EI 8 - CSFE

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EI 8 - CSFE
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D É C E M B R E
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ETANCHEITE
NFO
N°8
le magazine des professionnels de l’étanchéité et de l’isolation
www.etancheite.com
ÉDITORIAL
PA G E 3
Un triptyque exemplaire
VIE DES RÉGIONS
PA G E 4
La CSRE Aquitaine fête ses trente ans
COMMISION JURIDIQUE
PA G E 5
Une charte pour mieux
gérer sa sous-traitance
MÉTIER
PA G E 7
Bardeur, conjuguer vitesse et précision
A P P L I C AT I O N
PA G E 2 0
É TA N C H É I T É D E S PA R K I N G S
La normalisation
reprend l’initiative
Une toiture verte
au cœur des cibles
À Sainte-Luce-sur-Loire, près de Nantes, la
construction d’une nouvelle médiathèque HQE®
offre aujourd’hui l’un des exemples le plus abouti
d’intégration de toitures terrasses végétalisées à
une démarche Haute Qualité Environnementale.
La récente révision du DTU 43.1 a ouvert la voie à une profonde
mise à jour des textes encadrant l’étanchéité des toitures terrasses
parkings. Élaboration de Règles Professionnelles, amendement au
DTU 20.12 : quels sont les changements introduits ? Et concrètement,
sur le terrain, quelles en seront les conséquences ?
Page 9
Un calepin de chantier
sur les toitures terrasses
Directement consultable sur les chantiers, ce calepin s’adresse
en priorité aux compagnons et aux chefs de chantiers. Conçu
comme un document pratique, il rappelle, sur une trentaine de
pages, les principales prescriptions d’exécution de l’étanchéité
des toitures terrasses en illustrant les points essentiels sous
forme de croquis. Les bonnes pratiques sont également mises
en avant, en particulier pour les ouvrages présentant des
risques plus élevés de sinistres. Ce calepin, disponible début
2006, s’insère dans une large collection qui comprendra d’ici à
trois ans une trentaine de titres constituant un ensemble complet de références du savoir-faire technique dans le bâtiment.
Contact : CSFE – Tél. : 01 56 62 13 20.
Hexadome se lance
dans le façonnage
Spécialisé dans la fabrication de solutions de désenfumage
des bâtiments, Hexadome vient de compléter son offre avec
un nouveau service de façonnage. La société peut désormais
répondre à des demandes de réalisation sur-mesure avec des
pliages traditionnels ou spéciaux sur des accessoires et
habillages destinés à la couverture et au bardage, avec du
façonnage sur des chevêtres réglables, costières, chéneaux
mais aussi sur des accessoires d’étanchéité et de sécurité :
supports de potelets, évacuations des eaux pluviales…
Un guide pour la réfection
des toitures avec étanchéité
Publié par le CATED en partenariat avec la CSFE, ce guide revient
tout d’abord sur l’ensemble des paramètres constituant l’environnement des toitures terrasses depuis l’accessibilité des toitures jusqu’à
l’isolation thermique en passant par le climat, l’hygrométrie et les
supports. L’ouvrage dresse ensuite un état de l’évolution des toitures et des revêtements avec les différents cas de pathologie rencontrés. La partie remise en état des revêtements donne les éléments pour effectuer le diagnostic puis examine chaque cas de
figure en fonction des travaux à entreprendre. L’attention est attirée
sur les reliefs, les relevés, le pare-vapeur, l’évacuation des eaux pluviales… Enfin, des informations sont également apportées sur l’entretien des toitures terrasses avec isolation thermique inversée et
des toitures végétalisées. Un chapitre présente la réglementation
à jour : règles professionnelles, DTU, normes.
Renseignements : www.cated.fr - Tél. 01 30 85 24 64.
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ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 8 · DÉCEMBRE 2005
ACTUALITÉS >
La végétalisation en vedette à Batimat
C’est sur les salons, encore plus
qu’ailleurs, qu’il est possible de comprendre à quel point la végétalisation
représente un fantastique vecteur d’image pour l’étanchéité. D’ailleurs, rares
étaient les fabricants du secteur qui
n’avaient pas joué cette carte sur la dernière édition de Batimat en novembre
dernier. Mais, sur ce sujet, l’animation
phare du salon restera sans aucun doute
la conférence organisée à l’initiative de
l’Agence Qualité Construction et animée
par la CSFE en collaboration avec
l’Adivet. L’événement a attiré une centaine de personnes. L’occasion de rappeler les grandes techniques de végétalisation mises en œuvre mais aussi et surtout de mettre clairement en évidence
les avantages qu’elles présentent tant au
plan de l’intégration des bâtiments dans
leur environnement, qu’en termes
d’économies d’énergies ou encore de
gestion de l’eau. L’intérêt de telles rencontres réside également dans les
échanges qu’elles suscitent entre professionnels du bâtiment et donneurs
d’ordre. Et les questions posées illustrent pour une bonne part les interrogations et les incertitudes qu’éprouvent
encore une majorité de maîtres
d’œuvre, de responsables techniques
voire d’architectes face à ces techniques. « Quels sont les impacts de la
végétalisation de toitures sur le Réglementation Thermique 2005 ? Dispose-ton de données précises pour intégrer les
gains apportés par les toitures terrasses
végétalisées dans les calculs des bilans
thermiques ? Dans le cadre de l’aménagement foncier, certains Plans Locaux
d’Urbanisme nous interdisent de mettre
en œuvre des toitures terrasses plates.
Comment peut-on faire, dès lors, pour
intégrer dans nos projets des systèmes
végétalisés ? » Autant de questions sur
lesquelles le prochain dossier d’Étanchéité Info, en mars 2006, tentera d’apporter des éléments de réponse.
Un bac pré-cultivé lauréat du concours de l’innovation
Le Concours de l’Innovation, organisé chaque
année à l’occasion du salon Batimat, a
récompensé cette année, dans la catégorie
« structure et enveloppe », un procédé de
végétalisation pré-cultivé, Hydropack, mis
au point par Le Prieuré avec le soutien de
l’Anvar et en collaboration avec les sociétés
Siplast-Icopal et Eternit. Non seulement ce
système présente tous les avantages inhérents aux techniques de végétalisation avec
notamment une capacité maximale de rétention d’eau de 32 l/m2 mais il offre aussi la
particularité de rassembler en un seul élément l’ensemble des composants d’un complexe végétalisé à l’exception bien entendu
Un
triptyque
exemplaire
Batimat vient de fermer ses portes…
Un vrai succès pour la profession !
Une nouvelle année va débuter.
