Allocution de la cadette Taylor Hope aux évènements de

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Allocution de la cadette Taylor Hope aux évènements de
Allocution de la cadette Taylor Hope aux évènements de commémoration de la bataille de
Vimy de cadets de l’Armée en Ontario. 24 mars 2011
À l'aube du matin de Pâques du 9 avril 1917, 20 000 soldats canadiens ont rempli les passages
souterrains au-dessous du champ de Vimy pour y passer la nuit et préparer leur assaut sur la
crête de Vimy. À l'époque, aucun d'eux ne savait que le jour qui allait suivre et sa bataille
changeraient pour toujours la façon dont le monde considère le Canada. Avant le coucher du
soleil du même jour, le 9 avril 1917, à la bataille de Vimy, le Canada devenait une nation à part
entière.
Je souhaite bon après-midi au Lieutenant-gouverneur, l’Honorable David Onley, aux membres
respectés du Parlement et aux citoyens de l'Ontario. Je me nomme Taylor Hope, je suis
adjudant et je suis venu ici aujourd’hui pour vous parler de l'importance de se rappeler de la
bataille de la crête de Vimy et de la Première Guerre mondiale, cette guerre qui a défini notre
nation, car c’est grâce aux hommes et aux femmes qui ont servi et se sont sacrifiés que nous,
fiers Canadiens, pouvons nous réunir aujourd'hui.
En 1914, le premier ministre du Canada, M. Robert Borden, a appelé les Canadiens à soutenir
l’effort de guerre et se rallier derrière la Grande-Bretagne. À l'époque, l'Armée canadienne
régulière comptait 3 100 militaires dans ses rangs. Un mois plus tard, 32 000 soldats ont
répondu l'appel et se sont réunis au camp de Valcartier, à l'extérieur de la ville de Québec.
Certains s’enrôlaient pour l'aventure, d’autres pour la gloire ou encore pour défendre notre
mère patrie. Le premier des corps expéditionnaires canadiens est arrivé en France en février
1915.
Pendant 3 ans, la bataille pour la crête de Vimy n’a pas progressé. Les Français et les Alliés
britanniques ont subi des pertes énormes et ont gagné très peu de terrain. Les experts
militaires ont à l'époque cru que Vimy était insurmontable, que la crête ne pourrait pas être
prise. À l’automne de 1916, le corps expéditionnaire canadien a reçu le mandat de prendre
cette crête.
Tout au long de l’automne et l’hiver, les troupes canadiennes ont planifié, se sont préparées et
ont répété chaque détail de leur assaut sur Vimy à l’aide d’une réplique grandeur nature du
champ de bataille. C’était la première fois depuis le début de la guerre que quatre divisions
canadiennes avaient été assignées à travailler et à se battre ensemble. Des ingénieurs
britanniques et canadiens ont réparé 40 kilomètres de route et ont ajouté presque 5 km de
nouvelle route de planche. Ils ont aussi remis à neuf 32 km de tramways, qui ont transporté
l'essence, des marchandises et des munitions. Dans les murs des tunnels, des pièces ont été
creusées pour abriter le quartier général du bataillon, des entrepôts de munitions, des centres
de communications et des salles pour s’habiller. Tous ces tunnels avaient l'eau courante et
étaient éclairés à l'électricité. Les tunnels, scellés jusqu'à la bataille, ont été ouverts le matin du
9 avril 1917. Ces tunnels ont permis de mettre des troupes à l’abri du feu ennemi jusqu'au
dernier moment possible et réduire ainsi considérablement les pertes humaines canadiennes.
Avant que les tunnels et les routes ne soient construits, les soldats ont répété et se sont
entraînés en vue de la bataille. Chaque soldat savait ce qu'il avait à faire dans les moindres
détails. Trois semaines avant le début de la bataille, les Canadiens ont commencé à tirer sur les
fortifications ennemies. Presque 250 armes lourdes et 600 pièces d'artillerie ont fait feu sur
l’ennemi, en compagnie de 234 autres machines d'artillerie britanniques. C'était un
bombardement sans arrêt. Le 2 avril, le bombardement s’est intensifié. Au cours de cette
attaque, plus de 80 % des emplacements des armes à feu allemandes avaient été identifiés. Nos
ennemis l’ont appelé « la semaine de la souffrance ». Enfin, à l'aube du 9 avril 1917, les
Canadiens sont sortis de leurs tranchées et ont attaqué les Allemands. Le barrage de soldats
rampants a fonctionné à la perfection et, à midi, les Allemands avaient conservé seulement
deux positions; la colline 145 et le Bourgeon. Le 12 avril, les Canadiens avaient fini de sécuriser
de manière permanente la crête de Vimy. Cette grande victoire des Canadiens allait marquer un
moment décisif dans leur reconnaissance à l’échelle internationale.
