Conseil de quartier Sorbonne du 4 novembre 2013 Jean Tiberi Je

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Conseil de quartier Sorbonne du 4 novembre 2013 Jean Tiberi Je
Conseil de quartier Sorbonne
du 4 novembre 2013
Jean Tiberi
Je vous remercie de votre présente. Dans la mesure où il n’y a pas de question prioritaire à traiter
concernant le quartier, nous avons mis les questions diverses des habitants du quartier à l’ordre du
jour. Monsieur Patrick Albert, coordinateur du 5e arrondissement, ingénieur responsable de la
subdivision du 5e, est présent et pourra répondre à un certain nombre de questions. Et nous avons
deux représentants du Commissariat du 5e, que je remercie de leur présence. L’augmentation de
40% du nombre de cambriolages par rapport à l’année dernière, ils pourront répondre à vos
questions et noter vos remarques.
Les membres du Conseil de quartier ont-ils des questions diverses ?
Dominique Tiberi
Je propose, si vous en êtes d’accord, que nous commencions par les questions relatives à la sécurité,
auxquelles les représentants du Commissariat pourront répondre, ce qui permettra de libérer un peu
plus tôt les fonctionnaires de police. Par ailleurs, une question concerne l’ensemble de notre
arrondissement, c'est le désamiantage de Censier. Nous avons organisé plusieurs conseils de quartier
sur le devenir de la fac de Censier pendant les travaux de désamiantage, sachant que les locaux ne
seront pas utilisables durant cette période, mais surtout à l’issue du désamiantage. Nous sommes
tous d’accord sur le fait que le désamiantage est indispensable. On nous dit que c’est vital, mais si
c’est le cas, il faut fermer Censier tout de suite. Puisqu’on ne le ferme pas, je pense que les choses
vont rester en l’état jusqu’à la fermeture technique.
Il faut trouver une solution de rechange pendant la durée des travaux. Un projet avait été présenté
par l’ancien rectorat, l’ancien ministère des Universités et la Mairie de Paris consistant à trouver des
locaux provisoires puis de réintégrer les locaux après les travaux. Ce projet présentait le problème
des Algeco installés entre la rue Buffon et la rue Poliveau pour permettre la tenue des cours, sachant
que sur les terrains du Muséum, ce n’était pas très pratique. Mais sous cette réserve, ce projet
n’avait rien de particulièrement gênant.
En revanche, on nous a présenté un projet sorti de nulle part, c'est-à-dire élaboré dans le plus grand
secret, consistant à supprimer purement et simplement la fac Censier du 5e arrondissement. C'est-àdire fermer, désamianter, faire les travaux et déménager définitivement la fac dans le 12e
arrondissement. Je tiens à vous dire que nous ne l’acceptons pas, et nous avons voté un vœu pour
que la fac Censier reste dans le 5e, comme cela était prévu au départ avec l’accord de tout le monde.
Pourquoi élaborer un projet aussi polémique dans le secret ?
Deux conseils de quartier ont eu lieu, nous avons débattu avec les représentants de la fac, du
Muséum, les riverains, chacun a pu donner ses arguments, s’exprimer. Là, aucune explication n’a été
donnée, nous avons reçu un communiqué il y a dix jours du ministère des Universités annonçant le
projet. Dans la foulée, nous avons reçu un second communiqué de la Mairie de Paris approuvant le
projet.
Si nous nous y opposons, c’est parce que nous sommes attachés à la vocation universitaire de notre
arrondissement et ce serait y porter gravement atteinte. J’ajoute que la Présidente de Paris 3, donc
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de Censier, est en même temps candidate à la mairie du 5e, et son slogan est « Osez le 5e ». Être
présidente de Censier, candidate à la mairie, et supprimer sa propre fac de l’arrondissement, il fallait
oser effectivement. Vous pouvez compter sur notre engagement pour maintenir Censier rue Censier.
Jean Tiberi
Avant d’évoquer Censier, avez-vous des questions ou des commentaires à faire concernant la
sécurité.
De la salle
J’habite rue Saint-Jacques, exactement à l’angle en face de la Sorbonne. J’ai eu un accident il y a trois
ans à cause de Roms, qu’on m’a dit être des Bulgares. Quand je téléphone au commissariat de police
du 5e arrondissement, on me dit que ce sont des gens de l’Est, chose que je ne supporte pas,
j’appelle cela du racisme car j’ai adopté un enfant en Roumanie, et je peux vous dire que les
Roumains ne sont pas des Roms, première chose. Par ailleurs, tous les appartements de mon
immeuble ont été « visités ». L’année dernière, nous avons eu un cambriolage assez peu banal. Mon
mari et moi-même rentrions avec deux sacs de courses, et le temps d’ouvrir la porte de
l’appartement en sortant de l’ascenseur, de poser nos sacs dans l’appartement et nous retourner
pour récupérer les clés sur la porte, elles avaient disparu. Comme je sors peu et que je vois beaucoup
de choses par la fenêtre, je suis convaincue que les Roms qui stationnent à cet emplacement rue
Saint-Jacques, surveillent toutes les allées et venues des habitants de la rue. A mon étage, il y a une
famille de Chinois, dont les quatre enfants ont été enfermés dans la salle de bains de l’appartement
eux en l’absence de la nounou qui était partie acheter du pain. Les poignées de porte disparaissent
etc. Nous en avons assez.
De la salle
La Commissaire avait soulevé la question des « civils solidaires ». Où en est ce projet ?
De la salle
La semaine dernière lors d’un conseil de quartier, la représentante du Commissariat a répondu que
c’était aux citoyens de prendre l’initiative d’appeler lorsqu’ils constatent une anomalie ou un
problème. Ce procédé est très intéressant, mais n’est-ce pas à vous aussi, en amont, de faire ce
travail pour éviter de mettre des citoyens en danger du fait d’appeler, de dénoncer, de se faire
remarquer et d’encourir éventuellement des représailles. C’est bien que les citoyens puissent vous
aider pour régler les problèmes de délinquance etc., mais c’est quand même votre rôle. J’habite au
premier étage, et quand j’ai surpris des gens en train de forcer la porte de l’immeuble, j’ai appelé la
police cinq fois dans la soirée. Nous sommes à cent mètres du commissariat, et vous n’êtes jamais
venu. C’est un peu ennuyeux. Vous nous proposez d’appeler pour vous demander de venir et vous ne
venez pas forcément. Par ailleurs, faites-vous des enquêtes sur les groupes de personnes qui
distribuent des autocollants pour des serruriers. Dans notre immeuble, nous avons eu trois
cambriolages et nous pensons qu’il y a peut-être un lien.
De la salle
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Fin août quelqu’un s’est introduit dans notre immeuble et a posé des autocollants transparents. En
fait les gens ne les voient pas, mais c'est du repérage.
De la salle
Nous avons une voisine âgée qui est très souvent présente dans l’immeuble et qui les surveille.
Lorsqu’elle en surprend, elle leur demande s’ils ont une carte, évidemment ils n’en ont pas et ils
s’enfuient en courant.
Dominique Tiberi
Au sujet des petits campements de Roms, j’ai récemment participé à une réunion de tous les maires
d’arrondissement et de la Mairie de Paris auprès du Parquet de Paris sur la politique en la matière.
Ce qui était sujet à polémique depuis des années devient de plus en plus consensuel quelle que soit
la couleur politique. On ne veut stigmatiser personne, mais les gens sont attachés à la sécurité. Il y a
quelques années, tout le monde s’offusquait quand on évoquait les caméras de vidéosurveillance, et
aujourd'hui tout le monde est d’accord. La semaine dernière, j’ai également participé à une réunion à
la Préfecture de police où nous avons évoqué la situation et les solutions qu’il convenait d’apporter à
plusieurs campements de Roms dans le 5e, notamment sous le pont de la rue Broca, à la limite du 5e
et du 13e, en bas de la rue Mouffetard, qui pose des problèmes. Pour les riverains qui habitent à
proximité, c’est invivable certains soirs.
Alexandre Baetche
J’aimerais faire une remarque concernant un passage piéton rue Saint-Jacques, à l’angle de la rue
Royer Collard, à proximité de la pharmacie. Il est très mal placé. Il faudrait le déplacer vers le
marchand de primeurs car il est très dangereux, on le voit mal, il est petit et mal placé. D’autre part,
nous avons plusieurs fois évoqué dans ce conseil de quartier l’installation d’au moins un ralentisseur
rue Champollion. Des voitures ou des motos roulent à toute allure et la rue étant très petite, c’est
très dangereux. Serait-il possible d’installer ce ralentisseur qui a déjà été demandé à deux reprises.
Au moins un coussin berlinois.
Représentant du Commissariat
D’une part, il faut savoir que nous sommes de moins en moins nombreux, les effectifs ayant
énormément diminué. Nous faisons ce que nous pouvons avec ce que nous avons. Il faut savoir
également que des opérations anti-cambriolages sont très régulièrement faites, qui durent une
heure et demie à deux heures sur certains secteurs. Tous les immeubles sont visités, sachant qu’on
ne peut pas être partout au même endroit. C'est la raison pour laquelle les flyers avec le n° d’appel
17 ont été instaurés. C’est pour permettre aux personnes qui constatent quelque chose de suspect
de nous appeler et pour que nous puissions intervenir dans les meilleurs délais avec les équipages
dont nous disposons. Ce soir, par exemple, nous n’avons que deux voitures. En cas d’appels, il y a des
priorités et il suffit qu’il y ait un accident pour qu’il n’y ait plus qu’un véhicule pour faire le reste. Mais
ce n’est pas de notre ressort. J’espère que l’on va recruter rapidement. Je précise que rien ne vous
oblige à donner votre nom et vous pouvez appeler en restant dans l’anonymat. Si vous appelez pour
dire qu’il y a un problème à l’entrée de votre immeuble, nous allons venir sur place et si nous
trouvons, nous n’allons pas demander au requérant de se présenter. Nous essayons de recontacter
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visuellement dans le cas où nous n’arrivons pas à trouver les personnes qui sont recherchées. Je vous
invite à faire le 17, car cela va plus vite qu’en appelant le commissariat.
