D`après le roman de Jim THOMPSON Avec Fabrice Gaillard et des
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D`après le roman de Jim THOMPSON Avec Fabrice Gaillard et des
D’après le roman de Jim THOMPSON Editions Gallimard / Série Noire - Traduction M Duhamel Avec Fabrice Gaillard et des comédiens amateurs Adaptation et mise en espace : Béatrice Courtois Musique originale : William Schotte Collaboration artistique : Fabrice Gaillard Le Souffleur de Verre - 63800 Cournon d'Auvergne Tel : 04 73 69 85 16 / www.souffleurdeverre.fr Compagnie en résidence-association triennale avec la Ville de Cournon d’Auvergne, conventionnée par la DRAC Auvergne et le Conseil Régional d'Auvergne. Direction artistique : Cédric Veschambre. « JE M’APPELLE NICK COREY » "Je m'appelle Nick Corey. Je suis le shérif d'un patelin habité par des soûlards, des fornicateurs, des incestueux, des feignasses, et des salopiaux de tout poil. Mon épouse me hait, ma maîtresse m'épuise et la seule femme que j'aime me snobe. Enfin, j'ai une vague idée que tous les coups de pied qui se distribuent dans ce bas monde, c'est mon cul qui les reçoit. Eh bien, les gars, ça va cesser. Je ne sais pas comment, mais cet enfer va cesser." Quatrième de couverture Le roman se passe à Pottsville, bourgade de 1280 habitants, située dans le canton de Potts, quaranteseptième et dernier canton de l’état. Nick Corey y exerce la fonction de shérif, en ayant pour principe qu’il vaut mieux tourner le dos aux ennuis… Mais dans son entourage, ses ennuis s’accumulent, deux souteneurs lui mènent la vie dure, et la campagne électorale se rapprochant, il décide d’aller demander conseil à Ken Lacey, le shérif d’un plus grand canton. Et Nick va trouver comment résoudre ses problèmes… à sa manière. LA PROPOSITION Avec la participation de Fabrice Gaillard qui prendra en charge le personnage de Nick Corey dans la narration uniquement, je propose de travailler avec un groupe de comédiens amateurs autour de l’univers de Jim Thompson avec le polar Pop.1280. L’objectif est de réaliser en dix jours maximum, une partition n’excédant pas une heure autour de l’adaptation du polar. L’adaptation serait envoyée en amont aux comédiens amateurs qui souhaitent participer à ce projet et après une courte rencontre, de proposer une distribution afin que chacun puisse apprendre son texte avant la semaine de création. Jim Thompson n'est pas un auteur drôle. Habituellement, ce qu'il écrit est nettement couleur d'encre. Cette fois, il a choisi le noir absolu, couleur de néant. C'est proprement insupportable, inacceptable, presque. Mais le paquet est si habilement présenté ... Suivant l'angle où l'on se place, l'ouvrage est ou bien une apologie de l'abomination, ou bien un réquisitoire contre toutes les vacheries du monde. J'ai lu et relu le bouquin, révisé ma traduction, réfléchi et réfléchi encore, pour finalement décider que, pareil en cela à n'importe quel autre minable échantillon de l'espèce humaine, « j'savais foutre point c'qu'i' fallait en penser ». Sinon, peut-être, que le pouvoir rend fou, même à Ploucville. M. Duhamel « Quand le seul choix qui vous reste, c’est d’être un type bien mais mort, ou un salaud bien vivant, vous êtes prêts à faire des heures supplémentaires pour devenir une parfaite ordure » Nuit de fureur J. Thompson L’AUTEUR Ecrivain américain né le 27 septembre 1906 à Anadarko, Oklahoma et mort le 7 avril 1977 à Los Angeles, Californie, il a écrit des romans noirs, des nouvelles et des scénarios pour le cinéma. Jim Thompson a écrit plus de trente romans la plupart entre la fin des années 1940 et la moitié des années 1950, sa période faste. Peu reconnu pendant sa vie, la notoriété de Thompson s’est accrue dans les années 1980 avec la réédition de ses