Ces faits sont importants et de notoriété publique, mais ce que je pense qui décrit la Bataille de
Vimy encore mieux sont les mots du lieutenant Donald McPherson, un homme de ma ville
natale qui a servi dans la Première Guerre mondiale. Je voudrais citer une des pages de son
journal de guerre, qu’il a écrites le soir suivant le premier jour de la bataille de Vimy :
Le 9 avril 1917
Ce fut un grand jour. La nuit dernière, nous l’avons passée à demi allongés dans une
ramification étroite du tunnel avec les hommes du 13e Bataillon qui devaient attaquer
dans la première vague. Le sommeil était, bien sûr, hors de question. Avec l'aube qui
approchait, les fantassins se sont alignés tranquillement le long du couloir principal et ont
silencieusement pris position dans le haut des marches menant à la tranchée de la ligne
de front. À précisément 5 h 30, notre feu d'artillerie, qui avait été jusque-là sporadique, a
éclaté dans un hurlement énorme. Presque immédiatement, l'infanterie a franchi le
sommet de la tranchée et a suivi de près le rideau de feu d'artillerie qui s'est
progressivement soulevé de plus en plus loin en avant. La première vague de l'attaque a
transpercé les premières et deuxièmes lignes allemandes, où l'opposition la plus
déterminée a été rencontrée, puis a poursuivi son chemin vers les troupes de soutien
ennemies, et ce, pendant que la deuxième vague avançait sur terre à partir de nos lignes
de soutien, en suivant derrière, prête à passer au deuxième objectif. Vers 7 heures,
comme la troisième vague se préparait à avancer, M. Evans et ses fidèles acolytes ont
escaladé le parapet avec de lourdes bobines de fil et poussé en avant leur progression en
zone ennemie. Rien ne pourrait égaler la scène de destruction et la désolation provoquée
par la concentration énorme de notre tir et par la fureur de l'attaque d'infanterie. Le feu
d'artillerie allemand était toujours intense, mais mal dirigé; après la première vague, les
Allemands ont semblé céder du terrain sur tous les côtés et nos pertes humaines étaient
remarquablement peu nombreuses. Les prisonniers se sont frayés un chemin dans des
groupes à l’arrière ou ont aidé dans à transporter nos blessés hors du champ de bataille.
Nous avons rapidement établi la communication téléphonique jusqu'à la ligne noire, puis
Fallis et moi avons continué jusqu’à un point bien plus en avant, où nous pouvions suivre
les événements et répondre avec un drapeau.
Nous subissions toujours un tir de riposte assez lourd, mais au cours de la première
journée aucun membre de notre groupe n’a été blessé. Au début de l'après-midi,
pratiquement tous nos objectifs étaient atteints le long de la ligne. À gauche nous
pouvions voir les troupes grimper à toute vitesse sur les points les plus hauts de la crête
de Vimy; à droite l'attaque a aussi été très fructueuse. Des prisonniers, des armes à feu et
des munitions sont tombés dans nos mains en très grand nombre. La nuit tombée, nous
avons établi un quartier général sur la Ligne rouge et nous avons eu le plaisir de dormir
dans un abri extérieur Fritzie spacieux et confortable. Nous étions contents de notre
journée de travail et reconnaissants pour être toujours en vie et indemnes alors que
plusieurs d’entre nous avaient payé le prix […] » (Pages 56 à 58).
Les Canadiens sont des héros silencieux, mais leur succès stupéfiant à la crête de Vimy en a fait
des légendes. Tant les Alliés que l'ennemi ont commencé à parler d’eux comme de grands
soldats d'assaut, ce qui a inspiré la crainte chez l'ennemi et stimulé le morale des Alliés. Leur
triomphe à Vimy a déterminé le résultat de la Grande Guerre. Mais au-delà de cela, cette
victoire à Vimy a distingué et a défini des Canadiens aux yeux du reste du monde. Les 3 600 vies
perdues et les 7 000 hommes blessés entre le 9 et 12 avril 1917 à Vimy ont eu une influence
considérable la colle qui a lié le Canada ensemble comme une nation. Les citoyens d’un océan à
l’autre ont célébré une victoire commune et cela a forgé l'identité collective du Canada. Le
Canada a été géographiquement et légalement défini à la Confédération en 1867, mais notre
vraie genèse est venue sur le champ de bataille de la crête de Vimy, cinquante ans plus tard
dans la boue, le sang et la fumée d'artillerie. Dans le monde entier, les Canadiens sont toujours
reconnus et respectés pour leur courage, leur sacrifice, leur discipline et leur humilité. Ils
accomplissent des tâches souvent considérées comme impossibles, comme, plus récemment, le
sauvetage des mineurs chiliens. Et ils trouvent des solutions où personne ne croyait que c’était
possible, comme dans le cas de la Crise du canal de Suez.
Après la Première Guerre mondiale, 69 médailles de la Croix de Victoria avaient été attribuées à
des Canadiens. On attribuait la Croix de Victoria à des Britanniques ou des citoyens de
Commonwealth pour « leur courage des plus remarquables ». Quatre Croix de Victoria ont été
gagnées à la crête de Vimy. En Ontario, 11 médailles de la Croix de Victoria ont été attribuées,
et le récipiendaire le plus célèbre est probablement Billy Bishop, qui a revendiqué Owen Sound
comme ville natale.
