etude randomisee des effets analgesiques du saccharose, glucose
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etude randomisee des effets analgesiques du saccharose, glucose
1 ETUDE RANDOMISEE DES EFFETS ANALGESIQUES DU SACCHAROSE, GLUCOSE, ET TETINES CHEZ LE NOUVEAU-NE A TERME Par Ricardo CARBAJAL Pédiatre HOPITAL DE POISSY 78300 POISSY Référence : Carbajal R, Chauvet X, Couderc S, Olivier-Martin M. Randomised trial of analgesisc effects of sucrose, glucose, and pacifiers in term neonates. BMJ 1999;319:1393-7. 2 INTRODUCTION Les soins de routine aux nouveau-nés comportent des prises de sang pendant les premiers jours de vie. Ces actes sont pratiqués même chez les enfants en bonne santé, et bien sûr ils sont plus fréquents chez les nouveau-nés malades hospitalisés dans les unités de réanimation néonatale. La capacité des nouveau-nés à percevoir et réagir à la douleur a été récemment reconnue [1, 2]. Traiter la douleur du nouveau-né est essentiel ; premièrement, pour des raisons éthiques et, deuxièmement, parce que la douleur peut être responsable d'une diminution de l'oxygénation, d'une instabilité hémodynamique, ou d'une augmentation de la pression intracrânienne [2]. Des travaux récents ont montré que même une douleur de courte durée peut avoir des effets négatifs durables [3]. La connaissance de ces faits a conduit plusieurs équipes de néonatologie à développer des stratégies pour soulager la douleur causée par les actes diagnostiques et thérapeutiques subis par les nouveau-nés. Pour les nouveau-nés qui reçoivent des soins de réanimation néonatale il est largement admis que des analgésiques centraux, administrées par voie intraveineuse, doivent être utilisés pour soulager la douleur. Les nouveau-nés qui sont moins malades ou qui ne sont pas dans des unités de réanimation néonatale habituellement ne reçoivent aucun analgésique pour des actes douloureux. Bien évidement, les analgésiques centraux ne peuvent pas être utilisés pour des prises de sang occasionnelles réalisées chez des nouveau-nés qui ne nécessitent pas des soins de réanimation. Il est donc essentiel de trouver des moyens simples, acceptables et bien tolérés pour soulager la douleur de ces enfants. Quelques études récentes ont montré que des interventions simples et bénignes telles que les solutions orales sucrées [4], le lait [5] ou la succion d'une tétine [4, 6] diminuent la douleur des nouveau-nés lors des actes médicaux. Les effets analgésiques du saccharose ont été rapportés chez des nouveau-nés à terme et prématurés [7-11]. Des effets analgésiques ont également été trouvés pour le glucose et des solutions sucrées ne contenant pas de saccharose [12-14]. Presque toutes ces études antérieures ont utilisé les pleurs comme critère principal d'évaluation de la douleur [15]. Mais bien qu'intimement liés, les pleurs ne sont pas exclusifs à la douleur. Par conséquent, l'utilisation des pleurs comme seul critère d'évaluation de la douleur comporte des limitations importantes [15, 16]. En réalité, l'évaluation de la douleur chez les nouveau-nés est difficile, et nous devons nous baser sur des réactions telles que les changements comportementaux, des modifications des paramètres physiologiques, ou la libération d'hormones de stress pour inférer la douleur. Les évaluations fondées sur les variations comportementales semblent les plus fiables pour évaluer la douleur chez le nouveau-né. Récemment, une échelle comportementale d'évaluation de la douleur aiguë du nouveau-né, DAN (Douleur Aiguë du Nouveau-né) a été validée [17]. Cette échelle cote la douleur de 0 à 10 où 0 représente l'absence de douleur et 10 la douleur la plus intense. Cette échelle évalue trois items : l'expression faciale, les mouvements des membres, et l'expression vocale (table 1). Dans