Respirer à nouveau... - CHU de Liège

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Respirer à nouveau... - CHU de Liège
N° 25 é t é 2 0 0 8
Belgique - België
P.P. - P.B.
B - 018
Autorisation de
fermeture B/018
Bulletin d’information des médecins du Centre Hospitalier Universitaire de Liège
Respirer
à nouveau...
Asthme, BPCO
et tabagisme
Pharmacie clinique :
un nouveau service
Un projet pilote pour
traiter les toxicomanes
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N° 25 é t é 2 0 0 8
sommaire
éditorial
En bref
Nous en sommes déjà au 25e numéro de CHUchotis. Comme
L’actualité du CHU de Liège en un coup
d’œil : les chantiers du redéploiement
multisite, les activités médico-scientifiques, les manifestations de solidarité et
diverses autres nouvelles de l’hôpital.
vous l’annonçait le Pr. Bonnet dans l’éditorial du n° 24, j’ai été
désigné pour reprendre la direction du Conseil éditorial, suite
au départ volontaire de Fernand Bonnet. Un hommage lui est
rendu dans les pages qui suivent. La transition se fera dans la
continuité et ceux qui ne prennent pas la peine de lire l’éditorial ne remarqueront aucune modification, ni dans le contenu, ni
5
dans la forme. Mais si vous souhaitez que cela change, faites-le
Hommage
6
Hommage au Pr. Bonnet, directeur de la
rédaction de CHUchotis, qui vient de passer le témoin au Pr. Bouffioux.
Who’s who
Présentation de deux nouveaux spécialistes en pédiatrie et du chef du nouveau
service de pharmacie clinique.
savoir (cf. infra).
Le sujet principal de ce numéro est la pneumologie, vue sous
plusieurs facettes : BPCO, asthme, tabagisme. On notera aussi
l’abondance de l’actualité du CHU de Liège, qui témoigne de sa
bonne santé, de son dynamisme, de la fécondité de ses projets.
Au moment de finaliser ce numéro, un autre sujet d’actualité
fait couler beaucoup d’encre : les sévères intempéries du 29
mai et les dégâts provoqués en région liégeoise. Le campus
du Sart Tilman n’a pas été épargné. A l’hôpital, nous avons
été confrontés à des infiltrations d’eau et à une inondation mo-
7
dérée dans les étages inférieurs, une situation abondamment
Pharmacie
Travaillant en collaboration directe avec
l’équipe thérapeutique, le pharmacien
clinicien participe, par ses compétences
spécifiques, à l’optimisation de la qualité
et de la sécurité des soins.
évoquée par la presse. Les mesures préventives décidées très
rapidement par la cellule de crise du plan d’urgence interne ont
permis de maintenir à sa pleine capacité le fonctionnement
de l’hôpital, en toute sécurité pour nos patients. Les groupes
électrogènes, qui n’ont été activés que pendant une courte
période, le temps d’évaluer la situation, ont parfaitement fonctionné. Seuls quelques dégâts mineurs sont à déplorer, heureu-
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sement sans aucune incidence sur l’activité hospitalière.
Dossier
Pneumologie
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Tabagisme, pollution et allergènes se donnent le mot pour remplir les consultations
de pneumologie. Comment améliorer la
prévention et la prise en charge de ces
pathologies invalidantes en nette augmentation dans les pays occidentaux ?
Actualité
Mais revenons à ce numéro de CHUchotis. Je vous en souhaite une excellente lecture et je sollicite votre collaboration :
j’aimerais que vous me fassiez connaître tout sujet que vous
aimeriez nous voir développer (actualités en médecine, problèmes médico-économiques, politique hospitalière, problèmes
socio-économiques, relations entre l’hôpital et les praticiens
extra-hospitaliers, etc.) et j’aimerais aussi que vous me disiez
franchement ce que vous pensez de CHUchotis. Toute suggestion, tout commentaire sera pris en compte. Vous pouvez
communiquer par mail : <[email protected]>.
Au plaisir de vous lire,
Pr. Christian Bouffioux
Vacances. Comment éviter de revenir de
voyage en compagnie d’un « passager clandestin » viral, bactérien ou parasitaire ?
Toxicomanie. Un projet pilote de distribution médicalisée d’héroïne est sur le
point de voir le jour à Liège.
directeur médical
directeur de la rédaction
Bulletin d’information des médecins du Centre Hospitalier Universitaire de Liège
éditeur responsable : P. Louis, Administrateur délégué du CHU (04 366 70 00),
av. de l'Hôpital 13 bât. B35 - 4000 Liège - Directeur de la rédaction : Pr. C. Bouffioux
Conseil éditorial : A. Bodson, C. Bouffioux, J.P. Delporte, Q. Désiron, V. D’Orio,
C. Faidherbe, D. Giet, J.M. Krzesinski, P. Louis, M. Malaise, G. Pierard
Coordination, rédaction et réalisation : A. Pironet ([email protected],
0479 87 30 87) - Conception graphique : R. Gray - Photos : C. Ernotte et
M. Mathys (CHU), J.-M. Clajot, National Geographic, Taxi.
http://www.chuliege.be
l’actualité
du CHU
2 0 e ann
E N iBvRe ErFs a i r e
Coup d’œil sur
Bruyères : la gériatrie déménage
Dès la mi-juillet, les 30 lits gériatriques d’Esneux et les 30 lits gériatriques du Sart Tilman seront transférés aux Bruyères dans le tout nouveau service de gériatrie, inaugurant ainsi le bâtiment dont la construction a été entamée en 2006. Les patients bénéficieront de chambres
spacieuses à un ou à deux lits, de plusieurs locaux d’évaluation fonctionnelle pluridisciplinaire, d’une salle de revalidation et d’un service
social intégré au service hospitalier.
Nous vous présenterons plus longuement dans notre prochain numéro
l’organisation et les spécificités du nouveau service.
Esneux : la revalidation en chantier
nLe rez-de-chaussée accueillera les patients externes. Une nouvelle pis-
cine leur sera réservée, de même que les différents locaux indispensables au travail de l’équipe de revalidation.
nPlus grandes et plus confortables, les 27 chambres d’hospitalisation se-
ront regroupées sur un seul plateau (au premier étage), pour des raisons de sécurité, d’ergonomie et d’économie fonctionnelle. Des salles
de kinésithérapie, d’ergothérapie et de relaxation seront aménagées
au même étage, ainsi qu’un accès aux appartements thérapeutiques et
à la piscine de revalidation, qui sera rénovée.
nUn deuxième étage, d’une superficie moins importante, sera construit
pour accueillir les bureaux des logopèdes, des ergothérapeutes, des
psychiatres et des neuropsychiatres.
Enfin, une nouvelle piste extérieure de revalidation sera aménagée, de
même qu’un ascenseur et une passerelle pour permettre aux patients en
chaise roulante de rejoindre aisément le parking. Coût total des travaux :
10,7 millions d’euros, financés sur fonds propres par le CHU de Liège. La
fin des travaux est prévue pour l’été 2010. Dans l’intervalle, le centre de
revalidation a pris ses quartiers dans le deuxième bâtiment de l’hôpital
d’Esneux, qui abrite, à rue, la polyclinique et, pendant quelques semaines
encore, la gériatrie. Tout sera bien sûr mis en œuvre pour que le confort
des patients hospitalisés et ambulatoires soit préservé pendant toute la
durée du chantier.
