Lycée Marcellin Berthelot [PDF - 269 Ko ]

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Note de synthèse
Notre Amérique à Nous
Lycée Berthelot 1.
Le choix de s’engager ou de réfléchir sur l’engagement Nous avons décidé de nous engager plutôt que de simplement réfléchir sur l’engagement. Nous pensons que c’est plus utile et que s’engager concrètement nous donnera d’avantage de matière pour notre réflexion. Spontanément nous nous sommes dirigés vers de l’humanitaire. Précisément, nous avons choisi de dénoncer l’inégalité qui est présente dans les territoires ultra­marins comme en Guyane. 2.
Le domaine choisi (pourquoi la Guyane et pourquoi spécialement les amérindiens) La Guyane est un territoire français (DROM) oublié où vivent plusieurs communautés. Nous nous intéresserons plus précisément au peuple autochtone de ce pays. Nous avons choisi ce thème car nous sommes en lien direct avec ”Chercheur d’Autres”. Une association qui s’occupe de médiations culturelles et artistiques en mettant en lien différents territoires (Sénégal, Guyane française, Midi­Pyrénées). Cette cause nous semble importante à défendre: une forte injustice et plusieurs disparités existent au niveau économique et social. Les régions de la Guyane et Midi­Pyrenées sont connectées par d’autres liens, en effet, les fusées sont conçues à Toulouse (par le CNES), et sont lancées depuis la Guyane (Kourou). Nos cultures respectives sont très différentes, au niveau de la religion, la gastronomie, la langue, les coutumes traditionnelles. Il en est de même pour leur formation, ils arrêtent l'école tôt, cela est dû à leur parcours de vie, et même si ils arrivent à les finir, on ne leur donne pas les mêmes opportunités que les métropolitains. Plus tard sur le marché du travail, les problèmes persistent car on compte 80% de chômeurs dans les villages amérindiens du Haut­Maroni, commune de Maripasoula, un chiffre aberrant à nos yeux. Les amérindiens ont un décalage inter­générationel beaucoup plus important qu’en France, les jeunes veulent adopter le style de vie occidental ,accéder aux nouvelles technologies etc.. Les plus âgés, eux, souhaitent garder leur culture et leurs rites ancrés dans leur peuple depuis des décennies. Un sujet social très sensible à mettre en valeur: dans une communauté amérindienne, le taux de suicide est onze à vingt fois supérieur à celui en métropole et dans un autre village les deux tiers des moins de 25 ans boivent chaque jour plus de 75cL de bière. Au final, tout ces points soulevés précédemment, sont pour la plupart méconnu en métropole. C’est donc pour toutes ces raisons que notre choix s’est porté sur la Guyane. 3.
Le mode d’engagement (plaidoyer spectacle) Nous avons choisi de proposer de plaidoyer sous forme de spectacle pour dénoncer ce problème qui nous concerne indirectement. A l’aide de différents domaines artistiques tels que le chant, la danse, le théâtre, nous permettrons de présenter cette cause et ses enjeux.A l’origine, nous voulions plutôt apporter une aide humanitaire “traditionnelle” (envoyer des livres, des médicaments, des fonds). Mais les tuteurs de l’IEP, qui ont une expérience de l’humanitaire, et les membres de l’association Chercheurs d’Autres nous ont alerté sur les limites de cette démarche. On remarque en effet que les actions humanitaires traditionnelles n’apportent pas toujours d’effets à long terme si elles sont “parachutées”. Elles ont aussi l’inconvénient de placer ceux que l’on aide en position d’assistés. C’est pourquoi nous avons choisi la démarche du plaidoyer. Le plaidoyer à l’avantage de relayer des revendications qui viennent des amérindiens eux­mêmes. C’est une sorte de caisse de résonance. ce qui nous a inspiré, c’est l’exemple du plaidoyer d’Emma Watson (Hermione Granger dans Harry Potter) à l’ONU en faveur des droits des femmes. Pour développer ces différentes problématiques, nous avons choisis trois axes qui guideront notre spectacle. 4.
