Le « grignotage » de la droite par le FN - Haut

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Le « grignotage » de la droite par le FN - Haut
Région
Q LUNDI 23 MARS 2015
MULHOUSE Le Parti
socialiste absent
du 2e tour
ÉLECTIONS DÉPARTEMENTALES
Bas-Rhin : 23 duels
au second tour
La majorité alsacienne reste la majorité. Des 23 « doubles mixtes » qui vont se dérouler au second tour, elle ne devrait en perdre
que quelques-uns, contre le PS à Strasbourg. Le FN, son principal adversaire, aura du mal à siéger au conseil départemental.
I
l n’y a aucun élu de premier tour
dans le Bas-Rhin. L’un des binômes y a cru une courte partie de
la soirée : c’est à Obernai celui
que composent le conseiller sortant
Bernard Fischer et Nathalie Ernst
(UMP). Après l’annonce d’une victoire, un recomptage a démontré qu’il
avait bien 52,6 % des exprimés, mais
qu’il n’avait pas passé le quart des
inscrits.
Le cas de figure du second tour est
donc presque partout celui d’un binôme de droite classique (UMP, UDI,
divers droite) contre un binôme du
Front national : ce sera la réalité dimanche prochain dans 15 des 23
cantons du Bas-Rhin.
La majorité alsacienne
UMP, UDI, divers droite
en tête dans 14 cantons
sur 23
Dans onze d’entre eux, la droite classique est en tête.
Ainsi à Bouxwiller avec le binôme
Étienne Burger – Marie-Paule Lehmann (tous deux sortants), à Brumath Étienne Wolf – Christiane Wolfhugel, à Erstein Laurence MullerBronn – Denis Schultz, à Haguenau
Isabelle Dollinger – André Erbs, à
Lingolsheim Sébastien Zaegel – Catherine Graef-Eckert, à Molsheim
Chantal Jeanpert – Philippe Meyer, à
Mutzig Frédéric Bierry – Frédérique
Mozziconacci, à Obernai Bernard Fischer – Nathalie Ernst, à Reichshoffen Rémi Bertrand – Nathalie Marajo-Guthmuller, à Wissembourg Paul
Heintz – Stéphanie Kochert, à Schil-
Nathalie Ernst et Bernard Fischer (UMP), à Obernai : l’assurance d’une
victoire au second tour. PHOTO DNA – CLAUDE ROBINET
Marie-Christine Steiner et Baptiste Pierre (FN) : en tête à Ingwiller.
tigheim Danielle Diligent – JeanLouis Hoerlé.
Dans cinq autres, c’est le FN qui est
en tête au premier tour : le binôme
Baptiste Pierre – Marie-Christine
Steiner à Ingwiller, Virginie DenjeauObernesser – Gérard Janus à Bischwiller, Jean-Marie Lorber – Christiane Stamm à Saverne, Éliane Klein
– Serge Schwoertzig à Sélestat, enfin
Valerian Jacquemin – Brigitte Tinot à
Illkirch-Graffenstaden.
Le canton de Hoenheim est une originalité : l’affrontement entre les binômes du maire de Hoenheim, Vincent Debes, centriste de l’UMP
dissident soutenu par l’UDI, et de
celui de Wolfisheim, Eric Amiet,
UMP « officiel », se reproduira au
second tour, le FN ayant été écarté de
peu.
Illkirch-Graffenstaden, Claude Froehly, sortant PS, est éliminé. À Schiltigheim, le sortant Raphaël Nisand
(PS) perd le canton après avoir perdu
la mairie l’an dernier.
Même si l’abstention a été moins
forte que prévu, un électeur inscrit
sur deux ne s’est pas senti concerné.
La campagne de second tour verra
donc un fort appel aux abstentionnistes. L’entendront-ils au point de
bouleverser les reports de voix logiquement attendus ?
Seul Strasbourg a encore la recette
des affrontements droite – gauche.
Ce sera le cas dans quatre de ses six
cantons, avec un avantage à la droite
classique à Strasbourg-4 et 6, au PS
dans les quatre autres, dont ceux de
Strasbourg-2 et 3 où le PS affrontera
le FN au second tour.
Le PS perd Schiltigheim
et Illkirch-Graffenstaden
Parmi les défaites marquantes dans
le Bas-Rhin : celle du sortant Jean
Mathia à Ingwiller, du sortant Gérard
Simler dans le canton de Sélestat,
celle du binôme Laurence Jost –
Freddy Zimmermann (tous deux sortants) à Molsheim. Alice Morel (UDI)
est défaite sur le grand canton de
Mutzig, alors qu’elle était très bien
élue sur le petit canton de Saâles. À
PHOTO DNA – THOMAS LEPOUTRE
Les écologistes hors-jeu
Le conseil départemental du BasRhin avait un équilibre droite – gauche de 34 contre 10. Celui qui naîtra
du second tour, dimanche prochain,
verra dans tous les cas de figure une
« majorité alsacienne » plus large
encore. En effet, les écologistes,
qui avaient une sortante, sont désormais hors-jeu, et le PS a perdu dès ce
premier tour Illkirch-Graffenstaden
et Schiltigheim.
JACQUES FORTIER
R
LE CHIFFRE
25 %
Ce seuil du quart des inscrits a
empêché l’élection au premier tour
de deux binômes qui avaient
pourtant obtenu la majorité
absolue des suffrages exprimés :
Catherine Graef-Eckert – Sébastien
Zaegel (UMP) à Lingolsheim et
Nathalie Ernst – Bernard Fischer
(UMP) à Obernai.
