La Davière et la Chapelle Notre-Dame de Haute

Transcription

La Davière et la Chapelle Notre-Dame de Haute
La Davière
et la
Chapelle Notre-Dame de Haute-Foy
(Saint-Paul-du-Bois)
A Saint-Paul-du-Bois, la Davière se trouve à proximité de l’une des sources du Layon (Réf. Célestin Port). Cet endroit
porte également le nom de Puy-d’Esvière, mot de la même famille que ève qui était utilisé autrefois pour
désigner la rivière (cf. Èvre), mot dérivé du latin aqua, eau, à l’origine du mot évier. Au Puy-d’Esvière (la colline
de l’eau) coule la fontaine des fées.
On y raconte la légende du changelin, un lutin substitué par les fées au petit enfant des fermiers de la Davière.
Les fées finirent par quitter les lieux sans avoir jeté un sort maléfique sur la source.
Laissons *Pierre-Louis Augereau nous conter cette étrange légende :
« De mémoire de farfadet, on n’a jamais vu une fée enceinte. Et pour cause : les fées ont tous les pouvoirs sauf
celui de se reproduire. Alors, si certaines d’entre elles se penchent sur les berceaux des nourrissons, ce n’est
pas pour exaucer les vœux de leurs parents d’un coup de baguette magique. Car parfois avec la complicité des
nains, elles kidnappent les bébés qu’elles remplacement par des changelins.
C’est ce qui se produisit jadis à la Davière de Saint-Paul-du-Bois, juste à coté de la « fontaine des fées », là où
le Layon prend une de ses sources. Les lutins, serviteurs des fées, avaient pris l’habitude de passer la veillée à
la ferme de la Davière où ils s’amusaient à faire des farces, descendant par la cheminée, dissimulant les objets
de la cuisine, se glissant discrètement jusqu’à l’écurie pour tresser les crinières des chevaux. Un soir que tout le
monde dormait à poings fermés, ils emportèrent le nouveau-né de la maison et laissèrent l’un des leurs à sa
place. Grâce à leurs pouvoirs magiques, les fées avaient fait en sorte que le lutin ressemble comme un jumeau
à l’enfant, si bien que les époux ne se rendirent pas compte immédiatement du subterfuge.
Quelques semaines passèrent. Un jour, alors que la mère commençait à s’inquiéter de ne pas voir son fils
grandir, elle déposa près du berceau un grand panier d’œufs. En le voyant le changelin ne put retenir sa
langue et s’exclama : « depuis quarante ans que je suis sur terre, je n’ai jamais vu autant de petits pots
blancs ! ». Immédiatement les parents découvrir la supercherie et enfermèrent le lutin dans une cage à
oiseaux. Le soir même, pour se venger, ils mirent un grand chaudron à bouillir dans la cheminée. Ce qui devait
arriver arriva : les farfadets tombèrent chacun à leur tour dans la marmite brûlante, et se sauvèrent sans
demander leur reste. Finalement, le bébé fut rendu en échange du lutin emprisonné, et les fées décidèrent de
plier bagages. Mais avant de partir définitivement, elles lancèrent un sort maléfique sur la source : « Davière,
tu auras toujours de l’eau et de la fougère, mais de belles filles tu n’en auras guère ».
Tous ces éléments indiquent qu’on se trouve sur un antique lieu de culte païen christianisé par la suite.
Comme chacun le sait, les lutins aiment hanter les points culminants comme c’est le cas ici. Sur le plan
symbolique, il faut constater que la fuite des fées a laissé la place libre à la Vierge Marie.
En effet la Vierge Marie est honorée à la chapelle Notre Dame de Haute-Foy bâtie au sommet de la colline située
juste à coté de la Davière. Saint-Paul-du-Bois est le deuxième point culminant de l’Anjou (214 mètres).
Mais souvent les légendes se côtoient et s’entremêlent.
A Notre-Dame de Haute-Foy, comme à la chapelle Saint-Tibère du May-sur-Evre avec des petites variantes et
dans bien d’autres lieux, c’est une autre légende qui est à l’origine de la dévotion à Marie : « Un pâtre était
intrigué par l’un des bœufs de son troupeau qui engraissait à vue d’œil alors qu’il ne mangeait pourtant rien. Le
berger remarqua que l’animal léchait régulièrement un gros caillou. Il le souleva pour en avoir le cœur net et eut
la surprise de découvrir sous la pierre une image sculptée de la Vierge ».
En réalité, la statue de la Vierge qui domine le Maître-autel aurait été commandée à un artiste local par des
moines établis au Prieuré Saint-Paul depuis environ l’an 1100, ceux-ci ayant déjà constaté à cette époque un
culte de la Vierge sur la colline. Cette statue daterait du XIVe ou XVe siècle.
La chapelle actuelle a été construite de 1849 à 1851 sur l’emplacement d’une première chapelle. Celle-ci datait
du XIIe siècle, elle avait été réparée au XVIIe siècle avant d’être démolie et seul persistait le clocher datant de
1674.
On peut y voir deux vitraux consacrés aux guerres de Vendée qui datent de 1957. On les doit aux ateliers
angevins Barthe-Bordereau qui se chargèrent de les composer selon une iconographie voisine de celle de Vihiers
et guidée par les indications du commanditaire, l'abbé Moreau.
Au bas du premier, on note : « En 1795 Massicot, chef de quartier à St Paul et quelques chasseurs de
Stofflet endurcis par la guerre menacent l'abbé Bouchet qui leur a rappelé certaines règles de
morale chrétienne ».
Au bas du second, on note : « Mère ton fils t'a pardonné, apprends-moi à l'imiter ». Jean Bernard
capitaine de la paroisse de St Paul et le garde-française Essioux montrent à la Rochejaquelein,
Stofflet et leurs soldats le martyre de notre région. 1793-1794. »
La Chapelle Notre-Dame de Haute-Foy est devenue chaque année un lieu de pèlerinage le 15 août et le 8
septembre.
« En 1795 Massicot, chef de quartier à St Paul et quelques chasseurs de
Stofflet endurcis par la guerre menacent l'abbé Bouchet qui leur a rappelé
certaines règles de morale chrétienne ».
« Mère ton fils t'a pardonné, apprends-moi à l'imiter ».
Jean Bernard capitaine de la paroisse de St Paul et le garde-française
Essioux montrent à la Rochejaquelein, Stofflet et leurs soldats le martyre de
notre région. 1793-1794. »
*Pierre-Louis Augereau : Les Mauges mystérieuses – Editions Cheminements - 1999
©Jean-Luc Langeron – 16 mai 2013