Et bien que l’heure ne soit pas encore
aux bilans, nous avons souhaité, pour
ce dernier numéro du cru 2005, qu’il
soit le reflet de la dynamique et de la
« productivité » de nos instances du
triple point de vue de la technique,
des actions syndicales et de l’activité
relayée en province par les CSRE.
Dans le domaine de la technique
d’abord, à travers l’aboutissement de
la révision du DTU 43.1, travail de
longue haleine dont vous trouverez
une parfaite application dans le dossier
dédié aux terrasses parkings.
Un autre fruit issu de mures
réflexions voit le jour, à savoir, une
charte de sous-traitance qui fixe les
règles de base : implication sur les
chantiers, mise en place et respect
des procédures, transparence et
fiabilité… de quoi conforter l’image
de la profession.
Et puis la vie des régions s’illustre ici
par l’activité soutenue de la légendaire
et vénérable CSRE Aquitaine, région de
plus en plus attractive.
Je souhaite ainsi que ce triptyque
exemplaire serve de catalyseur, valorise
notre secteur d’activités et fasse évoluer
encore et encore nos métiers.
de l’étanchéité : drainage, filtre, substrat et
végétation composée essentiellement de
sédum. Les bacs en PEHD recyclé ont également été conçus de manière à maintenir une
réserve d’eau disponible pour les plantes
tout en optimisant l’efficacité du drainage
afin d’éviter tout risque d’asphyxie, principalement sur les pentes nulles.
C’est le vœu le plus cher que je
formule en cette période dont la
tradition m’amène ici, sincèrement
et chaleureusement, à vous souhaiter
une excellente et heureuse année 2006.
DOMINIQUE DE BRAY - PRÉSIDENT DE LA CSFE
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VIE DES RÉGIONS
La CSRE Aquitaine
fête ses trente ans
Remarquable longévité : trente ans après sa constitution en
1975 par la volonté de Bernard Lamarque et grâce à la compréhension attentive de Bernard Passini, la CSRE Aquitaine
regroupe aujourd’hui une vingtaine d’entreprises d’étanchéité
qualifiées sur les soixante que compte la région. Et depuis sa
création, cette chambre régionale maintient une activité soutenue avec, aujourd’hui, quatre réunions d’information par an
dont une Assemblée Générale en fin d’année. Des rencontres
qui ont permis cette année de revenir sur des thèmes phares
pour la profession : DTU 43.1 et 43.5 mais aussi la thermie et
l’hygrométrie dans le bâtiment. « D’une manière générale, il
s’agit pour nous de mener un maximum d’actions pour orienter
les PME vers la qualification qui leur permettra de rejoindre la
CSRE et, ainsi, de bénéficier des informations techniques qui sont
en constante évolution », explique Bernard Prodo, président de
la CSRE Aquitaine. Même dynamisme du côté des commissions
qui se sont notamment penchées sur le dossier de la rétention
des eaux pluviales sur terrasses, en collaboration avec le
Conseil Général de Gironde, ainsi que sur la question du
contradictoire dans les expertises. Reste un souhait pour ce
trentième anniversaire : le développement d’un marché qui,
pour le moment encore, ne répond pas complètement aux
espoirs des professionnels. « La surface de toitures construites
n’a pas évolué dans la région comparativement aux progressions
enregistrées dans d’autres métropoles régionales : Ile de France,
PACA, Rhône-Alpes ou encore Midi-Pyrénées », précise Bernard
Prodo. « Nous attendons cette évolution avec impatience. L’arrivée
du TGV, mettant Bordeaux à moins de deux heures de Paris, ainsi
que la mise en place de filières d’études de haute technologie
devraient logiquement renforcer l’attractivité de la région.
D’autant que l’Aquitaine et son environnement représentent
des atouts clés pour séduire des cadres ».
© T h o m a s S a n s o n , m a i r i e d e B o rd e a u x
Parmi les grands projets immobiliers de Bordeaux, la ZAC cœur de Bastide qui accueillera sur
29 hectares, logements, bureaux, commerces mais aussi le nouvel IUT des sciences de gestion.
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ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 8 · DÉCEMBRE 2005
ACTUALITÉS >
COMMISSION JURIDIQUE ET ASSURANCE
Une charte pour mieux
gérer sa sous-traitance
En 2006, la CSFE publiera une charte qui fixe quelques règles de bons comportements à respecter dans les
relations entre donneurs d’ordre et sous-traitants.
onsidérer le sous-traitant comme un cocontractant à part entière : c’est l’idée ou plus
exactement l’attitude que les membres de la
Commission Juridique et Assurance souhaiteraient
voir s’imposer au sein des entreprises membres de la
CSFE. « Nombre de problèmes et de litiges rencontrés
aujourd’hui dans les relations de sous-traitance relèvent
avant tout de questions de comportement. Signer un
contrat type est une protection de plus en plus incontournable mais il importe aussi et surtout que le déroulement des chantiers se fasse dans un climat professionnel de confiance et de respect mutuel », souligne Guy
Spehner, président de la Commission Juridique et
Assurance de la CSFE. C’est la raison pour laquelle,
les membres de la Commission se sont aujourd’hui
lancés dans l’élaboration d’une charte de sous-traitance. Un document qui cherche justement à fixer
quelques unes de ces règles de comportement. La première d’entre elles étant que l’activité du sous-traitant
ne doit en aucun cas être assimilée à un simple prêt de
main d’œuvre. Celui-ci, rappelle la charte, doit non seulement s’impliquer dans le déroulement du chantier
mais aussi mettre en place et faire respecter toutes les
procédures de prévention des risques, fournir à ses salariés les équipements de sécurité adaptés, veiller à la
qualité de ses travaux et s’engager dans ce domaine à
respecter les normes et obligations contractuelles. Une
implication sur les chantiers qui doit aussi le pousser à
se soucier de l’image de la profession. À commencer
par celle de ses salariés en s’assurant qu’ils disposent
de tenues de travail correctes et réglementaires. Car,
même durant les travaux, le sous-traitant continue
d’exercer son autorité directe sur son personnel. Du
côté de l’entreprise principale, cela suppose également qu’elle veille, là encore, à respecter quelques
règles de comportements. S’il est normal que le donneur d’ordre contrôle la qualité des prestations de son
sous-traitant, il ne doit pas, en revanche, le diriger
quotidiennement dans son travail. Cette différence
est fondamentale. Car la mise en évidence d’un lien
de subordination peut conduire, en cas de litiges ou
de poursuites judicaires, à une requalification par le
juge du contrat de sous-traitance en contrat de travail
ou en prêt illicite de main d’œuvre.
