Dissert Femme Collier de Velours

Transcription

Dissert Femme Collier de Velours
Clarisse Peter et Eloïse Magnenat
Angélisme et satanisme dans « La femme au collier de velours »,
D’Alexandre Dumas
« Il y a dans tout homme, à toute heure, deux postulations simultanées, l’une vers
Dieu, l’autre vers Satan. L’invocation à Dieu, ou spiritualité, est un désir de monter en grade ;
celle de Satan, ou animalité, est une joie de descendre » affirme Charles Baudelaire, un grand
poète romantique. Ces « postulations » vers Dieu et Satan, ou angélisme et satanisme, qui
sont, selon Baudelaire, présentes chez chaque homme, le sont particulièrement chez
Hoffmann, et plus généralement dans « La femme au collier de velours » d'Alexandre Dumas.
Nous allons donc analyser ces deux entités dans le livre, et plus précisément les aspects de
celui-ci que l'on peut rattacher à l'angélisme, puis ceux qui ont trait au satanisme, et enfin le
lien entre ceux-ci, le rapport entre Hoffmann et ces deux entités et enfin leur possible
dimension symbolique.
Nous allons tout d'abord analyser les différents aspects du livre ayant trait à
l'angélisme. Nous en avons relevé plusieurs: le champ lexical de l'angélisme, la ville de
Mannheim, Antonia et pour finir son médaillon.
Premièrement le champ lexical de l'angélisme est très présent, surtout au début du
livre. Les mots comme; "ange", "Dieu", "divin", "céleste", "Eglise", "pureté", "paradis",
"immortel", "musique des dieux" et d'autres encore sont beaucoup utilisés dans les premiers
chapitres.
Deuxièmement, la ville de Mannheim en 1973 est décrite par le biais de termes angéliques,
paradisiaques ou religieux. Cette ville est une des "ravissantes cités", comparables aux "grains
d'un chapelet" qui bordent le Rhin, elle est "rêveuse", "calme", possède des "rues larges et
belles" et des "maisons honnêtement alignées"(page 7).
Le personnage d'Antonia, ensuite, est indéniablement angélique. Celle-ci est en effet
constamment comparée à un ange ou à la Vierge Marie. Page 36, par exemple, elle est
nommée "belle et poétique vierge des cantiques divins". Ailleurs, Hoffmann lui dit, à la page
39:"Antonia vous êtes un ange", ou à la page 31, il ne sait pas "si c'était une femme qui venait
à lui ou un ange qui lui apparaissait". Enfin Gottlieb Murr dit à propos d'Antonia, page 36,
"c'était sainte Cécile, c'était la Vierge Marie, c'était un ange des cieux; l'essence divine
l'emportait tellement en elle sur la matière terrestre".
Antonia est par ailleurs liée à l'Eglise puisqu'Hoffman l'aperçoit pour la première fois
lorsqu'elle s'y rend, et que le serment d'Hoffmann est fait pendant la messe. Elle peut aussi
être considérée comme angélique car il n'existe pas de désir charnel antre elle et Hoffmann.
La première fois qu'elle parle à Hoffmann, page 31, elle lui dit "bonjour frère" avec "un
accent de chaste familiarité". Elle est "trop pure, trop chaste, trop confiante (...) pour
commettre une faute" (page 36). Antonia est donc éthérée, "immatérielle"(page 36) et
purement angélique.
Finalement, le médaillon qu'Antonia donne à Hoffmann lors du serment peut être
considéré comme un objet angélique, tout d'abord parce qu'il est le lien entre Hoffmann et
Antonia quand celui-ci est à Paris; et que celui-ci utilise le médaillon, et à travers lui l'image
d'Antonia, pour se protéger, se battre contre les diverses tentations diaboliques auxquelles il
est exposé. Hoffmann le dit lui-même à la page 77: "d'ailleurs cette tentation, il l'avait
combattue de toutes manières, en ayant recours à son médaillon d'abord". D'autre part, le
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médaillon suit l'histoire d'Antonia, il paraît posséder la capacité de se transformer petit à petit,
au fil des trahisons, des parjures d'Hoffmann envers Antonia. Après la première représentation
à l'opéra, par exemple, le portrait d'Antonia prend "un visage si triste" (page 77), quand
Hoffmann a vu Arsène, et a la fin du livre, quand Hoffmann, deux fois parjure, récupère le
médaillon "l'ivoire en était redevenu aussi blanc et aussi pur que s'il n'était vierge encore du
pinceau de l'artiste" (page 129). Hoffmann a tué l'image d'Antonia en même temps que celleci.
