Catégorie I : Cinquième et sixième primaires La jupe marron D

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Catégorie I : Cinquième et sixième primaires La jupe marron D
Catégorie I : Cinquième et sixième primaires
La jupe marron
D’après Françoise Houdart
« Tu signais Ernst K. »
Ed. Luce Wilkin, 2005
L’auteur et le livre
Cette romancière du Borinage née en 1948 signait, en 2005, son dixième
ouvrage. Le récit a pour base l’authentique carnet de croquis d’un soldat
allemand de la guerre 14-18. F. Houdart parvint à retrouver, en
Allemagne, la famille de celui qui signait ses dessins Ernst K. Sur ces
maigres renseignements et quelques témoignages et dans une langue
magnifique, l’auteur imagine une histoire attachante décrivant, en
parallèle, les souffrances des civils en Belgique occupée, le sort
identique des civils dans l’Allemagne en guerre et les recherches qu’elle
mène pour retrouver la trace de Ernst K. (Ernst Kröger)
Situons le texte
La guerre 14-18 s’éternise. La pénurie s’aggrave. Les biens essentiels se
font rares. Il faut tirer parti du peu que l’on possède encore comme le
font les parents de Laura.
Texte
- Tu fais quoi, Maman ?
- Une jupe pour toi, Laura … C’est terminé, tu vas l’essayer tout de suite,
elle va te tenir chaud cet hiver.
La fillette avait enfilé l’épaisse jupe coupée dans une couverture de laine
puis, avait grimpé sur une chaise pour que l’on puisse juger de l’effet.
- Surtout, ne bouge pas, insistait la mère, je crois que ça ira, …comment
te trouves-tu ?
- Je n’aime pas, avait osé dire l’enfant, ce n’est pas beau.
Le père l’avait rassurée :
- Tu verras, Laura, comme tu feras des envieuses, elles en voudront
toutes, les autres, d’une jupe comme la tienne.
Ici s’arrête la dictée pour les élèves de cinquième, ceux de
sixième continuent.
Mais le premier jour où elle avait revêtu la lourde jupe-couverture
marron, la petite était revenue en larmes de l’école. Contrairement aux
arguments que son père lui avait fournis, la jupe n’avait provoqué nulle
envie. Des billets pliés en quatre, pleins de cruelles moqueries, avaient
même atterri sur le banc de la petite fille.
Le père avait haussé les épaules :
- Des jalouses, Laura, je te l’avais dit.
- Ce n’est pas vrai, Papa, qui serait jaloux de vêtements pareils ?
La fillette sanglotait, les larmes tombaient sur les billets qu’elle tenait
ouverts sur ses genoux et transformaient l’encre des lettres en petits
pâtés informes.
Mots difficiles (définitions données oralement)
• atrabilaire, adj. et n., caractère très colérique.
• callosité, n.f., épaississement, durcissement de la peau dus à des
frottements répétés.
• dessaler, v.t., débarrasser de son sel.
• dindonneau, n.m., petit du dindon.
• goguenard, adj., qui se moque ouvertement de quelqu’un d’autre.
• hideux, adj., qui est d’une laideur repoussante.
• interpeller, v.t., adresser vivement la parole à quelqu’un pour lui
demander quelque chose.
• terrassier, n.m., ouvrier employé au terrassement.
• vallonnement, n.m., paysage présentant une succession de vallons
(de creux) et de buttes (petites collines).
• vitrophanie, n.f., étiquette autocollante qui s’applique sur une vitre et
qui peut être lue par transparence.
Catégorie II : Premier et deuxième degrés du secondaire
Retour au pays
D’après Conrad Detrez
« L’Herbe à brûler »
Ed. Calmann-Levy, 1978
L’auteur
Conrad Detrez est né en province de Liège en 1937. Il meurt en 1985.
D’abord attiré par la prêtrise, il abandonne ce projet pour aller enseigner
le français en Amérique latine. Bien vite, il se mêle aux luttes
révolutionnaires au Brésil et ailleurs. Il voulait contribuer à abattre toutes
les dictatures et à éradiquer toutes les injustices, bref, à changer le
monde. Cruellement déçu par l’échec de ses idées, il raconte sa vie et ses
combats dans des livres autobiographiques, dont « L’Herbe à brûler » (
prix Renaudot en 1978).
Situons le texte
Plein d’amertume et de tristesse, Conrad Detrez revient au pays natal
après une très longue absence. Sa mère est décédée et sa maison est en
ruines.
Texte
Le train traversait des champs de betteraves. Il faisait encore clair quand
je suis arrivé. Les bâtiments de la gare avaient été repeints et, dans les
bacs que l’on avait installés sur le quai, poussaient des plantes flétries par
les gaz que crachaient les locomotives. Pour le reste, rien n’avait changé.
Le Café des Colombophiles arborait toujours, accrochés au-dessus de
l’entrée, deux pigeons de plâtre badigeonnés de bleu ciel. La confiserie
offrait encore des bocaux pleins de bonbons multicolores. Les marronniers
de la rue étaient là, aussi ronds et feuillus que jadis. Au bout de cette rue
se dressait le pensionnat où j’avais vécu pendant six années et où j’avais
lu et étudié mille livres épais comme des dictionnaires
Ici s’arrête la dictée pour les élèves du premier degré, les autres
continuent.
