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Le groupe d¬タルobservation du bᅢᄅbᅢᄅ¬タᆭ en
Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 57 (2009) 535–541
Atelier : observation du bébé
Le groupe d’observation du bébé. . . en attendant l’arrivée du bébé
Infant observation’s group waiting for the arrival of the baby
V. Taly a,b,∗ , R. Sandri a , C. Grivel b
a
Laboratoire de psychologie clinique et de psychopathologie (LPCP EA-4056) Paris-Descartes, 16, grande-rue-au-bois, 1030 Bruxelles, Belgique
Laboratoire de psychologie clinique et de psychopathologie (LPCP EA-4056) Paris-Descartes, 11, rue du Grand-Prieuré, 75011 Paris, France
b
Résumé
Les candidats à une formation à l’observation du bébé selon la méthode d’Esther Bick ont souvent comme représentation que le bébé sera là,
qu’ils seront d’emblée in situ avec l’enfant et sa famille. Ainsi, très peu imaginent le temps d’avant l’observation, le temps avant le bébé, le temps
de recherche, le temps relationnel avec le ou les intermédiaires. . . ce temps d’attente où l’on se réunit avant de trouver la famille et le bébé. Dès
cette période, la formation est déjà engagée puisque les participants vivent et éprouvent l’émergence du désir d’enfant avec son lot de résurgences
personnelles et de phénomènes groupaux. Prenant l’exemple d’un groupe de participants composé d’une observatrice, de 11 auditrices et d’une
formatrice, nous centrerons ici notre intérêt sur le désir d’enfant évoluant au fil des semaines et des mois. À plusieurs voix, nous tenterons de mettre en
lumière les enjeux intrapsychique, interpersonnels et groupaux en lien avec le désir d’enfant dans un groupe de formation confronté au berceau vide.
© 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Observation du bébé ; Désir d’enfant ; Attente
Abstract
The candidates for infant observation training by the Esther Bick method often have the idea that the baby will be there, that they will be in
situ with the child and his family from the start. Thus, very few imagine the time before the observation, the time before the baby, the time for
research, the time for relations with the intermediaries. . . this waiting period where the group meets before coming together with the family and
baby. At this stage, the training has already begun, since the participants live and test the emergence of desire for the child with their share of
personal resurgences and group phenomena. Using the example of a group of participants made up of an observer, 11 auditors and a trainer, we
will concentrate here on the desire for the child which evolves over the weeks and months. As several voices, we will try to clarify the intrapsychic,
interpersonal and group issues linked with the desire for the child in a training group confronted by an empty cradle.
© 2009 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Keywords: Infant observation; Desire of child; Waiting
Membres d’un groupe de formation à l’observation du bébé
selon la méthode Esther Bick, nous avions sous-estimé, voire
occulté, la période d’avant l’observation et pensions en nous
engageant dans cette formation, que le bébé serait là, que nous
serions d’emblée in situ avec l’enfant et sa famille.
R. Sandri, formatrice : En effet, lorsqu’un groupe
d’observation se constitue, dans le fantasme du groupe, le bébé
est d’emblée présent. Lors des rencontres préliminaires avec
chaque participant j’avais insisté, en tant que formatrice, sur
∗
Auteur correspondant.
Adresse e-mail : [email protected] (V. Taly).
0222-9617/$ – see front matter © 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.neurenf.2009.06.004
un temps d’attente et de recherche de la famille dont la durée
pouvait être variable. Toutefois, plus ce temps devient long,
plus le groupe sera confronté à des sentiments différents, qui
vont de l’espoir, à la déception, à la frustration, à la colère, à
la dépression, voire même, à certains moments, à un certain
désespoir.
Cette communication nous a donné l’occasion d’explorer
ensemble, formatrice et participants au groupe, ces sentiments
différents pour essayer aussi de parvenir à une première élaboration de ce temps d’attente, cette grossesse groupale qui, comme
par hasard, a eu la durée de neuf mois !
V. Taly, participante au groupe de formation : Pour plusieurs d’entre nous, l’observation du bébé au travers de cette
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V. Taly et al. / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 57 (2009) 535–541
formation représente une expérience importante dans notre
parcours professionnel, voire personnel ; d’ailleurs, nous interrogeant sur le choix de cette formation qui ne s’était pas fait au
hasard, il nous est apparu que parmi les multiples raisons avancées, certaines étaient moins avouées, notamment nous avons
pu repérer la question du désir d’enfant. Or ce désir d’enfant
préexiste en chacune d’entre nous et lorsque au fil des semaines
et des mois, nous nous sommes retrouvées toujours sans bébé,
les résurgences personnelles et les phénomènes groupaux se
sont fait ressentir au sein du groupe, avec parfois des similarités avec le groupe-famille. En effet, le groupe de participantes
offre une contenance à l’observatrice permettant de traiter le
matériel subjectif, telles des sœurs, des tantes ou des grandsmères pouvant accueillir les moments de doute de la future mère.
Mais l’attente d’un bébé dans une famille vient aussi résonner
avec le désir d’enfant de chacun et s’accompagner de sentiment
d’impuissance, de colère ou de rivalité fraternelle et maternelle.