Nous allons maintenant étudier les aspects du livre en lien avec le satanisme, que sont
le champ lexical du satanisme, la ville de Paris, Arsène, le docteur, divers objets possédant un
pouvoir étrange, la force surnaturelle exercée sur Hoffmann, le jeu et enfin le violon.
Tout d'abord le champ lexical du satanisme est encore plus présent que celui de
l'angélisme, surtout lorsqu'Hoffmann est à Paris. L'auteur utilise alors fréquemment des mots
comme "diable", "Satan", "démon tentateur", "noir", "ombres", "spectres", "furies", "feu",
"enfer", "terreur", et d'autres encore.
Puis la ville de Paris est décrite, en opposition avec l'angélisme de Mannheim, comme
une ville diabolique. La terreur y règne ainsi que la guillotine, décrite par l'auteur comme "une
hideuse machine, dont le vent de la nuit séchant la bouche humide de sang et qui dormait en
attendant sa file quotidienne". (Page 113) D'autre part, il y fait presque toujours sombre et
froid. Quand Hoffmann arrive, par exemple le temps est "gris, rude, mêlé de brume et de
verglas" (page 45). Ailleurs, l'auteur décrit "décembre et les vents de bise, (...) la neige et cette
mort passagère de toute la nature"(page 49), quand Hoffmann arrive rue Enfer, où il loge dans
une hôtellerie dont le fanal se balance "au bout d'une potence en fer, fort propre, en ces temps
d'émeute, à suspendre un ennemi politique" (page 50). A Paris enfin, les rues sont "mornes"
les arbres "décharnés" et ils "tremblent au vent de la nuit comme des malades en délire qui
ont quitté leurs lit et dont la fièvre agite les membres amaigris". (Page 112).
Le personnage d'Arsène, ensuite, est au contraire d'Antonia la figure même du démon.
Premièrement elle est décrite comme une "couleuvre", "son pied reposait sur un nuage", elle a
"des lèvres de pourpre" et "des cheveux noirs et luisants avec des reflets bleus". Ses yeux
sont "grands, limpides, noirs, brillants, à ce point qu’ils éclairaient tout autour d’eux, et
qu’eût-elle dansé dans la nuit, Arsène eût illuminé la place où elle eût dansé." (Page 69).
Arsène est loin de posséder une beauté ordinaire, elle a la beauté du diable.
Deuxièmement, elle n'est pas tout à fait humaine elle a une "apparence fantastique" (page 71),
Hoffmann la nomme "son démon tentateur"(page 74), et même, à la page 121 « apparition de
l’Enfer ». Par ailleurs, elle est attirée par l'argent uniquement. Hoffmann joue pour conquérir
"ce beau corps qui s’était dévoilé devant lui, et qui, resté de marbre devant son amour,
s’animerait devant la richesse, comme la statue de Prométhée quand il eut trouvé son âme
véritable". (Page 111). Plus tard l'auteur dit: "cette femme, dont l’or avait été la vie, sembla
reprendre vie au contact de l'or" (page 118). Arsène est tellement cupide qu'elle en est presque
inhumaine, l’argent est son âme véritable et elle vit, s’anime grâce à lui.
Troisièmement, au contraire d'Antonia, Arsène représente le désir charnel pour Hoffmann, il a
pour elle un "sentiment tout physique, tout attractif, et dans lequel le cœur n’était pour rien"
(page 95). Et finalement, Arsène semble posséder des pouvoirs magiques. A la fin du livre,
par exemple, elle s'anime du vin que boit Hoffmann, éteint de son pied un tison, change de
vêtements et exerce sur Hoffmann "une attraction irrésistible" (page 121).
