Miguel del Valle Inclan Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia

Transcription

Miguel del Valle Inclan Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia
Miguel
del
Valle
Inclan
MuseoNacional Centrode Arte ReinaSofia, Madrid
LA
CENTRE
DU
MUSÉE
bibliothèques
CE
N'EST un secretpour personne que le système des
est
en Espagne
encore très faible et souffre d'un
retardconsidérable.Formulé ainsi,
cela ne devraitpas nouspréoccuper
excessivementce
: n'est pasle seul
domaineoù nousavonsun retarddû
à desconditionshistoriqueset économiquesbien connues.Le problème
est que notre modestesystèmede
bibliothèquesesten retardy compris
par rapportà notreniveaude richesse
et à la demandeet au niveaude lecturedescitoyens.
Cette situationn'est ni nouvelle,ni
réservéeà une orientationpolitique
précise.Je dirais qu'il s'agit de l'un
destraits qui définissentla vie culturelle espagnolede ce siècle, si on
laisse de côté quelques initiatives
fauchéespar la guerrecivile. Et il
faut dire clairementque cettecaractéristiqueest seulementle fait du XXe
siècleet non desprécédents.
Miguel
delVALLE-INCLAN
de
estdirecteur
laBibliothèque
Centre
dedocumentation
du
Musée
National
Centre
d'ArtReina
Sofiade
Madrid.
Traduction
deDenis
GASQUEZ.
BIBLIOTHÈQUE
DE
DOCUMENTATION
NATIONAL
REINA
Sur cettetoile de fond il ne faut pas
espérerà moyentermedeschangequi plamentsimportants,structurels,
ceraientles bibliothèquesespagnoles
à un niveau comparable à celui
d'autresservicespublicsde l'Etat.
Nous attendonsdes améliorations
ponctuellesdanscertainssecteursou
certaineszones(et de fait il y en a),
mais,malgréla multitudedediagnostics et de plansélaboréspar l'administration,nousne devonspasespérer
l'adoptiondemesures
dechoc.
SOFIA
développement futur : nous nous
appelons Bibliothèque Centre de
documentation,nous nous spécialisonsdansl'art du XXesiècleet nous
sommesouverts à toute personne
pénétrant
dansle Musée.
La vieille polémiqueentredocumentationet bibliothéconomie
està l'originede notrenom. Personnellement,
je croisquela distinctionentrecentre
de documentation et bibliothèque
spécialiséeest plus scolastiqueque
réelle et tient plus à une question
d'image qu'à des différencestechDes moyens importants
niques. De ce point de vue la
BibliothèqueCentrede documentaL'une de ces améliorations ponc- tion (BCD pouraller plus vite) ne se
tuelles est, à mon avis, la Bibliodédouble pas en deux organismes
thèqueCentrede documentationdu
pour chacun des aspects :simpleMuséenationalReineSophie.Je ne mentelle nedistinguepascestâches
parlepas du travail que nousavons ni nerenonceà lesréaliser.
pu faire ni de sa qualité,discutable ; La décisionde l'ouvrir à tout public
je parle seulementde la disposition est due à l'absence à Madrid de
administrative au moment de
bibliothèquesspécialisées
dans l'art
construireet de doterce Centre,dela
du XXesiècleet, surtout,à l'énorme
générositédesespaces,desinstalla- difficulté de préciser, aujourd'hui,
tionset desbudgetsqui sontbienau- qui est chercheurou spécialiste.Il
dessusdela moyenneespagnole.
sembleincongrudemettreà la dispoAu moment de créer cette bibliosition du plus largepublic lesexpéthèque,troisdécisionsont étéprises, riences d'avant-garde de l'art
qui dessinerontune bonnepartie du contemporainet, d'autrepart,de fer-
tionnelles :l'accumulationde documentsutileset l'exploitationet la diffusiondesfonds.
Mais ces réponsesne sont que des
voeuxpieuxet en tant quetels ils ont
peu de précision et peu d'utilité
quand ils émanent des rapports
annuelsde l'organismeet que nous
de lesconvertiren budgets,
essayons
techniques
de travail, tâchespar personne,etc. On peut supposerqu'ils
serontaussi inaccessiblesdans les
annéesà venir qu'ils l'ont été, pour
des raisons différentes, dans les
annéespassées.