Mais que se passe-t-il lorsqu’il n’y a pas encore de bébé dans
un groupe de formation à l’observation du bébé ? La littérature
en fait peu état. De nombreux écrits décrivent quatre temps :
•
•
•
•
l’observation et sa charge émotionnelle ;
la prise de notes ;
le séminaire ;
l’après-coup du séminaire.
Pourquoi ne pas rajouter le temps de l’attente du bébé, celui
« d’avant » l’observation, le temps de recherche avec le ou les
intermédiaires. . . C’est un temps, où le vécu face à l’attente
vient peser différemment chez chacune et imprimer sa marque
au sein du groupe au fil des semaines et il nous apparaît que
le désir d’enfant y joue une place centrale. Par ailleurs, cette
attente évoque à bien des égards le temps de la grossesse et
du cycle menstruel de la femme en attente de porter l’enfant
en son sein. . . L’absence du bébé à observer est venue générer
des frustrations et pour certaines l’idée d’un mauvais groupe
tel une matrice sèche et stérile, ce qui représenterait l’envers
de l’illusion groupale. Malgré l’absence du bébé à observer, la
formation est déjà engagée. Les participantes vivent et ressentent
au fil des semaines et des mois, des affects forts, des éprouvés
archaïques, des mouvements de projections et d’identifications
projectives qui rappellent la dyade mère–enfant, la triade et le
groupe famille élargie. Nous reprenons ici l’histoire de notre
grossesse groupale en nous appuyant sur les synthèses rédigées
par les participantes, le témoignage de l’observatrice et l’analyse
de notre formatrice.
1. Le « berceau groupal ». . . la constitution du groupe
1.1. Première rencontre, séminaire de juillet
Le moment de la constitution d’un groupe est fondamental. À l’institut de puériculture et de périnatalogie de Paris
(IPP), le dispositif de formation à l’observation du bébé selon
la méthode Esther Bick réunit une formatrice, 11 auditrices et
une observatrice, qui est la seule à se rendre au domicile de
la famille et à observer le bébé. L’observatrice est désignée
par la formatrice, ce qui confère aux participantes des statuts
différents ; d’ailleurs, nous pouvons noter que certaines participantes voulaient être auditrices tandis que d’autres voulaient être
l’observatrice. Les raisons invoquées pour préférer être auditrice ou observatrice peuvent aller des questions matérielles
d’organisation et de vie familiale et donc de disponibilité pour
un bébé, aux aspects plus personnels quant à sa propre situation
face à la maternité ou la grand-parentalité. L’observatrice pouvant être à la fois l’élue mais aussi le mauvais objet, devant se
faire « adopter » par le groupe, avec tout le jeu de l’ambivalence.
Ainsi, dans notre groupe, le premier séminaire inaugure la rencontre des différentes participantes et la désignation de celle qui
sera l’observatrice. Ce moment de désignation de l’observatrice
a été suivi d’une vive discussion, « l’impact émotionnel a été
fort pour chacune (. . .) la violence, la surprise, [avec] un
effet anesthésiant sur la pensée, de la douleur et de la souffrance, de la colère, quelque chose de l’intime, de l’ordre de
l’effondrement du bébé. . . »1 . D’emblée, la différence de statut
auditrice/observatrice a suscité des mouvements de rivalité et
de frustration qui ont pu s’exprimer, circuler au sein du groupe.
Cette différence de statut renvoie également à une différence
indiscutable d’avoir ou non un accès direct au bébé, d’avoir ou
non un bébé avec le consentement et le soutien du groupe et de
la formatrice.
C. Grivel, observatrice : Lorsque j’ai su que je serai
l’observatrice, une joie immense m’a envahie, j’étais sur mon
lieu de vacances, quelques jours plus tard, le premier séminaire,
et cette joie naïve et enfantine laissait la place à du questionnement et des craintes face aux projections massives d’une
auditrice qui espérait cette place, moi qui ne supporte pas la
compétition, et la rivalité, je m’y trouvais complètement plongée.
V. Taly, participante au groupe de formation : Il nous apparaît avec le recul de quelques séminaires que la question du désir
d’enfant occupe une place importante dans la fantasmatique
individuelle et groupale des membres du groupe. En effet, nous
pouvons avancer l’idée que c’est le groupe tout entier qui est traversé par cette question (entre autres), puisque ce qui se joue sur
la scène groupale résulte aussi de projections et d’identifications
multiples du groupe interne avec le groupe externe [1]. En effet,
le dispositif groupal, en rassemblant des individus, les groupes
internes de chacun sont ainsi mis en présence et sollicités par la
situation en groupe, ils vont résonner. Par conséquent, certains
conflits peuvent venir se rejouer sur le groupe externe, par le jeu
des résonances simultanées.
Cette question du désir d’enfant peut apparaître de façon
latente puisque chaque participante est porteuse de ses représentations, notamment concernant le bébé, mais aussi de sa
propre histoire quant à la maternité (maternité à venir, actuelle
ou passée) ainsi que des histoires filiales, familiales et transgénérationnelles. Ainsi, chaque membre du groupe est habité par
ses fantasmes personnels et les fantasmes qui apparaissent sur la
scène groupale ne sont pas la somme des fantasmes individuels,
mais ils résultent des liens entre eux et des identifications pro-
1
Extrait du compte rendu de séminaire écrit par Mamou-Mani Claire.