Le docteur, ensuite, est lui aussi un personnage diabolique. Quand Hoffmann le
rencontre pour la première fois, il est habillé en noir et blanc, et il est décrit comme on
décrirait un mort: "Un œil froid comme du verre, presque toujours fixe, et qu’on croirait
d’autant plus volontiers inanimé qu’on chercherait vainement en eux le point lumineux que
Dieu a mis dans l’œil comme une étincelle de foyer de la vie. Ces yeux sont bleus comme le
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saphir, sans douceur, sans dureté" (page 62). Il n'a pas d'âge, et l'auteur dit même: " Il était
probable qu'en touchant sa peau on eût éprouvé la même sensation de froid qu’en touchant la
peau d’un serpent ou d’un mort" (page 63). Plus loin, il rit de la mort d'un vieillard, et est
intéressé par l'argent. Il lui aussi vénal et insensible.
Le docteur est d'autre part très lié à Arsène, ce qu’Hoffmann dit à la page 78 : « Il y avait
entre ces deux êtres une telle corrélation, qu'Hoffmann ne comprenait pas l'un sans l'autre».
Le docteur est souvent présent quand Arsène l'est, et quand Hoffmann veut trouver Arsène, il
cherche tout d'abord le docteur. Celui-ci est donc presque le double masculin d'Arsène.
Enfin, le docteur apparaît et disparaît de façon mystérieuse, par exemple quand il conduit
Hoffmann à Arsène pour qu'il fasse le portrait de celle-ci, à la page 90, Hoffmann de retourne
et soudainement « Le docteur avait disparu » ou à la fin du livre, quand Hoffmann se réveille
et découvre Arsène inanimée, il crie au secours, sort et «Un petit homme noir montait
justement à la même minute l'escalier que descendait Hoffman. Il leva la tête : Hoffman jeta
un cri. Il venait de reconnaître le médecin de l'opéra » (page122). Le docteur apparaît et
disparaît soudainement presque miraculeusement.
Ensuite, il y a dans ce livre plusieurs objets qui possèdent, du moins aux yeux
d'Hoffmann, un pouvoir magique, diabolique. Ils sont presque tout liés au docteur et à Arsène.
Tout d'abord : la lorgnette du docteur. L'auteur dit, page 66 : « la personne sur qui elle se
fixait tressaillait instantanément et tournait aussitôt les yeux vers celui qui la lorgnait, et cela
comme si elle eût été contrainte par une force invisible ». Cette lorgnette, possède un pouvoir
étrange, une attraction maléfique. Le docteur possède aussi un fiacre, entièrement noir, quia
l’air magique, ne vient ni ne stationne nulle part et qu'Hoffmann compare avec le char de
Cendrillon, à la page 88. Par ailleurs, les autres objets, qui peuvent êtres considérés comme
sataniques, car ils possèdent une sorte de pouvoir maléfique, ne possèdent pas vraiment de
capacité surnaturelle par eux mêmes, mais émettent des rayons étranges, qui les relient ou
exercent une attraction irrésistible. Par exemple, l'agrafe du collier d'Arsène et la tabatière du
docteur semblent posséder ce pouvoir lors de la première soirée à l'opéra. L'auteur dit aux
pages 69-70: «Hoffmann voyait très distinctement les rayons que jetait la boucle du collier
d'Arsène et ceux que jetait la tête de mort du docteur se rencontrer à moitié chemin dans une
ligne droite, se heurter, se repousser et rejaillir en une même gerbe faite de milliers
d'étincelles blanches, rouge et or ». Ou encore les rayons des louis d'or gagnés au jeu par
Hoffmann et les rayons des yeux d'Arsène se croisent, ce qui provoque en partie la «
résurrection » d'Arsène. « Ses yeux vitreux, s'éclaircissant, lançaient des rayons qui se
croisaient avec ceux de l'or » (page 118). Pour finir, ces divers objets utilisés en grande partie
par des personnes considérées comme sataniques, servent leurs intentions ou se lient, émettent
des rayons qui se croisent avec ceux d'autres objets diaboliques.