Quel peut être le cadredans lequel
agira cette Bibliothèque Centre de
documentationdans les prochaines
Les services du XXIe siècle
espérerplus
années ?Pouvons-nous
de personnel,une meilleurequalifiIl nous reste, en revanche,à nous cation,unbudgetplusimportant ?
Les précisionssur le futur sonttoufixer des objectfs plus précis, plus
maisen sebasant
ambitieuxet sûrementplus difficiles jours compliquées,
à définir : où devrons-nousêtre au sur l'expérienceaccumuléejusqu'à
débutdu XXIe siècle ?Quelsservices aujourd'hui, on peut s'attendre au
voulons-nousoffrir et lesquelsva-ttableausuivant :
du
on exiger de nous ?Quelsmoyens - il n'y aurapas d'augmentation
dépenser
lesquels
personnel
mais
des
dimiet
permanent,
pouvons-nous
économiser ?
nutionssensiblesdu personneltempouvons-nous
poraire ;
bud- il n'y aurapasd'augmentation
gétaired'aucunesorteet il faut espérer le maintiendesniveaux actuels,
pour la simpleraisonqu'ils ne représententqu'unepetitefractiondu budget général de fonctionnementdu
Musée ;
du Travailpour l'accèsà un premier Desréponses
plusou moinsfacilesà
- il est possible,et souhaitable,que
questions
existent
sûreemploi.
toutes ces
nousnous intégrionsdansun réseau
Sans doute ces caractéristiques
ment si nous savonsnous appuyer coopératifqui économisedesefforts
decatalogage ;
alliéesà la générositébudgétaireont
surl'expérienceaccumulée.
créé une bibliothèqueparticulière, D'une part, nous devonsnous lier
- l'utilisation de l'informatique notablepar ses installations,intéres- davantageà l'activité du Muséeen seul domaineoù lesprix baissent facilitant lesdeux grandestâchesqui
sante par le nombre de lecteurs
sera obligatoirement plus grande
dotée sont les siennes aujourd'hui : la
qu'aujourd'huiet seulslesprojetsqui
qu'elle reçoit, généreusement
impliquentun usagemassifet précis
financièrementpour lesacquisitions documentation
et l'informationsuret
fonctionnant
rotation
de
les
collections
;
la
documentade l'informatiqueaurontune chance
et
avecune
pour
d'obtenirun financement ;
personneltrèsélevée.
tion et l'information sur et pour le
d'expositions.
Actuellementla bibliothèquemetà la
programme
- l'utilisateur« à distance», qui ne
à la bibliodispositiondu public,en libre accès, D'autre part, nous devonsaccroître viendrapasphysiquement
de
la
thèque,
poids
relatif
plus
plus
de
40
000
volumes,
plus
présence
dans
le
monde
notre
aura
un
un peu
grandqu'aujourd'hui.
de 500 vidéos,prèsde 140 abonne- recherche
et notreutilité pourlesprofessionnels
du mondedel'art, en suiSi on examine attentivement les
mentsà desrevues,une modestecoldeux
voies
absolument
tradiobjectifs
lectionde 7 000 diapositives,13600
vant
que nous poursuivonset le
dossiersde documentséphémères
contextedans lequel nous espérons
et
vivre, on observeque danslesobjecde coupuresde journaux, un petit
tifs prédominele mot « plus » et dans
dépouillementde revuesspécialisées
périodiques
(5
600
entrées)
le
de
et
contextele mot « moins ».
et
1.CD-ROMCompact
:
DiseRead
Ouly
d'autre mots, notre programme
phonothèque
3
500
En
comprenant
une
Memory.
mer jalousementl'accès à l'unique
centrepublic qui a commefonction
de rassemblerla bibliographie. La
craintejustifiée que la BCD seremplissed'étudiantsqui cherchentsimplementun lieu silencieuxavectable,
chaiseet chauffagepourpréparerles
examens dans n'importe quelle
matièrea été compenséepar l'interdiction de l'entrée avec livres ou
notes,seulementautorisésquandle
lecteurdéclarefaireunerecherche.
De cette façon, bien que ce Centre
soit très spécialisé,on ne demande
aucunpapierd'identitépourpouvoir
l'utiliser,saufpourla communication
desdocumentsconsidérés
fragilesou
précieux.