C
Transparence et fiabilité sociale
L’implication du soustraitant sur les chantiers doit aussi le
pousser à se soucier
de l’image de la profession, en s’assurant
notamment que son
personnel dispose de
tenues de travail
correctes.
« La lutte contre le travail illégal dans le BTP a considérablement renforcé les responsabilités du donneur d’ordre
vis-à-vis du contrôle des dispositions légales auxquelles
sont assujettis leurs sous-traitants. Ils y risquent leur solidarité financière. Et leur responsabilité pénale est engagée », explique Guy Spehner. C’est dans ce contexte
que la notion de co-contractant prend également tout
son sens. Les donneurs d’ordres ne pourront assurer
sereinement leurs responsabilités si leurs sous-traitants
ne font pas preuve de transparence et de fiabilité sociale. « Dans la charte, nous leur demandons, par exemple,
d’apporter les documents démontrant qu’ils sont à jour
de leurs cotisations sociales et contributions fiscales »,
précise le président de la Commission. De la même
manière, il leur est également demandé, avant tout
démarrage de chantier, de présenter leurs attestations
d’assurance. « Ce point nous a amené à envisager l’élaboration d’une d’attestation type. Car trop souvent, sur
ces documents, ne figure pas la désignation des travaux
garantis. Il est évidemment capital que la prestation
confiée au sous-traitant soit bel et bien couverte par son
contrat d’assurance », rappelle le président de la
Commission. Il faut par ailleurs rappeler que, pour le
sous-traitant le fait de ne pas être soumis aux dispositions de la loi du 4 janvier 1978, aboutissait à lui faire
supporter une responsabilité plus longue que celle
imputable à l’entreprise principale. Une ordonnance
du 8 juin 2005 aligne désormais les délais pendant lesquels la responsabilité du sous-traitant peut être
recherchée, sur ceux applicables à l’entreprise principale, soit deux ans et dix ans à compter de la réception
des travaux.
BC
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ACTUALITÉS >
MÉTIER
Bardeur, conjuguer vitesse et précision
En dix ans, architectes et maîtres d’ouvrage ont considérablement accentué leurs exigences de qualité sur le bardage. Si bien que le bardeur apparaît désormais comme un acteur à part entière de la façade. Soin du détail, qualité des raccords et justesse des alignements : plus que jamais, il doit faire preuve de précision, de rigueur mais
aussi cultiver un réel sens de l’esthétisme.
d’habillage : angles de couvertines, jambages de portes,
immédiat après-guerre et l’urgence de
habillages de châssis… Tous ces ouvrages nécessitent
reconstituer rapidement des outils de proune vision en trois dimensions et une approche esthéduction ont bouleversé la conception des
tique de l’ouvrage. Le soin du détail lors de la réalisation
bâtiments industriels par une utilisation intensive de
des points singuliers d’une façade est un souci permamatériaux nouveaux pour le clos-couvert, les bacs
nent. « Le métier nécessite une bonne connaissance de la
acier et les bardages nervurés. Le parpaing et la
lecture des plans et l’utilisation d’instruments de mesure et
brique, trop lourds et trop lents à monter, ont été
traçage, niveaux et visées laser, équerres, fils à plomb »,
remplacés, dans les grands halls de l’industrie renaissouligne Eric Guengard, conducteur de travaux des
sante par le bardage métallique, technique importée
chantiers d’enveloppe industrielle d’Etancheco. La précides États-Unis. L’esthétique de la façade industrielle
sion est de l’ordre du millimètre. Et les performances
est restée pendant longtemps en retrait compte-tenu
acoustiques et thermiques des façades ont un niveau
de la pauvreté des choix proposés par les profileurs.
d’exigence qui n’a cessé de se renforcer (attention au
Aujourd’hui, le choix est infini et les architectes se sont
point de rosée). Exposé souvent aux intempéries, le baremparés des bardages métalliques, des bétons de résideur doit gérer son ouvrage suspendu dans
ne et autres composants à base de bois et de
le vide, parfois à des dizaines de mètres de
matières plastiques pour donner libre cours à « La profession
hauteur. Chacun de ses gestes doit être coorleur créativité. Parallèlement, le bardage ner- souffre encore
donné avec ceux de ses partenaires. Le resvuré est devenu plan. Les sur-couvertures de la d’un manque
pect des règles de sécurité est un impératif
cinquième façade, les bâtiments tertiaires et chronique de
d’habitation eux-mêmes font appel aux tech- personnel quali- catégorique de la profession. « Lorsqu’on se
retrouve à 25 m de hauteur dans le panier
niques du bardage qui ont su évoluer avec l’au- fié alors qu’elle
offre pourtant
d’une nacelle télescopique, il faut savoir manidace des créateurs.
de réelles perspuler les commandes avec douceur et doigté et
pectives d’avene pas avoir le vertige » précise Carlos
Une vision en trois dimensions
Marquès, titulaire d’un CACES et du brevet
En quelques années, un nouveau métier est né : nir pour des
de secouriste du travail, comme tous les chefs
bardeur. Ni serrurier, ni couvreur, le bardeur jeunes »,
associe la précision de l’un et l’impératif du hors Stéphane Peltier, d’équipe bardage de l’entreprise. « La profession souffre encore d’un manque chronique de
d’eau et hors d’air de l’autre. Il utilise un outilla- Etancheco.
personnel qualifié alors qu’elle offre pourtant
ge spécifique : « qui sait ce qu’est une grignoteude réelles perspectives d’avenir pour des jeunes. Les salaires
se, une pince à border et qui connaît la différence entre
des bardeurs aguerris sont très motivants » souligne
une cisaille droite et une cisaille gauche à part un barStéphane Peltier, ingénieur et patron de l’activité envedeur ? », interroge Pascal Chahbazian, Maître bardeur
loppe industrielle chez Etancheco. Après quelques
chez Etancheco. En dehors des formations du CPO et
années de formation et de pose sur chantier, le bardeur
du CFM BTP, la pratique sur chantier reste une des
aura toutes latitudes pour évoluer vers un poste d’encameilleures formations. Et le formateur doit également
drement de chantier ou de projeteur-chiffreur. Car si le
initier les jeunes au maniement de la visseuse, de la
métier s’avère physique, il impose aussi et surtout de la
meuleuse d’angle ou du pistolet de scellement. Les
réflexion et nécessite une réelle sensibilité pour le « bel
éléves-bardeurs doivent également se familiariser au
ouvrage » ainsi qu’un sens aigu du travail en équipe. J-C Z
traçage et à la mise en forme sur chantier de pièces
L’
>
Les qualités attendues
sur l’alignement et
l’ajustement des bardages imposent aux
professionnels toujours
plus de précision.