Bruyères : urgences
flambant neuves
Au rez-de-chaussée du nouveau
bâtiment des Bruyères, un plateau
de 2 000 mètres carrés accueillera
dès le mois d’octobre le service des
urgences.
Conçu pour répondre aux normes
architecturales, fonctionnelles et
techniques les plus récentes, ce
plateau a également été pensé
pour accueillir les patients dans
des conditions accrues de sécurité,
d’intimité et de confort psychologique. La programmation du nouveau service s’est doublée d’une
optimisation en termes d’encadrement fonctionnel, de manière à
privilégier la constitution d’équipes médicales permanentes.
Cet important investissement répond, d’une part, à la nécessité de
remettre à niveau un service qui
n’est plus adapté aux besoins et
s’inscrit, d’autre part, dans le développement aux Bruyères de la
pédiatrie et de la gériatrie, deux
disciplines dans lesquelles la majorité des hospitalisations s’opèrent
via les urgences. Nous reviendrons
sur ce sujet dans notre prochain
numéro.
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Dès le mois d’août débutera à l’hôpital d’Esneux une importante phase
de travaux liée au plan de redéploiement multisite de l’activité médicale
du CHU de Liège. L’ancien bâtiment sera totalement transformé pour
donner naissance à un centre d’excellence en revalidation à la capacité
d’hospitalisation doublée et doté d’une section réservée aux patients
ambulatoires. Plusieurs priorités ont guidé la programmation du nouvel
hôpital: améliorer la qualité de vie des patients qui séjournent au centre
pour une longue durée, séparer les filières hospitalière et ambulatoire,
favoriser la multidisciplinarité (une caractéristique essentielle de la revalidation fonctionnelle) et consacrer l’espace nécessaire aux équipements
spécialisés et aux activités paramédicales.
EN BREF
Coup d’œil sur
l’actualité
du CHU
ImagéSanté : affluence record
La huitième édition du festival ImagéSanté, du 10 au 15 mars, a connu un réel succès.
Plus de 6 000 visiteurs ont participé aux quatre journées du festival, tandis que 2 000
personnes ont profité du programme en soirée (conférences, projection en avant-première au cinéma Le Parc, etc.). Les retransmissions en direct d’interventions chirurgicales et médicales ont, cette fois encore, enregistré un nombre record de spectateurs.
Pour la première fois, elles ont également été diffusées sur une web TV, accompagnées
d’interviews. Au cours de la semaine, plus de 5 000 connexions à partir d’adresses IP
différentes ont été comptabilisées. Parmi les deux cents films reçus par les organisateurs, près d’une centaine ont été projetés en compétition. Une soirée Best Of, le 6
octobre au cinéma Le Parc, vous permettra de découvrir les meilleurs films, primés par
des jurys internationaux. Le palmarès de cette édition 2008 est consultable sur www.
imagesante.be
Ligne 28
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A partir du 1er septembre, une
nouvelle ligne de bus reliera Fléron au domaine universitaire du
Sart Tilman via Romsée, Bouny,
Chaudfontaine, Ninane, Beaufays
et Tilff. Des correspondances permettront de desservir également
les communes d’Esneux, Poulseur,
Comblain, Sprimont, Aywaille,
Trooz, Soumagne, Herve et BeyneHeusay. Destinée principalement
aux visiteurs du CHU, aux étudiants et au personnel de l’ULg,
la ligne 28 permettra un gain de
temps appréciable aux utilisateurs
des transports en commun. Elle
présentera également l’avantage
de désengorger les lignes 48 et 58
qui desservent déjà le campus. Les
bus circuleront de 7 à 19h, du lundi au vendredi, toutes les 60 minutes (30 minutes à l’heure de pointe
pendant la période scolaire).
Cycle for Life
La cinquième édition de Cycle for Life du 22 juin, une balade à vélo ou
à pied, est destinée à soutenir la recherche contre le cancer. La firme
pharmaceutique Roche, promotrice de cette manifestation de solidarité,
doublera le montant des 2 000 premières inscriptions et dotera en outre
chacun des sept centres universitaires belges d’un montant de 5 000 euros
destiné à soutenir un projet de recherche en oncologie. En 2007, le Cycle
for Life a permis de réunir la somme de 138 830 euros. Renseignements et
inscriptions : www.cycleforlife.be
Jogging d’Esneux
L’équipe du centre de revalidation du CHU de Liège organise le 23 août
le jogging d’Esneux, manifestation sportive destinée à récolter des fonds
pour améliorer la qualité du séjour des patients par des acquisitions extramédicales comme du matériel sportif adapté, des ordinateurs portables,
une caméra pour filmer leurs progrès, etc. Au programme, une course pour
les enfants, une course pour les non valides (en handbike), une course pour
les valides (10 kilomètres) et un match de basket en fauteuil roulant avec la
participation des Rollers Bulls, équipe de 1re division nationale. Renseignements : www.joggingesneux.be ou 043 80 91 52.
Télévie 2008
Pour soutenir la recherche contre
la leucémie et le cancer, les chercheurs et les étudiants de l’ULg
et les membres du personnel du
CHU de Liège ont organisé cette
année encore un grand nombre
de manifestations dans le cadre
de l’opération Télévie, dont un petit déjeuner, un tournoi « trois raquettes » et un concert des étudiants et des médecins du CHU. Leur mobilisation a porté ses fruits : les deux institutions ont versé conjointement
61 200 euros au Télévie.
EN BREF
Anévrysmes
La pédiatrie fusionne
Les 19 et 20 septembre, Liège
pourra se targuer d’héberger le
plus grand nombre au monde de
spécialistes des anévrysmes aortiques. Le service de chirurgie cardiovasculaire du CHU organise
en effet un colloque international sur le sujet, en l’honneur de
l’imminent départ à la retraite du
Pr. Raymond Limet. Signe de la renommée du service, en particulier
du Pr. Natzi Sakalihasan (à l’initiative du colloque), un panel exceptionnel d’orateurs a été réuni
pour aborder sous toutes ses facettes la question des anévrysmes
aortiques thoraciques et abdominaux, en insistant sur les progrès
diagnostiques et les nouvelles
options thérapeutiques et préventives. Renseignements et inscriptions : www.chuliege-imaa.be
Depuis le 1er mars 2008, les services de pédiatrie hospitalière et
de pédiatrie ambulatoire ont fusionné sous la direction du Pr. Guy
Bricteux. Un an après l’inauguration des nouveaux locaux d’hospitalisation et de consultation aux
Bruyères, cette fusion renforce les
missions universitaires de la pédiatrie.
L’expertise des équipes du CHU de
Liège en matière de diagnostic,
de traitement et d’épidémiologie
de l’hypertension artérielle vient
d’être saluée sur le plan européen
par l’obtention du label « centre
d’excellence » attribué par la Société européenne de l’hypertension. Cette reconnaissance consacre la collaboration entre un grand
nombre de spécialistes de diverses
disciplines : la néphrologie, l’endocrinologie, la chirurgie des glandes endocrines, la cardiologie, la
cardiologie intervention­nelle, la
neurologie et l’imagerie médicale.
Elle offre aux patients l’assurance
d’une prise en charge optimale,
quelle que soit la cause de l’hypertension artérielle dont ils sont
atteints. En 2007, quelque 3 000
patients ont été adressés au CHU
de Liège pour cette indication.
