Sexe et Genre en question - Chrétiens de l`Ain en Recherche

Transcription

Sexe et Genre en question - Chrétiens de l`Ain en Recherche
CAR du 14 juin 2014
Texte support de l’exposé d’Etienne FAUVET
Sexe et Genre en question !
Précaution
En matière de pensée sur le ‘‘genre humain’’, il est rare d’être ‘‘neutre’’(1), moi pas plus que
vous ou les autres acteurs du débat social actuel.
(1) Remarquons que la loi allemande (novembre 2013), Haute Cour d’Australie (5 avril 2014)
et la Cour Suprême indienne (15 avril 2014) viennent de reconnaître un troisième sexe
‘‘indéterminé’’.
(2) Joan SHOT, historienne américaine.
Mais on peut essayer d’être intellectuellement ‘‘honnêtes’’ en ‘‘distinguant pour unir’’.
Distinguer genre, famille, mariage, PMA, GPA, homosexualité, hétérosexualité, et autres
femens, etc. Tout cela est distinct même si tout cela se vit dans la même société.
J’interviens ici en tant que sociologue et non pas en tant que théologien, c'est-à-dire en essayant
d’observer ce qui se passe dans la société et l’Eglise pour comprendre, sans prétendre dire une
norme morale ou une signification de foi ; ce qui est une autre approche.
Comme les autres, je suis en question. Et quand je me pose des questions c’est que je ne sais
pas tout, je ne sais pas les réponses. Je cherche, avec d’autres, avec vous.
Introduction
Un rythme/une rythmique ; une amourette/un amour ; une chaise/ un fauteuil… quel est leur
sexe ?
Pourquoi Masculin ou féminin ?
Pourquoi y a-t-il des expressions ou des mots féminins en sexualité qui n’ont pas leur
correspondant en masculin. Ex. Poule, femme de petite vertu, traînée, roulure, pouffiasse, fille
de joie, les ‘‘bonnes femmes’’ !
Combien de rues de votre commune portent-elles le nom de femmes ?
Combien de femmes dans le gouvernement du diocèse ?
Comment dans notre société sexe et genre sont-ils liés ?
Je vais tenter de vous dire ce que je comprends du ’’ genre’’, masculin ou féminin, sans parler
du neutre !
C’est un sujet qui touche à la vie, vie personnelle et vie en société, et qui doit être resitués dans
un ensemble, historique et actuel : politique, économique, culturel et théologique.
Beaucoup de gens de tous horizons travaillent sur ce sujet, y compris chez les Chrétiens ( par ex
le Groupe d’intellectuels chrétiens ‘‘Confrontations’’. Paris). C’est un ‘‘vrai sujet de société’’
qui pose des questions.
Deux mots de définition,
Avant d’y revenir longuement dans la deuxième partie de cet exposé. Le Sexe est une réalité
anatomique ; Genre est un sentiment d’identité (2).
1
Sexe renvoie au corps physique ; le genre renvoie à une identité sociale : un corps social
Le Sexe est une différence incarnée, physique
Le genre c’est une façon mentale et sociale d’opérer des distinctions, d’imposer des normes,
d’assigner des places, d’attribuer des fonctions, de justifier des inégalités parfois… selon un
ordre sexuel hiérarchisé.
Le genre qui nous occupe – gender – est une façon de vivre en société, de se représenter les
choses, les humains et les idées. Une façon de se ‘‘représenter la vie’’ qui met en action et en
cause la relation H/F dans la vie culturelle, économique, sociale … et religieuse.
Ces normes ont commencé à changer depuis une ou deux générations, pour des causes diverses.
Je ne vais pas expliquer toutes ces dimensions. Je me contente seulement d’ouvrir le débat sur
trois points : des faits, des paroles, des questions…. Qui ont fait et font encore l’actualité et
produisent des conflits dans la vie sociale
1. Des faits. Actualité de quelques événements récents et conflictuels
Tout d’abord une simple constatation, un fait incontestable que nous sommes, en France, dans
une société pluriethnique, pluriculturelle, pluri-politique, pluri-religieuse. Nous venons d’une
histoire multiséculaire qui marque notre mémoire collective aujourd’hui. Et cette société est
conflictuelle !
En France, aujourd’hui, s’agissant du genre (et seulement du ‘‘genre’’ sans parler de mariage
pour tous) , depuis quelques années, il y a une attaque sociale contre la réflexion sur la relation
H/F, sur le ‘‘genre’’. Et cette attaque ne vient pas de n’importe où.
Des faits politiques
- Dans l’éducation Nationale, depuis 1989, une loi promeut une réflexion sur l’égalité H/F. En
2001, l’éducation sexuelle fait partie des programmes. En 2011, dans le programme SVT
(Sciences et Vie de la Terre) est introduite une réflexion sur le genre.
En 2012, le ministre de l’Education nationale décide ABCD de l’égalité, i.e. de tester dans 600
classes de 275 écoles publiques, dans 10 académies (de la maternelle au CM2) des séquences
pédagogiques sur l’égalité H/F. ces séquences ne parlent pas de sexualité, ni d’homosexualité.
Ex Pourquoi représenter toujours une fille avec une poupée et un garçon avec un ballon ?
