les-cabanes-de-locean-prologue-et-chapitre-1

Transcription

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Les Cabanes
de l’Océan
Prologue
Prostrée dans le sable, il m’est impossible de me relever. Derrière mes yeux
fermés, des êtres apparaissent. Alors que leurs regards me transpercent, des
voix claires résonnent en moi.
-
-
Votre système solaire arrive dans une zone d’espace à hautes
fréquences vibratoires. La Terre, ainsi que toutes les planètes de votre
galaxie, sont amenées à élever leurs vibrations propres.
Les accélérations liées à cette ascension poussent votre monde dans un
nouveau cycle de croissance. Votre humanité entame un chemin
d’unification propre à transcender les consciences et à vous libérer de
vos souffrances.
Certains êtres sont maintenant amenés à s’engager afin d’initier et
favoriser cette évolution. Ces « Piliers de Transfert » vont devoir se purifier
et se reprogrammer afin de pouvoir fortifier le « Réseau Sacré ».
C’est en accord avec la Hiérarchie de Lumière que certains voiles vont
être libérés. C’est en adéquation avec votre évolution que des savoirs
vont être révélés.
Ton âme est volontaire. Tu es un Pilier de Transfert.
Partie 1
Chapitre1
Bouleversée par ce qui vient de m’arriver, je remonte la dune en courant et
rentre, tant bien que mal, jusqu’aux Cabanes de l’Océan. Arrivée sur le parking,
je vois Salomé, mon amie d’enfance, qui entame une marche arrière. Je me
précipite vers sa voiture et tape avec insistance sur la vitre arrière. Elle ouvre sa
portière et me crie :
- T’arrives au bon moment, Mathilde, je pars faire des courses, t’as besoin
de quelque chose ?
Encore dans un état second, je n’arrive ni à réfléchir, ni à lui parler. Épuisée, je
m’appuie simplement contre le coffre. Étonnée par mon attitude, Salomé sort de
la voiture. Lorsqu’elle voit mon visage, elle se précipite vers moi.
- Mathilde, ça va ?
Inquiète, elle me touche le bras puis me palpe rapidement la tête. Je me recule
nerveusement et rassemble mes forces pour lui parler.
- Arrête ça, Salomé, je vais bien ! Est-ce que tu as ta liste de courses ?
Alors qu’elle me fixe, les yeux ronds, je répète, impatiente :
- Ta liste de course, Salomé !
D’abord décontenancée par mon attitude, elle finit par contourner la voiture et
saisir son sac sur le siège passager.
- Et un stylo ! ajoutais-je en la rejoignant.
Dès qu’elle me les tend, je me penche sur le capot de la voiture et commence à
écrire frénétiquement. Les unes après les autres, les phrases me reviennent de
manière claire et précise, comme si ces mots avaient été inscrits en moi.
- Mathilde qu’est-ce qui se passe, s'énerve Salomé. T’as été renversée par
une voiture ? Tu t’es faite agresser ?
Sans me déconcentrer, je termine ma retranscription. Je l’entends alors
marmonner :
- Ne me dis pas qu’il y a « aussi » des détraqués au Cap Ferret…
Une fois le dernier mot posé, une digue lâche en moi. Sans force, je me laisse
glisser le long de la voiture et m’affale contre le pare-chocs. Je me sens aussi
épuisée que si j’avais couru un marathon.
- Assieds-toi, Salomé, tu me donnes le tournis à me regarder comme ça.
Je lui attrape la main et insiste :
- Allez, viens, je vais tout te raconter…
Une fois Salomé installée, je prends une grande inspiration avant de me lancer :
- Je courais sur la plage en direction de la pointe, comme d’habitude, mais
à mi-parcours, j’ai ressenti soudain un immense poids au niveau de ma
nuque. Deux secondes plus tard, j’étais plaquée au sol, comme écrasée
par une force mystérieuse… Je n’avais ni la possibilité de bouger, ni le
courage de garder les yeux ouverts. Tout mon corps était tétanisé.
Encore bouleversée par la violence de ces instants, je fais une pause. Sous le
regard insistant de Salomé, je reprends à mi-voix:
- Des… des êtres sont apparus alors derrières mes paupières.