>
Le développement des
systèmes plans aisément
cintrables donne désormais aux bardeurs les
moyens de réellement
travailler les façades.
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DOSSIER >
T E R R A S S E S PA R K I N G S
La normalisation
reprend l’initiative
Révision du DTU 43.1,
élaboration de Règles
Professionnelles, amendement au DTU 20.12 : après
quinze années de statu quo,
les textes encadrant l’étanchéité des terrasses parkings viennent de bénéficier
d’une profonde mise à jour.
Mais ils introduisent aussi et
surtout de nouvelles dispositions. Quelles en seront les
conséquences pour les professionnels ?
ur le plan normatif, rien
n’avait véritablement évolué depuis une quinzaine
d’années. Si bien que l’écart s’était
progressivement creusé entre des
textes restés inchangés depuis
1981 et des techniques d’étanchéité de terrasses parkings qui
avaient, pour leur part, continué
d’intégrer de nouvelles solutions.
Un réajustement s’imposait. Une
mise en cohérence des textes avec
le marché qui vient en partie de se
réaliser avec la récente révision
DTU 43.1 (voir Etanchéité Info
n°5). Au niveau des matériaux,
cette mise à jour va toucher les
deux grandes familles de systèmes
traditionnels. Ainsi, du côté de
l’asphalte, le nouveau document
entérine l’emploi des complexes
5 + 20 et 15 + 25 au détriment du
système 5 + 15 + 20 qui occupait
jusqu’alors une place prépondérante dans la norme. Concernant
les feuilles bitumineuses, le DTU
révisé consacre enfin la généralisation des systèmes bicouches à
base de feuilles bitumineuses
modifiées par élastomères mises
en œuvre sous protection lourde
par dalles béton. Sur le terrain,
ces modifications n’entraîneront
pas de bouleversements majeurs.
© J F C h a p u i s / P h o t o t h è q u e S M AC .
S
ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 8 · DÉCEMBRE 2005
·9
1
Par contre, pour le marché, cette
mise à plat des techniques va bel et
bien avoir une conséquence, certes
indirecte mais bien plus fondamentale : l’élaboration de Règles
Professionnelles.
Au cours des travaux de la commission, une question va s’imposer :
doit-on ou non intégrer dans le
DTU les systèmes d’étanchéité par
feuilles bitumineuses protégées par
enrobé ou ceux associant une
feuille bitumineuse à de l’asphalte
gravillonné ? Des systèmes qui diffèrent sensiblement de ceux décrits
dans le DTU puisqu’ils ne font pas
appel notamment à des protections
lourdes par dalles en béton. Depuis
une vingtaine d’années, ces solutions se sont largement diffusées.
Plus légères, plus économiques et
d’une esthétique plus soignée, elles
se sont même imposées face aux
systèmes traditionnels à tel point
qu’elles représenteraient plus de
60 % du marché. Et pourtant, ce
constat ne suffira pas à justifier
leur intégration dans le nouveau
DTU 43.1 : « Le bureau de la CSFE a
décidé de ne pas introduire ces techniques dans la révision du DTU »,
explique Alain Blotière, directeur
technique de Siplast-Icopal et président de la Commission de normalisation. « Le principal obstacle à
10 ·
leur introduction résidait dans le
fait qu’aucune de ces solutions ne
disposait d’Avis Techniques. Dès
lors, il semblait difficile, et surtout
contraire aux pratiques de normalisation, de les intégrer directement
dans le DTU ». Comment expliquer
cette absence d’Avis Techniques
sur des produits commercialisés
depuis plus de vingt ans ? Tout
d’abord, le domaine de compétences du CSTB relève des techniques du bâtiment et non des
techniques routières. Et le Centre
scientifique et technique du bâtiment n’a jamais prétendu être un
sachant en matière d’enrobé bitumineux. D’ailleurs, la délivrance
des premiers Avis Techniques sur
les systèmes en asphalte reste relativement récente, à peine cinq ou
six ans. Ensuite, aucune norme et
aucun standard de référence n’encadre ces produits. Du coup, c’est
un peu le serpent qui se mord la
queue : sans document de référence, pas d’Avis Techniques et inversement, sans Avis Techniques, l’introduction de ces complexes dans
le DTU reste impossible. « À travers
la révision du DTU 43.1, les professionnels ont pris conscience qu’il
existait un vide qui ne se comblerait
qu’à condition de prendre l’initiative », souligne Alain Blotière. « D’où
ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 8 · DÉCEMBRE 2005
© S o p re m a
© P. G i r a u d / S i p l a s t - I c o p a l
DOSSIER >
2
1. Pose en indépendance de feuilles
d’étanchéité bitumineuses dont la
sous-face est
constituée de lignes
thermo-adhésives
séparées par des
zones filmées en
liant acrylique
rouge. Ici, la terrasse parking d’un
centre commercial
à Carpentras.
2. Épandage d’un
enrobé sur l’étanchéité en feuilles
bitumineuses d’un
parking à Albi.
la décision de réunir une commission, d’examiner les cahiers des
clauses techniques des fabricants et
d’élaborer des Règles Professionnelles
qui intégreront les systèmes d’étanchéité à base de feuilles bitumineuses
sous enrobé ainsi que les complexes
mixtes associant membrane bitumineuse et couche d’asphalte. » La
publication de ce document devrait
intervenir courant 2006. Et d’ores
et déjà la CSFE réfléchit à la possibilité de le faire évoluer sous la
forme d’un Cahier des Prescriptions
Techniques. Dès lors, les conditions
seraient remplies pour voir les premières procédures de délivrance
d’Avis Techniques se mettre en
place pour ces systèmes.
