Un amour pathologique et destructeur : le hoarding La Société

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Un amour pathologique et destructeur : le hoarding La Société
Thursday, January 17, 2013
Le syndrome de Noé
Un amour pathologique et destructeur : le hoarding
La Société protectrice des animaux est parfois confrontée à un
type d'attitude très particulière : « celle de personnes qui n'ont
pas conscience qu'elles maltraitent leurs animaux mais qui se
laissent dépasser par leur amour pour eux en s'entourant d'un
trop grand nombre d'entre eux, les mettant ainsi dans de
mauvaises conditions qui ne répondent plus à leurs besoins.
C'est le phénomène de l'animal hoarding (de l'anglais to hoard
: accumuler), qui a tendance à connaître un véritable essor.
Certains se souviennent peut-être de cette femme russe,
habitant en Sibérie, qui comptait dans son appartement près de
150 chats, tous ramassés dans la rue. « Catwoman » avait alors
fait la une des télés du monde entier. Loin d'être un simple
délire de vieille dame, l'animal hoarding est considéré aux
États-Unis comme une vraie maladie mentale, classée parmi
les TOC (troubles obsessionnels compulsifs). Il s'agit d'avoir
en sa possession un nombre d'animaux au-delà du raisonnable,
sans se rendre compte que l'on est dans l'incapacité de leur
fournir le minimum d'hygiène, de nourriture et de soins, ces
négligences entraînant une dégradation de l'habitat, de graves
problèmes de santé pour les animaux, allant parfois jusqu'à la
mort. Cela s'accompagne chez les personnes d'un déni de cette
incapacité à les soigner et de problèmes relationnels ou
familiaux. Ces critères ont été déterminés par Gary J.
Patronek, médecin psychiatre américain qui s'est penché
depuis une dizaine d'années sur le problème des hoarders.
Quoique moins étendu, le phénomène n'est cependant pas
anodin en Europe. Les associations de protection animale sont
de plus en plus régulièrement confrontées à des gens qui
adoptent en masse et laissent leurs animaux se reproduire sans
aucun contrôle. Ces gens se disent souvent éleveurs ou
protecteurs souhaitant sauver tous les animaux en détresse ; ils
viennent sur les forums Internet ou dans les refuges, épluchent
les petites annonces pour adopter d'autres animaux ou en
vendre. Nourriture non adaptée, hygiène déplorable, aucune
quarantaine, contaminations et décès d'animaux en cascade...
Aujourd'hui, des associations essaient de réunir des preuves
contre elles, mais c'est difficile car un hoarder vit dans le déni
total, persuadé qu'il aide les animaux ; de plus il a travaillé
insidieusement pour se forger une image destinée à se faire
respecter.
Les cas les plus difficiles à résoudre restent ceux de personnes
« déguisées » en sauveurs d'ani-maux légitimes, refuges ou
sanctuaires puisque la distinction entre ceux qui pensaient bien
faire (et se retrouvent débordés) et les vraies pathologies de
personnes victimes de compulsion est ténue.
Détenir beaucoup d'animaux ne fait pas forcément de vous un
hoarder tant que vous pouvez accueillir et soigner les animaux
dans de bonnes conditions, nécessaires à leur santé et à leur
bien-être. Mais les adoptions à outrance peuvent vite
submerger les personnes les mieux intentionnées du monde. Si
les animaux sont les premières victimes, les humains peuvent
également être affectés : les possibilités de contagion existent
bel et bien et un hoarder peut aller jusqu'à négliger sa famille
pour ses animaux.
Voici un exemple en septembre 2008, en banlieue parisienne
où les services de fourrières sont appelés pour intervenir dans
un domicile. L'alerte a été donnée par les services sociaux car
les enfants de la famille n'étaient plus scolarisés depuis
plusieurs jours. En pénétrant dans les lieux, ils ont été assaillis
par des odeurs pestilentielles et ont trouvé trente chiens de
petites tailles entassés dans le salon, probablement pas sortis
depuis plusieurs mois (plusieurs années ?), les déjections
jonchant le sol, des cadavres de chiens dans les coins et deux
enfants de huit et dix ans, eux-mêmes couverts de déjection et
dans un état sanitaire déplorable... Les enfants ont été confiés
aux services sociaux et les animaux à la SPA, en vue de leur
réadoption après une période d'éducation plus que nécessaire.
Tel a été également le cas d'une mère et de sa fille qui se sont
retrouvées avec plus de cent chiens dans leur maison. Ces
personnes qui, au départ, ne possédaient que quelques
femelles et mâles n'avaient pas stérilisé leurs animaux faute de
moyens financiers. Ces animaux se sont reproduits et elles ont
accueilli toutes les portées. En dix ans elles sont passées de
moins de cinq chiens à plus de cent. La SPA avait alerté la
Direction des services vétérinaires (DSV) plusieurs années
auparavant lorsque la famille ne possédait que quelques
dizaines d'animaux, sans résultat. En revanche, en 2008, la
DSV a su faire appel à la SPA pour récupérer, en urgence bien
sûr, la centaine d'animaux présents. »
Caroline Lanty
Caroline Lanty, avocate au Barreau de Paris, a été présidente
nationale de la Société protectrice des animaux de 2006 à
2008.
Dans son livre, « Le Scandale de l'animal business », elle
souhaite sensibiliser et interpeller l'opinion publique pour
dénoncer le commerce des animaux de compagnie, trop
souvent relégué au rang de l'anecdote et du fait divers.
Le Scandale de l'animal business
Le regard attendrissant des chiots et chatons parqués dans les
vitrines d'animaleries cache souvent une réalité sordide. Celle
d'un trafic d'animaux cruel mais très lucratif.
Ce commerce échappe à tout contrôle douanier, sanitaire ou
économique et alimente une demande croissante,
irresponsable, d'animaux de compagnie devenus animaux
objets. Sait-on que ce trafic, de chats et de chiens
principalement, est souvent organisé par des filières mafieuses
d'Europe de l'Est ? Mais pas seulement... De nombreux
élevages en France le pratiquent également. A-t-on idée des
sommes que génère ce marché et dans quelles conditions ces
animaux marchandises sont élevés, transportés et vendus ?
Face à la passivité des pouvoirs publics, la SPA a dû prendre
les devants et créer une cellule de choc, la Cellule anti-trafic,
destinée à lutter en France et en Europe contre les trafiquants
d'animaux. Mais elle a besoin d'un soutien juridique et pénal,
aujourd'hui inefficace, voire inexistant, pour convaincre
gendarmes, policiers, et surtout le ministère de l'Agriculture et
la Direction des services vétérinaires de la nécessité d'agir.
Ce livre fait la lumière sur des pratiques intolérables passées
sous silence. II dénonce également l'ineptie des lois sur les
chiens dits dangereux et montre toute l'urgence de mesures
protectrices des animaux, paradoxalement menacés par
l'amour que nous leur portons.
Source : http://bouddhanar.blogspot.be/2013/01/le-syndrome-de-noe.html