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AGIR
Que faire contre l’extrême-droite ? D’abord
s’informer, démarche primordiale pour cerner ses ennemis. Ensuite militer au quotidien
contre son implantation.
Ce militantisme ne signifie pas obligatoirement un engagement dans un parti, un syndicat, un collectif, c’est avant tout commencer
par de petites actions quotidiennes profondément nécessaires. Arracher les affiches ou
les autocollants d’extrême-droite, les recouvrir
par des autocollants antifascistes. Ne jamais
laisser passer une réflexion raciste, sexiste ou
homophobe dans une discussion : faire de la
pédagogie quand il s’agit de bêtise ordinaire,
expulser immédiatement et sans discussion
l’importun quand il s’agit de propos assumés.
Rompre tout rapport avec toute personne entretenant des liens d’amitiés avec des fascistes
avérés. Empêcher les diffusions de tracts des
mouvements d’extrême-droite, sans toutefois
se mettre en danger physiquement ou sur le
plan judiciaire. Être vigilant sur les symboles
portés par les gens en tout lieu. Faire un minimum de vérification sur les groupes musicaux
qu’on écoute, sur les concerts où on se rend,
sur les livres ou les magazines qu’on parcoure.
Participer aux manifestations ou aux actions
organisées localement par les organisations
antifascistes.
En bref : exclure, marginaliser, invisibiliser
les propos, pratiques, visuels ou individus
d’extrême-droite ; refuser toute discussion
avec les fascistes « organisés » ; rendre l’antifascisme le plus visible possible.
•
Toutes ces actions ont un impact réel mais
elles ne sont malgré tout pas suffisantes pour
écarter durablement le danger. S’investir de
façon plus conséquente devient nécessaire
dans le contexte politique actuel.
Plusieurs possibilités : adhérer à un parti
politique, un syndicat ou une organisation de
gauche, parce que luttes sociales et projets
politiques permettent d’attaquer de front les
idées d’extrême-droite en étant une force de
proposition, plutôt qu’en se contentant d’un
simple refus de la haine.
Éducation, organisation et luttes collectives
sont les seuls moyens efficaces de battre sur
le long terme les idées simplificatrices et réactionnaires pour la bonne raison qu’on sait que
misères sociale et culturelle sont un terreau
fertile pour le fascisme. La solidarité de classe
est un rempart incontestable contre les replis
ethniques, culturels ou cultuels.
S’investir dans des organisations qui combattent des formes particulières du racisme,
par exemple en soutenant les personnes sanspapiers, en intégrant des associations féministes, en se joignant aux mouvements contre
les différentes homophobies.
Participer à des collectifs ou associations
antifascistes agissant spécifiquement sur la
question. Le Collectif Antifasciste Rennais est
un exemple de structure de ce type, réunissant
sur des bases anticapitalistes et antifascistes
des individu-es non-encarté-es, ainsi que
d’autres provenant de différentes formations
politiques, associatives et syndicales.
N’hésitez pas à prendre contact avec nous
www.antifabzh.lautre.net
[email protected]
Ce document a été élaboré par le Collectif Antifasciste Rennais, mais nous devons
signaler que la partie concernant les symboles de l’extrême-droite provient d’un tract
remanié du SCALP Limoges (http://www.scalp87.altern87.org/), lui-même basé sur
des informations de l’Action Antifasciste (http://actionantifa.over-blog.org/). D’autres
symboles et organisations d’extrême-droite mériteraient d’être cités, absents de ce
texte par simple manque de place. Des informations complémentaires peuvent être
trouvées sur notre site (www.antifabzh.lautre.net) ou sur ceux de référence cités dans
les notes, en fin de document.
CONNAITRE
SES ENNEMIS
Riposte Laïque, Une Autre Jeunesse,
Groupe Union Défense, UNI, Action Française,
Bloc Identitaire, RED, GRECE, Résistance
Républicaine, Parti Anti-Sioniste, Égalité et
Réconciliation, Solidarité et Progrès, We Are
Change …
Si ces noms vous sont inconnus ou sonnent
à vos oreilles de façon positive, alors c’est que
vous ignorez ou méconnaissez quelques unes
des structures d’extrême-droite les plus actives en France ces dernières années. Souvent
groupusculaires, ces rassemblements parfois
extrêmement hétéroclites contribuent en-dehors des partis d’extrême-droite traditionnels
à l’implantation de thèses racistes, xénophobes, sexistes ou homophobes. Et comme
ils sont moins connus, il y a des chances pour
que vous les croisiez sans même le savoir
dans des manifestations, concerts, fêtes de
quartier ...
