CBS-RADIO TAIPEI INTERNACIONAL

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CBS-RADIO TAIPEI INTERNACIONAL
Trimestriel en langue française
Octobre – Décembre 2010
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Editorial
Ce trimestre est riche pour Taiwan, qui lance les festivités qui doivent rythmer toute
l’année autour des célébrations du centenaire de la République. Nous vous proposons
dans ce numéro une approche historique du prélude à la proclamation de la République
de Chine qui met un terme au régime impérial et ouvre les portes de la démocratie via
l’institutionnalisation de l’Etat. La fête nationale célébrée le 10 octobre, soit le Double Dix,
sera l’occasion de présenter le caractère chinois dix. Ensuite, nous vous invitons à
découvrir « Seediq Bale », un film taiwanais dont le tournage est à lui seul héroïque. Enfin,
une présentation du Tchoukball, un des sports les plus représentatifs de Taiwan, vous
attend. Bonne lecture !
La République de Chine,
une jeune centenaire
Au début du vingtième siècle, l’empire
chinois semble avoir fait son temps, avec
les différentes dynasties qui se sont
succédées et le climat politique tend vers
un soulèvement sans précédent, qui
aboutira à la création d’un nouveau régime,
celui de la République de Chine, qui naît
donc de cette révolution de 1911. A
l’origine, plusieurs tentatives avortées de
principes inspirés du modèle occidental :
nationalisme (unité sociale), démocratie et
bien-être du peuple. Les insurrections
cherchent d’abord à changer les mentalités,
transformer la politique de gouvernance et
réformer le pays. Cependant, après l’échec
de l’insurrection de Canton, Sun Yat-sen
doit s’exiler et se rend au Japon.
diverses associations révolutionnaires ou
nationalistes secrètes qui souhaitent
mettre un terme à l’autorité mandchoue.
Sans se décourager, elle unissent leurs
forces, sous l’inspiration du docteur Sun
Yat-sen, qui fonde le Tongmenghui,
Le billet de 100 dollars taiwanais
« société de loyauté unie », autour de trois
jouit de l’effigie du Docteur Sun Yat-sen
Les tensions montent encore d’un cran
quand les autorités impériales nomment un
Chiffres chinois
nouveau gouvernement en mai 1911, avec
un renforcement de la majorité mandchoue.
Provocation ultime qui sonne le début de
l’insurrection générale, dans le sillage du
soulèvement des militaires du Hubei le 10
octobre. Tout le mois d’octobre sera rythmé
par les soulèvements successifs des
provinces chinoises qui autoproclament
leur indépendance vis-à-vis de l’empire et
le Tongmenghui regagne alors de son
Comme beaucoup parmi vous le savent,
les Taiwanais célèbrent leur fête nationale
le 10 octobre. A Taiwan, tout spécialement,
ce dixième jour du dixième mois de l’année
est aussi appelé « le double dix ». Ainsi,
lors de cette fête, dans les lieux publics, on
peut voir le signe suivant en rouge
représentant le double dix :
influence. Les mois de novembre et de
décembre suivent le même schéma
révolutionnaire qui se généralise et affaiblit
considérablement
le
gouvernement
impérial. Même la nomination du Général
Yuan Shikai à la tête du gouvernement ne
stoppera pas l’insurrection. Au contraire, ce
dernier lance des négociations le 3
décembre avec les insurgés qui ont
conquis 17 provinces. Ces pourparlers
secrets s’orientent vers la création d’un
Dans ce signe, vous voyez deux croix en
paralèlle parce que le « dix » s’écrit en
chinois comme la croix. Comme vous
savez maintenant à quoi ressemble le
chiffre dix en chinois, il vous est plus facile
de comprendre pourquoi le carrefour
s’appelle dans cette langue 十 字 路 口
nouveau gouvernement et des élections
sont organisées. C’est Sun Yat-sen qui est
élu président le 29 décembre à Nankin,
seulement quatre jours après son retour
d’exil.
(shizilukou), ou « bouche de rue en
caractère dix ».
Dans la langue courante, le nombre 20
s’écrit toujours 二十. 二 signifie « deux »
et 十 « dix ». De même, le nombre 30 est
La République de Chine est proclamée le
1er janvier 1912 et Nankin devient la
capitale provisoire de cette nouvelle
République qui a pour mission de panser
composé de « trois » et « dix » et s’écrit
ainsi 三 十 . Cependant, spécialement et
uniquement pour ces deux nombres 20 et
30, les Chinois ont respectivement inventé
les caractères 廿 et 卅. Vous ne trouvez
pas que le caractère 廿 ressemble
les plaies inter-éthniques et unifier un
vaste territoire autour des trois principes du
Tongmenghui. L’abdication officielle de
beaucoup au signe « double dix » ?
Puyi, dernier empereur, sera publiée le 12
février 2012 et liera de manière définitive
l’avenir du pays au nouveau régime
républicain.
Alors, en ce double dix, quoi de mieux que
de vous souhaiter à tous une bonne fête !
