RACINES200 - oct09

Magazine Racines, le temps de vivre près de chez vous
Par Antoine Gazeau
Des huiles, toujours
plus essentielles !
Soucis musculaires, bouffées de chaleur, problèmes de sommeil
ou bobos courants : les huiles essentielles soignent tout ou presque.
Très en vogue, elles doivent pourtant être utilisées avec précaution.
Comme des médicaments.
a cliente souffre de
migraines. Elle cherche “une
bonne huile essentielle”.
Devant les étalages de la Pharmacie verte, à Nantes, Estelle Grasset saura la soulager : basilic
tropical (Ocimum basilicum),
lavande aspic ou fine, camomille
romaine (Chamaemelum nobile),
menthe champêtre… la liste est
longue des extraits de plantes
recommandés en cas de maux de
tête. Et la pharmacienne la connaît
par cœur : des huiles essentielles,
elle en vend presque tous les
jours… “Cet automne, je vais écouler les stocks d’eucalyptus radié,
pronostique-t-elle. Contre les bronchites, rhumes ou états grippaux,
c’est idéal.”
Issue des composés aroma-
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tiques volatils d’une plante, l’huile
essentielle est obtenue par distillation ou extraction chimique par
solvants. Le processus donne ce
liquide concentré, insoluble dans
l’eau, dont les petits flacons
magiques ont incontestablement
le vent en poupe depuis plusieurs
années, “surtout chez les quadragénaires, mais aussi chez les personnes âgées”, précise Estelle
Grasset. Leurs parfums inspirent
confiance. “De façon générale, on
assiste aussi à un désir de retour
à la nature, note Linda Rigaudeau,
à la Boutique du naturopathe,
dans le même quartier nantais.
Mais si les huiles essentielles se
vendent de plus en plus, c’est surtout qu’elles ont prouvé leur efficacité.”
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Magazine Racines, le temps de vivre près de chez vous
Dans sa boutique s’épanouissent
des effluves de cédrat et de vanille.
Des vertus des huiles, elle ne doute
pas. Leurs substances pénètrent dans
l’organisme et atteignent les foyers
à traiter grâce à la circulation sanguine…
Résultat : la sauge, le cyprès ou
la menthe poivrée atténuent les bouffées de chaleur ; les vertus anti-infectieuses ou antifongiques du tea-tree
(melaleuca) sont attestées, comme
celles apaisantes de l’hélichrysum
pour les hématomes ; et pour soulager l’arthrose, rien de tel qu’un
petit massage des pieds à base
d’huile essentielle de gautheria (wintergreen)…
Parfois allergisantes
Un petit flacon de lavande vraie
(lavandula vera) justifie par ailleurs
toujours sa place dans l’armoire à
pharmacie : comme la mandarine
ou l’orange, la solution calme le
système nerveux, remédie au sommeil agité. La lavande aspic est
aussi idéale pour soulager les
piqûres de moustiques, par exemple.
Soit. Mais la démocratisation des
huiles essentielles n’autorise pas
plus aujourd’hui qu’hier à prendre
leur usage à la légère. “Ce ne sont
pas des compléments alimentaires,
prévient Linda Rigaudeau. La plupart ne se prennent pas pures : il
faut les diluer.” Certaines huiles sont
très allergisantes, comme pourraient
l’être des plantes. D’autres sont dermocaustiques, c’est-à-dire qu’elles
peuvent entraîner des brûlures de
la peau : c’est le cas, par exemple,
de la cannelle, du clou de girofle
ou de l’origan. Quitte même à doublonner les sources, “il faut systématiquement se faire conseiller par
un pharmacien, un naturopathe ou
un aromathérapeute”, préconise
Estelle Grasset. Les acheter sur les
marchés ou sur Internet ? “À vos
P our aller plus loin
Pour approfondir vos connaissances sur les huiles essentielles,
n'hésitez pas à consulter les ouvrages suivants :
- L’Aromathérapie exactement, de Pierre Franchomme aux éditions Roger-Jollais. Un livre très complet, notamment sur la posologie de chaque huile.
- L'Aromathérapie : traitement des maladies par les essences de plantes, chez
Robert-Laffont du docteur Jean Valnet. La référence de tous les amateurs d’huiles
essentielles. Il existe en livre de poche.
- Découvrir l’aromathérapie, de Cathy Hopkins chez Marabout. Un ouvrage
très pratique.
- Les bienfaits des huiles essentielles, de Franck Pinay-Rabaroust aux éditions
Nouvel angle. En format poche et très facile d’utilisation.
risques et périls.” Les huiles peuvent y être coupées avec d’autres
substances, adultérées ou rectifiées…
Les huiles essentielles sont des
médicaments. Certaines ne peuvent
être prescrites que par un médecin,
comme la sauge officinale ou le
thuya occidentalis. D’autres peuvent
se révéler toxiques pour le foie, ou
agiter anormalement le système nerveux. Dans tous les cas, toutes doivent être prises régulièrement et en
doses restreintes : “Pas plus de six
gouttes par jour, indique Estelle Grass e t , même pour un mélange.”
L’étiquette importe également : elle
doit au moins indiquer le nom en
latin et en français, la partie de la
plante utilisée, les molécules actives
et la garantie que l’huile est 100 %
pure et naturelle. Ces précisions sont
importantes : on prépare rarement
une omelette aux champignons sans
savoir s’ils sont vénéneux…
Concernant les types d’usage, il
existe enfin autant de règles que
d’huiles. Dans le bain, en inhalation,
voire “en suppositoire, une forme très
efficace” selon Estelle Grasset :
l’usage dépend souvent plus des
humeurs que des produits. “Si on
préfère avaler ses gouttes, il faut bien
sûr éviter l’eau” (puisqu’elles sont
insolubles), précise la pharmacienne.
Elle conseille quelques supports : le
miel, un morceau de sucre ou de
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pain, un comprimé neutre… La liste
est du même acabit pour les huiles
végétales à utiliser pour les massages. Il s’agit de les choisir de
bonne qualité : à l’amande douce,
aux noyaux d’abricot, à la noisette,
au jojoba, à l’huile d’onagre ou
d’argan, celles-ci ont souvent la
faveur des spécialistes. Leurs prix
varient, comme ceux des huiles
essentielles, du reste : de 5 € les
10 ml à 50 € le ml, pour la rose,
par exemple. La santé a un coût.
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