Des épaisseurs minimales
pour les enrobés
Si à l’image de la révision du
DTU 43.1, ces nouvelles Règles Professionnelles n’introduiront pas de
véritables bouleversements techniques, elles vont néanmoins générer quelques conséquences positives
pour les professionnels. À commencer par l’élévation de la pente minimale des toitures terrasses accessibles aux véhicules de 1 à 2 %. Une
disposition récemment entérinée par
le nouveau DTU 43.1 et qui figurera
dans le prochain amendement au
l’étanchéité des ponts routes, elles
sont exposées aux risques de formation de gonfles, du moins lorsque les
systèmes sont adhérents. Ici, comme
sur les ouvrages d’art, le soleil ou
l’apport de chaleur lors de la mise en
œuvre de l’enrobé sont susceptibles
d’entraîner des décollements localisés du revêtement d’étanchéité et de
la couche de roulement sous la pression de la vapeur d’eau dégagée par
le béton. Or, justement, la masse de
l’enrobé joue un rôle clé pour combattre le phénomène. Il crée un
écran thermique et s’oppose mécaniquement au décollement de la
chape. « Il est toujours possible de
recourir à un primaire bouche-pores
L E S G R A N D E S FA M I L L E S
D ’ É TA N C H É I T É D E PA R K I N G
(terrasses accessibles aux véhicules légers)
> Les systèmes traditionnels (DTU 43.1)
- Complexe asphalte 5 + 15 sous protection lourde par dallage en béton
- Complexe asphalte 15 + 25 (possibilité d’autoprotection du revêtement)
- Revêtement bicouche bitume SBS sous protection lourde par dallage en béton
> Les complexes mixtes associant une membrane bitumineuse et une couche
d’asphalte avec ou sans enrobé.
> Les systèmes bicouches ou monocouches à base de feuilles bitumineuses
sous enrobé.
12 ·
ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 8 · DÉCEMBRE 2005
>
Mise en œuvre de
la couche d’asphalte sur une feuille
bitumeuse dans le
cadre de la pose
d’un complexe
mixte sur une
terrasse parking.
© I F C h a p u i s / P h o t o t h è q u e S M AC .
DTU 20.12. L’intérêt pour les professionnels : ces mesures visent bien
entendu à favoriser l’évacuation des
eaux et ainsi à diminuer le risque de
voir apparaître des flaches et des
zones de retenues d’eau. Un désagrément pour les usagers des parkings mais aussi et surtout une source de réclamations que les maîtres
d’ouvrage tendent à adresser plus
souvent aux étancheurs qu’aux
concepteurs des bâtiments. À plus
long terme, ces nouvelles dispositions pourraient également contribuer à une meilleure préservation
des couches de roulement en béton
ou en enrobé qui, comme tous les
matériaux poreux, sont sensibles aux
phénomènes de gélifraction. D’ailleurs, du côté de la durabilité de ces
dispositifs, les Règles Professionnelles accomplissent un pas important en précisant clairement des
épaisseurs minimales d’enrobé. Pour
les véhicules légers : 5 cm d’épaisseur nominale et 4 cm ponctuellement. Quant aux véhicules lourds,
l’épaisseur nominale est fixée à 7 cm
et le minimum ponctuel à 6 cm. Sur
asphalte, ce niveau nominal est
réduit à 4 cm.
Dans tous les cas, le respect de ces
valeurs représente un enjeu particulièrement critique pour la pérennité
des terrasses parkings. Premièrement, parce qu’au même titre que
© J F C h a p u i s / P h o t o t h è q u e S M AC .
DOSSIER >
pour s’affranchir de ce risque de
gonfles. Mais le strict respect des épaisseurs de béton bitumineux suffirait
déjà, dans de nombreux cas, à assurer
la pérennité des complexes. D’autre
part, il importe d’être vigilant sur
l’état du support. Il ne doit pas comporter en surface de laitance, d’adjuvants ou encore de produits de cure.
Et nous recommandons systématiquement de procéder à un grenaillage du
support », précise Alain Dechevrand,
directeur du département technique
ventes France de Soprema.
Deuxième raison de cette criticité
accrue : l’évolution même du parc
automobile français. « La généralisation de la direction assistée sur les
voitures a conduit à modifier les pratiques des conducteurs. Désormais,
les roues se tournent plus facilement
à l’arrêt. Et aux endroits où ces
manœuvres sur place se répètent, le
risque augmente d’être confronté à
des problèmes de désenrobage. Ce
risque s’accroît aujourd’hui avec une
évolution vers des véhicules de plus
en plus lourds, des pressions de pneus
plus importantes et des surfaces de
contact avec les couches de roulement
plus grandes », note Jean-Pierre
DOSSIER >
© S o p re m a
< Rares sont les
terrasses parkings
présentant si peu
d’émergences. À tel
point que sur ce
chantier, il a été
possible de mécaniser la pose de la
première couche
d’étanchéité.
Déan de Smac. Résultat, là encore,
l’épaisseur de l’enrobé et, plus encore, la qualité de son compactage
représentent des facteurs déterminants de la bonne tenue de terrasses parkings dans le temps.
Une surélévation
pour les joints plats
Autre point, tout aussi essentiel,
mais pour lequel les Règles
Professionnelles ne fourniront pas
cette fois de précisions : les joints
de dilatation. Les questions que
soulève l’étanchéité de ces ouvrages ne sont pas nouvelles, loin
de là. En cause : la protection des
joints plats qui constituent, en cas
de défaillance de leur étanchéité,
une issue naturelle pour les eaux
d’infiltration. Longtemps, les protections apportées à l’étanchéité de
ces ouvrages se sont en effet révélées sous-dimensionnées et souvent inadaptées aux sollicitations
auxquelles elles étaient confrontées. « Il y a une dizaine d’années, la
révision d’Avis Techniques de procédés de joints de dilatation a mis clai-
rement en évidence les problèmes de
résistance des dallettes en béton couramment utilisées sur cette application. Trop fines, mal calées, insuffisamment armées, ces dallettes se
brisaient sous les contraintes de la
circulation. Et il n’était pas rare que
les débris libérés endommagent
alors les revêtements d’étanchéité »,
explique Alain Blotière.
Depuis, nombre de fabricants se
sont engagés dans le développement de solutions alternatives :
des dalles en béton armé de type
Soprajoint développé par Soprema; des joints métalliques tel
que le Dilat mis au point par
Dani’Alu ou encore un dispositif
plus récent associant des blocs
élastomères et des profilés en résine, le Paradyl, lancé en 2003 par
Siplast-Icopal. Des systèmes incontestablement plus fiables mais
aussi inévitablement plus chers
qui peinent encore à s’imposer
auprès des maîtres d’ouvrage.