Pr. Bricteux (secr.) : 04 367 94 09 ([email protected])
Pr. Bourguignon (secr.) : 04 366 72 47 ([email protected])
Elections
nLe Pr. Philippe Gillet, chef du service de chirur-
gie de l’appareil locomoteur, a été élu président du département de chirurgie.
nLe Pr. Michel Malaise, chef du service de rhu-
matologie, a été élu président du département de médecine.
nEn sa séance du 20 mai, la Faculté de méde-
cine a reconduit le Pr. Gustave Moonen, chef
du service de neurologie, dans ses fonctions
de doyen. Le Pr. Pierre Bonnet (urologie) est
nommé vice-doyen et le Pr. Philippe Boxho
(médecine légale) secrétaire de faculté.
Beau triplé en endocrinologie
Adrian Daly, assistant dans le service d’endocrinologie du Pr. Albert
Beckers, a reçu coup sur coup trois prix récompensant les recherches menées au sein du service sur l’épidémiologie et la génétique des adénomes
hypophysaires. La Société belge de médecine interne a décerné le prix
du meilleur article pour l’année 2007 au texte que le Dr Daly a publié en
tant que premier auteur dans The Journal of Clinical Endocrinology and
Metabolism (mai 2007). L’article en question a été distingué dans l’éditorial de ce numéro, sous la plume du Pr. Melmed, sommité internationale
dans le domaine de l’hypophyse. Quelques jours plus tard, c’est la Société
belge d’endocrinologie qui a décerné son prix annuel au Dr Daly, confirmant ainsi l’excellence des travaux réalisés en matière de caractérisation
clinique et génétique des « FIPA » (Familial Isolated Pituitary Adenomas),
un nouveau mode de transmission familiale d’adénome hypophysaire.
Enfin, The Endocrine Society, basée aux Etats-Unis, vient de lui attribuer
l’un des cinq prix qu’elle réserve aux post-doctorants pour l’année 2008 :
l’Endocrine Scholars Award.
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Centre d’excellence
de l’hypertension
Si, depuis le printemps 2007, les
enfants sont hospitalisés sur le
seul site des Bruyères (à l’exclusion
de certaines pathologies nécessitant l’équipement technologique
du Sart Tilman), les consultations
conservent un caractère multisite.
Les consultations de l’équipe du
Pr. Jean-Pierre Bourguignon dans
les domaines de la médecine de
l’adolescent, des endocrinopathies, des troubles de la croissance
et de la nutrition et du diabète
de l’enfant et de l’adolescent se
poursuivent tant à la polyclinique
Brull qu’aux Bruyères, avec des
spécificités propres à chaque site
(par exemple des ateliers collectifs
aux Bruyères pour enfants et adolescents obèses).
EN BREF
Coup d’œil sur
l’actualité
Synthèse 2008
Atteinte cérébrale
Comme nous vous l’annoncions dans notre numéro précédent, c’est le
samedi 11 octobre que se tiendra, au Sart Tilman, la troisième édition de
« Synthèse », journée médico-scientifique organisée par le CHU de Liège à
l’intention des professionnels de la santé de la région liégeoise. Le thème
retenu cette année est le rôle du CHU dans la coopération médico-technologique : quels progrès pour nos patients ? Le premier volet abordera la
coopération entre la médecine et les sciences de la vie (douleurs postopératoires, stress oxydant, thérapie cellulaire, autisme) ; le second touchera
aux sciences de l’ingénieur (monitoring de l’inflammation dans l’asthme,
toxicologie environnementale, implant dentaire, IRM interventionnelle) ;
le troisième volet approchera les « frontières de la médecine » (transport
héliporté, Formule 1, vérités diagnostiques). Inscription gratuite. Renseignements : Anja Volders ([email protected]).
Le CHU de Liège a piloté durant
trois ans un projet européen visant à évaluer les difficultés de la
vie quotidienne chez les patients
présentant une atteinte cérébrale. La réunion de clôture s’est
tenue le 18 mars à la polyclinique
Brull. Financé par un programme
Euregio Meuse-Rhin, le projet
Profinteg est né d’une collaboration entre le centre de la mémoire
du CHU de Liège (Pr. Salmon), le
projet come-back d’Eupen et le
département de neuropsychiatrie
et du grand âge de l’Université de
Maastricht. Les équipes ont développé des échelles d’anamnèse
concernant de nombreuses activités quotidiennes, pour évaluer
le degré et le type des difficultés
rencontrées par les patients et décider d’un programme de réadaptation sur mesure. Originalité du
projet, une grille d’analyse a été
développée pour observer le déroulement d’une activité donnée
dans les conditions réelles, au domicile ou sur le lieu de travail du
patient. Les échelles et les grilles
sont utilisables, par exemple,
pour des patients présentant un
traumatisme crânien, un accident
vasculaire cérébral ou une maladie neurodégénérative.
Cancer : les priorités
Pour élaborer son « Plan national cancer », la ministre de la santé Laurette Onkelinx s’est notamment rendue au CHU de Liège le 14 février dernier,
à la rencontre du Pr. Georges Fillet, chef du service
d’hématologie clinique et d’oncologie médicale,
du Pr. Philippe Coucke, chef du service de radiothérapie, et du Pr. Vincent Castronovo, directeur du
laboratoire de recherche sur les métastases (ULgGIGA). Son objectif : établir la liste des priorités, de
manière à utiliser au mieux les ressources disponibles (380 millions d’euros à dégager du budget des
soins de santé, entre 2008 et 2010).
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du CHU
De cette réunion de travail ont émergé quelques-unes des 32 mesures
proposées par la ministre, par exemple améliorer le remboursement des
traitements anticancéreux et de certains coûts annexes ; accélérer la mise
à disposition des nouveaux médicaments ; financer les banques de sang
de cordon et les unités de thérapie cellulaire ; étudier la faisabilité de
la création d’un centre d’hadronthérapie* en Belgique ; soutenir la radiothérapie et l’imagerie médicale oncologiques ; mettre en place des
« trajets de soins » pour les patients cancéreux, sur la base de guidelines
et de manuels élaborés par un Collège d’oncologie ; reconnaître le titre
d’infirmière en oncologie, de manière à lutter contre une pénurie de personnel préjudiciable aux patients ; améliorer le soutien psychologique et
psychosocial par le financement d’équipes adaptées ; favoriser la recherche translationnelle (pont entre les médecins cliniciens et les chercheurs
de laboratoire) afin de faire bénéficier le plus vite possible les patients
des découvertes scientifiques ; soutenir le registre national du cancer.
Prévention et dépistage, soins et traitements, soutien à la recherche, tels
sont les trois axes de la stratégie élaborée par Laurette Onkelinx pour
fédérer les différents niveaux de pouvoir et les acteurs directs de la lutte
contre le cancer.
* Radiothérapie par flux d’ions, entraînant moins d’effets secondaires.
Standard champion
Le Dr Jean-Yves Reginster (médecine de l’appareil locomoteur) et
le Dr Christophe Daniel (chirurgie
de l’appareil locomoteur) ont été
nommés citoyens d’honneur de
la Ville de Liège, en hommage à
la collaboration fructueuse entre
le CHU de Liège et le Standard.
Le premier préside la commission
médicale du club champion de
Belgique, le second est médecin
titulaire de l’équipe A.
HOMMAGE
Fernand Bonnet
passage de témoin
Fernand Bonnet, toujours bon pied bon œil pour ses presque 78 printemps, a été le premier médecin-chef du CHU de Liège et le premier
directeur du Conseil éditorial de CHUchotis.