l'étude de validation de cette échelle, deux observateurs indépendants ont évalué des nouveau-nés pendant des gestes douloureux et pendant une simulation. L'échelle a montré une bonne sensibilité et spécificité parce que tous les scores possibles ont été obtenus ; ceux-ci ont été > 3 dans 95% des gestes douloureux et < 2 dans 88% des simulations. Une intercorrelation élevée entre les items (consistance interne) a été confirmée par un coefficient α de Cronbach de 0,88, et une bonne concordance inter observateur a été montrée par un r de Krippendorf de 91,2. La présente étude a été réalisée pour évaluer et comparer les effets analgésiques des administrations orales de glucose et de saccharose et la succion d'une tétine en utilisant une échelle comportementale d'évaluation de la douleur aiguë et pour déterminer l'effet 3 analgésique synergique du saccharose et des tétines lors des ponctions veineuses chez le nouveau-né à terme. Table I. ECHELLE D’EVALUATION DOULEUR AIGUE NOUVEAU-NE POISSY (DAN) COTATION REPONSES FACIALES • • • • • • • • • Calme Pleurniche avec alternance de fermeture et ouverture douce des yeux. Déterminer l’intensité d’un ou plusieurs des signes suivants : Contraction des paupières, froncement des sourcils, ou accentuation des sillons naso-labiaux. - Légers, intermittents avec retour au calme - Modérés - Très marqués, permanents MOUVEMENTS DES MEMBRES Calmes ou mouvements doux Déterminer l’intensité d’un ou plusieurs des signes suivants : pédalage, écartement des orteils, membres inférieurs raides et surélevés, agitation des bras, réaction de retrait. - Légers, intermittents avec retour au calme - Modérés - Très marqués, permanents EXPRESSION VOCALE DE LA DOULEUR Absence de plainte Gémit brièvement. Pour l’enfant intubé, semble inquiet. Cris intermittents. Pour l’enfant intubé, mimique de cris intermittents. Cris de longue durée, hurlement constant. Pour l’enfant intubé, mimique de cris constants. TOTAL 0 1 2 3 4 0 1 2 3 0 1 2 3 è Terme corrigé = Age gestationnel + âge postnatal SA = Semaines d’aménorrhée Référence. Carbajal R, Paupe A, Hoenn E, Lenclen R, Olivier-Martin M. DAN : une échelle comportementale d’évaluation de la douleur aiguë du nouveau-né. Arch Pédiatr 1997;4:623-8. __________________________________________________________________________ METHODES Protocole Cette étude clinique prospective et randomisée a été conçue pour inclure des nouveau-nés à terme en bonne santé séjournant à la maternité de l'Hôpital de Poissy. Le protocole de l'étude ainsi que la lettre de consentement éclairé des parents ont été approuvés par le Comité Consultatif de Protection de Personnes dans la Recherche Biomédicale de Saint Germain en Laye. Le consentement éclairé des parents a été obtenu pour chacun des enfants avant l'inclusion dans l'étude. Les critères d'inclusion ont été : nouveau-né âgé de > 24 heures subissant une ponction veineuse dans le cadre de leur prise en charge habituelle (les principaux motifs ont été dépistage de la phénylcétonurie et de l'hypothyroïdie et un dosage de la bilirubinémie), absence d'alimentation durant les dernières 30 minutes, un score d'Apgar 4 > 7 à 5 minutes de vie, et la disponibilité d'un des investigateurs (XC) qui a été présent 8 heures par jour, du lundi au vendredi, au moment où la plupart des ponctions veineuses non urgentes sont réalisées. Les critères d'exclusion ont été une instabilité médicale et l'administration de naloxone dan les dernières 24 heures. Toutes les ponctions veineuses ont été pratiquées par deux infirmières expérimentées. Le critère principal de jugement a été l'évaluation de la douleur induite par la ponction veineuse chez le nouveau-né en utilisant l'échelle DAN. Le calcul du nombre des sujets nécessaires à l'étude, en utilisant les moyennes et une