Mise en page 1 - AFAC : Association Française du Cheval Arabe de

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Mise en page 1 - AFAC : Association Française du Cheval Arabe de
LE MAGAZINE
Vendredi 5 juin 2009 / 11
LE HARAS DE MANDORE, LES GRANDES SOUCHES DU PUR-SANG ARABE
Les origines du Haras de Mandore,
élevage de pur-sang arabes et
anglais, remontent à 1881. L’année où
le cousin de la mère de Jean-Marc de
Watrigant, le vicomte d’Abbadie de
Barrau, a récupéré deux juments
arabes. Il était ambassadeur en Syrie
et les Haras Nationaux, en “mission” en Orient, ont importé
des juments en France. Ils pensent alors à son oncle. Voilà,
l’histoire de l’élevage peut démarrer. « Il fallait être bien
placé pour récupérer des saillies car il n’y avait pas tous les
moyens de locomotions que nous connaissons maintenant,
et les croisements se faisaient au gré des routes », nous
raconte Jean-Marc de Watrigant. Les années passent, l’élevage initialement dans le Gers se déplace et arrive jusqu’à
Mont-de-Marsan que « j’ai construit entre autres avec
François Boutin, explique Jean-Marc de Watrigant. Mon
père était juge d’instruction et éleveur passionné, moi, j’en
ai fait mon métier en reprenant les chevaux de mon père
et je sais que la relève est assurée. » Mais au commencement, les chevaux de son père n’étaient pas élevés pour
courir. Il étaient « des animaux de compagnie ». Jean-Marc
de Watrigant est empreint de la grande histoire de sa
famille avec les chevaux arabes et poursuit : « En rentrant
de la guerre, mon oncle, Jean de Watrigant, voulait un joli
cheval pour aller se promener ! Mon père lui en a donné
un, un beau, mais que mon oncle n’arrivait pas à monter.
Il l’a alors donné à Georges Pelat, pour s’en débarrasser et
le cheval a gagné à Auteuil ! Certes, c’était une autre
époque, mais mon père s’est rendu compte que ses chevaux allaient vite et c’est seulement dans les années 1950
qu’ils sont allés à l’entraînement. »
Et l’histoire du Haras de Mandore commença
En 1970, le Haras de
Mandore est né. Jean-Marc
de Watrigant élève des chevaux arabes et reçoit en
vacances d’autres chevaux
pensionnaires
des
plus
grands entraîneurs. « Ils
venaient passer l’hiver chez
moi, c’était un peu une colonie de vacances », rit-il.
Aujourd’hui la colo’ ressemble
à 120 hectares de prairies où vivent une quinzaine de poulinières arabes et 140 chevaux au total. « C’est ici que mon
fils, Damien, entraîne ses chevaux. Il en a une trentaine.
Nous avons toutes les pistes nécessaires : P.S.F., sable,
gazon, décrit Jean-Marc de Watrigant. Nous gérons le site
avec une vingtaine d’employés. » Et des employés avertis,
car le pur-sang arabe est « malin, il réfléchit ». Jean-Marc
de Watrigant élève des arabes et des anglais. Il peut les
comparer et son idée sur la question est bien précise : « Le
pur-sang anglais a été conditionné par l’homme alors que
l’Arabe est plus proche de sa nature. Mais vous savez, le
pur-sang anglais descend de l’Arabe. » Et les familles de
son élevage descendent de l’étalon le plus influent du
monde arabe : Manganate.
Le pur-sang arabe des temps modernes
Comme le dit Jean-Marc de Watrigant : « plus il y a de gens
qui s’activent autour du cheval arabe, plus on se dirige
dans la bonne direction ». Et c’est ce qui est en train de se
passer en France, certes depuis plusieurs années, mais
aussi au niveau international. « Grâce aux Haras
Nationaux, la race est mondialement reconnue. Avant,
nous étions mis à l’index. Maintenant, avec le sponsoring,
qui est primordial et qui a beaucoup fait pour l’élevage à
travers le programme des courses et leur place dans le
calendrier, on retrouve notre place. Tous les problèmes que
nous avons eus avec ce brave cheval arabe depuis 40 ans
étaient dus à un manque de connaissance. Maintenant, on
y trouve un réel intérêt. Il y a des courtiers, des personnes,
aussi, comme Jean-Pierre de Gasté, qui font beaucoup de
choses pour la race, ou des entraîneurs comme François
Rohaut, Sandrine Tarrou, M. Litt et bien d’autres professionnels reconnus qui entraînent nos chevaux arabes. »
Manganate : leur Northern Dancer
Le compétiteur et l’étalon le plus renommé des pursang arabes a aussi été le premier cheval que JeanMarc de Watrigant a fait naître. C’était en 1972, un fils
de Saint-Laurent « un beau cheval dominant » et de
Mandragore « qu’on appelait misère tant elle paraissait
triste » donnent Manganate, le père de Dormane. Et ce
dernier est devenu leur Sadler’s Wells ! « Manganate
était un cheval que l’on aurait pu exposer dans un
amphithéâtre pour montrer à tous ceux qui voulaient le
savoir ce qu’était un pur-sang arabe ! » Comme chez
les pur-sang anglais avec le sang de Northern Dancer,
les éleveurs de pur-sang arabes ont maintenant besoin
de sang neuf et les nouveaux investisseurs y ont largement contribué. « Pour mes croisements, je suis obligé
d’aller à de nouveaux étalons, nous explique Jean-Marc
de Watrigant. Je raconte toujours cette histoire à mes
enfants et à mes stagiaires. Un jour, un représentant
des Haras nationaux polonais m’a dit une chose tout à
fait vraie. Il m’a dit que les polonais sélectionnaient leur
chevaux arabes en fonction de leur physique, les plus
typés étaient les plus prisés, alors que les éleveurs français les sélectionnaient en fonction de leur vitesse et
donc de leur performance en course… Je venais de
gagner le Derby de Pologne par trente longueurs, avec
un produit dont le père de mère était né aux Haras
nationaux polonais. Il m’a alors dit que le père de mère
était très beau ! »