V. Taly et al. / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 57 (2009) 535–541
jectives qui vont avoir lieu et qui vont dynamiser les fantasmes
du groupe.
Ainsi, avec leur désir d’enfant, leurs fantasmes, leur histoire
individuelle, leurs motivations et leurs choix, les différentes participantes viennent former un groupe unique qui se destine à
accueillir en son sein les observations faites d’un bébé. . . ce
groupe forme une sorte de « berceau groupal » qui a quelques
ressemblances avec le « berceau familial ».
2. Face au berceau vide. . .
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permet à l’observateur d’entrer en contact avec des futurs
parents, auxquels l’intermédiaire aura présenté la demande de
l’observateur.
L’observateur et le groupe sont confrontés à cette fonction de
tiers qui nous fait vivre aussi toute la difficulté de la demande
de l’observateur et la complexité de son identité. Cela met par
moments l’observateur dans une position très semblable à celle
du bébé qui existe dans le désir des parents bien avant sa naissance, mais en même temps nous confronte aussi au même
tâtonnement, qu’on pourrait traduire avec la phrase : « Comment
fait-on un bébé? »
2.1. Premier trimestre de recherche et d’attente
2.2. Deuxième trimestre de recherche et d’attente
C. Grivel, observatrice : Vint ensuite le temps de recherche
d’intermédiaires, studieuse et appliquée, je voulais faire bien tout
en sentant que je n’étais pas encore si prête à me mettre en avant,
moi qui aie toujours préféré l’ombre à la lumière, il me fallait être
en position de demande, ce travail devait me demander du temps,
temps que ne me laissait pas le groupe qui désirait si rapidement
ce bébé, alors parler autour de moi de cette observation d’abord à
des personnes « bonnes » pour moi, c’était une façon de façonner
ma capacité à oser demander, à me projeter en situation de devoir
être en demande.
2.1.1. Deuxième rencontre, séminaire de septembre2
V. Taly et le groupe de formation : Entre le premier séminaire (juillet) où l’observatrice a été désignée et le deuxième
séminaire (septembre), deux mois plus tard, l’observatrice prend
contact avec trois intermédiaires. Deux d’entre eux lui sont
proches car ayant suivi ses propres grossesses, d’ailleurs le parallèle est fait lorsque l’observatrice compare cette démarche et
cette formation à « une troisième grossesse ». Lorsque arrive le
deuxième séminaire, le groupe d’auditrices n’est pas au complet,
il manque une personne, et tout commence par :
« “Je n’ai pas de famille”, parole inaugurale de
l’observatrice adressée à l’attente du groupe, à l’impatience de
certaines, à elle-même sûrement tant cette recherche paraît peu
aisée et passe par le préalable d’intermédiaires ». Les espoirs,
l’attente et les désillusions sont rapportées par l’observatrice.
R. Sandri, formatrice : Ces premiers mois d’attente nous
confrontent à un sentiment de solitude de l’observatrice qui
d’emblée nous annonce qu’elle n’a pas de famille et, pourraiton ajouter, n’a pas encore, à l’intérieur d’elle-même, un groupe
qui la contient, qui la porte. Dans cette solitude, elle doit aussi
faire face à ce personnage étrange qui est l’intermédiaire. Son
statut est assez particulier, il se situe à l’extérieur du groupe et en
même temps sa fonction est de permettre à l’observateur d’entrer
suffisamment à l’intérieur d’une famille pour pouvoir observer un bébé qui va naître. Rappelons que, suivant la méthode
d’observation selon E. Bick [2], l’observateur s’adresse à un
intermédiaire (qui peut faire partie de ses relations professionnelles ou du cercle de ses connaissances) pour lui demander de
le mettre en contact avec une famille qui attend un bébé. La
fonction de l’intermédiaire est donc très importante puisqu’elle
2
Extrait du compte rendu de séminaire écrit par Mamou-Mani Claire.
V. Taly et le groupe de formation : Ce deuxième trimestre
de recherche est jalonné par trois séminaires et la modification
du groupe de participantes avec une auditrice en moins.
2.2.1. Troisième rencontre, séminaire d’octobre3
« Nous sommes toujours dans l’attente d’une famille et d’un
bébé. . . Le groupe semble un instant flotter et a du mal à se
retrouver. Les absences, les présences désorganisent la cohésion de ce groupe en construction. La lecture de la synthèse
ne permet pas au groupe de retrouver le climat d’échange précédent comme si une discontinuité s’était installée au niveau
émotionnel ». Le malaise est perceptible, l’observatrice donne
moins au groupe d’informations sur le climat émotionnel de ses
démarches, quelques auditrices discutent « certaines formulations . . .inadéquates ou maladroites quant à la présentation du
projet » et nous percevons que ces critiques viennent accentuer
le vécu d’échec. Nous pouvons noter ici que les manifestations agressives peuvent être reliées au « fantasme de casse »
inhérent à la constitution d’un groupe [1]. Les difficultés pour
formuler et présenter la demande tiennent une place importante dans l’échange du séminaire. Comment dire qu’on veut un
bébé, mais pas que pour soi, parler du lien au groupe pour « se
sentir moins exposée personnellement », au fond n’est-ce pas
l’écho du désir d’enfant qui se donne à entendre, avec « le sentiment de demander trop ». « Les interventions de [la formatrice]
ont été nombreuses lors de cette séance, pour essayer d’aider
l’observatrice à s’impliquer, à s’engager auprès du groupe (. . .)