Détail des 3 axes a­ Les besoins fondamentaux Il existe plusieurs besoins humains fondamentaux: le bien­être matériel (nourriture, eau potable, logement, habillement), la santé et la longévité, la sécurité. Or ces besoins humains fondamentaux des amérindiens sont mal satisfaits. Comme l’écrivent les auteurs du livre Les Abandonnées de la République, ​leurs conditions de vie sont déplorables. Dans certains villages il existe des pompes qui alimentent des bornes collectives, mais pas de système de distribution d’eau si bien que l’accès à l’eau potable est possible mais peu commode. Dans la plupart des villages il n y a pas d’eau potable du tout, ce qui contraint les habitants a boire l’eau du fleuve qui est polluée au mercure. Ces Amérindiens vivent de la pêche, or, l’eau du fleuve étant polluée, les poissons le sont aussi. Le mercure entre dans la chaîne alimentaire et menace la santé des habitants. Pour se procurer la nourriture non polluée, les habitants des villages doivent effectuer plus de deux cents kilomètres en pirogue, ce qui est long et ruineux. Un autre point à mettre en avant: l’accès à l’électricité reste compliqué, ce qui pose des problèmes pour utiliser le matériel électroménager. Par conséquent il y a une mauvaise conservation des produits frais qui engendre des maladies. On l’aura compris, un des problèmes majeurs qui affecte les conditions de vie des amérindiens est la pollution de leur environnement. Cette pollution au mercure, qui engendre maladies et malformations, est due à l’orpaillage (la recherche d’or dans les rivières). De nombreux immigrés brésiliens pratiquent un orpaillage illégal en Guyane, et polluent les fleuves. Ces groupes d’orpailleurs sont armés, et contrôlent leur territoire par la force. La sécurité des amériendien n’est pas assurée par l’Etat français. Ils vivent dans un territoire de non­droit. Enfin, ils n’ont pas accès aux mêmes services que les français de la métropole. Il n’y a pas de maternités, pas de bibliothèques, pas d'électricité, pas de couverture réseau. Les services collectifs qui sont rendus à la population de la métropole sont absent des villages amérindiens. b­ Langage (école, langue maternelle, français) Le français est la langue officielle mais il y a beaucoup de dialectes locaux (tels l’arawak, le palikur, les langues boni etc.). Ainsi la langue la plus répandue est le créole guyanais, mélange de différentes langues dont le français, l’anglais et des langues africaines. Le créole guyanais est né durant la période de l’esclavage : c’était un moyen de communiquer entre les esclaves et leurs maîtres. ​Cela crée néanmoins des relations difficiles entre les langues maternelles des enfants et l’école. La langue française essaye de s’imposer même dans les territoires les plus reculés de la Guyane, et cela passe par l’école. ​Les instituteurs ne parlent pas tous le dialecte local, ils viennent parfois de loin, même de métropole, ce qui rend difficile la communication entre l’institution et les familles. Les langues sont reconnues comme langues régionales lorsqu’elles ne sont pas langues officielles d’un autre pays. Ainsi, le créole guyanais est reconnu comme langue régionale, ce qui permet de l’étudier à l’école. En outre, le français s’impose dans la culture au détriment des dialectes qui ne sont parlés parfois que par quelques centaines d’individus. On les trouve très peu dans les productions culturelles (les livres entre autre), ce qui contribue à faire disparaître toute une culture qui se transmet par oral, tout un univers (des légendes, chansons, entre autre) porté par la langue. Défendre la culture amérindienne passe donc aussi par la défense de leurs langues maternelles. Un auteur a récemment fait un livre bilingue, franaçs­arawak. Il faudrait multiplier ce genre d’initiatives, pour permettre aux dialectes de vivre, d’être appris et de diffuser leur histoire. Si l’Etat français reconnaissait des langues maternelles très minoritaires comme langues régionales (l’arawak, le palikur...), cela permettrait de les intégrer au cursus scolaire et donc d’éviter leur disparition. Cela permettrait aussi de valoriser ceux qui la parlent. c ­ Transmission et rapport entre générations Dû à un “conflit” de générations, les jeunes et les anciens pensent et raisonnent différemment. Ils n’ont plus les mêmes priorités. La transmission des savoir faire manuels en terme de pratique et d’art n’est donc plus totalement assurée. La connaissance de la nature et d’anciennes coutumes se perdent elles aussi. Il y a donc un risque majeur sur la transmission de la culture amérindienne. Néanmoins, il y a des forts liens familiaux, un fort attachement à la famille. Les jeunes, partant travailler et étudier en ville ne restent donc pas dans leur village d’origine, mais pourtant ils y retournent le week­end et dès qu’ils le peuvent afin de retrouver leur sphère familiale où ils se sentent mieux. Même si ils quittent leurs village ils ont toujours un lien avec leur famille car ils leurs transmettent une part de leurs revenus pour les aider financièrement. Les transmissions sont très compliquées du fait de la localisation des enfants, de l’affaiblissement des activités communes, qui était le contexte de la socialisation familiale, et de la faiblesse des moyens de communication. Les enfants sont comme déracinés, leurs modes de vie diffèrent de ceux de leur village. Puisque les enfants sont pris entre Cayenne (et les attraits de la modernité), là où ils font leurs études, et leur famille à qui ils sont tout de même fortement attachés, un fossé se creuse entre les générations. Pour certains, cette identité contradictoire provoque des dépressions, voir même des suicides comme dit précédemment. 5 ­ Les propositions défendues Nous nous engageons pour que les amérindiens soient suffisamment mobilisés et entendus pour obtenir: ●
la restauration de l’Etat de droit et de la sécurité ●
la protection de leur environnement ●
l’accès aux services publics identiques à ceux de la métropole ●
la défense de leur langue et de leur culture Elèves du lycée Marcelin Berthelot (Toulouse) : Inès ACHOUR Jade KONONGO Ines ARADJ Jihad GRITA Mathilde LE RAY OREGGIA Chloé DOS SANTOS Maëva ESCOUDE Maéva NGBANDA HOTTO Tamara CLUZEL Anais AURIA