La Vendée prête pour la voiture électrique

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La Vendée prête pour la voiture électrique
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jeudi 28 février 2013
LE DOSSIER
DE LA RÉDACTION
Des bornes de recharge partout dans le département en 2014
La Vendée prête pour
la voiture électrique
Le Sydev annonce l’implantation de bornes de recharge en 2014 sur toute la Vendée vue comme un territoire idéal
pour le développement de la voiture électrique. L’île d’Yeu est d’ailleurs en avance sur le sujet. Retour sur les attentes
du marché et les perspectives d’une technologie en plein développement.
“
orne” in Nord-ouest Vendée.-Bien que le projet nourri par le
Syndicat Départemental d’Énergie
et d’Équipement de la Vendée
(Sydev) soit, par essence, départemental,
force est de constater que le Nord-ouest
Vendée n’est pas en retard sur le sujet. En
fait, l’île d’Yeu affiche ostensiblement son
avance sur le sujet. “L’île nourrit pas mal de
projets en matière de développement dura ble” , reconnaît volontiers Pascal Houssard,
directeur général adjoint du Sydev. Dès
2011, les premières bornes y ont fait leur
apparition. La Municipalité a pour sa part fait
l’acquisition de quelques véhicules. Le phénomène faisant tâche d’huile, c’est toute
une petite flotte de véhicules électriques qui
existe désormais sur l’île. Récemment, c’est
ERDF qui s’est doté de ce type de véhicule
(lire Le Courrier Vendéen du 21 mars).
B
Le bon tempo.-- Alors que la sortie de la
Zoé, véhicule électrique de Renault, est
imminente et alors que le gouvernement
s’oriente vers un soutien à ce type de véhicule, le temps de fournir les infrastructures
nécessaires semble venu. “ U n e v r a i e
réflexion existe chez Renault comme chez
l e s a u t r e s c o n s t r u c t e u r s s u r l e s i n f r a s t ru c t u res de charge et sur le rôle des collectivités
locales.” Du côté de l’Union Européenne,
on travaille sur une directive sur le carburant
de substitution. Le texte, une fois adopté,
devrait imposer la création de 8 millions de
points de charge publics en Europe dont
97.000 en France. Une raison de plus de s’y
mettre.Des départements comme l’Indre et
Loire, les Deux Sèvres, ou le Pas de Calais
ont déjà engagé le mouvement.
Une dynamique à créer.-- Personne ne le
niera : le marché de la voiture électrique
demeure marginal. Toutefois, il ne demande
qu’à se développer. Le gouvernement poursuit ainsi cette année le relèvement du
bonus à 7.000 euros pour les voitures électriques. Les constructeurs misent eux aussi
beaucoup sur l’électrique. La rareté des bornes demeure toutefois un frein. Le marché
ne se développera que si l’automobiliste a
la garantie de pouvoir sortir de chez lui sans
tomber “en panne sèche”. L’autonomie
moyenne d’un véhicule électrique bien utilisé est de 120 à 150 kilomètres. idéal pour
les trajets quotidiens usuels (travail, courses,
écoles, etc.) Mais la possibilité de recharger
à tout moment et en tout lieu lèvera une
barrière certaine. Du côté du Sydev, on
table deux millions d’immatriculations en
France en 2020. La Vendée qui ne compte
actuellement qu’une cinquantaine de véhicules, verrait le parc monter à 20.000.
Le territoire idéal.-- Si elle n’est pas le premier département à se lancer, la Vendée
n’en constitue pas moins un territoire jugé
propice à l’implantation de la voiture électrique. Renault, partenaire du Sydev sur l’opération, vient apporter ces connaissances
techniques. Un apport qui ne doit rien au
hasard : “On ne peut créer des infrastructu res si on n’est pas certain qu’il y a un mar ché, et inversement”, juge Pascal Houssard.
Or, la Vendée est un département en pleine
croissance, qui se caractérise par un fort
taux d’habitat individuel. La population est
dispersée et vit dans plusieurs bassins de
vie (Challans, Les Sables, La Roche, etc.). En
outre, le maillage de transports collectifs est
très faible. Si on y ajoute un attachement
des Vendéens à leur qualité de vie, toutes
les conditions sont réunies pour le développement de la voiture électrique.
