Un humanitaire français soupçonné de viols en Asie
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Un humanitaire français soupçonné de viols en Asie
FAITS DIVERS Le Parisien Mardi 2 février 2016 13 Philippe G. (coiffé d’une casquette) aurait agi sous couvert d’actions humanitaires dans des orphelinats (ci-dessus, un document de l’association Philmy Voyageurs solidaires). (DR.) Un humanitaire français soupçonné de viols en Asie PÉDOPHILIE. Par l’intermédiaire d’une association dont sa mère était la présidente, ce Français, déjà condamné, aurait profité de séjours au Népal et au Cambodge pour abuser d’enfants. IL SE FAISAIT APPELER affectueusement Uncle (« oncle », en anglais) par les enfants qui croisaient sa route lors de ses nombreux séjours en Asie. Mais ce Français de 46 ans, déjà condamné en 2005 pour des faits d’agressions sexuelles sur de jeunes adolescents en France, a été mis en examen en décembre pour des faits de viols et de corruption de mineurs, avant d’être placé en détention provisoire. Originaire de Douai (Nord), Philippe G., célibataire, sans emploi, est soupçonné d’avoir abusé de plusieurs enfants âgés de 7 à 13 ans, depuis 2013 et jusqu’au début de l’année 2015, au cours de multiples voyages sous couvert d’actions humanitaires dans des orphelinats au Népal et au Cambodge. Interpellé par les enquêteurs de l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) au domicile de sa mère, situé à Alès (Gard), Philippe G. a nié les faits reprochés. L’exploitation de son ordinateur a révélé la présence de plusieurs centaines de documents à caractère pornographique mettant en scène des mineurs. Selon nos informations, Philippe G., qui se rendait en Asie par l’intermédiaire de l’association Philmy Voyageurs solidaires — dont sa mère, âgée de 82 ans, est la présidente —, a été dénoncé à plusieurs reprises par d’autres humanitaires. Son comportement « suspect » — alors qu’il dormait dans les dortoirs en compagnie de plusieurs orphelins ou prenait des douches avec eux — avait fini par être signalé aux autorités locales. Une enquête a été ouverte à l’été 2014 après le rapport de l’association népalaise Saathi. Cet organisme, créé pour lutter se relatant sa condamnation en contre les violences faites aux fem- France sur la page Facebook de l’asmes et aux enfants au Népal, avait sociation Philmy Voyageurs solidaisuivi pendant plusieurs jours le sus- res, au mois de novembre 2014, a pect dans les rues de Katmandou au accentué les soupçons à son encontact de jeunes mendiants. « Des contre. En 2005, Philippe G. avait été photos de lui avec des enfants très condamné à trois ans de prison dont jeunes avaient été un an avec sursis, prises, confie une assortis d’une mise source proche de « Il louait des chambres à l’épreuve penl’affaire. Son com- d’hôtel dans lesquelles dant trois ans, portement, très pour des agresil logeait avec sept tactile, avait vite sions sexuelles ou huit enfants » attiré l’attention. Il commises sur des Une source proche de l’affaire louait des chamenfants, en 2001 bres d’hôtel dans lesquelles il logeait et 2002, alors qu’il était sous-direcavec sept ou huit enfants. Il était cen- teur d’une colonie de vacances en sé financer leurs études par le biais Saône-et-Loire. A l’époque, son idende parrainages venus du monde en- tité avait été enregistrée dans le Fitier. Mais, au regard de son passé ju- chier judiciaire automatisé des audiciaire, il n’aurait jamais dû se trou- teurs d’infractions sexuelles (Fijais) ver ainsi au contact de ces gamins… » et il devait communiquer son adresLa publication d’un article de pres- se deux fois par an à la justice. Informé par des proches qu’une procédure judiciaire avait été lancée contre lui, Philippe G. avait disparu dans la nature au mois de