Quant aux autocollants, j’en ai entendu parler, mais je pense que c’est aussi aux résidents de chaque
immeuble de prendre en compte la sécurité de leur immeuble car on ne peut pas mettre un policier
devant chaque immeuble.
De la salle
Hormis les autocollants, il y a des marquages à la craie devant les immeubles. J’ignore si ce sont des
signes cabalistiques, mais il faudrait que les gens les effacent. Moi-même je les efface avec le pied
qui me reste, la concierge les efface régulièrement. Il n’y a donc pas que les autocollants, il y a aussi
ces marquages à la craie soit sur les murs près des portes d’entrée, soit par terre.
Représentant du Commissariat
Concernant les marquages, ce sont bien souvent les gens qui distribuent les tracts qui font une petite
croix à la craie pour signifier qu’ils sont déjà passés à cet endroit.
De la salle
Un jour dans mon immeuble, j’ai arrêté un jeune qui venait mettre des publicités dans les boîtes aux
lettres et il avait le pass d’EDF pour rentrer dans les immeubles. Comment arrivent-ils à se les
procurer ?
De la salle
Sachez qu’en ce qui concerne les pass et les tracts distribués dans les boites aux lettres pour toucher
les personnes âgées qui ont des problèmes de plomberie ou autres et les escroquer ensuite avec des
dépannages « bidons », tout cela est toléré. Rue de Dantzig, se trouve une officine et si vous passez
vers huit heures du matin, il y a la queue devant l’entrée, des jeunes Pakistanais bien souvent, qui
viennent chercher des tracts et, en même temps, on leur donne des pass. C’est un drame.
Paola Colini (??)
Je suis journaliste et je fais partie du conseil syndical de la rue du Sommerard. Nous avons assisté à
une scène assez surréaliste que je tiens à relater ici. Le président de notre copropriété a demandé à
la Mairie de Paris une piste cyclable, et nous avons eu en échange un parking de motos qui nous
empoisonne la vie car elles sont partout sur le trottoir et nous ne pouvons plus sortir de chez nous.
C’est non seulement une pollution au niveau du C02, mais également sonore. C’est devenu infernal.
Nous nous demandons comment les élus peuvent être aussi peu à l’écoute des citoyens. Nous
offrons notre rue pour faire une piste cyclable, et nous nous retrouvons depuis plus de trois mois
avec ce parking motos qui est un véritable cauchemar. Je vous ai adressé un mail à ce sujet, avec
copie à tous les élus. Aucune consultation préalable n’a été faite.
Dominique Tiberi
Avant de passer la parole à l’Ingénieur, j’aimerais savoir à qui vous avez adressé votre demande.
Paola Colini
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Je l’ai adressée à Monsieur Bertrand Delanoë, avec copie à Madame Anne Hidalgo que je connais, et
à Monsieur Jean Tiberi. J’ai envoyé ce mail à la rentrée. Je vais vous le transmettre avec les photos.
Une des photos montre qu’il n’est absolument pas tenu compte des normes de sécurité des
pompiers.
Madame Thierrée
J’habite du Sommerard. Je confirme les propos de Madame. Les trois hôtels situés rue du Sommerard
vous ont adressé des lettres recommandées concernant les motos. Rien n’a été fait et c’est
insupportable pour nous.
Patrick Albert
Je tiens à dire que par rapport aux pistes cyclables qui ont été demandées, 90% environ ont été
réalisées. Malheureusement, je n’ai pas eu votre demande. Je plaide coupable car n’ayant pas eu
votre demande, je n’ai pas pu faire de piste cyclable. Puisque vous faites du racisme anti-motos, que
proposez-vous pour les stationnements de deux roues motorisées ?
Madame Thierrée
La rue du Sommerard est étroite.
Patrick Albert
Précédemment, il y avait du stationnement de véhicules légers de chaque côté de la rue. Pour des
raisons de sécurité pompiers et de normes, une voie de stationnement a été supprimée. Le
stationnement devenait abusif, à cheval sur le trottoir. Cet endroit, à proximité du musée Cluny, ne
supporte pas la charge. D’ailleurs, nous avons rappelé aux services de la propreté que leurs camions
poubelles ne pouvaient pas passer dans cette rue car l’endroit ne supportait pas la charge. Nous
avons donc allégé la voirie pour éviter tout problème avec les caves mérovingiennes qui
appartiennent également au musée Cluny. Mais à part les potelets que proposez-vous pour éviter le
stationnement abusif ? Je suis d’accord avec vous que les motos sont mieux chez les autres que
devant chez vous. Nous avions 500 places de stationnement motos à trouver dans le 5e
arrondissement, sans supprimer de places de stationnement pour les voitures, il nous en reste 41 à
trouver, mais si vous avez d’autres solutions, je suis preneur.
Paola Colini
Je suis une journaliste scientifique et je me mêle rarement de ces questions très terre à terre, mais la
situation est devenue limite. D’une part, les normes de sécurité ne sont pas respectées. En cas
d’urgence, les pompiers ne peuvent pas accéder. Je suis moi-même motarde, mais arrive un moment
où il faut se poser la question du bien de la collectivité. Nous sommes victimes de cette pollution
matin, midi, soir et nuit. Venez vivre chez nous et vous constaterez par vous-même. C'est très bien
d’avoir dégagé un côté de la rue, et nous en étions très satisfaits, mais pourquoi avoir fait un pas en
arrière. Je crois que le patrimoine national n’est pas content non plus car les motos polluent plus que
les voitures, comme vous le savez. C’est scientifiquement prouvé, et surtout les anciens modèles.
L’arrondissement du 5e est suffisamment grand, avec des rues plus larges et qui permettent plus de
respiration. Pour les personnes qui vivent au-dessus, c’est devenu invivable, notamment la nuit.
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Dominique Tiberi
Nous allons étudier la question de la rue du Sommerard que je connais bien, mais il faut que vous
sachiez que c’est dans le 5e arrondissement qu’il y a le plus grand nombre de zones 30 où l’on fait
circuler les vélos à contre-sens et où l’on parle de circulation de douce. C’est vous dire combien nous
sommes sensibles à vos préoccupations, et depuis longtemps. Quand le double sens des vélos a été
instauré dans les zones 30, c’est dans le 5e qu’il y en avait le plus. Nous allons étudier ce point
précisément dès demain, mais nous partageons totalement vos préoccupations environnementales,
de circulation et de tranquillité.
Jean Tiberi
Peut-être pourrait-on envisager une rue piétonne, sachant qu’il faut être vigilant car dans les
endroits où elles ont été créées, les riverains ont demandé leur suppression car cela entraîne une
animation extrêmement forte.
Dominique Tiberi
Si cette demande est à l’étude et qu’une fois de plus, les élus du 5e n’ont pas été consultés, il faudra
songer à le faire un jour. Il ne suffit pas de parler de démocratie, il faut la mettre en œuvre.
De la salle
Ma question s’adresse au représentant du Commissariat du 5e. Vous avez dit qu’il y avait une
diminution des effectifs, alors que les problèmes se multiplient. J’aimerais avoir une explication
détaillée de la gestion des commissariats dans Paris, surtout dans le 5e. Je pense qu’ils sont rattachés
à la Ville de Paris, et étant donné la hausse des impôts dans Paris, je ne comprends pas où va
l’argent.
Jean Tiberi
C’est une question important que nous pourrons mettre à l’ordre du jour de la prochaine commission
sur la sécurité qui se tiendra le 10 décembre et à laquelle je vous invite à venir. Elle aura lieu en
présence de la Commissaire du 5e et de ses collaborateurs.
De la salle
Je souhaite répondre concernant les prospectus qui sont distribués et les croix blanches apposés sur
les façades ou les trottoirs. La poste a privatisé la distribution de ces prospectus pour faire du
business et donc gagner de l’argent et a sous-traité à des sociétés qui donnent les pass et les
prospectus aux personnes en charge de les distribuer. Cela existe depuis très longtemps.
Dominique Tiberi
Les représentants de la Poste m’ont déclaré avoir créé eux-mêmes une filiale en charge de ces
questions.
De la salle
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Non, ils sous-traitent parce qu’ils ne veulent pas embaucher en CDI. C'est le problème de toutes les
structures administratives.
Dominique Tiberi
Je vous remercie de cette précision et je serai prudent dans mes très prochains contacts.
Louis Lefèvre-Utile
Je précise que les effectifs de la police nationale ne dépendent pas de la Ville de Paris, mais de l’Etat.
Sous l’ancien gouvernement, Paris a dû perdre un millier de policiers.
De la salle
J’habite rue de la Harpe. Je vous ai adressé un courrier il y a une quinzaine de jours concernant les
terrasses des restaurants sur les trottoirs de la rue de la Harpe. En tant qu’hôtelière, je suis obligée
de faire des chambres aux normes « handicapés ». Aujourd'hui, j’ai le stationnement des voitures du
côté pair et les terrasses de restaurant. Il est donc impossible pour les personnes en situation de
handicap d’accéder à mon hôtel par la rue de la Harpe du fait des terrasses de restaurant. J’aurais
voulu savoir quand vous comptez régler le problème des voitures d’un côté ou d’un autre tous les
quinze jours, sachant que certaines voitures n’ont pas bougé depuis plus de six mois dans la rue de la
Harpe. Sous les voitures, la chaussée n’est pas nettoyée, il n’y a pas d’évacuation d’eau du côté pair,
donc les mégots, serviettes de restaurant s’accumulent. C’est un problème récurrent, je le sais, mais
maintenant la situation dépasse les bornes.