Plus encore que des organisations comme
le Front National, dont les idées sont connues
de tous et toutes, ces petites structures
avancent le plus souvent masquées, camouflant leur fond idéologique nauséabond derrière un détournement de thématiques his-
toriques de la gauche. On y retrouvera donc
pèle-mêle la lutte palestinienne, la défense
de la laïcité, l’opposition à la mondialisation
capitaliste, la défense des cultures et langues
régionales, l’écologie ou encore l’agriculture
bio. Cette récupération se double d’un lissage
vestimentaire qui sème le doute, faisant le
plus souvent disparaître le look du traditionnel skinhead nazi au profit de vêtements et de
coiffures passe-partout. De quoi y perdre son
latin si on ne creuse pas plus avant les intentions réelles de ces individus.
Alors comment savoir si l’aimable jeune
homme vaguement barbu, habillé en hippie,
qui vous aborde pour discuter de résistance
aux banquiers de la City est un gauchiste ou
un fasciste dissimulé ?
CONNAITRE
LEURS THEMATIQUES
Depuis les attentats du World Trade Center,
les extrêmes-droites ont impulsées un nouvel
axe thématique qui était tout indiqué par les
circonstances : la lutte n’était plus ouvertement pour la défense d’un occident chrétien,
mais contre l’islamisme. Ce retournement de
la proposition, plus subtil que le très impérial
choc des civilisations, permet de diluer l’as-
pect profondément réactionnaire du discours,
tout en investissant certains champs qui
étaient traditionnellement ceux de la gauche.
La défense de la laïcité contre un Islam
prétendument agressif, par exemple, permet
d’assimiler islamiste, musulman et étranger
en un seul groupe uniforme et dangereux qu’il
convient de circonscrire ou d’expulser. Bien
entendu, la laïcité a bon dos, et il paraît à première vue aberrant de la voir défendue par des
chrétiens traditionalistes. Ce que cela signifie
en réalité, c’est que la laïcité est assimilée à un
type de société particulier : une société démocratique, blanche, chrétienne, capable de tolérance. De facto, tout autre type (ou supposé
type) de société, de part sa simple différence,
devient donc un danger pour la laïcité, et donc
par ricochet, un danger pour la démocratie,
la tolérance, la chrétienté et la race blanche.
Avantage corollaire non-négligeable pour l’extrême-droite : des intégristes catholiques aux
adeptes du paganisme, tout le monde peut se
retrouver sur un thème politique commun, ce
qui est loin d’être aussi simple qu’il y paraît.
Ce tour de passe-passe sémantique peut
sembler grotesque, mais il a pourtant infusé
dans la société française sans la moindre difficulté, à tel point qu’aujourd’hui, le chef de
l’État peut déclarer à la fois que « dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de
la différence entre le bien et le mal, l’instituteur
ne pourra jamais remplacer le curé »1 et parlant
des musulmans (ou les définissant ?) étaler
sans pudeur et sous les applaudissements que
« quand on habite en France, on respecte ses
règles, c’est-à-dire qu’on n’est pas polygame,
on ne pratique pas l’excision sur ses filles et on
n’égorge pas le mouton dans son appartement
et on respecte les règles républicaines. »2. Ces
deux propositions étant énoncées alors même
que le chef de l’État prétend défendre la laïcité, ne sont qu’apparemment antagonistes :
comme on l’a vu, il suffit de changer le sens
du mot laïcité pour tenir un discours apparemment conforme aux canons démocratiques
français, tout en étant en réalité profondément
raciste et réactionnaire.
L’amalgame est fait et il perdurera, jouant
des ambiguïtés des mots, de la maîtrise insuffisante des concepts manipulés, mais également des préjugés persistants de la population
française, qui trouvera un confort moral certain
à substituer arabe par islamiste.