livres et l’adaptation de certains au cinéma. Son roman Des cliques et des cloaques a été adapté au cinéma sous le titre de série noire avec P. Dewaere, et Pop.1280 a été adapté par B.Tavernier sous le titre Coup de Torchon. Sa propre vie est presque aussi colorée que ses œuvres de fiction. Il écrira d’ailleurs son autobiographie dans un roman intitulé « Vaurien » Beaucoup de ses romans sont en partie autobiographiques. Le père de Jim Thompson était un sherif en Oklahoma. Il travaille comme groom dans un hôtel de Fort Worth pendant la prohibition. Il fournissait aux clients de l’hôtel de l’alcool et même de l’héroïne ou de la marijuana. Pendant plusieurs années, Thompson écrit pour de nombreux magazines à scandales. En 1955 il est appelé par Stanley Kubrick pour écrire le scénario de Paths of Glory (Les sentiers de la gloire). Thompson va rester le reste de sa vie en Californie. Il meurt à l’âge de 71 ans après une série d’attaques cardiaques, sa santé fragile étant aggravée par son alcoolisme chronique. Auparavant, tout ce que je voyais me paraissait noir ou blanc, bon ou mauvais. Mais là, j’ai appris que le nom que l’on attribue à une chose dépend de l’endroit où on est placé et de celui où la chose elle-même se trouve. Une mauvaise herbe est une herbe qui n’est pas à sa place. Je trouve un coquelicot dans un champ de blé, c’est une mauvaise herbe. Je trouve un coquelicot dans mon jardin, c’est une fleur. Le démon de ma peau. Jim Thompson C’est par cette définition que je souhaite aborder le travail autour de Pop. 1280. Il ne s’agit pas de raconter la noirceur et le cynisme du personnage de Nick Corey comme l’exemple du mal, ni de porter de jugement sur ses actes. Mon objectif est de créer le suspens sur scène, comme il existe dans le livre. Lorsque nous lisons un polar, nous sommes comme suspendus, en haleine, attendant avec appréhension et excitation le déroulement de l’intrigue. C’est rarement le cas sur une scène, d’autres codes sont mis en place, il y a une distance que l’on accepte, on joue peu sur la notion de suspens. Or, je voudrais tester cette notion, expérimenter diverses pistes sur lesquelles il me semble intéressant de s’attarder afin de retrouver la sensation physique qu’a le lecteur lorsqu’il est plongé dans son polar ; comment redonner l’atmosphère que décrit Jim Thompson. Avec le travail élaboré par le musicien William Schotte, nous sommes partis sur l’atmosphère des westerns spaghettis pour dessiner la musique, l’idée est de n’avoir qu’une seule et unique mélodie, comme un thème, qui vient ponctuer les actes des personnages et non pas illustrer la situation, elle a valeur de tension, elle appuie un regard, un mouvement, un déplacement, elle peut se distordre, se ralentir, être très rapide au contraire, avoir des couleurs très différentes selon l’instrument (violoncelle ou guitare) utilisé. J’ai choisi délibérément de m’appuyer sur des références cinématographiques qui, par la musique, génèrent des véritables tensions dramatiques. Le travail autour de la lumière me semble important également pour poser un univers et amener une tension. Le polar, au cinéma, joue beaucoup avec l’atmosphère que crée la lumière. Les gros plans ont également cette valeur. Or sur scène, le gros plan est plus compliqué à réaliser sauf si on multiplie les sources de lumière et que celles-ci ont valeur de ponctuation. J’ai imaginé diverses sources de lumière,(lampe torche, lampe de chevet…) gérées directement sur scène par les comédiens afin d’éclairer avec précision un point tout en éclairant partiellement la scène. Le roman Pop.1280 est raconté du point de vue de Nick Corey. Il est le narrateur de l’histoire et s’adresse directement au lecteur comme interlocuteur privilégié, les événements qu’il