Jean Tiberi
J’ai bien reçu vote courrier. Je suis intervenu il y a quelques jours auprès des services de la voirie de
la mairie et du commissariat. Je pense avoir des précisions dans les jours qui viennent sur les trois
points que vous avez évoqués. C’est bien noté.
De la salle
J’ai une question concernant le commissariat. Nous habitons le 47ter de la rue Basse-des-Carmes. On
nous a fait quitter nos places de stationnement au moment des travaux du commissariat. Les
panneaux ont été changés. Et on s’est rendu compte que ces emplacements n’étaient pas du tout
destinés aux voitures de police, mais aux voitures des policiers. Nous aimerions savoir où peuvent
stationner les résidents, sachant que c’est impossible dans la rue des Carmes et dans la rue de la
Montagne Sainte-Geneviève puisqu’il y a le marché trois fois par semaine. De plus, les camionnettes
du commissariat stationnent maintenant dans la rue de la Montagne Sainte-Geneviève. C’est un
problème pour les résidents qui sont parfois obligés d’aller jusqu’à la place du Panthéon pour se
garer.
De la salle
J’aimerais évoquer le marché Maubert que nous connaissons tous ici et qui est en train de mourir
parce que les commerçants sont en train de le déserter à cause justement d’un problème de
stationnement lié à la présence du commissariat de police. Le commissariat du 5e est implanté depuis
longtemps, il accueille depuis quelque temps le commissariat du 13e qui est en travaux suite à un
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incendie. Par ailleurs, stationnent des véhicules en pré-fourrière. Entre le stationnement des
résidents, le stationnement des véhicules privé des forces de police et celui des véhicules en préfourrière, les commerçants qui alimentent le marché Maubert ne trouvent plus de place pour se
garer, et certains m’ont dit qu’ils ne pourraient dorénavant plus approvisionner ce marché. Lorsque
la voie de bus a été créée boulevard Saint-Germain, on leur a supprimé l’autorisation de mettre leurs
camions au droit de la place Maubert pour pouvoir décharger.
Le second problème est celui des tolérances administratives. Il leur est dit qu’ils peuvent stationner
boulevard Saint-Germain jusqu’à 14h 30 afin de pouvoir remballer leur marchandise. Il se trouve que
des rondes de policiers, qui ne sont apparemment pas rattachés au commissariat du 5e
arrondissement, passent avant 14h 30 et verbalisent. Les commerçants sont dans une grande
incertitude par rapport aux tolérances. Parfois tout se passe bien et parfois ils sont verbalisés. Je
pense qu’il faudrait au moins engager un dialogue avec les commerçants et préciser les règles du jeu
de la façon la plus claire possible.
Dominique Tiberi
Cela s’inscrit dans une diminution globale des places de stationnement dans le 5e arrondissement,
comme dans tout Paris. La volonté de la Mairie de Paris est de supprimer des places de
stationnement. C’est un choix que je ne partage pas. Ce problème est aggravé aux alentours de la
place Maubert, mais pas uniquement.
Hervé Mialet
On commence à sentir le résultat des mesures prises précédemment contre la voiture. Le commerce
marche aussi avec le déplacement automobile des populations. Monsieur Tiberi, quand il était Maire
de Paris, avait considéré ce problème et développé un grand nombre de parkings. Aujourd'hui, on
doit tourner un tiers de son temps pour trouver une place. Si ces programmes de parking avaient
continué à se développer, nous n’aurions pas les problèmes que nous rencontrons aujourd'hui.
L’actuel Maire de Paris a bloqué l’extension des parkings, réduit les places de stationnement, incité
les personnes à abandonner leur voiture au profit des deux roues, uniquement du matériel
d’importation puisqu’on n’en fabrique pas en France, et sachant qu’un deux roues pollue plus
proportionnellement qu’une voiture. En moto, il est plus compliqué de transporter de la
marchandise, ce qui se ressent sur le commerce parisien. On tue progressivement la ville.
Alexandre Baetche
Je me souviens de l’époque où la place Maubert n’avait pas encore été réaménagée,
réaménagement qui s’est d’ailleurs fait contre l’avis des commerçants et du conseil qui s’est maintes
fois exprimé ici et lors des grandes réunions. Avant le réaménagement, ce problème ne se posait pas.
Je n’ai jamais entendu personne évoquer la question, que ce soit dans un CICA, dans un conseil de
quartier ou dans un conseil d’arrondissement. Il se pose depuis que la place a été réaménagée. Nous
avions donc raison de nous y opposer, mais cela a été fait contre notre avis, comme tout le reste
d’ailleurs. Si on écoutait davantage la population, si on faisait de la concertation avant de prendre les
décisions, peut-être que les choses se passeraient mieux par la suite.
Louis Lefèvre-Utile
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Est-il nécessaire que la pré-fourrière reste à cet endroit ?
Représentant du Commissariat
C’est exceptionnel, car normalement, tous les véhicules qui ont des soucis restent sur place, quel que
soit l’endroit. Quand ils les véhicules sont garés devant le commissariat, c'est parce qu’il y a des
suites judiciaires et que les OPJ doivent intervenir sur le véhicule. Il est donc très rare qu’un véhicule
stationne devant le commissariat.
Jean Tiberi
Vous avez eu raison de poser la question et je vous en remercie.
De la salle
J’ai une question relative au réglage des feux. Rue Gay-Lussac, à la hauteur de la rue Royer-Collard,
devant la boulangerie, le feu rouge est très court et les piétons n’ont pas le temps de traverser. Les
gens âgés ou qui ont des difficultés à marcher ont beaucoup de mal à traverser. C’est un problème
de sécurité.
Patrick Albert
Pour ce qui concerne le marché Maubert et l’aménagement autour du commissariat de police de la
rue Basse-des-Carmes, nous avions entrepris avec le commissariat de police une étude des besoins
en matière de stationnement, tant pour les résidents que pour le commissariat, sachant qu’il
possède un parking souterrain qu’il peut utiliser. Nous avions entrepris cette démarche juste avant
que le commissariat du 13e ne soit victime d’un incendie et que l’intégralité de son personnel ne soit
transférée dans le 5e. Il y a donc eu un renfort de camionnettes, de véhicules.
Il se trouve que le commissariat du 13e s’est vu doter de locaux sous forme d’Algeco place d’Italie
vers la mairie du 13e. Peu à peu les services de police du 13e sont en train de se réorganiser. Le
commissariat du 5e retrouve progressivement ses locaux et va pouvoir restituer quelques places aux
résidents et voir quels sont les besoins effectifs du commissariat.
En ce qui concerne le feu installé à l’angle Gay-Lussac/Royer-Collard, si vous démarrez la traversée de
la rue au moment où le bonhomme passe au rouge – et c’est le cas de n’importe quelle rue dans le
5e, j’y veille personnellement –, vous avez le temps d’atteindre l’autre côté sans avoir à courir. Les
temps de feu que nous avons calculés sont prioritairement destinés aux piétons et non pas aux
véhicules. Entre le temps de vert et le temps de rouge, vous avez le temps de faire un aller et un
retour. Cela étant, je vais le vérifier sur ce feu, mais j’ai appliqué cette méthode à tous les feux du 5e
que j’ai pu contrôler.
Jean Tiberi
Je pense qu’il serait que vous alliez sur place pour vérifier que la théorie est bien appliquée en
l’espèce.
Patrick Albert
Il y a peut-être un problème de réglage et je vais aller voir sur place.
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Jean Tiberi
Y a-t-il d’autres interventions sur la sécurité ?
Paola Colini
J’aimerais savoir quelles sont les solutions techniques pour résoudre notre problème. Nous étions
des riverains heureux jusqu’à ce que quelqu’un propose de faire de la rue du Sommerard une piste
cyclable. Dans quel délai pensez-vous pouvoir résoudre le problème ?
Représentant du Commissariat
Je ne peux pas vous communiquer de date pour l’instant, mais nous allons étudier ce problème.
Alexandre Baetche
Je me demande pourquoi vous avez demandé une piste cyclable à cet endroit. C'est une toute petite
rue, qui n’est pas faite pour une piste cyclable. Que vous ayez obtenu autre chose n’est pas
étonnant.
Paola Colini
Je n’ai rien demandé, c'est le président de notre copropriété qui pour faire plaisir à une dame a
demandé la piste cyclable.
Jean Tiberi
Je vous propose d’aborder le problème du déménagement de l’université Paris 3 qui a été décidé.
Supprimer une université dans le Quartier Latin est grave, mais en plus sans qu’il y ait eu la moindre
concertation préalable. Personne n’a été informé et la décision a été prise dans le secret. Qui
souhaite intervenir à ce sujet ?
De la salle
Si on commence à supprimer les universités dans le 5e arrondissement, c’est un comble. De ce fait,
on supprime une grande partie de la population du quartier, des commerces dont les étudiants
constituent la plus grande partie de leur clientèle. J’habite rue Saint-Jacques où se sont ouverts de
nombreux commerces de sandwicherie et les étudiants y trouvent leur compte. Si on ferme les facs
et les écoles, déjà que le quartier est triste, il n’y aura alors plus rien.
De la salle
En réponse à Madame, je tiens à rappeler que le site conservera sa vocation universitaire et qu’il y
aura encore de l’activité, même si ce n’est plus l’université en tant que telle. La totalité de Paris 3 ne
quitte pas l’arrondissement, c’est uniquement le local de Censier qui s’en va. Le reste, notamment
rue des Irlandais, est maintenu dans l’arrondissement.