Ex « Est-ce qu’un chevalier a le droit d’avoir peur du noir ? Est-ce que les princesses peuvent
aussi jouer un rôle dans leur propre histoire ? Comment organiser des jeux de ballon mixte ? »
Une soulevée de boucliers
- D’abord des rumeurs tous azimuts, des SMS surtout par les réseaux sociaux et spécialement
auprès de familles musulmanes. Par ex. à la date du 2 avril 2014, 141 vidéos ont été vues
50 000 fois sur Internet. Tous messages dénonçant des attentats à la pudeur :
Je cite « une éducation sexuelle prévue en maternelle avec démonstration et apprentissage de la
masturbation » Le Monde, 2 04 2014
« l’école apprendrait aux petits garçon à devenir de petites filles »
« L’OMS enjoint aux écoles et aux crèches ‘‘d’encourager la masturbation enfantine’’» Le
Monde 26 02 14
2
Civitas met en ligne une photo d’une prof. d’éducation sexuelle ‘‘dans une attitude douteuse’’.
En fait, la photo venait du Canada.
De même Civitas appelle les internautes à ‘‘harceler Arte pour interdire la diffusion du film
Tomboy et appel à manifester. Plus récemment, le 16 mai, les montées de bouclier contre la
manif ‘‘scandaleuse’’ (dixit les opposants) des lycées nantais ‘‘Ce que soulève la jupe’’ [des
lycéens qui veulent, comme en 2013, mobiliser leurs camarades contre la discrimination à
l’égard des filles], par le syndicat étudiant UNI et des supporters de Dieudonné, et à Nantes par
‘‘Les Nantais pour la famille’’ sur leur blog Facebook. A noter le coup de pouce du Figaro sur
le mobile de ses lecteurs (message d’alerte) et en demandant à son invité du jour, le député
UMP Christian Jacob ‘‘de réagir à cette information’’(3)
(3) Le Monde, 16 mai 2014
- Ensuite des manifestations
Un collectif JRE (Journées de Retrait de l’Ecole) se met en place sous l’impulsion de Farida
BELGHOUL : « Ne mettez pas vos enfants à l’école’’. Il y a eu 4 JRE 24 et 27 janvier,
10 février et 31 mars (une centaine d’école sur 48 000). Mais ce sont parfois « les enfants qui
ont le plus besoin d’école qui se retrouvent pris en otages » remarquent des enseignants.
Des parents sont inquiets, voire outrés : « Mon fils ne viendra pas car vous aller lui montrer des
films pas bien, lui apprendre à faire l’amour » Le Monde 1 04 14
Parmi ces manifestations, noter l’initiative de LMPT (La Manif Pour Tous) qui ne participe pas
aux JRE mais qui ‘‘comprend l’appréhension des parents’’ et qui, lors des municipales 2014, a
proposé aux candidats maires à signer une charte dans laquelle on lit : « Préserver l’enfant de
toute expérimentation basée sur les concepts de genre, diffusés sous couvert de lutte contre les
stéréotypes et pour l’égalité Homme/Femme, en particulier en maternelle, dans les crèches et
dans les temps périscolaires à l’école. » LMPT.chartedesmunicipales.fr
- Enfin des déclarations, nombreuses d’hommes politiques de l’opposition, d’intellectuels (par
ex Alain Finkielkraut ), d’artistes (Zemmour, Dieudonné) . Je ne cite pas tous ces politiques. Je
remarque simplement que l’UMP a été tentée de se ‘‘greffer’’ sur la vague anti-genre. Par ex
son président a dénoncé le livre ‘‘Tous à poil’’ assurant que ce livre était au programme du
primaire, ce qui n’est pas exact. Le Monde 26 02 14. « Quand j’ai vu ça, mon sang n’a fait
qu’un tour » Gran jury RTL 8 février 2014.
- Des promoteurs et des forces diverses en présence
D’abord des personnes (quelques unes) qui se situent dans la mouvance de la droite
extrême
* Farida BELGHOUL, prof d’histoire/géo, la plus radicale, proche d’Alain SORAL du parti
national-socialiste. Elle dénonce ; le genre « ça veut dire que les enfants naissent neutres et
qu’ils peuvent choisir leur sexe » « les enfants [sont] dans une propagande interminable à partir
de 3 mois, quand ils sont déposés à la crèche » Nouvel Obs, 29 01 14 Elle est très influente
dans les milieux musulmans (ancienne de la Marche des Beurs de 1984)
* Alain SORAL , président de ‘‘Egalité et Réconciliation’’ et proche de Farida Belghoul.
* Ludovine de la Rochère, ex responsable Communication des évêques de France, présidente de
LMPT (qui a évincé Frigide BARJOT, dont j’ai parlé au sujet de la charte des municipale.
* Béatrice BOURGES, fondatrice du ‘‘Printemps Français’’ (en souvenir des printemps arabes)
3
*Jacques BOMPARD , maire d’Orange, qui dénonce les féministes responsables de tous ces
débordements.
* Elisabeth MONTFORT, ex députée européenne ; etc.
- Des Institutions ou mouvements d’extrême droite
Je cite sans les décrire :
* JRE 2014 déjà cité : association pour le boycott de l’école en signe de protestation.
