Demande de travail
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Demande de travail
Cours Marché du travail et politiques d’emploi La demande de travail Pierre Cahuc/Sébastien Roux ENSAE-Cours MTPE 24 mars 2006 Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 1 / 54 Introduction Introduction On se situe du point de vue de l’entreprise : Le travail L est un facteur de production parmi d’autres : Capital K , Consommations intermédiaires CI , ... La production Y de l’entreprise résulte de la mise en commun de ces facteurs L’objectif de l’entreprise est alors de maximiser les bénéfices retirés de la vente des produits. Objet du cours : Construire une théorie de la demande de travail pour expliquer les demandes d’effectifs propres aux diverses catégories de personnel et la durée de travail de chaque employé. Idée principale : Une entreprise a intérêt à embaucher un salarié tant que la recette qu’il rapporte est supérieure à son coût. Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 2 / 54 Introduction 2 questions : Quel est le coût d’un salarié ? Exemple de coût : Salaire, Charges Sociales, Infrastructure, Lieu du travail, Formation, ... Que rapporte-t-il à l’entreprise ? Travail inséré dans un processus collectif de production. Ce qu’un salarié rapporte dépend des autres facteurs (capital, ...) et des autres salariés (expérience, qualification, travail d’équipe) Prix de vente du produit (dépend de la qualité du travail, ...) Distinction entre court terme et long terme : A court terme, choix du niveau de travail L à capital K fixé, en réponse à des chocs exogènes. A long terme, l’entreprise modifie aussi son capital K , ce qui pose les questions de complémentarité et de substituabilité. Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 3 / 54 Introduction Distinction entre statique et dynamique Théorie statique : Considère l’entreprise qui n’existerait que sur une période Établit les propriétés de base (Lois) de la demande de travail Résultats qualitatifs précis sur le sens de variation des quantités en fonction du coût des facteurs Amplitude des élasticités de la demande de travail à son coût est un enjeu important, notamment parce qu’elle conditionne la réaction de l’emploi à certaines politiques publiques Exemple : Elasticité de la demande de travail non qualifié à son coût conditionne la mise en place des abaissements de charge sur les bas salaires ou les hausses du SMIC. Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 4 / 54 Introduction Distinction entre statique et dynamique Théorie dynamique : Les choix de l’entreprise à un instant t peuvent affecter son profit futur. Prise en compte de cette interaction à travers les effets des coûts d’ajustement, c’est-à-dire les coûts liés aux modifications de volume des facteurs de production. Outre une modélisation plus réaliste du fonctionnement des entreprises, cette théorie donne des indications sur les stratégies d’embauche et de licenciement. Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 5 / 54 Théorie statique de la demande de travail Une théorie statique de la demande de travail : la demande de travail de “court terme” Une seule période est considérée dans l’économie, il n’y a pas d’évolution du temps. Le court terme signifie ici que le capital K ne s’ajuste pas. On considère le cas où seule la demande de travail L s’adapte. Dans ce cas, elle va dépendre du salaire réel w et du pouvoir de marché. Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 6 / 54 Théorie statique de la demande de travail Le pouvoir de marché Y (P) : Demande pour un bien particulier qui dépend du prix P On définit la fonction de demande inverse par la liaison réciproque P = P (Y ), on en déduit l’élasticité des prix à la demande. ηYP = YP 0 (Y ) P (Y ) Hypothèse de travail : ηYP est constante ηYP = 0 : concurrence parfaite, entreprises ”price taker” ηYP < 0 : concurrence imparfaite, entreprises ”price maker” P η : indicateur du pouvoir de marché de l’entreprise Y ! P Remarque : P Yj + Yj 0 , Seul l’effet de Yj nous intéresse. j6=j 0 Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 7 / 54 Théorie statique de la demande de travail Facteurs fixes et flexibles Différents facteurs de production : Travail : Qualifiés, non qualifiés, jeunes, vieux, hommes, femmes, ... Capital : Immeuble, Terrains, Machines (à différentier du capital pris dans le sens comptable) Consommations Intermédiaires : Matières premières, Facteurs de production intégralement consommés lors du processus de production. Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 8 / 54 Théorie statique de la demande de travail Gradation dans la rigidité Du plus flexible au plus rigide, les consommations intermédiaires, le travail, puis le capital. Quelques nuances : CI et K se différencient par définition. Une consommation intermédiaire est un bien intégralement consommé lors du processus de production. S’il ne l’est pas, il est comptabilisé dans les entreprises comme un élément du capital, dont une partie s’est dépréciée. Le travail est beaucoup plus compliqué : Les non qualifiés sont plus flexibles (coûts de recherche et de formation plus faibles), les très qualifiés sont un facteur plus rigide (investissement en capital humain très élevé). Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 9 / 54 Théorie statique de la demande de travail Problèmes de mesure : Travail quantifié en heures (pertinence ?) K , dans les entreprises, le capital (biens productifs) est mesuré à sa valeur historique et non à sa capacité productive. Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 10 / 54 Théorie statique de la demande de travail Coût du travail et productivité marginale Simplification : L flexible, K rigide, pas de consommation intermédiaire Fonction de production Y = F (L) Hypothèses : F croissante, concave, F 0 > 0, F 00 < 0 W : coût du travail Le profit de l’entreprise s’écrit alors Π (L) = P (Y ) Y − WL s.c.Y = F (L) Condition du premier ordre : Π0 (L) = F 0 (L) P (Y ) + P 0 (Y ) Y − W = F 0 (L) P (Y ) 1 + ηYP − W Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 11 / 54 Théorie statique de la demande de travail Si 1 + ηYP > 0, la demande de travail est définie par F 0 (L) = ν W P 1 avec ν = 1+η P . Y Condition du second ordre : Π00 (L) = F 00 (L) P (Y ) 1 + ηYP < 0 +F 0 (L)2 P 0 (Y ) 1 + ηYP | {z } ηP P Y <0 Y Donc Π00 (L) <0 Si 1 + ηYP < 0, alors Π0 (L) est toujours négative, donc L = 0 est la solution optimale. Dans le cas d’une situation de concurrence parfaite, on aurait F 0 (L) = Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) W P La demande de travail 24 mars 2006 12 / 54 Théorie statique de la demande de travail Une approche duale : la fonction de coût Le coût à produire un bien Y est égal à ce qui est dépensé pour le produire : C (Y ) = WL = WF −1 (Y ) Le coût à produire une unité de bien supplémentaire est égal à C 0 (Y ) = W F 0 (L) Produire une unité de bien supplémentaire amène comme ressource : P (Y ) revenu tiré de la vente d’un bien YP 0 (Y ) effet de la modification du prix par la mise sur le marché d’un bien supplémentaire P (Y ) + YP 0 (Y ) = 1 + ηYP P Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 13 / 54 Théorie statique de la demande de travail La production se stabilise au point où produire une unité de bien supplémentaire rapporte autant que cela ne coûte, soit C 0 (Y ) = 1 + ηYP P = W F 0 (L) En concurrence parfaite, le prix d’un bien égalise son coût marginal. Élasticité de la demande de travail à son coût : On