Hervé Mialet
On nous dit qu’il va conserver une activité universitaire, mais si ce sont des bureaux ou autres, ce ne
sera absolument pas la même vie. Le 5e a une culture de vie estudiantine, c'est une caractéristique de
notre quartier. On est en train de tout détruire. Notre arrondissement est vanté partout, ce qui doit
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irriter certains et on fait tout pour le casser. Il suffit de voir tous les équipements qui ont été
supprimés.
Louis Lefèvre-Utile
J’aimerais rappeler le concept de départ. Il faut bien comprendre que c’est une nécessité de santé
publique. Cela fait douze ans qu’il faut désamianter Censier, soit dix ministres de l’Enseignement
supérieur qui n’ont pas pris la décision de le faire. La nouvelle ministre a pris cette décision. On aurait
pu, à terme, reconstruire Censier sur l’espace initial. Pour expliquer pourquoi ce ne sera pas le cas, il
faut expliquer les douze années d’historique.
D’abord, il n’était pas question de refaire une opération-tiroir sur site comme à Jussieu où les travaux
durent depuis dix-sept ans et seront terminés en 2015, avec un budget initial de 180 millions d’Euros
multiplié par dix. On ne sait pas faire. Donc sur le site de Censier ce n’était pas possible. Restait les
locaux de Paris 6, comme cela avait été envisagé dans le rapport Laroutourou. En 2006, le ministre
avait décidé que Paris 6 et Paris 3 cohabiteraient. La décision du ministre n’a jamais été effective car
le président de Paris 6 n’a jamais obéi au ministre. Restait la solution Poliveau, une opération à tiroirs
un peu complexe qui impliquait de construire 45 000 m2 sur l’îlot Poliveau, d’y installer
temporairement Paris 3, de reconstruire ensuite Paris 3. Nous en avons discuté ici à deux reprises. Il y
a eu concertation parce qu’il y avait un projet dans le 5e. C’est plus difficile de se concerter sur un
départ.
Le projet Poliveau a fait l’objet d’un semi-consensus, mais les services du Muséum, représentés par
un secrétaire général du Muséum qui agissait en concertation avec le ministre, s’y sont fermement
opposés. Monsieur Dominique Tiberi qui présidait a soulevé un certain nombre de difficultés. Il
semblait difficile, en effet, de construire 45 000 m2, de préserver la nature, le fameux crapaud
accoucheur, de préserver les intérêts légitimes du Muséum, d’éviter les Algeco. Toujours est-il que
Monsieur Wauquiez n’a pas continué. Une nouvelle fois, sa décision n’a pas été effective.
Un an se passe, les services du ministère ne veulent plus d’opération-tiroir, c'est-à-dire impliquant de
détruire Censier, de déménager, de trouver 30 000 m2 à louer dans Paris, pour une durée fixée
généralement entre trois et cinq ans et qui dure souvent beaucoup plus. La faisabilité de ces
opérations-tiroirs est très complexe et le surcoût du fait de location est important. Dans le cadre de
Censier, l’opération-tiroir coûterait quasiment aussi cher que la reconstruction de Censier prévue
dans le 12e. Cette opération se chiffre à des centaines de millions d’Euros. Je n’ai pas à vous rappeler
le contexte économique.
Le ministère de l’Agriculture dispose d’un terrain dans le 12e et le ministère de l’Education nationale
a donc décidé de reconstruire, en l’agrandissant, sur 35 000 m2 la faculté de Censier à Picpus dans le
12e. Cette solution me paraît raisonnable et, de toute façon, nécessaire pour des raisons de santé
publique.
Vous nous dites que l’affectation universitaire de l’îlot Censier sera abandonnée. Ce n’est pas le
projet de la Ville de Paris. Au prochain Conseil de Paris, cet îlot sera fléché au PLU, de la même façon
que nous avons fléché l’Agro à vocation universitaire. Anne Hidalgo prévoit de faire racheter par la
Ville le terrain de Censier.
Dominique Tiberi
Si elle est élue.
Conseil de quartier Sorbonne du 4 novembre 2013
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Louis Lefèvre-Utile
Si elle est élue, bien sûr, mais ne doutez pas qu’un autre maire fera la même chose, sauf s’il veut
vendre le terrain. Il n’est pas question d’abandonner la vocation universitaire du 5e. J’y suis tout aussi
attaché que tout le monde. Il est donc prévu d’installer sur le terrain de Censier des logements
universitaires, qui seront bien utiles, une bibliothèque, des locaux d’enseignement et des locaux
d’innovation.
En tout état de cause, il n’y a pas d’autre solution technique possible. Le désamiantage sur le modèle
de Jussieu était déjà une incongruité à l’époque, quand il a été décidé. Beaucoup de rapports ont été
rédigés à ce sujet, mais un rapport de l’Inspection générale des Finances préconisait de ne pas le
faire. Le ministre n’a pas suivi. Et cela ne se faisait nulle part ailleurs. On ne désamiante plus étage
par étage pour des raisons de sécurité et de coût.
Concerter sur un projet ailleurs est un peu plus compliqué. Demander aux habitants du 5e où trouver
35 000 m2 dans le 5e pour y installer une université pose un certain nombre de problèmes
techniques. C'est la raison pour laquelle lorsque Nicolas Sarkozy a décidé de vendre l’Agro, il n’a pas
fait de concertation. Quand Monsieur Raffarin a transféré le Centre national de Documentation
pédagogique sur la technopole du Futuroscope à Chasseneuil-du-Poitou, il n’a pas fait de
concertation.
Jean Tiberi
Une autre école de la rue d’Ulm a été supprimée par Monsieur Jospin.
Louis Lefèvre-Utile
Quand on a vendu les locaux de la rue Danton pour en faire un hôtel 5 étoiles, il n’y a pas eu de
concertation. Les exemples de départ de locaux universitaires dans Paris Centre sans concertation
sont nombreux.
Jean Tiberi
Et l’absence de concertation vous convient ?
Louis Lefèvre-Utile
Non, cela ne me convient pas.
Jean Tiberi
C'est un point d’accord très important.
Louis Lefèvre-Utile
Il est facile de concerter sur un projet que l’on voie comme Poliveau, mais difficile de faire concerter
une population sur la question de savoir où trouver 35 000 m2 pour y mettre 20 000 étudiants.
Jean Tiberi
Autre exemple, le centre d’examens de la rue de l’Abbé de l’Epée a été vendu par l’Etat et le
gouvernement socialiste sans concertation à un promoteur privé.
Conseil de quartier Sorbonne du 4 novembre 2013
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Louis Lefèvre-Utile
Ils ont eu tort.
Jean Tiberi
Nous sommes d’accord, je m’en réjouis, et cela ne m’étonne pas de vous.
Dominique Tiberi
Vous dites, Monsieur Lefèvre-Utile, qu’il est difficile de se concerter pour trouver un point de chute.
Tout d’abord, ce n’est pas la question. La concertation pourrait porter sur le fait de maintenir ou non
la fac Censier sur son emplacement initial. D’une manière générale, il est difficile d’organiser la
concertation comme le fait la Ville de Paris. La concertation doit avoir lieu avant de prendre une
décision. Si elle est organisée après, quelque chose ne va pas. Nous sommes d’accord sur l’ardente
obligation de désamianter Censier, vous parlez d’urgence et sans doute avez-vous raison. Mais s’il y a
vraiment urgence, il faudrait dès à présenter fermer Censier. C’est ni de votre compétence ni de la
mienne. En tout cas, nous sommes d’accord pour désamianter, il faudrait être fou pour ne pas l’être.
Nous demandons qu’après le désamiantage, la fac Censier réintègre ses locaux pour conserver la
vocation universitaire du Quartier Latin. Qu’il y ait des bureaux, une bibliothèque, c'est une chose,
mais il faut qu’il y ait les cours, les étudiants, les professeurs. Et se concerter après la décision n’est
pas bon.
Lorsque nous avons organisé les deux conseils de quartier à ce sujet, tout le monde s’est exprimé
qu’il s’agisse des professeurs, des représentants de la faculté, sachant que la présidente avait refusé
de venir et avait délégué un vice-président, des représentants du Muséum et les riverains. Si je me
suis ému de cette situation des Algeco, c’est pour protéger la qualité de vie des habitants, de même
que la partie des terrains appartenant au Muséum. Dans l’ancien projet, une partie des Algeco
devaient être là pendant la durée des travaux, mais une autre partie devait rester de façon plus
pérenne. Nous n’avions pas d’indication concernant la durée d’installation de ces Algeco. Les
riverains s’inquiétaient donc à juste titre.
Nous sommes tous d’accord sur la nécessité du désamiantage et nous avons d’ailleurs voté un vœu
au sein de ce conseil pour le maintien de la fac Censier à Censier. D’ailleurs, la Mairie de Paris était
d’accord, que ce soit Monsieur Delanoë et son adjoint Monsieur Missika qui était en charge du
dossier. Au niveau du Muséum, il y avait ceux qui étaient pour et ceux qui étaient contre. En
discutant, on finit par trouver des accords, le problème étant que pendant que nous avions en
mémoire ce seul projet d’un gouvernement de droite et d’une Mairie de Paris de gauche, d’autres
préparaient dans le secret un autre projet de suppression de la fac. C’est la présidente de l’université
elle-même qui supprime son université. Son slogan est « Osez le 5e », décliné également sur le thème
« Osez la culture » alors que le théâtre Mouffetard a été supprimé, ou sur le thème « Osez la santé »
alors qu’on nous détruit un dispensaire. Les slogans peuvent avoir du poids, mais il faudrait surtout
qu’ils aient du contenu, et c'est le contraire de la réalité qui se cache derrière le slogan.