La troisième caractéristiquede ce
Centre, imposée par les circonstanceséconomiques,est la proportion très élevéede personneltemporaire qui a participé de façon
décisiveà sacréation.
De fait, plus de 90 % desheuresde
travail investiesde 1986à 1992ont
été effectuéespar un personnelsur
contratsà duréedéterminéerecruté
du Ministère
grâceaux programmes
enregistrementssonores.Tous les
documentssontinclus dansle catalogueautomatisé.
Actuellementla moyenneest de 140
lecteursparjour, qui disposentde 96
places,12 postesde vidéo, 7 postes
audio,2 photocopieuses
à pièces,5
terminaux et quelques CD-ROM'
offrant l'accèsà différentesbasesde
données.
On peut affirmer à la fin de cette
année1992que le premierproblème
que posait la BCD du Musée
NationalCentrode Arte ReinaSofia
sa simpleexistenceet utilité _ est
_
fondamentalementrésolu, malgré
habituelles.
touteslesdéfaillances
pour l'an 2 000,
c'est : comment
améliorerles serviceset augmenter le nombre
d'utilisateurs en
diminuant les
coûts de personnel, de traitement
des documents,
les coûtsd'acquisition et de
conservationdes
publications ?
Je ne crois pas
que ce soit un
programmeexcitant pour quiconque, mais je
ne crois pas non
plus que ce soit
un programme
inconnude qui que ce soit ces derniers temps. En fait, l'idée de la
réductionbudgétaire
constante
a pesé
surla planificationdu Centredèsses
plus tendres débuts. Dans quels
aspectstechniquesde notre travail
peut-onvoir clairementce nouveau
mythedel'« éternelleréduction » ?
En premierlieu, dansnoscritèresde
catalogage
et de classification.
Depuisle débutnoussuivonsdescritèresstrictesde descriptionbibliographiquenousalignantsurle niveaude
base des ISBD2 : nos descriptions
sont plus proches des catalogues
ISBN3que de notre Bibliographie
nationale.D'évidentesraisonsd'économienousy ont conduit -et nousy
conduisent toujours -, devant
l'impossibilitédeformerlepersonnel
temporairedansson premieremploi
aussiparfaitementqu'un catalogueur
du style dela Bibliographienationale
et surtoutpourfaire faceaux simples
donnéesderendementplus
: lanotice
catalographiqueest brève,plus on
catalogue d'oeuvres. Une notice
moyennede notre cataloguea 200
caractères,
une noticemoyennede la
Bibliographie nationale 500. Et il
2.ISBDInternational
:
Standard
Book
Description.
3.ISBNInternational
:
Standard
Book
Number.
quand on les
connaît.
Le reste des
vedette s
matières,un peu
moins de 15%
du total, attend
une main soigneusepour les
nettoyer et les
faire briller.
Je ne crois pas
qu'on puisse
améliorer substantiellement
aucun de ces
domaines dans
les annéesprochaines, sauf si
nous nous intégrons dans un
réseaucoopéraresteà prouverque tant deprouesses tif. Dansle casoù nousarriverionsà
techniquesaient un sensquelconque faire partie d'un réseau ou d'une
horsde la gigantesque
richessede la
associationsemblable,de caractère
Library of Congress.
nationalou international,nous penNos systèmesde classificationsont
sonsquel'effort que nousconsacrons
seulementlégèrement
plus complets. aujourd'hui à ces deux tâchessera
Etant donnéque 99 % de nosfonds sensiblementmoindre et nous personten libre accès,nousavonslimité
mettrad'améliorer,sansaugmenter
ni leseffectifsni le budget,cesdeux
sciemmentlescotesthématiques
à un
nombre réduit, convaincusque les
aspects.Dans aucunautrecas je ne
longuesnumérotationsde la CDU'
voisd'améliorationpossible.
les
des
livres
seuledos
servent
sur
Nouvelles
technologies
mentà lescacheraulecteur.