Et finalement sur ce sujet, la prise
de conscience attendue pourrait
bien venir d’un autre front : celui
En adoptant
cette surélévation, il devient
de plus en plus
compliqué de
couper le fil
d’eau avec
le joint de
dilatation.
des maçons. Sur ce dossier, l’initiative revient une nouvelle fois à
la normalisation. L’amendement
au DTU 20.12 s’apprête en effet à
intégrer une nouvelle disposition
qui prévoit une surélévation des
joints plats sur une largeur de 50
cm, pour chaque côté, et sur une
hauteur de 3 cm. L’objectif : éviter,
là encore, en cas de fuites sur la
partie courante, que l’eau ne s’évacue par le joint de dilatation. Mais
cette mesure pourrait également
entraîner d’autres conséquences
dont les bénéfices sont loin d’être
négligeables. En adoptant cette
surélévation, il devient de plus en
plus compliqué de couper le fil
d’eau avec le joint de dilation. Car
cette règle de base qui consiste à
implanter les joints plats de dilatation dans le sens de la pente, ou
en point haut, est loin d’être
aujourd’hui encore systématiquement respectée. Cette sorte de
mini-costière devrait conduire les
concepteurs à consacrer des
études plus fines à l’organisation
des joints plats. Logiquement, elle
devrait les inciter à exposer le plus
petit linéaire possible de joint à la
circulation, en disposant, par
exemple, les places de stationnement de part et d’autre des joints.
D’une certaine manière, il s’agit
donc de renouer avec les principes
de construction énoncés, dès le
départ, dans le DTU 43.1.
BC
I S O L AT I O N T H E R M I Q U E : L A R È G L E R E S T E I N C H A N G É E
> Dans l’application stricte de la norme, seules les techniques traditionnelles d’étanchéité sous protection lourde en dalles béton sont
autorisées à recevoir un isolant thermique soit en verre cellulaire,
soit en perlite. Classiquement, ces systèmes se composent alors d’un
pare-vapeur, de l’isolant thermique, du revêtement d’étanchéité traditionnelle, d’une couche de désolidarisation et enfin de la protection
lourde en dalles béton.
> De son côté, le DTU 20.12 rappelle qu’il est possible de ne pas isoler
un support béton dans deux cas :
1. Les locaux de l’étage inférieur ne sont pas chauffés et la dalle en
béton est de petite dimension : diagonale inférieure à 6 m.
2. Les locaux de l’étage inférieur ne sont pas chauffés et la dalle en
béton est de dimension courante. Dans ce cas, l’obligation s’impose de
concevoir les éléments porteurs verticaux en béton armé de sorte
qu’ils puissent assurer la stabilité de l’ouvrage.
ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 8 · DÉCEMBRE 2005
· 15
A P P L I C AT I O N >
Étanchéité de coupoles
Comment étancher une demi-sphère ? C’est la question à laquelle il a fallu répondre pour
sélectionner le système d’étanchéité adapté à la réfection de deux coupoles en béton. Quant
à la réponse, elle s’est naturellement imposée : une membrane synthétique suffisamment
souple pour épouser la forme des bâtiments.
eur construction remonte au début des années
soixante-dix. Discrètement installées en forêt
d’Othe, au cœur de la campagne Yonnaise, ces
deux coupoles constituaient le centre névralgique
d’une sorte de club de vacances, très en vogue à
l’époque… à savoir un camp naturiste ! Malgré l’ampleur du mouvement pendant ces années, l’aventure
va vite tourner court. Après trois ans d’exploitation,
le complexe ferme ses portes et le site tombe en
friche. Durant plus de trente ans, plusieurs tentatives
de reconversion vont se succéder, sans résultat.
Abandonnés, le terrain et les bâtiments sont finalement rachetés en 2004 pour y implanter un cabaret
qui propose, depuis septembre, des dîners spectacles.
Un investissement d’environ 1,4 million d’euros qui
comprenait notamment la réhabilitation des deux
dômes et la construction d’un bâtiment scénique.
Protégées jusqu’alors par une résine, les voûtes en
béton des coupoles ont nécessité une réfection complète de leur étanchéité. « Sur un plan esthétique, le
rendu visuel du support ne convenait pas au maître
d’ouvrage qui ne souhaitait donc pas recourir à un système d’étanchéité liquide. Naturellement, le choix s’est
alors porté vers un revêtement en feuille à base de
L
>
MEMBRANE SYNTHÉTIQUE
Vu la configuration des bâtiments,
il était indispensable d’installer
une ligne de vie
avant le début des
travaux.
résines thermoplastiques suffisamment souples pour
s’adapter à la forme des bâtiments et qui permettaient
de surcroît de dissimuler le béton », explique Alain
Duthé, d’Axe étanchéité, l’entreprise en charge des
travaux.
Une membrane grise à base de PVC, produite par
enduction d’une grille polyester, va donc être retenue
pour équiper les deux structures d’une surface projetée de 550 m2 et de 154 m2 pour une hauteur respective de 9 et 4 m. Le recours à une fixation mécanique
et l’impossibilité d’apporter une protection lourde sur
l’étanchéité vont imposer, avant le début des travaux,
une première étape de calcul de la charge du vent par
zone. Un préalable incontournable pour éviter ensuite
tout arrachement de la membrane par effet de succion. Généralement confié aux bureaux d’études, ce
calcul aboutit à l’élaboration d’un plan de calepinage
qui définit le nombre et le schéma d’implantation des
fixations. Dans ce cas, plus de 600 m de rails, préférés
ici aux plaquettes d’ancrage, vont être installés sur les
deux coupoles avec une densité croissante du sommet
à la base. Théoriquement, la pose de ces systèmes
reste relativement simple. Les profils linéaires sont
fixés à l’aide de chevilles à frapper qui traversent la
ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 8 · DÉCEMBRE 2005
· 17
A P P L I C AT I O N >
< Chaque lanterneau
de la petite coupole
a nécessité la réalisation de relevés
d’étanchéité dans le
même matériau mais
en bandes distinctes
des feuilles de la
partie courante.
Bardage
Bavette
Isolation
thermique
Plateau
de bardage
Équerre acier
Galva 12/10
Poteau
lamelé collé
< Sur la grande
Rail
périphérique
coupole, on
distingue les bandes
de pontage qui
assurent l’étanchéité
au droit des rails
de fixation.
Membrane
S327-12EL
sur feutre
300 g/m2
Support béton
Détail du relevé d’étanchéité entre la grande coupole et le bardage du bâtiment scénique.
membrane et le feutre de désolidarisation pour s’ancrer dans le béton. Une bande de pontage vient ensuite assurer l’étanchéité au droit du rail. Quant au soudage des lés entre eux, il s’effectue classiquement à
l’air chaud. Des techniques aujourd’hui parfaitement
maîtrisées. Sauf qu’ici, la forme en dôme des bâtiments est venue largement compliquer l’exercice.
<
Plan de calepinage de la grande
coupole. Les traits
noirs représentent
l’emplacement des
rails de fixation.