Après de brillantes études de médecine à l’ULg, Fernand Bonnet
effectua une spécialisation en pédiatrie à Bavière, sous la direction
du Pr. Lambrechts. Quoi de plus
normal, pour un pédiatre, que
d’avoir de nombreux enfants ?
Avec Micheline De Rudder, son
épouse ophtalmologue, ils en
conçurent huit. Ils eurent la chance qu’ils fassent de belles études
et qu’ils leur donnent plus de 20
petits-enfants.
Dès 1957, alors qu’il était toujours
assistant en formation en pédiatrie, Fernand Bonnet fut nommé
responsable du Centre liégeois de
traitement de la poliomyélite, une
maladie qui, malheureusement,
faisait à l’époque de terribles ravages dans notre pays. Après sa
reconnaissance de spécialiste en
pédiatrie, il continua à s’occuper
de cette affection qui allait heureusement s’éteindre, grâce à la
vaccination, et il créa l’asbl « Revivre chez soi », plus connue comme
Centre des Murlais, pour les handicapés respiratoires.
Agrégé de l’enseignement supérieur en 1974, il poursuivit sa
Il participa également au développement de l’Ecole de santé
publique de l’Université de Liège,
dont il présida le Conseil des études. Chargé de cours puis professeur extraordinaire, il enseigna
la réglementation et la gestion
hospitalière à des infirmiers et infirmières appelés à devenir, pour
beaucoup, cadres médicaux ou
administratifs dans de nombreuses institutions hospitalières en
Belgique et à l’étranger.
Membre de nombreux conseils et
commissions, parmi lesquels on
peut épingler le Conseil provincial de l’Ordre des médecins de la
Province de Liège (1991-1997 et
2000-2006) et le Conseil supérieur
d’agréation des médecins spécialistes et généralistes, Fernand Bonnet est la mémoire vivante des premiers pas du CHU de Liège. Il en a
connu toutes les étapes et toutes
les difficultés initiales, tant politiques que financières. Il avait l’habitude de consigner des notes et
disposait ainsi d’une mine d’anecdotes et de souvenirs amusants ou
tragiques, qui ont accompagné la
conception, la naissance, les pre-
miers pas chancelants et l’amorce
de redressement du CHU de Liège.
C’est donc tout naturellement qu’à
l’occasion du dixième anniversaire
du CHU, l’administrateur délégué
de l’époque, G. Bovy, lui a demandé de rédiger un ouvrage sur l’histoire du jeune hôpital (De l’Hospice de la Miséricorde au CHU du
Sart Tilman, F. Bonnet, 1997). Cet
ouvrage eut une suite : à l’occasion
du vingtième anniversaire, P. Louis
demanda à F. Bonnet de remettre
le couvert (Le CHU de Liège a vingt
ans, F. Bonnet, 2007).
Par C. Bouffioux
Directeur médical
04 366 70 05
christian.bouffioux
@chu.ulg.ac.be
Lors de la création de CHUchotis
en 2000, F. Bonnet avait accepté,
alors qu’il était déjà à la retraite
depuis quelques années, d’assurer
la direction du Conseil éditorial. Il
s’est acquitté de cette tâche avec
dévouement et constance, faisant
bénéficier l’équipe de sa longue
expérience de la maison.
Fernand a décidé qu’il était temps
de passer le témoin. Votre serviteur, qui lui avait succédé à la
direction médicale en 1995, reprend aujourd’hui la direction du
Conseil éditorial de CHUchotis.
Puisse-t-il faire aussi bien que son
prédécesseur…
A près de soixante-dix-huit ans (ça
fait plus jeune que 78), Fernand
Bonnet va pouvoir se consacrer
plus largement à ses hobbies, et il
le mérite bien : papy et baby sitter,
jardinier à Stoumont, sans oublier
sa passion pour les canards…
J’ai envie de reprendre les paroles
de la chanson de Hugues Aufray :
« Adieu Monsieur le Professeur,
on ne vous oubliera jamais… »
page 5 chuchotis
car­rière médico-universitaire pédiatrique jusque 1979. C’est alors,
à 49 ans, qu’il effectua un virage
complet dans son orientation : il
fut nommé médecin directeur de
l’hôpital universitaire de Liège,
en construction. Avec quelques
collaborateurs et collaboratrices,
il conçut la programmation du
futur hôpital et organisa la mise
en conformité des services et le
déménagement progressif de
Bavière vers le Sart Tilman entre
1985 et 1987.
WHO’S WHO
Who’s
who ?
Dr Oreste Battisti
Le Dr Oreste Battisti est docteur en médecine (1976) et pédiatre (1980) de
l’Université de Louvain. Il rejoindra dès le mois d’octobre le service de pédiatrie
du CHU de Liège, dirigé par le Pr. Guy Bricteux. Oreste Battisti est spécialisé
en médecine néonatale et en soins intensifs. Il a développé une expertise en
écho-Doppler, en électrophysiologie, en neurologie et en neuropsychologie
de l’enfant. Il a plus particulièrement étudié les troubles de l’attachement,
psychosomatiques, de la nutrition et du sommeil chez les nouveau-nés. En matière de recherche clinique, son intérêt se porte essentiellement sur l’atteinte
du cerveau chez les prématurés et sur le traitement de l’infirmité motrice cérébrale. Le Dr Battisti a notamment exercé à Louvain, Charleroi, Londres, Nancy
et Liège (Rocourt) et est maître de stage en 2e et 3e cycles à l’ULg et à l’UCL.
Pédiatrie – secrétariat : 04 367 94 09 ([email protected])
Pr. Vincent Ramaekers
Docteur en médecine de l’Université d’Utrecht (1979) et spécialiste en
pédiatrie de l’Université d’Amsterdam (1984), Vincent Ramaekers a parfait sa formation en neuropédiatrie à Londres, Leuven et Aachen, où il a
dirigé le secteur de neuropédiatrie jusqu’en 2007. Professeur de pédiatrie
et de neurologie de l’enfant à l’Université d’Aachen, Vincent Ramaekers
a, il y a un an, accepté la direction du centre de référence de l’autisme de
Liège. Il est aujourd’hui intégré à plein temps dans l’équipe du service de
pédiatrie du CHU de Liège (dirigé par le Pr. Guy Bricteux), où il développe
la consultation de neuropédiatrie parallèlement à ses responsabilités au
centre de l’autisme. Son domaine de recherche principal concerne les maladies métaboliques d’origine génétique.
Pédiatrie – secrétariat : 04 367 94 09 – [email protected]
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Pr. Thierry Van Hees
En 2002, Thierry Van Hees acquiert à l’Université de Liège le titre de docteur en sciences pharmaceutiques. Sa thèse de doctorat, portant sur le
domaine de la technologie pharmaceutique, l’oriente dans un premier
temps vers l’industrie pharmaceutique mais son souhait d’œuvrer plus
directement au service des patients, dans un contexte pluridisciplinaire,
l’incite à entreprendre un DES en pharmacie hospitalière (ULg, 2006). Il
rejoint alors, fin 2006, la pharmacie du CHU de Liège. Nommé chargé de
cours à l’Université de Liège en janvier 2008, Thierry Van Hees vient d’être
désigné à la tête du service hospitalo-universitaire de pharmacie clinique
nouvellement créé au CHU, un champ d’expertise encore peu exploré en
Belgique mais qui suscite un intérêt croissant (voir article en page 7). Lauréat du Fonds Léon Frédéricq, il est aujourd’hui en mission de formation
à l’Hôpital royal Victoria (organisée par la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal) pour y acquérir des connaissances complémentaires
en vue d’intensifier le développement de la pharmacie clinique tant au
niveau de la pratique au sein des équipes soignantes qu’au niveau de
l’enseignement et de la recherche scientifique.