* SOS Homophobie
* Jour de Colère (Farida Belghoul) contre le gouvernement de F. Hollande
* La Marche pour la vie, contre l’avortement, 19 janvier 2014.
* l’Action Française.
* Les Veilleurs
* Civitas, président Alain ESCADA, groupe catholique intégriste affilié à la Fraternité
Sacerdotale St Pie X. Civitas se définit comme « lobby catholique traditionaliste»
* Mouvement Ichtus
* le site ‘‘Touche pas à nos gosses’’
* le journal Minute, etc..
Ce que l’on peut observer : chaque fois que la Gauche arrive au pouvoir, nombreux sont les
mouvements d’extrême droite à brandir le bouclier. Ceci a été observé en 1930, en 1981 avec
l’arrivée de Mitterrand, et actuellement. Ce n’est pas un hasard.
En réaction contre toutes ces attaques, on peut observer, les dénégations de l’ex-ministre de
L’Education nationale et du porte parole du Gouvernement.
Celle de la revue SJ ‘‘Etudes’’ (n° du 26 sept.2013) qui réagit contre les manipulations. Elle
souligne les distinctions à faire et ajoute que « les réflexions peuvent trouver une place « au
sein-même de nos Eglises, non seulement pour lutter contre les discriminations éducatives,
sociales et professionnelles qui s’exercent encore envers les femmes, mais également pour
s’ouvrir à la créativité des recompositions identitaires en cours. »
Et bien entendu celle de Famille et Société que nous allons aborder
2. Des paroles… pour y voir plus clair.
Essentiellement
« A propos de la ‘‘gender theory’’ : distinguer, dissocier, conjuguer »
du Service National Famille et Société de la CEF, février 2014.
-
Une introduction
resituer le genre dans l’histoire récente
le concept de genre entendu différemment : un concept valise
Discerner à partir de l’anthropologie Chrétienne
Une conclusion : penser la relation H/F et les droits légitimes des minorités.
« A propos de la ‘‘gender theory’’ : distinguer, dissocier, conjuguer ? »
4
« Les études sur le genre existent depuis une quarantaine d’années mais, depuis peu, le
vocabulaire de genre se diffuse et le sujet devient passionnel. Des craintes sont aujourd'hui
exprimées notamment dans le domaine de l’éducation des enfants. Or, un discernement paisible
est requis.
Dans ce vaste champ des « gender studies » l’on croise le meilleur comme le pire. Il convient
de distinguer les postures excessives de ce qui est humanisant.
Élaborée en collaboration avec Xavier Lacroix, théologien et membre du Comité consultatif
national d’éthique, cette fiche veut apporter quelques éléments pour faciliter ce travail de
discernement. »
Monique Baujard,
Directrice du Service national Famille et Société
« Il faut distinguer les gender studies et la dite « gender theory », qui est en fait une idéologie,
la gender ideology. Les gender studies sont des études, souvent sociologiques. Elles étudient les
rôles sociaux des hommes et des femmes en particulier sous l’angle des inégalités et des
rapports de pouvoir que ce soit face à la santé, dans le domaine des revenus, des carrières, dans
la vie sociale. Ces études relèvent du bon sens, de même que la distinction entre genre et sexe.
Bien avant les écrits sur le gender, ces notions étaient distinguées. « Sexe » est une notion
anatomique, corporelle, animale. tandis que « genre » est une notion complexe grammaticale,
culturelle, qui tient au langage ; dans notre langue elle s’applique à des choses qui n’ont pas de
sexe comme, par exemple, une table, un banc.
Il est certain que ce que l’on appelle « l’identité sexuelle », c’est-à-dire le fait de se sentir
homme ou femme, ne vient pas que du sexe anatomique mais aussi du psychisme, c’est-à-dire
de l’histoire, de l’éducation, des relations. Dès les années 1920, Edith Stein a formalisé la
différence entre le fait d’avoir un corps de femme et le fait se sentir femme, ou d’agir de la
manière dont telle ou telle société conçoit le rôle féminin1.
Il est vrai aussi que certaines caractéristiques considérées comme « naturelles » ou dictées par
la nature sont d’origine culturelle. C’est ainsi qu’en Hongrie, ce sont les hommes qui tricotent
alors qu’au Cameroun, ce sont les femmes qui labourent. Nous sommes devenus plus
conscients de l’historicité des rôles féminins auxquels la société a cantonné les femmes pendant
des siècles.
La distinction entre sexe et genre rappelle que l’éducation, c’est-à-dire la culture, aide à
construire la dimension sexuée qui n’est pas que biologique mais aussi historique, humaine,
éducative, personnelle. Mais lorsque l’on passe de la distinction à la dissociation, l’on entre
dans l’idéologie. S’il est impropre de parler de théorie du genre, on peut parler d’idéologie.
L’idéologie du genre existe, la « théorie »n’existe pas.