Le plein pas cher.-- Pascal Houssard mise
sur une nouvelle relation entre l’automobi-
60 x 60 mm
battery (fotolia)
▲ L’implantation des bornes doit permettre le
développement de la voiture électrique en
Vendée
liste et son véhicule. Non vibrante, non
bruyante, la voiture électrique induirait une
conduite plus “zen” et plus respectueuse.
Ce qui ne risquera pas de stresser l’automobiliste, à coup sûr, c’est le prix du plein :
1,50 à 2 euros pour une recharge complète
de 7 à 8 heures en heures creuses. Le plein
“rapide”, à une borne, coûtera bien entendu
plus cher. Mais les bornes, tout le monde
en convient, sont là pour apporter une
énergie d’appoint. Il s’agira de charger la
batterie à 80% en moins d’une heure.
Pas de contrainte sur les réseaux.-- Reste
à s’assurer que les réseaux vendéens soient
adaptés à la hausse de la consommation
électrique induite par le développement de
ces nouveaux véhicules : la consommation
sur la voie publique, par le biais des bornes,
bien sûr, mais aussi la consommation privée,
à la maison. Le Sydev assure que c’est le
cas, misant sur le développement de la production d’énergie renouvelable locale, photovoltaïque notamment. On se veut rassurant : “La hausse nationale de la
consommation est estimée à 3%. Ce n’est
pas une hausse significative. En tout cas pas
de quoi détruire ou détériorer un réseau.” Le
Sydev devrait en outre prendre en compte
les capacités du réseau, mais aussi les flux
de circulation, les distances de travail mais
aussi les initiatives privées pour mettre au
point son maillage de bornes publiques de
rechargement. “Le tout est d’éviter de créer
des contraintes nouvelles.”
Branchés en 2014.-- Aucun territoire ne
devrait être desservi avant un autre. Le maillage des bornes publiques va répondre à un
schéma directeur qui doit être prêt pour le
premier semestre. La réalisation effective
est prévue pour le début de l’année 2014
sur tout le département. “L’idée est de créer
un réseau départemental maillé et structu rant.” Le SYdev investit 750.000 euros cette
année pour cette opération. Aidé par l’État, il
le sera peut-être aussi par l’Europe. Un dossier doit être déposé en ce sens.
Simple d’utilisation.-- Les détails sur la
manière de se servir de ces bornes restent
à préciser. Il est d’ors et déjà annoncé qu’elles devraient être “ s i m p l e s d ’ u t i l i s a t i o n ” ,
avec un recours à une simple carte d’accès.
Une vingtaine de kilomètres seulement doit
séparer chaque borne. Seule certitude : rien
ne sera figé sur ce réseau et son évolution.
“Rien n’interdit par la suite d’aller plus loin”,
estime Pascal Houssard qui insiste sur la
nécessité d’être souple et évolutif face à
une technologie dont le développement
n’est qu’à ses débuts.
Franck Hermel
Une voiture 100% éco-responsable aux 24h du Mans
Green GT H2 : électricité et hydrogène
Les technologies utilisées aujourd’hui sur
nos voitures “de série” ont toutes été expérimentées dans ce “laboratoire” qu’est la
course automobile. Et si vous pensiez que
le moteur hybride était réservé aux petites
voitures destinées à faire de courts trajets
en ville, il est temps de revoir votre jugement. Démonstration avec Green GT, un
indépendant qui a fait des voitures de
course éco-responsables son cheval de
bataille.
Pour le passionné de course automobile,
Green GT n’est pas un inconnu sur le tarmac : en 2008, il lançait sa première voiture
de course électrique, équipée de batteries
lithium-ion pour une puissance de 200kW.