18 ·
Un compartimentage inévitable
Première contrainte de mise en œuvre : la pose d’une
ligne de vie. Précaution indispensable vu la configuration des bâtiments mais qui devait aussi et surtout
permettre de sécuriser ensuite l’accès à la trappe de
désenfumage installée au sommet du grand dôme.
Des conditions d’intervention difficiles auxquelles
venait s’ajouter une autre contrainte de taille : limiter
les plis disgracieux sur des structures dont la forme
tend justement à les favoriser. « Dans le cas de ces deux
bâtiments, l’étanchéité joue en quelque sorte le rôle
d’une façade. En plus d’une bonne exécution technique,
nous avions également une obligation de résultat sur le
plan esthétique », souligne Alain Duthé. Pour la plus
grande coupole, la surface a dû être divisée en douze
zones verticales, sorte de demi-méridiens divisés euxmêmes en trois parties parallèles. Un compartimentage inévitable pour tendre correctement les lés de
membrane sur cette demi-sphère. « Pour éviter de
générer des plis, nous avons été contraints de maintenir
un bord de chaque lé par des points de fixation le long
de ces lignes verticales imaginaires ; puis de procéder à
la découpe de la membrane en suivant le tracé avant de
ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 8 · DÉCEMBRE 2005
recouvrir les fixations avec le bord opposé et de souder
les lés », explique Mathieu Phémius, chef de chantier.
Une stratégie similaire a été employée pour la deuxième coupole, certes plus petite mais équipée de lanterneaux. Pour ces équipements, les relevés d’étanchéité
ont été réalisés dans le même matériau mais en bandes
distinctes des feuilles de la partie courante. Ces dernières sont fixées en pied par un rail périphérique, le
talon de relevé étant ensuite raccordé par thermosoudure. Sur maçonnerie, le dispositif est complété par une
bande de serrage en tête et le cas échéant, par un rail
intermédiaire étanché avec un bandeau PVC. Quant au
raccordement aux caniveaux qui courent tout au long
de la base des coupoles, il s’effectue par l’intermédiaire
d’une bavette en acier galvanisé, colaminée en usine
avec une feuille de PVC permettant ainsi d’exécuter les
soudures directement sur la pièce métallique.
Bien que la surface cumulée de ce chantier ne représentait que 700 m2, l’opération a mobilisé quotidiennement trois compagnons durant plus de deux mois. Des
moyens importants imposés autant par la complexité de
la mise en œuvre que par la nécessité de gérer au mieux
le rendu esthétique de l’étanchéité.
BASTIEN CANY
LES INTERVENANTS
Maître d’ouvrage : S.C.I. Champs Girard
Architecte : Jean-Claude Manoha
Bureau de contrôle : Socotec
Étanchéité : Axe Etanchéité
Produits : S 327/12/EL/Sarnafil
A P P L I C AT I O N >
>
M É D I AT H È Q U E H Q E ®
En périphérie
des terrasses, des
bandes stériles permettent de faciliter
le contrôle des relevés et des évacuations pluviales.
Une toiture verte
La construction d’une nouvelle médiathèque HQE® à Sainte-Luce-sur-Loire vient une nouvelle
fois démontrer la parfaite cohérence de la végétalisation de toiture avec les exigences et les
cibles de la démarche Haute Qualité Environnementale.
est sans doute l’un des meilleurs exemples
d’intégration de toitures terrasses végétalisées à une démarche Haute Qualité
Environnementale. Pas moins de six cibles sur les
quatorze que compte la démarche ont pu être visées
en choisissant de végétaliser les toitures de la nouvelle médiathèque René Gosciny à Sainte-Luce-sur-Loire,
près de Nantes. « Ces techniques de végétalisation
offrent des avantages transversaux qui leur permettent
de soutenir plusieurs cibles d’une même démarche. Dans
notre cas, il a en effet été possible d’exploiter leurs performances sur plusieurs des points que nous souhaitions
approfondir : relation harmonieuse du bâtiment avec
son environnement, gestion de l’eau, amélioration de la
maintenance, gestion de l’énergie mais aussi choix intégré des produits et procédés de construction », souligne
Mikaël Flého, directeur des services techniques de la
commune de Sainte-Luce-sur-Loire, le maître d’ouvra-
C’
20 ·
ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 8 · DÉCEMBRE 2005
ge de cette médiathèque dont l’ouverture est prévue
au printemps 2006. « Attention toutefois, précise le
directeur technique, la végétalisation ne justifie pas à
elle seule une démarche HQE®, elle doit avant tout s’intégrer dans une approche globale du bâtiment. »
Autrement dit : les toitures terrasses végétalisées ne
représentent qu’un des éléments du système de solutions mis en place pour chaque cible. Concrètement,
cela signifie par exemple que si la masse et l’effet de
protection solaire de la végétalisation améliorent nettement l’inertie thermique du bâtiment, ces avantages
ont été exploités dans le cadre d’une stratégie de gestion de l’énergie plus globale (cible 4). Celle-ci prévoyait notamment l’installation d’un échangeur à
double flux pour récupérer froid et chaleur sur la ventilation, la mise en place d’une chaudière à condensation ainsi que le recours à un double vitrage à contrôle solaire avec remplissage du vide par gaz argon.
L E S S I X C I B L E S V I S É E S PA R L A V É G É TA L I S AT I O N
Performances
Apports de la végétalisation
Cible 1, relation harmonieuse
du bâtiment avec son
environnement immédiat.
Cible 2, choix intégré
des produits et procédés
de construction.
• Qualité de la vue depuis les immeubles voisins.
Cible 4, gestion de l’énergie.
Cible 5, gestion de l'eau.
Cible 7, entretien
et maintenance.
Cible 9, confort acoustique.
• Amélioration des performances thermiques du
bâtiment par le recours à un matériau végétal.
• Recours à des dalles pré-cultivées avec support
plastique recyclé.
• Membrane d’étanchéité recyclable. Chutes de
membranes recyclées au cours du chantier.
• Amélioration de l’inertie thermique quotidienne par la
masse et l’effet de protection solaire de la végétalisation.
• Régulation de l'évacuation des EP vers les réseaux
publics en retenant l'eau dans le complexe végétal.
• Filtration des poussières contenues dans l'eau de
pluie par passage dans le complexe végétal.
• Protection de l'étanchéité contre les chocs
thermiques entraînant un allongement de sa durée
de vie et entretien minimal du tapis végétal.
• Réduction des nuisances sonores dans le cas d’éléments
porteurs en tôles d’acier notamment en cas de pluies.