Pharmacie clinique
04 366 75 22
[email protected]
pharmacie
pharmac i e
L’essor de la
clinique
Travaillant en collaboration directe avec l’équipe thérapeutique, le
pharmacien clinicien participe, par ses compétences spécifiques, à
l’optimisation de la qualité et de la sécurité des soins.
La pharmacie clinique, née dans
les années 60 aux USA, connaît
maintenant un essor très significatif dans de nombreux pays. Elle
se définit comme une discipline
visant à optimaliser l’efficacité du
médicament, à minimaliser ses effets indésirables et à promouvoir
son utilisation économique, tant
au niveau individuel qu’au niveau
sociétal. A ce concept s’associe celui de soins pharmaceutiques ou
de suivi pharmaceutique, traductions admises mais imparfaites
des termes anglo-saxons pharmaceutical care, définis par Hepler et
Strand (1990) comme la dispensation responsable de thérapies, en
vue d’atteindre des objectifs thérapeutiques définis qui améliorent
la qualité de vie du patient.
Très concrètement, pour atteindre ces objectifs, le pharmacien
clinicien est présent dans l’unité
de soins, s’intègre à l’équipe thérapeutique, cherche à identifier
tout problème avéré ou potentiel
lié aux médications prescrites ou
administrées, à proposer une solution ou à prévenir le problème,
préalablement objectivé et documenté. Le pharmacien clinicien ne
prend pas de décision thérapeutique, il travaille en collaboration
et en proximité directe avec le
médecin, l’infirmière, le malade
auxquels il apporte son aide, ses
remarques, ses propositions argumentées ou ses conseils.
Au service du malade
Pourquoi, tant d’années après
les USA, le Canada ou la Grande
Bretagne, la pharmacie clinique
suscite-t-elle un tel intérêt dans
notre pays ? Les arguments sont
multiples.
D’abord, elle apparaît de plus en
plus comme est une évolution
inéluctable de la profession pharmaceutique, envers laquelle nos
jeunes diplômés manifestent un
engouement considérable car ils
y voient une plus grande reconnaissance et une meilleure exploitation de leurs compétences spécifiques, complémentaires à celles
du médecin et mises plus directement au service du malade. Des
publications de plus en plus nombreuses dans des revues médicales
de renom démontrent que les activités des pharmaciens cliniciens
apportent une valeur ajoutée non
seulement en termes d’utilisation
de ressources (réduction des coûts
d’hospitalisation), mais aussi de
qualité et de sécurité des soins.
Plusieurs études américaines dé-
montrent une relation significative entre le développement de ces
activités et la réduction de mortalité dans les hôpitaux.
D’autres arguments peuvent être
avancés : la complexité des thérapies, leur application à une population vieillissante, très souvent,
voire anormalement polymédiquée ; les exigences au niveau de la
reconnaissance de centres spécialisés (oncologie, douleur, etc.) ou de
groupes fonctionnels (gestion de
l’antibiothérapie) au sein des hôpitaux ; l’évolution actuelle du mode
de financement par pathologie et
la nécessité subséquente de mieux
prendre en compte les rapports
coût-efficacité ou risques-bénéfices des stratégies thérapeutiques ;
l’optimalisation des moyens informatiques qui sont mis à la disposition des médecins en vue de les
assister dans leur prise de décision
sur les traitements les plus appropriés ; le numerus clausus qui limite
la présence des médecins dans les
unités de soins. Tout cela renforce
la nécessité d’intégrer plus avant
le pharmacien au sein d’équipes
soignantes pluridisciplinaires.
Nous ne doutons pas que par sa
motivation, son enthousiasme
et ses compétences, le Pr. Thierry
Van Hees pourra insuffler au service hospitalo-universitaire de
pharmacie clinique nouvellement
créé toute l’énergie et la créativité
indispensables à son développement, tant au niveau des applications pratiques que de l’enseignement et de la recherche clinique
et ce, au plus grand bénéfice des
patients.
Par le Pr. JeanPierre Delporte
pharmacien en
chef honoraire,
chargé de cours
à l’ULg
[email protected]
page 7 chuchotis
En janvier et février derniers les
conseils d’administration de l’Université de Liège et du CHU de Liège ont approuvé successivement
l’un, la création d’un secteur de
pharmacie clinique au sein du département de pharmacie de l’ULg,
l’autre, la création d’un service
hospitalo-universitaire de pharmacie clinique au CHU, la direction de
ces services étant confiée à notre
collègue, le Pr. Thierry Van Hees,
actuellement en mission de formation à Montréal. Ces décisions, prises en parfaite concertation, soulignent l’importance qu’accordent
les autorités de nos deux institutions à cette nouvelle orientation
de la profession pharmaceutique
ainsi que leur volonté de contribuer à son développement.
D O SSIE R
A couper le
souffle
Tabagisme, pollution et allergènes se donnent le mot pour remplir les
consultations de pneumologie. Comment améliorer la prévention et la
prise en charge de ces pathologies invalidantes en nette augmentation dans les pays occidentaux ?
Parmi les maladies liées à notre
mode de vie, la broncho-pneumopathie chronique obstructive
(BPCO) occupe une bien triste
place : près de 90 % des malades
sont des fumeurs (ou des anciens
fumeurs).
La BPCO
sous diagnostiquée
page 8 chuchotis
Dans les pays occidentaux, un
quart de la population de plus
de 40 ans souffre de BPCO. Une
proportion alarmante, surtout
lorsqu’on sait que bon nombre
de malades s’adaptent tellement
bien à la détérioration insidieuse
de leur capacité respiratoire qu’ils
ignorent être malades ! Lorsqu’ils
se décident enfin à consulter, leur
fonction pulmonaire est réduite
à moins de 50 %... et le handicap
n’est que partiellement réversible.
A lire
nA
paraître dans la Revue médicale
de Liège : Corhay J.-L., Nguyen
Dang D., Schees P., Salamun I., Bury
T., Pirnay F., Louis R., « La réhabilitation pulmonaire dans la BPCO ».
« Un dépistage systématique est
indispensable pour prévenir l’insuffisance respiratoire, surtout
chez les fumeurs de plus de 40
ans », insiste le Pr. Renaud Louis,
chef du service de pneumologie.
« Lorsqu’ils mènent une vie relativement sédentaire, les patients se
rendent compte beaucoup trop
tard que quelque chose ne va pas.
Il ne faut pas attendre qu’ils se
plaignent pour leur proposer de
passer un test simple de spirométrie. » L’évaluation de la fonction
respiratoire devrait donc trouver
sa place en médecine préventive
au même titre que la mesure
de la tension et du taux de cholestérol. Un cours universitaire
de spirométrie a d’ailleurs été
ouvert cette année à l’ULg. Une
trentaine d’étudiants de 4e doc y
côtoient presque autant de généralistes désireux de se former à
cette technique de dépistage qui
leur est désormais accessible.
L’immense majorité des BPCO
étant due au tabagisme, la mesure préventive s’impose d’ellemême : il faut cesser de fumer !