Cette manière de procéder de l’extrêmedroite, qui retourne comme un gant les slogans historiques de sa famille politique pour
mieux les faire épouser les apparences des
thèses de la gauche, se retrouve dans de multiples sujets qui tournent tous plus ou moins
autour de cette question porteuse de l’Islam
comme danger. On pourrait citer par exemple
la défense des cultures et langues régionales
: au lieu de défendre une Europe blanche et
Chrétienne, on préfère se déclarer « ethno-différentialiste ». En gros, ça permet de dire que
toutes les cultures sont intéressantes, fascinantes et glorieuses, mais qu’elles ne peuvent
s’épanouir que dans un cadre donné. On a
donc une fascinante culture bretonne qui ne
peut s’épanouir qu’en Bretagne, une intéressante culture flamande dans le Nord, et une
glorieuse culture arabo-musulmane … au Maghreb et au Proche-Orient. On a dit la même
chose qu’avant, on a très clairement exprimé
l’intention de mettre les arabes dehors, mais
on l’a fait grâce à un discours à première vue
moins ouvertement raciste.
•
Ce discours est loin d’être politiquement
isolé, loin d’être invisible et inaudible : il est
au contraire quotidiennement consolidé sur
les chaines de la télévision publique ou dans
nos journaux, à travers des figures de proue
comme Éric Zemmour ou des dossiers d’investigation biaiseux comme ceux de l’Express3.
Sous des dehors parfois violemment provocateurs, ces agressions permanentes permettent
plus qu’une expression d’extrême-droite à
1 |Symbole créé par la SS, le Soleil Noir est
de plus en plus utilisé par la frange mysticopaïenne de l’extrême-droite.
2 |Symbole de la SA, les Sections d’Assaut nazies dirigées par Ernst Röhm jusqu’en 1934.
3 |Symbole de la Brigade Dirlewanger une
division SS particulièrement réputée pour sa
cruauté.
4 |La Totenkopf est le symbole des unités
d’élite de la SS, chargée notamment de la surveillance des camps de concentration.
5 |Rune germanique symbolisant la vie (tête en
bas pour la mort), couramment employée par
l’extrême-droite depuis l’Allemagne nazie. Utilisées sur les tombes des SS.
6 |Vieux symbole allemand récupéré, la Wolfsangel est l’emblème de la division SS Das
Reich. Il est aussi considéré comme celui de la
lutte armée menée par les nazis, les Wehrwolf,
après la défaite du IIIème Reich. Son alignement peut être vertical ou horizontal.
7 |Symbole celte, la Croix Celtique a été récupérée par l’extrême-droite (à l’origine par
Pierre Sidos, membre de l’OAS), jusqu’à en
devenir l’un des symboles les plus courants.
8 |Le Marteau de Thor, porté en pendentif, provient de la culture scandinave. Il est victime de
la récupération par les nazis, en règle générale
avec l’ajout d’un symbole gravé en son centre
(comme ici une Wolfsangel).
9 |Symbole utilisé par les identitaires et par
l’organisation nazie White Revolution aux USA.
Il est repris de la lettre grecque Lambda et plus
particulièrement de son utilisation sur les boucliers spartiates (rejet de l’envahisseur oriental,
en raison du combat contre les Perses).
10 |Symbole du Rock Against Communism
(ou RAC) genre musical spécifiquement d’extrême-droite.
11 |Logo de Thor Steinar, une marque de vêtements d’extrême-droite allemande mettant
en avant une thématique nationaliste sur des
habits assez passe-partout. Le précédent logo
(où l’on retrouvait les runes Tyr et la Wolfsangel) a dû être changé en raison de la législation
allemande.
12 |Symbole discret et peu connu, le poing
blanc sur fond noir pour le White Power.
13 |Symbole des Hammerskins, une organisation néo-nazie internationale ultra violente.
Une branche française à brièvement existé au
début des années 90 sous le nom de Charlemagne Hammer Skins, du nom de la division
SS Charlemagne composée de français engagés volontaires pendant la guerre.
14 |Marque de vêtement nazie, Consdaple
copie le style de la marque de boxe Lonsdale.
Blouson entrouvert on lit les lettres NSDAP,
initiales du parti nazi fondé par Hitler (le National-Sozialiste Deutsche Arbeiter Partei).
15 |Organisation nazi-skin internationale (Blut
und Ehre - ou Sang et Honneur - était la devise
des Jeunesses Hitlériennes). Blood & Honour
est connu pour l’organisation de concert RAC.