Nosvedettesmatièressontpluscom- et éternelle
réduction
plètes et dans nombrede cas occupent autantd'espaceque la descrip- Le deuxième
aspectdenotretravailoù
tion bibliographique.Elles sontpar
visiblela crainteperestparfaitement
contretrès rudimentaires
encore.Les manentede l'« éternelleréduction»
vedettesmatièresles mieux contrô- est l'utilisationdesnouvellestechnoléessontles noms desartistes,pour logies,informatique
inclue.
deuxraisons :c'est la plus fréquente Non seulement, nous utilisons
desquestionsqu'onnouspose ;c'est l'informatique depuis le début,
la plus simpleà résoudre la
; plupart convaincus que cela supposedes
desquestionsposéesà un centrespé- économiesréellesen personnel,mais
cialisé dans l'art du XXe siècle se nous utilisons seulementl'informaréduisent,à n'en pasdouter,tôt ou
tique et les nouvellestechnologies
tard à une série de noms d'artistes dans la mesureoù nous supposons
commeélémentsminimum d'inforqu'elles peuvent faire économiser
mation.
tempset personnel.
Pour cette raisonnous avonsdéve- Il faudrait citer deux exemples :la
loppéune modesteliste d'autoritéde productiond'un vidéodisqued'après
plus de 12000 artistesavecdatesde notrecollection d'imagesfixes et le
naissanceet de mort, et nationalité développementd'un modesteprogramme de numérisationd'images
en noir et blanc(en cours).Dansles
deux cas, assez éloigné dans le
4.CDU Classification
:
décimale
universelle. temps, nous nous fixâmes comme
nous avonschoisie
il y a quelques
années
après
l'expérience de
quelquesmusées
et
bibliothèques, a
supportéavecsuccès et sans défaillances deux
longuesannéesde
consultation libre
par lepublic.
Les rares fois où
nous noussommes
vus obligésd'accéder manuellement
aux supportsoriginaux nous ont
confirmé qu'un tel
serviceest impensable en ayant
recours
aux
méthodestraditionnelles s'il existe
objectifde mettreà la dispositiondes unedemanderaisonnable.
utilisateursdes documentsfragiles, Nousavons,par contre,plus d'espoir
difficilementsusceptibles
de survivre dansla numérisationdesimages.En
premierlieu parceque les coûtsont
en libre accèset d'un coût élevéen
personnellors de leur consultation baisséd'une façon spectaculaire
ces
derniers temps. En deuxièmelieu
parle public.
Il s'agit, dansle cas du vidéodisque parcequ'elle permetune souplesse
d'imagesfixes, surtout de diaposi- qu'on ne peut pas obtenir avec le
tives et, dansle cas de la numérisa- vidéodisque.
tion, d'un grand nombre de docuLe programme
de travail prévoitque
ments éphémères ( coupures de
commençions
nous
par les docupresse,invitations,petitesplaquettes, mentsqui peuventêtrenumérisés
en
etc.) héritésde l'ancien Muséeespa- noir et blancsansgammesde gris ;
gnold'art contemporain.
nouscontinuerons
par les documents
La technologiedu vidéodisque,que
qui exigentdes gammesde gris ou
une palette réduite de couleurs.
L'objectif est de promouvoir la
consultationd'une énormequantité
de documentsde valeurtrès diverse,
en réduisantl'espacede stockageet
en diminuant le coût en personnel
qu'implique sa consultation et sa
conservation.
Mais nous espéronsaussi vérifier
dans la pratiquela viabilité économique et techniquede l'emploi de
l'imagenumériséecommemoyende
stockageet de miseà dispositiondu
public,compétitifaveclesautressystèmestraditionnels, au moins pour
les documents dont la lisibilité
n'exigepasunehautedéfinition.
Les autres pas que nous espérons
faire avant 1993sontd'accroîtreles
usagers« à distance» etla qualitéde
nosservices.Deux passontprévus :
éditerun CD-ROM offrant les cataloguesdenotrebibliothèqueet distribuer nos catalogues informatisés
grâceà l'ordinateurdu ministèrede
la Culture,permettantsaconsultation
télématiqueet sa distribution grâce
au vidétext(selonune formule semblableauMinitel). Cesdeux propositions n'impliquent aucunedépense
budgétaire de notre part. Le CDROM sera édité par une entreprise
spécialisée
espagnole
(Micronet),qui
assumelescoûtsde fabricationet de
commercialisation,
laissantau Musée
le rôle d'auteurqui perçoitdesroyaltiespourchaqueexemplairevendu.
Septembre
1992

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