Un autre élément satanique est l'attraction exercée à plusieurs reprises sur Hoffmann.
Cette « attraction irrésistible » (page 121) l'entraine toujours vers quelque chose de
diabolique, que se soit Arène ou le jeu. Par exemple, page 113, Hoffmann marche vers la
guillotine, et vers Arsène, « comme attiré par une force maléfique». Ailleurs, quand
Hoffmann hésite à se rendre à l'Opéra pour la deuxième fois il est « enlevé comme malgré lui
» et trouve le chemin de l'Opéra « comme si un guide invisible lui eût montré la route » (page
77).
Le jeu, ensuite, est décrit dans ce livre comme une passion maléfique, une invention
de Satan. Le jeu, à Paris, est tout d’abord lié à Arsène puisqu’Hoffmann joue pour la
conquérir. Ensuite, la description du Palais-Royal et du jeu est faite en utilisant des termes
diaboliques. L'auteur dit à la page 101: « Le Palais-Royal rayonnait, lui, comme le dieu du
mal ». Les prostituées y sont des « créatures », des « hideuses majestés du vice » et
finalement : «Si l'enfer à un numéro, ce doit être le n° 113 » (page 102).
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Enfin, la passion du jeu est une passion diabolique : « ce qui fait la passion du jeu plus forte
que toutes les autres, c’est que ne pouvant jamais être assouvie, elle ne peut jamais être
lassée », « Elle tue, mais ne fatigue pas » (page 102). C'est une passion mortelle, maléfique.
Et enfin le dernier élément qui fait partie des aspects sataniques du livre est le violon.
Maître Gottlieb dit à Hoffmann à propos du violon : « le violon ! Mais c’est le plus difficile de
tous les instruments. Le violon à été inventé par Satan lui-même pour damner l'homme, quand
Satan a perdu plus d'âmes qu'avec les sept pêchés capitaux réunis. » (Page 23) et plus loin :
«tu ne seras pas le dernier que le violon aura perdu; violon, tentateur éternel ! » (Page 24).
Hoffman joue déjà d'un instrument diabolique à Mannheim, ville angélique, avant même de
visiter Paris et de rencontrer Arsène.
Après avoir traité séparément des aspects angéliques et sataniques du livre, nous allons
observer leur lien, leur rapport avec Hoffmann et leur dimension symbolique.
Nous pouvons premièrement remarquer qu'il existe un lien constant entre les deux, que
l’on remarque essentiellement grâce aux nombreuses antithèses rapprochant des termes
angéliques et sataniques, comme par exemple, à la page 72 : «un mélange de fleurs et sang, de
danse et d'agonie, de vie et de mort » ou ailleurs : « la tête railleuse d'Arsène et le visage
triste d'Antonia » (page 106). Les antithèses se trouvent aussi parfois dans la situation ou les
actes d'Hoffmann, par exemple, quand, pour loger au « quai aux Fleurs », celui-ci doit passer
par la « rue d’Enfer » (page 48), ou autre part lorsqu'Hoffmann joue le médaillon d'Antonia.
L'angélisme et le satanisme sont tellement liés qu'ils se mélangent parfois. Le satanisme est
présent dans l'angélisme et réciproquement. Mannheim, tout d'abord, ville décrite comme
angélique en 1973 est diabolique à l'époque de l'auteur, qui dit : « Mannheim, au milieu du
pétillement de la fusillade, a secoué, les cheveux de la robe teinte de sang, l'étendard de la
rébellion contre son grand duc » (page 7), Mannheim est donc à la fois diabolique et
angélique. Le jeu n'est pas non plus uniquement lié à Satan. Hoffman joue aussi à Mannheim
et cette fois il n'est pas pris d'une passion diabolique, il joue peu, donne la plus grande part de
son argent aux pauvres et à Werner, et ne garde que ce qui lui est nécessaire. Finalement, le
docteur, qui semble être un personnage purement satanique, est en fin de compte celui qui
sauve Hoffmann en le faisant passer pour un fou à la fin de l'histoire. L’angélisme et le
satanisme ne sont donc pas toujours deux entités distinctes et séparées. Blaise Pascal dit à ce
propos : « l'homme n'est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la
bête. », et cette citation s’applique parfaitement au livre et à Hoffman qui n’est ni totalement
angélique et satanique, mais les deux à la fois.