Un bref rappel historique permet de comprendre le contexte dans lequel ces études du genre se
sont développées et d’identifier comment certains auteurs ont basculé dans l’idéologie. Le statut
contemporain de la question doit être précisé, avant d’en appeler à quelques repères
anthropologiques, grammaire d’une pensée affinée de la différence.58, avenue de Breteuil
75007 Paris — [email protected] — 01 72 36 69 09
La montée des droits individuels et la lutte contre les discriminations
Après les horreurs de la seconde guerre mondiale il y a, dans le monde occidental, une prise de
conscience très forte de la nécessité de garantir le respect de la dignité et de la liberté de chaque
personne, y compris contre l’État qui peut se révéler totalitaire. Cela se traduit par l’affirmation
de droits individuels pour chacun et une volonté de lutter contre toute forme d’inégalité et de
discrimination. En France, le Préambule de la Constitution de 1946 s’y réfère expressément et
affirme notamment l’égalité homme/femme. Le Préambule de la Déclaration universelle des
droits de l’Homme de 1948 consacre cela au niveau de l’ONU. Une attention particulière se
développe alors pour les personnes appartenant à des minorités.
5
C’est sur fond de ce mouvement que se fait dans les années 1950-1960, la décolonisation. Le
droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est la version collective de cette aspiration à la liberté
et à l’égalité. Parallèlement, les sociétés occidentales découvrent qu’il subsiste beaucoup
d’inégalités et de discriminations à l’intérieur même de leurs démocraties : inégalité raciale aux
États-Unis ou en Afrique du sud, inégalité en raison de l’appartenance religieuse en Irlande du
nord, inégalité basée sur le sexe un peu partout. Ainsi, en France, les femmes mariées sont des
incapables majeures jusqu’en 1965. La lutte contre les inégalités et les discriminations va en se
renforçant.
En même temps dans les années 1950, des scientifiques américains (2) travaillent sur des cas de
trouble du développement sexuel chez des enfants, appelé alors hermaphrodisme. Ils proposent
de distinguer le sexe biologique de l’identité sexuelle et définissent alors le gender comme un
terme plutôt psychologique et culturel que biologique; il serait « la somme de masculinité ou de
féminité trouvée dans une personne *3 ». Le gender devient un outil permettant d’élaborer des
critères de réassignation de sexe.
Le terme gender est ensuite repris, dans le monde anglo-saxon, dans les années 1970-1990
dans le cadre de la troisième vague du féminisme qui dénonce toutes les violences faites aux
femmes (viol, prostitution, pornographie) et lutte pour l’égalité et le respect des femmes. Ce
mouvement rejette la domination masculine, sans pour autant refuser la distinction des sexes.
Les gender studies deviennent un outil d’analyse des rôles sociaux, un instrument de
description des inégalités entre hommes et femmes.
Les minorités homosexuelles expriment à leur tour les souffrances entraînées par certains
préjugés. on peut distinguer le terme homosexuel, qui caractérise un désir politiquement neutre
en soi, du terme gay, terme dès l’origine militant. Le courant gay se structure politiquement et
réclame aussi le droit à l’égalité en divers domaines, y compris celui de la filiation. Le gender
devient un outil de lutte contre la norme hétérosexuelle dominante.
Dans ce contexte politique de revendication de droits individuels, les militantismes divers
prospèrent, beaucoup affirment la primauté de la liberté sur tout autre critère, « Free individual
choice » est le mot d’ordre. Ainsi, le libre choix individuel doit primer sur toute considération
de continuité dans la croissance du vivant ou sur toute caractéristique de genre : l’avortement
tout comme la maternité sont considérés comme relevant du choix exclusif des femmes.
Puis, avec la radicalisation de certains intellectuels, les années 1990 voient apparaître des
revendications queer inspirées des pratiques transgenres. Le genre est entièrement dissocié du
sexe anatomique. La philosophe nord américaine Judith Butler écrit que l’identité de genre est
entièrement construite, choisie, définie en relation avec un groupe social. C’est une construction
malléable : « Le genre dépend de la manière dont nous nous percevons et croyons penser et agir
comme femmes et hommes, en vertu de la structure sociale et non de nos différences
biologiques ». Il s’agit alors de jeter le trouble dans le genre, autrement dit de refuser les
identités de genre : « La catégorie même de sexe disparaîtrait, voire s’évanouirait, si
l’hégémonie hétérosexuelle était perturbée et renversée ». (4)
Le constructivisme incarné dans la pensée queer, nie la différence sexuelle et promeut la
différence des sexualités. Le gender devient un outil de valorisation des pratiques sexuelles
plurielles et changeantes.
Pour les courants les plus militants, les questions sont abordées uniquement, ou d’abord, sous
l’angle politique, c’est-à-dire du rapport de forces. Elles sont envisagées sous l’angle collectif.
Disciple de Michel Foucault, Judith Butler peut écrire que : « Le genre est un rapport de
pouvoir, et non un attribut individuel ». Tout n’est que rapport de forces. Dans une perspective
quasi-nietzschéenne, il n’y a ni substance, ni être, ni sujet encore moins de « personne ».
Certains discours du gender deviennent avant tout stratégiques. Ils ont pour but de déplacer une
ligne de front, non de chercher une vérité.
6
Le concept genre aujourd’hui
Aujourd’hui, le concept de genre, héritier de cette histoire, est donc un « concept-valise » ;
utilisé à des fins diverses, qu’il faut repérer, il fait émerger des questions de fond.