raconte ont déjà eu lieu. Ce procédé est intéressant à développer sur scène, d’une part parce qu’il créer un lien intime avec le spectateur, le personnage s’adresse directement au spectateur, d’autre part parce qu’il permet de déstructurer la narration, de ne pas être dans la linéarité de l’histoire. Le principe de mise en scène est de ne jamais illustrer la narration mais d’avoir la possibilité de donner deux points de vue différents à un même événement. Le narrateur est la colonne vertébrale du polar, il amène l’étrangeté, la tension dramatique et porte l’esthétique du spectacle c’est pourquoi j’ai choisi de travailler cette partition avec un comédien professionnel. Le principe de ce spectacle est de composer un solo avec le comédien professionnel (Fabrice Gaillard) puis on propose aux comédiens amateurs de s’inscrire dans cette histoire. L’intérêt pour les amateurs est de se glisser dans l’univers de Jim Thompson et d’être acteurs à part entière du spectacle. Fabrice Gaillard doit être à l’écoute et réinventer cette histoire avec ses nouveaux partenaires de jeu. Les amateurs ne seront pas les « faire-valoir » du personnage principal Nick Corey, ils pourront tour à tour jouer ce personnage, non pas dans la narration mais dans les diverses scènes qui composent le spectacle. Proposition financière Nous contacter + Défraiements la compagnie n’est pas soumise à la TVA 40 heures environ de travail avec les amateurs lors d’une semaine de répétition suivi d’une représentation Diffusion 2009 Atelier La Piscine, Université du littoral de Dunkerque Médiathèque Hugo Pratt à Cournon d’Auvergne L’antre 2, Université de Lille Contact Tel : 04 73 69 85 16 [email protected] www.souffleurdeverre.fr Un petit extrait de l’ouvrage, page suivante… Extrait : CHAPITRE 1 Eh ben, mes enfants, je devrais l'avoir belle. Être peinard, ce qui s'appelle. Tel que vous me voyez, je suis le shérif en chef du canton de Potts, et je me fais pas loin de deux mille dollars par an sans compter les petits à-côtés. En plus, je suis logé à l'œil au premier étage de l'immeuble du tribunal, et il faudrait être bougrement difficile pour pas se contenter de ça : il y a même une salle de bains, ce qui fait que j’ai pas à me laver dans une lessiveuse ni à patauger jusqu'au fond du jardin pour aller aux cabinets, ce qui est le cas de la plupart des habitants de ce pays. Moi, mon paradis, je peux dire que je l'ai sur terre. Et pourtant, je me tracasse. Des soucis et des ennuis par-dessus la tête. Figurez-vous que je suis là, installé à table devant une demi-douzaine de côtes de porc, disons ... Une plâtrée d'œufs au bacon, avec une pile de crêpes baignant dans la sauce, et j'arrive pas à manger. Enfin ... pas tout. Mes soucis commencent à m'asticoter et me voilà debout sans même avoir fini mon assiette. Et pour le sommeil, c'est pareil. J'arrive pour ainsi dire pas à dormir. Je me couche le soir en me disant: « Cette nuit, au moins, je vais roupiller. » Mais je t'en fiche! Je mets bien vingt minutes ou même une demi-heure avant de pouvoir fermer l'œil. Et, huit ou neuf heures plus tard, me voilà réveillé. Mais alors, ce qui s'appelle réveillé ! Et pas question de me rendormir, tout crevé que je sois. Bref, une nuit que j'étais comme ça allongé, les yeux grands ouverts, en train de gigoter et de me retourner à en devenir marteau, tout d'un coup voilà que j'en ai marre. Et je me dis: « Nick Corey, tu vas finir par tourner en bourrique à force de te tourmenter. Y a pas, faut voir à remédier à ça, Nick Corey, sinon ça ira mal pour ton matricule. » Ce qui fait que j'ai réfléchi, j'ai réfléchi tant que j'ai pu et, finalement, j'ai pris le taureau par les cornes. Et j'ai décidé que je ne savais foutre pas ce que je pourrais bien faire...