Nous pouvons aussi remarquer que « La femme au collier de velours » décrit le
passage d’Hoffmann de l’un à l’autre. Hoffmann est en effet d’abord attiré par l’angélisme à
Mannheim, principalement en la personne d’Antonia, puis il est tenté par le satanisme, est
attiré par Paris, par Arsène et par tous les autres personnages, passions ou objets du diable. On
le remarque par les différentes victoires qu’emporte le côté diabolique d’Hoffmann sur son
côté angélique, lorsqu’il passe progressivement de l’un à l’autre, par exemple à la page 74,
Hoffmann hésite mais finalement « ressent de l’indulgence à l’endroit d’Arsène »et, oubliant
son serment, va l’attendre à la sortie de l’Opéra. Ou encore, quand il joue le médaillon, il voit
« la tête railleuse d’Arsène et le visage triste d’Antonia » (page106). Arsène l’emporte sur
Antonia, comme le démon sur l’ange. Mais à la fin du livre, Hoffmann ne reste pas sous
l’emprise du satanisme, il dépasse cette tentation aussi bien qu’il avait dépassé la première,
cette fois avec l’aide du docteur, qui n’est pas un personnage purement maléfique. En visitant
Mannheim et Paris, en rencontrant Antonia et Arsène, Hoffmann a fait l’expérience des deux
tentations qui leur correspondent, a rectifié sa vision de la femme mais surtout celles de l’ange
et du démon, a explorés ses zones d’ombres et est en quittant Paris un homme plus complet.
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Finalement, le satanisme et l’angélisme, ces deux tentations du bien et du mal dont
Hoffmann fait l’expérience, sont une vision symbolique des deux parts, des deux aspirations
de l’homme. Chaque homme, en effet, surtout chez les romantiques, possède un côté clair et
un côté obscur, chaque homme « postule » simultanément vers Dieu et vers Satan. Antonia et
Arsène symbolisent l’ange et le démon, et Hoffmann est tenté par l’une et par l’autre, il aspire
vers l’ange et le démon. L’histoire d’Hoffmann, et surtout les deux femmes qu’il rencontre,
peuvent donc être perçues dans une dimension symbolique comme les deux postulations de
Baudelaire, et « La femme au collier de velours » illustre à merveille cette citation.
Pour conclure, l’angélisme et le satanisme occupent une place primordiale dans « La
femme au collier de velours », et la plupart des éléments du livre y sont reliés. Les aspects
angéliques du livre sont essentiellement liés à Mannheim et à Antonia, et les aspects
diaboliques, à Paris et Arsène. Ensuite, ces deux entités contradictoires semblent très
distinctes mais en réalité elles se mélangent sans cesse, certains éléments qui appartiennent à
l'une possèdent parfois des caractéristiques de l'autre. Hoffmann fait une sorte de voyage
initiatique dans ce livre, en côtoyant d'abord Antonia à Mannheim, puis Arsène et les autres
personnages ou objets liés au diable à Paris. Il est tenté par l'angélisme puis par le satanisme,
expérimente ces deux entités contraires et en sort changé, ou du moins plus complet qu'au
début du livre. Finalement, l'angélisme et le satanisme sont une façon symbolique d'exprimer
les deux parts de l'homme romantique, dont Hoffmann est un parfait exemple. Et Hoffmann,
comme tout homme, postule vers Dieu et Satan, vers la spiritualité et l’animalité, ou instinct,
et possède, comme l’affirme Baudelaire, « le désir de monter en grade » et « la joie de
descendre »
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