Il peut servir une analyse des rôles sociaux, notamment dans le champ universitaire. Ainsi, un
article récent de Communio (5) analyse l’activité des femmes catholiques dans la première
guerre mondiale.
L’auteur s’intéresse en particulier à deux associations féminines catholiques qui « offrent un
angle d’approche intéressant pour voir comment le genre façonne l’intervention des femmes
catholiques dans la guerre ». (6) Le genre apparaît comme un instrument de travail, un concept
opératoire.
Le genre reste un outil de lutte contre les inégalités et contre les discriminations, très présent
dans les textes européens et internationaux. En France, le mot « genre » est beaucoup moins
employé mais de nombreux textes visent à assurer l’égalité homme/femme, comme par
exemple ceux sur la parité pour les listes électorales.
Mais il peut aussi promouvoir une déconstruction radicale : « En conséquence homme et
masculin pourraient désigner aussi bien un corps féminin qu’un corps masculin ; femme et
féminin autant un corps masculin qu’un corps féminin »(7) écrit Judith Butler.
Cette diversité d’usages invite à un travail d’approfondissement. Tout n’est pas recevable, tout
n’est pas critiquable. Au fond, l’emploi des catégories de genre fait apparaître deux difficultés.
Tout d’abord, la difficulté du concept de nature. Un fond de pensée existentialiste, aujourd’hui
très opérant, oppose « nature » et « culture », oubliant le dynamisme du concept de nature bien
compris.
Par exemple la formule de Simone de Beauvoir : « on ne naît pas femme, on le devient », est
parfois interprétée comme opposant le devenir à la naissance, alors qu’entre l’un et l’autre il y
continuité, ancrage, enracinement, dans l’aventure de toute vie. Une liberté hors nature, sans
naissance, telle est l’option dominante aujourd’hui.
Dès lors, si l’on veut échapper aux schémas binaires, de type nature ou culture, loi de nature
fixe ou constructivisme, comment employer aujourd’hui le concept de nature ?
Ensuite, le conflit entre reconnaissance de la différence et demande d’égalité. Ce conflit n’est
pas propre à la modernité, mais il y prend un relief particulier. Pour certains, toute différence
est source d’inégalité, au point que l’on confond différence et inégalité. C’est ainsi qu’un
psychanalyste peut écrire : « La naturelle dissymétrie entre les sexes contredit la logique
d’égalité entre les sexes à un moment où non seulement la sexualité s’effectue indépendamment
de toute reproduction, mais où la reproduction ne résulte plus d’un rapport sexuel».(8) Cela
donne une pensée dualiste où, non seulement l’esprit est dissocié du corps, mais où la sexualité
est dissociée de la fécondité, comme si le lien entre sexualité et fécondité cessait d’être vécu et
considéré comme source de sens !
Comment donc honorer la valeur moderne de l’égalité en respectant les différences ?
La problématique du genre pose donc des questions de fond. II n’est pas possible de les traiter
ici.
Mais le parcours historique nous a montré que le genre joue aussi dans la construction de
l’identité personnelle, la relation homme-femme, le statut des minorités, ou encore la place du
corps. Plus précisément sur ce dernier point, l’anthropologie chrétienne offre des ressources
pour guider la réflexion et engager le dialogue.
7
Le discernement par l’anthropologie chrétienne
Une articulation fine doit être pensée entre ce qui relève de l’anthropologie raisonnable, que
l’on peut qualifier de « philosophique » et ce qui relève de l’inspiration donnée par une
Révélation, que l’on peut qualifier de« théologique ».
. Arguments de type philosophique :
L’ancrage corporel de ce que nous vivons. Que serait la liberté sans désir ? Que serait le désir
sans corps ? Sensations, émotions viennent en grande partie du corps et, que nous ayons un
corps masculin ou féminin, nous ne les vivons pas de la même manière. Cela, le bon sens d’une
part, une phénoménologie fine d’autre part, peuvent l’indiquer. Si le corps n’est pas le seul
facteur intervenant dans l’identité sexuelle, il n’en est toutefois pas un facteur négligeable !
Le lien entre sexualité et fécondité n’est pas seulement culturel. Que la seconde soit dans le
prolongement de la première non seulement continue à être vécu par l’immense majorité de nos
contemporains, mais trouve son sens dans le fait que la naissance d’un être humain soit rendue
possible par l’union entre deux corps – non seulement deux gamètes, mais deux personnes.
L’enfant est reçu comme don dans le double don mutuel. Il y a là un mystère, une richesse à
sauvegarder.
La différence sexuelle nous traverse tout entiers. Nous ne sommes pas homme ou femme
seulement par notre corps, notre organisme, nos facultés reproductives. Mais nous le sommes
de tout notre être.
Masculin et féminin : ces deux mots caractérisent aussi une manière d’être, d’entrer en
relations, de sentir, deux styles.
. Arguments de type théologique :
Le corps est le lieu premier de la création, c’est-à-dire de l’action du Créateur. Cela apparaît dès
la Genèse :« L’Éternel insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint une âme
vivante » (Gn 2,7). L’idée biblique de l’homme n’est pas celle d’une âme incarnée, mais celle
d’un corps animé.