Le « grignotage » de la droite par le FN
La gauche bas-rhinoise est mal en
point sauf à Strasbourg. La droite
est confrontée au grignotage du
Front national.
ve les meubles urbains. Il peut espérer
l’emporter à Strasbourg-1, 2, 3 et 5.
Mais il a perdu dans les communes
limitrophes : le canton d’Illkirch et
celui de Schiltigheim lui ont déjà
échappé. Son meilleur résultat est à
Strasbourg-3 (35,7 %).
L’ALLIANCE UMP, UDI, divers droite
peut avoir le sourire. Elle régnait au
département du Bas-Rhin, et cette suprématie-là ne sera pas entamée. Là
où elle n’a pas pu éviter un combat
fratricide (à Ingwiller ou Hoenheim
par exemple), et a donc pris des risques, elle s’en sort plutôt bien. D’après
nos calculs, la droite classique a totalisé au premier tour 46 % des suffrages
exprimés. Et justement, elle a frôlé les
60 % dans les deux cantons où deux
binômes appartenaient à cette sensibilité.
Le jeu des alliances, en revanche, ne
permet guère d’isoler les succès ou les
défaites de l’UDI et du MoDem.
Le Front national de 15 à 38 %
Le Front national s’est installé sur la
seconde marche. Avec un résultat
(29 %) qui en fait la deuxième force
politique du département et lui permet d’être présent au second tour
dans 18 des 23 cantons. Son score le
plus élevé est dans le canton de Bis-
Les autonomistes sous les 10 %
Michel Lorentz : 27 % pour un
« MoDem autonomiste » PHOTO DNA
chwiller (37,8 %), les plus bas à Strasbourg-1 et Strasbourg-4 (15 %). La
question est ouverte : avec ses candidats peu connus, volontairement discrets parfois, le parti va-t-il poursuivre son grignotage de la droite
classique ?
En face, le PS, quasiment absent hors
de Strasbourg, ne totalise que 10,2 %
des suffrages bas-rhinois. Mais il sau-
Unser Land fait son meilleur résultat
(27 %) – en alliance avec l’UDI – dans
le canton de Bischwiller, grâce au maire de Roeschwoog, Michel Lorentz,
mais sans accéder au second tour. Le
parti autonomiste est en moyenne à
8 % des suffrages exprimés, avec une
pointe à 19 % à Obernai. Sa présidente, Andrée Munchenbach, est à
10,65 % à Schiltigheim. Dès hier soir,
Unser Land appelait à revoter Unser
Land au second tour, donc mettre
dans l’urne un bulletin juridiquement
nul.
Les écologistes font leurs meilleurs
résultats à Strasbourg, avec une pointe à 19,3 % sur le canton Strasbourg-1,
avec le binôme Martine Aday – Éric
Schultz. Mais la faible participation
n’a pas ouvert l’éventuelle triangulaire qui aurait pu leur permettre de
rêver à deux élus. Leur moyenne départementale, d’après nos additions,
est à 4,8 % des exprimés.
La gauche de la gauche
Le Front de gauche n’était pas, lui non
plus, présent partout. Sa moyenne départementale (2,2 %) masque donc
quelques beaux scores : 7,5 % à Strasbourg-6, avec le binôme Michelle Bardot – Mostafa El Hamdani, 7,1 % à
Strasbourg-1, 4,7 % à Bischwiller. Il
faut dire que le PS n’était pas présent
dans ce canton.
Dimanche prochain, comme depuis
des décennies, le conseil départemental du Bas-Rhin sera donc de centre
droit, avec un archipel rose dans
l’eurométropole de Strasbourg. Le futur président du Bas-Rhin sera l’émanation de ce groupe majoritaire. Les
trois sortants qui ont laissé paraître
leur intérêt pour la succession de GuyDominique Kennel, Frédéric Bierry,
Bernard Fischer et Rémi Bertrand,
sont tous trois en ballottage tout à fait
favorable.
J.F.
R
UN ŒIL SUR LES RÉGIONALES
La présence massive du Front national au second tour des départementales dans le
Bas-Rhin ne doit pas faire illusion : si les reports de voix se font avec un peu de logique,
rares sont les cantons où les binômes frontistes ont leurs chances.
En revanche, si cette évolution se confirme ou s’amplifie, elle se transformera en
nombreux élus aux régionales de décembre. Le mode de scrutin – la proportionnelle
de liste avec prime du quart des sièges à la liste gagnante – facilite la présence des
fortes minorités.
En 2011, avec 90 000 voix et 14,57 % des suffrages en Alsace, la liste de Patrick Binder
avait obtenu 5 sièges sur 47. Ce dimanche, le Front national a obtenu171 000 voix et
29,1 % des suffrages exprimés. C’est un peu moins du double.
Dans la future grande région Alsace – Champagne-Ardenne – Lorraine, le FN peut donc
rêver d’approcher la dizaine de sièges sur les 56 des deux sections alsaciennes.
Les résultats de ce premier tour démontrent aussi la solidité de l’alliance UMP, UDI,
divers droite, quand elle ne se divise pas. Se retrouveraient aussi au-dessus des 5 % les
écologistes et les autonomistes – ces derniers s’ils trouvent des alliés outre-Vosges.

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