Logement social : à Mimet, c`est Noël avant l`heure

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Logement social : à Mimet, c`est Noël avant l`heure
Pays d’Aix
Samedi 17 Décembre 2016
www.laprovence.com
Logement social: à Mimet,
c’est Noël avant l’heure
Le maire a signé hier avec le préfet de Région un contrat l’engageant à livrer plusieurs projets
G
eorges Cristiani (SE) était
de ces maires irréductibles face au logement social. Avec moins de 4 % sur le territoire communal et un dialogue
dans l’impasse avec les représentants de l’État voulant faire respecter la loi (25% de logement social), l’affaire semblait mal engagée. C’était sans compter sur les
miracles de Noël. "Un cadeau !",
reconnaissait rieur le préfet de
Région Stéphane Bouillon. Il signait hier avec le maire de Mimet un contrat de mixité sociale,
pacte d’objectifs assignés à la
commune, au côté d’Arlette Fructus, vice-présidente de la métropole Aix-Marseille Provence déléguée au logement. Ceci, dans un
T2 fraîchement livré à l’entrée
du vieux village, dont Céline, Mimétaine en quête depuis un bail
d’un toit financièrement accessible, vient de se voir remettre les
clefs.
EGUILLES,
L’IRRÉDUCTIBLE
Sur 42 communes carencées du département, 35
ont signé un contrat de
mixité sociale. C’est le cas
pour la plupart des villes
du pays d’Aix dans ce cas
de figure. Toutes, sauf une
dont le maire refuse toute
négociation : Eguilles. Frappé par l’arrêté préfectoral
transférant à l’État un droit
de préemption pour
construire en lieu et place
du maire, Robert Dagorne
avait alors réagi : "Nous
sommes en Corée du Nord".
Le village manque de 704 logements sociaux et a dû
s’acquitter de 276 000 ¤
d’amende en 2015.
"La commission décidera
du montant de la majoration qui peut être multipliée par cinq, indique le
préfet. Le maire devra répondre auprès de ses administrés de cet impôt supplémentaire, mais aussi de la
perte de la valeur des habitations dans sa commune" :
ceux qui désirent vendre
dans les parcelles ciblées
par l’arrêté n’ont d’autre
alternative que de geler
leur bien ou le céder à
l’État à un prix qui n’est
plus celui du marché.
Des objectifs
revus à la baisse
Mimet et la loi SRU, Georges
Cristiani et les préfets successifs,
c’était pourtant un feuilleton. Le
village a vu sa démographie passer un cap la propulsant, avec
3 600 habitants, à cette contrainte. Le maire a argué des 90 logements anciennement propriété
des Houillères de Provence rachetés par les anciens mineurs.
Il a plaidé la configuration du village tout en collines et pitons rocheux comme inadapté à recevoir les 367 logements manquants fixés arithmétiquement
par la loi. "Irréalisable" résumait
hier Georges Cristiani. Un peu
"rude" reconnaissait le préfet, eu
égard aux zones inondables, frappées de risques d’incendie ou
d’éboulements.
L’objectif a considérablement
été revu à la baisse. D’abord, en
février, le préfet avait pris des arrêtés face aux maires les plus récalcitrants en ciblant sur leurs
communes des zones à construire et pour lesquelles l’État peut
exercer son droit de préemption.
À Mimet, il avait identifié une
709249
Georges Cristiani explique au
préfet et à Arlette Fructus
l’histoire de cette maison de
village que la commune a
achetée 144 000¤ pour la
céder à l’euro symbolique à
Promologis ; le bailleur
social l’a transformée en
deux T2. En rez-de-chaussée
ont été aménagées deux
niches accueillant un vieux
lavoir et une réplique de la
crèche de l’église.
/ PHOTOS CYRILL SOLLIER
parcelle de deux hectares aux
Chênes, entre le super Gassin et
le Panorama. 73 logements pourraient sortir de terre.
La mairie a aussi un projet de
six logements à la Diote, qui renforce six autres logements récemment livrés dans le vieux village,
acquis par la commune et réhabilités avec différents partenaires.
Enfin et surtout - encore la magie de Noël -, le centre Paul-Cezanne projette de construire 45
logements à vocation sociale.
CHEZ
LM GERARD
STOP AFFAIRE
PRIX NOËL !
Pour autant, toute la population n’adhère pas aux projets. Et la
façade du dernier logement livré a été taggée.
Cet établissement médico-social, surtout connu pour son centre de rééducation, mais qui
compte plusieurs unités, a besoin de s’étendre et son président, Jean-Louis Maurizi, précise : "Nous avons déjà une maison
de retraite attenante avec une
quinzaine de lits en aide sociale.
Nous projetons de construire des
appartements-résidence pour personnes âgées non dépendantes
mais aussi pour nos salariés dans
une perspective de mixité inter-générationnelle : sur
200 d’entre eux, une douzaine éli-
gible au logement social ne parvient pas à se loger dans les environs".
Georges Cristiani est soulagé :
depuis 2005, la commune s’est
délestée d’un million d’¤
d’amendes pour carence. Il espère qu’avec ce contrat, il fera
l’économie d’un nouveau chèque de 168 000¤. "On réduira le
montant de l’amende, certes",
avance le préfet. Autrement dit,
on appliquera la loi, mais on ne
majorera pas. C’est Noël, mais
faut pas pousser non plus...
Carole BARLETTA
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