« L’intérêt d’un dépistage précoce chez les quadragénaires réside
dans la prise de conscience par les
patients d’un fait évident, mais ô
combien difficile à accepter : si
vous continuez à fumer, vous serez en insuffisance respiratoire à
60 ans », poursuit Renaud Louis.
Le tableau s’assombrit encore
lorsqu’on ajoute que le risque de
cancer du poumon est accru chez
les patients atteints de BPCO.
Un handicap
très invalidant
Lorsqu’on n’est plus capable de
monter un escalier ni même de
marcher quelques mètres sans
être à bout de souffle, lorsqu’on
doit en permanence garder sous
la main une bouteille d’oxygène,
la qualité de vie en prend en sérieux coup. Pour retrouver une
certaine autonomie, les patients
du centre de revalidation pulmonaire du CHU de Liège travaillent
sous surveillance médicale étroite leur performance physique à
l’effort.
Pendant six mois, ils se rendent
plusieurs fois par semaine dans
P n e u m o l o g i e
D O SSIE R
>
Un constat approuvé par Pierre
Schees, kinésithérapeute en chef
responsable du centre : « Nos patients sont capables de marcher
plus longtemps. Ils peuvent à
nouveau préparer un repas, aller
boire un café en ville et même faire quelques courses ou retourner
pêcher. Ils ont besoin de moins de
médicaments. » Une émulation
positive se crée lors des séances
collectives d’entraînement. Cet
esprit de camaraderie est en partie responsable du taux élevé de
sevrage tabagique à inscrire au
palmarès de l’équipe.
Un travail d’équipe
En Belgique, seuls quatre centres
pilotes bénéficient, depuis 2000,
d’une convention Inami pour la
revalidation pulmonaire. Pour
être inclus dans cette convention,
les patients doivent répondre à
l’un des deux critères suivants :
un volume expiratoire maximal
par seconde (VEMS) inférieur à
50 % des valeurs prédites et/ou
une diffusion du monoxyde de
carbone à travers la paroi pulmonaire (DLCO) inférieure à 50 %. Ils
sont majoritairement atteints de
BPCO, mais peuvent aussi souffrir
d’une maladie génétique, d’un
cancer, d’un asthme chronique
ou même être candidats à une
greffe pulmonaire.
Les patients du centre de revalidation pulmonaire bénéficient
d’une prise en charge pluridisciplinaire. Pneumologues, kinésithérapeutes, ergothérapeute,
diététicien, psychologue et assistant social associent leurs compétences pour proposer, en plus des
exercices de réadaptation fonctionnelle, un suivi médical rapproché et une éducation des patients. Il est par exemple conseillé
à certains patients de prendre du
poids, la maigreur typique des
patients BPCO représentant un
facteur de risque supplémentaire.
L’organisation des déplacements
vers le centre de revalidation est
prise en charge par l’assistant
social, de même qu’une série de
Pr. R. Louis
Chef du service
de pneumologie
04 366 78 81
[email protected]
Pr. F. Pirnay
Responsable de
la revalidation
pulmonaire
04 366 78 81
formalités liées au handicap (aide
à domicile, obtention d’une carte
de parking, d’allocations, etc.).
Dr J.-L. Corhay
Chef de clinique
en pneumologie
04 366 78 81
[email protected]
Gare aux pollens et autres allergènes
Depuis un peu moins de deux ans, le Dr Vincent Piette tient une consultation d’allergologie tous les jeudis sur le site du Sart Tilman. Les patients de ce pneumologue-allergologue formé à Montpellier sont le plus
souvent référés par ses confrères des services de pneumologie, d’infectiologie, de gastro-entérologie, de dermatologie ou d’ORL. C’est que si
les rhinites allergiques, qui touchent 20 % de la population, présentent
des symptômes aisément identifiables, ce n’est pas toujours le cas des
allergies alimentaires ou médicamenteuses. Une anamnèse fouillée et
des tests cutanés supplémentaires et/ou des tests de provocation spécifiques sont souvent nécessaires pour poser un diagnostic précis.
Après une augmentation très nette de l’incidence de ces pathologies
– augmentation attribuée en partie aux progrès du dépistage et en
partie à une mosaïque de facteurs liés à notre mode de vie – il semble
qu’un plafond soit depuis peu atteint dans certains pays occidentaux.
Une constatation encore à confirmer par les études épidémiologiques.
Dr V. Piette
Pneumologue
allergologue
04 366 78 81
page 9 chuchotis
la salle de sport aménagée tout
spécialement pour eux au complexe sportif du Blanc Gravier, au
Sart Tilman. Objectif : renforcer
la musculature respiratoire mais
aussi la musculature des jambes
et des bras pour tirer le meilleur
parti possible de la capacité pulmonaire préservée. « Dans ce domaine, contrairement à la revalidation cardiaque, ce qui est perdu
est perdu », explique le Pr. Freddy
Pirnay, le pneumologue à l’origine de la création du centre.
« Heureusement, nos résultats
démontrent que la revalidation
pulmonaire permet d’améliorer
la dyspnée, la capacité à l’effort
et la qualité de vie des patients.
Une prise en charge pluridisciplinaire et régulière réduit le nombre des épisodes d’exacerbation
et, par conséquent, le nombre
d’hospitalisations. »
D O SSIE R
La clinique de
l’asthme
Maladie très fréquente dans les
pays occidentaux (5 % de la population), l’asthme est deux fois
sur trois consécutif à une allergie.
Cette proportion s’élève à neuf
fois sur dix chez les enfants. Caractérisé par une variabilité de la
fonction respiratoire au cours du
temps, l’asthme est une maladie
inflammatoire chronique des voies
aériennes associée à une hyperréactivité bronchique. Elle débute
souvent dès l’enfance mais peut
aussi se développer chez des adultes. Son diagnostic n’est pas toujours aisé, car ses symptômes sont
banals et partagés par d’autres
pathologies respiratoires.
Si les traitements ne permettent
pas d’en guérir, ils se révèlent très
efficaces s’ils sont régulièrement
adaptés. Pourtant, les enquêtes
montrent que le contrôle de la
maladie est insuffisant. L’asthme
tue encore aujourd’hui. En cause,
bien souvent, un manque d’information : les patients ne connaissent pas suffisamment leur maladie ni les moyens de la gérer.
page 1 0 chuchotis
Un suivi régulier
« Les nouvelles stratégies d’ajustement du traitement sont basées,
d’une part, sur la responsabilisation du patient et, d’autre part,
sur l’analyse fine des paramètres
respiratoires », explique le Pr. Renaud Louis, chef du service de
pneumologie et spécialiste de
l’asthme. « Le patient doit apprendre à réagir plus rapidement à une
modification de son état, sans hésiter à passer un coup de fil à son
médecin. Un suivi très régulier, si
nécessaire en dehors des horaires classiques de la consultation,
permet d’adapter rapidement le
traitement et d’éviter certaines
hospitalisations en urgence. Les
asthmes légers à modérés devraient être suivis par le médecin
généraliste, pour autant que celui-ci réalise régulièrement une
mesure fonctionnelle respiratoire.
