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AFRIQUE
Photo : François Robidoux-Descary
Louxor est devenue une ville fantôme.
Les cochers doivent choisir entre
nourrir leurs enfants ou nourrir
leur cheval. Pourtant, aucun incident
violent n’est survenu à Louxor
depuis 1997.
Le temple de Louxor.
ÉGYPTE : que réserve
l’avenir au tourisme ?
PAR FRANÇOIS ROBIDOUX-DESCARY
e 22 mars dernier, Louxor
a accueilli une importante
conférence sur l’avenir de
l’Égypte en tant que destination touristique. En présence du ministre du Tourisme, Hisham
Zaazou*, et du ministre des Antiquités,
Mamdouh el-Damaty, des voyagistes de
plusieurs pays, dont le Canada, les ÉtatsUnis, le Brésil et la Nouvelle-Zélande, ont
été invités à participer à une grande séance
de remue-méninges (brainstorming) sur les
façons d’endiguer la chute sévère du tourisme que connaît l’Égypte depuis 2010.
Tourisme Plus a assisté à la rencontre.
ÉTAT DE LA SITUATION
Depuis 2010, le nombre de voyageurs
en Égypte a chuté de plus de 80 %. Le
tourisme culturel est faible comme jamais. Le peu de touristes qui visitent le
pays s’en tiennent souvent à la capitale,
question de prendre quelques photos des
pyramides, sans plus.
La ville de Louxor illustre bien la situation. Cette porte d’entrée vers la vallée
des rois et des reines et point de départ
de nombreuses croisières sur le Nil a eu
la vie particulièrement dure ces dernières
années.
« Il y a deux ans,
Louxor est devenue une
ville fantôme. Les touristes n’y vont plus. Les
cochers doivent choisir
entre nourrir leurs enfants ou nourrir leur cheHisham Zaazou
val. Personne ne devrait
avoir à faire un tel choix ! », a témoigné le
ministre du Tourisme. « Pourtant, aucun
incident violent n’est survenu à Louxor
depuis 1997 », ajoutait-il. 
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AFRIQUE
13 mars 2015
Photo : François Robidoux-Descary
Il faut avouer que la destination
est nettement moins effrayante
quand on s’y rend que quand
on la regarde de chez soi
à la télévision !
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Le temple de Hatchepsout.
Un constat revient toujours : le produit
qu’offre l’Égypte en tant que destination
n’a nul besoin de promotion. Les NordAméricains rêvent encore et toujours de
visiter l’Égypte… mais se demandent si le
moment est approprié !
Selon les autorités touristiques égyptiennes, depuis la révolution de 2010, les
voyagistes ont aussi délaissé l’Égypte. Or,
le pays a besoin d’eux pour aiguiller les
voyageurs vers la destination dans toute
sa diversité.
Lors de la rencontre avec les voyagistes, les représentants du gouvernement égyptien ont rapidement mis les
cartes sur table, se montrant parfaitement
conscients que la situation actuelle est
liée au fait que les gens ont peur de visiter
l’Égypte. Toutefois, selon le ministre du
Tourisme, cette peur n’est pas justifiée.
Hisham Zaazou appelle le monde à poser un regard plus juste sur son pays. Et
selon lui, les voyagistes doivent apporter
leur contribution en véhiculant haut et
fort, d’une seule voix, un message rassurant les voyageurs hésitants. « Notre pays
est prêt à accueillir des touristes de nouveau », insistait-il.
nous pouvons témoigner que, dès qu’on
les comprend et qu’on les accepte, une fenêtre s’ouvre sur un pays très accueillant
où le voyageur se sent rapidement à l’aise.
Sur des sites spectaculaires comme le
temple d’Hatchepsout – où d’ailleurs le
complexe du Culte du Soleil vient tout
juste d’ouvrir, après restauration, ainsi
que le nouvellement restauré tombeau
de Nefertari –, on se sent bienvenu en
tant que touriste. L’ambiance est légère,
agréable. Le fait est que ces lieux si riches
en histoire sont eux-mêmes protégés autant que les visiteurs. Et comme ces derniers sont peu nombreux, la quiétude est
d’autant plus grande. Aucune file d’attente n’est au programme, dans ces lieux
où c’était jadis le cas.