examine les effets d’une variation dW du coût salarial sur le travail WF 00 (L) dW + F 0 (L) P 0 (Y ) 1 + ηYP dL = 0 dL F (L) F 0 (L)2 Donc Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) dL = dW 1 1+ ηYP F 02 P 0 <0 La demande de travail + F 00 P <0 24 mars 2006 14 / 54 La substitution capital-travail La substitution capital-travail Sur le long terme, le capital K est un facteur flexible Raisonnement en deux étapes : Pour atteindre un niveau de production Y donné, il existe une combinaison optimale de K et L. Effet de substitution. Quel est le niveau de production permettant de maximiser le profit ? Effet de volume Effets de substitution : Choix d’un facteur de production plutôt qu’un autre sur un critère de minimisation des coûts Effets volume : Eléments susceptibles d’affecter le niveau de la production en conservant des proportions similaires entre les inputs. Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 15 / 54 La substitution capital-travail Première étape : Minimisation du coût total Soit deux facteurs de production : K et L Fonction de production : Y = F (K , L) Capital K et Travail L sont dits complémentaires si la production d’un niveau Y de bien nécessite que K et L soient toujours associés dans la même proportion, i-e KL constant. Il suffit de connaı̂tre Y pour connaı̂tre la quantité d’inputs nécessaires à sa production. Exemple : Fonction de production Léontieff Y = min (γK , L), où γ est un facteur d’échelle Capital K et Travail L sont dits substituables s’ils peuvent se combiner dans des proportions différentes pour atteindre un niveau de bien donné. Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 16 / 54 La substitution capital-travail Implications sur la fonction de production FK > 0, FL > 0, croissante en chacun de ses facteurs FKK < 0, FLL < 0, concave en chacun de ses facteurs Définition : Propriété d’homogénéité F (µK , µL) = µθ F (K , L) Si 0 < θ < 1, les rendements d’échelle sont décroissants Si θ > 1, les rendements d’échelle sont croissants Si θ = 1, les rendements d’échelle sont constants Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 17 / 54 La substitution capital-travail Fonction de coût et demande de facteurs La combinaison optimale des facteurs s’obtient en minimisant la fonction de coût associée à la production de Y . min (WL + RK ) K ,L s.c. F (K , L) ≥ Y où W est le coût du travail et R est le coût du capital. Les solutions L et K sont les demandes conditionnelles de travail et de capital. La fonction de coût est alors une fonction de Y et des prix des facteurs C (W , R, Y ) = W L + RK Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 18 / 54 La substitution capital-travail Frontière de production K {(K , L ) / F (K , L ) ≥ Y } E WL + RK = C0 (Y) L Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 19 / 54 La substitution capital-travail Pour illustrer la substituabilité entre les facteurs, on définit le taux marginal de transformation entre K et L par la valeur absolue de K 0 (L) = − FL FK Il s’agit de la quantité de K que l’on peut économiser quand la quantité de L s’est accrue d’une unité. Remarque : Si la fonction de production est strictement concave, alors les isoquantes sont strictement convexes (exercice) Le dessin illustre qu’à l’optimum, dans le plan (K , L), la courbe d’isocoût (C0 = WL + RK ) est tangente à l’isoquante. Ainsi, si K (.) est strictement convexe, la solution est unique. Donc K , L vérifient les équations FL K , L W = et F K , L = Y R FK K , L Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 20 / 54 La substitution capital-travail Propriétés des fonctions de coût C (W , R, Y ) = W L + RK C (W , R, Y ) est croissante en chacun de ses arguments et homogène de degré 1 en W et R C (W , R, Y ) est concave