Le programme du spectacle

Transcription

Le programme du spectacle
 Don Juan revient de guerre
Avec : Anne-­‐Sophie Brisbois, Christelle Burton, Alicia Del Puppo, Dominique Donnay, Ludivine Faniel, Coline Leclercq, Fanny Marchal, Delphine Noël, Emilie Windels Adaptation et m. en sc. : Robert Germay, assisté de Dominique Donnay Régie : Renaud Minet Scénographie : Robert Germay, Michèle Potier Vidéos : Vincent Canueto, William Knauf, Renaud Minet, Romain Parizel Affiche : Marco Pascolini Remerciements : Catherine Marissiaux et l’hôpital St Joseph ; Simon Bouazza, Mario Ucci et Le Forum ; Mikaël Roka et le café Les Olivettes ; Darden’s Décors ; Anne Votion ; Ludwig Sputael La pièce Automne 1918, c'est l'Armistice de la "grande guerre". De retour du champ de bataille, malade dans son corps, Don Juan se croit guéri dans son âme, et il part à la recherche de la fiancée qu'il a abandonnée quatre ans plus tôt. Il veut réparer et entreprendre une nouvelle vie. A la fin de la pièce il comprendra pourquoi toutes ses lettres de repentir sont restées sans réponse : sa fiancée est décédée de chagrin deux ans plus tôt, en 1916. Il va alors lui-­‐même mourir dans la neige qui recouvre la tombe de sa "victime". Tel est le fil conducteur de ces 3 actes et 23 tableaux. Fil rouge, certes, mais non pas le vrai sujet de Horvath. Cette pièce est exceptionnelle par le fait qu'elle met en scène 35 femmes pour un seul homme. Et c'est le destin de ces femmes que met en avant l'auteur, sans concessions, en témoin critique et chroniqueur fidèle de l'actualité qu'il a vécue.. Ces femmes, tout comme Don Juan, veulent aussi profiter des bouleversements provoqués par la guerre pour retrouver et/ou réinventer leur place dans la société. Ce n'est pas gagné d'avance... Dans notre mise en scène, nous avons décidé de nous passer radicalement du personnage de ce Don Juan, car, ici, au contraire de son mythe classique, il apparaît plutôt comme une victime de cette gent féminine qui s'en dispute les faveurs : loin d'un conquérant ou d'un héros, il est un anti-­‐héros, un faire-­‐valoir. Dès lors, nous avons préféré nous attacher aux portraits de ces femmes sans DJ et sur l'image évidemment subjective qu'elles donnent de l'"absent", toujours évoqué, souvent révoqué. A travers ces portraits féminins et ces images de l'Homme, c'est la société qui se dévoile. Et pas seulement la société allemande de l'entre-­‐deux guerres. Car, depuis lors, combien de "retours de guerre" dans combien de pays, notre monde n'a-­‐t'il pas connus ? L'Histoire elle-­‐même donne à la critique Horvathienne une valeur universelle. Quant à notre rejet du personnage de Don Juan -­‐ très symbolique de celui que lui témoignent ces (ses) femmes -­‐ nous l'assumons pleinement. Horvath lui-­‐même a bien écrit, la même année, en 1936 , une comédie qui a pour titre "Un Village sans hommes". Nous l'avons pris au mot... L’auteur Si Ödön von Horváth est né à Fiume (aujourd’hui Rijeka), port de Croatie, en 1901, il aura passé sa – courte – vie entre Belgrade, Budapest, Munich, Salzbourg, Vienne, Zurich, Berlin…, pour mourir accidentellement en 1938, frappé mortellement par la chute d’une branche de marronnier…, à Paris, sur les Champs Elysées. Quand le destin s’en mêle… ! Son métissage, caractéristique de l’Europe centrale, lui valait un passeport hongrois qui lui permit de rester en Europe et en Allemagne, même dans cette époque de l’entre-­‐deux-­‐
guerres, où il vécut la 1ère guerre mondiale, la naissance et la mort de la République de Weimar, puis la montée du nazisme. Une vie courte, certes, mais féconde, puisqu’il écrivit pas moins de 17 pièces, et 2 romans achevés, sans parler de scénarios de films, notamment pour son ami Robert Siodmak. Toute son œuvre met en scène la société allemande – et/ou autrichienne – se débattant dans une de ses périodes les plus troublées : passant d’un ordre wilhelminien à une société weimarienne, pour finir dans l’ « ordre » nazi. Toutes ses pièces présentent une galerie infinie de personnages issus des différentes classes sociales : du personnel politique traditionnel aux révolutionnaires, en passant par des nationalistes, des sociaux-­‐
démocrates, des parasites, des déclassés, des artisans ou autres intellectuels des nouvelles classes moyennes. Beaucoup de femmes, aussi : mères, filles, amantes, lesbiennes, bonnes sœurs, prostituées, servantes, partisanes, ou bourgeoises… : le point commun est toujours la difficulté de vivre dans un monde écartelé, en pleine mutation, où l’homme garde le pouvoir, envers et contre tout. Dans ce portrait au vitriol d’une Allemagne déchirée qui se cherche, l’humour n’est jamais absent. Horváth a écrit : « Toutes mes pièces sont des tragédies. Elles ne deviennent comiques que parce qu’elles sont inquiétantes (unheimlich) ». Vu leur lourde charge critique, on comprend bien qu’elles furent peu jouées pendant cette longue période « brune ». C’est dans les années soixante que l’œuvre de Horváth a véritablement explosé au théâtre, un peu partout en Europe, où on découvrait, et la pertinence de ses « témoignages vécus », et la diversité de son esthétique dramaturgique, très inspirée par le théâtre populaire. Est-­‐
ce là ce qui faisait dire à Peter Handke qu’il préférait Horváth à Brecht ? Horváth fut joué pour la première fois en Belgique par le Théâtre des Germanistes Liégeois, qui monta, en 1974, en allemand, Himmelwärts, un conte acerbe, que le TLG promena avec succès en Belgique et en Allemagne quelque 25 fois en deux saisons. *** A propos de Horváth, on lira avec intérêt, e.a. : Kurt Kahl, Ödön von Horváth, Velber bei Hannover, Friedrich Verlag, (Friedrichs Dramatik des Welttheaters, Band 18), 1966 ; Ödön von Horváth, La Nuit italienne, suivi de Cent cinquante marks et de Don Juan revient de guerre ; traduit de l’allemand par Renée Saurel, Paris, Gallimard, 1967 ; Jean-­‐Claude François, Histoire et fiction dans le théâtre d’Ödön von Horváth, Presses Universitaires de Grenoble, 1978 ; Florence Baillet, Ödön von Horváth, Paris, Belin (Voix allemandes), 2008. Robert Germay Au Théâtre Universitaire Royal de Liège, quai Roosevelt 1b, 4000 Liège Vendredi 4/5, 20h30 ; samedi 5/5, 20h30 ; dimanche 6/5, 15h00 ; jeudi 10/5, 18h30 ; vendredi 11/5, 20h30. Infos & réservations : [email protected] ; 04/366 52 75 – www.turlg.be 

Documents pareils