- Des êtres?
Interloquée, Salomé me dévisage.
- Ils étaient comment ces êtres ? Genre petits hommes verts ?
- Ni petits, ni verts mais ils m’ont effectivement un peu fait penser à des
personnages d’un autre monde…
Je réfléchis quelques instants.
- Ils étaient lumineux et bienveillants…
Les yeux écarquillés, Salomé me dévisage.
- Whow… les footings avec toi, ça dépote… Sport et rencontres
cosmiques assurés !
- Salomé !
- Désolée… « Besoin de plaisanter » ! Elle commence presque à me faire
flipper ton histoire.
- Si tes jumeaux n’avaient pas trois ans, j’aurais pu les soupçonner de
m’avoir mis une substance hallucinogène dans mon jus d’orange, ce
matin.
Je me retourne d’un bloc.
- Euh… ils ne sont pas dans leurs sièges, au moins ?
- Ils sont partis à la pêche avec Benoît, me rassure Salomé.
Alors que je tente de me relever, elle pose une main sur ma jambe pour m’en
dissuader.
- Ne t’arrête pas en si bon chemin, ils t’ont dit quoi ces êtres ?
- Ils m’ont parlé de… de l’évolution de notre humanité.
- De l’évolution de notre humanité ?
Incapable de lui en dire plus, je lui tends sa liste de courses pour qu’elle lise par
elle-même. Concentrée, elle fronce les sourcils à plusieurs reprises avant de
relever lentement la tête.
- Ça fait un peu « Star Trek »… mais… mais c’est magnifique !
- Et juste avant que je reprenne conscience, un beau visage d’homme,
souriant et avenant, m’est apparu.
Aussi abasourdie l’une que l’autre, nous restons silencieuses quelques instants.
- Ce qui m’impressionne le plus, c’est la précision avec laquelle ces
messages sont restés gravés en moi, jusqu’à ce que je puisse les écrire
sur ce papier.
- Qu’est-ce que tu vas en faire ?
Je me masse doucement la nuque. J’ai un peu l’impression d’être passée sous
un rouleau compresseur.
- Pour l’instant, je vais juste rentrer et me doucher.
- Il est confort ce pare-chocs, mais c’est vrai que c’est le moment de
bouger.
Salomé saute sur ses pieds et me tire pour m’aider à me relever.
Une fois debout, je la serre doucement dans mes bras.
- Merci pour ton écoute. Et désolée pour ta liste de courses…
La tête encore emplie des événements de la veille, je passe distraitement
l’aspirateur. Ce genre d’aventure ne m’était encore jamais arrivé auparavant. Je
ne sais vraiment pas qu’en penser et encore moins qu’en faire.
- Plus viiiiiite Mathilde, me presse Mila, la fille de Salomé.
- Tu aspires comme un escargot, renchérit Théo, son jumeau.
Cette « opération rangement » ne m’enthousiasme guère. Salomé et les enfants,
poussent les meubles de nos salles de soins respectives pendant que moi…
j’aspire comme un escargot ! C’est notre traditionnel nettoyage de fin de saison.
Salomé et moi, sommes thérapeutes. Nous proposons des massages et des
soins énergétiques pendant les trois mois d’été. Le tourisme tourne à plein
régime sur la presqu’île, on ne relève la tête qu’à la mi-septembre, une fois cette
folie estivale terminée.
Nous avons la chance de travailler et de vivre dans un endroit magnifique : « Les
Cabanes de l’Océan ». La résidence principale, construite en bois de pins, dans
le style typique du Bassin d’Arcachon, abrite nos deux salles de soins, ainsi que
deux chambres d’hôtes, une cuisine et une grande et belle pièce que l’on
surnomme pompeusement « la Salle des Arts ». De chaque côté de ces lieux
communs, se trouvent nos habitations. Construites de plain-pied et tout en
longueur, nos cabanes bordent un magnifique jardin, foisonnant de verdure.