Affirmation donc d’une foncière unité entre le corps et l’esprit, au moins quant à la source et
quant à la vocation.
L’incarnation comme principe de compréhension de l’humain. « En s’incarnant, Dieu a montré
que la chair était bonne conductrice du divin » (Louis Evely). trop souvent, ce mot est pris
directement en son sens christologique.
Ce sens importe, évidemment, mais il a d’abord un sens anthropologique : celui de la profonde
unité entre chair et esprit, non comme descente mais comme expression à travers tout l’être de
la dimension spirituelle, et d’abord personnelle.
La différence sexuelle, cicatrice de l’acte créateur. Certes il y une différence entre Gn 1 (zakhar
ve neqeba, mâle et femelle) et Gn 2 (ish et isha, homme et femme). Mais la première chose qui
soit dite de l’humain, accolée à l’expression « à l’image de Dieu » est qu’il fut créé mâle et
femelle. Juxtaposition énigmatique qui donne à penser. L’expression « cicatrice de l’acte
créateur » est de Paul Beauchamp : tout se passe comme si entre l’incomplétude sexuelle et
l’incomplétude de la condition de créature, il y avait une affinité.
Reste à penser le lien, la liaison entre ces deux dons : entre la vie sensible et la vie divine, en
elle-même spirituelle.
8
La règle est alors : ni confondre ni dissocier. La vie sensible a sa logique, qui dépend en partie,
mais pas seulement, des processus biologiques. La vie spirituelle a la sienne, qui provient
surtout de l’écoute de l’Écriture, de la Foi, de la prière, de l’amour. Elles ne se confondent pas.
Mais elles se recoupent dans la procréation et elles sont appelées à s’unir, se réunir, à faire
alliance – comme en témoigne l’espérance en la résurrection de la chair.
Conclusion
Le concept de genre s’inscrit dans un mouvement général de l’histoire marqué par une vive
conscience du respect du à chacun. Mais le souci de l’autonomie a pu conduire à des discours
très radicaux, oublieux du fait que l’homme n’est pas auto-créé, qu’il n’est pas un self made
man, fruit d’un projet ou d’un désir seulement, mais que sa vie est reçue.
Les approches extrémistes, très médiatisées, peuvent effrayer, elles ne sont pas le tout de la
problématique du genre. L’ambigüité du concept oblige à un double travail de discernement
pour ne pas tomber dans les excès militants de tous bords : d’une part repérer le cadre dans
lequel est employé le terme genre, d’autre part distinguer les propositions acceptables de celles
qui ne le sont pas. Ce discernement de ce qui convient, ici et maintenant, doit être accompagné
de propositions concrètes en faveur du respect des personnes, des plus vulnérables en
particulier. Les croyants pour qui la vie est d’abord et essentiellement don et relation, sont
invités à s’engager sur le terrain de la justice.
La problématique du genre provoque en particulier à penser la relation entre les hommes et les
femmes. Le pape François écrit à ce propos que « les revendications des droits légitimes des
femmes, à partir de la ferme conviction que les hommes et les femmes ont la même dignité,
posent à l’Église des questions profondes qui la défient et que l’on ne peut éluder
superficiellement (9)».
1 Cécile Rastoin, « What’s the trouble ? about gender, Judith Butler and Edith stein... », Revue
d’éthique et de théologie morale, juin 2012, n°269, p. 97.A proposer
2 Robert stoller est psychiatre, John Money est psychologue.
3 Robert stoLLER, Sex and gender, new York, science house, 1968, p. 10.
4 Judith BUtLER, Trouble dans le genre,1990, trad. C. Kraus, Paris, La Découverte, 2005,
p. 86.
5 Magali DELLa sUDDa, « Les femmes catholiques dans la Grande Guerre », Communio,
t XXXViii, 3-4, mai-août 2013, pp 51-70.
6 Ibid. p. 54.
7 Judith BUtLER, Gender trouble, Cité par oscar aLzaMoRa REVoREDo : « Genre : dangers
et portée de cette idéologie », in Conseil pontifical pour la famille, Lexique des termes ambigus
et controversés sur la vie, tequi, 2005, p. 560.
8 Michel toRt, Fin du dogme paternel, Paris, aubier, 2005, p 55.
9 Evangelii Gaudium, n° 104.
3. Des questions ouvertes
Des différences qui viennent de loin.
Le genre pose question. La situation actuelle H/F dans la société et dans les Religions vient de
loin, dans l’histoire. De plus loin que les guerres mondiales du XX° siècle ; des sociétés
patriarcales qui plongent leurs racines dans la nuit des temps. Certains anthropologues font
9
même remonter la séparation des rôles sociaux à l’aube de l’humanité : les hommes devaient
courir après le gibier et les femmes qui portaient les enfants étaient plus destinées à la cueillette.
Les temps ont changé. Nous vivons dans une société pluri ethnique, pluri culturelle, pluri
religieuse ; avec des gens qui croient au ciel et d’autres qui n’y croient pas.
