Hopital de demain Nouvelle Clinique Bel Air
Transcription
Hopital de demain Nouvelle Clinique Bel Air
1-MAGAZINE ARCHI - N°12-28,5x22,5-FRANCE_Mise en page 1 03/11/14 21:55 Page85 La Nouvelle Clinique Bel-Air : au service de la chirurgie de demain La Nouvelle Clinique Bel-Air fait partie du Groupe Bordeaux Nord-Aquitaine, qui suit une démarche basée sur une politique dynamique de développement et permet de mettre à disposition des patients des moyens techniques performants au sein d'un établissement neuf. Ouverte en début d’année après deux années de travaux, la Nouvelle Clinique Bel-Air de Bordeaux regroupe les activités médicales et chirurgicales de trois établissements : les cliniques Tourny, Saint-Louis et Bel-Air. Agrandie et rénovée, elle compte 120 lits et places pour la chirurgie complète, la chirurgie ambulatoire et la médecine. Le nouvel établissement accueille trois spécialités sur un même site : un pôle urologie, un pôle tête-cou rassemblant les activités d’ophtalmologie, d’ORL, de stomatologie, de sommeil, et un pôle de chirurgie esthétique. Le Groupe Bordeaux Nord-Aquitaine a choisi de favoriser la concentration des moyens et des compétences, en regroupant l’ensemble des praticiens et des personnels soignants sur un même site. Ce positionnement permet une meilleure accessibilité et des conditions de travail optimisées, autour d’un plateau technique nouveau et de haute technicité. reconstruire un projet unique qui réduit les capacités d’hospitalisation, tout en optimisant la prise en charge médicale et en augmentant la rapidité de traitement du patient. Présentation avec Yves Noël, directeur général du Groupe des Polycliniques Bordeaux Nord-Aquitaine (GBNA) 86 La Nouvelle Clinique Bel-Air... Yves Noël : La Nouvelle Clinique Bel-Air implantée à BordeauxCaudéran, est issue d’un projet de regroupement sur un site unique de trois établissements bordelais de courts séjours essentiellement chirurgicaux. Aujourd’hui, les établissements de 60 à 80 lits sont peu viables, les organisations et les volumes d’activité ne peuvent plus être les mêmes qu’il y a trente ans. Nous avons donc choisi de De quand datent les premières réflexions relatives au regroupement de ces trois cliniques ? Y.N : Ce projet remonte à fin 2009. Plus précisément au jour où nous avons pu acheter la clinique Tourny qui, avec la clinique Saint-Louis et la clinique chirurgicale Bel-Air, constituent les trois établissements de ce regroupement. À partir de cet achat, nous espérions renforcer notre projet de regroupement en concevant une construction plus grande que celle initialement prévue sur le site de Bel-Air. Avec l’ouverture de la Nouvelle Clinique Bel-Air en janvier 2014, il nous aura donc fallu quatre années pleines pour mener à bien notre projet. 1-MAGAZINE ARCHI - N°12-28,5x22,5-FRANCE_Mise en page 1 03/11/14 21:55 Page86 Architecture hospitalière - numéro 12 - 2014 - La Nouvelle Clinique Bel-Air Quels ont été les acteurs de ces différentes réflexions ? Comment ont réagi les personnels de ces trois établissements vis-à-vis de ce regroupement ? Y.N : Tout d’abord, les professionnels sur le terrain souhaitaient demeurer dans leurs installations et conserver leurs blocs, leur adresse et leurs habitudes. Comme souvent, la résistance au changement des acteurs de santé est un frein majeur à l’évolution de tout projet. Face à cette résistance, nous avons dû expliquer aux médecins et à nos collaborateurs qu’un établissement trop petit qui ne parviendrait pas à organiser de manière efficiente la prise en charge, était voué à disparaître à moyen, voire même à court terme. Dans un premier temps, ce débat a été compliqué, non pas avec les salariés car nous garantissions le maintien des emplois, mais surtout avec les médecins. Ces derniers, notamment ceux qui occupaient la même adresse depuis 20 ou 30 ans, étaient très attachés à leur implantation et ne souhaitaient aucunement en changer. Toutefois, lorsque nous avons commencé à dévoiler les projets et à les impliquer dans la construction de ce nouveau pôle de santé, avec la mise en place d’une nouvelle organisation et des blocs neufs, leur vision a pu évoluer. Ainsi, ils ont commencé à se projeter dans ce nouvel établissement et à s’y sentir plus à l’aise que dans ces locaux devenus vétustes qu’ils supportaient depuis trop longtemps. Dès lors, nous avons pu les convaincre que ce projet valait mieux qu’un statu quo mortifère. À partir de 2011, soit après un an de discussion, nous