Ma rencontre avec Brigitte Émile-Zola

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Ma rencontre avec Brigitte Émile-Zola
Ma rencontre avec
Brigitte Émile-Zola
C’
était au dernier salon du livre de Paris. Je venais de lire Mes étés à Brienne, que
les éditions du Frisson esthétique publiaient, et j’avais très envie de rencontrer
cette arrière petite-fille de Zola et de sa Jeanne adorée.
L’été dernier, j’avais participé, en Haute-Marne, à un colloque sur les trois grandes
dames de la région : Émilie du Châtelet, Louise Michel et Yvonne De Gaulle. C’était
à deux pas de Brienne-le-Château, et j’aurais aimé avoir le temps de suivre le conseil
du guide touristique de Brienne que j’y avais rencontré, pour me promener sur les pas
du fils d’Émile Zola qui, sa vie durant, vécut dans le culte de son père, et voua un
amour immense à sa mère. Je lus donc avec une attention émue, ce récit de Brigitte,
sa petite-fille, élevée dans le culte de l’inventeur des Rougon-Macquart et de l’écrivain
courageux de « J’accuse ».
Le poids de la morale bourgeoise pèse encore sur cette famille. À côté du couple
officiel Zola-Alexandrine, il est toujours difficile de parler de l’aventure extra-conjugale
du grand Émile avec la lingère de son épouse, de trente ans sa cadette. Dans ce
deuxième foyer Zola, naîtront deux enfants, Denise et Jacques, qu’après la mort de
Zola, en 1908, Alexandrine va adopter, pour parfaire la démarche entamée selon le
désir de leur père. Malgré tout, ce secret de famille reste enfoui ; et si les familiers de
Zola et les spécialistes de son œuvre connaissent l’histoire, le grand public l’ignore.
Et Jacques enseigne à sa petite-fille l’amour inconditionnel du grand écrivain, comme
s’il sentait que son propre fils, le père de Brigitte, ne serait jamais le bon interlocuteur,
ni l’héritier légitime de cette oeuvre immense et de cet esprit libre. Brigitte raconte
comment son grand-père, alors qu’elle avait six ans à peine, sortait de la bibliothèque
où les écrits de Zola étaient rangés précieusement, un marocain rouge qu’elle ouvrait
avec émotion, pour y lire le manuscrit de « J’accuse ».
Son grand-père lui montrait également les billets que Zola lui adressait, de sa grande
écriture régulière, pour lui recommander tendrement sa mère et sa sœur. Ces manuscrits — inédits — Brigitte les a ajoutés au récit de ses étés dans la maison familiale, ce
qui, pour les amoureux de Zola, rend l’ouvrage publié par les éditions du Frisson
esthétique, plus précieux encore.
Au salon du livre de Paris, j’ai rencontré une femme sensible, qui a quelque chose,
dans le regard, de Jeanne Rozerot et de son grand-père Jacques, médecin comme elle,
et comme aurait aimé l’être Zola. Ce fut une rencontre presque intimiste, la lecture du
livre me l’ayant rendue proche. Une rencontre de qualité, car, malgré les secrets de
famille qui étouffent parfois la liberté, Brigitte Émile-Zola a su devenir elle-même,
tout en assumant l’héritage moral du grand écrivain.
Geneviève Moll.
Brigitte Émile-Zola
lors de sa conférence au
Salon du Livre de Paris.
© Photo Nathalie Colleville.
Dédicaces
Brigitte Émile-Zola
dédicacera
Mes étés à Brienne
les 4 et 11 juin 2008 à
La Librairie
12 rue d’Ulm
75005 Paris.
Colloque Zola au Panthéon
Dans le cadre du centenaire de la panthéonisation d’Émile Zola (4 juin 1908)
le colloque Zola au Panthéon se tiendra du 5 au 7 juin 2008.
Brigitte Émile-Zola y fera une intervention samedi 7 juin 2008 : « La panthéonisation
racontée par Jacques Émile-Zola à sa petite-fille ». (14 h 30 - Panthéon (nef centrale).
Cyrille Zola-Place interviendra le vendredi 6 juin 2008 : « Actualité de l’écriture zolienne ».
(À partir de 14 h 30 - Bibliothèque Nationale de France, site François Mitterrand - Petit auditorium).
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Le frisson esthétique › N°6

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