Bernard Rullier
Conseil de quartier Sorbonne du 4 novembre 2013
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Paris est une ville qui vit et je voudrais faire un peu d’histoire et de géographie. La géographie parce
qu’il y a deux ou trois jours, lors d’un précédent conseil de quartier, j’ai entendu dire que parce que
Censier allait dans le 12e arrondissement, Censier quittait la cité.
Alexandre Baetche
Je l’ai dit, et je le maintiens.
Bernard Rullier
Je tiens à vous rappeler que Paris s’étend jusqu’au 12e et même jusqu’au périphérique. Il y a
quelques années, l’école Polytechnique était dans le 5e.
Alexandre Baetche
Mais c’est une erreur tragique de Valéry Giscard d’Estaing.
Bernard Rullier
Il y a bien longtemps, l’école Polytechnique a quitté le 5e arrondissement pour aller à Saclay. Il y a
une dizaine d’années, le Centre national de Documentation pédagogique a été délocalisé sans
aucune concertation à Chasseneuil-du-Poitou puisque Monsieur Raffarin était à l’époque Premier
ministre et élu local de cette ville. Il y a une raison objective qui nous réunira tous pour constater
qu’il n’y a pas de suppression de Censier. Censier déménage. Pourquoi Censier ne peut-il se
réinstaller dans le 5e arrondissement ? Pour des raisons de coût. Vous connaissez, Monsieur
Dominique Tiberi, le rapport de la Cour des Comptes de novembre 2011 qui chiffre à 442 millions
d’Euros, soit 26% du coût total de l’opération Jussieu, la location à titre temporaire des mètres carrés
nécessaires à la poursuite de l’activité universitaire. Nous sommes tous attachés à ce que Censier soit
pérenne et ne soit pas mis entre parenthèses pendant deux ou trois ans.
La solution Poliveau que vous avez évoquée, Monsieur Dominique Tiberi, je suis au regret de
constater qu’au Conseil de quartier du 13 décembre de l’an dernier, il n’y a donc pas si longtemps,
vous constatiez qu’il n’y aurait pas d’implantation de Censier dans l’îlot Poliveau Buffon, c’était le
souhait des habitants. Soyons tout à fait rassurés de savoir que les réserves foncières du Muséum
seront préservées, que les habitats d’espèces protégées seront préservés, que les espaces verts
seront protégés et que Censier louera des locaux ailleurs dans Paris.
Dominique Tiberi
Je crois qu’il est bien de dire la vérité. J’ai d’abord proposé que les locaux soient trouvés ailleurs
pendant la durée des travaux. Il y a un an, la Mairie de Paris trouvait cela très bien. Financièrement,
cela passait. Qu’est-ce qui a changé en un an ? Mon désaccord portait sur la préservation des terrains
du Muséum et la préservation de la tranquillité des habitants de l’îlot Buffon Poliveau. Mais je suis
ravi qu’on m’entende. Mes déclarations font suite, je crois, à une déclaration d’autres élus. Je n’ai
pas le compte rendu du conseil de quartier de l’époque en tête, mais je crois que quelqu’un nous
annonçait que le projet était abandonné. J’ai repris les termes employés par l’intervenant précédent.
Je me demande si ce n’est pas Madame Cohen-Solal. Ses propos paraissaient saugrenus à l’époque et
on s’aperçoit aujourd'hui qu’ils correspondent à une réalité. Sur le désamiantage, nous sommes tous
d’accord et sur la suppression de l’université, nous y sommes tous opposés. En tout cas, nous avons
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voté un vœu en conseil d’arrondissement demandant que la fac Censier reste à Censier. Et ce projet
avait le soutien de la Mairie de Paris il y a un an. La Mairie de Paris n’a pas changé, la Mairie de Paris
le souhaitait. Monsieur Delanoë le souhaitait, Monsieur Missika le souhaitait. Et pendant qu’on nous
laissait traîner avec ce projet sans avoir plus de nouvelles, nous avons appris vendredi dernier qu’un
projet était préparé en secret. Pour répondre à Monsieur Lefèvre-Utile, la concertation ne pose pas
de problème lorsqu’il s’agit d’un départ et de trouver des locaux ailleurs, le problème est de savoir si
on veut ou non maintenir la fac sur les lieux. Vous pouvez compter sur nous pour continuer à
débattre ici sur ce projet.
Florence Laingui
Le fait de conserver la fac Censier dans le Quartier Latin n’a pas de prix. C’est un mauvais calcul que
de brandir des chiffres parce que vous ne pouvez pas uniquement conserver une image virtuelle du
Quartier Latin. Comme l’a souligné Monsieur Baetche, le Quartier Latin est connu de manière
internationale, ce n’est pas qu’une adresse de bureaux, ce ne sont pas uniquement des
fonctionnaires qui remplissent les dossiers d’inscription. C'est toute une vie locale. Chaque quartier
de Paris a une fonction, une image au niveau international, et il est de notre devoir de garder cette
image.
Alexandre Baetche
Sur le principe, comme vient de l’exposer Madame Laingui, l’université n’est pas une marchandise,
les étudiants non plus d’ailleurs. La culture n’est pas une marchandise, on n’a pas à faire des calculs
de coûts. Tout d’abord, j’aimerais qu’on arrête de comparer de désamiantage de Censier, sur lequel
tout le monde est d’accord, avec celui de Jussieu. Pour Jussieu, la question ne s'est pas du tout posée
de cette façon car le Gril d’Albert est considéré comme une œuvre d’art. Il faut replacer les choses
dans leur contexte. D’autre part, qui s’opposait au projet Poliveau ? Les syndicats et les écologistes
qui ont tout fait pour empêcher que ce projet aboutisse.
On nous dit que le PLU est fléché, mais un PLU fléché en chasse un autre. Je donnerai un exemple
précis. Lorsque Monsieur Tiberi était Maire de Paris, il avait décidé de faire restaurer la chapelle de la
Sorbonne, les crédits ont été votés et il n’y avait donc aucun moyen de contourner le projet. Depuis
2001 et l’arrivée du nouveau Maire, ce n’est toujours pas fait parce que la Ville de Paris a considéré
qu’il n’y avait pas d’urgence. Même chose pour Henri IV. Monsieur Tiberi avait fait budgéter la
totalité des travaux et tout devait être fini en 2004. Nous sommes bientôt en 2014, les travaux ne
sont toujours pas terminés, à tel point que le proviseur est obligé de se démener pour obtenir un
crédit et empêcher la voûte de s’effondrer. Donc flécher un projet n’est pas un argument suffisant.
Le déménagement de Censier est une atteinte insupportable au Quartier Latin qui symbolise un état
d’esprit reconnu internationalement. Les étudiants font le Quartier Latin, ce sont des citoyens parce
qu’ils sont dans la ville. Ce n’est pas un campus à l’américaine en périphérie de ville.
Et cela n’a rien à voir non plus avec ce que l’on veut faire à Picpus. Pourquoi d’ailleurs Paris 3
continuerait à s’appeler Sorbonne Nouvelle ? C’est donc une atteinte intolérable à laquelle il faut
s’opposer. Je remercie Monsieur Rullier d’avoir dit que le marché Maubert était en train de mourir.
C'est vrai. De la même façon, le quartier Censier va mourir. Lorsque les 16 000 étudiants seront
partis, le quartier sera mort. Il faut demander à organiser un référendum des habitants du quartier
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Censier pour recueillir leur avis sur le déménagement de Censier à titre définitif. La Sorbonne a 755
ans d’âge, et on ne joue pas avec cela sans concertation.
De la salle
Monsieur Baetche, vous parlez de concertation. Je voudrais appuyer vos propos avec mes modestes
moyens et m’adresser à Monsieur Lefèvre-Utile. Avec tout le respect que je vous dois, vous avez dit
qu’il était difficile d’effectuer une concertation s’appuyant sur un dialogue, mais la concertation ellemême est un dialogue, et refuser cette concertation, c'est aussi refuser le dialogue.
Louis Lefèvre-Utile
J’ai dit qu’il était facile de se concerter sur un projet comme Poliveau, et qu’il était beaucoup plus
difficile de concerter une population sur où trouver un lieu de 35 000 m2 qui va pouvoir accueillir
20 000 étudiants.
De la salle
Mais nous devions en parler, c'est la moindre des choses. Des personnes ont souri lorsque nous en
avons parlé. Ces personnes se disent écologistes. Je veux bien, mais le retour à la terre est toujours
facile surtout quand on a du blé.
Laurent Audouin
Je ne répondrai pas à une attaque aussi bassement politique, mais surtout dénuée de sens. Je vais
plutôt remercier chaleureusement Monsieur Baetche puisqu’à trois reprises, il m’a fait infiniment
plaisir dans son discours. D’abord en rappelant le caractère public et accessible à tous de l’université
française, qui est une valeur fondamentale, sachant que malheureusement dans votre camp, tout le
monde n’a pas toujours défendu ce genre de position. Quant au fait d’envoyer les étudiants dans les
champs, c’est effectivement regrettable et on ne peut qu’être effaré de l’idée du grand campus de
Paris Saclay qui consiste à déposer toutes les écoles et quelques éléments universitaires sur un
plateau agricole d’une qualité exceptionnelle, projet qui a été menés ans aucune concertation, et
même en dépossédant les maires de toute la région de leurs prérogatives avec une opération
d’intérêt national. C’est l’exemple parfait de l’absence de concertation et d’une opération absurde
qui ne sert personne, et surtout pas les étudiants et l’université.
Je vous remercie également d’avoir souligné que ceux qui se sont opposés dès le départ à
l’hypothèse Poliveau, ce sont les écologistes, certes pour des questions environnementales puisque
nous avons le cas du crapaud accoucheur, qui peut faire sourire dans la salle, mais qui répond au
principe de protection de la biodiversité, mais aussi par une analyse factuelle du projet en lui-même.
