Santé des étudiants et précarité

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Santé des étudiants et précarité
Santé des étudiants et précarité :
éléments de contexte
Dossier de synthèse documentaire
et bibliographique
Réactualisation - novembre 2011
M ars ei ll e : 1 8, r u e S t an is l as T or r e n ts 1 30 0 6 M ar s e il l e – T é l. : 0 4 91 59 83 8 3 – F ax : 04 9 1 5 9 8 3 9 9
Ni ce : 6 , r u e de S u is s e 0 60 0 0 N ic e – T él. : 0 4 9 2 14 4 1 2 0 – F ax : 0 4 92 1 4 4 1 2 2
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Santé des étudiants et précarité
De nombreuses publications s'intéressent depuis quelques années à la santé des
étudiants, sujet préoccupant car si globalement les étudiants se portent bien et sont en
bonne santé car cette population est jeune, les différentes enquêtes montrent qu'il existe
des tendances alarmantes souvent liées à la précarisation socio-économique des
étudiants.
La population étudiante a beaucoup augmenté au cours des dernières décennies avec
une diversification notable, ouverture des études supérieures à des jeunes issus de
milieux sociaux moins favorisés, augmentation des étudiants étrangers, augmentation de
la proportion d'étudiants assurant un travail salarié en sus de leurs études. Cette évolution
des profils étudiants a aggravé la précarisation de la population étudiante.
La deuxième enquête nationale sur la santé des étudiants menée en 2008 par la LMDE
met en lumière un recours aux soins minimal chez les étudiants, réduit aux soins de base
en médecine générale. 40% des étudiants n’ont jamais eu recours aux services de la
médecine préventive et une forte proportion n’a vu aucun spécialiste dans les douze mois
précédents. Dans l’enquête de l’USEM (Union nationale des Sociétés Etudiantes
Mutualistes) sur la santé des étudiants en 2011, les jeunes, interrogés sur leur attitude
face à la maladie, sont à peine 2% à déclarer faire appel aux services universitaires de
médecine préventive.
L’observatoire de la LMDE constate que les deux facteurs récurrents influant
négativement sur l’état de santé des étudiants sont le manque de temps et le manque de
moyens financiers. L’enquête nationale de 2011 fait état d’un renoncement à des soins ou
à des traitements pour des raisons financières chez un étudiant sur cinq. Ce chiffre était
de 10% en 2005, confirmant l’impact croissant des difficultés financières sur l’accès aux
soins des jeunes.
Près de la moitié des étudiants ont des ressources inférieures à 400 euros par mois et
26% d’entre eux s’estiment en réelle difficulté financière. Un rapport de 2011 de
l’Observatoire de la Vie Etudiante révèle que les frais courants de la vie quotidienne (loyer,
alimentation, transport et habillement) impactent 73% des ressources des étudiants. Cette
tension budgétaire permanente implique des arbitrages au jour le jour, qui se font au
détriment de la santé, jugée moins prioritaire.
Selon les différentes enquêtes menées en milieu universitaire entre 2007 et 2011, les
étudiants seraient entre 15 et 20% à ne pas bénéficier d’assurance maladie
complémentaire, ce chiffre étant de 6% en population générale.
L’USEM souligne des disparités significatives selon le lieu de vie des jeunes : si 11% des
jeunes habitant dans leur famille n’ont pas de complémentaire santé, ils sont 19% parmi
ceux vivant en colocation et près de 20% parmi les jeunes vivant en résidence
universitaire. Ces derniers sont d’ailleurs majoritaires à se déclarer en difficulté financière
(61%).
Les données disponibles en région PACA confortent les données nationales. En
décembre 2007, l'Observatoire Régional de la Santé PACA publiait dans RepèreSanté un
baromètre sur les conditions de vie et de santé des étudiants de 1ère année dans les
universités de la région. Parmi les obstacles rencontrés par les étudiants dans la prise en
charge de leurs problèmes de santé, on relève là aussi le manque de ressources
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financières accentué par l'offre médicale libérale marquée dans notre région par une
pénurie de médecins conventionnés sans dépassements d'honoraires.
Les autres difficultés répertoriées :
- 17 % des étudiants n'ont pas de complémentaire santé
- ils sont souvent ignorants des services dédiés à leur santé
- ils disposent d'une information insuffisante quant aux risques liés à la sexualité, IST,
sida, grossesse non désirée
- les étudiants fonctionnent dans un système curatif rarement préventif, la prise en charge
est limitée et tardive.