déviation standard de 2,5, a montré que pour obtenir une puissance de 80% et une signification de 5% dans la détection d'une différence de 2 points dans l'échelle DAN, 25 nouveau-nés étaient nécessaires dans chacun de 6 groupes. Une analyse ultérieure adaptée pour le test non paramétrique de Mann-Whitney a montré que l'inclusion de 25 nouveau-nés par groupe donnerait une puissance de 80% et une signification de 1%. Les six groupes ont été : aucun traitement, placebo (2 ml d'eau stérile), 2 ml de glucose à 30%, 2 ml de saccharose à 30%, la succion d'une tétine, et 2 ml de saccharose à 30% suivie de la succion d'une tétine. Les présentations commerciales d'eau stérile et glucose à 30% ont été utilisées ; la solution de saccharose à 30% a été préparée à l'avance par un pharmacien. Assignation des traitements Les 150 nouveau-nés prévus pour l'étude ont été assignés d'une façon randomisée à l'un de six groupes. La randomisation a été réalisée à l'avance à l'aide d'une table des numéros tirés au hasard par un assistant n'intervenant pas dans l'étude. Les traitements alloués ont été mis dans des enveloppes opaques numérotées de 1 à 150 ; les investigateurs n'avaient pas connaissance des traitements assignés. Les codes de randomisation ont été gardés secrets par l'assistant qui a réalisé la randomisation, et ils n'ont été dévoilés qu'après l'inclusion du dernier nouveau-né. Aveugle Pour les ponctions veineuses, tous les nouveau-nés ont été emmenés dans une salle calme. Etant donné que l'évaluation de la douleur avec l'échelle DAN nécessite l'observation des jambes et des mouvements des pieds, ceux-ci ont été déshabillés. L'observateur commençait ses évaluations avec une évaluation de l'état d'éveil en utilisant le système de cotation de Prechtl [18] : (1) yeux fermés, respiration régulière, pas de mouvements ; (2) yeux fermés, respiration irregulière, mouvements amples ; (3) yeux ouverts, pas de mouvements amples ; (4) yeux ouverts, mouvements amples continus, pas de pleurs ; (5) yeux ouverts ou fermés, agitation ou pleurs. Après l'évaluation de l'état d'éveil, l'observateur quittait la salle et l'enfant était préparé pour la ponction. Un aide ouvrait alors une enveloppe numérotée consécutivement contenant le traitement assigné à chaque enfant. Deux minutes avant la ponction, la solution correspondante était administrée sur 30 secondes par l'intermediare d'une seringue stérile dans la bouche de l'enfant. Une tétine (tétine standard remplie avec une compresse pour opposer une résistance) a également été donnée deux minutes avant le geste et maintenue doucement dans la bouche des enfants assignés à ces groupes. La douleur durant la ponction veineuse et le prélèvement sanguin a été évaluée par l'observateur (XC). Etant donnée que l'évaluation était basée sur une échelle comportementale, l'aveugle pour la tétine n'a pas pu être gardée. L'analyse statistique a été réalisée avec le logiciel SIMSTAT 3,5. Les scores médians de tous les groupes ont été comparés avec le test non paramétrique U de Mann-Whiney. Etant donné que plusieurs comparaisons en paires ont été réalisées une valeur de P = 0,01 a été considérée comme significative 5 RESULTATS Entre avril et juin 1997, nous avons étudié 150 nouveau-nés répartis en 6 groupes de 25 enfants chacun. Tous les parents sollicités ont donné leur consentement pour la participation de leur enfant dans l'étude. Il n'y pas eu de retrait d'enfants de l'étude. Cinquante enfants qui avaient subi une ponction veineuse et qui étaient potentiellement éligibles pour l'étude n'ont pas été inclus dans l'étude parce que XC n'était pas disponible ; leurs caractéristiques périnatales ont été similaires à ceux inclus dans l'étude. La figure 1 montre un profil du déroulement de l'étude avec le flux des patients. Le