le groupe en revanche reste assez silencieux, en empathie avec
la lourdeur de la tâche ressentie (. . .) que cela à l’air difficile
(. . .) l’attente, teintée de frustration et d’impatience (. . .) il ne
suffit donc pas de vouloir un enfant pour qu’il soit là ».
R. Sandri, formatrice : L’observatrice nous décrit ses
contacts avec quelques intermédiaires, mais son écrit qui relate
les entretiens est perçu comme étant plus descriptif que ressenti : le groupe ressent le manque de détails, les sensations et
l’atmosphère qui pourrait contribuer à ce partage émotionnel.
À l’arrière plan, nous pouvons percevoir, dans la relation entre
l’observatrice et le groupe, des éléments de rivalité et d’envie qui
semblent amener l’observatrice à vouloir se protéger et protéger
le futur bébé.
3
Extraits de compte rendu de séminaire écrit par Favard Noëlle.
538
V. Taly et al. / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 57 (2009) 535–541
Commence aussi à apparaître sur la scène la notion de temps :
nous nous rendons compte que plusieurs dimensions du temps
existent dans notre groupe : il y a le temps de l’observatrice,
celui des participants, celui de l’intermédiaire, celui de la formatrice et. . . ces temps peuvent être différents les uns des autres.
L’observatrice nous parle souvent de son besoin d’un temps
d’élaboration subjectif : en identification avec le bébé et la mère
elle semble exprimer un besoin de « prendre son temps ». Le
groupe exprime son souhait de respecter ce temps d’élaboration
personnel, « comme un délai incompressible », mais on ressent
que cette attente est aussi perçue comme un élément de désorganisation, puisque le groupe doit se construire autour d’un
sentiment de manque et de vide. De plus, l’intermédiaire a
aussi besoin de temps et il doit être soutenu dans sa recherche
par l’observateur. En tant que formatrice, je me rends compte
que cette recherche prendra peut-être plus de temps, mais nous
sommes déjà dans un processus d’observation, même si le bébé
n’est pas encore là ! En effet, ce qui se construit progressivement, c’est aussi une « fonction observante » dans le groupe, à
laquelle je donne, en tant que formatrice, beaucoup d’importance
[3]. C’est aussi la raison pour laquelle le travail de synthèse est
tellement important : il permet au groupe de construire progressivement une trame et une « histoire » à partir d’éléments du
vécu commun, qui vont permettre au groupe et au formateur de
faire un va-et-vient vivant entre présent, passé et futur. . .
2.2.2. Quatrième rencontre, séminaire de novembre4
R. Sandri, formatrice : L’observatrice, en se rendant au
rendez-vous avec la première famille qu’elle va rencontrer, est
perdue, elle n’a plus ses repères habituels, bien qu’elle connaisse
le lieu où elle devait se rendre. Elle demande de l’aide, par
téléphone, à son mari. . .
Ce sentiment d’être perdue dans un lieu pourtant familier, me
paraît bien décrire ce sentiment d’étrangeté auquel l’observation
va confronter l’observatrice. On pourrait résumer ce sentiment
en disant que l’observatrice, face à la rencontre avec cette première famille, ne sait plus qui elle est, ni où elle est.
V. Taly et le groupe de formation : L’observatrice a rencontré une famille, « le matériel de l’observation permet au
groupe de s’exprimer. Les uns les autres ressentent, pensent : le
travail d’association commence ». La rêverie de l’observatrice
rencontre celle du groupe. Mais lorsque « l’observatrice décrit
une jeune femme avec un ventre discret. Le groupe [réagit] sur
l’éloignement de la naissance : le bébé ne sera là qu’en avril.
Le groupe manifeste, avril ! Va-t-on devoir attendre avril, estce que cela n’est pas long, pour certaines oui ! N’y a-t-il pas
d’autres familles dont le terme de la grossesse serait plus proche,
que va-t-on faire, penser d’ici avril ? ». Puis, au fil du récit de
la rencontre avec cette famille, « le groupe associe sur les résistances du père : la maison est déjà pleine des bébés des autres,
par son activité d’assistante maternelle, sa femme attend un
enfant et en plus il y aurait un observateur (. . .) nous sentons
cette famille s’éloigner et il est moins question de l’impatience
du début sur le terme de la grossesse que de comment aider
4
Extraits du compte rendu de séminaire écrit par Delmouly Charlotte.
l’observatrice à reprendre contact avec cette maman et tout simplement lui faire part de ce (. . .) manque de temps disponible
qui paraît peu compatible avec l’observation ».