L’organisation des Cadets de l’Armée, à l'origine formée entre 1861 et 1865 en réponse aux
raids de Fenian et la Guerre civile américaine, a aussi joué un rôle dans la Première Guerre
mondiale. Environ 40 000 cadets de l’Armée ont été envoyés pour servir entre 1914 et 1918.
Vers la fin de la guerre, 64 000 cadets étaient inscrits dans le programme des Cadets de l’Armée
à travers tout le Canada. Je me considère moi-même comme une partie de ce même
programme.
In April of last year I boarded a train at Union Station, bound for Ottawa. I never dreamed that a
year later I would still be on that journey. My original destination was the EWC program, Vimy:
Canada's Coming of Age, but it has turned into so much more. I opened a file in the Canadian
archives that hadn't been touched since 1917 and learned the story of Lt Sheffield who died of
the wounds he sustained fighting at Vimy on his second tour during WW1. More recently I
wrote an essay and had the privilege and honour to read two firsthand accounts of WW1 - the
diaries of Lt. Donald Macpherson (M.M.) and his brother Lt. Douglas Macpherson (M.C.). I met
the nieces of the 4 Macpherson brothers that served in the Great War. Only 3 of them came
home; Captain Ross Macpherson was killed in action and awarded the D.S.O. medal. I have
become acquainted with heroes.
En avril de l'année dernière, je suis monté dans un train à la Union Station en direction
d’Ottawa. Je n'ai jamais rêvé qu'une année plus tard je continuerais toujours ce même voyage.
Ma destination originale était le programme Rencontre du Canada intitulé « Vimy : passage
pour l’autonomie du Canada », mais tout cela s’est élargi et a changé par la suite. J'ai ouvert un
classeur dans les archives canadiennes que l'on n'avait pas ouvert depuis 1917, puis j’ai appris
l'histoire du lieutenant Sheffield, qui est mort des blessures qu’on lui a infligées à Vimy et plus
tard au cours de la Première Guerre mondiale. Plus récemment, j'ai écrit un essai et j’ai eu le
privilège et l'honneur de lire deux journaux de guerre écrits sur place pendant la Première
Guerre mondiale - les journaux des frères et lieutenants Donald Macpherson (M.M) et Douglas
Macpherson, (M.C) - J’ai rencontré les nièces des quatre frères de Macpherson qui ont servi
durant la Première Guerre mondiale. Seulement trois d'entre eux sont revenus à la maison, le
capitaine Ross Macpherson étant mort au combat.
Je vous invite à me joindre dans mon voyage, même pour une courte période de temps. Je ne
veux pas vous laisser simplement avec l'écho de mes mots, mais je veux vous laisser un défi
avant de quitter pour que non seulement vous vous rappeliez de la bataille de Vimy mais aussi
des gens qui y ont servi notre pays. Allez au cénotaphe de votre localité, à la légion, au musée
local ou à la bibliothèque. Cherchez des plaques depuis longtemps oubliées sur les murs
d'écoles, des églises et des bâtiments publics; ce sont des rappels historiques que nous
côtoyons tous les jours sans les voir. Découvrez qui sont ces gens, apprenez le nom de juste un
vétéran de la Première Guerre mondiale habitant votre ville natale et partagez leurs faits et
gestes avec votre famille, vos enfants et vos petits-enfants. Ces hommes et femmes ont défini
notre nation et ils méritent que l’on se souvienne d’eux.
The Lorne Scots Peel, Dufferin and Halton Regiment, the regiment my cadet corps is affiliated
with, has a motto, and I believe that this motto remains true to this day, not only for the Battle
of Vimy Ridge and the First World War, but for all the Canadian engagements past and present.
Their motto, "Air-Son-Ar-Duthchais" means "For our heritage". Please remember the Battle of
Vimy and the significant and defining role it played in the creation of our Nation. Honour those
who fought and fell by upholding the values characterized on April 9, 1917, that Canada
continues to represent and be celebrated for today.
Le Régiment Lorne Scots Peel, Dufferin et Halton, auquel mon corps de cadets est affilié, a une
devise et je crois que cette devise reste vraie aujourd’hui, non seulement pour la bataille de la
crête de Vimy et la Première Guerre mondiale, mais aussi pour tous les engagements des
Canadiens passés et présents. Leur devise, « Air-Son-Ar-Duthchais » signifie « pour notre
héritage ». Rappelez-vous de la bataille de Vimy et de son rôle significatif dans la création et la
définition de notre nation. Honorez ceux qui se sont battus et qui sont tombés au combat le 9
avril 1917 pour défendre les valeurs canadiennes, celles que l’on défend et que l’on célèbre
toujours aujourd’hui.
« Air-Son-Ar-Duthchais » (pour notre héritage) que nous ne l’oublions pas! Merci!

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