poids de naissance, l'âge gestationnel, les scores d'Apgar, l'âge post-natal, la distribution des sexes, le mode d'accouchement, et l'état d'éveil pour chaque groupe sont montrés dans le tableau 2. Il n'y a pas eu de différence substantielle entre les groupes concernant ces caractéristiques périnatales. Les scores de douleur avec leurs valeurs médianes et les intervalles interquartiles pour chacun des groupes sont présentés dans la figure 2. Les scores médians (interquartiles) de douleur pendant les ponctions veineuses ont été 7 (5-10) pour le groupe aucun traitement, 7 (6-10) pour placebo eau stérile, 5 (3-7) pour glucose à 30%, 5 (2-8) pour saccharose à 30%, 2 (1-4) pour tétine, et 1 (1-2) pour saccharose à 30% plus tétine. La comparaison des scores médians de douleur entre les groupes est montrée dans la table 3. Aucun enfant n'a présenté d'effet indésirable. DISCUSSION Cette étude a trois principaux résultats. Premièrement, lors des ponctions veineuses chez le nouveau-né les effets analgésiques du glucose à 30%, du saccharose à 30% et de la succion non nutritive d'une tétine sont suffisamment importants pour être cliniquement significatifs, et ils peuvent de ce fait être détectés par une échelle comportementale d'évaluation de la douleur aiguë. Deuxièmement, le glucose à 30%, qui est facilement disponible dans tous les hôpitaux, a montré au moins la même efficacité que le saccharose à 30% lequel est généralement plus difficile à obtenir. Troisièmement, la succion non nutritive d'une tétine a été plus efficace que l'administration orale de glucose à 30% ou de saccharose à 30%. Il est à noter que bien que la comparaison de saccharose à 30% versus placebo ait montré une valeur de p = 0,01 et une différence de médianes de 2 points, l'intervalle de confiance 95% de cette dernière incluait le 0. Nous pensons que cette inconsistance est due essentiellement au fait que l'échantillon inclus était plutôt petit ; le nombre des patients nécessaires avait été calculé en utilisant des données paramétriques (moyennes et déviations standards) alors que l'analyse a été réalisée avec un test non paramétrique. Bien que les administrations de 2 ml de glucose à 30% et de saccharose à 30% aient réduit la douleur chez les nouveau-nés, le score médian de douleur pour chacun de ces deux groupes a été de 5, valeur qui est relativement encore élevée. Pour cette raison, nous considérons que malgré le fait que les solutions sucrées soient efficaces pour réduire la douleur chez le nouveau-né elles ne constituent pas des analgésiques parfaits. Nous avons trouvé que la succion non nutritive procurait un meilleur effet analgésique que les solutions sucrées. D'autres auteurs ont rapporté les effets calmants et réconfortants de la succion non nutritive [19, 20], mais à notre connaissance aucune comparaison entre tétines et solutions sucrées n'a été réalisée auparavant. Il a aussi été rapporté que le saccharose oral donné par l'intermédiaire d'une tétine est efficace pour soulager la douleur lors de la circoncision chez les nouveau-nés [11]. Nous pensons, cependant, que cet effet analgésique peut être dû essentiellement à la succion de la tétine plus qu'au saccharose lui-même. En ce qui concerne l'effet synergique du saccharose et des tétines, celui-ci a été clairement établi lors de la comparaison avec le placebo puisque les scores médians des groupes placebo, saccharose, et saccharose plus tétine ont été de 7, 5, et 1, respectivement. Une tendance aux scores plus bas a été observée dans le groupe recevant du saccharose à 30% plus une tétine 6 Nouveau-nés éligibles (n = 200) 50 n'ont pas été inclus en raison de la non disponibilité de l'observateur 150 nouveau-nés randomisés* Aucun traitement n = 25 Placebo Eau stérile n = 25 Glucose 30% Saccharose 