C. Grivel, observatrice : C’était cinq mois après, temps
d’attente de mes deux grossesses personnelles, une famille se
présente qui se « donne » à moi. Il y a un décalage entre ce que
je perçois de cette famille, illusion d’un bébé parfait, vous aurez
tout ce que vous voudrez, et le regard du groupe, qui ressent
toute la difficulté de cette maman.
Déception, échec, ce ne sera pas cette famille, j’essaie de
passer vite à autre chose, la formatrice parle à plusieurs reprises
d’un deuil difficile à faire, je ne l’entends qu’au bout de neuf
mois.
R. Sandri, formatrice : L’observatrice aura vraiment à faire
le deuil de cette rencontre, de cette possibilité d’observation et
de ce bébé dont elle ne fera pas la connaissance. Encore une fois,
elle semble vivre une grande solitude, en identification avec la
solitude de la mère et celle du bébé.
2.2.3. Cinquième rencontre, séminaire de décembre5
V. Taly et le groupe de formation : « Nous pressentons une
certaine déception chez l’observatrice qui entame sa traversée des familles (. . .) l’atmosphère s’alourdit et l’avenir de
notre observation s’assombrit. . . C’est le désert des bébés ! ».
Nous apprenons que l’observatrice a essuyé un désistement
d’une autre famille, encore un faux espoir comme la femme
qui guette les signes d’une grossesse à venir et qui est confrontée à la désillusion. Pour ses recherches, l’observatrice fait
appel à des intermédiaires, « [ce qui] nous amène à nous interroger sur la fonction de l’intermédiaire, les éventuels motifs
inconscients qui viendrait entraver la réalisation de sa mission, à savoir nous trouver une famille conforme aux exigences
“bickiennes” ». Et si c’était la faute des intermédiaires et si
c’était la faute du partenaire ? Sans être évoquée ouvertement,
l’idée de la stérilité commence à planer dans la fantasmatique
groupale. La détresse est perceptible au sein du groupe. Les
auditrices tentent de participer à cette recherche pour soutenir
l’observatrice. Nous percevons aussi que dans notre discours
« (. . .) la place des familles est mouvante, sujette aux projections les plus vives », elles peuvent donc faire aussi l’objet de
mouvements agressifs. Mais nous en revenons à notre observatrice, « il est question pour [elle] d’être à la hauteur de
sa mission, de ne pas nous décevoir. . . » Reste « une question : y’aura-t-il un bébé en 2008 ? ». Auditrices, telles des
membres d’une famille élargie, nous restons dans l’attente de
l’arrivée d’un bébé, un événement qui nous échappe, dont
nous ne pouvons rien en décider, reste à accepter de ne pas
tout maîtriser, sans pour autant démissionner. « Un espoir que
notre observatrice (. . .) ait pu s’appuyer sur nous, sur cet
espace en creux (. . .) pour repartir à “la conquête” de notre
bébé, plus assurée que nous partageons sa solitude, que ses
fragilités sont aussi les nôtres ». Cet état d’esprit du groupe
pouvant rappeler les travaux de Deutsch, pour qui la femme
doit accepter une certaine passivité, être une matrice contenante
5
Extraits du compte rendu de séminaire écrit par Nicaise-Djordjevic Flore.
V. Taly et al. / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 57 (2009) 535–541
et renoncer à la toute-puissance phallique pour pouvoir tomber
enceinte.
R. Sandri, formatrice : En tant que formatrice, je ressens que
l’impact de la perte de cette première famille, de ce premier bébé
a été très fort pour tout le groupe qui, comme une famille élargie,
semble vivre un moment de partage autour de ce « deuil ».
Cela m’a fait penser au vécu d’une famille lorsqu’un deuil
inattendu plonge chacun de ses membres dans des sentiments
différents, parfois des craintes d’éclatement du contenant familial, de culpabilité, de désespoir. Ces sentiments seront très
intenses lors de la séance suivante.
2.3. Troisième trimestre de recherche et d’attente
2.3.1. Sixième rencontre, séminaire de janvier6
V. Taly et le groupe de formation : L’enveloppe groupale
se modifie avec l’accueil d’une nouvelle auditrice au cours
de cette sixième rencontre. Plusieurs auditrices s’identifient à
l’observatrice dans la difficulté à être entendue dans sa demande
auprès des intermédiaires. Les mouvements d’identification et
de rivalité coexistent chez les participantes. Mais revient la question de la place du groupe dans la démarche. [L’observatrice]
peut nous apparaître seule dans ses démarches ; cette impression
suscite pour certaines un sentiment d’exclusion, de ne pas avoir
de place en tant que groupe dans ses démarches : « Est ce que
t’as parlé de nous ? On existe. . . ! » (. . .) Le poids des attentes
du groupe telles qu’elles sont perçues par [l’observatrice]
conduit à un quiproquo. Et que diriez-vous d’un bébé déjà né ? !
(. . .) Cette annonce secoue les différents membres du groupe.
Rires, silences, quelqu’un laisse échapper « on n’est pas un
bon groupe » ; Le fantasme de casse se fait jour, ainsi que la
crainte d’un mouvement de désolidarisation. « C’est comme si
on avait « un bébé trop né » ou « pas assez né ». Progressivement, les unes les autres [s’expriment] : « j’en ai marre », « moi
ça ne me fait plus rien » « ça tâtonne. . . c’est un cheminement »
« il ne suffit pas de vouloir un bébé pour qu’il arrive ». (. . .)