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Seediq Bale
L’histoire des hommes à la recherche de la
liberté de l’âme dans l’au-delà
En 2004, un de nos anciens animateurs,
Stéphane Ferrero, avait interviewé dans
les studios de RTI le réalisateur taiwanais
Wei De-sheng pour son court métrage
intitulé « Seediq Bale ». Ce court métrage
de cinq minutes qui a nécessité un
investissement de deux millions de dollars
taiwanais (environ 62 mille dollars
américains) était diffusé gratuitement sur
internet en vue d’atteindre une grande
visibilité.
Les 18 millions de dollars américains
provenant du bénéfice du film « Cape No.
7 », des subventions de l’Etat, des
investissements privés et des emprunts
n’ont qu’à peine suffit au tournage de
« Seediq Bale ». Durant trois des dix mois
de tournage, plusieurs employés de
l’équipe qui compte plus de 15 000 acteurs
n’ont même pas reçu de salaire. Malgré les
contraintes, Wei De-sheng a joint les deux
bouts et enfin terminé le film « Seediq
Bale », son rêve qui a duré plus de dix ans.
« Seediq Bale » signifie en aborigène de la
tribu Seediq, les vrais hommes. Le film
traite de l’incident de Wushe en 1930,
durant lequel trois cent aborigènes dirigés
par Mona Rudao s’étaient levés contre les
colons japonais.
Le rêve de Wei De-sheng était de recueillir
suffisamment de fonds pour tourner le tout
premier film épique taiwanais autour d’un
vrai héro de Formose. Cette démarche
originale s’est pourtant avérée un échec
jusqu’à ce que Wei De-sheng savoure une
réussite soudaine grâce à son film « Cape
No. 7 », sorti en 2008, qui a fait une recette
Il a fallu 2 000 soldats japonais pour
exceptionnelle de plus de 530 millions de
dollars taiwanais (soit 16 millions de dollars
américains).
calmer cette résistance survenue trente
ans après le début de la colonisation. Cette
révolte ne consistait pas uniquement à agir
contre les politiques japonaises, elle avait
également une raison culturelle. Les
Seediq pratiquaient la décapitation, un des
rites de passage à l’âge adulte. Sans
Photos de cet article :
Aimable crédit de la compagnie ARS
Film Production.
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l’accomplissement de ce rite, les Seediq ne
pourraient jamais rejoindre l’âme de leurs
1979 que Taiwan a rejoint la fédération
internationale de Tchoukball. Et par un
ancêtres dans leur demeure une fois morts
et leur âme resterait ainsi errante. Le film
« Seediq Bale » raconte ainsi l’histoire de
ces aborigènes à la recherche de la libérté
de l’âme après la mort.
Le film « Seediq Bale » d’une durée de 4
heures, divisé en deux volets, sera projeté
sur les écrans taiwanais à partir de l’été
prochain.
heureux hasard, Taiwan est devenu, en
1984, champion du monde de tchoukball
aussi bien chez les hommes que chez les
femmes. Depuis, il est difficile de déloger
Taiwan de cette première place, exploit
que parvient parfois à réaliser la Suisse,
comme en 2004 chez les hommes. Mais
sinon, Taiwan règne sur ce sport. Nous
allons voir en quoi ce sport consiste et
essayer de comprendre pourquoi il
convient justement bien aux Taiwanais.
Pour jouer, il faut un terrain de 10 mètres
sur 20 mètres et une balle de handball,
deux équipes de 7 joueurs ou joueuses,
ainsi que deux trampolines inclinés qui
sont placés de chaque côté du terrain. Le
jeu consiste pour l’équipe qui possède la
balle à se faire des passes en vue de tirer
la balle sur le trampoline. Si la balle
rebondit sur le terrain avant que l’équipe
adverse ne la rattrape, on marque un point,
sinon, le jeu reprend avec inversion des
rôles.
Avant la projection, nous vous invitons à
suivre le court métrage de 5 minutes de
2004 :
La spécificité du tchoukball vient du fait
que l’on ne peut pas intercepter la balle, on
laisse l’équipe adverse développer son jeu.
On ne joue pas contre l’autre mais avec
l’autre ; on cherche à jouer mieux que
l’équipe adverse sans chercher à gêner
son jeu. Résultat : un jeu d’équipe, simple
http://www.youtube.com/
watch?v=86_F5jyz1pQ&feature=related
Le Tchoukball
Dans quel sport Taiwan est-il champion du
monde toutes catégories ou presque ? Ce
n’est ni le baseball, ni le basketball, ni les
arts martiaux, mais bien le tchoukball.
Sport originaire de Suisse, inventé en 1971,
il a été introduit à Taiwan en 1977. C’est en
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et agréable, qui peut être spectaculaire
voire acrobatique, avec peu de risques de
blessure puisqu’il n’y a pas d’agressivité.
Une formule qui convient parfaitement à la
vision du sport de nombreux Taiwanais.
Formule gagnante donc pour Taiwan sur la
scène sportive internationale.

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