Tous les Égyptiens que nous avons
rencontrés, sans exception, avaient le
sourire aux lèvres et portaient le même
message, nous invitant à faire savoir que
l’Égypte a besoin de touristes et que ses
habitants sont prêts à les accueillir dans
les meilleures conditions. Il faut avouer
que la destination est nettement moins
effrayante quand on s’y rend que quand
on la regarde de chez soi à la télévision !
SÉCURITÉ OMNIPRÉSENTE
UN PROJET D’ENVERGURE
Qu’est-ce qui attend le visiteur qui
visite l’Égypte ces temps-ci ? Sitôt qu’il
met les pieds à l’extérieur de l’aéroport, il
ne pourra faire autrement que de constater une forte présence armée et de nombreuses mesures de sécurité. La plupart
des hôtels sont équipés de détecteurs de
métal à l’entrée et celle-ci est surveillée
en permanence. Les zones touristiques
sont aussi étroitement surveillées. À
Louxor, par exemple, des centaines de
caméras de sécurité veillent sur le site à
toutes heures du jour et de la nuit.
Ces mesures de sécurité omniprésentes
peuvent être déstabilisantes au début, mais
Comme le tourisme est normalement la
plus grande source de revenus en Égypte,
son absence signifie automatiquement
des pertes financières catastrophiques
pour l’État. Le gouvernement a profité de
la conférence de Louxor pour discuter de
l’avenir du Grand Musée égyptien (ou
GEM pour Grand Egyptian Museum) – un
projet d’une très grande importance pour
le tourisme égyptien.
La construction du GEM a débuté en
2002 et se veut complétée à 28 %. À terme,
il s’agira du plus grand musée au monde
à exposer l’héritage d’une seule et même
culture. Le GEM comptera plus de 50 000
objets et ceux-ci seront divisés de manière
thématique. On y trouvera notamment
3000 éléments du tombeau de Toutânkhamon encore jamais dévoilés au public.
Comme le musée sera situé à quelques
pas du célèbre site des pyramides de Gizeh,
les voyageurs seront en mesure d’effectuer
les deux visites la même journée. Dans le
meilleur des mondes, on prévoit que le
GEM pourrait attirer entre 16 000 et 20 000
visiteurs par jour. Il est toutefois à noter
que des passes de deux jours seront probablement conseillées, vu la taille du musée.
En 2016, un centre de visiteurs ouvrira ses
portes et offrira un avant-gout du GEM.
Considérant la conjoncture des dernières années et les nombreux changements de gouvernements, le pays n’a
toutefois pas, présentement, les fonds nécessaires à l’aboutissement du projet. Pour
effectuer une inauguration partielle en
2018, comme c’est prévu, l’Égypte a besoin
de l’équivalent d’environ 1 G$. Les autorités égyptiennes misent donc sur les investisseurs étrangers ainsi que sur un partenariat avec les États-Unis afin de développer
une stratégie complète de financement.
REBONDIR
Le tourisme en Égypte est à son plus
bas. Il demeure toutefois possible d’utiliser ce contexte difficile pour mieux
rebondir, croit le ministre du Tourisme.
Selon Hisham Zaazou, le moment est
même idéal pour visiter l’Égypte : « Les
prix sont abordables, c’est extrêmement
sécuritaire et surtout c’est désert ! »
Le ministre convient toutefois qu’il
faut être prudent avec l’argument de la
baisse des prix. Il ne faudrait pas courir le risque de dévaluer la destination
Égypte et son produit, simplement pour
attirer rapidement plus de voyageurs. Le
cas échéant, la pente serait ensuite trop
difficile à remonter…
Angela Roditi, vice-présidente de Virtuoso (spécialisé sur le voyage de luxe
haut de gamme) a participé à la conférence de Louxor. Selon elle, l’Égypte doit
se servir de la révolution
pour mieux se relever.
« Les voyageurs de luxe
ont tout vu. Ils veulent
maintenant faire partie de
l’histoire ! » affirme-t-elle.
On leur souhaite… et
Angela Roditi
on le souhaite à l’Égypte !
*Un nouveau ministre du Tourisme, Khaled Abbas
Ramy, à récemment remplacé Hisham Zaazou.
Ce reportage fait suite à une invitation
du gouvernement égyptien. ●