Il n’était pas très compliqué de voir que c’était un mauvais projet, mauvais pour Censier et encore
plus mauvais pour le Muséum, et de plus un projet basé sur des informations fausses, connues dès le
départ. Les lectures du cadastre sur lequel le projet avait été monté ont montré qu’il était erroné
depuis des années et n’avait jamais été rectifié. Je suis donc très fier d’avoir dénoncé ce projet dès le
départ, mauvais projet qui a, depuis, été abandonné.
Pour ce qui concerne le site de Censier, il me semble que poser la question de savoir si c'est Paris 3
qui doit absolument revenir, c’est poser la mauvaise question. Nous sommes tous attachés au
caractère profondément universitaire de notre quartier, nous sommes tous très sensibles à ce que
Conseil de quartier Sorbonne du 4 novembre 2013
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cela apporte en termes de vie culturelle, en termes d’activité économique, la question est donc de
maintenir la vocation universitaire de ce site. Que ce soit l’université de Paris 3 ou que ce soit des
locaux de l’université de Paris 1 ou de Paris 2 qui, à ma connaissance sont passablement dispersés
dans d’autres secteurs de Paris, je considère que c’est une question relativement secondaire. Ce qui
compte, c’est que l’attribution du quartier perdure et, pourquoi pas, que le nombre de mètres carrés
dévolus à cette activité augmente lui aussi. Or, il me semble que c’est exactement ce qui vous est
proposé actuellement, à savoir reconstruire un site 100% universitaire à Censier et une extension au
niveau des Irlandais. Monsieur Lefèvre-Utile vous a répondu très clairement. Le fait de réinstaller la
fac à Censier aurait un coût supérieur, toutes les études le confirment.
Jean Tiberi
Quelles études ?
Laurent Audouin
La Cour des Comptes s’est penchée sur la question et a fait des propositions chiffrées. D’autre part,
je souhaite insister sur le fait que déplacer l’université entière d’un bout à l’autre de Paris une fois,
c'est déjà problématique et perturbant, le faire une seconde fois, avec une opération à tiroirs et du
provisoire, ne crée pas les conditions optimales pour une université comme Paris 3 qui mérite de
travailler dans les meilleures conditions. S’il n’y a pas d’autre solution, laissons-les aller dans le 12e,
et battons-nous collectivement, au-delà des querelles de chapelle, pour que le site de Censier
demeure universitaire à 100%. Ce que j’ai entendu sur le PLU me semble être une mesure de bon
sens et devrait faire l’unanimité entre nous. Discutons également de la meilleure façon
d’accompagner les commerçants qui vont souffrir après la phase de démolition. Concertons-nous sur
la nature des équipements qui remplaceront l’université de Paris 3 à terme. Voilà un sujet sur lequel
le Conseil de quartier aurait son mot à dire, plus que sur des décisions qui dépendent du ministère.
Parlons des faits, parlons de choses qui nous sont accessibles, soyons constructifs.
Jean Tiberi
Vous parlez de concertation et vous la faites après. Quel aurait été l’inconvénient de concerter
avant ? Pourquoi la Ville de Paris ne nous en a-t-elle pas parlé avant ? Nous aurions pu discuter des
avantages et inconvénients.
Laurent Audouin
Il aurait pu y avoir une information préalable.
Jean Tiberi
Vous discutez après, ce qui est tout à fait antidémocratique.
Laurent Audouin
Non, la discussion est à venir sur ce que nous voulons pour Censier.
Jean Tiberi
Nous n’avons donc pas notre mot à dire sur le départ de Censier ?
Conseil de quartier Sorbonne du 4 novembre 2013
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Laurent Audouin
Que voulons-nous ? Quels sont les besoins de l’arrondissement et les besoins des universités de
l’arrondissement sur ce nouveau site ? Il y a assez peu d’endroits à ma connaissance où il est possible
de faire du neuf et du nouveau, dans cet arrondissement. Profitons de cette opportunité pour rendre
service au plus grand nombre de personnes et d’institutions.
Jean Tiberi
Dites-moi pourquoi la concertation n’était pas possible avant la décision ? J’attends la réponse. La
concertation doit avoir lieu avant et non pas après. C'est tout à fait antidémocratique.
De la salle
Il se trouve que j’ai pas mal pratiqué la concertation chez un acteur que vous devez connaître qui
s’appelle Réseau Ferré de France. Tout à l’heure, vous avez parlé de suppression de l’université. Je
voudrais que nous soyons précis sur les termes. Je comprends que vous utilisiez cet argument qui est
très politique, mais ce n’est pas une suppression, c’est un déménagement. Vous l’avez dit vousmême sous la forme d’une critique, Monsieur Baetche, si l’université s’appelle encore Sorbonne
Nouvelle, c’est aussi parce qu’elle conserve des locaux et un siège dans le 5e arrondissement.
Alexandre Baetche
Elle conserve son siège social à la Sorbonne…
De la salle
J’ai écouté votre laïus, faites-moi le plaisir d’écouter le mien. Vous avez également critiqué la
décision de la présidente de l’université. Pour vous, c’est une folie à certains égards. Vous
reconnaissez pourtant un problème de santé publique lié à l’amiante. Ce que vous appelez folie,
j’appelle cela responsabilité. Il y a potentiellement des personnes malades. Il faut être courageux et
prendre cette décision. D’une part, vous vous doutez bien que s’il avait été possible de revenir dans
le 5e, c’est le choix qui aurait été fait. Mais ce n’est pas possible financièrement. D’autre part, vous
dites que vous aimez les choses précises. Actuellement, la seule analyse précise que nous ayons sur
les travaux d’ampleur concernant les universités, c'est le fameux rapport de novembre 2011 sur les
travaux du campus Jussieu qui a été remis par la Cour des Comptes. Il est très long puisqu’il fait 140
pages, mais je vous facilite la lecture : vous prenez les pages 43 à 46 qui détaillent le glissement des
coûts de l’opération de désamiantage de Jussieu lié à l’occupation de locaux temporaires.
L’occupation de locaux temporaires coûte extrêmement cher. Originellement, il était prévu 306
millions pour Jussieu, le coût est monté à 460 millions, soit un écart d’environ 82 millions lié à deux
éléments. D’une part, l’évolution du foncier ; d’autre part, une renégociation mal venue des baux
dans la mesure où les travaux de désamiantage ont duré plus longtemps que prévu.
Monsieur Baetche, j’ai bien entendu vos propos. Jussieu n’est pas Censier, ce ne sont pas les mêmes
bâtiments, c’est une évidence. Les bâtiments de Censier ne sont pas les bâtiments en meilleur état
qui soit dans cet arrondissement, et cela joue beaucoup, mais s’il y a une différence de temps de
traitement, c’est aussi parce que le site de Jussieu est beaucoup plus grand.
Conseil de quartier Sorbonne du 4 novembre 2013
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Alexandre Baetche
Je n’ai pas dit cela.
De la salle
Oui, vous avez dit qu’on ne pouvait pas toucher à Jussieu parce qu’il s’agit d’un bâtiment
d’architecte.
Alexandre Baetche
Ce bâtiment est une œuvre d’art internationalement reconnue par tous les architectes de la planète.
De la salle
Sans doute, mais il est vrai aussi que s’occuper de 50 000 m2 prend plus de temps que de 35 000. Audelà de cela, combien de temps, à votre avis, prend un déménagement de bibliothèque ? Deux ans.
Vous avez dit vous-même que la culture et les étudiants n’étaient pas une marchandise, que
l’université en France était une institution, vous avez mentionné une histoire vieille de 750 ans.
Heureusement que le bâtiment de Censier n’a pas 750 ans. Vous estimez qu’il ne faut pas
« marchandiser » l’université, mais pensez-vous qu’accueillir les étudiants dans des locaux
temporaires inconfortables, ne pas leur proposer le regroupement des bâtiments sur un seul site, est
une bonne chose ?
Alexandre Baetche
Que les locaux temporaires soient dans le 12e ou ailleurs, le coût est le même.
De la salle
Si on vous dit que le coût de l’opération serait trop lourd à supporter ? Une intervenante a dit que la
question du coût ne se posait pas. Je suis désolé, on peut parler d’obligation de moyens, d’obligation
de résultat, mais évidemment que la question du coût se pose. Plus personne ne veut voir les 1,8
milliard de Jussieu, c’est une gabegie d’argent public, personne ne veut que l’image du monde
universitaire français soit entaché longtemps par un exemple comme celui-ci.
Alexandre Baetche
L’image du monde universitaire français n’est pas entachée du tout. Jussieu est la première
université de mathématiques de la planète, la France est la première puissance du monde en matière
de mathématiques.
De la salle
Je n’ai pas critiqué l’université de Jussieu, je vous dis que l’opération en question a été une honte
pour nous. Il n’est pas possible aujourd'hui de faire revenir Censier après un déménagement
temporaire sur le site pour des raisons de coût. Comment trouver 35 000 m2 disponibles dans le 5e ?
Alexandre Baetche
Nous avons dit qu’il fallait réinstaller Censier sur le site de Censier.
Conseil de quartier Sorbonne du 4 novembre 2013
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De la salle
Par ailleurs, concerter avec peu de projets présentés ne marche jamais. Si vous dites que vous
aimeriez déménager, mais sans savoir où, vous n’arriverez jamais à faire quelque chose de votre
concertation. Qu’il s’agisse d’un bâtiment public ou d’un EPIC, pour faciliter les propositions et la
concertation, on propose plusieurs ébauches de projet, après quoi on travaille à leur éventuelle
évolution. La négociation entre les partenaires doit reposer sur une base solide. Même si tout le
monde ici est intéressé par ce dossier, nous n’avons pas les moyens d’un cabinet d’études techniques
pour identifier les sites pouvant accueillir l’université.
