Classe de maître avec le designer Karim Rashid
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Classe de maître avec le designer Karim Rashid
Classe de maître avec le designer Karim Rashid par Catherine Richer On aime ou on déteste Karim Rashid. Sa signature et sa personnalité exubérante ne laissent personne indifférent, comme on a pu le constater lors de son récent passage à l’événement J’aime, organisé par Index-Design. Karim Rashid, que vous pouvez facilement reconnaître, a été interviewé par Sylvie Berkowicz lors de son passage à l’événement J’aime. Pour certains, le designer d’origine égyptienne de 52 ans est une légende vivante. Une inspiration. Pour d’autres, il s’agit plutôt d’un personnage excentrique au style futuriste un peu trop flamboyant. Mais peu importe l’opinion qu’on a de lui, Karim Rashid reste incontestablement l’un des créateurs les plus prolifiques de sa génération. Il peut se vanter d’avoir déjà plus de 3 000 créations à son actif, de la conception de souliers jusqu’à la fabrication de montres, de bijoux, de meubles, de vêtements et même d’électroménagers. Son talent lui a permis de décrocher d’importants contrats dans quarante-sept pays et il cumule près de 300 prix en carrière. Qui plus est, ses œuvres figurent dans les collections permanentes de 20 musées dans le monde. Ouf! Impressionnant. D’entrée de jeu, le conférencier insiste sur son enfance passée au Canada, entre Toronto et Montréal. De ces deux villes, il retient le multiculturalisme, un des éléments fondateurs de la per60 SURFACE • octobre-novembre-décembre 2013 sonnalité excentrique du designer qu’il cherchera à retrouver tout au long de sa carrière. Ainsi, lorsqu’il sera temps d’ouvrir sa propre boîte de design, en 1991, il optera pour New York, dont le multiculturalisme lui rappelle les villes canadiennes de son enfance. D’ailleurs, il notera que les dix-sept employés de son bureau new-yorkais sont originaires de 16 pays différents! Design radical À l’écouter en conférence, on comprend que son succès repose à la fois sur sa grande rigueur et son besoin de repousser sans cesse ses propres limites dans son milieu professionnel si compétitif, mais probablement davantage sur sa vision parfois très radicale du design contemporain. « Une chose n’a pas besoin d’exister si elle ne nous procure pas une expérience. » Et encore : « Un designer qui crée les mêmes choses, ça n’a aucun intérêt. On doit avoir des centaines d’idées en même temps. » Pour Karim Rashid, donc, pas question de revisiter son passé de créateur. Mais plus encore que le fait de manquer d’audace, le designer nous met en garde contre ce qui, à son avis, constitue les deux plus grands écueils du design et du designer : la nostalgie et les archétypes. Et à observer son portfolio, on constate effectivement que Karim Rashid n’est pas un grand fan des décors vintage ou rétro, si prisés dans le design d’intérieur et industriel ces dernières années. Ses projets aux coloris acidulés et aux formes organiques nous plongent davantage dans des décors de science-fiction à la Steven Spielberg que dans un épisode de Mad Men. Comme s’il tentait de définir l’image du futur. À ce propos, il avoue être très attiré par les nouvelles technologies. « Les technologies nous donnent accès à un monde plus démocratique. L’humanité a 27 ans dans l’âge digital. Est-ce que le monde physique peut être aussi libre?» Par ses créations audacieuses, le designer cherche à créer quelque chose d’aussi fou que ce qu’on peut aujour-