Je me contente de vous partager quelques unes des questions : sur la relation Société laïque et
Religion ; puis sur notre Eglise catholique. Questions dont le pape Benoît dit ‘‘ qu’elles défient
l’Eglise et que l’on ne peut éluder superficiellement’’ (EG 104).
31. Questions sur la relation société laïque / Religions.
Nature et culture : ’’ le biologique ne fixe pas les rôles et les destins’’3
Nature ( biologique) et culture (psychologie sociale) sont en inter action. Mais ce que nous
observons dans la nature ne peut pas être transposé en norme sociale normative. Il y a un saut
qualitatif qu’on ne peut pas faire. D’autant moins que la ‘‘nature’’ comporte des anormalités
troublantes.
Ex en biologie.
Chez les crapauds ‘‘accoucheurs’’, le mâle porte les oeufs sur son dos et s’en occupe jusqu’à
l’éclosion. Faut-il transposer cela chez les humains ?
Chez les poissons, les mérous changent de sexe au cours de leur existence ; la société humaine
doit-elle faire de même : doit-on en faire une norme sociale ?
Ex encore. On sait que la mante religieuse tue son partenaire après l’accouplement. Faut-il en
faire une norme sociale !
Par ex. on observe que ‘‘naturellement’’ un groupe humain se structure dans l’inégalité ; Ex
Actuellement, dans le monde des humains, 27 individus les plus riches possèdent autant de
biens que 3,5 milliards des plus pauvres. C’est naturel !
Autre ex. « Il manque aujourd’hui 100 millions de femmes dans la monde, notamment parce
que des centaines de milliers de petites filles meurent avant un an, faute de soins, du fait
qu’elles valent moins que les petits garçons.*104»
4 Anne-Emmanuelle Berger, directrice de l’Institut du ‘‘genre’’ au CNRS, Le Monde, 7 mai 2014
4 bis Amartya SEN, prix Nobel d’économie, in Maud Amandier, le défi, p 146
5 M. Amandier, idem, p.135
Cette loi ‘‘naturelle’’ serait-elle l’expression de la loi divine ?
Un constat n’a pas de valeur morale en soi. Ce n’est pas parce qu’une chose existe qu’elle
devient obligatoire ! Ex. le suicide !
La tentation est grande de mettre en avant ‘‘la biologie pour expliquer les différences de
comportement et de position sociale entre les sexes 5’’
La biologie naturelle H/F ne peut pas servir à légitimer les inégalités, même si elles sont
présentées comme des faits de ‘‘nature’’.
« Grâce à son cerveau, l’être humain est le seul à pouvoir échapper aux lois dictées par les
gènes et les hormones6 »
6 Catherine VIDAL et alii, Cerveau, sexe et pouvoir, 2005, p.93
7 Antony FAVIER, Groupe Confrontation.
L’apprentissage de l’égalité et de la différence H/F ne peut se faire que par l’éducation ; ce qui
relève de la décision humaine, donc de la décision ‘‘ politique’’ (polis).
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Question métaphysique (i.e. au-delà des événements, réfléchir au sens)
Quel est le fondement des ‘‘droits de l’Homme’’ (disons des Humains’’) qui sont le fondement
de la société internationale depuis 1948 ?
- Est-ce l’Homme (Adam) qui se ‘‘reçoit’’ comme un don de Dieu ( il est donné par Dieu). Et il
doit répondre à Dieu en mettant en œuvre une liberté orientée vers Dieu qui est son vrai bien et
son avenir. C’est la foi ! Chrétienne pour nous, croyante différemment pour d’autres religions !
- Est-ce L’Homme qui se ‘‘définit’’ lui-même et se construit au milieu et à partir des réalités
sociales et biologiques, changeantes, de l’histoire. Il se détermine alors ‘‘souverainement’’.
C’est une autre pensée, qui ne fait pas appel à la foi. Un athéisme, qui est majoritaire
aujourd’hui et respectable.
Question juridique sur le fondement du droit civil
dans une société laïque (pluriculturelle et pluri religieuse) :
- est-ce sur le ‘‘droit divin’’, fondé sur la révélation d’un Dieu transcendant ? Dieu qui intronise
et ‘‘sacre’’ le roi de droit divin ( depuis David, au moins), lequel roi par la ‘‘noblesse ’’( ou par
les Intellectuels ou les leaders) prend soin du peuple ? Un pouvoir vertical et descendant !
- est-ce sur la volonté générale du collectif des citoyens : i.e. fondé sur l’individu et sa raison
critique ; les individus rassemblés en un peuple devenant interprète de la volonté générale, qui
met en place un Etat, lequel gouverne pour l’intérêt général ? Un pouvoir horizontal !
32. Question à l’Eglise que nous sommes
* Il faudrait aborder le sujet dans lequel s’enracine le genre : la question de la sexualité qui fait
‘‘peur’’ à la société, et plus encore à l’Eglise. Il faudrait voir d’où nous venons. Avec le
platonisme, le stoïcisme, le gnosticisme, le manichéisme et autres … pour lesquels le corps est
une pesanteur pour l’âme. Nous n’en n’avons pas le temps !