30% Tétine n = 25 n = 25 n = 25 Saccharose 30% + Tétine n = 25 Fig 1. Profil de l'étude et flux des patients * Tous les nouveau-nés randomisés ont complété l'étude. __________________________________________________________________________ (score médian = 1) par rapport au groupe recevant une tétine seule (score médian = 2). Cette différence n'a pas atteint la signification statistique (P = 0,06). Il doit être signalé, cependant, que l'étude a été conçue pour détecter une différence de 2 points entre les groupes et par conséquent il manquait de puissance pour détecter une différence d'un point. Il a été suggéré dans la littérature que l'administration d'eau stérile pourrait avoir un certain effet analgésique [21]. Nous n'avons pas retrouvé de différence entre le groupe recevant de l'eau stérile et celui n'ayant rien reçu. Une explication possible pourrait être que les auteurs de l'étude citée ont utilisé seulement la mesure des pleurs comme outil d'évaluation et non pas une échelle comportementale d'évaluation de la douleur [21]. Le début rapide de l'effet analgésique suggère fortement un mécanisme activé par la présence de la solution dans la bouche plutôt qu'un effet après l'ingestion. Le soulagement de la douleur par les solutions sucrées est probablement médié par l'activation des opioïdes endogènes ; cette hypothèse est appuyée par le fait que l'effet peut être bloqué par l'administration d'un antagoniste des opioïdes [22]. Le mécanisme précis par lequel les tétines soulagent la douleur reste à identifier. Il a été suggéré que deux processus puissent jouer un rôle [19]. Le premier est la dominance sensorielle. Etant donné que la succion est une source puissante d'information de perceptions pour les jeunes enfants, les sensations qu'elle procure pourraient avoir une priorité dans le déploiement des ressources d'attention et de cette façon bloquer la douleur. La seconde hypothèse est que les tétines réduisent les réponses des enfants à la douleur en facilitant l'auto-régulation. La disponibilité des tétines augmente la capacité des enfants à réguler leur réponse à la douleur en leur donnant l'opportunité pour sucer. Le déclenchement de la succion avec une tétine permet aux enfants de contrôler une source de stimulation afférente, la stimulation orale, à travers leur propre activité. Les tétines sont acceptées par la plupart des nouveau-nés, si ce n'est pas tous, parce qu'ils associent la succion non nutritive avec une activité agréable. TABLE II. Caractéristiques périnatales de 150 nouveau-nés inclus dans l'étude d'effets analgésiques du saccharose, glucose et tétines chez le nouveau-né à terme. Age gestationnel age 1 (s) Poids de naissance 1 (g) Garçons / filles Voie basse / Césarienne Score APGAR 1 (5 min) Age postnatal 2 (j) Score d'éveil 1 1 2 Aucun traitement Placebo Eau stérile (n = 25) 39 (37-41) 3320 (2320-4080) 16/9 22/3 10 (7-10) 3 (3-4) 3 (1-5) (n = 25) 40 (37-41) 3280 (2460-4050) 16/9 22/3 10 (7-10) 4 (3-4) 3 (1-5) Glucose 30% Saccharose 30% Tétine (n = 25) (n = 25) (n = 25) Saccharose 30% plus tétine (n = 25) 40 (37-41) 3340 (2400-3950) 14/11 21/4 10 (9-10) 4 (3-4) 3 (1-5) 40 (37-42) 3420 (2260-4125) 11/14 22/3 10 (9-10) 4 (3-5) 3 (1-5) 40 (37-41) 3370 (2460-4000) 16/9 23/2 10 (10-10) 4 (3-4) 3 (1-5) 39 (37-41) 3320 (2630-3950) 15/10 24/1 10 (8-10) 3 (2-4) 3 (1-3) Médiane et extrêmes Interquartiles 7 SCORE DE DOULEUR Douleur 10 maximum °°°°°° °°°°°°°° ° 9 °° °° °°° 8 °°° °° 7 °°°°° °°°° 6 ° °°°° °°° ° °°°° °°° ° 5 °° 4 °°° °° °°° 3 °° °°°° °° °° °°° °°°°°° ° ° ° 2 ° °°° °° °°°° °°°° ° °°°° °°°°°°° °°°°°°°°°°°° ° °°°°° °° °° ° 1 Pas de douleur 0 Aucun traitement ° Placebo Eau stérile Glucose à 30% °°°°° ° Saccharose à 30% °° ° Tétine °°°°°° Saccharose à 30% + tétine (1) Figure 2. Evaluation de la douleur en utilisant l'échelle DAN (0 à 10) lors des ponctions veineuses réalisées chez 150 nouveau-nés randomisés dans 6 groupes de 25 enfants chacun. Les cercles représentent les valeurs individuelles, les lignes horizontales sont les valeurs médianes, et les boites sont les intervalles interquartiles. (1) l'interquartile inférieur coïncide avec la valeur médiane. 