L’observatrice serait telle une fille ou une bru qui peinerait à
avoir un enfant. . . d’ailleurs un peu plus tard, il y aura une association sur la question de la stérilité et également de l’adoption
(. . .) [L’observatrice] pouvant parler de « désir de donner un
bébé [au groupe]. Ce commentaire pouvant être un écho aux
concepts de dette de vie et de mandat transgénérationnel. Ainsi
même seule, l’observatrice porte en elle la présence du groupe,
laquelle peut être vécue de façon oppressante ou décourageante
par l’exigence d’avoir ce bébé (. . .) un bébé à voir, . . . avoir
un bébé. Les mouvements d’exaspération peuvent s’exprimer,
autorisés et contenus, ils peuvent aussi être perçus comme des
attaques. Ce temps d’attente est vécu de différentes façons par
les différents membres. . . ». Nous percevons l’angoisse très forte
de l’observatrice et de certaines auditrices de ne pas trouver de
bébé, mais également la fonction du groupe, qui joue le rôle de
tiers dans cette recherche et peut permettre l’expression et le
dépassement de l’impact émotionnel vers une élaboration psychique de cette épreuve. La question de la rivalité vis-à-vis de
6
Extrait du compte rendu de séminaire écrit par Taly Véronika.
539
l’observatrice est exprimée à nouveau et renvoie au choix fait
par la formatrice, laquelle est la figure fondatrice du groupe et
occupant à ce titre une place d’ancêtre fondateur avec son lot de
mouvements transférentiels. Nous pouvons par là même pointer
la question de la rivalité maternelle, quelle place a-t-elle occupée
dans le choix de l’observatrice.
R. Sandri, formatrice : Au cours de cette séance, nous pouvons percevoir aussi combien la place de l’observatrice peut être
inconfortable, puisque, d’une part, elle ressent le besoin d’être
portée par le groupe mais, d’autre part, elle reçoit aussi, à certains moments, l’agressivité et les attaques du groupe. En plus
son statut de « privilégiée parce qu’observatrice unique » suscite
des sentiments de rivalité fraternelle chez chaque participant qui
n’a pas été investi du rôle d’observateur. En tant que formatrice,
ce moment m’a paru difficile, puisque je ressentais la souffrance
du groupe et celle de l’observatrice. Mais, en même temps, ce
moment douloureux a marqué aussi, probablement, un moment
de croissance du groupe, puisqu’un berceau groupal commençait
vraiment à se construire, pour accueillir ce futur bébé [4].
2.3.2. Septième rencontre, séminaire de février7
C. Grivel, observatrice : Il m’aura fallu du temps pour faire
le deuil de cette famille et le groupe attend ce bébé que je n’arrive
pas à donner, sentiment de solitude, d’isolement, ma défense :
ne rien livrer que des éléments factuels qui ne m’impliquent pas,
ne me touchent pas plus que je ne le suis déjà. Cet isolement sera
adouci par une première auditrice qui a pensé à un intermédiaire,
acte d’empathie qui me touche, je me sens moins seule, puis
par la suite, c’est tout le groupe qui se mobilise. Je peux enfin
intérioriser le groupe comme un objet suffisamment bon.
V. Taly et le groupe de formation : Nous apprenons que
l’une des auditrices « à son retour chez elle, après le dernier
séminaire, fatiguée et émue, [s’est vu demander par un de
ses proches] si le groupe avait trouvé un bébé à observer [et
qu’étonné par l’absence persistante de bébé] » a entrepris le
lendemain de demander à une femme enceinte à proximité de
son lieu de travail. Il y a comme une propagation de la détresse
d’être sans bébé, nous pouvons comprendre l’écho sensible de
cette démarche avec le désir d’enfant et le désir de donner
un enfant à. . .L’« interférence entre [la] situation de formation
et [la] vie personnelle » est mise à jour, tout en trouvant un
écho chez d’autres auditrices. L’observatrice décrit ses différentes démarches, comme autant de tentatives « le groupe est
silencieux et nous sentons un certain abattement nous gagner
(. . .) cette attente d’une famille et d’un bébé nous fait passer
par différentes phases, espoirs et déceptions répétés, comme
tout couple désirant un enfant qui n’arrive pas, et le temps qui
passe. . .(. . .) Il y a comme un enjeu vital dans cette quête, sans le
bébé il y a comme un vécu de vide, d’ailleurs une auditrice soupire « on s’enterre » « notre désir d’aider [l’observatrice], . . .
notre impatience à trouver ce bébé à observer et notre volonté
d’avoir une position active (. . .) [c’est] comme si nous prenions
[l]a place [de l’observatrice. Or la formatrice] nous amène à
réfléchir sur le deuil que toutes nous devons faire de ne pas
7
Extrait du compte rendu de séminaire écrit par Schuller Jeanne-Marie.