En 2010, Citroën choisissait le groupe
motopropulseur GreenGT pour équiper sa
Survolt. Et l’an passé, la marque au colibri
présentait sa LMPH2, la première voiture à
pile à combustion à hydrogène. Ce bolide,
qui aura coûté 5M€ (fabrication du prototype et homologation), sera sur la ligne de
départ des 24 Heures du Mans 2013.
Le Courrier Vendéen
Pile à combustible
Remarquée par l’Automobile Club de
l’Ouest (ACO, organisateur des 24H) en
2011, la GreenGT H2 a déjà été invitée à
participer à cette prestigieuse course. Avec
toutefois quelques soucis techniques.
“L’autonomie des batteries lithium/ion
s’étant avérée le point perfectible des pré cédents prototypes de GreenGT, l’hydro gène s’est imposé très rapidement.
GreenGT a fait développer en 2011 une
pile à combustible de 100kW qui peut être
intégrée dans une voiture de course ou de
route”, rappelle le groupe.
La pile est testée, de manière concluante.
“Depuis lors, GreenGT a lancé la construc tion d’une nouvelle pile à combustible de
forte puissance qui fournit 340kW linéaire,
soit 460Cv. En parallèle, une nouvelle
chaîne de traction bimoteurs, légère et
développant jusqu’à 400kW soit 540Cv a
é t é d é v e l o p p é e p o u r c e p r o t o t y p e . ” Pour
résumer, Green GT participera cette année
aux 24 Heures du Mans avec un bolide au
look futuriste, de 1240kg, d’une puissance
de 544 chevaux, pouvant atteindre les
300km/h, que le néophyte pourra reconnaître à ses deux réservoirs de 160 litres
d’hydrogène, situés sur les flancs du cockpit.
Que l’on soit bien d’accord ! Si l’on parle ici
de voiture à pile, “La pile à combustible de
la H2 ne contient ni pile, ni combustible… Il
s’agit en réalité d’un générateur d’eau et
d’électricité, alimenté par l’hydrogène et l’air.
La fabrication de l’électricité se fait grâce à
l’oxydation sur une électrode d’un combus tible réducteur, l’hydrogène en l’occurrence,
▲ La Green GT H 2, une voiture électrique sur les
24 Heures du Mans 2013
c o u p l é e à l a r é d u c t i o n su r l ’ a u t r e é l e c t r o d e
d’un oxydant, tel que l’oxygène de l’air. C’est
l’inverse d’une électrolyse. La réaction chi mique produite par l’oxydation et la rencon tre de gaz produit de l’électricité, de l’eau et
de la chaleur. La température de fonction nement varie de 60 à 120 °C selon les
modèles. L’eau est évacuée sous forme de
vapeur”.
Proto écolo
Quels sont les points forts de cette voiture
de course ? “ A u c u n e é m i s s i o n d e g a z , n i
CO2, ou autres polluants, n’est produite
durant le fonctionnement d’une motorisa tion électrique/hydrogène. L’eau est
recomposée lors de la création de l’électri cité dans la pile à combustible, et peut de
nouveau être exploitée pour recréer de
l’hydrogène, qui pourrait aussi parfaite ment être produit par de l’éolien ou du
solaire. Les moteurs électriques compor tent cinq fois moins de pièces que les
moteurs thermiques et donc sont beau coup plus fiables” .
En termes de sécurité, “ l ’ h y d r o g è n e e s t
moins inflammable que l’essence. Les
réservoirs de la GreenGT H2 sont trois fois
plus résistants que les réservoirs d’essence
des prototypes homologués FIA” . Sur l’asphalte du Mans, “ l a G r e e n G T H 2 d e v r a i t
atteindre une vitesse proche de 300km/h.
Grâce à sa pile à combustible, elle peut
rouler durant 40min. et sa nouvelle ges tion électronique lui permet des vitesses
de passage en courbe optimisées” .
A suivre attentivement, les 22 et 23 juin,
sur une course mythique qui fêtera ses 90
ans. La Green GT H2 devrait être pilotée
notamment par l’Italien Christian Pescatori,
dans la catégorie “56e Stand”, nouveau
concept de “garage vert”, inauguré l’an
passé avec la Nissan DeltaWing.
Franck Fischbach