Ce coin de paradis, logé à mi-distance entre le Bassin et l’océan, appartient à
notre ami Jean-Louis. Après avoir travaillé comme un forçat pendant de
nombreuses années, il a décidé de vendre son entreprise et ces biens parisiens
afin d’investir dans ce projet de maison d’hôtes, au centre du Cap Ferret. Une
fois l’aventure échafaudée et terminée, il a mis les Cabanes en gérance et s’est
offert un voilier pour réaliser son rêve d’enfant : sillonner les océans. Plus de dix
ans après, son rêve est toujours d’actualité, il navigue actuellement au large du
Maroc. Salomé et Benoît, son mari, ont repris la gestion des chambres d’hôtes,
il y a quelques années et je m’y suis installée dans la foulée.
Entre les jeux des enfants et notre manque de motivation, nous terminons, tant
bien que mal ces nettoyages lorsque le téléphone se met à sonner.
- Laisse, je vais répondre Salomé. Mais si c’est pour un soin, c’est « toi »
qui t’y colles !
- Ah, non pitié !
Je lui fais une petite grimace avant de soulever le combiné.
- Les Cabanes de l’Océan, bonjour.
- Mademoiselle Bouvier ?
- C’est moi, oui. - Bonjour, je suis Barbara, l’assistante de Samuel Dalton. En entendant ce nom, je réprime un rire. - … Bonjour ! Cet appel n’est peut-être pas si dérangeant finalement. D’humeur espiègle, je lui
lance :
- Dites-moi, votre Monsieur Dalton aurait-il un frère qui s’appelle Joe ou
Averell ?
- Euh… non.
- Zut, ça me déçoit. Ses parents n’ont vraiment pas d’humour ! Alors,
dites-moi au moins que sa grand-mère s’appelle « Ma’» ?
-
Sa grand-mère est décédée l’année passée, Mademoiselle Bouvier, me
répond sèchement l’assistante.
Coupée nette dans mon élan, je murmure :
- Toutes mes excuses pour cet humour déplacé.
Je m’assieds sur une des chaises de l’entrée. La fatigue accumulée ces
dernières semaines se fait soudain ressentir.
- Euh… que puis-je pour vous ? demandais-je finalement alors qu’un
silence s’installe.
- Samuel Dalton est réalisateur. Son travail actuel porte sur « La Vie et les
mystères de l’Au-delà ». Pour ce documentaire, il recueille des
témoignages de personnes ayant…
- Excusez-moi, je me permets de vous couper car je ne vois pas en quoi
tout cela me concerne… ?
- Samuel aimerait beaucoup vous rencontrer, Mademoiselle Bouvier. Une
de ses amies, Laurence Esposito, lui a parlé de vous et des thérapies
que vous proposez. Les « lectures d’âme » que vous pratiquez
l’interpellent et…
En entendant ces mots, je perds mon calme.
- Je ne sais pas ce que Laurence a pu raconter à votre Samuel Dalton
mais sachez que je ne fais pas dans « la voyance » comme vous semblez
le suggérer. Je vous répète une dernière fois qu’il y a erreur et comme
cette conversation a tout pour me déplaire, je vous informe que je vais
maintenant raccrocher. Une belle journée à vous.
Une fois la communication coupée, je reste prostrée dans l’entrée. Secouée par
cette étrange conversation, je ne relève la tête que lorsque Salomé me
demande en riant:
- Nos cartes de visite ont été piratées par Madame Irma ?
- Euh… non, c’était…
Je hausse les épaules avant de terminer d’un ton brusque :
- C’était rien ! Juste une arrogante qui essayait de me voler mon temps.
- T’as été un peu coupante, constate Salomé.
- Arrête! Je sais ce que tu essayes de faire… tu commences comme ça et
tu finis par me tirer les vers du nez !
Je la dévisage quelques instants, puis me lève.
- J’ai peut-être été un peu sèche, je te l’accorde, mais je ne suis pas
d’humeur à me laisser emmerder. J’ai besoin de me reposer ! Est-ce
vraiment trop demander ?
- Désolée, ma belle, je sais à quel point tes moments de solitude te sont
précieux.
Avec un sourire apaisant, Salomé passe une main le long de mon bras avant de
me proposer :
- Rentre, je vais finir avec Mila… Hein Mila, on va les terminer ensemble
ces rangements ?

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