Les asthmes sévères nécessitant le
recours occasionnel aux corticostéroïdes oraux et a fortiori ceux
ayant imposé une hospitalisation
devraient en outre être revus par
le médecin spécialiste. »
Les ajustements thérapeutiques
sont en effet très fréquents lorsque les cas sont complexes. Ils
sont réalisés sur la base d’évaluations fines qui demandent une
expertise aiguë, notamment via
trois tests qui sont peu pratiqués
en dehors des centres universitaires : la mesure de la cytologie
des expectorations, qui permet
de mesurer le degré de l’inflammation bronchique ; la mesure du
taux de monoxyde d’azote exhalé,
d’autant plus élevé que l’asthme
est mal contrôlé ; et la mesure de
la réactivité bronchique.
laboratoire de cytologie pour,
d’une part, fournir au patient une
information adaptée sur la maladie et ses traitements et, d’autre
part, mettre à la disposition des
généralistes une unité d’exploration pour les cas difficiles.
Depuis 2003, la clinique de l’asthme du CHU de Liège est l’un des
quatre principaux centres belges
pour l’administration d’un nouveau traitement de l’asthme allergique sévère. Une quinzaine de
patients reçoivent toutes les deux
semaines une injection d’anticorps
monoclonal anti-IgE (omalizumab
ou Xolair®), avec une évaluation
à 16 semaines et à un an. Les premiers résultats sont globalement
positifs : la corticothérapie est réduite, la fréquence des exacerbations également et la qualité de
vie est améliorée.
Traitements novateurs
Au CHU de Liège, une clinique
de l’asthme a vu le jour en 2006.
Deux pneumologues, une data
nurse et une psychologue travaillent en collaboration avec un
A lire
nR.
Louis, « L’asthme en 2007 :
diagnostic, mise au point et traitement », Tempo médical, février
2007, 7-21.
P n e u m o l o g i e
D O SSIE R
>
No smoking
Un fumeur sur deux décède d’une pathologie liée au
tabagisme. La médecine préventive a donc dans ce
domaine un rôle essentiel à jouer. Le centre d’aide
aux fumeurs (CAF) du CHU de Liège renforce ses
consultations d’aide au sevrage tabagique.
En Belgique, le tabac est la plus importante cause de décès évitable.
C’est bien ce qui motive le Dr Eric
Englebert, médecin généraliste
fléronnais, très engagé dans l’aide
au sevrage tabagique : « Arrêter
de fumer représente la mesure
préventive la plus efficace dans un
grand nombre de pathologies. Si
certains fumeurs y arrivent seuls,
beaucoup d’entre eux gagnent à
être aidés et suivis de près par leur
généraliste, par un tabacologue,
voire par toute une équipe de soutien comme celle que proposent
les centres d’aide aux fumeurs. Et
ça marche. »
Depuis un peu plus d’un an, le Dr
Englebert tient une fois par semaine, dans le cadre du service de
pneumologie du CHU, une consultation de tabacologie dédoublée
au Sart Tilman et aux Bruyères. Engagé dans un premier temps pour
assister les membres du personnel
désireux de cesser de fumer, il a
peu à peu élargi ses activités pour
accueillir de nombreux patients référés par leur médecin traitant, leur
pneumologue ou leur cardiologue.
Cadre spécifique
Comme l’explique le Dr Englebert, les consultations d’aide au
sevrage tabagique sont souvent
longues, très longues même. Elles débordent du cadre classique
de la médecine générale, pour se
rapprocher des consultations de
type « psy ». « C’est la raison pour
laquelle nombre de médecins préfèrent déléguer à des confrères le
suivi des fumeurs, par manque de
temps, par manque d’intérêt ou
encore en raison d’une trop grande proximité avec leurs patients
– selon le même principe qui veut
qu’un psychologue ne reçoive pas
en thérapie un de ses proches. »
A la fois généraliste, tabacologue
et formé en hypnose et thérapie
éricksoniennes, le Dr Englebert
propose à ses patients, au cas par
cas, un large éventail de techniques d’aide au sevrage, depuis les
prescriptions médicales jusqu’à
l’hypnose. « Je fournis au patient
un cadre exclusivement consacré
au tabac, à l’exclusion de toute
autre plainte », précise-t-il. « La
motivation étant essentielle pour
la réussite du sevrage, il s’agit
d’éviter que le patient n’aborde
le sujet qu’entre deux portes, au
détour d’une consultation pour
un autre problème. »
Equipe pluridisciplinaire
L’expertise du service de pneumologie en matière d’aide aux fumeurs
a principalement été développée
par son ancien chef de service, le
Pr. Pierre Bartsch, sommité en la
matière, qui participe toujours aux
activités du CAF en tant que consultant. Son successeur, le Pr. Renaud
Louis, se réjouit de l’intérêt de
plusieurs membres de son équipe
pour cet aspect fondamental de la
médecine préventive, le tabagisme
étant le facteur clé de pathologies
aussi graves que le cancer du poumon, la broncho-pneumopathie
chronique obstructive et l’asthme
réfractaire. « Plusieurs infirmières de pneumologie s’investissent
dans cette problématique, dont
Marina Libertiaux, qui a suivi une
formation en tabacologie », précise-t-il. Le service de pneumologie
bénéficie en outre des compétences d’une psychologue spécialisée
dans ce domaine, Muriel Delvaux,
qui tient des consultations régulières ouvertes tant aux patients extérieurs qu’aux membres du personnel de l’hôpital.
Marina Libertiaux et Muriel Delvaux ont d’ailleurs mené voici
quelques mois une enquête au
sein de l’hôpital, relative au respect de l’interdiction de fumer et
à l’utilité de l’arrêté royal. Du côté
des travailleurs, l’interdiction de
fumer a été globalement bien accueillie. 60 % des personnes ayant
répondu à l’enquête estiment que
leur qualité de vie au travail s’est
améliorée depuis la mise en application de la loi. Parmi les fumeurs
réguliers, 24 % ont réduit leur
consommation et 6 % ont réussi
un sevrage complet. Du côté de la
patientèle, une grande majorité
(90 %) estime qu’il est normal d’interdire de fumer dans un hôpital,
tant pour le personnel que pour
les patients. 55 % des fumeurs réguliers se sont montrés intéressés
par une aide au sevrage durant
leur hospitalisation.
A lire
nM.
Delvaux, A.-M. Etienne, P. Bartsch, R. Louis, « L’aide à l’arrêt du tabagisme :
une nécessité », Revue médicale de Liège, 2005,
60 : 11 : 863-866.
nM.
Delvaux, A.-M. Etienne, J.-F. Gaillard, P. Bartsch, R. Louis, « L’aide à l’arrêt du
tabagisme : la réussite au long terme. Aspects psychologiques et pharmacologiques », Revue médicale de Liège, 2006, 61 : 1 : 27-30.
Dr E. Englebert
Tabacologue
(pneumologie)
04 366 78 81
M. Delvaux
Psychologue
(pneumologie)
04 366 78 81
muriel.delvaux
@ulg.ac.be
M. Libertiaux
Infirmière
(pneumologie)
04 366 73 04
page 1 1 chuchotis
Smoking /
A C T U A L IT é
Maladies sans
frontières
En cette période estivale, nombreux sont ceux qui rêvent de destinations exotiques. Quelques-uns en reviennent parfois en compagnie de
l’un ou l’autre « passager clandestin » viral, bactérien ou parasitaire.
miques à l’œuvre aux quatre coins
du monde, les infectiologues de la
clinique des voyageurs prodiguent
des conseils hygiéno-diététiques
et prescrivent les vaccins (fièvre
jaune, encéphalite japonaise, méningite, etc.) et les médicaments
prophylactiques nécessaires. Ils
tiennent également compte de
l’état de santé général des patients, certaines destinations étant
déconseillées lorsqu’on est atteint
de pathologies sous-jacentes.