8 9 TABLEAU III. Comparaisons des scores médians de douleur entre les groupes. Sont montrées les valeurs P pour le test U de Mann-Whitney et les intervalles de confiance 95% pour les différences entre les médianes. PLACEBO (SMD= 7) Valeur P Différence des médianes (IC 95%) glucose 30% saccharose 30% tétine (SMD = 5) (SMD = 5) (SMD = 2) saccharose 30% + tétine (SMD = 1) 0.005 2 (1 à 4) 0.01 2 (0 à 4) <0.0001 5 (4 à 7) <0.0001 6 (5 à 8) TETINE (SMD = 2) Valeur P 0.0001 0.001 NA 0,06 Différence des 3 3 NA 1 médianes (2 à 5) (1 à 5) (0 à 2) (IC 95%) SMD: score médian de douleur. NA: non applicable. IC: intervalle de confidence __________________________________________________________________________ Limitations L'interprétation de ces résultats doit tenir compte de deux limitations. Premièrement, bien que l'observateur ignorait le type de solution administrée il n'ignorait pas l'administration d'une tétine aux nouveau-nés ; il était impossible d'éviter ce biais potentiel car l'étude était basée sur une échelle comportementale d'évaluation de la douleur. L'objectivité de l'observateur, cependant, peut être soulignée par le fait que les scores médians de douleur des groupes tétine seule et tétine plus saccharose ont eu tendance a être différents. Deuxièmement, bien que l'étude de validation de l'échelle DAN ait montré qu'elle peut détecter la douleur chez le nouveau-né, aucune étude n'a montré pour l'instant que cette échelle peut graduer la perception de la douleur. Nous avons assumé que plus les expressions faciales, les mouvements des membres et les expressions vocales étaient marquées plus la douleur ressentie par le nouveau-né était intense. Gestes mineurs Les gestes mineurs sont fréquents chez le nouveau-né et une analgésie efficace est rarement utilisée dans ce contexte. La succion non nutritive d'une tétine, l'administration orale des solutions concentrées de glucose ou saccharose, ou encore mieux, l'association d'une solution orale sucrée et la succion non nutritive d'une tétine sont des manœuvres simples, non invasives, et bénignes qui peuvent soulager la douleur des nouveau-nés lors des gestes mineurs tels qu'une ponction veineuse, une ponction au talon, une ponction lombaire, une injection intramusculaire de vitamine K, ou une injection sous-cutanée d'érythopoiëtine ; et de ce fait nous pensons qu'elles doivent être utilisées de façon routinière. Nous insistons sur "gestes mineurs" car nous considérons que ces interventions simples ne sont pas adaptées pour des gestes plus agressifs où des analgésiques plus puissants, y compris de type central, doivent être administrés. 10 REFERENCES 1. Anand KJS, Carr DB. The neuroanatomy, neurophysiology and neurochemistry of pain, stress, and analgesia in newborns and children. Ped Clin N Am 1989;36:795-822. 2. Anand KJS, Hickey PR. Pain and its effects in the human neonate and fetus. N Engl J Med 1987;317:1321-9. 3. Taddio A, Goldbach M, Ipp M, Stevens B, Koren G. Effect of neonatal circumcision on pain responses during vaccination in boys. Lancet 1995;345:291-2. 4. Blass EM, Hoffmeyer LB. Sucrose as an analgesic for newborns infants. Pediatrics 1991;87:215-8. 5. Blass EM. Milk-induced hypoalgesia in human newborns. Pediatrics 1997;99:825-9. 6. Gunnar M, Fisch RO, Malone S. The effects of pacifying stimulus on behavioral and adrenocortical responses to circumcision. 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