Lettre hommage au Professeur Yves COHEN

Hommage au Professeur Yves COHEN
1927-2012
Monsieur le Président, chers collègues, mesdames messieurs. Avant de commencer je
voudrai souhaiter la bienvenue au docteur Henri Cohen qui a tenu à assister à l’hommage
rendu à son père.
En dehors de nos 40 ans de vie professionnelle commune, je connais assez peu le passé
et la vie privée d’Yves COHEN, il était très secret. J’ai eu quelques informations récentes de
son fils Henri.
Né à Tunis en 1927, sa jeunesse est difficile, il perd sa mère à 7 ans et son père 4 ans plus
tard, il est recueilli par sa grand mère avec ses 4 frères et sa sœur. Cette dure réalité amplifiée
par la guerre lui forge le caractère.
C’est un cousin, préparateur à la Pharmacie Bloch à Tunis qui le fait décider de son
avenir.
« Si tu veux faire Pharmacie lui dit il, va à Paris voir Valette que je connais ».
C’est ainsi qu’il vient faire ses études en France. Pharmacien en 1950, interne en
Pharmacie à Cochin, il rentre dans le laboratoire du Professeur VALETTE pour une thèse es
sciences soutenue en 1955 suivie de l’agrégation la même année avec une nomination à
Rouen.
Au cours de son Internat il connut Nicole également pharmacienne et interne elle devint
son épouse dévouée et souvent collaboratrice. Le couple a trois enfants Henri, Anne
Dominique et Jean Michel rencontré plusieurs fois au Trayas et à Agay, lieu de nos séjours
respectifs au moment des vacances.
A ma connaissance Yves COHEN n’avait pas de passion, mais il aimait la lecture
scientifique évidemment mais aussi les romans historiques, pilotait des avions en aéroclub
(jeune il rêvait d’être pilote d’avion mais ses problèmes de vue l’en ont dissuadé) et chassait
volontiers, j’ai reçu souvent le lundi matin sur mon bureau un paquet renfermant un faisan.
En 1959 désireux de préparer une thèse, je me présente au professeur VALETTE qui me
confie une molécule marquée. Yves COHEN devient naturellement mon patron, il est
responsable à Saclay du service de contrôle des radiopharmaceutiques et il est l’un des
premiers à développer l’usage des radioéléments et des molécules marquées en
Pharmacologie. Durant cette période j’ai été stimulé, encouragé et aidé matériellement à la
mesure de mes efforts couronnés par une thèse et l’agrégation. De nombreux élèves d’Yves
COHEN ont profité du même traitement. Je peux dès à présent citer mes contemporains
Jean.Claude STOCLET, Jean Charles SCHWARTZ, Jean BRALET.
Après sa nomination à la Faculté de Pharmacie de Paris, Yves COHEN devient
responsable de CES de Pharmacodynamie créé par le Professeur VALETTE dans lequel ont
été formées plusieurs génération de pharmacologues.
C’est ensuite en 1970 la division de la Faculté parisienne en deux unités. Yves COHEN
s’investit pour organiser le déménagement et l’installation dans les nouveaux locaux de la
Faculté de Châtenay-Malabry. C’est un travail considérable qui nous prive souvent de sa
présence au laboratoire. Son expérience passée, il a déjà déménagé le service de contrôle des
radiopharmaceutiques du Fort de Chatillon à Saclay lui facilite un peu la tache.
Après le déménagement il devient Doyen durant deux mandats (1974-1983) et Vice
président de l’Université Paris sud (1976-1983). Durant cette période on peut dire qu’il a
défendu avec acharnement et réussi à développer la Pharmacie au sein de la prestigieuse
Université Paris-sud. Il a dirigé avec autorité et grande compétence notre Faculté en essayant
de maintenir un bon équilibre entre les disciplines.
A notre arrivée à Châtenay-Malabry, Le laboratoire de Pharmacologie comprenait trois
étages en partie équipé et autorisé pour la manipulation des radioéléments. Un peu vide au
début, il abrite rapidement une équipe de recherche associée au CNRS, Yves Cohen en est le
directeur. Dès le début le laboratoire assure plusieurs enseignements de 3ème cycle : DEA de
Pharmacologie, DESS de Pharmacocinétique et métabolisme des médicaments qui permettent
de recruter de nombreux doctorants. Des équipes se forment avec mon arrivée puis celles des
professeurs Christian JACQUOT, Charlotte DUPONT et Jean Paul MARTY.
Yves COHEN réussit à maintenir l’unité du laboratoire tout en préservant les aspirations
de chacun. C’est ainsi que sont créés les DEA de Dermopharmacologie et Cosmétologie, le
DESS de développement de mise sur le marché des médicaments avec Pr Ch DUPONT et le
DESS de Cosmétologie avec le Pr JP MARTY. Ces enseignements sont pluridisciplinaires et
ils répondent à de nouveaux besoins et débouchés de l’industrie. Nous vivons alors une
période féconde de plus de dix ans malgré quelques incidents imprévisibles.
Je cède la parole au Pr JACQUOT pour son intervention
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Reprise de mon texte pour la conclusion.
En 1997, c’est le départ à la retraite, Yves COHEN a alors décidé de vivre retiré du
monde. Impossible de le voir, seules les conversations téléphoniques et les relations
épistolaires nous permettaient de maintenir le contact et de nous rappeler de bons souvenirs.
Après le décès de sa femme, Yves COHEN avait beaucoup souffert, il était devenu désabusé
et considérait que son bilan était bien maigre.
Mais non, ce bilan est très positif. Le Professeur Yves COHEN :
- a défendu et contribué à l’essor de la Pharmacie et en particulier maintenu sa place au
sein de l’Université Paris-Sud,
- a initié l’emploi des radioéléments et molécules marquées en Pharmacologie et
Pharmacocinétique,
- a publié de nombreux articles scientifiques dont certains font encore référence et en font
un scientifique reconnu au niveau international,
- a contribué à la formation de nombreux pharmacologues qui ont exercé ou exercent à
l’Université, dans l’industrie ou les instances administratives.
Pour tout cela nous lui devons un grand merci et toute notre reconnaissance.
Jacques WEPIERRE