Pretoria accusée d`avoir couvert la fuite d`Omar el

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Pretoria accusée d`avoir couvert la fuite d`Omar el
Pretoria accusée d'avoir couvert la fuite d’Omar el-Béchir
Écrit par RFI
Lundi, 15 Juin 2015 22:39
Le président soudanais Omar el-Béchir, recherché pour génocide par la Cour pénale
internationale, a pu repartir lundi du sommet de l'Union africaine à Johannesburg sans être
inquiété. La justice sud-africaine lui avait pourtant interdit de quitter le pays.
L'ambiance était plutôt morose ce lundi après-midi à la Haute Cour de Pretoria. Malgré les
rumeurs insistantes annonçant le départ imminent du président soudanais, la Cour a poursuivi
son travail et elle a rendu son verdict : le juge a indiqué que le gouvernement sud-africain devait
tout mettre en œuvre pour arrêter et détenir Omar el-Bechir, en vertu du droit international et de
la Constitution sud-africaine.
C'est une décision de justice importante, mais qui ne sera donc pas suivi d'effet puisque le
président soudanais est déjà parti du pays. Pourtant, la justice sud-africaine lui avait bien
interdit dimanche de quitter le territoire tant que la Cour ne s'était pas prononcée.
Il y a donc eu de toute évidence entrave à la justice et le gouvernement sud-africain est pointé
du doigt ce lundi soir, accusé d'avoir organisé la fuite du président soudanais et d'avoir bafoué
une décision de justice. La Haute Cour de Pretoria a d'ailleurs demandé à ce que l'Etat
s'explique sur la fuite d'Omar el-Béchir et indique comment il a pu partir, par où, et quel officiel
l'a laissé passer exactement.
Déception face au comportement des autorités gouvernementales
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Pretoria accusée d'avoir couvert la fuite d’Omar el-Béchir
Écrit par RFI
Lundi, 15 Juin 2015 22:39
L’ONG sud-africaine SALC - à l’origine de la requête demandant l’arrestation d’Omar el-Béchir se dit satisfaite de l’action de la justice sud-africaine et déçue face aux attitudes des autorités
« Nous avons bien accueilli la position du tribunal car elle confirme que l'Afrique du Sud était
bien dans l'obligation d'arrêter Omar el Béchir pendant qu'il était dans le pays. Elle confirme
aussi que le fait qu'il ait été là, en tant que participant au sommet de l'Union africaine, ne doit
pas prévaloir l'application des lois nationales et internationales. C'est donc un jugement fort
qu'a rendu le tribunal et nous avons été très déçus d'apprendre que le président soudanais
avait quitté le pays », a déclaré, à RFI, Caroline James, avocate au sein de la SALC.
« Nous sommes donc très contents des décisions de justice mais vraiment déçus par l'aspect
politique du dossier et le comportement des autorités gouvernementales.
Il est difficile de comprendre ce qui a motivé leur décision jusqu'à ce que l’on sache vraiment
qui sont les officiels qui lui ont laissé quitter le pays. Nous espérons obtenir prochainement des
informations de la part des avocats de l'Etat puisque la Cour leur a ordonné de fournir une
déclaration, sous serment, sur ce point. Quand on saura quand il est parti, d'où il est parti et qui
a donné l'autorisation, nous pourrons préciser notre position vis-à-vis des officiels qui ont rendu
ce départ possible », a ajouté Caroline James.
« Le gouvernement sud-africain est complice »
Dave Steward, ancien directeur de cabinet de l'ancien président sud-africain, Frédérik De Klerk,
et directeur de sa fondation, condamne le fait que Béchir ait pu quitter l'Afrique du Sud. Selon
lui, le gouvernement sud-africain est complice.
« Malgré l'interdiction de quitter le territoire, énoncé par un tribunal sud-africain, le président
Béchir a pu quitter le pays et, j'en suis sûr, il l'a fait avec la complicité et même l'aide du
gouvernement sud-africain, ce qui illustre, et c'est très triste, l'incapacité de notre gouvernement
à respecter la règle de droit. Le gouvernement sud-africain dira alors, j'en suis sûr, « oui mais
nous avions nos engagements vis à vis de l'Union africaine et de toute façon, Béchir nous a pris
de court en quittant le pays », et il essaiera ainsi de mener tout le monde en bateau.
Malheureusement, c'est de plus fréquent en Afrique du Sud », a-t-il déclaré à RFI.
« Dans de nombreux domaines, notre gouvernement prend ses distances vis à vis de ses
obligations légales et nous sommes préoccupés de voir à quel point l'alliance au pouvoir
s'écarte de l'approche de Nelson Mandela. Durant son mandat, le président Mandela a
rigoureusement respecté la loi même lorsque que ça ne servait pas les intérêts de son parti,
l’ANC, mais malheureusement ce n'est plus du tout le cas de l’administration, en poste
aujourd’hui », a tenu à préciser Dave Steward, ancien directeur de cabinet de l'ancien président
sud-africain, Frédérik De Klerk.
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