Dominique Tiberi
Tout le monde est d’accord sur la nécessité du désamiantage, tout le monde est d’accord sur le
déménagement de la fac pendant la durée des travaux, mais la différence, c'est que nous voulons
que la fac Censier revienne à Censier à l’issue des travaux. On nous dit que la Cour des Comptes s’y
oppose, mais il y a un an, la Mairie de Paris était tout à fait d’accord et se fichait un peu de la Cour
des Comptes. Messieurs Delanoë et Missika étaient d’accord. Aujourd'hui, c’est fait dans le secret. Ce
n’est pas la peine de parler de démocratie. La concertation ne consiste pas à se demander ce que l’on
va faire, il s’agit de savoir si la fac va rester à Censier ou partir ailleurs dans Paris. C'est une question
qui peut être posée clairement et en toute transparence. Généralement, quand les projets
s’élaborent dans le secret, c'est que l’on n’en est pas très fier. Donc arrêtons de répéter qu’il faut
désamianter, qu’il faut trouver des locaux pendant la période des travaux, nous sommes tous
d’accord là-dessus, mais sur le retour de la fac, nous ne sommes pas d’accord. Le pire étant qu’il y a
un an, nous étions tous d’accord. J’ignore ce qui s’est passé. Arrêtons de mélanger le définitif et le
provisoire. La question est de savoir si nous voulons que Censier reste ou non à Censier. Nous
voulons que la fac reste à Censier parce que c'est sa vocation.
De la salle
J’aimerais savoir clairement sur quelles études vous vous appuyez. S’il n’y a plus Censier, qu’est-ce
qu’il y aura ?
Alexandre Baetche
Vu le prix du terrain à cet endroit, je suis sûr qu’ils vont le vendre à des promoteurs privés. Ils vont
ensuite le sous-traiter. Le rectorat loue les amphis à des prix astronomiques. C’est inadmissible.
De la salle
Donc quand vous dites qu’il y aura de nouveau une structure estudiantine, vous savez très bien que
c’est faux.
Louis Lefèvre-Utile
Je vous réponds ce que j’ai déjà dit. Il est prévu d’y mettre une bibliothèque, du logement étudiant,
des aménagements universitaires qui, actuellement, ne sont pas définis.
De la salle
Conseil de quartier Sorbonne du 4 novembre 2013
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Ils ne sont même pas définis. Qu’est-ce que tout cela veut dire ? En tout cas, ce ne sont pas de vraies
études.
Louis Lefèvre-Utile
Monsieur Sarkozy voulait vendre les locaux de l’Agro, mais il ne les a pas vendus parce que la Ville de
Paris l’en a empêché par le PLU.
Alexandre Baetche
Nous l’avons empêché avec Monsieur Tiberi et Madame Pécresse, mais la Ville de Paris n’a rien fait
pour cela.
Louis Lefèvre-Utile
Si Madame Pécresse a empêché Monsieur Sarkozy de le faire, elle a très bien fait. J’aurais aimé que
Monsieur Wauquiez poursuive le projet de Madame Pécresse à Poliveau. C'est là où est le mystère.
De la salle
Je crains que Monsieur Audouin ne soit un peu déçu parce que le programme qui nous est proposé
pour l’instant est une peau de chagrin, il ne s’agit nullement d’une autre université qui viendrait
s’installer dans des locaux neufs. Ce sont quelques logements, une vague vocation universitaire, c'est
très indéfini. C'est une peau de chagrin.
Hervé Mialet
Je vois très bien le problème, on nous présente un pâté, un cheval et une alouette. On nous dit qu’il y
aura une petite bibliothèque, qu’il y aura peut-être quelques logements d’étudiant, et puis le reste
on verra. Vous savez très bien où vous allez mais vous ne voulez pas dire la vérité, c'est tout.
Louis Lefèvre-Utile
Nous sommes à dix ans. Quel gouvernement peut savoir à dix ans ce qu’il va mettre à tel endroit ?
Hervé Mialet
Mais nous savons ce qu’il y a maintenant. Vous êtes en train de nous dire que vous ne savez pas ce
qui sera fait dans dix ans. Cela m’inquiète un peu.
Louis Lefèvre-Utile
Pas du tout, cela veut dire qu’il y a une phase de projet…
Hervé Mialet
On sait dès le départ où l’on va, on ne lance pas des programmes comme ça dans le vide.
Louis Lefèvre-Utile
Les grands projets sont des projets longs.
Jean Tiberi
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Avez-vous été informé avant la décision ?
Louis Lefèvre-Utile
Non.
De la salle
C'est regrettable de léser les habitants du 5e. Comme vous l’avez dit, une décision a été prise dans le
secret et la personne qui défend ce projet et qui est en même temps candidate en mars prochain ne
daigne pas se déplacer pour exposer son projet que nous contestons. Je trouve regrettable que
Madame Lemardeley, qui est candidate dans le 5e, veuille supprimer une fac dans le 5e et ne vienne
pas assumer son projet.
De la salle
J’avoue que je suis un peu étonné par certaines des interventions que je viens d’entendre. D’un côté,
on dit qu’on nous parachute un projet sans concertation et de l’autre, on s’étonne de ne pas savoir
ce qu’il va y avoir. Il faudrait savoir. Ce qui est proposé de façon ferme, c’est de déménager
l’université Paris 3 Sorbonne Nouvelle pour une grande partie de ses mètres carrés dans le 12e, et
d’autre part, des engagements fermes sont pris de réserver la parcelle ainsi libérée à des activités
relevant du monde universitaire et de la recherche. Pour ce qui est de préciser le projet, la
concertation s’ouvre, mes chers amis. On ne peut pas à la fois dire que la décision est totalement
ficelée et dire qu’il n’y a pas de concertation. Il y a plus de concertation et il y en aura davantage dans
ce cas présent qu’il n’y en a eu dans des cas similaires sous d’autres gouvernements. S’il vous plaît,
soyons un peu cohérents, soyons un peu conséquents, ne réclamons pas tout et son contraire. Soit
on nous dit que le projet est totalement ficelé et qu’il n’y a pas de concertation, soit on nous dit que
le projet est trop vague. Je dis que ce projet est exactement comme il doit l’être, c'est-à-dire qu’il y a,
d’une part, une proposition de principe arrêtée avec des lignes de force définies, et qu’il y a, d’autre
part, les marges offertes à une concertation avec les acteurs impliqués, dont nous faisons partie.
Alexandre Baetche
La concertation consiste à dire aux gens voilà ce qui va se faire et vous allez voter pour.
Dominique Tiberi
Encore une fois, nous sommes d’accord sur le projet, le pire étant que l’année dernière, nous étions
tous d’accord sur le projet. Le gouvernement a changé, mais à la Mairie de Paris, ce sont toujours les
mêmes, c’est toujours le même maire de Paris et le même adjoint. Ils ont élaboré un projet dans le
secret et on nous parle de concertation, c'est se moquer du monde ! J’appelle cela la concertation
façon Delanoë, c'est-à-dire que l’on décide, on fait passer en force un projet, après quoi on propose
de discuter. J’ajoute que cette suppression annoncée, et contre laquelle nous nous battons, fait suite
à une série de suppressions que la Ville de Paris nous inflige depuis 2001. On nous a supprimé deux
ludothèques, on ne nous a jamais dit pourquoi. Dans le projet socialiste en 2008, il y avait la création
d’une ludothèque. On nous a supprimé le théâtre Mouffetard créé par Jean Tiberi. On a demandé à
Frédéric Mitterrand, ministre du gouvernement Sarkozy, de trouver une solution de rechange. Le
théâtre va héberger un théâtre de marionnettes. Un centre de PMI a été fermé par Bertrand
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Delanoë. J’aimerais savoir ce que la Mairie de Paris a créé pour les habitants du 5e arrondissement
depuis l’élection de Bertrand Delanoë. Hormis le fait que je m’indigne, il y a aussi un problème
intellectuel. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi autant de mauvais coups ont été portés au 5e
arrondissement. Je vous fais confiance, Monsieur Lefèvre-Utile, pour trouver des arguments destinés
à défendre l’indéfendable, je sais que votre tâche n’est pas aisée. Depuis 2001, pas un Euro n’a été
investi dans le dispensaire de la rue de l’Epée de Bois. La Mairie de Paris a programmé sa
suppression. Un mauvais coup de plus. Nous nous sommes battus, et cet été, en catastrophe, une
petite subvention a été votée, dont le dispensaire n’a toujours pas vu la couleur. Chaque fois qu’une
réunion budgétaire se tenait dans les directions de la Mairie de Paris, des sommes étaient budgétées
pour tous les dispensaires, sauf pour celui de l’Epée de Bois.
Je ne vous cache pas que la liste de ces suppressions va faire l’objet d’une diffusion plus large dans
les mois à venir parce qu’il y a quand même une campagne électorale, chacun défendra ses
arguments. Je trouve scandaleuse la politique à l’égard du 5e arrondissement, et encore une fois j’ai
du mal à la comprendre. Et la suppression de la fac de Censier élaborée dans le secret fait suite à une
série de suppressions.
De la salle
La Mairie de Paris n’aime pas le 5e, c’est tout à fait vrai.
De la salle
Je prends la parole très brièvement pour essayer de résumer tout haut ce que beaucoup d’entre
nous pensent tout bas. Je suis atterré devant les arguments fallacieux de quelques partisans de cette
solution du déménagement de Censier. Vous défendez, Messieurs, l’indéfendable. Pourquoi ? Parce
qu’aucun de vos arguments n’est solide. Et le projet est totalement fumeux, il n’y a rien dedans. Et
même Monsieur Lefèvre-Utile été incapable de fournir des précisions. Je suis stupéfait de votre
hardiesse à défendre, encore une fois, l’indéfendable.