Je suis passé devant l’école, devant la rangée de hauts peupliers, les deux
cours de récréation. Ce cadre de mon adolescence réveillait en moi des
souvenirs mêlés, tristes et beaux mais aussi assez pitoyables. Je ne me
suis pas attardé. J’ai continué à marcher à travers les champs, sur ces
chemins mal empierrés que ma mère et le curé de la paroisse avaient
empruntés il y a dix-huit ans lorsque, montés sur leurs bicyclettes, ils
étaient venus me présenter au directeur de l’internat ; ce jour-là comme
aujourd’hui tombait un crachin tiède. Le village m’est apparu sous la
même pluie fine. Le ciel s’assombrissait déjà et les habitants s’étaient
confinés chez eux. Je crois que personne ne m’a vu rentrer, peut-être
l’une ou l’autre vieille femme car, quelle que soit l’heure, il y en a
toujours une cachée derrière les rideaux.
Mots difficiles (définitions données oralement)
• cyclothymie, n.f., alternance de phases d’euphorie
et de dépression chez une personne.
• se dandiner, v.pr. ,balancer latéralement son corps.
• dissemblance ,n.f. ,absence de ressemblance.
• garrotter ,v.tr. ,lier quelqu’un étroitement et
fortement.
• hypoténuse ,n.f., côté opposé à l’angle droit d’un
triangle rectangle.
• métonymie, n.f., procédé de style consistant à
désigner une notion par un terme lié à cette notion
par une relation logique (ex.: boire un verre)
• pérenne, adj., se dit de ce qui dure longtemps ou
depuis longtemps.
• ratiocination, n.f., abus de raisonnement,
raisonnement trop subtil, argutie.
• térébenthine, n.f., essence fournie par distillation,
utilisée pour fabriquer des vernis, délayer des
couleurs.
• thésauriser, v.tr., mettre de l’argent de côté, sans le
dépenser ni le faire fructifier.
Catégorie III : Troisième degré du secondaire
Rivalités
D’après Henri Bauchau
« La Déchirure »
Ed. Gallimard, 1966
L’auteur
Henri Bauchau est né à Malines en 1913. Ses fonctions furent multiples :
juriste, journaliste, directeur d’école, écrivain, etc., mais c’est surtout la
psychanalyse qui le passionna par-dessus tout, il la pratiqua dans un
hôpital pour enfants en difficulté et en imprégna ses nombreux ouvrages
littéraires. En 1990, il fut élu à l’Académie Royale de langue et de
littérature françaises de Belgique. Son dernier roman, « Le Boulevard
périphérique » est paru l’an dernier aux Ed. Actes Sud. Henri Bauchau
avait alors nonante-cinq ans !
Situons le texte
La mère du narrateur est mourante. Pendant de longues heures à son
chevet, il se remémorera son passé et réfléchira au sens de sa vie. Ici, il
revoit le temps lointain où sa famille et lui furent hébergés par un oncle,
leur maison ayant été incendiée.
Texte
Les enfants de Tante Claire avaient sur nous une supériorité indiscutable :
deux grands coffres que leur mère avait remisés au grenier, mais qui
étaient pleins de vêtements chinois avec lesquels, à certaines fêtes, ils
pouvaient se déguiser. Alors, sous les masques grimaçants, avec leurs
traînes, leurs chapeaux extravagants, ils se déchaînaient de façon
éblouissante, ils devenaient des personnages de féerie dans lesquels nous
n’osions plus reconnaître nos cousins des jours ordinaires.
Ces déguisements leur donnaient une grâce et une gaieté folle dont ils
nous avaient exclus : ils nous tenaient à l’écart et jamais ne nous
proposaient de participer à leurs jeux. Ils pensaient ainsi affirmer
l’importance plus grande de leur branche familiale.
A cette supériorité, nous ne pouvions opposer que les merveilleuses
histoires auxquelles, depuis longtemps, nous avait habitués notre papa.
Les cousins affectaient de s’en moquer mais nous savions bien qu’ils
brûlaient d’envie de les entendre.
C’était nous, cette fois, qui ne les invitions pas et qui protégions
prudemment notre trésor secret en le gardant entre nous.
Mots difficiles (définitions données oralement)
• épicène, adj., se dit d’un nom qui désigne indifféremment le mâle et
la femelle d’une espèce (ex : aigle, souris).
• haplologie, n.f., phénomène qui consiste à ne prononcer qu’une fois
deux lettres ou groupes de lettres identiques qui se suivent (on
fait une haplologie lorsqu’on prononce « coopérative », comme
s’il n’y avait qu’un seul « o »).
• immixtion, n.f., action de s’immiscer dans les affaires d’autrui.
• maroquin, n.m., peau de chèvre tannée, servant à la fabrication de
reliures, de sacs, etc ; par extension, portefeuille ministériel.
• naevus, n.m., tache ou lésion de la peau, grain de beauté.
• pattemouille, n.f., linge mouillé que l’on utilise pour repasser du
linge.
• philtre, n.m., breuvage magique propre à inspirer l’amour.
• ramollissement, n.m., fait de se ramollir, d’être ramolli.
• schizophrénie, n.f., psychose caractérisée par la désagrégation de la
personnalité.
• trufficulture, n.f., culture de la truffe (champignon comestible
souterrain).