Montpellier - Midi Libre
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Montpellier Midi Libre midilibre.fr VENDREDI 27 JANVIER 2012 3 X2--- La réhabilitation du rêve humaniste de Geddes Collège des Écossais l La résidence universitaire internationale qu’il a créée est laissée à l’abandon. SON ŒUVRE Agglomération Sir Patrick Geddes, l’inventeur du terme “agglomération”, est né en 1854 et mort en 1931, à Montpellier, où il a « synthétisé le travail de toute sa vie sur le site dit du Collège des Écossais ». 14 Juillet Avant même Eva Joly, Sir Geddes a souhaité qu’au défilé du 14 Juillet, les employés de la ville, à commencer par les balayeurs, ouvrent la marche. Edimbourg ■ Le buste de Patrick Geddes financé, début 2000, par le gouvernement écossais. A u printemps, les 10 et 11 mai, notre cité accueille les Journées d’études Patrick Geddes. Littéraires, urbanistes, botanistes, etc., les spécialistes internationaux sont attendus. Et le débat promet d’être édifiant tant Geddes (dire Guèdez) a marqué ses pairs, toutes disciplines confondues. L’événement, coordonné par la Montpelliéraine Sabine Krau, architecte, historienne et philosophe des sciences, est un hommage à l’œuvre de cet humaniste, grand leader du néovitalisme, mais aussi une provocation. Car, avec ce rendez-vous, ses adeptes se mobilisent aussi pour « que l’on parle enfin du Collège des Écossais ». La résidence universitaire internationale fondée en 1924 par Geddes au plan des Quatre-Seigneurs. Et dont il subsiste encore la substantifique moelle. Sur ce terrain, « Geddes a bien dé- montré que rien n’existe dans la nature tout seul. Qu’on se développe au sein d’un groupe qui éduque », rappelle Sabine Krau, qui parle des échanges fructueux de l’urbaniste avec le botaniste Charles Flahault. Cet ami avec lequel Sir Geddes a travaillé dès 1890 pour mettre en œuvre sa connaissance et ses savoirs... Et construire un espace type, propice aux échanges et aux études. Dès 1890, il travaille avec son ami Charles Flahault Aujourd’hui, sur la partie du terrain épargnée, jardins paysagés épanouis, allée des philosophes ombragée comme la résidence signée par l’architecte Leenhardt et payée par l’Écosse et celle des Indous, financée par l’Inde, accueillent le visiteur. Impression d’énergie vive. Le sentiment d’harmonie et de respect du lieu comme de ses habitants respire. Par le parc et ces deux premiè- me dans l’environnement, travaille avec les sociologues comme les paysagistes et géographes. » Dont Élysée Reclus, cet « anarchiste qui pensait que l’action de l’homme sur la nature devait répondre à des critères sociaux, moraux et esthétiques ». Et c’est dans cette mouvance que Patrick Geddes a imaginé une cité universitaire, où les étudiants chercheurs pourraient vivre, se rencontrer et œuvrer ensemble. Reconnu comme le « précurseur de l’urbanisme durable », Geddes est persuadé que « le pilier de l’économie est l’éducation » des peuples. Pour concrétiser ses idées, il achètera sept hectares sur la commune de Montpellier et y construira le premier espace de vie voué aux étudiants étrangers. Le projet enthousiasme les Écossais et les Indous, qui investiront. Et qui continuent à désigner Sir Geddes comme un maître. Le gouvernement écossais a même financé, début 2000, le buste à son effigie qui se trouve dans le jardin. res demeures, Geddes écrivait, en 1924, vouloir « harmoniser le caractère bien trop dispersif des études modernes en rassemblant le naturaliste et l’humaniste actuellement trop divisés : la science indifférente aux Humanités et les lettres ou les arts insuffisamment reliés à la science. » Les Américains étaient prêts à investir. Mais Geddes est mort... Et avec lui, semble-t-il, « la pensée transversale. Cette pédagogie du partage qu’il défendait corps et âme. » La preuve ? « Les trois universités (sciences, lettres, médecine) n’ont pas pu se mettre d’accord pour sauver le lieu et aménager les cités universitaires internationales qui faisaient rêver Geddes. » Peut-être car il est impossible de faire rentrer la pensée de maître dans un de ces musées « qu’il critiquait avec virulence tant ils figent le savoir ». C.-S. FOL [email protected] ◗ metagraphies.org Photos GUILLAUME SANSAC Le terrain est en vente Les héritiers de Geddes ont cédé au rectorat les sept hectares du Collège des Écossais un an après la mort de leur père, en 1932. La moitié du terrain est désormais École d’architecture. L’autre, avec les Collèges des Écossais et des Indous, a accueilli un temps un institut d’éducation pour enfants en difficulté et abrite encore les bureaux de la délégation académique de formation de l’Éducation nationale. Aujourd’hui, le rectorat « veut se débarrasser du tout », dit sa chargée de communication. Le terrain est en vente... La municipalité aurait préempté. Mais ni le rectorat ni la mairie ne veulent se prononcer sur son devenir. Ordinateur En voyage au Mexique, Geddes a souffert de cécité temporaire. Durant cette période, l’homme a inventé un langage graphique... Comparé, par les spécialistes, aux codes informatiques de nos ordinateurs actuels. Château d’Assas En 1890, Geddes ouvre le premier Collège des Écossais, rue de l’Abbé-de-l’Epée. Au début des années 1920, il achète le château d’Assas pour y baser un centre d’étude urbain. Et pouvoir démontrer, pratiquement, comment se construisent nos villes avec, au centre, la demeure du seigneur qu’entourent les quartiers riches puis les quartiers populaires. 1924 : il investit au plan des Quatre-Seigneurs pour édifier une cité universitaire internationale. "'#'+"%(! ,$')&("%* « Sa pensée est transversale » Né en France à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, Bernard Kohn a grandi aux ÉtatsUnis, où il est devenu architecte enseignant... Avant de revenir en France, en 1969, conseiller au ministère de la Culture et de l’Enseignement. Alors, « grâce à Patrick Geddes », Kohn découvre Montpellier (où il dessinera, entre autres, le palais de justice). Car c’est ici que le fameux biologiste écossais, sociologue et urbaniste philanthrope a mis en application ses idées novatrices dans les domaines de la planification urbaine et de l’éducation. « À l’époque, le ministre Faure comptait réaliser un centre » au nom de Patrick Geddes. Malgré « le centralisme parisien », le site de Montpellier s’impose. Mais l’initiative est tuée dans l’œuf. « Bien trop novatrice pour des spécialistes qui défendent leur pré carré au lieu de s’unir. » Car Sir Patrick Geddes est de ceux qui ont « une vision intégrée » de la ville. Biologiste de passion, « sa pensée est transversale. Il parle de l’organis- ■ Un lieu qui se voulait multidisciplinaire et international. Entre 1860 et 1870, Geddes a réalisé, dans la vieille ville d’Edimbourg, la première université populaire d’Europe en réhabilitant, au fur et à mesure, des maisons dans les quartiers les plus sordides. #(",$'+)."+! *%&- ! 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