* Il faut remarquer seulement que dans le monothéisme judéo-chrétien d’où nous venons, le
‘‘masculin’’ recouvre largement Dieu ( dans le Premier Testament comme dans le second
testament (Père, Fils et Esprit). La femme (Eve) est celle qui sépare l’homme de Dieu
(Tertullien, Augustin, et autres Pères…)
Le Concile Vatican II a changé beaucoup de textes mais pas toujours autant de pratiques au
sein de notre Eglise, à tous niveaux.
« Pour Paul VI (1963-1978) et ses successeurs, Jean-Paul II (1978-2005) et Benoît XVI (20052013), la reconnaissance de « l’égalité essentielle de l’homme et de la femme du point de vue
de l’humanité » n’est admise que dans la mesure où elle ne touche pas au monopole des
hommes sur certains rôles sociaux (le sacerdoce) ni à la morale conjugale et sexuelle .7 »
- Qu’en est-il des ministères féminins dans l’Eglise catholique ?
* Dans ce monde ‘‘globalisé’’ et ‘‘désacralisé’’ qui est le nôtre, , ‘‘il est fini le temps où une
religion pouvait dominer le monde (ex. la chrétienté). Ce n’est plus pensable’’. Alors comment
témoigner de ‘‘la joie de l’Evangile’’ dans le respect des autres croyances et incroyances ?
Respect de ceux qui croient au ciel et de ceux qui n’y croient pas ?
De même manière est-ce qu’il n’est pas fini le temps d’une culture judéo-chrétienne
patriarcale :
Genèse, Pères de l’Eglise ; Augustin… d’une Eglise où, au nom de Dieu, les femmes seront
maintenues au service d’hommes au pouvoir ?
Une Eglise ‘‘’où l’homme osa dire à la femme : Dieu le veut8’’.
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8 Jeanne DERAIN, auteure en 1831 Etc.
Conclusion
Il a ‘‘un’’ genre humain mais ‘‘des’’ genres féminin et masculin, pluriels, hétérogènes,
masculin et féminin qui s’enracinent dans une longue histoire.
Dans toutes les cultures, le principe masculin a toujours dominé le féminin ; dans l’Eglise
également. C’est cette culture qui est en train de changer, qui nous bouscule aujourd’hui.
Il ne faut pas tout confondre et distinguer l’essentiel du contingent.
Le genre, comme le sexe, est altérité, différence, mais la différence ne justifie pas l’inégalité, la
mésestime et la discrimination des plus faibles ?
Pour les chrétiens : si Dieu est pur Esprit est-il mâle ? Si Jésus est ‘‘Seigneur’’, est-ce parce
qu’il est Dieu ou parce qu’il est mâle ? l’homme mâle, plus que la femme, peut-il se prévaloir
de ‘‘représenter’’’ le Christ ? et Dieu ?
Dans nos têtes et dans nos images, le modèle humain parfait est toujours masculin.
Est-ce si simple ?
Nous avons besoin de poursuivre la réflexion, tant anthropologique que théologique et
institutionnelle.
« La première raison de la servitude volontaire, c’est l’habitude » disait La Boétie ! Voulonsnous changer ?
Comme quoi réfléchir sur ‘‘le genre’’ est le début d’une longue route, de questions et de
conduite !
Humaniser la relation Femme/Homme reste à comprendre et à mettre en œuvre.
Affaire à suivre !
***
Permettez-moi de terminer par un hommage à Jean François Soffray. Je change de position ; je
parle en croyant et en ami, en citant l’Evangile de Jean et la rencontre de Jésus avec la
Samaritaine au puits de Jacob.
L’important pour Jésus, ce n’est pas le sexe de la Samaritaine, ni son ‘‘mauvais genre’’ avec
tous ses maris successifs, ni le rôle que les apôtres attendent vis-à-vis d’une femme, mais la
rencontre en vérité des personnes dans leur être, l’écoute et le respect de ce qu’ils ‘‘sont’’.
Merci.
Biblio
Ouvrages
AGACINSKY Sylviane, Métaphysique des sexes, masculin, féminin, aux sources du Christianisme, Point Poche
AGACINSKI SYLVIANE, Femmes entre sexe et genre, Seuil, 2012 ; 170
AMANDIER Maud, CHABLIS Alice, Le déni, enquête sur l’Eglise et l’égalité des sexes, Bayard, 2014, 408
DUFOURCQ Elisabeth, Histoire des chrétiennes. L’autre moitié de l’Evangile, Bayard, 2008, 1258.
MISSEGUE Marie-Geneviève, L’avenir de l’Homme, homme et femme. Des maux de l’Eglise à ses mots
d’espérance, Lethielleux DDB, 2012, 398
MOINGT Joseph, Croire quand même, Paris, Temps présent, 2010, 245
VILLENEUVE DE Camille, Vierges ou mères. Quelles femmes veut l’Eglise, Philippe Rey, 2007, 190
Documents
Conseil Famille et Société, conférence des évêques de France, A propos de la ‘‘Gender Théory’’ :
distinguer, dissocier, conjuguer ?, février 2014
Anne-Marie REINJEN, Hommes/Femmes, in Dictionnaire encyclopédique d’éthique chrétienne, Cerf,
2013, pp. 1082-1090.
Sites : Ils sont nombreux.
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Etienne FAUVET, juin 2014

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