L’organisation utilise également le chiffre 28
comme signe de reconnaissance en raison
des initiales du nom du groupe (deuxième et
huitième lettres de l’alphabet).
16 |18 et 88 représentent également des lettres
: AH pour Adolf Hitler et HH pour Heil Hitler.
Fréquemment utilisé également, le chiffre 14,
symbole d’une phrase raciste de quatorze
mots écrite par David Lane.
en train d’escalader et de se balancer sur les
branches, là – de tous les coins du monde !
De toutes les parties du monde ! Ce type est
l’homme universel. Tous les singes dans tous
les arbres, de tous les coins du monde, ont
pris part à l’acte sexuel qui a produit Barack
Obama. Et il travaille pour le crime organisé
– qui est une branche des services secrets
britanniques »9. On passera sur la critique
des financiers aux patronymes juifs, sur le
négationnisme pratiqué régulièrement au sujet
des camps de la mort, les multiples blagues
racistes qui émaillent les discours de ce triste
sire, etc.
S&P est un mouvement assez procédurier, il
faut faire attention à ce qu’on fait, dit ou écrit
lorsqu’on aborde leurs faits et gestes. Par
exemple, le parti n’est pas classé officiellement comme secte en France, ce qui conduit
régulièrement à des plaintes pour diffamation.
Les militants prennent systématiquement en
photo les personnes qui s’opposent à eux pour
constituer des fichiers : ne vous laissez surtout pas faire. Ils appellent la police lorsqu’ils
font face à de la contestation et portent plainte
pour toutes sortes de motifs, souvent fantaisistes, parfois complètement mensongers. Ils
ne sont jamais seuls dans la rue et sont souvent accompagnés par un membre plus âgé,
posté en guetteur à une certaine distance du
groupe. L’organisation présentait deux candidats en Bretagne pour les dernières élections
cantonales : Lilian Renault à Rennes et David
Cabas à Ploërmel.
tions, comme par exemple dernièrement sur
les retraites, où ils diffusent leurs brochures.
On peut également les apercevoir en t-shirt
rouge de temps à autre à Rennes, place de la
Mairie, pour une distribution de tracts.
Peu actifs, ces militants font partie de la
nébuleuse complotiste comprenant également
Solidarité & Progrès et Égalité & Réconciliation.
•
Quelques autres mouvements existent localement, mais d’une façon tellement marginale
qu’ils frôlent l’inexistence. Pour les nommer
: le Groupe Union Défense (GUD) et l’Union
Nationale Inter-universitaire (UNI) qui survivent
péniblement autour de la faculté de droit, ainsi
que l’Action Française, moribonde, ramassant
à grand’peine quelques royalistes et nationalistes. De-ci de-là, des individus non-encartés
font également épisodiquement parler d’eux
sans être une réelle menace politique, même
s’ils peuvent représenter une menace physique qu’il ne faut ni écarter, ni sur-estimer.
Certains lieux rennais gagnent à être évités
si on tient à ne pas rencontrer ces individus.
Ceux-ci ont en effet tendance à fréquenter par
exemple le bar Le Troll Farceur ou la boutique
Old but Crazy.
Bien que ces organisations ou individus
défendent des thèses parfois antagonistes,
tous sont en réalité très proches : la manifestation des catholiques intégristes à Rennes le
10 novembre 2011 a été l’occasion de tous les
réunir. Comme quoi ...
forte diffusion : Le Pen passe régulièrement à
la télévision depuis des années, il n’y a donc
pas un phénomène de nouveauté dans l’expression raciste à grande échelle. Ce qui est
nouveau, c’est que s’instaurent à la fois une
banalisation liée à la répétition constante du
message, mais aussi et surtout une discussion autour de thèmes imposés par des fascistes et cautionnée par des « personnalités de
gauche » comme par un cadre prétendument
neutre (la télévision publique par exemple).
Alors qu’auparavant la discussion et le débat
avec l’extrême-droite étaient absolument inimaginables (et revendiqués comme tels), ils
deviennent aujourd’hui parfaitement courants.