Depuis la parution du rapport Wauquiez en 2006 qui mettait en évidence la complexité et
l’opacité du système d’aides financières aux étudiants et qui préconisait un « plan santé
Etudiants » avec 10 propositions, peu de réponses ont été apportées alors même que les
problèmes d’accès aux soins de la population étudiante se sont accrus.
La surveillance médicale est insuffisante car les moyens consacrés à la santé sont restés
constants (4,57€ par étudiant en 2008). L’idée d’un « chèque santé » prenant en charge
les franchises médicales ou l’adhésion à une mutuelle n’a finalement pas vu le jour, de
même que le projet de créer des Maisons de la Santé Etudiante sur le modèle des centres
mutualistes. Certaines mutuelles cependant, comme la LMDE, prennent en charge un
forfait prévention avec le remboursement d'un quota annuel de préservatifs ou d’un
contraceptif, même quand il s'agit d'une prescription non remboursée par la Sécurité
Sociale.
La réforme des missions de la médecine préventive annoncée dans le plan
gouvernemental santé-jeunes 2008 a instauré pour les SUMPPS (Services Universitaires
de Médecine Préventive et de Promotion de la Santé) l’obligation d’effectuer à chaque
étudiant un bilan préventif dans les trois premières années d’étude et la possibilité pour
ces services de demander leur agrément en centre de santé, autorisant la prescription
médicale et le soin curatif au-delà du seul cadre préventif. Il s’agit là toutefois d’une
mission facultative de la médecine préventive universitaire et qui reste soumise à une
politique volontariste des présidences d’université.
Sexualité et prises de risques
Alors que l’épidémie de VIH/sida se stabilise en France avec une estimation à 6 300
nouvelles découvertes de séropositivité en 2010, en Provence-Alpes-Côte d’Azur,
l’épidémie est toujours très active avec un nombre de déclarations de séropositivité en
hausse. La région Provence-Alpes-Côte d’Azur reste la 2ème région de France la plus
concernée par l’épidémie de sida après l'Ile-de-France.
Les 20-29 ans représentent 20% des découvertes de séropositivité en région PACA de
2003 à 2010.
En PACA, un tiers des jeunes sexuellement actifs déclarent avoir eu recours à la
contraception d’urgence et on dénombre plus de 5 000 IVG par an chez les jeunes
femmes de 20 à 24 ans en PACA.
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Les dernières enquêtes en milieu universitaire nous montrent que seulement 16% des
jeunes déclarent manquer d’information sur le sida. Si les étudiants s’estiment donc très
largement informés des modes de transmission et des moyens de prévention du VIH, on
sait aussi que les prises de risques sont fréquentes. L'enquête de 2007 de l'Observatoire
Régional de la Santé auprès des étudiants de première année montre que chez les
étudiants ayant eu des rapports sexuels avec des partenaires occasionnels, 19 % des
garçons et 31 % des filles ont déclaré ne pas avoir toujours utilisé un préservatif. L'écart
entre filles et garçons suggère que celles-ci sont confrontées à plus de difficultés pour
négocier l'utilisation du préservatif. Près de 15% des jeunes interrogés dans l’enquête
LMDE 2011 déclarent également ne pas utiliser systématiquement de préservatif avec un
nouveau partenaire.
Par ailleurs, seuls 44% des étudiants ayant déjà eu des rapports sexuels ont effectué un
test de dépistage du VIH au cours de leur vie.
De même, si 9 étudiant sur 10 s’estiment suffisamment informés s’agissant des moyens
de contraception, l’enquête USEM montre que 35% des filles ont déjà utilisé la
contraception d'urgence, et dans 28% des cas en raison d’une absence totale de méthode
contraceptive au moment du rapport. Plus de 3% des étudiantes ont déjà eu recours à
l'IVG.
Concernant les IST autres que le VIH, ce sont 41% des étudiants qui s’estiment mal
informés.
C’est dire l’importance de maintenir et de développer la prévention des risques liés à la
sexualité auprès des jeunes à travers l’information et la sensibilisation.
La prévention auprès des étudiants
Différentes études soulignent donc la précarisation de la santé des étudiants tandis que
les données épidémiologiques de l’infection à VIH/sida et les différentes enquêtes
réalisées autour de la sexualité montrent un relâchement des comportements et attitude
de prévention. Or la vie étudiante constitue une période de changement essentielle du
point de vue du rapport à la santé. C'est en effet à la fin de l'adolescence que se prennent
certaines habitudes, tant en ce qui concernent les comportements à risques que les
pratiques positives vis-à-vis de la santé et du recours aux soins. Il est donc important de
favoriser l’appropriation des moyens de prévention par les étudiants en leur donnant les
moyens de développer des attitudes de responsabilité individuelle et collective.