540
V. Taly et al. / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 57 (2009) 535–541
être l’observatrice, (. . .) [et d’] avoir une représentation plus
positive de notre rôle au sein du groupe. . . » Plusieurs auditrices proposent des contacts de personnes pouvant jouer le rôle
d’intermédiaires et le groupe lui apporte son appui, ce qui dissipe le sentiment d’isolement. « Le séminaire se termine par
une vignette clinique apportée par l’une des participantes. . . il
s’agit d’un bébé en attente d’adoption, accueilli par une assistante maternelle. Nous nous montrons très intéressées par les
éléments qu’elle nous transmet sur cet enfant qui préfigurent, ce
que sera l’observation de “notre” futur bébé ». Au cours de ce
séminaire, à la fois, nous avons pu être surprises par l’irruption
de la sphère intime sur la scène groupale, à la fois il y a pu y
avoir un partage plus profond entre les participantes donnant à
l’issue du séminaire le sentiment d’un moment fort partagé que
nous pourrions rattacher à quelque chose de l’ordre de l’illusion
groupale et où la contenance groupale ne faisait aucun doute [1].
R. Sandri, formatrice : Le groupe semble commencer à
avoir une représentation plus positive de son rôle par rapport
à l’observatrice, ses émotions et ses pensées constituant le
« berceau psychique du bébé » [5,6]. Parallèlement, le rôle de
l’intermédiaire en tant que tiers, commence aussi à être perçu
« comme une vraie rencontre, permettant un véritable “transfert
de confiance” ».
En tant que formatrice, je suis frappée par le fait qu’en fin de
séance une participante évoque un bébé en attente d’adoption,
qu’elle a rencontré dans le cadre de son activité professionnelle.
C’est le premier bébé qui apparaît sur la scène groupale et qui
nous fait déjà penser à « notre » futur bébé.
2.3.3. Huitième rencontre, séminaire de mars8
V. Taly et le groupe de formation : « Le groupe démarre
dans une ambiance (. . .) assez légère (. . .) » Parmi les multiples
hypothèses « à quoi aurions-nous renoncé pour être légères
aujourd’hui ? Idéalisation de la formation par certaines ? La
place de l’observatrice [pour d’autres] ? » En tout cas une autre
place est possible « . . . le fait d’une implication concrète de
certaines dans la recherche d’intermédiaires (. . .) on peut voir
comme la sollicitude du groupe (familial ou social) autour d’une
femme enceinte. . . [Mais parfois] aussi l’agacement du groupe
familial qui supporte mal les plaintes de [cette dernière] ».
L’observatrice nous propose un autre regard sur nous-mêmes
et par là même un autre angle de vue : « elle vit parfois le groupe
comme un bébé insatisfait qu’elle n’arrive pas à nourrir (. . .)
[et elle lutterait] pour ne pas éprouver sa tristesse de ne pas
satisfaire le “bébé-groupe” ».
C. Grivel, observatrice : Je ressens les exigences d’un
groupe, bébé avide que je ne peux satisfaire. Le groupe dans
ce qu’il me renvoie, me donne la sensation de la construction
d’un moi groupal où se trouveraient des éléments archaïques primaires et d’autres plus élaborés, secondarisés, le tout constituant
une psyché qui se construit, et qui transiterait par moi.
V. Taly et le groupe de formation : Ce ressenti de
l’observatrice traduit une partie des projections et des identifications faites sur sa personne par les différents membres du
8
Extrait du compte rendu de séminaire écrit par Oreggia Christine.
groupe. Le séminaire se poursuit et l’observatrice fait le récit de
ses nouvelles rencontres avec les intermédiaires « confiés » par
quelques auditrices.
L’observatrice souligne « qu’elle reprend appui sur le groupe,
qu’elle a repris confiance ». Puis « l’observatrice se remémore
la première famille rencontrée, elle pensait alors, que ce serait
celle-là. [La formatrice] parle d’un deuil à faire de cette famille,
[elle pointe] la peur que cela puisse se reproduire (. . .) [ainsi
qu’une] certaine ambivalence (. . .) [puisque l’observatrice]
nous dit qu’elle se prépare à certaines impossibilités, obligée
de se désinvestir pour se protéger de la déception. . . ». Cette
question du deuil à faire de la première famille rencontrée par
l’observatrice nous évoque le deuil à faire de la femme après
une fausse couche, les appréhensions qui peuvent planer par la
suite dans les tentatives de grossesse, et parfois une certaine retenue émotionnelle, un gel affectif vient prendre place de façon
défensive. Nous notons que l’observatrice a été en contact avec
cinq familles, sans qu’une rencontre puisse aboutir, ce fut autant
de pistes pour une éventuelle observation mais qui n’ont pu
se concrétiser. . . Certaines auditrices soulignent que d’autres
groupes ayant débuté au même moment que nous, ont déjà leur
bébé, ce qui n’est pas sans rappeler le sentiment d’injustice
qu’éprouvent certaines femmes qui se comparent à leurs amies
ou sœurs, ce désir d’enfant contrarié trouve un écho avec le vécu
au sein du groupe.