On peut donc obtenir sur un plateau de télévision, un débat entre un tenant de thèses ouvertement racistes et un people quelconque,
vaguement de gauche. Ce qui est important,
ce n’est pas tant ce qui est débattu. Ce qui
est important, c’est qu’on accepte que le fascisme et le racisme sont des composantes
politiques ni pires ni meilleures que les autres
et parfaitement discutables, sous le prétexte
de la liberté d’expression, et donc là encore,
de la démocratie. Autre exemple de la compatibilité du racisme et de la démocratie, la
condamnation de Brice Hortefeux pour « injure
envers un groupe de personne en raison de
leur origine » (autrement dit pour injure raciste)
ne l’empêche pas de continuer à exercer ses
fonctions de ministre de l’Intérieur et de l’Immigration4. C’est la porte ouverte en grand aux
pires débordements.
•
•
We Are Change est une espèce de Solidarité & Progrès-bis, en plus déjanté. Leurs sites
internet (un par ville) compilent des liens vers
des sites sur les extraterrestres ou les francsmaçons, mais également vers des pages
d’Égalité et Réconciliation. Ce groupuscule
comprend excessivement peu de membres,
mais ils se mêlent souvent à des manifesta-
Bien sûr, pour en arriver à de telles extrémités, le processus a pris de très longues années
et une bonne dose d’intelligence. Le GRECE
(Groupement de Recherche et d’Études pour
la Civilisation Européenne) et le Club de l’Horloge ont été deux mouvements efficaces pour
instiller ces idées dans la classe politique française, qui s’en fait l’écho entre vingt et trente
CONNAITRE
LEUR symbolique
ans plus tard en qualifiant l’exercice de décomplexion. On parlait en effet déjà d’Europe des
ethnies en 19635. La complexité du discours
raciste actuel est le fruit d’une longue réflexion
et d’un travail intellectuel de longue haleine
auprès des politiques et de la population.
Les quelques points évoqués ci-dessus ne
sont bien sûr nullement limitatifs, et il conviendrait d’approfondir bien d’autres torpilles
politiques soigneusement mises au point par
l’extrême-droite, comme par exemple la récupération du combat palestinien qui est habilement exploitée par Égalité et Réconciliation
ou le Parti Anti-Sioniste, ou bien encore l’aide
aux sans-abris réalisée par l’association SDF
qui distribue des repas contenant du porc. Des
informations complémentaires et fortement
recommandées sont disponibles sur les sites
internet de Reflex-es6 et de No Pasaran7 sur
toute cette mouvance des petites organisations et leurs axes politiques.
A ce stade, il devient évident que pour lutter
contre l’extrême-droite, il faut se pencher un
minimum sur ses composantes modernes, et
pour lutter pied à pied contre celles-ci, savoir
reconnaître leurs signatures parfois discrètes
dans nos environnements immédiats.
CONNAITRE
LEURS METHODES
Au quotidien, l’extrême-droite se focalise
sur des actions modestes, moins visibles, mais
néanmoins bien réelles. Alors que pouvezvous trouver près de chez vous, en Bretagne ?
Quelles structures ? Quels moyens d’action ?
Quelles tentatives d’infiltration ?
Adsav est un parti d’extrême-droite breton
aujourd’hui en baisse de régime, mais encore
ponctuellement dangereux. Fondé en 2000, il
reprend des thèmes et des références visuelles
directement issus de la collaboration bretonne
pendant la guerre, et en particulier de ce qu’on
a appelé le mouvement Breizh Atao. Défendant une Bretagne indépendante, l’action du
parti se limite le plus souvent à des collages
d’affiches et à quelques commémorations
éparses sur d’anciens champs de bataille. Ces
dernières peinent de plus en plus à rassembler
des militants, mais cela ne réduit pas le risque,
les effectifs d’Adsav regroupant tant des personnes âgées que quelques gros skinheads
des familles. Dernièrement, ils ont tenté de
participer à une action du collectif 44=Breizh
à Nantes et n’ont pu transformer l’essai, grâce
à la vigilance des antifascistes présents en
nombre ce jour-là.
Outre ses affiches violemment racistes,
Adsav diffuse également un journal appelé
War Raok. Celui-ci est déposé par les militants
chez certains marchands de journaux, PMU,
etc … Il y a donc de fortes chances pour que
les lieux où il est déposé soient fréquentés,
même de façon lointaine, par des militants
d’Adsav. Le parti entretient également des
liens avec Unvaniezh Koad Kev, une association cherchant à réhabiliter l’abbé Perrot, un
collaborateur breton exécuté par la résistance
en 1943.