Dans le champ de la prévention des risques liés à la sexualité, des recommandations
fortes existent aujourd’hui autour du public étudiant. Dans le Plan national de lutte contre
le VIH 2010-2014, les jeunes constituent un des trois groupes identifiés comme prioritaires
au sein de la population générale. Le Plan préconise ainsi de poursuivre la sensibilisation
des jeunes à la prévention et d’améliorer leurs connaissances sur le VIH et les IST, dans
une approche globale de santé sexuelle, au cours de leur cursus scolaire et universitaire.
Afin de favoriser l’accès des étudiants aux moyens de protection, il est également souligné
l’importance de promouvoir des distributeurs de préservatifs dans les établissements
universitaires et les résidences étudiantes gérées par les CROUS.
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Le nouveau schéma régional de prévention de l’ARS PACA pour la période 2012-2016
consacre un de ses 6 plans d’actions prioritaires à la population des jeunes de moins de
25 ans. La thématique de la vie affective et sexuelle des jeunes y fera l’objet d’un
programme opérationnel spécifique.
En novembre 2011, le Conseil Régional PACA a lancé un Comité de pilotage chargé de
définir et d’assurer le suivi d’un dispositif régional d’accès à la contraception pour tous. Ce
travail en faveur de l’autonomie et de la santé sexuelle des jeunes associera dans une
démarche participative et consultative les jeunes eux-mêmes, ainsi que l’ensemble des
acteurs institutionnels, associatifs, médicaux et sociaux agissant sur ces thématiques. Ce
dispositif devrait voir le jour début 2012.
Bibliographie
Tous les documents référencés sont disponibles et consultables dans les deux centres de
documentation du CRIPS Provence-Alpes-Côte d'Azur.
AGENCE REGIONALE DE SANTE PROVENCE-ALPES-COTE D’AZUR (ARS PACA)
Les IVG dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur : caractéristiques et parcours
des femmes ayant recours à l’IVG - Exploitation régionale de l’enquête DREES 2007
Marseille : 2010, n°11, 16 p.
CENTRE REGIONAL D’INFORMATION ET DE PREVENTION DU SIDA (CRIPS PACA)
Actualités épidémiologiques au 1er décembre 2011 – Les chiffres clés du sida
Dossier de synthèse épidémiologique, 2011, 24 p.
INPES
La santé : un défi pour les étudiants
La santé de l'homme, 2008, n°393, pp. 13-44
LA MUTUELLE DES ETUDIANTS, EXPERTISE ET PREVENTION POUR LA SANTE
DES ETUDIANTS
La santé des étudiants 2005-2006 : enquête nationale et synthèses régionales
Paris : Editions de la Vie Universitaire, 2006, 299 p.
LA MUTUELLE DES ETUDIANTS, EXPERTISE ET PREVENTION POUR LA SANTE
DES ETUDIANTS
2ème enquête nationale sur la santé des étudiants : principaux enseignements
Paris : Mutualité Française, 2008, 11 p.
LA MUTUELLE DES ETUDIANTS, EXPERTISE ET PREVENTION POUR LA SANTE
DES ETUDIANTS
3ème enquête nationale sur la santé des étudiants : principaux enseignements
Paris : Mutualité Française, 2011, 11 p.
MINISTERE DE LA SANTE, DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS
Présentation du plan Santé des jeunes
Dossier de presse. France, 2008, 38 p.
CRIPS Provence-Alpes-Côte d'Azur, novembre 2011
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OBSERVATOIRE DE LA VIE ETUDIANTE (OVE)
La vie étudiante – Repères
Paris : OVE, 2011, 24 p.
OBSERVATOIRE REGIONAL DE LA SANTE PACA
Comportements de santé des étudiants de première année inscrits dans les
universités de la région PACA
Repère Santé, 2007, n°14, 6 p.
UNION NATIONALE DES SOCIETES ETUDIANTES MUTUALISTES (USEM)
La santé des étudiants en 2011 : premiers résultats
Paris : USEM, 2011, 51 p.
WAUQUIEZ L
La santé et la protection sociale des étudiants
Paris : Assemblée Nationale, 2006, 133 p.
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CRIPS
Provence-Alpes-Côte d’Azur
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