en (W , R) C (W , R, Y ) vérifie le lemme de Sheppard, soit L = CW (W , R, Y ) et K = CR (W , R, Y ) C (W , R, Y ) est homogène de degré 1θ par rapport à Y si la fonction de production est homogène de degré θ 1 C (W , R, Y ) = C (W , R, 1) Y θ 1 W W L ,Y = L , 1, Y θ R R 1 W W K = K ,Y , 1, Y θ R R Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 21 / 54 La substitution capital-travail Propriétés des demandes conditionnelles de facteurs de production La demande conditionnelle est décroissante avec le coût des facteurs ∂L = CWW < 0 ∂W On peut toutefois remarquer que L dépend en fait de W R La demande conditionnelle de travail est croissante avec le coût du capital. En effet, L W , Y est décroissant en W R R , donc croissant en R. D’où l’effet de substitution. De plus, le lemme de Sheppard amène ∂K ∂L = CWR = CRW = ∂R ∂W La substitution est symétrique : il y a symétrie des “effets prix”. Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 22 / 54 La substitution capital-travail Élasticités croisées η̄RL : Élasticité du travail au coût du capital η̄RL = K η̄W = R ∂ L̄ L ∂R W ∂ K̄ K ∂W A l’optimum, on a : R K̄ W L̄ Les élasticités croisées n’ont pas de raisons d’être identiques : elles ne constituent pas un indicateur synthétique des capacités de substitution entre les deux facteurs. K η̄RL = η̄W Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 23 / 54 La substitution capital-travail On définit l’élasticité de substitution, élasticité du rapport des facteurs K W L rapportée au coût relatif R W /R ∂ K̄ /L̄ >0 σ= K̄ /L̄ ∂ (W /R) Le ratio capital-travail augmente de σ% lorsque le coût relatif du travail au capital augmente de 1%. Cf. Dessin : Une hausse de W /R augmente la pente de la droite d’isocoût et déplace l’équilibre vers la gauche. Si la fonction de coût C (W , R, Y ) est homogène on a : σ= CCWR CW CR Remarques : σ est symétrique en W et R ne dépend pas de Y (si F est homogène) car K̄ L̄ est une fonction de Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) W R seulement La demande de travail 24 mars 2006 24 / 54 La substitution capital-travail Demandes conditionnelles en fonction de σ Expression des élasticités en fonction de σ η̄RL = R ∂ L̄ R CW CR R R K̄ = CWR = σ= σ C L̄ ∂R L̄ L̄ C Soit s = WCL̄ , part de la rémunération du travail dans les coûts. On a alors ηRL̄ De même, L̄ W R = (1 − s) σ donc ∂ L̄ ∂W Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) = 1 0 L̄ R W R =− La demande de travail R ∂ L̄ W ∂R 24 mars 2006 25 / 54 La substitution capital-travail Donc L η̄W = W ∂ L̄ R ∂ L̄ =− = −η̄RL L ∂W L ∂R Or s est un paramètre facile à estimer. ⇒ σ est un paramètre essentiel pour estimer les effets de long terme d’une modification du coin fiscal (qui joue sur le coût du travail). Ce paramètre est d’autant plus important que les possibilités de substitution entre K et L sont importantes. Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 26 / 54 La substitution capital-travail Effets sur la production Si Y varie de façon exogène C = W L̄ + R K̄ avec F K̄ , L̄ = Y ∂C ∂Y = W ∂ L̄ ∂Y ∂ K̄ ∂ L̄ + FL ∂Y = 1. Donc or FK d K̄ + FL L̄ = dY donc FK ∂Y R ∂ K̄ FL ∂ L̄ +R ∂Y F ∂Y | {zK} = W ∂ L̄ R W ∂C = = = ∂Y FK FL ∂Y W Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 27 / 54 La substitution capital-travail Remarques : CY > 0 Des hypothèses supplémentaires sont nécessaires pour connaı̂tre le sens des demandes, au moins un des facteurs doit augmenter. Cela dépend de l’élasticité de substituabilité entre les facteurs. Si la fonction de production est homogène de rendement θ 1 W K̄ = K̄ Yθ R 1 W L̄ = L̄ Yθ R Donc, dans ce cas, K̄ et L̄ croissent simultanément. Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 28 / 54 Les effets d’échelle Demande non conditionnelle des facteurs Choix de la production par la firme Soit P (Y ) Fonction de production inverse Le profit s’écrit : Π (W , R, Y ) = P(Y )Y − C (W , R, Y ) Condition de premier ordre : P(Y ) + YP 0 (Y ) = CY P(Y ) 1 + ηYP = CY P(Y ) = νCY Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 29 / 54 Les effets d’échelle Vérification de la condition de concavité. Si la fonction est homogène de degré θ, il faut ν > θ. En effet, ΠYY = P(Y ) θ − ν θY ν2 En cas de concurrence parfaite, ν = 1, les rendements d’échelle doivent être décroissants. On retrouve le résultat obtenu dans le cadre simple de la demande de court terme : le prix est égal au coût marginal multiplié par le taux de marge. De plus, W W =ν CY P R = ν P FL = FK A l’optimum, la productivité de chaque facteur est égale à son coût marginal multiplié par le taux de marge. Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 30 / 54 Les effets d’échelle Lois de la demande Variation des demandes non conditionnelles des facteurs de production selon les coûts unitaires. 4 lois 1 Relation décroissante entre demande et coût d’un facteur 2 Élasticité de la demande de travail 3 Élasticité croisée 4 Cas d’une fonction de production homogène Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 31 / 54 Les effets d’échelle Relation décroissante entre demande et coût d’un facteur Π (W , R) = maxΠ (W , R, Y ) Y Comme C (W , R, Y ) est concave en (W , R), Π(W , R, Y ) est concave en (W , R) Soit Y ∗ le niveau optimal de production, alors Π (W , R) = Π (W , R, Y ∗ ) Le lemme de Hotelling amène ΠW (W , R) = −L̄ ΠR (W , R) = −K̄ Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 32 / 54 Les effets d’échelle Or Π étant convexe, on a : ΠWW = − ∂ L̄ >0 ∂W Donc la demande de travail est décroissante avec son coût Remarques : Les conditions de l’obtention de ce sens de variation sont très générales Le sens de variation croisé n’est pas déterminé : l’effet volume peut s’opposer à l’effet de substitution. Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 33 / 54 Les effets d’échelle Élasticité de la demande de travail L = CW (W , R, Y ∗ ) (Sheppard) Donc ∂L∗ ∂W L ηW ∂Y ∗ = CWW + CWY ∂W W ∗ CWY Y = CWW + Y ηW L∗ L∗ L Y = η̄W + η̄YL ηW L est l’élasticité de la demande conditionnelle de travail. où η̄W Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 34 / 54 Les effets d’échelle On peut alors décomposer les effets d’une hausse du coût du travail sur la demande de travail en L un effet de substitution η̄W L Y un effet volume η̄Y ηW L’effet volume est toujours négatif et accentue l’effet de substitution (exercice). Remarques : La relation précédente vaut à environnement inchangé. S’il existe un choc sur les salaires sur plusieurs entreprises, elles sont toutes affectées, d’où un effet sur les prix identique si les biens sont substituables. La demande diminuera donc moins que si l’entreprise est seule à augmenter ses salaires. Y et η L sont les élasticités de la production et de la Formellement, ηW̄ W̄ demande de travail à un choc sur tous les salaires. On a L ηW̄ L Y = η̄W + η̄YL ηW̄ Attention aux études empiriques où un choc sur tous les salaires est souvent interprété comme un choc sur le seul salaire de l’entreprise. Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 35 / 54 Les effets d’échelle Élasticité croisée ηRL = η̄RL + η̄YL ηR̄Y Définition : ηRL > 0 : K et L sont substituts bruts ηRL < 0 : K et L sont compléments bruts Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 36 / 54 Les effets d’échelle Cas d’une fonction de production homogène η̄YL = 1 Y ∂L = L ∂Y θ On a également νC Yθ ln P(Y ) = ln ν − ln θ + ln C − ln Y P(Y ) = νCY = D’où 1 ∂Y Y ∂W Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) YP 0 YCY − +1 P C La demande de travail = CW C 24 mars 2006 37 / 54 Les effets d’échelle Après quelques calculs, on obtient l’élasticité de la production au salaire Y ηW = θ ηYP θs θν = s θ−ν +1 −1 Y <0 Rappel : la condition du premier ordre impose ν > θ donc ηW On en déduit l’élasticité de la demande non conditionnelle de travail au salaire L ηW Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) = −(1 − s)σ + La demande de travail νs θ−ν 24 mars 2006 38 / 54 Les effets d’échelle Pouvoir de marché Il n’intervient pas dans les effets de substitution, seulement dans les effets volume L’effet volume est d’autant plus fort que ν est faible. Une firme à faible pouvoir de marché transfert donc intégralement le choc sur le volume en cas de hausse du coût des facteurs. Si elle a un pouvoir de marché important, elle va manipuler ses prix pour limiter les pertes. L’élasticité de la production et de la demande de travail au coût diminuent donc avec le degré de monopole. Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 39 / 54 Les effets d’échelle Part du travail dans le coût de production Une entreprise avec s élevé utilise beaucoup de travail et peu de capital, la production et l’emploi sont plus sensibles à une hausse du coût du travail. L’élasticité de la demande non conditionnelle s’écrit : ν L ηW = −σ + s σ − ν−θ L ν décroı̂t avec s. Si σ > ν−θ , i-e, K et L sont substituts bruts, alors ηW L’effet de substitution domine l’effet volume. Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 40 / 54 Modèles de Demande : Du modèle théorique à l’estimation. Modèles de Demande : Du modèle théorique à l’estimation. But : Estimer les élasticités dans les modèles permettant d’analyser la demande de travail Nécessité d’avoir une forme estimable des demandes de facteurs, d’où le choix d’une fonction de production ou de coût. Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 41 / 54 Modèles de Demande : Du modèle théorique à l’estimation. Fonction de production Cobb-Douglas à deux facteurs Expression Y = AK θ(1−α) Lθα , 0 < α < 1, A > 0 Taux marginal de transformation : FL αK = FK (1 − α) L La minimisation du coût total de production implique FL W αK = = FK (1 − α) L R Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 42 / 54 Modèles de Demande : Du modèle théorique à l’estimation. L’élasticité de substitution σ entre K et L σ = s = ∂ ln K /L =1 ∂ ln W /R 1 WL 1 = = =α RK C 1 + 1−α 1 + WL α Donc, au final, η LW = −η LR = − (1 − α) Demandes conditionnelles et fonction de coût : 1 α R 1−α Y θ L = 1−αW A α 1 1−αW Y θ K = α R A α 1−α 1 W R Y θ C (W , R, Y ) = α 1−α A Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 43 / 54 Modèles de Demande : Du modèle théorique à l’estimation. Cobb-Douglas à plus de deux facteurs Expression n Y θαi X Y =A Xi , αi = 1 i=1 Demandes conditionnelles et fonction de coût : α j 1 n j Y θ W αi i Y X = Wi αj A j=1 1 n j αj Y θ W 1 n Y C W , ..., W , Y = αj A j=1 D’où, Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) η ii = − (1 − αi ) η ij = αj , j 6= i La demande de travail 24 mars 2006 44 / 54 Modèles de Demande : Du modèle théorique à l’estimation. La fonction C.E.S. “Constant Elasticity of Substitution” Expression h i σ σ−1 σ−1 σ−1 , σ > 0, αK > 0, αL > 0 Y = (aL L) σ + (aK K ) σ Taux marginal de transformation : 1 W FL aL (aL L)− σ = 1 = − FK R aK (aK K ) σ L’élasticité du substitution entre K et L est alors égale à σ. Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 45 / 54 Modèles de Demande : Du modèle théorique à l’estimation. Demandes conditionnelles et fonction de coût : σ −σ " 1−σ 1−σ #− σ−1 1 W W R aL L = + Yθ aL aL aK σ " −σ 1−σ 1−σ #− σ−1 1 W R R aK K = + Yθ aK aL aK 1 " 1−σ # σ−1 1 W 1−σ R C (W , R, Y ) = Yθ + aL aK Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 46 / 54 Modèles de Demande : Du modèle théorique à l’estimation. La fonction C.E.S. ”Constant Elasticity of Substitution” avec plus de deux facteurs n σθ σ−1 σ−1 P i ai X σ Y = A , σ > 0, ai > 0 i=1 Demandes conditionnelles ai X i = σ −σ X σ−1 − σ−1 n σ 1 Wj Wi Yθ ai aj j=1 1 σ−1 σ−1 n X σ 1 W j C (W1 , ..., Wn , Y ) = Yθ aj j=1 Élasticité de substitution partielle entre i et j σij = Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) CCij =σ Ci Cj La demande de travail 24 mars 2006 47 / 54 Modèles de Demande : Du modèle théorique à l’estimation. Fonction de coût Léontieff ∂C ∂W Utilisation du lemme de Sheppard L = Fonction de Léontieff C W 1 , ..., W n , Y 1 = Yθ n X n X √ aij W i W j i=1 j=1 n X i = 1X ∂C θ = Y aij ∂W i j=1 r Wj Wi D’où l’élasticité de substitution partielle √ i CCij aij W i W j W iX i i σj = = , i = 6 j, où s = Cij 2s i s j C Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 48 / 54 Modèles de Demande : Du modèle théorique à l’estimation. Fonction de coût translog Expression ln C = a0 + n X i=1 avec n P ai = 1, aij = aji , i=1 n n 1 XX 1 ai ln W + aij ln W i ln W j + ln Y 2 θ i i=1 j=1 n P aij = 0. j=1 La fonction de production sous-jacente est homogène de degré θ. Propriété : n X W iXi si = = ai + aij ln W j C j=1 Si ai > 0 et aij = 0, fonction de production de type Cobb-Douglas Élasticités de substitution : aij + s i s j σij = , i 6= j si sj Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 49 / 54 Principaux Résultats empiriques Principaux résultats empiriques La plupart des résultats obtiennent η L < 0 et η L < 1 W W Le travail non qualifié est plus facilement substituable au capital que le travail qualifié Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 50 / 54 Principaux Résultats empiriques La demande de travail agrégée Estimation la plus fréquemment effectuée : Élasticité conditionnelle de la L demande de travail η̄W L : quantité homogène, somme des heures travaillées au niveau de l’emploi W : coût du travail, Problème de définition et de mesure. Mesuré par la masse salariale divisée par les heures. Sa variabilité peut correspondre à des modifications de structure de la main d’œuvre (hétérogénéité des salariés selon l’ancienneté et la qualification) Modification de l’emploi à objectif de production donnée en tenant compte des effets de substitution Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 51 / 54 Principaux Résultats empiriques Résultats Dormont (1997), Données individuelles d’entreprises de l’industrie manufacturière, L η̄W ∈ ]−0, 8; −0, 5[ Legendre et Le Maı̂tre (1998), 800 entreprises industrielles entre 1981 L ≈ −0, 2 et 1987, η̄W Hamermesh (1993) Compilation de 70 études L η̄W ∈ ]0, 15; 0, 75[ L ≈ −0, 3 Consensus, η̄W Remarque : wL ' 0, 7 C Donc σ = 1 est une bonne approximation de l’élasticité de substitution, compatible avec une représentation Cobb-Douglas. L η̄W = − (1 − s) σ, s = Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 52 / 54 Principaux Résultats empiriques La prise en compte des effets de volume accroı̂t la valeur de l’élasticité, mais relativement peu de résultats. L ≈ −0.4 Données macro : ηW L ≈ −0.45 Dormont Pauchet (1997) ηW Effet volume modeste Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 53 / 54 Principaux Résultats empiriques Complémentarité et Substitution entre les facteurs de production Si le travail est un agrégat unique, il est p-substitut avec les autres facteurs de production agrégés. Remarque : ils ne sont pas substituts bruts (cf. choc pétrolier) Le travail non qualifié est plus facilement substituable au capital que le travail qualifié : Travail qualifié et capital seraient p-compléments Travail qualifié et non qualifié p-substituts Pierre Cahuc/Sébastien Roux (ENSAE) La demande de travail 24 mars 2006 54 / 54