R. Sandri, formatrice : Il me paraît important de souligner
qu’au moment où l’observatrice commence à se sentir vraiment
soutenue par le groupe et à intérioriser la fonction contenante
de celui-ci, elle peut aussi nous faire part d’un sentiment très
important qu’elle a vécu les mois précédents. Elle a ressenti le
groupe comme un bébé avide et, probablement, a du se sentir par
moments comme une future mère qui doit absolument apaiser
ce bébé avide ! Nous pouvons aussi nous demander en quelle
mesure ce bébé avide ne correspond pas au fantasme du bébé
qu’une mère porte pendant sa grossesse, un bébé qui prend de
plus en plus de place dans son corps et dans son psychisme,
surtout aux derniers mois de grossesse ! [7]
Le groupe commence aussi à réaliser les deux temporalités
différentes vécues par l’observatrice et le groupe, qu’on pourrait
résumer en : temps plein pour l’observateur et temps vide pour le
groupe. En effet, si le temps de l’observatrice est rempli de rencontres et de rêveries, le groupe semble vivre la plupart du temps
un état d’attente et d’impatience face au berceau vide. . . Parallèlement, dans la discussion, nous abordons ensemble le fait que
l’observatrice s’ajuste au temps de la famille, tout comme la
mère essaie de s’ajuster au bébé et parvenir à un rythme commun
avec lui.
2.3.4. Neuvième rencontre, séminaire d’avril9
R. Sandri, formatrice : D’emblée ce jour là tout le monde,
en voyant l’observatrice rayonnante, avait compris que la longue
attente allait bientôt se terminer. Elle allait nous parler de
la rencontre avec un intermédiaire et une famille proche de
l’accouchement qui acceptera l’observation.
9
Extrait du compte rendu de séminaire écrit par Rossigneux-Delage Pascale.
V. Taly et al. / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 57 (2009) 535–541
Je me suis sentie moi-même très émue, ce jour là, pour ce
privilège de voir presque naître le bébé de notre groupe. En
voyant l’observatrice porter son paquet de photocopies, j’ai eu
l’image d’une maman souriante portant son bébé dans les bras,
prête à le présenter à toute cette grande famille élargie !
V. Taly et le groupe de formation : « Le groupe démarre
bien à l’heure avec un bon esprit de travail collectif. Je ressens
d’entrée de jeu un dynamisme certain. [L’observatrice] est toute
jolie et paraît plus « pleine » que les fois précédentes ; ses joues
sont bien colorées d’un beau rose comme la forme gironale (. . .)
dessinée sur le devant de sa jupe.prometteur ! (. . .) [La formatrice] nous explique qu’elle n’a pas cette habitude, mais qu’elle
a eu envie de mettre [l’observatrice] en contact avec [une]
intermédiaire (. . .) SUSPENS. . . dans le groupe. . . ESPOIR. . .
Une femme enceinte a été pressentie par l’intermédiaire. [Nous
apprenons que] cette femme a mis du temps à être enceinte !
Mouvement d’anxiété ?, d’impatience ? Dans notre groupe ; on
se lève, on mange, on fait tourner le gâteau plusieurs fois. . .
[L’observatrice] nous transmet son anxiété : « j’avais la boule
au ventre » en attendant leur réponse. Ils sont d’accord pour
l’observation ! [L’observatrice] leur manifeste sa joie ; et nous
aussi.
3. Conclusion
R. Sandri, formatrice : Comme nous avons pu le voir grâce
à ce récit détaillé, le groupe n’est donc pas uniquement le réceptacle des identifications au bébé et de sa famille, mais il est
aussi « acteur » d’une pièce dont il ignore au départ le scéna-
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rio : dans ce sens, le groupe et l’observateur se créent aussi un
bébé. Le travail de groupe constitue un moteur de découverte
et de connaissance : grâce à ce travail, peut s’ouvrir un espace
dans lequel chacun amène non seulement de nouvelles pensées,
mais également des doutes et des questions. Au cours du séminaire, nous avançons par hypothèses chaque fois à remettre en
discussion ; tout comme un bébé qui évolue, nous découvrons
la complexité des événements psychiques, la richesse de la vie
émotionnelle et parfois. . . nous avons l’impression de mieux
comprendre ce qui se passe à l’intérieur de nous [6].
Remerciements
Un grand merci à l’ensemble des participantes du groupe
de formation de l’institut de puériculture et de périnatalogie de
Paris (2007–2010).
Références
[1] Kaës R. Les théories psychanalytiques du groupe. Paris: PUF; 1999.
[2] Bick E. Notes on infant observation in psycho-analytic training. Int J Psychoanal 1964;45:558–66.
[3] Sandri R. Le groupe d’observation : écoute, rêverie, transformation. In: Les
liens d’émerveillement. Toulouse: Erès; 1995.
[4] Sandri R. Où sont les bébés avant de naître ? J Psychanal Enfant
2005;37:317–30.
[5] Sandri R. Les bébés pas encore nés. In: Observer un bébé avec attention ?
Erès; 2001.
[6] Sandri R. Penser avec les bébés. Toulouse: Erès; 1998.
[7] Sandri R. La maman et son bébé : un regard. Césura Lyon, Éd.; 1991.
ID
944360
Title
Legrouped’observationdubébé…enattendantl’arrivéedubébé
http://fulltext.study/journal/945
http://FullText.Study
Pages
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