•
Le Bloc Identitaire est un mouvement
assez peu implanté en Bretagne, mais malgré tout visible parce qu’il tente de coloniser
notre espace visuel par une utilisation massive
d’autocollants, d’affiches, de tags. Axé sur la
défense des identités régionales, il s’implante
partout où il est susceptible d’exploiter le filon.
On le retrouve donc en PACA, à Lyon, dans le
Nord où il surfe sur la culture flamande, et sans
surprise, depuis quelques temps en Bretagne,
attirés par la forte singularité et vitalité culturelle de la région.
Le mode d’action des identitaires est
d’acheter un local qui sert de centre de formation théorique et pratique, mais également
d’entraînement à divers sports de combat. A
partir de ce point d’ancrage, se créent des
sections par ville pour tenter de rayonner. En
Bretagne, ce lieu privé est situé à Guerlesquin,
dans le Finistère. Le Bloc se camoufle sous
trois noms différents : l’association Ti-Breizh,
l’association Jeune Bretagne et l’association
Solidarité Kosovo, toutes trois satellites du
Bloc Identitaire.
Afin d’infiltrer les structures liées à la culture
bretonne, Jeune Bretagne tente diverses actions dont il faut se méfier, parce qu’elles sont
difficiles à cerner pour qui ne connaît pas leur
milieu. On les a donc vu dans le désordre tenir
des stands de nourriture bio ou de gastronomie locale dans des festoù-noz peu informés,
tenter de participer à des cortèges de manifestations contre la réforme des retraites, mettre
en place des cours de breton gratuit, mais
également de façon nettement moins ambiguë
venir agresser des manifestations en soutien
aux sans-papiers, ou aller remplacer déguisés
en cochons la nourriture des rayons hallal de
supermarchés par du porc et de l’alcool. De
façon détournée, ils ont également tenté de
mettre en place à Rennes un « apéro saucisson-pinard », initiative liée à celle de la Goutte
d’Or à Paris8, finalement interdite par la préfecture.
A Rennes, ils trouvent des relais chez les
Breizh Stourmer, petit kop de supporters du
Stade Rennais, ainsi que dans une frange réduite de la scène métal.
•
Égalité & Réconciliation est une association politique d’extrême-droite fondée par
Alain Soral. Cet ancien membre du FN brouille
sciemment les pistes : le tournant ouvertement
conspirationniste prit par sa ligne politique,
ses saillies antisémites de plus en plus claires
et sa démagogie paternaliste à l’attention des
français d’origine immigrée présentent un visage réactualisé de l’extrême-droite. Autour
de ce mouvement gravitent un certain nombre
d’électrons libres, qui développent un arsenal d’écrits, d’analyses et de vidéos qui tentent également de rendre audible cette parole
d’extrême-droite nouvelle formule. On peut
citer parmi eux des auteurs comme Laurent
James ou Marc-Édouard Nabe, l’inévitable
Dieudonné, etc.
La ligne d’É&R est difficile à suivre parce
qu’elle ne cesse de changer. Ses masques de
prédilection restent malgré tout depuis plusieurs années l’antisionisme, la défense des
musulmans de France et de la jeunesse des
quartiers populaires ainsi qu’une réconciliation
nationale entre le FN et les populations d’origine immigrée. Dans le fond rien de bien nouveau : le discours d’É&R est en réalité assez
proche de celui de Charles Maurras, théoricien
de l’Action Française.
Au plan national, É&R entretient des liens
avec le Parti Anti-Sioniste et soutient régulièrement de sinistres personnages comme
Mahmoud Ahmadinejad, Vladimir Poutine ou
Bashar al-Assad.
Á Rennes, dirigée par Tanguy Casteit, É&R
reste une organisation groupusculaire au
mode de fonctionnement erratique. Malgré
tout, le culot de ses militants est au rendezvous et ils essaient de noyauter des actions
de soutien au peuple palestinien ou d’organiser des débats sur des thématiques qui sont
traditionnellement associées à la gauche. On
les retrouve dissimulés sous des noms divers
comme Parousia, ou le Cercle Malcolm X pour
tenter d’exister.