février 2015 alors qu’il se trouvait toujours au Cambodge. « Sa trace a été retrouvée aux Philippines quelques semaines plus tard, confie un enquêteur. Mais il n’utilisait plus ni sa carte bancaire ni son e-mail pour prendre des nouvelles de sa mère et de son frère. Ces derniers ont reconnu l’avoir aidé dans sa cavale en lui envoyant de l’argent. » Au cours de son audition, Uncle Philippe a notamment reconnu une « attirance sexuelle » pour « les jeunes garçons prépubères ou pubères ». Il a aussi expliqué consulter régulièrement un forum faisant « l’apologie de la pédophilie ». STÉPHANE SELLAMI CORRECTIONNELLE. Les deux sous-officiers ont été dénoncés par une ex-collègue de Joigny (Yonne) Des gendarmes jugés pour harcèlement sexuel ELLE A TOUJOURS VOULU être gendarme. Alors, à 18 ans, Marie* a quitté la Réunion pour débarquer seule en métropole. « Marie avait cette obsession de réussir et d’être gendarme pour que sa famille soit fière d’elle », résume un proche. Exaucé, son rêve s’est ensuite brisé à cause des agissements présumés de deux collègues gradés de la brigade territoriale (BT) de Joigny (Yonne) où elle avait été affectée en octobre 2012. Jugés pour harcèlement sexuel, cet adjudant et ce maréchal des logis-chef comparaissent aujourd’hui devant la 10e chambre correctionnelle à Paris. Poursuivis après une enquête préliminaire, étayée par l’inspec- tion générale de la gendarmerie na- commandant en novembre 2013, tionale, les prévenus, âgés de 38 et Marie l’impute à ces deux gradés de 37 ans, sont soupçonnés d’avoir im- la BT. « Les conditions d’exercice posé de façon répétée à leur collè- de ses fonctions se sont rapidement gue des propos ou des comporte- dégradées du fait de leurs sollicitaments à connotation sexuelle, en- tions quotidiennes et dégradantre octobre 2012 et tes », estime novembre 2013. M e Elodie MauPropos graveleux, « Au fil des mont, avocate de mois, Marie se dé- sollicitations dégradantes Marie. Selon le récomposait […] Je cit de celle-ci, et gémissements n’ai pas compris, l’adjudant se sur son passage ce n’était pas du montrait entretout sa nature. Elle ne voulait plus prenant, insistant et graveleux. « Il aller à Joigny […] Petit à petit, sa disait que les Réunionnaises flamme s’est éteinte, à l’usure », étaient des chaudasses, ajoutant rapportera son compagnon aux en- Allez, avoue toi aussi », témoignequêteurs. Cet état de détresse, jugé ra Marie. Sans compter les « gé« évident » et « sincère » par un missements » sans équivoque der- rière elle dans les escaliers ou cette proposition de « plan à trois » lors d’une patrouille de nuit. Marie assure avoir résisté, refusant les avances du sous-officier. « Il a alors commencé à être très méchant avec moi. Il m’a dit que, si je ne me sentais pas bien, il fallait que je parte. » Quant au maréchal des logis-chef, il est accusé d’avoir multiplié les propos salaces et explicites, du style « Quand est-ce qu’on b… ? » joignant parfois le geste à la parole en exhibant un bâton télescopique, par exemple. Mais s’opposer à deux supérieurs hiérarchiques, ce n’est pas simple. Marie était alors sous contrat et craignait pour sa carrière. Elle a fini par dénoncer les faits. « Ma cliente a beaucoup souffert de ces violences verbales et psychologiques, de ces humiliations. Elle a eu des arrêts de travail, et même des idées suicidaires », insiste Me Maumont, également conseil de l’Association de défense des droits des militaires (Adefdromil-droit des victimes). Marie, affectée depuis en région parisienne, assistera au procès. Décrit comme « un très bon enquêteur », l’adjudant a évoqué un « jeu réciproque ». L’autre prévenu a nié l’intégralité des accusations. Ils sont visés par une enquête disciplinaire. GEOFFROY TOMASOVITCH * Le prénom a été changé.