n’avons plus eu de résistance marquée vis-à-vis de ce regroupement. Comment avez-vous abordé la gestion des flux dans cet établissement ? Quelle est la particularité de cette nouvelle clinique dans ce domaine ? Y.N : Avant tout, cet établissement est complémentaire de la polyclinique Bordeaux Nord qui est notre structure principale située à près de deux kilomètres. Cet établissement de type « hôpital général privé » et référent de la Clinique Bel-Air, prend en charge les activités d’urgence, la maternité, la réanimation, l’oncologie et la chirurgie complexe. La Nouvelle Clinique Bel-Air, quant à elle, n’a pas vocation à assumer l’activité d’urgence ou la totalité de la couverture de l’offre de soin. Elle se spécialise principalement dans la prise en charge ambulatoire. Cet établissement se consacre donc à la chirurgie et à la médecine de très courte durée, sans nuit dans 75% des cas, et qui organise la gestion des flux autour de ce type de prise en charge. Le patient ne souhaite pas rester dans une structure de soin, or, aujourd’hui, les techniques chirurgicales et anesthésiques nous permettent de le libérer très rapidement. De plus, il nous fallait être productifs pour ce type d’interventions qui sont de moins en moins rémunératrices. Dans ce contexte, nous avons organisé nos flux avec un parking en sous-sol de 200 places. En rez-de-chaussée, nous retrouvons les accueils et la gestion des flux par orientation, ainsi que des zones de consultation. L’hospitalisation se trouve au premier étage, le bloc opératoire et l’espace ambulatoire au deuxième niveau. Cette logique verticale prévient donc les retours en arrière inutiles pour le patient et le professionnel. Au sein de ce principe général, nous avons pu créer une zone dédiée au traitement chirurgical de la cataracte, qui est un pôle majeur de notre établissement. Ainsi, nous effectuons 6 000 interventions par an, dans un espace réservé à cette activité très spécifique qui fait l’objet d’une prise en charge isolée des autres flux de la clinique. La gestion de la prise en charge se fait en plusieurs étapes : un accueil spécifique, le passage dans l’une des deux salles dédiées à la cataracte, le passage en salle de réveil et la consultation avec le médecin, afin de valider la sortie du patient. Ainsi, en plus ou moins trois heures le patient est admis, traité et peut regagner son domicile. Cette organisation et la prise en charge spécifique de la cataracte nous permettent d’optimiser notre prise en charge globale. Quel état des lieux pouvez-vous dresser aujourd’hui, tant en matière d’organisation que de fonctionnalité, pour cette Nouvelle Clinique Bel-Air ? Y.N : Le projet était bon, et sa pertinence se vérifie aujourd’hui. La conception architecturale, l’organisation et la gestion de flux sont adaptées à l’activité. En revanche, nous traitons actuellement un élément que nous avions volontairement écarté : l’association de trois équipes chirurgicales et anesthésistes qui ne se fait pas simplement. Ces différentes équipes ont intégré cet établissement avec des pratiques et des habitudes différentes. Aujourd’hui, 80 chirurgiens interviennent sur ce site, souvent pour des interventions ponctuelles. Aussi, la multiplicité des intervenants nous conduit à mettre en place un travail non négligeable d’harmonisation des pratiques, que nous avons entamé depuis le regroupement de janvier dernier. Nous n’avons pas souhaité bousculer les équipes avant qu’elles se soient appropriées les lieux. Maintenant que c’est chose faite, nous devons réorganiser les plages opératoires, regrouper les disciplines et les plannings de certains praticiens dont l’activité est particulièrement dispersée. Cela implique un changement d’habitudes au niveau de l’organisation individuelle des médecins et de leurs aides opératoires. Nous travaillons également à l’harmonisation des pratiques : c’est assez délicat car cela signifie le passage vers des pratiques communes et efficientes. Or, beaucoup de praticiens ancrés depuis longtemps dans une activité et des interventions devenues routinières sont naturellement réticents. Bien que ces derniers soient d’excellents professionnels, ils conçoivent difficilement une façon de faire autre que celle qu’ils maîtrisent et qui donne de bons résultats. Nous devons donc les accompagner, échanger avec eux, tester de nouveaux équipements, des nouveaux dispositifs et respecter leur rythme d’évolution. Ainsi, nous terminerons fin 2015 ce grand projet. 87