionnalisation de l’Etat. La fête nationale célébrée le 10 octobre, soit le Double Dix, sera l’occasion de présenter le caractère chinois dix. Ensuite, nous vous invitons à découvrir « Seediq Bale », un film taiwanais dont le tournage est à lui seul héroïque. Enfin, une présentation du Tchoukball, un des sports les plus représentatifs de Taiwan, vous attend. Bonne lecture ! La République de Chine, une jeune centenaire Au début du vingtième siècle, l’empire chinois semble avoir fait son temps, avec les différentes dynasties qui se sont succédées et le climat politique tend vers un soulèvement sans précédent, qui aboutira à la création d’un nouveau régime, celui de la République de Chine, qui naît donc de cette révolution de 1911. A l’origine, plusieurs tentatives avortées de principes inspirés du modèle occidental : nationalisme (unité sociale), démocratie et bien-être du peuple. Les insurrections cherchent d’abord à changer les mentalités, transformer la politique de gouvernance et réformer le pays. Cependant, après l’échec de l’insurrection de Canton, Sun Yat-sen doit s’exiler et se rend au Japon. diverses associations révolutionnaires ou nationalistes secrètes qui souhaitent mettre un terme à l’autorité mandchoue. Sans se décourager, elle unissent leurs forces, sous l’inspiration du docteur Sun Yat-sen, qui fonde le Tongmenghui, Le billet de 100 dollars taiwanais « société de loyauté unie », autour de trois jouit de l’effigie du Docteur Sun Yat-sen Les tensions montent encore d’un cran quand les autorités impériales nomment un Chiffres chinois nouveau gouvernement en mai 1911, avec un renforcement de la majorité mandchoue. Provocation ultime qui sonne le début de l’insurrection générale, dans le sillage du soulèvement des militaires du Hubei le 10 octobre. Tout le mois d’octobre sera rythmé par les soulèvements successifs des provinces chinoises qui autoproclament leur indépendance vis-à-vis de l’empire et le Tongmenghui regagne alors de son Comme beaucoup parmi vous le savent, les Taiwanais célèbrent leur fête nationale le 10 octobre. A Taiwan, tout spécialement, ce dixième jour du dixième mois de l’année est aussi appelé « le double dix ». Ainsi, lors de cette fête, dans les lieux publics, on peut voir le signe suivant en rouge représentant le double dix : influence. Les mois de novembre et de décembre suivent le même schéma révolutionnaire qui se généralise et affaiblit considérablement le gouvernement impérial. Même la nomination du Général Yuan Shikai à la tête du gouvernement ne stoppera pas l’insurrection. Au contraire, ce dernier lance des négociations le 3 décembre avec les insurgés qui ont conquis 17 provinces. Ces pourparlers secrets s’orientent vers la création d’un Dans ce signe, vous voyez deux croix en paralèlle parce que le « dix » s’écrit en chinois comme la croix. Comme vous savez maintenant à quoi ressemble le chiffre dix en chinois, il vous est plus facile de comprendre pourquoi le carrefour s’appelle dans cette langue 十 字 路 口 nouveau gouvernement et des élections sont organisées. C’est Sun Yat-sen qui est élu président le 29 décembre à Nankin, seulement quatre jours après son retour d’exil. (shizilukou), ou « bouche de rue en caractère dix ». Dans la langue courante, le nombre 20 s’écrit toujours 二十. 二 signifie « deux » et 十 « dix ». De même, le nombre 30 est La République de Chine est proclamée le 1er janvier 1912 et Nankin devient la capitale provisoire de cette nouvelle République qui a pour mission de panser composé de « trois » et « dix » et s’écrit ainsi 三 十 . Cependant, spécialement et uniquement pour ces deux nombres 20 et 30, les Chinois ont respectivement inventé les caractères 廿 et 卅. Vous ne trouvez pas que le caractère 廿 ressemble les plaies inter-éthniques et unifier un vaste territoire autour des trois principes du Tongmenghui. L’abdication officielle de beaucoup au signe « double dix » ? Puyi, dernier empereur, sera publiée le 12 février 2012 et liera de manière définitive l’avenir du pays au nouveau régime républicain. Alors, en ce double dix, quoi de mieux que de vous souhaiter à tous une bonne fête ! -2- Seediq Bale L’histoire des hommes à la recherche de la liberté de l’âme dans l’au-delà En 2004, un de nos anciens animateurs, Stéphane Ferrero, avait interviewé dans les