Au printemps 2006, plus de 1 000 m2 de toitures, comprenant deux terrasses en bac
acier, une troisième en béton, seront habillés d’un tapis végétal extensif.
au cœur des cibles
Démarche similaire pour la cible 2 où le choix des
procédés et produits de construction a été examiné
sous l’angle de leur impact environnemental.
Parallèlement à la végétalisation, l’engagement sur
cette cible s’est traduit par l’emploi de peintures
100 % à base minérale, de colles et d’huiles non polluantes mais aussi par la mise en œuvre de plafonds
en tasseaux de pin non traités. Et dans le cas de la
végétalisation, cette logique va être poussée jusqu’à
sélectionner un complexe pré-cultivé sur des supports
en plastique recyclé associé à une membrane d’étanchéité elle-même recyclable. « Toutes les chutes de
membranes vont être collectées au cours du chantier,
puis transférées en Belgique sur le site de production du
fournisseur qui prend en charge leur recyclage », précise Mathieu Gueret dont l’entreprise, Euro’étanche, a
réalisé l’ensemble des travaux d’étanchéité.
Ce système de végétalisation extensive pré-cultivée
(Derbigum, Imperfrance) offre de surcroît l’avantage
d’aboutir à un verdissement immédiat de la toiture
avec un tapis végétal mature et continu. Les dalles
livrées sous forme de plaques de 1,35 m x 1 m s’as-
semblent à l’aide de clips par tenons mortaises. Ici,
pas de substrat à répandre ni de semis à réaliser, les
dalles intègrent le support nutritif ainsi que les végétaux. Dans ce cas, il s’agit d’une variété de sédums qui
vont, au fil des saisons, passer du vert au jaune jusqu’au rouge pourpre. Avec une épaisseur de 4 cm, ces
dalles affichent à saturation une capacité de rétention
de 17 l/m2 (pour un poids de 40 kg/m2). Un facteur
essentiel puisqu’il conditionne, pour une bonne part,
l’effet retardateur de la végétalisation sur l’écoulement des eaux de pluie. Or, c’est justement cet effet
qui permet aux toitures terrasses végétalisées de
répondre à la cible « gestion de l’eau ».
Éviter toutes zones de rétention
Au total, plus de 1 000 m2 de toitures ont ainsi été
équipés. Une surface qui comprend deux terrasses en
bac acier et une troisième en béton. Côté étanchéité,
le système prévoit la pose de membranes bitumineuses modifiées par APP dont les liants intègrent un
agent anti-racine. Ces feuilles sont renforcées par
deux armatures composées d’un voile de verre et d’un
ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 8 · DÉCEMBRE 2005
· 21
non-tissé en polyester qui assurent respectivement la
stabilité dimensionnelle ainsi que la résistance à la
traction et au poinçonnement. Installée sur un isolant
en laine de roche, la membrane d’étanchéité est mise
en œuvre en indépendance sur la terrasse en béton et
par des fixations mécaniques sur les deux bacs acier.
Deux terrasses dont la pente supérieure à 5 % a
d’ailleurs permis de s’affranchir du recours à une
couche drainante. Un tel niveau de pente s’avérant en
effet suffisant pour éliminer l’excès d’eau. Ici plus
qu’ailleurs, il est capital de prévenir l’apparition de
zones de rétention qui pourraient tout simplement
conduire à l’asphyxie des racines des végétaux. D’où
la nécessité pour la toiture en béton qui présentait à
l’inverse une pente nulle, d’installer une couche de
est une publication trimestrielle de
L'Association pour la Promotion des
Métiers de l'Etanchéité APMEPROMETHÉE, éditée sous l'égide de la
CSFE.
6-14 rue La Pérouse,
75784 Paris cedex 16
Tél. : 01 56 62 13 20
Fax : 01 56 62 13 21
www.etancheite.com
Directeur de la publication :
Christian Paillard
Comité de rédaction :
>
A P P L I C AT I O N >
Les dalles précultivées sont
livrées sous la
forme de plaques
de 1,35 m x 1 m qui
s’assemblent à
l’aide de clips par
tenons mortaises.
gravillons assurant le drainage du complexe sur environ 4 cm d’épaisseur. Enfin, dans les deux configurations, le système intègre également une couche filtrante : un non-tissé permettant de retenir les particules fines libérées par le substrat qui repose directement sur ce voile.
Plus de 80 % des terrasses ont ainsi été habillées de
ce tapis végétal. La surface laissée libre représentant,
à peu de chose près, la zone occupée par les équipements techniques et les bandes stériles en périphérie
des relevés d’étanchéité et autour des émergences.
Des bandes d’une largeur de 40 cm qui doivent faciliter le contrôle des relevés et des évacuations pluviales. Sur ce chantier, elles ont été traitées avec des
dalles similaires à celles qui soutiennent le substrat.
Bien entendu, pour cette application, elles sont évidées et remplies d’une couche de gravillons dont la
granulométrie supérieure à 15 mm vise à limiter le
développement d’une végétation parasite.
Reste la question du coût de la végétalisation : « au global, on estime que la démarche HQE® a compté pour
environ 6 % de l’investissement total qui s’élève à 3 millions d’euros, explique Mikaël Flého. Quant aux toitures
terrasses végétalisées, on évalue le surcoût à 50 euros/m2
qui devrait être compensé à terme par les économies
d’énergie générées. » Un calcul auquel il faudrait toutefois encore ajouter, la valeur certes plus qualitative et
donc plus difficilement chiffrable, des gains obtenus en
matière de confort visuel mais aussi et surtout en terme
de qualité d’environnement pour les riverains.
BC
LES INTERVENANTS
Maître d’ouvrage : Mairie de Sainte-Luce-sur-Loire
Architecte : Forma 6
Etanchéité : Euro’Etanche
Etanchéité.info est éditée
par Pyc Édition
16-18 place de la Chapelle,
75018 Paris
Tél. : 01 53 26 48 00
Fax : 01 53 26 48 01
www.pyc.fr
Catherine Bon, Anny Champey,
22 ·
Publicité :
Jean-François Le Cloirec (48 03)
[email protected]
Sophie Piantanida (88 78)
assistante commerciale.
Maquette : Atelier Chévara etc.
Impression : Edips (Quetigny)
Routage : GL Routage (Quetigny)
Dépôt légal à parution
Sophie Pèpe, Henri Desgouilles,
Rédaction :
Alain Duthé, Christian Paillard,
Jan Meyer (47 84) [email protected]
Pierre Pannetier.
Bastien Cany (47 85) [email protected]
ÉTANCHÉITÉ.INFO · NUMÉRO 8 · DÉCEMBRE 2005
Photo de couverture :
© JF Chapuis / Photothèque SMAC.