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POSITIF
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N°616 Juin 2012
Adaptations originales
Naguère, dans les génériques français, figuraient les postes suivants,
souvent distincts, parfois réunis : scénario, adaptation, dialogues.
Comme si tous les films étaient des « adaptations » d’une histoire (le
scénario) en termes cinématographiques (la continuité dialoguée,
puis le découpage technique). Aujourd’hui, les termes sont brouillés
et le mot « adaptation » suppose une œuvre d’origine, qu’elle soit
romanesque, théâtrale ou cinématographique (le remake), par opposition au « scénario original ».
J’aime bien citer l’exemple de Luchino Visconti, travaillant avec sa
collaboratrice Suso Cecchi D’Amico, sur le « scénario original »
de Rocco et ses frères. L’une de leurs sources d’inspiration tacite est
L’Idiot de Dostoïevski. Le romancier Vasco Pratolini participe à
l’écriture initiale. À un moment donné, il y a blocage sur la construction du scénario. Jusqu’à ce que Cecchi D’Amico se souvienne d’un
épisode précis, dans un livre de Giovanni Testori, où elle trouve une
solution à leur problème narratif : pour permettre que la situation de
ce chapitre soit intégrée au scénario, la production acquiert les droits
du livre, qui apparaît comme œuvre source au générique…
Positif s’intéresse depuis toujours à cette capacité que possède le
septième art d’adapter en fonction de ses besoins n’importe quelle
source préexistante, majeure ou délaissée, classique ou exhumée de
l’oubli.
Évidemment, quand l’œuvre d’origine est universellement appréciée,
mais très librement adaptée, il vaut mieux la taire, ou s’assurer qu’elle
est dans le domaine public (Dostoïevski n’apparaît pas au générique
de Rocco). Ou alors, au contraire, c’est une adaptation « officielle »
qui mise sur le prestige et le succès de sa source, tout en s’exposant
au « faux débat » de la comparaison – débat souvent instructif, en
fait, une fois dépassé le simple verdict de la fidélité ou de la trahison : c’est l’un des enjeux du dossier de ce numéro.
Quand il s’agit par contre d’une œuvre littéraire mineure, ou réputée
telle, le film peut non seulement la sortir de l’ombre, lui conférer
a posteriori un statut de classique, mais aussi briller en modifiant
ou en développant ses potentialités dramatiques. Ainsi, il est plus
facile d’adapter un court récit de Louise de Vilmorin pour en faire
un chef-d’œuvre (Madame de…) que de s’attaquer littéralement à
Tolstoï ou Proust. Mais le cinéma, art vampirique, fait flèche de tout
bois. Rien n’est inadaptable, comme nous l’indique notre sommaire
de ce mois-ci : une vieille série TV – précisément sur les vampires –
qui permet à l’univers personnel d’un cinéaste de s’exprimer (Dark
Shadows de Tim Burton) ; une pièce déchirante transformée en mélodrame lyrique (The Deep Blue Sea de Terence Davies) ; un recueil
de nouvelles où les scénaristes ont puisé librement des thèmes et
des situations (De rouille et d’os de Jacques Audiard) ; ou même, simplement, un « ton » singulier qui explosait sur le petit écran avant
d’inspirer à ses auteurs (Gustave Kervern et Benoît Delépine) des
scénarios très originaux.
Yann Tobin

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