Dr Philippe
Léonard
Maladies
infectieuses et
médecine interne
générale
04 366 72 35
philippe.leonard
@chu.ulg.ac.be
Ouverte au CHU de Liège il y a
huit ans, la clinique de la médecine des voyageurs connaît un
succès grandissant (de 401 à 1 126
consultations en trois ans). Ses activités comprennent deux volets
principaux. Le premier est préventif : de nombreux risques peuvent
être prévenus par des précautions
appropriées à la destination, à la
saison et aux conditions de voyage. Le second est diagnostique et
thérapeutique : provoquées par
des agents méconnus en Europe,
les pathologies exotiques exigent
souvent l’intervention de médecins spécialisés dans ce domaine
en constante évolution.
page 1 2 chuchotis
Avant et après le voyage
De l’homme d’affaires au vacancier, de l’expatrié au long cours à
la personne d’origine étrangère
qui rend visite à la famille restée
au pays, du retraité qui s’offre un
beau voyage au bambin qui accompagne ses parents, les patients
reçus en consultation de prévention présentent des profils très
variés. Avec leur connaissance régulièrement actualisée de la situation sanitaire et des risques endé-
Lorsque des symptômes comme
de la fièvre, de la diarrhée ou des
problèmes cutanés se déclarent au
retour du voyage, les patients sont
souvent référés à la clinique par leur
médecin traitant. D’autres voyageurs sont référés par les médecins
des centres de réfugiés. Enfin, des
patients d’un « troisième type » se
rencontrent également, même s’ils
sont largement minoritaires : eux
n’ont pas été à la rencontre des
maladies exotiques, ce sont leurs
vecteurs qui sont venus à eux ! Ils se
retrouvent atteints d’une maladie
inhabituelle dans nos contrées sans
avoir quitté le sol belge.
On l’a vu en Italie notamment,
avec le virus chikungunya ramené
par un voyageur et transmis aux
moustiques locaux, les maladies
respectent de moins en moins les
frontières humaines. Conjugué aux
phénomènes de la mondialisation,
le réchauffement climatique provoque en effet l’apparition – ou la
recrudescence – dans nos régions
de diverses bestioles comme des
moustiques (dont les larves sont
introduites en Europe par... le trafic de pneus), les campagnols roussâtres ou les tiques (deux espèces
qui apprécient particulièrement la
douceur actuelle de nos hivers).
De nouveaux risques ?
Risque-t-on de connaître à l’avenir
une recrudescence du paludisme,
de la tuberculose, de l’hantavirose, de la maladie de Lyme ou de
l’encéphalite à tique ? Sans compter les bactéries friandes de chaleur et d’humidité (salmonelloses,
choléra et autres réjouissances)...
« Les risques sont faibles », estime
le Dr Philippe Léonard, responsable de la clinique de la médecine
des voyageurs. « Mais ils existent.
Le paludisme, par exemple, a
existé en Belgique jusque dans les
années 1950. On l’appelait “fièvre
des Polders”. Certains de nos moustiques, s’ils étaient contaminés par
une personne malade, pourraient
donc à nouveau transmettre l’infection. L’influence des modifications climatiques sur les maladies
infectieuses a d’ores et déjà été
démontrée dans différents pays.
En Belgique, des études sur l’évolution des espèces de moustiques
sont en cours à l’Institut de médecine tropicale d’Anvers. »
L’expérience des spécialistes de la
clinique de la médecine de voyageurs est à votre disposition. Une
permanence téléphonique est assurée du lundi au vendredi, de 9 à
17h (04 366 72 35, bip 733).
A lire
nClimate
change and human health: present and future risks. A.J. McMichael,
R. Woodruff, S. Hales. Lancet 2006 ; 367:859-869.
A C T U A L IT é
Toxicomanie :
expérience pilote
Un projet pilote de distribution médicalisée d’héroïne est sur le point
de voir le jour à Liège.
Un projet
longuement mûri
Ce concept n’est pas neuf : le projet est né il y a une dizaine d’années à la demande des acteurs de
terrain et avec, au départ, une
visée nationale. Ses promoteurs
envisageaient de lancer simultanément l’expérience pilote dans
les trois régions du pays. La frilosité de Bruxelles et de la Flandre
face à ce sujet ô combien sensible
a retardé son exécution.
En fin de compte, seule la région
liégeoise a entamé le processus,
grâce au large consensus qui s’est
établi entre les autorités politiques, le Parquet et l’Ordre des
médecins (en raison aussi, sans
doute, de la proximité avec Maastricht et du climat d’insécurité engendré par la présence importante de toxicomanes au centre ville).
Si l’expérience est concluante,
cette modalité de prise en charge
pourrait par la suite être développée dans d’autres villes.
Une étude européenne de 2004
indique que 27 % des 5 340 héroïnomanes de l’arrondissement
de Liège ne sont pas traités. Une
situation comparable à celle des
Pays-Bas, où 30 % des patients
échappent aux structures de soins
de santé.
Deux cents patients
pendant un an
Deux cents patients seront sélectionnés et répartis en deux groupes de manière randomisée. Le
premier groupe bénéficiera pendant un an de la distribution médicalisée d’héroïne, moyennant
un passage quotidien au centre
de délivrance, des évaluations
régulières et le respect de règles
strictes, tandis que le groupe témoin recevra un traitement de
substitution à la méthadone dans
d’autres institutions d’aide ou
de soins. Les patients inclus dans
l’étude devront être Belges ou résidents légaux et domiciliés dans
l’arrondissement de Liège depuis
au moins un an. Ils devront accepter un suivi psychosocial dans l’un
des centres partenaires.
Responsable du centre de délivrance, la Ville de Liège en a
confié la gestion à une association
réunissant la Province et plusieurs
hôpitaux : le CHR de la Citadelle,
le CHC Saint-Joseph, le Centre
hospitalier psychiatrique et le Bois
de l’Abbaye. Le CHU de Liège, qui
ne peut être à la fois juge et partie, ne s’est pas joint à cette association. C’est en effet son service
universitaire de psychiatrie et psychologie médicale, dirigé par le
Pr. Marc Ansseau, qui est chargé
d’assurer l’évaluation du projet,
en collaboration avec le service
de criminologie de l’Université
de Liège (Pr. André Lemaître). Bilans médicaux et psychologiques,
analyses toxicologiques et recueils
d’informations auprès du Parquet
représenteront le gros de cette
évaluation destinée à établir le
rapport coûts / bénéfices de la délivrance médicalisée d’héroïne.
Pr. Marc Ansseau
Psychiatrie et psychologie médicale
04 366 79 60
marc.ansseau
@chu.ulg.ac.be
page 1 3 chuchotis
Destiné au « noyau dur » des patients toxicomanes dont la dépendance résiste aux traitements
actuels, ce projet se base sur les
résultats favorables d’expériences
similaires menées en Suisse, aux
Pays-Bas et en Allemagne, qui ont
permis d’obtenir un effet positif
sur la santé somatique et mentale
des patients, ainsi qu’une diminution des activités criminelles et des
comportements à risque. La délivrance médicalisée d’héroïne (ou
diacétylmorphine) vise à améliorer l’état physique, psychologique
et social des patients afin de faciliter leur réinsertion et leur prise en
charge par d’autres méthodes.

Documents pareils