De la salle
Vous qui connaissez probablement le code de l’urbanisme et qui êtes maire depuis longtemps, vous
savez que pour les concertations type L302, ce qui serait très probablement le cas sur une opération
d’envergure comme Censier, on concerte sur des projets possibles à esquisser.
Jean Tiberi
Mais peut-être peut-on quand même demander l’avis des gens.
De la salle
Nous leur demanderons leur avis sur ce qu’ils veulent voir exister sur ce futur site, du moment que sa
vocation universitaire est conservée, et les habitants seront concertés sur l’avenir de ce site.
Jean Tiberi
Et s’ils veulent le maintien de la fac, que répondrez-vous ?
De la salle
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Nous leur expliquerons que ce n’est pas possible pour des raisons de coût, comme nous vous l’avons
expliqué. Nous aurions aimé revenir sur le site, mais ce n’est pas possible pour des questions de coût.
C’est ce que nous expliquerons parce que nous sommes honnêtes et responsables.
Jean Tiberi
Mais pourquoi ne l’avez-vous pas dit avant ?
Dominique Tiberi
Il y a un an, c’était possible financièrement puisque tout le monde était d’accord, et notamment la
Mairie de Paris.
Louis Lefèvre-Utile
Sauf Monsieur Wauquiez.
Jean Tiberi
Avez-vous des questions diverses ?
De la salle
Je suis arrivée dans le 5e en 1978, ma mère était gardienne au 7 place du Panthéon et j’habite à la
même adresse depuis un certain nombre d’années. Ma fille est née en 1997. J’ai déposé une
demande de logement social en 1996, il y a donc dix-sept ans. J’ai élevé ma fille dans une chambre de
bonne de 15 m2. J’avais 22 ans, j’étais étudiante, je n’avais rien. J’attends toujours qu’à un moment
donné, on se rende compte que nous aussi, nous comptons dans cet arrondissement, que l’on se
penche un peu sur notre sort. Je ne suis pas ici pour faire du misérabilisme, mais je commence à être
fatiguée de me battre. Je suis venue de nombreuses fois à la mairie, je me suis entendue dire qu’il
fallait attendre longtemps, que des gens avaient attendu beaucoup plus longtemps pour qu’on leur
attribue un logement social. J’ai donc pris mon mal en patience. Et on a fini par me dire que je n’avais
qu’à partir. Je ne sais pas ce que représente un logement pour vous. Je ne vis pas dans le 5e parce
que c'est un quartier très prisé, je vis dans le 5e simplement parce que j’y ai ma vie, une vie toute
simple. Ma mère était gardienne d’immeuble et quand elle a pris sa retraite, elle n’avait pas de quoi
se payer un loyer. Je suis venue à la mairie demander de l’aide pour qu’elle ait une vieillesse digne.
On m’a dit qu’elle n’avait pas assez de revenus. Rien n’a été fait. Je suis revenue ces dernières années
pour dire que je n’en pouvais plus, que j’étais à bout de force. Je suis venue avec une boîte de
punaises de lit en expliquant qu’il y avait de l’humidité chez moi, que c’était un logement précaire.
On m’a répondu qu’on ne pouvait rien faire. Alors tout le monde se renvoie la balle, c’est la Mairie de
Paris, c’est l’OPAC, c’est je ne sais quoi. Je me doute que c'est compliqué, mais on ne peut pas laisser
les gens comme ça. Vous parlez du 5e, vous en êtes tous très fiers, moi aussi j’en suis fière, parce que
c'est ici que j’ai grandi, parce que j’y ai mes racines. Mais c’est aussi chez moi parce que ma mère, qui
va avoir 80 ans et qui ne peut pas sortir de chez elle, mérite d’avoir la visite de sa fille et de sa petitefille.
Tout cela pour dire que dans trois semaines, le logement que j’occupe va être mis en vente. Depuis
2009, on me demande de partir, depuis 2009 j’occupe illégalement ce logement parce que je ne sais
pas où aller, parce que je ne m’en sors pas avec mon salaire. Qu’est-ce que je deviens ? Que devient
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ma fille ? J’aimerais terminer en disant que je finis par me demander dans quelle société je vis. Je suis
enseignante, j’ai eu ma fille quand j’étais étudiante, je n’ai aucun mérite, mais je me suis prise en
charge, même si cela n’a pas été forcément simple, j’ai fini mes études, j’ai passé des concours, j’ai
toujours travaillé, je n’ai jamais demandé la charité. On m’a élevée de cette façon, on m’a appris à
être discrète, à ne pas me faire remarquer. Je ne suis pas venue demander des privilèges, je n’ai pas
demandé à passer devant les autres. Seulement, cela fait dix-sept ans et rien n’a bougé. Et peut-être
que c'est compliqué d’avoir un logement dans le quartier, mais tous les ans des logements sont
attribués, donc j’imagine qu’au bout de dix-sept ans quelqu’un aurait peut-être pu faire quelque
chose pour moi. Maintenant j’aimerais savoir, Monsieur Tiberi, ce que nous allons devenir.
Jean Tiberi
Je vous signale, Madame, que le maire d’arrondissement a le droit d’attribuer un logement sur dix.
Une commission se réunit, et le maire a droit à dix logements par an, sachant qu’il y a des centaines
de demandes. En revanche, le Maire de Paris, par le biais de Paris Habitat, de la RIVP, a plus de 50%
des logements. Avez-vous fait les démarches, comme nous vous l’avions proposé, car ils ont
beaucoup plus de possibilités de logements. Je comprends tout à fait votre demande, vous avez
raison de vous plaindre, il y a des centaines de cas similaires, mais le maire du 5e n’a
malheureusement pas la possibilité de répondre à la totalité des demandes. Nous allons continuer à
suivre votre cas et vous êtes prioritaire. Le préfet de Paris a 30% de logements et les autres sont
gérés par Paris Habitat et la Mairie de Paris. Je vais encore étudier votre dossier. On ne vous a jamais
rien proposé ?
De la salle
(Intervention sans micro).
Jean Tiberi
Je peux comprendre que vous n’ayez pas souhaité aller dans le 19e ou le 20e, mais cela veut dire que
je me suis préoccupé de votre cas avec mes modestes possibilités, et je vais continuer à m’en
occuper.
De la salle
Je ne sais pas si vous vous rendez compte de ce que cela représente dix-sept ans d’attente. Je sais
que vous avez tous des vies très remplies, mais je vous demande juste un peu d’humanité.
Jean Tiberi
Mais c’est ce que nous avons fait.
De la salle
Non, excusez-moi. Dallau (??), c’est le recours pour les personnes qui ont été oubliées. Ma fille n’a
jamais eu un espace à elle, elle a vécu dans des conditions précaires, elle dort à côté du frigo depuis
qu’elle est toute petite.
Jean Tiberi
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Pourquoi n’avez-vous pas accepté le logement qui vous était proposé ?
De la salle
Vous l’auriez accepté pour vos enfants ? C'est un logement où personne ne serait allé.
De la salle
Vous voulez dire que la Mairie de Paris vous propose des logements où personne ne voudrait aller ?
Cela veut dire quoi un logement où personne ne veut aller ?
De la salle
N’essayez pas d’interpréter mes propos, vous ne me connaissez pas, vous ne connaissez pas mon
dossier, vous ne connaissez pas ma vie.
Jean Tiberi
Où était situé le logement qui vous a été proposé ?
De la salle
Je ne l’ai pas en mémoire. Je travaille à Montrouge. Je peux expliquer les choses.
Jean Tiberi
Mais nous connaissons votre cas.
De la salle
Non, vous ne comprenez pas, vous regardez simplement des papiers. Moi, je vous parle d’une vie,
une vie ne marche pas comme ça.
Jean Tiberi
Mais nous respectons totalement votre vie.
De la salle
Non, vous ne le respectez pas.
Jean Tiberi
Que faut-il faire ?
De la salle
Je vous parle de dignité.
De la salle
Vous êtes nombreux dans ce cas, et à la Mairie de Paris tout le monde réfléchit à des solutions.
Certains personnes ont des solutions, d’autres n’en ont pas, malheureusement.
De la salle
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C’est tout ce que vous avez comme réponse !
De la salle
Le problème du logement en ce moment est crucial, et quand nous faisons des réunions sur le
logement, ce qui désespère tout le monde, c'est de ne pas trouver de réponse. Vous êtes des
centaines dans votre cas.
De la salle
On m’a proposé un logement situé totalement à l’opposé de l’endroit où je travaille après avoir
attendu des années. A quoi servent les listes d’attente ? Pourquoi on demande aux gens de s’inscrire
sur des listes ?
Jean Tiberi
Dans le cadre de Dallau (??), on vous a proposé un logement, qui n’était sans doute pas l’idéal.
De la salle
Qui n’était pas l’idéal du tout. Accepter un tel logement veut dire qu’à un moment donné notre vie
est fichue. Je me suis battue pour que ma fille ait une chance d’avoir quelque chose.
Jean Tiberi
C’était quand même dans Paris.
De la salle
Mais c’était pratiquement à l’extérieur de Paris, à l’extrémité nord, et je travaille dans la banlieue
sud. Quand on est isolé avec un enfant, vous croyez qu’on peut passer sa vie à faire deux heures de
trajet matin et soir ?
Jean Tiberi
Certains font cela tous les jours.
De la salle
Vous n’avez pas la moindre humanité.
Jean Tiberi
Je vous en prie, Madame, mais se voir proposer un logement à Paris et le refuser, c’est dommage. Je
vous propose de lever la séance.
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