Leur base théorique est d’extrême-droite et
d’une grande violence : sexisme, antisémitisme
ou homophobie sont au rendez-vous dans
leurs écrits et dans leurs actes, comme ils ont
déjà eu l’occasion de le prouver sur Rennes.
•
Le Front National est présent également
en Bretagne, quoique peu puissant. Ses rares
tentatives d’exister passent surtout par l’organisation de repas avec les responsables frontistes nationaux, comme Jean-Marie Le Pen,
Marine Le Pen ou Bruno Gollnisch.
Il présente malgré tout des candidats aux
élections sur le territoire qui sans faire de
scores impressionnants se maintiennent généralement au même niveau.
Cédric Abdilla, responsable de la fédération départementale est également membre
du Comité Central du Front National depuis le
congrès de Tours.
•
Solidarité & Progrès est un parti politique
en provenance des États-Unis, racolant dans
les rues sur des thèmes confus et vaguement
gauchisants. Ce mouvement a été structuré
autour de et par Lyndon LaRouche, un escroc
mégalomane et raciste. Il diffuse en France un
journal appelé Nouvelle Solidarité.
La difficulté concernant S&P est qu’il s’agit
avant tout d’un mouvement sectarisant, tablant sur un recrutement de personnes fragilisées : celles-ci enrôlées, tout est fait pour
les maintenir dans la sphère d’influence du
parti (vie en communauté avec des membres
de S&P, lecture des textes de LaRouche en
groupe, interdiction de se pencher sur d’autres
sources d’informations …). Se consacrant à
temps-plein à la propagande de S&P – ce qui
explique leur présence constante dans nos
rues – elles finissent par être complètement
déconnectées du monde réel.
Mais si l’on écarte cet aspect spécifique, il
n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un parti
profondément raciste. On se contentera d’une
des dernières déclarations fracassantes de
LaRouche pour le mettre en lumière : « Vous
trouverez dans l’ascendance d’Obama, si vous
remontez son arbre généalogique, des gens
PARTOUT ET TOUJOURS
VIGILANCE
ANTIFASCISTE
Le fascisme et le racisme ne sont pas morts,
pas plus en Bretagne qu’ailleurs. Un contexte
qui leur est clairement moins favorable que dans
d’autres régions ne doit pas nous faire oublier que
la menace est présente aussi chez nous. Et que si
celle-ci est contenue, c’est justement parce que la
réponse à l’extrême-droite sous toutes ses formes
est immédiate. Cette réponse doit être intelligente,
informée, et surtout pérenne.
Ce texte constitue une courte introduction à la
lutte antifasciste en Bretagne. Il n’est ni complet ni
suffisant : des lectures et des recherches annexes
sont absolument nécessaires pour parfaire sa
connaissance de l’extrême-droite. Sa seule ambition est de constituer une boîte à outil minimale en
direction de celles et ceux qui souhaitent s’informer et agir sans savoir vers où se tourner.
_____________________
Notes
1 |Discours du président à Latran, 20 décembre 2007.
2 |Émission « J’ai une question à vous poser »,
TF1, 6 février 2007.
3 |Un exemple parmi d’autres numéros et
d’autres journaux : L’Express, L’Occident face
à l’Islam, le retour de la menace terroriste, la
montée des fondamentalistes, l’échec de l’intégration, les forces politiques qui en profitent,
mercredi 6 octobre 2010.
4 |Le 6 septembre 2009, à Seignosse, dans les
Landes, Brice Hortefeux avait déclaré a propos
d’un militant UMP d’origine arabe : «Quand il y
en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup
qu’il y a des problèmes».
5 |Guy Héraut, L’Europe des ethnies, Presses
d’Europe, Nice, 1963.
6 |http://reflexes.samizdat.net/
7 |http://nopasaran.samizdat.net/
8 |Pour plus d’informations, voir en ligne l’article de Reflexes : http://reflexes.samizdat.net/
spip.php?article463
9 |Conférence du 12 avril 2008 devant ses partisans du Worldwide LaRouche Youth Movement. Source et texte original à cette adresse
http://lyndonlarouche.org/larouche-obama.
htm
brochure vigilance antifasciste
v.2 - maj : jan. 2012