studios de RTI le réalisateur taiwanais Wei De-sheng pour son court métrage intitulé « Seediq Bale ». Ce court métrage de cinq minutes qui a nécessité un investissement de deux millions de dollars taiwanais (environ 62 mille dollars américains) était diffusé gratuitement sur internet en vue d’atteindre une grande visibilité. Les 18 millions de dollars américains provenant du bénéfice du film « Cape No. 7 », des subventions de l’Etat, des investissements privés et des emprunts n’ont qu’à peine suffit au tournage de « Seediq Bale ». Durant trois des dix mois de tournage, plusieurs employés de l’équipe qui compte plus de 15 000 acteurs n’ont même pas reçu de salaire. Malgré les contraintes, Wei De-sheng a joint les deux bouts et enfin terminé le film « Seediq Bale », son rêve qui a duré plus de dix ans. « Seediq Bale » signifie en aborigène de la tribu Seediq, les vrais hommes. Le film traite de l’incident de Wushe en 1930, durant lequel trois cent aborigènes dirigés par Mona Rudao s’étaient levés contre les colons japonais. Le rêve de Wei De-sheng était de recueillir suffisamment de fonds pour tourner le tout premier film épique taiwanais autour d’un vrai héro de Formose. Cette démarche originale s’est pourtant avérée un échec jusqu’à ce que Wei De-sheng savoure une réussite soudaine grâce à son film « Cape No. 7 », sorti en 2008, qui a fait une recette Il a fallu 2 000 soldats japonais pour exceptionnelle de plus de 530 millions de dollars taiwanais (soit 16 millions de dollars américains). calmer cette résistance survenue trente ans après le début de la colonisation. Cette révolte ne consistait pas uniquement à agir contre les politiques japonaises, elle avait également une raison culturelle. Les Seediq pratiquaient la décapitation, un des rites de passage à l’âge adulte. Sans Photos de cet article : Aimable crédit de la compagnie ARS Film Production. -3- l’accomplissement de ce rite, les Seediq ne pourraient jamais rejoindre l’âme de leurs 1979 que Taiwan a rejoint la fédération internationale de Tchoukball. Et par un ancêtres dans leur demeure une fois morts et leur âme resterait ainsi errante. Le film « Seediq Bale » raconte ainsi l’histoire de ces aborigènes à la recherche de la libérté de l’âme après la mort. Le film « Seediq Bale » d’une durée de 4 heures, divisé en deux volets, sera projeté sur les écrans taiwanais à partir de l’été prochain. heureux hasard, Taiwan est devenu, en 1984, champion du monde de tchoukball aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Depuis, il est difficile de déloger Taiwan de cette première place, exploit que parvient parfois à réaliser la Suisse, comme en 2004 chez les hommes. Mais sinon, Taiwan règne sur ce sport. Nous allons voir en quoi ce sport consiste et essayer de comprendre pourquoi il convient justement bien aux Taiwanais. Pour jouer, il faut un terrain de 10 mètres sur 20 mètres et une balle de handball, deux équipes de 7 joueurs ou joueuses, ainsi que deux trampolines inclinés qui sont placés de chaque côté du terrain. Le jeu consiste pour l’équipe qui possède la balle à se faire des passes en vue de tirer la balle sur le trampoline. Si la balle rebondit sur le terrain avant que l’équipe adverse ne la rattrape, on marque un point, sinon, le jeu reprend avec inversion des rôles. Avant la projection, nous vous invitons à suivre le court métrage de 5 minutes de 2004 : La spécificité du tchoukball vient du fait que l’on ne peut pas intercepter la balle, on laisse l’équipe adverse développer son jeu. On ne joue pas contre l’autre mais avec l’autre ; on cherche à jouer mieux que l’équipe adverse sans chercher à gêner son jeu. Résultat : un jeu d’équipe, simple http://www.youtube.com/ watch?v=86_F5jyz1pQ&feature=related Le Tchoukball Dans quel sport Taiwan est-il champion du monde toutes catégories ou presque ? Ce n’est ni le baseball, ni le basketball, ni les arts martiaux, mais bien le tchoukball. Sport originaire de Suisse, inventé en 1971, il a été introduit à Taiwan en 1977. C’est en -4- et agréable, qui peut être spectaculaire voire acrobatique, avec peu de risques de blessure puisqu’il n’y a pas d’agressivité. Une formule qui convient parfaitement à la vision du sport de nombreux Taiwanais. Formule gagnante donc pour Taiwan sur la scène sportive internationale.